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Full text of "Annales des sciences naturelles : comprenant La physiologie animale et végétale, l'anatomie comparée des deux règnes, la zoologie, la botanique, la minéralogie et la géologie"

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ANNALES 


SCIENCES NATURELLES. 


PARIS, IMPRIMERIE DE C. THUAU, 
SUCCESSFUR DE FEUGUERAY, 


RUE DU GLOÎTRE SAINT-BENOÎT, N° 4. 


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PAR 
MM. AUDOUIN , ar. BRONGNIART £r DUMAS, 
: COMPRENANT 


LA PHYSIOLOGIE ANIMALE ET VÉGÉTALE, L'ANATOMIE 


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CROCHARD, LIBRAIRE - ÉDITEUR , 
CLOITRE SAINT-BENOIT, No 16, 


ET AUS DE SURBONNE, N° 3. 


1827. 


S NATU 


PAR 


MM. AUDOUIN , ar. BRONGNIART £r DUMAS, 
: COMPRENANT 


LA PHYSIOLOGIE ANIMALE ET VÉGÉTALE , L'ANATOMIE 
COMPARÉE DES DEUX RÈGNES , LA ZOOLOGIE, LA 
BOTANIQUE ; LA MINÉRALOGIE ET LA GÉOLOGIE. 


TOME DIXIÈME, 


ACGOMPAGNÉ DE PLANGUES 1N- 4. 


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PARIS. 


CROCHARD, LIBRAIRE - ÉDITEUR , 
CLOITRE SAINT-BENOIT, Ne 16, 


ET AUS DE S0RBONNE, N° 3. 


1827. 


ANNALES 


‘ 


DES 


SCIENCES NATURELLES. 


7] " 


OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES faites à bord de 
l’Astrolabe, en mai 1826, dans le détroit de 
Gibraltar ; | 


Par MM. Quox et GaïmarD (1),' 


Médecins de la Marine, Naturalistes de Pexpédition. 


Quelques jours de calme dans la Méditerranée, à 
l'ouverture du détroit de Gibraltar, nous ont permis 
de faire , sur diverses espèces de Mollusques et de Zoo- 
phytes pélagiens vivans, des observations que nous 
supposons devoir intéresser l’Académie, et que nous 
avons l'honneur de soumettre à son jugement. Les 
formes de plusieurs de ces animaux sont tellement va- 
riées, l’organisation en est si bizarre ou plutôt si éloi- 
gnée de celles qui nous sont connues, que nous avons 
cru devoir joindre à ce Mémoire les animaux eux-mêmes 
dont la conservation est possible , afin de confirmer la - 


(1) Ce Mémoire, ainsi que plusieurs observations sur divers genres 
de Mollusques et de Médusaires , qui paraîtront dans nos prochains nu- 
méros, ont été rédigés par ces savans voyageurs à bord de l’Astrolabe, 
en rade de Ténérifle , et ont été adressés, sous la date du 20 juin 1826, 
à PAcadémi: des Sciences. 


X. Janvier 1827. 1 


\ 


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(6 ) 


vérité des figures qu’en a faites, sous nos yeux, M. de 
Sainson , dessinateur de l'expédition. 


:Müudme $&r la) famille des Diphides. 


Toutes les espèces que nous décrivons sont nouvelles , 
à l'exception de la Carinaire et de la Diphie, sur l’ana- 
tomie desquelles nous donnons les observations qui 
nous sont propres. 

M. Cuvier a établi le genre Mbue sur un  Zoophyte 
que M. Bory de Saint-Vincent avait rapporté de l'Océan 
atlantique, et qu’il avait nommé Biphore biparti. C’est 
le même que M. Tilesius a fait figurer dans l’Atlas du 
Voyage de Krusenstern. 

Ayant été assez heureux pour observer un grand 
nombre de ces animaux, dans le détroit de Gibraltar, 
nous avons reconnu que toutes les descriptions et les 
dessins qui en ont été publiés jusqu’à ce jour sont fort 
incomplets , sans en excepter ceux que nous avons don- 
nés. dans l’Atlas du Voyage de l’Uranie. Ayant de plus 
trouvé plusieurs Zoophytes encore inconnus, dont l'or- 
ganisation se rapproche de celle des Diphies, nous 
croyons devoir , dès à présent, établir une famille de 
Diphides, formée du genre Diphie et de cinq nou- 
veaux genres que nous nommons Calpé, Abyla, 
Nacelle, Cuboïde et Ennéagone. 


Caractères généraux des Diphides. 


Dans l’état parfait, ce sont toujours deux animaux 
réunis , de forme différente ; chacun d’eux jouissant d’une 


(67) 


vie distincte, qu'il peut conserver assez long -temps 
quoique séparé de sün congéhère. 

Le premier qui se présente est formé de deux cavités, 
dont une ; complète ; 4 cinq dentelurés à son ouverture ; 
la seconde m'est qu'un canal plus où moins parfait, 
formé de deux feuillets , laissatit passer un chapélét de 
sucoirs et d’ovaires ; qui appartient au second animal. 

Celui-ci, ordinairemetñt plus petit que le précédent 
auquel il est uni d’une mätièré plus où moins intime, 
est pourvu de trois cavités: C’ést dans celle du milieu, 
par laquelle l'émboitement sé fait, que sotit fixés les 
süçoirs. 

Genre Drrare, Diphyes Cuv. 
Planche 1, figures 1-7. 


Observations sur l'organisation des Diphies. 


La cavité , en forme de sac aséez réguliètethient éÿlin- 
drique, dont les contractions servent à là régression 
de l’animal , se térinine assez brusquement par un tâtat 
excessivement étroit, se poftant jusqu'à l'extrémité du 
sommet, sans que nous puissions dire $'il s’ouvré à 
l'extérieur. Cette cavité, qui parait sérvir dé réservoir 
au résidu de la digestion, est quelquefois pleine d'une 
substance muqueuse , comme ntiageuse. 

L’aütre cavité, à-peu-près triangülaire, dont F éayer- 
ture est verticalement coupée , contient uné grappe 
d’ovaires et de suçoirs réunis. Il en part également un 
pétit canal très-délié, gagnant le sommet de la pyra- 
mide, et cotoyant de très-près , mais satis le touchét , 
celui dont nous venons de parler. Îl'est probable qu'il 
s'aboéhé avec lui, car la digestion dé ce Zoophyté doit 


(8) 
s'opérer d’abord par les suçoirs , et le résidu doit passer 
vraisemblablement dans la seconde cavité qui sert en 
même temps à la locomotion. 

IL existe un long chapelet qu'on a quelquefois vu 
sortir de cette cavité et qu’on a pris pour des ovaires. Il 
paraît que ce sont bien réellement des ovaires, mais 
joints à des suçoirs que personne Wa encorementionnés, 
quoique cependant ils forment la masse la plus considé- 
rable de ce chapelet. Le plus souvent, c'est une masse 
rétractée , nuageuse, rougeàtre, contenue dans la cavité. 
Alors on ne peut presque rien distinguer ; mais lorsque 
la Diphie les fait sortir et leur donne toute l’extension 
possible , on remarque autour d’un long tube transparent 
et sur sa longueur , des suçoirs qui adhèrent par une es- 
pèce de nœud assez ressemblant aux nœuds d’un roseau. 
Chaque suçoir est contenu dans une sorte de cloche très- 
délicate, de laquelle il sort; la base de chacun d'eux est 
munie de petites grappes qui sont probablement des 
ovaires, et il en part un petit tentacule ou filament exces- 
sivement délié et lisse, susceptible d’un très-grand al- 
longement. Toute la longueur de ce filament est garnie 
d'un seul côté d’une foule de petits filamens secondaires, 
munis, à leur extremité, d’un petit renflement duquel 
part encore un autre filet. 

Les suçoirs, dans l’état de vie, se replient dans tous 
Jes sens comme ceux des Vélelles et des Physales , s’ap- 
pliquent sur les corps , sur le verre, par exemple, en 
forme de ventouse , et peuvent y retenir l'animal; ils 
ont alors à leur extrémité Ja forme d’une petite trom- 
pette , et il est toujours facile de bien apercevoir leur 


cavitéintérieure. Ils sont d'autant plus écartés les uns des 


(9) 


autres qu'ils sont plus rapprochés de l'extrémité du tube 
qui les soutient. Dans l’intérieur de la Diphie, ils sont 
plus pressés et comme nacrés. Leur mouvement est sou- 
vent indépendantde celui dela totalité de l'animal. Enfin, 
comme ils sont excessivement petits, il faut, pour les 
bien voir et s’en former une idée exacte, se servir d’une 
très-forte loupe. On croirait voir alors une sorte de 
stéphanomie : c’est à-peu-près la même disposition de 
parties. 

Dans quelques individus , surtout dans ceux qui sont 
le plus complets , l'extrémité du chapelet ne paraît for- 


mée que par les cloches qui enveloppent les sucoirs , 
dont l’ensemble, à l’œil nu, a l’aspect de l'extrémité 
> ) P 


d’une plume. Là, les sucoirs ne sont point encore déve- 
loppés ; et il est facile , à la loupe, de les apercevoir 
ayant l’apparence de petites vésicules accolées au tube 
central de l’ensemble. Voyez les planches et leur ex- 
plication. 

Il nous reste maintenant à parler de l’accouplement 
des. Diphies , ou plutôt du second animal qui sert à les 
compléter. Cette aggrégation a été fort superficiellement 
observée jusqu'ici. On se bornait à dire que ces ani- 
maux s’accouplaient, ce qui devait faire penser qu’ils 
étaient semblables. T1 n’en est rien cependant. : 

La première Diphie, ou mieux la Diphie antérieure, 
a bien quelque ressemblance avec celle dans laquelle 
elle entre; elle est comme elle pyramidale et a une ca- 
vité subconique dont l’ouverture est entourée de cinq 
pointes ; mais elle en diffère en ce qu’elle est beaucoup 
plus pointue , et qu’il n’y a point réellement deux c2- 


vités. La supérieure n’est qu'un canal formé par deux 


(10) 

membranes simplement appliquées lune à l'autre, de 
sorte que le moindre effort suffit pour les ééärter; ce- 
pendant elles sont quelquefois unies dans ün seül point 
vers lé rhilieu. C'est dans leur intervalle, lorsque ces 
animaux sont accouplés , que le chapelet dés suçoirs de la 
Diphie postérieure s'engage et fait saillie aû dehors. Ce 
chapelet passe avec la plus grande facilité de la Diphie, 
à laquelle il appartient, dans l’autre pour sortir à l’ex- 
térieur, et il rentre de mème. Il faut qu'il y ait alors 
un accord manifeste entre ces deux animaux. 

Letir aggrégation est assez légère et n’a jamais lieu 
de nouveau lorsqu'une fois ils se sont séparés. Quoi- 
qu'ils se meuvent eh commun, ils peuvent aussi se 
mouvoir isolément et vivre aitisi long-temps; mais la 
Diphie pustérieure, celle à qui ‘appartient le chapelet 
dés suçoirs , est beaucoup plus vivace, et ses motivemens 
soft très-brusques , très-vifs, tandis que ceux de la Di- 
phie antérieure sont lents. Dans cette dernière , la pro- 
gression ne s'opère que par la vraie cavité, celle dont 
l'ouverture est munie dé cinq pointés. 

A quoi peut servir éet accouplement dans ces añi- 
maux ? Il paraît bien difficile de s’en rendre compte. 
Ea Diphie antérieure n’a aucun organe digestif ou gé- 
nérateur visible sous le verre le plus grossissant. Un 
canal incomplet pour le passage des ovaires et des suçoirs 
de sa congénère et une cavité dans laquelle on aperçoit 
quelquefois un léger nuage dé mucosités : c’est tout ce 
qu'on peut apercevoir dans ée, Zoophyte transparent 
comme du cristal et taillé à angles assez rudes. Comme 
tous les animaux pélagiens , les Diphies ont besoin d’une 


eau sans cesse renouvelée ; et, quoiqu'elles soient très- 
; EL, quo 


(11) 
vivaces, elles finissent par périr après un séjour de 
quinzë à vingt heures dans la même can. 

Les différences que présentent les très-jeunes Diphiies 
accouplées sont que le canal de la fausse est continu. 
Dans la Diphie postérieure, la grande cavité, c’est-à- 
dire ééllé qui né contient point les suçoirs, se prolonge 
jüsque/près de là pointé sans avoir de cul-de-sac terminé 
par un éanal très-délié, tandis que dans k Diphie anté- 
rieure ce eanal est très- allongé. 


il Ÿ : 


Con Cazpé, Cole: 


“Amiral libre, gélatineux , très- résistant, transpa- 
rénit, polygonal, formé de déux parties. 
! La plus considérable , subpyramidale , ayant cinq cô- 
tés , séparés par des arêtes , dont une plus saillante , en 
forme de crête. Cette première partie a deux cavités dont 
une ôvalaire, grande , à ouverture munie de cinq pointes; 
Pautre cavité n’est, à proprement parler , qu'un canal 
formé de deux membranes réunies pour donner issue 
aux sucoirs et aux ovairés réunis. 

La seconde partie, beaucoup plus petite, est une 
sorte de cube joint à l'extrémité du corps et creusé de 
trois cavités. 

Nous avons donné à cé nouveau genre, voisin du 
précédent , le nom de Calpé, du lieu près duquel nous 


l'avons découvert, la montagne de Gibraltar, le Calpe 
des anciens. 


CALPÉ PENTAGONE, Calpe péntagona 


Planche 2 4, figures r-7. 


Ce Zoophyte est formé de deux parties. 


(7) 


La première a une grande cavité complète, cylindri- 
que, un peu renflée au milieu , de presque toute la lon- 
gueur du corps. Elle se termine par, un petit conduit 
qui communique avec le cube , et auquel vont.se joindre 
quatre stries intérieures qui paraissent être des vaisseaux ; 
tandis que l’autre extrémité, très-arrondie , qui consti= 
tue la bouche, est circulaire , munie d'une petite valvule 
très-mince, etentourée de cinq pointes ; dont trois plus 
grandes et deux plus petites. De ces. cinq pointes partent 
autant d’arêtes parcourant toute la longueur de l’animal 
et limitant les cinq côtés: 

Sur un de ces côtés est un canal incomplet, c’est-à- 
dire qu’il est formé de deux lamelles ou crêtes, dont une, 
beaucoup plus développée , se replie. verticalement sur 
elle-même , et recouvre l’autre , laquelle est denticulée 
en scie, et aussi repliée sur elle-même, mais en sens 
opposé de la précédente. Ce canal, qui règne dans toute 
la longueur de l'individu , sert au passage d’une ‘longue 
file de suçoirs et va communiquer avec la deuxième par- 
tie de l’animal. C’est à l'extrémité de la grande crête que 
se fixe le cube , et c’est à sa gauche, lorsque cette crête 
est dirigée en bas, que se trouve une échancrure trian- 
gulaire , à toucher ce même cube. 

La deuxième partie est formée par ce cube qui, sert à 
compléter l'extrémité de l'animal, en s’y appliquant 
hermétiquement. Ce cube est composé d’un petit appen- 
dice bifurqué et de trois cavités , Savoir : une moyenne, 
largement ouverte , du fond de laquelle part un chape- 
let de suçoirs et d’ovaires réunis; la couleur de ces der- 
niers varie de l’argenté au jaunâtre. C’est aussi près de 
cette ouverture que se fixe le corps de l’animal , à l’aide 


(13) 

d'un petit appendice très-adhérent et qu'il faut rompre 
pour séparer ces deux parties. Des deux ouvertures si- 
tuées de chaque côté de celle-ci et comme creusées dans 
l’intérieur du cube , l’une est ovalaire , fusiforme, com- 
muniquant à l’extérieur , et l’autre est arrondie avec un 
petit appendice. Toutes deux aboutissent à un canal 
commun qui paraît aller s'ouvrir dans la cavité princi- 
pale du grand corps , côtoyé de très-près par la tige com- 
mune des suçoirs : nous n’avons pas pu nous assurer 
s’il communiquait avec elle. 

Il est vraiment diflicile, à la simple description, de 
se former une idée bien exacte de ce Zoophyte , qui est 
tellement transparent et sans ombre que le dessin lui- 
même ne peut en donner qu’une idée imparfaite. 

Sur un très-grand nombre d'individus que nous avons 
pris dans le détroit de Gibraltar , nous en avons vu beau- 
coup se mouvoir; et, comme ils n’ont qu’une ouverture 
susceptible de faciliter la locomotion, celle-ci se fait 
absolument à la manière des Diphies. 

Les dimensions de ce Zoophyte sont d’environ dix 


lignes. 
Genre AryLa, Abyla. 


Animal libre, gélatineux, très-résistant, transparent, 
trigone , formé de deux parties. 

La plus considérable, pyramidale, a les trois côtés 
séparés par trois arêtes saillantes , dont l’une, plus dé- 
veloppée, est en crête. Des deux cavités qu’elle contient, 
l’une est grande, ovalaire , à ouverture très-petite, mu- 
nie de cinq pointes ; l’autre n’est qu’un canal formé par 
la réunion de deux membranes , et destiné à donner issue 
au chapelet des ovaires et des suçoirs réunis. 


( 14 ) 
La seconde partie, plus petite, est une, sorte de cube 
irrégulier, creusé de trois cavités ; dont celle du milieu 
reçoit l’autre animal. 


+ 


ABYLA TRIGONE , Abyla trigona. 
Planche 2 B, figures 1-8. 


Ce Zoophyte est plus grand du double que le Calpé 
pentagone. Son corps est formé de trois côtés séparés 
par autant d'ailes membraneuses , dont une, beaucoup 
plus considérable, est accolée à une quatrième dentieu- 
lée en scie. Dans quelques individus, cet accolement 
est intime sur un point seulement. De leur réunion ré- 
sulte un canal pour les suçoirs et les ovaires réunis, et 
de leur terminaison une pointe qui s'enfonce profondé- 
ment dans le cube qui constitue la deuxième partie de 
l'individu. 

La grande cavité est proportionnellement moins grande 
que dans le Calpé pentagone ; et la bouche, très-rétrécie, 
est entourée de cinq petites pointes obtuses qu'il faut 
écarter pour y pénétrer, au lieu que dans le Calpé pen- 
tagone elle est toujours béante. Du fond de la cavité 
part un conduit très-délié qui va communiquer avec 
deux des cavités du tube, en recevant auparavant plu- 
sieurs stries longitudinales qui paraissent être des vais- 
seaux. 

L'extrémité du corps, terminée en bec de cuiller 
échancrée, pénètre dans le cube, et n’y est point très- 
adhérente. 

Cette seconde partie du Zoophyte n’est pas cubique 


comme dans le genre Calpé. C’est un corps très-irrégu- 


(15 ) 
lier, taillé à facettes, plus long que large, ayant une 
ouverture assez évasée au milieu, et sur les côtés, deux 
cavités oblongues , dont l’une est un peu plus arrondie 
que l’autre; la plus grande s’ouvre à l’extérieur, et toutes 
les deux communiquent par leur base , à l’aide d’un tube 
très-court , avec le conduit qui est à la pointe du grand 
individu. 
C’eft du fond de la cavité moyenne que part le cha- 
pelet des suçoirs , des ovaires et des tentacules , pour se 
porter à l'extérieur au travers du canal dont nous avons 
parlé. S 
Les sucoirs ne sont point recouverts d’une membrane 
en forme de eloche ; ils sont blancs et ont à leur base des 
ovaires de la même couleur. Ces derniers prennent quel- 
quefois une teinte jaune ou orangée. Les tentacules , ab- 
solument semblables à ceux des Diphies , ont leurs nœuds 
colorés en brun. 
Ces suçoirs et ces tentacules vivent long-temps après 
la séparation des deux parties de l’Abyla. 
Le cube, très-résistant , articulé de plat avec le grand 
corps, est doué d’un certain mouvement de contraction 
- qui a lieu dans la cavité la_ plus oblongue , laquelle 
s’ouyre à l'extérieur. Il faut beaucoup d'attention pour 
l'apercevoir (3). 


Genre Naceze , Cymba. 


Animal libre, gélatineux, résistant, transparent, 
formé de deux parties. 


(1) Ce que, dans le Voyage de l’Uranie, nous avons décrit sous le 
Πyag , 


vom de Biphore polymorphe , est évidemment la seconde partie ou le 
cube de l'Abyla trigone. 


(16 ) 

La première qui se présente , allongée, a une grande 
cavité munie de six pointes à son ouverture, et un ca 
nal denticulé pour le passage des ovaires et des suçoirs. 

La seconde , carénée , en forme de fer de flèche élargi, 
a une large ouverture pour l'insertion de la premitre, 
et deux petites cavités , dont une en S. 


NACELLE SAGITTÉE , Cymba sagittata. 
Planche 2 ©, figures 1-09. 


Ce genre est le quatrième de la famille des Diphides. 
Ici, l’union des deux parties qui le forment est plus 
intime. En effet, c’est une demi-cavité qui sert de moyen 
d'union. 

Cette partie qui recoit l’autre est un corps triangu- 
laire, cristallin, qui, vu de face, est assez ressemblant à 
un fer de flèche obtus , caréné inférieurement ,.ayant une 
cavité en dessus à moitié recouverte, ce qui donne à ce 
corps la forme d’un petit sabot flottant. En avant, la 
pointe est mousse, et en arrière sont deux angles sépa- 
rés l’un de l’autre par une échancrure au milieu de la- 
quelle est un enfoncement subtriangulaire. 

Dans l’intérieur de ce corps sont deux cavités, dont 
une , vue de profil, a la forme d’un S. C’est en elle que 
prend naissance le chapelet des ovaires et des suçoirs. 
De plus , une autre petite cavité oblongue , en commu- 
niquant avec elle, donne à cette partie la même organi- 
sation qu'aux analogues des genres précédens. 

Le corps reçu ressemble assez au Calpé pentagone ; 
il a six pointes à l'ouverture de sa grande cavité, la- 
quelle communique, par le fond , à l’aide d’un conduit, 


; (-87.) 


avec les deux précédentes, Il a également un faux canal 
denticulé pour Île passage des ovaires ; et de plus, il est 
tronqué en arrière, à sa réception dans la nacelle, 

Nous avons trouvé , sur la partie gauche , à l'insertion 
des deux parties qui composent la nacelle sagittée, un 
troisième corps qui aurait éloigné le Zoophyte de la fa- 
mille des Diphides » Si nous n'eussions reconnu que 
c’était un jeune individu encore adhérent , ayant , comme 
l'adulte, ses six pointes et son faux canal crénelé. 

C’est encore dans le détroit de Gibraltar que nous 
avons découvert ce Zoophyte. 

Dans les deux genres qui vont suivre, les parties cons- 
tituantes sont, relativement au volume, disposées d’une 
manière inverse de ce qu’elles sont dans les genres pré- 
cédens. En effet, le corps qui serait l’analogue des cubes 
est très-considérable, et l’autre est réduit au minimum 
de développement; ce qui nous fit penser d’abord que 
ces animaux étaient incomplets ; mais en ayant trouvé 
un grand nombre dans-le même état, nous croyons bien 
qu'ils sont entiers. 


. Genre Ennéaconr, Enneagonum. 


Animal libre, gélatineux , résistant , transparent, 
formé de deux parties. 

La première , globuleuse, à neuf pointes, est creusée 
de trois cavités, dont la moyenne loge les suçoirs et les 
ovaires , et reçoit la seconde partie. 

Celle-ci , très-petite, allongée , a une cavité dont 
l'ouverture est munie de cinq pointes, et de plus un 
canal latéral. 


X. 2 


(18) 
ENNÉAGONE HYALIN, Enneagonnm hyalinum. 


Planché"a D, figures 1-6. 


Le nom que nous avons donné à ce nouveau genre est 
tiré de sa forme, assez irrégulière, ayant l'apparence 
d’une chausse-trape. On peut le définir une pyramide 
quadrangulaire, pointue, de la base de chacune des 
faces de laquelle s'élève un triangle; ce qui, en tout, 
forme neuf angles à pointes très-aiguës. Au centre de 
tous ces angles est creusée une cavité dans laquelle 
s’insère un petit corps à ouverture découpée, munie de 
cinq pointes. ; 

Il y a de plus deux cavités latérales oblongues , l’une 
desquelles donne naissance à des ovaires jaunes et à des 
suçoirs blancs. 

Ces trois cavités et le corps qui les domine déter- 
minent la place de ce Zoophyte dans la famille des Di- 
phides. Si toutefois nous nous étions trompés, et si cet 
animal n’était que le complément d’un autre individu, 
le genre Ennéagone serait toujours établi d’après des ca- 
ractères constans et fixe, sa forme à neuf pointes. 

Il a été découvert dans le détroit de Gibraltar. 


Genre Curoïne, Cuboides. 


Animal libre, gélatineux, résistant, transparent, 
formé de deux parties. 

La première, considérable, parfaitement cubique, 
ayant, sur une de ses faces, une ouverture moyenne 
donnant issue à des sucoirs et à des ovaires , et dans son 
intérieur deux cavités. 


( 19) 


La seconde partie , très-petite ; frangée ; creusée d’une 
cavité , est reçue dans la moyenne de la précédente: :. 


CuroïpE viTRÉ, Cuboides vitreus. 


Planche 2 Z , figures 1-3. 


à F LUI LS RE DEA 1 

Ainsi que l'indique son nom ; c’est un corps exacte: 
ment cubique , cristallin, limpide, dont les quatre 
angles sont saillans et les’$ix côtés un peu rentrés. 

Son ouverture moyenne, placée sur l’une des faces, 
est assez large; les suçoirs qui y sont logés sont blanes 
et les ovaires jaunes. Deux cavités l’avoisinent : 4 une à 
issue au dehors, el son ouverture est munie de cinq 
petites pointes ; l’autre, arrondie , subcordiforme , avec 
un petit appendice, est placée tantôt verticalement, 
tantôt obliquement. Toutes deux communiquent par 
leur base avec la seconde partie de l'animal: 

Celle-ci, très-petite, frangée sur le côté , a une cavité 
dont la bouche est quadrilatère. Son fond a un petit 
conduit qui va communiquer avec les deux cavités du 
grand cube. % 

La bouche de cette petite partie se meut, et nous 
avons remarqué une seule fois dans sa cavité de petits 
globules blancs , agglomérés. ; 

Dans les genres Ennéagone et Cuboïde, les suçoirs 
ne paraissent pas se développer beaucoup au dehors; 
nous les avons toujours trouvés cantonnés au fond de 
la cavité. 

Il est probable que le genre Zétragone , établi dans 
la zoologie du voyage de l’Uranie ( page 570, planche 86, 
figure 11), n’est qu'une partie d'un Zoophyte com- 


(20 ) 


posé’, de la famille des Diphides ; et qu'un jour, sans 
doute, on trouvera l'animal destiné à le compléter. 


EXPLICATION DES PLANCHES. 


Planche 1. 


Fig: 1. Diphies réunies , de grandeur naturelle. 

Fig. 2. Diphies séparées. a, Diphie portant les sucoirs , où postérieure ; 
b, Diphie antérieure; c, ouverture de sa cavité. 

Fig. 3. Chapelet de sucoirs et d’ovaires très-grossis. 

Fig. 4. Terminaison du chapelet, moins développé que la partie supé- 
rieure ; les suçoirs ne Sont que rudimentaires et arrondis: 

Fig. 5. Les mêmes très-grossis. 

Fig. 6. Suçoir couvert de sa cloche transparente excessivement grossi, 

Fig. 7. Une partie des filamens très-grossis. 

Planche 2. 

A. Fig: 1. Calpé pentagone de grandeur naturelle. à, grande cavité, 
dont Le fond communique par un canal avec le cube; b, canal pour 
le passage du chapelet des sucoirs; c, le cube dans sa position natu- 
relle. 

Fig. 2. Calpé vu perpendiculairement montrant le cube tenant seule- 
ment par son pédicule. 

Fig. 3. Ouverture de la grande cavité , vue de face. 

Fig. 4. Extrémité avec leichapelet des ovaires dans le canal. 

Fig. 5. Cube très-grossi, montrant ses deux cavités intérieures, 

Fig. 6. Les mêmes cavités isolées pour indiquer leur manière de com- 
muniquer avec le corps du Calpé : la plus oblongue a une ouverture 
à l’extérieur. 

Fig. 7. Sucoirs très-grossis. 


B. Fig. 1. Abyla trigone de grandeur naturelle, avec son cube. 

Fig. 2. Le même séparé du cube, a , grande cavité qui a une issue déliée 
à son fond; b , canal crénelé sur ses bords, et par où passent les su- 
coirs; c , issue postérieure de ce canal. 

Fig. 3. Bouche rétrécie, à cinq pointes, de la grande cavité. 

Fig. 4. Cube de l'Abyla un peu grossi, montrant les deux cavités inté- 
rieures , dont une d a une ouverture extérieure. 


(21) 

Fig. 5. Cube vu par la partie qui s’unit au graud corps; e, la cavité 
qui reçoit la pointe du grand.corps. 
Fig. 6. Cube vu par sa partie postérieure. 
Fig. 7. Sucoirs et tentacules grossis. 

Fig. 8. Détails d’un tentacule. 


: 


C. Fig. 1. Nacelle sagittée de grandeur naturelle, a, grande cavité 
dont l’ouverture a six pointes; b, canal dentelé ; c, portion rece- 
vante. ] 

Fig. 2. La même partie vue par en haut, l'animal nageant. 

Fig. 3. La même partie vue en dessous. d , petite cavité triangulaire. 

Fig. 4. La même partie vue de profil. 

Fig. 5. Encore la même partie vue également de profil , et montrant de 
plus la cavité en #, d’où partent les suçoirs. 

Fig. 6. La cavité en S, grossie et séparée , avec les sucoirs. 

Fig. 7. Portion de l’animal reçue dans la précédente , et formée de deux 
cavités, a et b. 

Fig. 8. La même portion montrant de plus une autre petite cavité c da 
telée à son ouverture. 

Fig. 9. Cette même cayité grossie. Ç > 


D, Fig. r. Ennéagone hyalin complet et de grandeur naturelle , mon- 
trant ses deux cavités intérieures, dont une porte les sucoirs , qui 
sont très-déliés. 

Fig. 2. Le même, vu sous une autre face. 

Fig. 3. Autre portion du même. 

Fig. 4. Le plus grand de ses angles , qui se trouve toujours en dessous. 

Fig. 5, Bouche à cinq pointes d’une des cavités. 

Fig. 6. Deux cavités intérieures , séparées et grossies , avec les suçoirs. 

£. Fig. 1. Cuboïde vitré de grandeur naturelle, 

Fig, 2. Le même très-grossi , montrant 1°. une large cavité d,, laquelle 
contient un corps b creusé d’une cavité à ouverture quadrilatère ; ; 
20. une seconde cavité crénelée , et entre elles un chapelet de suçoirs 
-et d’ovaires. 

Fig. 3. Le corps 2 séparé du Cuboïde, et montrant une pete frange 
qui le contourne en spirale. 


(La suite des Mémoires dans le prochain numéro.) 


- 


(22) 


Osservarions sur le Mouvement de la Matière 
verte dans les Végétaux (1); 


Ps ML: Cs: TreviRANUS. 


L'opinion que le sang du corps des animaux jouit 
d'une vie propre, et qu'il est susceptible d’un mouve- 
ment spontané, indépendant de celui qui lui est com- 
muniqué par les parties solides, a été partagée, parmi 
les physiologistes anciens, par Harvey, Bohn et Glisson, 
et parmi les modernes , par les deux Albinus , par Wil- 
son et J. Hunter. Mon frère a également défendu cette 
opinion avec des argumens d’un grand poids, et ,c'est 
avec raison qu’il l’a aussi étendue aux sucs des végétaux , 
tant qu’ils sont encore sous l'empire de la vie. 

Dans les mémoires que j’ai publiés sur la physiologie 
végétale , j'ai décrit des mouvemens qui se montrent à 
l’œil armé du microscope dans le suc vert qui remplit 
l'intérieur du Chara flexilis L. J'ignorais alors que 


(x )Ce Mémoire a été publié , en 1817, dans les V’ermischte Schrifien 
des professeurs G. R. et L. Ch. Treviranus. L'intérêt que présente le 
sujet qui y est traité, sujet qui attire maintenant l’attention de tous les 
physiologistes , la précision avec laquelle les phénomènes de l'alternative 
de vie animée et de vie végétative y sont exposés, nous ont engagé à 
faire connaître ce Mémoire, malgré l’époque déjà assez reculée à à laquelle 
il a été publié en Allemagne. Il prouve que des phénomènes analogues ? à 
ceux sur lesquels MM. Bory de Saint-Vincent , Gaillon, Edwards, ont 
attiré depuis quelques années l’attention en France, avaient déjà été ob- 
servés par quelques physiologistes allemands ; et comme des faits aussi 
importans et aussi difficiles à constater que ceux de ce genre ne sauraient 


être vérifiés par trop d’observateurs ; il nous a paru utile de les consigner 
ici, 


(25 ) 


l’abbé Bonav. Corti (1) ainsi que Fontana (2), avaient 
déjà observé ces mouvemens avec les mêmes circons- 
tances. De plus, je n’avais pu observer jusqu'alors ces 
mêmes mouvemens circulatoires de la matière verte, 
dans un végétal très-voisin; savoir : dans le Chara 
vulgaris L.; ce qui ne laissa pas de me causer un 
grand étonnement. C’est à une conversation que j'ai 
eu’ dans l'été de 1814, avec le professeur Horkel de 
Berlin , que je dois l'avantage de pouvoir résoudre 
maïntenant cette contradiction apparente : dans la pre- 
mière des deux espèces, la membrane tubuleuse dans 
laquelle les tubes remplis du mucus vert se trouvent 
placés l’un à côté de l’autre, est fort mince et trans- 
parente. Dans le Chara vulgaris, au contraire, elle 
forme une enveloppe assez épaisse, striée dans sa lon- 
gueur , et très-peu transparente ; il faut donc commen- 
cer par détacher avec précaution cette couche, pour dé- 
couvrir l'organe vasculaire sous-jacent, dans lequel se 
montre alors le même mouvement de la masse verte , 
comme dans l’autre espèce. Ce mouvement est lent et 
uniforme dans cette dernière, ascendant d’un côté et 
descendant de l’autre ; et une nouvelle preuve pour cons- 
tater qu’il dépend uniquement de la force vitale, c’est 
que le contact de quelques gouttes d’eau-de-vie qu’on 
laissait tomber , une pression, une déchirure du tuyau 
amenaient pour toujours la cessation de tout ce jeu.. 
MM. Link et Dittmar, dont le premier se trouvait à 


(1) Osservazione microscopiche sulla tremella et sulla circolazione 
del fluido in una pianta acquajola. Lucca, 1774. 

(a) Roziër, Obs, sur la Physique , l'Histoire naturelle, etc. Avril 
1776. 


HN 
Rostock dans le même temps où je m'occupais de ces 
expériences , en ont été témoins. J'ai aussi trouvé le 
même mouvement dans le Chara hispida,, espèce dont 
la structure ressemble beaucoup à celle du Chara vul- 
garis. 

L'abbé Corti ne s'est pas arrêté l. Dans un écrit 
postérieur (1) il fait connaître la suite de ses observa- 
tions d’après lesquelles la même circulation qu'il ob- 
serva dans le Chara , a aussi lieu dans un autre végétal 
dont il ne peut indiquer le nom, mais qui , à en juger 
par la figure , est le Najas minor AI. Il l'observa dans 
chacun des petits tuyaux , dont la tige et les feuilles de 
cette plante aquatique se composent, et dans chacun 
d’eux , elle avait lieu, comme dans le Chara, par elle- 
même, et indépendamment de celle du tuyau voisin. 
Elle ne changeait jamais dans sa direction , et elle était 
d’une seule et même espèce dans tous les tuyaux (ou 
vaisseaux, comme dit l'abbé Corti) qui étaient intacts. 
L'abbé Corti a aussi trouvé ce mouvement circulatoire 
du fluide dans limiéinar des tuyaux isolés du tissu 
cellulaire, dans deux espèces de cresson aquatique, 
dans les feuilles de la sagittaire, dans une renoncule 
aquatique , à feuilles capillaires , et même dans des végé- 
taux terrestres , tels que des courges et des concombres, 
la mercuriale , etc. Quel sujet pour de nouvelles obser- 
vations et quelle perspective pour pénétrer plus pro- 
fondément les lois de la vie végétale! Cependant mes 
efforts à cet <eard n’ont pas répondu jusqu'ici à mes es- 
pérances. Je n’ai pu parvenir jusqu'ici à me procurer à 


(x) Lettera sulla circolazione scoperta in varie piante. Modena, 1776. 
— Trad, dans Rozier. Obs, sur la Physique, etc. 1776. Tom. vi. 


(25 ) 


l'état frais l'une des deux espèces de Najas, dont l'une, 
le Najas marina, se trouve à la vérité dans les fosses 
salées des bords de la Baltique , mais seulement dans 
les étés chauds et secs : j'ai donc été obligé de me bor- 
ner à quelques autres plantes aquatiques dont la struc- 
ture a une grande analogie avec celle du Vajas, comme 
le Callitriche verna, et le Lemna minor L. Ces végé- 
taux étaient exposés au soleil dans des vases remplis 
d’eau pure qu’on renouvelait journellement, ou du 
moins de deux jours l’un , et pendant ce temps ils con- 
tinuaient à s’accroître et à pousser de nouvelles feuilles. 
J'observais fort souvent et avec persévérance les cellules 
du parenchyme de ces dernières , sans pouvoir y remar- 
quer le moindre mouvement. Il ne s’en montre pas 
davantage dans le Sisymbrium nasturtium, le Sium 
angustifolium, V' Amary llis undulata, le Mesembryan- 
themum barbatum , le Scolopendrium officinale , ni 
dans un immense nombre d’autres plantes aquatiques 
et terrestres que j'ai disséquées: depuis un certain 
nombre d'années , soit dans cette vue mème ; soit dans 
une autre. J'ai surtout examiné, dans des temps diffé- 
reus et sur des tranches longitudinales plus où moins 
épaisses, le tissu cellulaire de la hampe de l'Hellé- 
bore noir, dont les fleurs étaient sur le point de s’ouvrir 
pendant quelques jours printaniers d’un temps doux et 
chaud ; mais toujours la substance verte se trouvait ab- 
solument immobile, même dans les tuyaux intacts. 
L'abbé Corti dit : qu’il faut faire ces expériences sur 
des végétaux sains, avec des tranches minces qu’on en 
sépare et qu'on plonge sous l’eau, et qu’il faut avoir 
beaucoup de patience. Je puis dire que j'ai tâché de sa- 


(26) 

tisfaire à toutes ces précautions et à toutés ces qualités. 
La grande différence du climat pourrait -elle donc pro- 
duire ici une si grande différence ? Cela n’est pas vrai- 
semblable , mais ce n’est cependant pas impossible: On 
sait quelle influence la chaleur exerce sur les mouve- 
mens des oscillatoires. L’Oscillatoria Adansoni Vauch. 
examinée pendant un jour très-froid du mois de mai, et 
dans de l’eau froide, ne me montra absolument aucun 
mouvement dans ses filamens ; mais ce mouvement avait 
lieu distinctement , quand je l’eus mise dans une goutte 
d’eau chaude ; il cessa dès que l’eau fut refroïdie, et 
recommença de nouveau, quand j’y fis tomber de nou- 
veau de l’eau chaude. La même chose a été observée par 
Scherer (1) sur le même être vivant ou sur un autre 
analogue, qu'il a trouvé dans les sources thermales de 
Toœplitz. Ces filamens s’agitaient vivement dans leur 
élément naturel; retirés de la source et mis dans de 
l’eau froide, tout mouvement était suspendu ; la plaque 
de verre sur laquelle se trouvaient les filamens étant 
chauffée à la flamme d’une lampe, les oscillations ne 
tardaient pas à reparaître. 

On n’a point observé non plus, à ma connaissance, 
des phénomènes qu’on pourrait rapporter à cette catégo- 
rie, ni dans lès mousses ni dans les hépatiques, si ce 
ne sont ceux que Schmidel a observés dans le Junger- 
mannia pusilla. On sait qu'avant le développement du 
fruit il se montre sur la tige de ce végétal de petits glo- 


(1) Beobachtungen und V'ersuche über das pflanzenæhnliche W'esen 
in den warmen K arlsbader und Tœplitzer Wæssern. Dresden, 1987, 
in-8. 


( 27 ) 


bules pédonculés.(1),, qui ont une structure celluleuse 
et qui sont regardés par Schmidel , aussi bien que par 
Hedwig; comme les organes générateurs mâles. Or; le 
premier de ces deux auteurs a remarqué que lorsqu'il 
plaçait sous une forte lentille un de ces globules mür et 
intact ;'et qu'il l’humectait (2), il arrivait après un certain 
temps, que des corpuscules étaient lancés an dehors-des 
cellules, à différentes reprises, et à des intervalles. ap 
préciables entre les différentes explosions. Ces corpus- 
cules étaient transparens, de forme ronde ou oblongue 
et de volume différent. Tous s’agitaient avec une grande 
vivacité, et oscillaient de la mème manière que les ani- 
maux dits infusoires ; ils oscillaient non-seulement en 
vertu de leur force propre, mais ils étaient aussi lancés 
par le moyen de l'explosion, bien au-delà des bornes 
du champ de la vision ; et ceci ne s’opérait pas d’un seul 
coup, mais par saccades , et comme par un acte vital. 
Quelquefois ils sortaient un à un, d’autres fois , deux où 
trois ensemble. Quelques-uns dont les oscillations et 
les mouvemens étaient les plus vifs, paraissaient être 
pourvus d’un pédicule ou d’une queue qui ne devait pro- 
bablement son origine qu’à la vitesse avec laquelle les 
corpuscules étaient lancés à travers un fluide plus résis- 
tant. Schmidel regarde ces phénomènes, dont il a aussi 
donné une figure (3), comme une suite des extensions 
alternatives d’un fluide élastique contenu, tant dans les 
globules que dans les corpnscules. Des objections graves 


(1) Hepwicnr, Theor. generat. plant. Cryptog., éd. 2e, p. 158, 
pl. XX, fig. 1,4. 

(2) Zcon. plantar. et anal. partium , fase. 1, p. 85. 

(3) L.c., pl. xxnr,, fig. 8. 


(26 ) 


peuvent être faites à cette manière de voir, car lorsque; 
par exemple, nous comparons avec les phénomènes qui 
viennent d’être décrits les mouvemens mécaniques que 
le pollen , non parvenu à maturité, montre dans son. ex- 
plosion sous l’eau , les premiers paraissent plutôt indi- 
quer une force vivante , agissant avec liberté. Je ne sau- 
rais cependant rien décider en pareille matière sans 
avoir eu occasion d'observer moi-même ce phérerhèfie ; 
occasion qui m'a manqué jusqu'ici. 

Dans mon premier mémoire j’ai fait la remarque que 
le phénomène observé sur les Chara peut ètre comparé 
à certains mouvemens, en apparence spontanés , qu'on 
observe quelquefois sur les grains verts des Conferves: 
Tous les deux conduisent à un seul et mème principe, 
savoir à une vitalité primitive de la matière organique 
amorphe qui, précédant la formation de tous les êtres 
organiques , est à son tour produite par eux, pour ser- 
vir, suivant les circonstances , ou à l'entretien et à l’ac- 
croissement de l'individu , ou à la production d'un or- 
ganisme nouveau. Cette vitalité se manifeste dans les 
mouvemens qui nous semblent avoir lieu sans règle ni 
sans but , mais qui sont diversement modifiés suivant la 
différence des corps organiques, ce qui semble indiquer 
que le principe vital est primitivement susceptible d’une 
variété de modifications.et de déterminations , sans avoir 
besoin de l’entremise d'organes variés dans leur struc- 
ture et dans leur conformation. 

Dans les mémoires d'histoire naturelle de Weber et 
Mobr (1), M. Mertens de Brème a publié une observation 
qu'il a faite sur le Conferva mutabilis Roth., et qui, 

(2) Vol. r, p. 348. 


( 29 ) 
donne un résultat tout-à-fait analogue à ce qu'il a ob- 
servé, à une autre époque , sur le Conferva compacta 
Roth. J’ai réussi à répéter ces deux observations , et à 
mettre en même temps, dans un jour plus complet, 
quelques circonstances qui y ont lieu. En 1814, au mi- 
lieu du mois de novembre, le temps étant continuelle- 
ment doux , je recueillis dans un verre blanc, une petite 
quantité du Conferva mutabilis , qui recouvrait de 
grosses pierres au milieu d’un ruisseau clair et rapide. 
Elle se trouvait dans le meilleur état, tous les filamens 
étaient verts et abondamment garnis de branches fasci- 
culées. Je la mis dans une tasse de porcelaine, remplie 
d’eau de fontaine pure , dans laquelle il n’y avait cer- 
tainemént aucune trace d'animaux infusoires , et je la 
plaçai près de la fenêtre , dans une chambre modérément 
chauffée. Le lendemain, j'aperçus dans l’eau, du côté 
de la fenêtre qui était un peu plus sombre, parce que 
le bord de la tasse y était plus haut, une apparence de 
couleur verte , qui augmenta vers le soir , pour se trans- 
former ensuite en un sédiment vert , inégalement ré- 
parti. Je me convainquis que cette accumulation de Ja 
matière verte sur un seul côté n’était pas la suite de la 
position inclinée de la tasse , et je retournai celle-ci, le 
matin du'troisième jour , de manière que le côté d’abord 
opposé à la fenêtre , la regardait maintenant. J’examinai 
dans la matinée du quatrième jour, les filamens qui 
s'étaient totalement décolorés, par portions interrom- 
pues, et je trouvai que les plus grands, parmi les ra- 
muscules fasciculés , s'étaient en partie vidés, et que la 
matière verte qui s'était échappée, n'avait laissé que le 
tube membraneux articulé. En même temps , l'eau était 


» 


(3) 
remplie, surtout dans le voisinage de la plante, d’un 
nombre iminense d'animaux infusoires, ronds et el- 
liptiques, dont la couleur et le volume s’accordaient 
parfaitement avec les globules verts, sous la forme des- 
quels se montrait encore la matière verte contenue dans 
les divers articles des ramuscules non vidés. J'examinaïi 
maintenant aussi la matière verte qui s'était déposée au 
fond, et je la trouvai composée, pour la majeure partie, 
de corpuscules allongés ; elliptiques , immobiles , dispo- 
sés sous forme d'innombrables figures étoilées, à six ou 
à un plus grand nombre de rayons. Entre eux se trou- 
vaient de nombreux corpuscules globuleux dont quel- 
ques-uns se mouvaient, tandis que le plus grand nombre 
restaient immobiles. Ce dépôt vert n'augmenta plus en 
quantité , au contraire, le liquide se montra , après quel- 
ques jours , rempli dans tout son contour de matière verte 
qui tarda peu à s'appliquer contre le bord de la tasse, 
sous forme d’un cercle vert. En même temps, plusieurs 
autres filamens s'étaient encore décolorés. 

Je répétai cette expérience, huit jours plus tard, en 
traitant de la même manière la Conferve nouvellement 
recueillie, et les résultats furent les mêmes. Cette fois je 
pus distinctement observer , comment un des corpuscules 
dont j'avais suivi pendant quelque temps le tournoie- 
ment et les mouvemens en quelque sorte sautillans , 
s’appliquait tout d’un coup contre les corps elliptiques 
allongés en forme de bâton, pour rester immobile , 
tandis que les autres continuaient leurs évolutions. Je 
l'observai encore long-temps après, et je vis qu'il per- 
sistait dans son immobilité. Cependant , quoique j’eusse 
tâché de me préserver de toute illusion, voulant ôter 


(31) 


la possibilité même à l'erreur , je donnai le 27 novembre 
une portion de la Conferve dont il s’agit, et que j'avais 
cherchée le jour même, dans le même ruisseau , à M. le 
docteur Dittmar, mon concitoyen , qui est connu dans 
le monde pour son habileté dans l'observation des ob- 
jets microscopiques. Voici les résultats de ses observa- 
tions exposés dans ses propres termes : 

« Le 28 novembre, je pris des tiges fraîches et bien 
vertes de Batrachospermum glomeratum Vauch. ( Con- 
ferva mutabilis Roth. ), je les lavai le plus exactement 
possible avec de l’eau pure, et je les mis dans des vases 
plats de porcelaine , que je remplis d’eau pure. Le 29 
novembre ;, je remarquai que quelques filamens avaient 
perdu leur belle couleur verte, et qu’une matière verte 
était répandue dans l’eau. Le 30, cetie matière était un: 

. peu plus abondante , et il se forma un dépôt vert au côté 
le moins éclairé du vase. Sous le microscope j’observai, 
pendant ces deux jours , que la teinte verte répandue dans 
l’eau dépendait d'animaux infusoires, ronds (pl. 3, fig. r), 
qui nageaient avec beaucoup de vivacité. Le dépôt sur les 

parois du vase montrait des corps allongés , qui toute- 
fois étaient absolument sans vie, et qui formaient çà et là 
des figures étoilées (fig. 2). Le 1°° décembre on ne pou- 
vait plus découvrir aucun infusoire ; le dépôt vert sur le 
vase était plus abondant , les corps allongés s'éten- 
daient de plus en plus, et le 3 décembre ils s'étaient 
transformés en de petits individus de Batrachospermum 
glomeratum (fig. 3), qui adhéraient assez fortement au 
vase. Ils avaient encore la même forme le 4 décembre. » 

N'ayant pas eu l'avantage jusqu'alors de pouvoir suivre 

les métamorphoses du Conferva mutabilis jusqu’au dé- 


( 32) 


veloppement distinct d’un nouvel être de la même es- 
pèce, mon désir était d'y parvenir également ; je répétai 
done, en novembre 1815 , avec cette conferve, l’expé- 
rience déjà mentionnée. Comme on pouvait s’y attendre, 
le résultat futexactement le même. Dans une seule nuit, 
la température de la chambre étant à 10 degrés Réau- 
mur , il sortit de ce végétal, plongé dans de l’eau par- 
faitement pure, des myriades de corps mouvans ; je 
n’observai cependant qu'une seule fois le détachement 
de ces corps , du tube membraneux d’un ramuscule la- 
téral. Dans la matière verte qui forme les bandes trans- 
versales des articulations ‘dans le tronc principal, je ne 
pus apercevoir aucun vestige de rotation. Après une 
nuit froide , pendant laquelle l’eau s’était congelée à sa 
surface dans le vase, aucun mouvement ne se montra 
plus ; une températüre plus douce étant survenue quel- 
ques jours plus tard, l’eau se trouva remplie de nôu- 
veau d’une quantité d’atomes mouvans , en même temps 
que la teinte verte était devenue plus foncée du côté de 
l'ombre. Après quinze jours, les corps verts allongés 
qui formaient les figures étoilées ne s'étaient pas seule- 
ment prolongés au point qu’on pouvait y distinguer une 
structure articulée , mais leur extrémité terminale s’était 
aussi prolongée en une pointe capillaire hyaline (fig. 4), 
dont la présence forme, d’après Vaucher, et avec raison, 
un caractère principal du genre Batrachospermum au- 
quel notre Conferve appartient. Je suis convaincu que si 
j'avais déposé sous une eau courante, ces linéamens dé- 
licats, ils auraient reproduit avec le temps le végétal en- 
tier avec ses nombreux rameaux fasciculés. 


La seconde espèce sur laquelle j'observai ces méta- 


(35) 


morphoses ne paraît pas différer du Conferva compacta 
Roth. (1); elle s'accorde d’ailleurs parfaitement par sa for- 

me , avec celle qui est figurée par Dillwyn , sous le nom 
_ de Converfa lucens (2). Je la trouvai également dans un 
ruisseau , dont le torrent rapide agitait continuellement 
les filamens du végétal qui adhéraïent à des pierres. 
Le 31 mars 1816, époque où la température de l'air 
était au-dessous du point de congélation , pendant la 
nuit , et un peu au-dessus, pendant le jour, je pris une 
certaine quantité de cette Conferve, et je la mis dans un 
verre blanc pour l'emporter; arrivé chez moi, je la 
plaçai auprès de Ja fenêtre, dans une chambre modéré- 
ment chauffée , dans une tasse remplie d’eau pure. Sous 
le microscope on voyait nager, autour des filamens, quel- 
ques Vorticelles de la plus grande espèce ; on n’apercevait 
absolument aucune trace d'animaux infusoires plus petits, 
Les filamens étaient ; pour la majeure partie, dans leur 
état naturel (fig. 5), mais un grand nombre d’entre eux 
étaient devenus en forme de chapelet (fig. 6) par la dila- 
tation et l’arrondissement de leurs articles, qui coïnci- 
daïent avec une diminution de leur transparence. Après 
un intervalle de quatre heures , une teinte verte se mon- 
trait déjà du côté de la fenêtre, dans la partie de l’eau 
qui était moins éclairée ; le lendemain, cette teinte avait 
beaucoup augmenté et formait un nuage de matière 
verte foncée, dans laquelle l’œil armé du microscope 
apercevait des millions de monades organiques plus ou 
moins grandes , rondes , ou du moins peu allongées en 
ovales, qui s’agitaient avec une grande vivacité (fig. +). 

(x) Catal. bot. , 1, 190. 

(2) Synops. of the britan. confervæ , etc. , pl. 47. 

ï; 5 


(34) 


En même temps , un bien plus grand nombre de filamens 
avaient pris l’aspect moniliférme , et dans ceux aui s’é- 
taient. montrés sous cette forme dès le commencement, 
un grand nombre d'articles s'étaient vidés , la matière 
verte et granulée s’en étant échappée par une ouverture 
latérale, partout perceptible , et n'avait laissé qu’un tube 
articulé hyalin. Une fois aussi, je vis une des masses 
granulées qui s'étaient échappées , se dissoudre en mo- 
nades vivantes qui se répandirent promptiement dans 
toutes les directions (Gg. 8). Le nuage vert, dans l'eau, 
se trouvant du côté de l'ombre, et le soleil donnant vive- 
ment sur le vase, je tournai celui-ci, avec précaution , 
un peu sur le côté, en sorte que lamasse verte se trou- 
vait exposée aux rayons du soleil, mais immédiatement 
auprès de l’ombre formée par le bord de la tasse. En 
moins de cinq minutes elle s’était retirée dans l'ombre, 
et cela sous forme de bandes , dont je pus observer dis- 


üinctement la lente progression, de manière que, passé 


ce temps, on n’en apercevait plus que très-peu à l’en- 
droit précédent. 

Dès le second jour , et plus encore le troisième, il 
s'était formé au fond un précipité composé de corpus- 
cules verts allongés-en forme de petits bâtons (fig. 9), 
dont une extrémité était très-amincie et transparente, tan- 
dis que l’autre était obtuse. C’est par leur partie amincie 
qu'ils paraissaient fixés ; souvent ils formaient des figures 
étoïlées. Le sixième jour, des points floconneux , épars, 
d’un vert plus foncé, se montraient dans cetie couche 
qui recouvrait le fond du vase. [ls consistaient en des 
filamens simples et courts (fig. 10, 11 ) qui étaient évi- 
demment le résultat de l'allongement des corpuscules en. 


(35 ) 
forme de peuts bâtons que j'avais vus le second jour, et 
dont j'avais observé clairement tous les états intermé- 
diaires et toutes les métamorphoses. Leur extrémité 
libre était obtuse , et ils avaient dans toute leur longueur 
des segmens incolores entre lesquels la matière verte for- 
mait des bandes transversales. En un mot, l’ensemble 
de la structure montrait que ce n'étaient que de jeunes 
rudimens des filamens plus gros qui s'étaient vidés pour 
leur donner naissance. C’est ce qni fut aussi parfaite- 
ment constaté par l'observation ultérieure ; car le dou- 
zième jour ils avaient beaucoup augmenté en longueur 
et en diamètre (fig. 12), en sorte que celui-ci égalait la 
moitié du diamètre des filamens parfaitement développés. 
La structure interne était également tout-à-fait la même, 
si ce n’est que les segmens paraïssaient plus longs qu’à 
l'état de développement parfait. Le nombre des corps 
mouvans avaitdiminué de plus en plus jusque-là , et il ne 
s’en montrait plus que peu ou point du tout. Après trois 
semaines, les filamens n'avaient pas pris d’autré .ac- 
croissement, mais il y avait eu depuis ce temps: plu- 
sieurs circonstances défavorables qui s’y étaient opposées. 
Il résulte de ces observations que la matière organique 
qui fait là base des êtres végétaux les plus simples, et 
par conséquent des corps végétaux , en général, exécute 
sous certaines circonstances des mouvemens que mous 
appelons mouvemens animaux, parce qu'ils ont: pour 
nous le caractère de la spontanéité, et même d’une cer- 
taine tendance déterminée , attendu que ces corps mou- 
vas fuient , par exemple, la lumière immédiate du s0 - 
lil, et.se réfugient à l'ombre, Cette transition était si 


brusque, que les mêmes particules de cette matière , qui 


1) 


dans la Conferve se trouvaient rangées sous forme d’ar- 
ticles ou de parties constituantes d'articles d'un filament, 
se présentaient comme des corps mouvans en se sépa- 
rant simplement de leur union , et revenaient ensuite à 
leur premier état en se fixant, eu s’unissant et en s’al- 
longeant de nouveau. Maintenant, ce qu'il y a de fort 
remarquable, c’est que nos Conferves continuaient à 
s’accroitre de la manière la plus vive, tant qu’elles 
étaient dans une agitation continuelle dans le torrent ra- 
pide d’un ruisseau , tandis que l’état de repos dans le- 
quel elles furent mises ensuite, donnait aussitôt lieu, 
sous l'influence favorable d’une température appropriée, 
à la sortie des particules et à leurs mouvemens. On peut 
conclure de là que la force qui détermine l’expansion et 
la ramification du filament de la Conferve , et celle qui 
donne lieu aux mouvemens spontanés des monades or- 
ganiques , sont une seule force identique qui se manifeste 
de différentes manières , suivant qu'elle est subordon- 
née à l’ensemble quela nature obtient par le mouvement, 
ou suivant qu’elle agit isolément, ce qui arrive dès qu’un 
état de repos et de mort générale a lieu. Il faut, de plus, 
remarquer que les mêmes corpuscules qui se mouvaient 
après s'être séparés du végétal, se reproduisaient après 
être revenus à l’état de repos. Mais comme ils formaient 
auparavant, à l’état d'articles ou de sporules, des par- 
ties intégrantes de la Conferve, qu’ils occupaient du 
moins une place déterminée dans son organisation , il 
faut en conclure que la force qui produit l’expansion de 
l’ensemble , par l'addition de nouvelles parties, est iden- 
tique avec celle qui a pour effet la génération d’un nou- 
vel être de la même espèce ; que les deux effets ont lieu, 


(37 ) 

par conséquent, à l’aide de simples liquides animés, 
sans intervention de la part des parties solides. Enfin, 
une-dernière circonstance, digne de remarque, dans les 
expériences rapportées, c’est celle que la matière verte 
sortie des filamens , se déposait toujours uniquement au 
côté ombragé du vase , lorsque les corpuscules avaient 
cessé de se mouvoir. Ceci paraît avoir lieu d’après la 
même loi, suivant laquelle la semence ne germe ordi- 
nairement que dans la terre qui, du moins, en reçoit 
toujours la racine , et suivant laquelle, en général, les 
premiers rudimens des corps organiques exigent l’ab- 
sence de la ‘umière, tandis qu’ils supportent et qu'ils 
exigent l'influence de cette dernière , d'autant mieux et 
à mesure qu'ils s’accroissent davantage. 

Les observations rapportées dans le mémoire déjà cité, 
montrent que ces mouvemens en apparence spontanés 
de la matière verte, ont encore lieu dans d’autres. es- 
pèces de Conferves que celles qui sont indiquées ici. 
Mais il paraît que, suivant les différentes espèces (cou 
suivant les genres de ces végétaux, si on veut suivre les 
principes de Vaucher), il faut aussi des circonstances 
différentes, et pour la plupart inconnues , pour obtenir 
le développement de ces mouvemens. Ainsi, par exem- 
ple, je n’ai jamais réussi à en observer la moindre trace 
dans le Conferva dichotoma L. (Ceramium Roth., Ec- 
tosperma Vauch.), dont la structure est pourtant si ana- 
logue à celle du Chara flexilis. J'ai conservé, une fois 
entre autres , au commencement d'avril 1815, dans un 
vase rempli d'eau une douzaine, à peu près, des fruits 
de ce végétal, figurés par Vaucher (1), Ils adhéraient à 


(x) Aise. des Conferves . pl. x, fig. x, 4. 


(58) 

une tige à demi-pourrie, ei chacun d’eux avait produit 
un petit prolongement qui s’allongea d’une ligne environ 
dans vingt-quatre heures, sous l'influence d’un temps 
printanier doux, et des rayons du soleil. Pendant cet 
accroissement, J’observai fréquemment et l'extrémité in- 
férieure globuleuse , et le prolongement, pour voir si la 
matière verte n’y exécuterait pas quelque mouvement de 
gyration , mais je ne pus apercevoir absolument rien de 
cette nature. Cependant les observations remarquables 
de Trentepohl monirent que des mouvemens de cette 
nature y ont lieu, quoïqu’avec des modifications tout- 
à-fait particulières. 

Je ne réussis pas davantage, malgré toutes mes re- 
cherches, à découvrir, soit dans le Conferva setiformis, 
soit dans le C. quinina, soit dans d’autres espèces rap- 
portées par Vaucher parmi les Conjuguées, des mouve- 
mens de la masse granulée, analogues à ceux du Con« 
ferva glomerata et du €. reticulata. Cependant le phé- 
nomène connu de la copulation qu’on observe dans toutes 
les Conjuguées, tandis que toutes les autres Conferves ne 
le montrent pas, ne peut s'expliquer que de cette ma- 
nière. Hedwig, Vaucher, mon frère, Agardh (x), et 
d’autres encore l'ont décrit, et les deux premiers ont 
donvé, dans une figure, ce qu’on pouvait en représen- 
ter. Ce qu'il y a de plus remarquable dans ce phéno- 
mène, c’est que la matière verte passe en entier d’un ar- 
ticle dans un autre , sans contraction et même plutôt avec 
une dilatation du premier. 

On sait que la matière dont il s’agit se compose en 


partie d’une membrane mince, visqueuse, en forme de 


(1) Algar. Decas. , nt, p. 32, 34. 


(59) 


tuyau et en partie de grains assez gros, qui se rangent 
dans une position régulière et forment, par exemple, 
dans le Conferva quinina, des lignes en spirale ou en 
zig-zag. Les auteurs qui on traité ce sujet , regardent ces 
lignes, qui se distinguent ordinairement par un vert plus 
foncé, comme les réceptacles internes de la fructifica- 
üon (Sporangia), qui tapissent, dans d’autres Confer- 
ves, toute la circonférence interne du végétal, tandis 
qu'ils rampent dans celles-ci le long des parois in- 
térieures du tube articulé, en se contournant en forme 
de spirale ou de zig-zag. Mais ces lignes spirales ne sont 
nullement le sporangium lui-même , mais seulement des 
plis que le tuyau forme à son intérieur, et sur lesquels 
les grains sont implantés. C’est ce qu'on reconnaît dis- 
tinctement, surtout lorsque les tours de spire sont un 
peu distans entre eux, à l’espace triangulaire qui se 
montre là où on les voit, en les examinant par le côté, 
devenir contigus au tube externe (fig. 13), tandis que le 
tuyau interne est contigu au tube extérieur dans tout le 
reste de la circonférence , au moins tant que le végétal est 
frais et plein de vie. 

D’après ce que je viens de dire, il faut donc aussi rec- 
tifier ce que j'ai dit relativement à ce sujet dans un mé- 
moire antérieur sur la structure des végétaux cryptogames 
aquatiques (1). 

A l'endroit où le sporangium ou le tuyau vert forme 
les replis dont il a été question , il adhère évidemment 
avec plus de force à la membrane externe, tubuleuse; 
mais la copulation est toujours précédée d’une dilatation 
de cette dernière, par laquelle sa connexion , lantavec 


(1) Weser et Monr, Beitræge , vol. 1,, p.183. 


| (4) 
le sporangium en général, qu'avec les organes spiri- 
formes en particulier , est détruite. Par là, la force vi- 
tale de la matière verte est mise à même de se mani- 
fester librement, etil se fait, sans aucune cause motrice 

xterne, un passage de cette matière , par le tube de com- 
munication qui va d'un filament dans un autre, et cet 
acte se termine , comme on sait, par la formation, dans 
le second filament, d’un grain ovale ou rond, qui est le 
fruit, 

Le moyen dont la nature se sert pour favoriser ces chan- 
gemens, c’est de faire remonter le végétal du fond de 
l’eau à sa surface. C’est ce qui a lieu par l'influence de 
la lumière du soleil, qui, en donnant lieu dans l’eau au 
développement de bulles d’air qui s’attachent au végétal , 
le rendent spécifiquement plus léger, et déterminent 
en même temps dans la matière verte une activité plus 
grande. 

J'ai toujours été frappé de ce que le passage mentionné 
de la matière verte ne s'opère qu'entre des articles de fi- 
lamens différens, et non pas aussi entre deux articles voi- 
sins d’un seul et mème filament. Agardh (r) dit à‘la vé- 
rité que le Conferva quinina et le C. setiformis, qu'il a 
observés , étaient toujours dioïques,; mais ce cas n'existe 
pas toujours , et Vaucher dit avec raison (2) qu’il n’était 
pas rare de voir le même filament donner dans une partie 
de sa longueur et recevoir dans une autre partie, en sorte 
que parmi ses articles, les uns étaient vides, tandis que 
les autres se trouvaient remplis. 

Si cela est vrai, on ne saurait contester la possibilité 


(1) 0., p.32, 34. 
(2) L. c., p. 44. 


(41) 
d’une copulation entre deux articles d’un seul et même 
filament. Au printemps de l’année 1807, j'observai ce 
phénomène, sans connaître aucune observation analogue, 
sur la variété du Conferva quinina M. , qui se distingue 
par des filamens très-fins et par des articles fort allon- 
gés , et que Vaucher appelle Conjugata elongata (1)..La 
copulation avait lieu dans cette Conferve , en partie sui- 
vant la manière ordinaire figurée par Vaucher , c’est-à- 
dire par l’union de deux filamens différens , moyennant 
des tubes de communication qui s’étendaient de l’un à 
l’autre, et par lesquels le passage de la matière gra- 
nulée avait lieu, et en partie il y avait une copulation , 
s’il est permis de s'exprimer ainsi, entre deux articles 
voisins d’un seul et même filament. Voici l’origine et la 
marche de ce phénomène telles que je les ai observées : 
les deux articles commencent par se gonfler, mais celui 
dans lequel le globule se formera plus tard et que je nom- 
merai a, se gonfle plus que celui qui est destiné à se vi- 
der et que je nommerai b. Les tours de spire perdent 
leur disposition régulière et se détruisent dans les deux 
articles. Ensuite la masse granulée dans l’article b se 
met en mouvement vers &, Ce qu on reconnaît au gon- 
flement de l’extrémité qui est tournée vers a, et de la 
portion inter-articulaire. Lorsque le passage a eu lieu et 
que la masse granulée se trouve agglomérée dans l'ar- 
ticle a, le tube reprend le volume qu’il avait aupara- 
vant, à l'exception de la dilatation ventrue qu'occa- 
sionne la présence du globule de la fructification. La 
portion inter-articulaire conserve également ses dimen- 


sions antérieures. 


G)Le., pl, fige n,2. 


(4) 


Agardh (r) dit qu'il a toujours trouvé cette Con- 
ferve stérile; 1l paraît donc que la copulation , suivant le 


mode ordinaire , s’y fait avec une grande difficulté , et que 


cette circonstance est cause du mode particulier qui y a 
lieu. | 


EXPLICATION DE LA PLANCHE HI. 


Fig. 1-4. Développement du Batrachospermum glomeratum V Aucun. 
Fig. 5-12. Développement du Conferva compacta Rorx. 
Fig. 13. Structure du Conferva quinina. 


’ 


RecnercHEs microscopiques et physiologiques sur 
le genre Mycoderma (2) 


Par M. J. B. Desmazrières. 


De toutes les familles de plantes établies par les cryp- 
togamistes , il n’en est pas sans doute dont l’organisa- 
on et l’histoire soient moins connues que celles des 
Confervées et des Champignons; et l'examen trop super- 
ficiel de plusieurs productions qu’on s’est empressé d'y 
réunir, a fait naître beaucoup d’erreurs accréditées par 
des noms illustres. Les observations que je vais rappor- 
ter dans ce mémoire prouveront encore cette vérité , en 
dissipant l'obscurité répandue jusqu’à ce jour sur le 
genre Mycoderma. 

Persoon , dans la première section de sa WMycologia 


(1) L. C., P: 35. 
(2) Extrait du Recueil des travaux de la Société d'amateurs des 


sciences , de l'agriculture et des arts de Lille pour 1825. Lille , 1826. 


C4) 


Europæa , publiée en 1822, créa ce genre pour y pla- 
cer les pellicules qu’il avait vues à la surface de plu- 
sieurs liquides ou de substances humides fermentées. 
Mais n'ayant pas étudié au microscope les premiers déve- 
loppemens de ces productions; ne les ayant pas suivies , 
avec cet instrument, dans les divers états par où elles 
passent selon leur âge, les saisons , la nature des corps 
sur lesquels elles se propagent; ce savant mycologue ne 
signale point leurs caractères les plus essentiels; il se 
contente de les décrire d’après les formes extérieures et 
très-variables qu’elles revèêtent, en les plaçant avec doute 
entre les Xylostroma et les Auricularia. 
- Des caractères aussi vagues et une association aussi 
étrange, me firent dire avec raison, en 1823, que le 
genre Mycoderma était un des plus obscurs de la myco- 
logie; mais à cette époque je m'avais pu saisir encore, 
avec les instrumens amplifians que je possédais , la vé- 
ritable organisation des êtres qu'il renferme; de sorte 
qu’en ajoutant quelques espèces à celles mentionnées 
par le respectable et laborieux botaniste que je viens de 
citer, et en changeant, pour de bons motifs, tous les 
noms spécifiques qu’il avait proposés, je donnai , comme 
lui , une idée incomplète de ce genre intéressant. 
Depuis la publication de cet ouvrage , les naturalistes 
n’ont rien ajouté aux connaissances que nous avions ac- 
quises sur les Mycodermes : dans le trente-troisième vo- 
lume du Dictionnaire des Sciences naturelles, im- 
primé en 1524, M. Léman n'a fait que répéter ce que 
Persoon en avait dit avant moi; et M. À. Brongniart, 
dans ce même volume , au mot Mycologie, a classé le 
genre qui m'occupe dans la liste des genres rapportés 


( 44) 


à la famille des champignons , mais dont la position et 
les caractères sont encore incertains. 

Dans cet état de choses, il était important qu’un natu- 
raliste entrepritavec soin une série d’obseryations exactes 
pour fixer les idées que l’on doit avoir sur ce genre, et 
c’est ce que j'ai essayé de faire. Je vais donc exposer ici 
le résultat de mes nouvelles recherches d’après lesquelles 
je crois avoir acquis des notions justes et vraies sur ces 
productions , que je n'hésite pas à ranger dans la classe 
des êtres que Gaillon a si heureusement désignés sous le 
nom de Vémazoaires (1). 

Les Mycodermes, comme les Oscillaires, les Conferves 
et beaucoup d'Hydrophytes, sont des productions micro- 
scopiques. Si on les aperçoit à l’œil nu, c’est parce que 
les individus dont elles sont composées vivent réunis en 
société; mais il est impossible de les distinguer un à un, 
et surtout de reconnaître leur structure intime, sans le 
secours d’un excellent microscopique. C’est donc à l’aide 
de cet instrument que j'ai fait toutes mes observations, 
et qu'on pourra les répéter pour s'assurer de leur exac- 
titude; mais avant d’entrer dans les détails de l’organi- 
sation, la plus intime de ces productions, je dois dire 

(x) Par ce nom nouveau , composé de deux mots grecs , filet animal, 
Gaillon désigne un groupe d’infusoires qui, par une aggrégation fort 
singulière , constituent des filamens que l’on avait jusqu'ici considérés 
comme appartenant au règne végétal. Je renvoie à quelques-uns de ses 
Mémoires, au mot Némaz00wE du trente - quatrième tome du Diet. des 
Sc. nat., et à de nouvelles Notes que j'ai publiées dans les trois pre- 
miers volumes des Plantes cryptogames du nord de la France, ceux de 
mes lecteurs qui voudraient connaître les observations de ce naturaliste. 
Les Némazoaires devraient entrer , d’après M. Bory de Saint-Vincent, 


dans le règne qu’il appelle Psychadiaire. ( Voy. le Dict. class. d'Hist. 
nat., au mot HiSTOIRE NATURELLF. ) 


(45) 


iei qu’elles prennent naissance à la surface de beaucoup 
de liquides et de corps très-humides fermentés, ou qui 
‘entrent en fermentation. Elles se montrent sous l’appa- 
rence d’une bouillie, presque toujours blanchâtre, qui 
s'étend sur la liqueur en petits groupes orbiculaires , ou 
en une sorte de pellicule, comme s'étend la crème sur le 
lait. Cette pellicule molle et souvent marquée d’une in- 
finité de petites rides , acquiert peu à peu plus d’épais- 
seur , et après quelques jours, recouvre ordinairement 
toute la surface du liquide qu’elle surnage. 

Pour étudier ces productions singulières, je voulus 
commencer mes premières recherches par la petite peau 
qui se forme à la surface de la bière, et que j'ai nom- 
mée ailleurs Mycoderma cervisiæ. À cet effet, je remplis 
de cette boisson plusieurs assiettes de faïence , placées 
dans une pièce peu fréquentée , et au bout de quatre à 
cinq jours, la température étant de 7 à 10 degrés au ther- 
momètre de Réaumur, j’aperçus çà et là sur le liquide 
une légère teinte blanchâtre qui annonçait déjà le pre- 
mier développement de cette espèce de bouillie dont j'ai 
parlé. Le microscope m'y fit voir alors une multitude de 
corpuscules hyalins, inertes , ovoïdes , prodigieusement 
petits et presque égaux entre eux. Le lendemain et le 
surlendemain, leur nombre s'étant beaucoup accru, la 
bouillie qu’ils formaient par leur rapprochement prit 
plus de consistance et d'épaisseur, se couvrit d’une 
grande quantité de petites rides , et s’étendit sur toute la 
surface de la bière mise en expérience. 

Plusieurs jours s’écoulèrent sans que je découvrisse 
autre chose; enfin arrivé au douzième, je vis que mes 
corpuscüles se trouvaient mêlés à un grand nombre de 


(46) 


filamens, hyalins comme eux et de la même grosseur , 
simples ou rameux, entrecroisés et cloisonnés à des in- 
tervalles plus ou moins égaux. Bien qu’il me parût assez 
naturel de croire que ces filamens devaient leur origine 
aux premiers corpuscules que j'avais observés et qui 
étaient en tout semblables à ceux que j’observais encore, 
je ne découvris rien d’abord qui püt m'’autoriser à ad- 
mettre définitivement cette opinion; mais après quel- 
ques nouvelles recherches, je m’aperçus que dans. Je 
nombre des corpuscules répandus sur le porte-objet du 
microscope , il s’en trouvait de plus allongés que de cou- 
tume, et quelques-uns ayant acquis une longueur égale 
à la distance des cloisons des filamens, je ne doutai plus 


que ces filamens et ces cloisons ne fussent le résultat de. 


leur réunion bout à bout, lorsque je vis plusieurs de ces 


corpuscules allongés se présenter pour ainsi dire à cetté 


espèce d’aggrégation linéaire. Les uns se plaçaient aux. 


extrémités des filamens déjà formés ; les autres se sou- 


dant sur quelques points de la longueur de ces mêmes 


filamens , offraient l’origine de rameaux assez nom- 
breux. 

Les pellicules qui s'étaient formées dans toutes mes 
assiettes, augmentaient en épaisseur et continuaient à 
m'oflrir les mêmes phénomènes, lorsqu'un jour, consi- 
dérant très-atientivement leurs corpuscules ovoïdes , 
éclairé d’une lumière favorable, je crus les voirs’agiter... 
Mais soit que je les examinasse avec l'opinion qu'ils de- 
vaieni se mouvoir , soit que le mouvement qui pouvait 
exister füt à peine perceptible , une personne habituée 
à suivre mes observations ne put le découvrir ; etj'allais 


abandonner les idées que je m'étais formées sur l’anima- 


(47) 


lité de ces êtres , j'allais les considérer comme des spori- 
dies , et les filamens qui en provenaient comme les rhi- 
zopodes (1) des moisissures qui devaient se développer 
plus tard sur mes Mycodermes , quand le lendemain un 

heureux hasard me fit enfin apercevoir que tous mes cor- 
puscules étaient évidemment doués de la faculté loco- 
motive. En ce moment je ressentis cette-joie indicible 
que l'on éprouve souvent en histoire naturelle, lorsque 
l'on saisit un fait important, lorsque l’on parvient à 
mettre dans tout son jour une vérité nouvelle. Il ne fal- 
lut plus, dès-lors, un examen attentif pour se convain- 
cre du mouvement de ces petits êtres : on les voyait tan- 
tôt allant à droite ou à gauche, tantôt parcourant d’autres 
directions. Quelques-uns se rapprochaient, puis s’éloi- 
gnaient avec plus ou moins d’agilité, tandis que d’autres 
culbutaient ou tournaient sur eux-mêmes. 

Ne pouvant plus élever aucun doute sur la vie animale 
des corpuscules que je voyais, je les considérai comme 
entièrement analogues aux corpuscules monadaires con- 
strucieurs des filamens de différentes conferves , ou des 

: Némazoaires de Gaïllon, et ne balançant pas à ranger 
mon Mycoderma cervisiæ dans ce groupe des infusoires, 
je me mis à raisonner sur la manjère d’exister de ces ani- 
maleules, sur ce qu’ils deviendraient plus tard après leur 
réunion bout à bout, etc.; maïs mon impatiente curio+ 
sité me fesait devancer , par des conjectures, les obser- 
vations qui pouvaient seules leur donner quelque poids ; 
Je netardaï pas à m’en apercevoir, et je résolus, dès-lors; 


(1) Voyez, pour l'intelligence de ce passage, le Mémoire de M. Ehren- 
berg, ayant pour titre : De Mycetogenesi epistola. (Nov. Act. Acad. 
Leop. Cæsar. nat. cur., tom. x , p. 159.) 


( 48 } 
de suivre encore cette mycoderme , et d'étendre mes re- 
cherches à d’autres espèces. | 

J'examinai successivement les pellicules développées 
sur l'encre, sur une colle très-liquide faite avec de la 
fleur de farine , sur une eau dans laquelle j'avais fait sé- 
journer de la drèche de bière, sur de Poseille et sur des 
tomates cuites et conservées dans des pots, enfin sur 
quelques autres substances. Elles m'ofirirent toutes à 
peu près les mêmes corpuscules et les mêmes phénomè- 
nes. Le mouvement était plus ou moins apparent selon 
les espèces; dans la Mycoderme de la colle et dans celle 
de la drèche de bière par exemple, on pouvait remar- 
quer une agitation continuelle; quelquefois les animal- 
eules traversaient très-rapidement et en tous sens le 
champ du microscope, quelquefois aussi ils paraissaient 
inertes dans les petits groupes qu'ils formaient; mais 
lorsqu'ils en sortaient, ils voguaient avec une vivacité 
étonnante, puis se montraient encore dans un état de 
torpeur lorsqu'ils y rentraient; quelquefois enfin ils 
s’arrêtaient tout-à-coup pour reprendre ensuite avec plus 
de rapidité leur course vagabonde. 

Ayant aussi soumis à mon examen la drèche de l’eau- 
de-vie de genièvre , elle me présenta le sixième jour les 
premiers développemens d’une Mycoderme, dont les ca- 
racières me parurent par la suite assez distincts pour l’é- 
lever au rang d'espèce, en lui imposant le nom de My- 
coderma malti-juniperini. Sa pellicule, beaucoup plus 
blanche et plus ridée que celle du Mjcoderma cervisiæ, 
était composée de corpuscules beaucoup moins petits , 
hyalins comme eux, mais d’une forme rectangulaire , 
qui me rappela celle du Monas lamellula , ou des par-, 


( 4 ) 

tes granulairès de l’Echinella obtusa de Lyngbye. Au 
bout de quelques jours, je remarquai ces corpuscules mo- 
nadaires en mouvement; j'en vis aussi d’inertes, qui s’é- 
taient plus ou moins allongés , les uns en conservant con- 
stamment la forme d’un rectangle, les autresen donnant 
naissance, par leurs extrémités, à un ou deux prolon- 
gemens filamenteux qui , s’élargissant et se régularisant 
ensuite dans leur figure, ne fotmaient plus avec leur cor- 
puscule qu'un seul et même rectangle beaucoup plus 
long. Quelquefois aussi ces prolongemens restaient dis- 
tüncts et offraient l’origine de rameaux par la direction 
oblique qu’ils conservaient. J’aperçus plus tard les cor- 
-puscules monadaires ainsi allongés, se réunissant bout 
à bout sur une seule ligne , de manière à représenter des 
filamens pourvus de cloisons ou endophragmes. Ces 
filamens, comme tous ceux que j'avais examinés dans 
mes premières observations , étaient transparens , vitrés, 
très-nombreux, couchés, rameux , entrecroisés et sans 

mouvement apparent, 
: La pellicule du Mycoderma malti-juniperini m'avait 
paru très-légèrement velue à la loupe, j'en conclus que 
sa pubescence pouvait être produite par quelques-uns 
de ses filamens redressés hors du liquide, et je fus 
curieux d'examiner leur structure. Après plusieurs 
tentatives infructueuses , je parvins à disposer sur le 
porte-objet de mon microscope une partie de cette My- 
coderme , de manière que l’on voyait parfaitement ses 
filamens redressés ; et je pus me convaincre alors.que 
chacun d'eux était formé par l'agrégation linéaire de 
cinq à dix corpuscules dans leur grandeur première, 
c'est-à-dire , avant leur élongation : cette découverte me 


x. 4 


(50 ) 

fit désirer de chercher la même réunion dans les autres 
Mycodermes , et particulièrement dans celle de la bière ; 
je la soumis de nouveau à mes observations, et je me 
persuadai bientôt que si je n’y avais pas saisi d’abord 
cette réunion , c'était parce que la pellicule ne se trou- 
vait pas disposée convenablement sous la lentille. du 
microscépe. Cette nouvelle sorte de filamens dans le 
Mycoderma cervisiæ , comme dans tous les autres dont 
les corpuscules monadaires constituans sont ovoïdes dans 
leur premier développement , avait l'aspect moniliforme 
ou d’un chapelet. 3 

Devons-nous voir dans les animalcules qui se mettent 
bout à bout avant leur élongation une agrégation per- 
manente ; ou bien cette agrégation précède-t-elle tou- 
jours une désunion qui aurait lieu avant l'allongement 
des corpuscules monadaires? Cette question est très- 
délicate, et je dois avouer que je ne possède aucun fait 
pour y répondre. Toutefois, il me paraît naturel de 
croire que l’élongation des corpuscules et la réunion 
qui a lieu immédiatement après, sont absolument in- 
dépendantes de l’agrégation dont je parle ici. Peut-être 
doit-on la considérer comme le résultat de la position 
dans laquelle se trouvent les animalcules : placés tout-à- 
fait à la surface du liquide , ils en sont sans doute chas- 
sés par la production considérable d’autres animalcules 


dans la masse, et, par cette circonstance , privés de la. 


substance qui contribue à leur accroissement , ils con- 
serveront, en s’unissant, leur forme primitive, tandis 
_ que ceux qui restent submergés , trouvant toutes les 
conditions nécessaires à leur existence , s’allongent et 


s'agrègent en filamens phytoïdes. Quoique cette opinion 


(51) 


soit assez fondée, on parviendra peut-être un jour À 
prouver que les corpuscules monadaires , agrégés dans 
leur grandeur première , prennent , après cette associa- 
tion et sans aucune désunion , un allongement sembla- 
ble à celui des autres animalcules. 

D’après les observations qui précèdent, et beaucoup 
d’autres que je passe sous silence pour ne pas augmenter 
ce Mémoire qui sera assez étendu , les Mycodermes sont 
d’abord composées d’animalcules très-simples, hyalins, 
gélatineux , prodigieusement petits, et doués d’une loca- 
mobilité très-apparente dans la plupart des espèces. Ces 
êtres frêles, que l’on doit regarder comme le terme où 
l'observation microscopique ait pu atteindre, ont pour 
caractère particulier de se réunir en grand nombre et 
de se rapprocher ; comme s’ils éprouvaient une sorte de 
besoïn d'association à une certaine époque de leur exis- 
tence, pour se joindre par leurs extrémités en séries 
linéaires, soit dans leur première dimension , soit après 
avoir subi une élongation plus ou moins considérable. 
Ils donnent ainsi naissance à des filamens hyalins, de 
même grosseur qu'eux, très-nombreux, rameux , mo- 
niliformes ou paraissant cloisonés , et presque toujours 
couchés sur le liquide où ils s’entrecroisent ,se feutrent, 
pour ainsi dire, et constituent une peau ou membrane 
ordinairement blanchâtre , souvent ridée, plus ou moins 
épaisse selon son degré de développement. 

Dans cette métamorphose extracrdinaire des animal- 
cules , leurs filamens n’offrant aucun mouvement ap- 
parent, pourront être considérés, par certains natura- 
listes, comme appartenant au règne végétal; mais né 


(52) 


partageant point l'opinion d’Agardh (r) et de Bory de 
Saint-Vincent (2), suivant laquelle plusieurs produc- 
tions aquatiques el microscopiques sont alternativement 
animales et végétales, je reconnais toujours l’existence 
animale dans l’élongation et dans l'agrégation dont il 
est ici question. Ma manière de voir à cet égard est con- 
forme à celle que Gaiïllon s’est faite pour certaines con- 
ferves qu'il nomme Vémazoaires , et rentre dans celle 
de Lamarck. ï 

Mais que devons-nous penser de cette réunion des 
animalcules bout à bout ? Je la considère, ainsi qu’on va 
le voir, comme leur état de gestation. Elle n’a certaine- 
ment pas pour but une fécondation proprement dite ; 
ce que nous savons du mode de reproduction des Ho- 
nadés , des Volvoces, des Protées et des autres infu- 
soires, ne nous permet pas de le supposer. 

La manière dont mes animalcules monadaires devaient 


se multiplier m'a long-temps occupé: Après avoir ache- 


vé mes observations sur tout ce qui avait rapport à leur 


structure , je sentis qu'il était indispensable de les étu- 
dier de nouveau dans l'espoir de découvrir leur mode 
de reproduction. Ce fut dans le mois d'octobre que je 
commencçai à chercher des faits relatifs à cette fonction ; 
mais je n'aperçus rien pendant ce mois, celui de no- 
vembre et une partie de décembre, qui me fit espérer 


qu'un jour je parviendrais à satisfaire pleinement ma 


curiosité sur cet objet important : les corpuscules repro- 


{1) Dissertatio de metamorphosi algarum. Lund. , 1820. 
(2) Dictionnaire classique d'Histoire naturelle, aux mots ANTro- 
PYsE , ARTHRODIÉES , CHAODINÉES, ENGHELIDES, Hisrorre NATURELLE, 


et autres, 


| (55 ) 

ducteurs, me demandai-je , se développent-ils dans les 
animaleules simples ou à l’état libre, et en sortent-ils 
alors par une ouverture ou déchirure quelconque? Leur 
développement a-t-il lieu lorsque ces ires sont agré- 
gés en filamens , et, dans cette hypothèse ; sont-ils mis 
au dehors au moyen d’une ouverture latérale qui se fe- 
rait sur chaque animalcule monadaire allongé ; ou bien 
encore, ne s’en échappent-ils qu'après la destruction 
du filament ? En vain j'ai cherché à soulever le voile qui 
cache ce mystère ; toutes mes recherches , je le répète, 
ont été infructueuses , et je ne puis répondre d'une ma- 
nière bien satisfaisante à ces questions ; je me bornerai 
à dire que n'ayant pas trouvé de corpuscules extérieurs 
adhérens qui auraient pu être pris pour des germes ,°@ 
qu'ayant constamment remarqué que mes petits ani- 
maux sont toujours parfaitement hyalins , et que les 
filamens qu'ils construisent après leur élongation of- 
frent quelquefois une granulation interne qui en trouble 
la transparence , je suis fondé à penser que les corpus- 
cules prodigieusement petits qui occasionnent cette gra- 
nulation , sont Ja matière reproductrice, et que’, par 
conséquent , la génération se fait par gemmules internes, 
dont le développement a lieu après l'allongement des 
animaleules monadaires et leur agrégation filamenteuse. 

Cette génération serait conforme à celle des Néma- 
zoaires de Gaillon, et ne s’éloignerait pas de celle des 
Infusoires qui est fissipare subgemmipare, ou, si lon 
veut, tomipare; la multiplication des individus par scis- 
sions ou divisions ; ainsi que l’a fait remarquer M. de 
Lamarck, dans la Philosophie zoologique: (vol. 2, 
p. 120 et 150), et celle par gemmules externes où in= 


(54) 


ternes, me sont réellemen que des modifications d'un 
mème mode; ce n’est au fond qu’une suite d'extensions 
et de séparations de parties , lorsque l'accroissement a 
atteint son terme; enfin ce mode n’exigeant point d’em- 
bryon préalablement formé, et conséquemment aucun 
acte de fécondation , n’a besoin pour s’exécuter d'aucun 
organe spécial. 

Quelles sont les causes qui peuvent favoriser le dé- 
veloppement des Mycodermes? Quelles sont celles qui 
le retardent , le suspendent ou le détruisent ? Quelle 
idée doit-on se former de l’existence des êtres dont elles 
sont composées? Quelle est la durée de leur vie? Com- 
ment se nourrissent-ils ? | | 

2# L'expérience m'a prouvé que l'humidité, une tem- 
pérature douce et un air tranquille , favorisaient et hä- 
taient même le développement des Mycodermes. Le 
froid ou une grande chaleur, un air agité ou par trop 
sec, peuvent le suspendre ; et la gelée ainsi que la pri- 
vation du liquide sur lequel ces productions se sont dé- 
veloppées , les détruisent presque tout-à-coup. À la fin 
de décembre de l’année dernière, par suite du froid que 
nous éprouvâmes , la température du lieu où j'observais 


mes Mycodermes étant baïissée considérablement , leurs 
animalcules ne manifestèrent plus qu'un très-léger mou- | | 
vement qui cessa tout-à-fait , quelques jours après, lors- 
que la gelée eut pénétré dans l'appartement. Les li- » 
quides contenus dans mes vases ne tardèrent pas à se | 
glacer, et, au dégel , ils ne m'offrirent plus que l’image A 
d’une destruction complète. Il arrive aussi parfois que 
lorsqu'une cause fortuite vient troubler les corpuscules " 
monadaires d’une Mycoderme , ils ne s’agrègent point À 


à (55) 

en filamens , cette cause venant même à cesser. Un peu 
avant l’époque que j'ai citée, pour préserver du froid 
une jeune Mycoderme de la bière, je descendis dans 
une caye l'assiette qui la contenait; mais la pellicule 
s'étant dérangée par le transport, où se trouvant dans 
une localité qui peut-être ne lui était pas favorable, ne 
-m'offrit aucun filament , même après plusieurs semaines 
de repos; et, au moment où j'écris, ses animalcules 
sont encore libres. 

L'existence des corpuscules monadaires composant 
les Mycodermes , en nous démontrant jusqu'à quel 
point la vie peut être réduite, détruit un certain nombre 
des idées que l’on s'était créées autrefois sur la nature 
animale. Ces êtres étonnans que l’on peut considérer 
comme des ébauches imparfaites, nous présentent une 
simplicité d'organisation à peine croyable ; aussi leurs 
facultés sont-elles très-bornées. Frèles et sans consis- 
tance , ils ne paraissent être que des points mouvaus qui 
n'ont d’autres fonctions à remplir, pour conserver la 
vie, que celle d’absorber par leurs pores les substan- 
ces que les liquides et les corps très - humides sur les- 
quels ils sont placés leur présentent de toutes parts. 
Quant à la durée de leur existence, ‘elle est éphémère, 

et se termine , sans doute, lorsqu'ils ont rempli le vœu 
de la nature, c’est-à-dire lorsqu'ils ont reproduit d’au- 
tres individus semblables à eux. 

Si l'on examine ce qui se passe dans l’augmentation 
en épaisseur d’une Mycoderme , on se convaincra que 
cette augmentation se fait à sa surface inférieure en 
contact avec le liquide. Er effet, le dessous de la pel- 
boule n'offre toujours qu’une sorte de bouillie peu con- 


(56 ) 


sistanje ; et si on la soumet au microscope, on n'y voit 
aucune production filamenteuse , mais on y découvre 
des myriades d’animalcules encore libres, qui s’agré- 
geront plus tard en filets phytoïdes, et se trouveront 
immédiatement remplacés par de nouveaux individus 
soumis aux mêmes destinées. 

Dès que l’animalité des Mycodermes sera bien recon- 
nue par les naturalistes, elle leur démontrera peut-être , 
d'une manière évidente , celle de ces petites productions 
éphémères et microscopiques que le vulgaire appelle 
moisissures , et dont les germes , d’une ténuité extrême, 
répandus et suspendus dans l'atmosphère , se fixent et 
se développent sur presque toutes les substances fer- 
mentescibles et jusque sur les Mycodermes. Déjà, Gail- 
lon rapporte à ses Némazoaires les genres Mucor , Mo- 
nilia et Botrytis des Mycologues, parce que leurs fila- 
mens si déliés, si fugaces et si nombreux, sont, à ses 
yeux, formés de corpuseules monadaires analogues à 
ceux qu'il a vus dans les Conferves qui ont été l’objet de 
ses observations. 

Cette opinion sur l’animalité de plusieurs genres de 
l'ordre des Mucedinées me paraît très- fondée ; mais ces 
genres devront toujours être distingués de celui des My- 
codermes. Lorsque ce naturaliste dit que les Mycodermes 
et les Moisissures ont pour base une nature commune, 
nous devons entendre qu’elles doivent toutes leur déve- 
loppement à des corpuscules monadaires , mais dans les- 
quels on peut reconnaître plusieurs espèces très-distinctes. 
Ainsi, le Mucor mucedo et les Monilia digitata et 
racemosa , par exemple, qui ne tardent pas à pulluler 
sur les vieilles Mycodermes de la bière , de la colle, de 


(57) 


la drèche de bière ou de l’eau-de-vie de Genièvre, et sur 
quelques autres, n’ont point pour origine, selon moi, 
les corpuscules créateurs des pellicules qui couvrent 
d’abord ces substances. La forme de ces animalcules 
élémentaires , dans le plus grand degré de petitesse où 
nous puissions les apercevoir , peut venir à l'appui de 
mon opinion : elleest ovoide dans les trois premitres 
Mycodermes, et rectangulaire dans le Mycoderma mal- 
ti-juniperini; tandis que les sporidies, ou plutôt les 
corpuscules monadaires des Wucor et des Monilia, sont 
parfaitement sphériques. 

En terminant ici les généralités que j'avais à exposer 
sur les Mycodermes , je crois devoir faire remarquer 
que les observations qui en sont la base, et plusieurs 
autres que j'ai rapportées dans les trois premiers fasci= 
cules des Plantes cryptogames du nord de la France ; 
nous démontrent plus que jamais la nécessité de revoir 
avec soin , et à l’aide de bons instramens amplifians, tous 
les êtres sur la nature desquels il reste encore quelque 
doute. Ces nouvelles recherches , faites avec patience, 
avec un esprit libre et dégagé de préventions, nous 
prouveraient , j'en suis certain , que les classifications 
de beaucoup de productions peu observées ou étudiées 
àda vue simple, sont aussi erronées dans les rapports 
que ces productions ont entre elles que dans la place 
qu'on:jeur a assignée dans l’ordre naturel. | 

Pour ajouter à l’histoire des Mycodermes , je vais 
donner la description. de quelques-unes des espèces les 
plus distinctes de ce genre ; ce sont : les Wycoderma 

| cervisiæ, malti-cervisie , malti-juniperini ; glutinis- 
‘farinulæ et vini. Indépendamment de ces cinq espèces 


» 


(68) 

et de celles que j'ai signalées dans le Catalogue des 
plantes omises dans les flores du nord de la France, 
sous les noms de Mycoderma acetosæ coctæ, atra- 
menti et succi-cerasorum , jai encore observé des My- 
codermes sur le petit-lait, le lait de beurre filtré au 
papier , le fromage à la pie , salé et conservé, l’eau sûre 
des amidoniers, le verjus, le vinaigre et plusieurs 
herbes ou pulpes de fruits cuits et conservés dans des 
pots. Je ne les distinguerai point ici comme autant 
d'espèces particulières , parce qu’il ne m'a pas été pos- 
sible de les suivre assez de temps pour reconnaître po- 
sitivement leurs caractères , ou parce que, le plus sou- 
vent, ces caractères les font rentrer dans quelques-unes 
des Mycodermes que j’ai nommées. Celles qui, par 
exemple, croissent sur Le verjus et sur l’eau sûre des 
amidoniers ne me paraissent pas différer sensiblement 
du Mycoderma cervisiæ. Les corpuscules monadaires 
de ces trois Mycodermes se développent plus où moins 
rapidement, se meuvent avec plus ou moins d’agilité et 
donnent naissance à des agrégats ou pellicules plus ou 
moins étendus ; mais la nature des liquides sur lesquels 
ces productions se propagent , occasione peut-être seule 
ces petites différences , insuffisantes pour les distinguer 
spécifiquement. Des tomates , cuites et renfermées dans 
des bouteilles, m'offrirent cependant une Mycoderme 
dont la forme et le développenrent des corpuscules , 
ainsi que la structure des filamens, me parurent assez 
distincts ; mais n'ayant pu l’étudier qu’une seule fois, je 
dois attendre de nouvelles observations pour mieux 
connaître ses caractères, 


_ 


(59 ) 
MYCODERMA. 


ÆAnimalcula monadina simplicissima , hyalina , 
gelatinosa, minutissima, prædita locomobilitate plus 
minusve manifestd ; inter se ab uno extremo ad al- 
terius extremum ordine longo cohærentia, sive in 
statu primordiali , sive post elongationem plus minusve 
notabilem : efformantia häc adjunctione fila inertia, 
hyalina, creberrima , ramosa , moniliformia , vel dis- 
sepimentis conspicua , ferè semper incumbentia liquo- 
ribus , vel substantiis humidis in quibus nascuntur et 
ubi, per eorum implicationem , constituunt pelliculam 
plus minusve spissam. Generatio per gemmas interiores, 


r. MycopernmA cenvisix Desmaz., Cat. des PI. omises, 
p: 13; Plantes cryptogames du nord de la France, 
n° 101. Vulgairement fleurs ou matons de la bière. 


Pellicula leviter rugata, leucofulva; animalcula 
monadina , sæpius immobilia, ovoïdea , inter se ferè 
æqualia, — millimetris longa, — lata, eorumaggre- 
gatione seriatim formantia fila, dissepimentis inæ- 
qualibus conspicua. Crescit ad superficiem cervisiæ, 


Ce Mycoderma croît sur la bière toutes les fois 
qu’elle est exposée à l'air dans des vases ouverts ou 
qu’elle se trouve renfermée dans des bouteilles ou dans 
des tonneaux en vidange. Il se montre à la surface du 
Hiquide comme une bouillie ou une sorte de pellicule 
blanchâtre , presque toujours ridée, et plus ou moins 
épaisse , selon son degré de développement. Vue au 


( 60 ) 


microscope , cette pellicule est entièrement composée , 


Ï 


dans le premier âge , de corpuscules monadaires ( pl. 3, 
fig. r4), hyalins, gélatinenx, ovoïdes et à-peu-près égaux 
eutre eux. Leur dimension en longueur, évaluée au 


micromètre, est de de millimètre, et celle en lar- 


120 


geur de —— ; on peut observer un grand nombre de fois 


200 ? 


ces animalcules sans saisir le moment favorable où ils 
se meuvent. Ils sont , en eflet, si indolens pendant plu- 
sieurs jours , ou le mouvement semble si peu nécessaire à 
leur existence , que je les avais examinés très-souvent , 
comme je l’ai dit plus haut, avant de remarquer leur 
déplacement. Mais enfin il arrive une époque où ils 
sortent de leur état d'inertie et montrent une locomoti- 
lité telle que personne ne pourrait la révoquer en doute. 
Peu de temps après , ils paraissent perdre cette faculté, 
du moins pour nos sens, s’allongent plus ou moins 
(fig: 1) (x), se disposent en séries linéaires , se sou- 
dent bout à bout, et représentent des filamens simples ou 
rameux ( fig. 16), très-nombreux , couchés , entre-croi- 


(1) Cette élongation des corpuscules monadaires des Mycodermes est 
entièrement semblable à celle que Girod-Chantrans décrit pour son po- 
lypier ( Recherches chimiques et microscopiques sur les Conferves ; etc., 
p-216, pl. xxxr, 6g.74,1,2, 3,4, 5), et pour son Conferva rivula- 
ris (p.78, pl.xxvr, fig. 64", a À), qui.est une Némazoaire de Gaillon. 
A cette occasion, je me plais à dire ici que l'ouvrage de Girod-Chan- 
trans a été jugé un peu trop sévèrement. Parce que cet auteur n’a pas 
cherché à établir une classification naturelle dans les êtres qui ont été 
l'objet de ses Mémoires ; parce qu’il a commis des erreurs assez graves, 
en réunissant sous la même espèce des productions diverses ; parce 
qu'il atrop généralisé ce qu’il avait très-bien vu dans certains êtres; 
enfin parce que, pour étayer son opinion , il n’a pas voulu embellir ses 
faits nombreux de théories ou d’hypothèses imgénicuses qui amusent 
Vesprit quand les recherches deviennent infructueuses , on s’empressa 


(61) 
sés, un peu flexueux , fugaces , hyalins , et quelquefois 
_Jégèrement granulés dans leur intérieur. Les points de 
contact des animalcules font paraître ces filamens eloi- 
..sonnés d’espace en espace. 

Les corpuscules monadaires du Mycoderma cervisiæ 
peuvent se réunir aussi avant leur élongation : alors ils 
représentent des filamens en chapelet ( fig. 17), assez 
semblables , pour la forme, à ceux du Zorula antennata 
Pers. Mais quel que soit l’état dans lequel les animal- 
cules s’agrègent bout à bout, le mouvement vital ne 


parait pas appartenir à l’ensemble comme à ses élémens. 
2. MycODERMA MALTI-CERVIS1Æ N. 


Pellicula fulva, vix rugata, animalcula mona- 


dina quasi perpeiud se moventia , subsphærica , cras- 


situdine inæqualia, circiter — millimetris. Fila duo- 


bus modis , ut in specie præcedenti. Crescit ad super- 


ficiem aquæ in malto cervisiæ subsidentis. 


Après avoir décanté l’eau que j'avais versée et laissée 
vingt-quatre heures sur de la drèche de bière, c'est-à- 
dire , sur le marc de l'orge qui s’emploie pour sa fabri- 
cation, j'obtins au bout d’une semaine de repos cette 
Mycoderme. Elle diffère de celle ci-dessus par sa pelli- 
cule moins blanche et assez unie, par ses animalcules 
* presque sphériques , inégaux en grosseur ( les plus gros 
* ont —- de millim. ), et constamment doués d’un mouve- 
de prononcer condamnalion , avant de posséder toutes les données né- 
cessaires pour rendre le jugement. Mais enfin, après vingt années d’un 
profond oubli, des observateurs plus persévérans et plus exacts ren- 


dront à ce naturaliste, je n’en doute pas, toute la justice qui lui était 
due pour certaines parties de son travail. 


CET 7 
imenñt très-vif. Ils ne deviennent immobiles que dans 
leur réunion bout à bout, ou que lorsqu'ils se rassem- 
blent en petits groupes. Dans cette dernière position ils 
se trouvent tellement serrés les uns contre les autres 
qu'il n’y a que ceux placés sur les bords de ces espèces 


d’essaims qui peuvent encore agir. 


3. MyconerMA MALTI-JUNIPERINI Desmaz. , Pl. crypt., 
du nord de la France, n° 102. 


Pellicula alba, rugata. Animalcula monadina in 
form parallelogrammi, angulis rectis apice rotunda- 
tis, — millimetris lata, — longa; fila dissimilaria 
non moniliformia. Crescit super maltum aquæ-vitæ 
juniperinæ. 

Cette Mycoderme se développe ordinairement au bout 
de six à huit jours sur le liquide , appelé dans notre pays 
drèche de genièvre, et qui n’est autre chose que le ré- 
sidu de la distillation de la liqueur fermentée dans la 
fabrication de l’eau-de-vie de genièvre (1). Sa pellicule 
est beaucoup plus blanche que celle du Mycoderma 


cervisiæ , et ses rides sont beaucoup plus prononcées ; ses 
corpuscules (fig. 18), dans le plus grand degré de peti- 


tesse où j'ai pu les apercevoir, sont en forme de rectangle 
à angles arrondis, et ont environ -+ de millim. de lar- 
geur sur un ;- de longueur ; mais cette longueur varie 

(x) Pour éviter toute erreur , je dois faire remarquer que le seigle et 
l’escourgeon sont particulièrement employés dans cette fabrication, et 
que les baies de genièvre, lorsqu'on en fait usage, n’y entrent qu’en 
très-petite quantité. Par le nom spéeifique que j’ai choisi pour désigner 
cette Mycoderme, j'ai donc voulu plutôt rappeler celui sous lequel on 
connaît le liquide qui la produit que le nom des grains qui en font la 


base. 


(65) 
beaucoup, parce que la plupart d’entre eux s’allongent 
de suite plus ou moins, soit en conservant constam« 
ment la forme rectangulaire ( fig. 19), soit en donnant 
naissance par leurs extrémités à une ou deux tuméfac- 
tions d’où sort une élongation (fig. 20 ) qui , s’arrêtant 
tout à coup dans son développement, acquiert plus 
d'extension en largeur, se confond avec l’animalcule, 
et ne représente plus avec lui qu’un seul et même rec- 
tangle six à huit fois plus long que large. Quelquefois 
cette élongation reste distincte du corpuscule et offre 
par la direction oblique qu’elle a prise l’origine d’un 
rameau. 
Comme dans toutes les Mycodermes que j’ai eu oc- 

- casion d’observer jusqu'ici, les filamens de cette espèce 
se composent d’animalcules qui s'unissent les uns aux 
autres en conservant leur grandeur première (fig. 21), 
ou bien ils se construisent par l'agrégation de ces 
mêmes animalcules après qu’ils ont acquis un certain 
degré d’élongation ( fig. 22); la faculté locomotive n’est 
accordée qu'aux seuls animalcules élémentaires ; ce- 
pendant le repos paraît être leur état le plus ordinaire. 
_ Je croyais d’abord que le mouvement ne se manifestait 
: dans cette Mycoderme que par une sorte d'attraction 
lente qui réunit les corpuseules monadaires par leurs 
‘extrémités ; mais je découvris plus tard qu'il en existait 
un autre qui avait échappé à mes observations. Ce mou- | 
vement est instantané, itératif ‘et très - brusque; par 
communication il imprime à la masse des corpuscules . 
une agitation générale tout-à-fait indépendante de celle 
que pourrait occasioner, le liquide dans lequel ils se 
trouvent. 


( 64 ) 
4. Myconrrua eLurINIs FARINULE N. 
Pellicula vix formata.  Animalcula monadina 
crassissima, ovoidea, complanata et perpelud se moven- 
tia, se constituentia in filis ita ut eorum extremitates 
sint applicatæ et se invicem tegant. Crescit super glu- 
ten farinulæ. 


J'ai observé cette Mycodérme sur la colle de fleur de 
farine extrêmement liquide ; il ne faut pas la confondre 
avec celle qui se développe aussi sur la même substance, 
mais dont les caractères ne m'ont pas paru assez diflé- 
rens de ceux du }/ycoderma cervisiæ pour la distinguer 
de cette espèce. Celle dont il est ici question me fit 
voir les plus gros animalcules qui se soient présentés 
dans mes recherches. Ils sont ovales, aplatis, toujours 
en mouvement jusqu'au moment de leur agrégation 
filamenteuse. Cetie agrégation ne se fait pas tout-à- 
fait comme dans. les espèces que j'ai décrites ci-dessus , 
c’est-à-dire que les animalcules ne se soudent pas posi- 
tivement bout à bout. Lorsque l’époque à laquelle ces 
petits êtres doivent se réunir est arrivée, ils se rappro- 
chent, se disposent sur une seule ligne en glissant les 
uns sur les autres , de manière que leurs extrémités res- 
tent appliquées et se recouvrent mutuellement ( fig. 23 ). 
Je n’ai remarqué aucune élongation des animalcules; 
peut-être conservent-ils toujours leur forme et leur 
grandeur primitive : les filamens qu’ils constituent sont 
moins nombreux que dans les autres Mycodermes. 

Cette espèce, par les caractères particuliers qu’elle 
présente, pourrait donner lieu à l'établissement d’un 
autre genre. 


5. MyconermaA vinr Vallot, Bibl. phys. écon., 
août 1822. Desmaz., Cat. des PI. omises, elc., p. 13, 
et PI. crypt. du nord de la France, n° 103. My co- 
derma mesentericum et Mycoderma lagena Pers., 
Myc., etc., sect. 1, p. 96. Traité sur les Champ. 
comest. , p. 8 (vulgairement fleurs de vin). 


Pellicula sive acervus carnosus , subalbidus , vel 


rubescens. Animalcula monadina ovoidea, inæqua- 


lia, minora et magis gelatinosa quam in Mycoder- 
mate cervisiæ; fila dissimilaria ut in Mycodermate 
citato. Crescit ad superficiem vini vel ad rimas do- 
liorum eumdem liquorem extrinsecus stillantium. 


Cètte espèce prend naissance à la surface du vin, dans 
les bouteilles ou dans les tonneaux en vidanges. Les 
animalcules monadaires (fig. 24 ) sont ovoïdes , inégaux, 
plus peiits et plus gélatinenx que ceux des autres My- 
codermes , et la pellicule qu’ils forment par leur réunion 


_est blanche ou rouge, selon la couleur du vin sur le- 


quel élle s’est développée. Ses filamens m'ont offert 
quelquefois une granulation très - prononcée ; j'ai vu 
même , dans l’intérieur de quelques-uns , de gros corpus- 
cules épars çà et là comme les représente la figure 25. 
C'est, selon moi, le Mycoderma wini qui se trouve 


“encore dans les celliers et dans nos caves au dehors des 


pièces { celles qui nous viennent de Bordeaux surtout ); 
il s’y développe autour des broches , des bondes et le 
long des joints ou des fissures des douves qui laissent 
suinter le vin: mais dans cette localité il diffère un peu 
de celui qui surnage cette liqueur. Il se présente d'abord 


X;, J 


( 66 ) 


comme une peau molle, visqueuse et plus ou moins 
épaisse qui se transforme peu à peu, si le développe- 
ment continue , en une masse arrondie, convexe, homo- 
gène, charnue, compacte et très-ferme , que l’on peut 
comparer, pour la consistance et l'apparence, à un mor- 
ceau du foie de certains animaux, lorsque les vins 
rouges lui ont donné naissance. Celui des vins blancs 
difière par sa couleur; c’est du reste la même organisa- 
tion; dans tous deux, les corpuscules très-gélatineux ne 
se trouvant pas baignés par le vin, comme lorsqu'ils 
naissent à sa surface, s’agglomèrenten masse (fig. 26) 
d’une manière si intime que l’eau ne peut plus les dés- 
unir ; peut-être même exsudent-ils une mucosilé parti= 
culière qui les retient l’un à l’autre. Quoi qu'il en soit, 
c’ést cette étroite réunion qui les prive de la faculté loco- 
motive et qui les empèche de s'agréger aussi souvent 
que ceux des autres espèces en séries linéaires ‘et fila- 
menteuses. Avec un peu de soin et de patience , je suis 
cependant parvenu à trouver dans les masses quelques 
filamens semblables à ceux de la fig. 25 ; il est rare 
d'observer cette Mycoderme sans y rencontrer un grand 
nombre de Wibrio aceti qui paraissent en faire leur 
proie. 

Quoïque la production qui m'occupe , et que je rap- 
porte au Mycoderma vint, semble s'éloigner un peu de 
cette espèce , je ne pense pas qu’on doive la regarder 
uniquement comme le produit de quelques combinaisons 
des principes du vin. Comme elle n’a jamais, du moins 
à ma connaissance, fixé l'attention des chimistes, je 
dirai ici, en faveur de mon opinion, qu’elle est tout-à-fait 
insoluble , mème à chaud , dans l’eau , le vin et l’alchoo! , } 


( 67) 


et qu'elle prend dans ces liquides une fermeté égale à 
celle de la gomme élastique. D'ailleurs , de ce qu’on ne 
remarque que très-rarement des filamens dans cette 
substance , de ce que le mouvement n’existe pas ou n’est 
point sensible à nos sens dans ses corpuscules, peut- 
on révoquer en doute sa naturé animale ? Je ne le pense 
pas. L'observation parait prouver que tous les corpus- 
cules monadaires composant la masse d’une Mycoderme 
ne sont pas susceptibles de se réunir bout à bout. J'ai 
signalé même une circonstance dans laquelle la géné- 
ralité de ces corpuscules s'était refusée, pour ainsi dire, 
à l’agrégation filamenteuse, et, sans de grands eflorts, 
il est facile de concevoir qu’ils peuvent très-bien vivre 
et mourir à l’état libre. Quant à leur inertie complète, 
j'ai fait connaître quelle pouvait en être la cause. Lors 
même que la mucosité qui les retient engagés n’existe- 
rait point, leurs fonctions vitales pourraient encore 
avoir lieu sous une immobilité apparente. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE III. 


Fig. 14-17. Mycoderme de la bière, Mycoderma cervisiæ. 

Fig. 18-22. Mycoderme de la drêche de genièvre , Mycoderma malti- 
juniperini. 

Fig. 23. Mycoderme de la colle, NMycoderma glutinis farinuleæ. 

Fig, 24-26. Mycoderme du vin ;, Mycoderma vini. 


Dre l'Influence du Dessèchementsur la germination 


sèche, morte et sans valeur pour une végétation ulté- 


(68) 


à 
à 
Al 
: 
À 
A] 


de plusieurs graines alimentaires ; 


Par M. Tuto. DE SAUSSURE. 


(ui à la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève ; le 
17 mars 1825. ) 


On sait que les plantes développées requièrent, en 
général , la présence de l’eau pour soutenir leur force vé- 
gétative, et qu’elles offrent à cet égard un contraste 
frappant avec les germes de plusieürs semences qui con- 
servent dans l’état sec, pendant un grand nombre d’an- 
nées , la faculté de germer ou de végéter lorsqu'on leur 
fournit l’eau nécessaire à leur développement ; mais on 
ignore encore, à ce que je crois’, si la présence de ce 
liquide est également nécessaire au maintien de la force 
végétative des graines germées dans l’intervalle compris 
entre une première germination et un enter développe- 
ment; on demande si une graine germée participe , sous 
le rapport de la vitalité, à la faculté d’une graine non 
germée , ou, en d’autres termes , si la graine sèche ger- 


mée doit être considérée, en général, comme une plante 


rieure ? 

J'ai cherché inutilement dans les principaux auteurs 
des éclaircissemens sur la solution de cetie question 
qui, dans son application aux semences les plus uüles, 
est d’un grand intérêt pour les cultivateurs; elle fait 
l’objet des expériences que je vais décrire , en reconnais- 
sant qu’elles sont loin d’avoir l'étendue qu’on pourra 
leur donner dans la suite, | 


( 69 ) 


Je diviserai ce travail en deux parties : dans la pre- 
mière, je rechercherai si une graine desséchée à l'air 
libre et à la température atmosphérique, peut, après 
avoir élé conservée un certain temps dans cet état, être 
: rappelée à la végétation par l’humectation : je donnerai 
le nom de dessèchement ordinaire au procédé employé 
pour ce mode de recherches. 

Dans la seconde partie , je soumettrai les graines ger- 
mées et non germées à un dessèchement poussé beau- 
coup plus loin que le précédent, ou que celui qu’elles 
peuvent atteindre naturellement; j’emploierai, à cet 
elfet, la dessication produite dans le vide sous l'in- 
fluence de l'acide sulfurique, suivant le procédé de 
Leslie, 

Les graines dont je m'occupe avaient été récoltées de- 
puis unan, et conservées dans un lieu sec où l'hygro- 
mètre à cheveu se soutenait entre le 75° etle 85° degré, 
et où la température moyenne était de 15° centig. Je les 
ai fait germer entre deux éponges mouillées : lorsque 
les semences étaient très-petites ; telles que celles de la 
raiponce , du pavot, etc. , elles y étaient piacées entre 
des feuilles de papier brouillard que les éponges main- 
tenaient au degré d’humectation convenable. 

J'ai examiné , autant que je l’ai pu , les graines en 
mées dans les trois époques suivantes : 

: 19. Dans le moment où la radicule commence à saillir 
ou à s’allonger ; elle ne surpasse pas ordinairement à 
cette époque la moitié de la longueur de la graine. 

2°., Dans le moment où la radicule est égale ou com- 
mence à surpasser la longueur de {la graine, sans qu’il 
y ait un dégagement total de la plumule. 


DR CE 

3°. Dans le moment où la plumule entière commence 
à paraître hors de ses enveloppes. 

Je n'ai pas toujours pu suivre rigoureusement ces 
distinctions, parce que dans plusieurs graines, telles 
que le fromentet le seigle , la plumule se montre presque 
en même temps que la radicule; tandis que dans d’au- 


tres , telles que le sarrasin et le chou , la plumule bien 


formée reste loug-temps coiffée ou recouverte par des 
enveloppes. 


Du dessèchement ordinaire des graines germées. 


Je comprends sous le nom de dessèchement ordi- 
naire celui où les graines germées doivent être le plus 
souvent exposées dans nos climats, lorsqu'elles sont 
abandonnées , dans un lieu sec , à la température atmos- 
phérique. 

Pour cette dessication , les semences germées et sé- 
parées du milieu où elles s'étaient développées ont été 
placées pendant plusieurs jours dans une étuve sèche, 
chauffée au 35%. deg. centig.; elles ont été exposées 
ensuite à l'air libre dans un lieu sec où l’hygromètre se 
maintenait entre le 75° er le 859, et le thermomètre à 
une température moyenne de 15°. Après un mois de 
séjour à cette exposition , elles étaient ordinairement 
sèches, et je ne les considérais comme telles, que lors- 
que leur poids se trouvait inférieur ou tout au plus égal 
à celui qu’elles avaient avant la germination. Deux ou 
trois mois après leur premier développement, elles 
étaient placées entre des éponges humectées pour les 
rappeler à la végétation. Ces graines germées avaient 


' 


Ce) 

d’abord été exposées dans l’étuve, afin de les préserver, 
par un dessèchement subit, de la moisissure et de la 
corruption ; leur poids en était d'autant moins diminué; 
plus le dessèchement de la graine est lent, plus aussi 
elle est exposée à éprouver un commencement d’altéra- 
tion ou de fermentation qui diminue son poids par une 
toute autre causé que celle de son dessèchement propre- 
ment dit. Il est important de noter ee changement de 
poids dans les recherches dont je m'occupe, parce qu'il 
sert, jusqu'à un certain point, à mesurer l’altération 
accidentelle que la graine a subie dans la germination 
ou dans son dessèchemeni. 

Blé (Tritieum hybernum , L.). | commence à germer 
au bout de deux jours d’humectation à une température 
de 15° à 17° cent. en poussant des radicelles d’un à déux 
millimètres de long ; on a séparé les graines germées à 
mesure qu’elles se présentaient pour les sécher à l’étuve, 
les exposer ensuite à l’air libre pendant plusieurs se- 
maines , et les peser lorsqu'elles étaient réduites au même 
degré de dessèchement que celui où l’on avait pris la 
graine pour la faire germer. Elle a perdu par ce premier 

développement la 2% partie de son poids. Après deux 
mois et demi de dessèchement, ce froment germé n°. 1 
a été placé entre des éponges mouillées en mème temps 
. que du froment non germé. Le premier a été rappelé à la 
| végélation entre quarante-huit et soixante heures, à la 
même époque où le froment non germé commençait à 
se développer ; leur végétation ultérieure n’a présenté 
aucune différence. 

J’ai soumis à la même épreuve le froment germé n°, 2, 
dont es radicelles avaient environ un centimètre et les 


(74 


plumules trois millimètres de long : après deux mois et 
demi de dessèchement ,'il a été rappelé à la végétation 
sous la température précédente par une humectation de 
cinq jours , ou dans un terme plus long que le froment 
non germé n’en mettait à montrer un premier dévelop. 
pement. Les plumules du froment n°. 2 ont continué à 
s'allonger dans la reprise sans avoir subi aucune alté- 
ration par le dessèchement. Il n’en à pas été de même 
des radicelles : elles se sont presque entièrement dé- 
composées ; il s'en est formé, il est vrai, de nouvelles, 
mais en petit nombre , et la perte des premières a rendu, 
en général, la végétation de ce numéro et du suivant 
moins vigoureuse que si elle n’eût point souffert d’in- 
terruption. 
Le froment n°. 3, dont les plumules avaient un cen- 
timètre, avec des radicelles au moins doubles de cette 
longueur, a pu encore être rappelé à la végétation après 
une dessication conforme à la précédente : il a fallu 
cependant employer ici des précautions particulières ; 
la reprise n’a eu lieu que dans un petit nombre de 
graines qu’en soumettant la plumule à l’action d’une 
lumière diffuse, d’un air renouvelé très-humide, et 
d’une humectation directe qui atteignait seulement la 
base de la plantule ; si celle-ci eût été couchée sans pré- 
caution entre des éponges humectées , elle serait morte 
sans retour. La reprise de ce n°. 3 n'a été sensible 
qu'après sept jours au moins d’'humectation ; d’ailleurs 
le développement ultérieur de ce froment , tout en se 
soutenant , a été extrèmement lent. Quinze jours après 
la reprise , il n’avait que deux pouces de haut, tandis 


que le n°. 2 s'était allongé trois fois plus dans les mêmes ! 
circonstances. 


(7) 


Seigle (Secale cereale hybernum , Li. ). Les graines 
les plus précoces ont mis deux jours à germer entre 15° 
et 16° centig. : il a présenté dans sa reprise, aux diffé- 
rentes époques de la germination et après un dessèche- 
ment de deux mois, des résultats analogues à ceux du 
froment ; seulement, dans ce cas, le seigle n’a pas di- 
minué de poids après la germination et le dessèchement 
n°. 1. Le n°. 3 a repris en quatre ou cinq jours, 6u 
plus promptement que le froment. 

Orge (Hordeum vulgare vernum , L.). Il a employé 
au moins trois jours pour germer au premier degré , à 
une température de 15 à 16 degrés centig. Cette graine a 
perdu la -+-"* partie de son poids par ce développement. 
Après deux mois de dessèchement , elle a été rappelée 
à la végétation par huit jours d’humectation à la tempé- 
rature précédente. Il en a été à“peu-près de mème du 
n°, 2. Le n°. 3 n’a pas pu reprendre. 

. Avoine ( Avena sativa, L.). Germée et desséchée 
comme les précédentes, elle n’a pu, dans aucune pé- 
riode de sa germination, être rappelée à la végétation, lors 
même que le dessèchement n’a duré que trois semaines. 
Ces expériences ont été faites sur de l’avoine pourvue 
de sa bale; mais en les répétant, d’après le conseil de 
M. le professeur Vaucher, sur la même graine déta- 
chée de sa bale, j'en ai obtenu les résultats suivans : 
elle a mis deux jours à germer au premier degré, à une. 
température de 17°, centig. ; elle a perdu 2,33 p'. ? de 
son poids par la germination. Après deux mois et demi 
de dessèchement , le n°. 1 a été rappelé à la végétation 
par deux jours d'humectation. Les n%. et 3 n'ont 
pas pu reprendre. 


(74) | 

Blé de Turquie ( Zea Maïs, L.), variété brune. Il 
a commencé à germer au bout de huit jours d’humecta- 
tion à la température moyenne de 20°. Après deux mois 
de dessèchement , le n°. 1 a été rappelé à la végétation 
par douze jours d’humectation à la température pré- 
cédente : les n°. > et 3 n'ont pas pu reprendre. 

Blé sarrasin (Polygonum fagopyrum , L.). Ika com- 
mencé à germer au bout de quatre jours d’humectation 
entre 15° et 16° centig. Cette graine a perdu la "° par- 
ie de son poids par la germination n°%: r. Dans cet état , 
et après deux mois de dessèchement, elle a été rappelée 
à la végétation par six jours d’humectation à la tempéra- 
ture précédente. Le sarrasin n°. >, dans les mêmes cir- 
constanees ; et après deux moiïs de dessèchement, a 
exigé quatorze jours d’humectation pour être rappelé 
à la végétation ; de tiers des graines de ce numéro s’est 
pourri avant la reprise; il en a été à-peu-près de même 
du n°. 3, dont quelques plantules , après une longue 
humectation , ont survécu entre: un grand nombre qui 
se'sonit décomposées. 

Pesette , soit vesce cultivée ( J'icia sativa, Li. ). Les 


précoces ont commencé à germer dans deux jours , entre - 


15° et 17° centig. Elles ont perdu deux centièmes et 
demi de leur poids par la germination n°. r. Après deux 
mois et un quart de dessèchement , elles sont rentrées 
en végétation, par lhumectation, dans un temps aussi 
court que célui qu'elles avaient employé à faire leur 
premier développement. 

,; Les vesces n°. 2 ont exigé ; après le mème dessèchie- 
ment, quatorze jours d’humeéctation pour donner des 
signes de végétation. La reprise du n°: 3 n’a été bien 


(95) 
décidée qu'au bout de dix-sept jours ; et elle n’a eu lieu 
que pour la moitié des plantules. 

Lentilles (Ærvum lens, L.).Elles ont commencé à ger- 
mer dans quatre jours à 15° centig. Elles ont perdu 
de leur poids par la germination n°. 1. Après deux mois 
de dessèchement , elles ont employé à reprendre, à la 
température précédente; à-peu-près le mème temps 
qu’elles avaient mis à germer. Les lentilles n°. >, dans 

les mêmes circonstances , ont employé deux jours de 
plas pour entrer en végétation; leurs radicules ont souf- 
fert, et, par cette raison, la végétation des plantules a été 
interrompue par le:dessèchement, Il a fait périr sans re- 
tour les lentilles n°. 3.  : 

Pois ( Pisum sativum, L. ). Les plus précoces ont 
commencé à germer au bout de quatre jours d’humec- 
tation, à une température de 15° centig. 100 parties en 
poids de ces graines ont perdu 1,r par ce développe- 
ment. Au bout de trois semaines de dessèchement, les 
n%. 1 et 2 ont. tous repris par l’humectation; mais, au 
bout de six semaines de dessèchement. et de six jours 
d'humectation., le tiers seulement des. pois a pu reprén- 
dre avec des radicules décomposées; les deux autres 
tiers se sont pourris. Les n°, 3 n’ont pas pu reprendre. 

Haricot ( Phaseolus vulgaris, L.). Les grains les 

. plus précoces ont mis huit jours à germer à une tempé- 
tature de 15° centig. ; ils n’ont pu, dans aucune époque 
de leur germination , être rappelés à la végétation après 
six semaines de dessèchement. 

Fèves de jardin ( Ficia faba, L.): Ces graines ont 
commencé à germer après huit jours d'humectation à 


2 me£ 


une température de 15° centig. Elles ont perdu Ja :*, 


(76 ) 
partie de leur poids par la germination n°, r. Elles n’ont 
pas pu reprendre après deux mois de dessèchement. 

Trèfle blanc (Zrifolium repens , L.). Il a commencé à 
germer dans un jour à la température de 21° R. Le cin- 
quième seulement des graines germées n°. 1a pu re- 
prendre par huit jours d’humectation ; après deux mois 
et demi de dessèchement. Le reste s’est pourri, ainsi 
que les ns. 2 et 3. 

Cresson alénois (Lepidium sativum, L.). I] a mis deux 
jours et demi à germer à une température de 15° centig. 
et a perdu la 5% partie de son poids par la germination 
n°. 1. Après deux mois et un quart de dessèchement, il 
a commencé à reprendre par cinq jours d’humectation ; 
mais , quoique sa végétation ait continué à se soutenir 
pendant plusieurs semaines, il ne s’est pointélevé, parce 
que le mucilage qui entoure la graine n’a pas pu , après 


le dessèchement, se ramollir assez pour permettre à la 


plumule de se dégager complètement de cet enduit, Il 

en a été de même du n°. 2 qui a mis à reprendre plus 

de temps que le n°. 1. Je n’ai pas éprouvé le n°. 3. 
Chou ( Brassica oleracea, L.). La plupartdes graines 


ont commencé à germer dans quatre jours à une tempé- 


rature de 15° centig. ; elles ont perdu la "€ partie 


de leur poids par cette première germination. Après 
deux mois de dessèchement , elles ont repris par quatre 
jours d’humectation à la température précédente: La 
plupart des choux germés n°. 2; après deux mois et un 


quart de dessèchement, ont repris par quatorze jours 


d’humectation. Les n°%. 3 n’ont pas pu reprendre. 
Moutarde noire (Sinapis nigra, L:). Elle a commence 
à germer dans vingt-quatre heures à la température 


CL.) 
de 21° centig. Après deux mois et demi de dessèchement, 
le n°. r a repris par deux jours d'humectation, ainsi que 
le n°. 2 entre trois et quatre jours d’humectation à la 
température précédente. 

Chanvre ( Cannabis sativa , L.) a germé dans quatre 
jours à une température de 15° centig. Il a perdu par la 
germination n°. 1 la -7-" partie de son poids. Après 
deux mois de dessèchement, la plupart des graines ger- 
mées ont été rappelées à la végétation par quatre jours 
d’humectation. Les n° 2 et 3 n’ont pas pu reprendre. 

Laitue ( Lactuca sativa , L.) a germé dans deux jours 
à la température de 15° à 18° centig. Après deux mois 
et demi de dessèchement , la plupart des graines germées 
n°. x ont pu être rappelées à la végétation par six jours 
d’humectation à la température précédente : les radicules 
étaient entièrement décomposées ; cependant les coty- 
lédons, replantés et traités dans de la terre végétale avec 
beaucoup de soin, ont donné , au bout d’un temps très- 
long, des laitues qui m'ont paru aussi belles que si leur 

végétation n’eût pas souffert d'interruption. Les n°, 2 
et 3 n’ont pas pu reprendre. 

Reine-Marguerite ( Aster sinensis, L.} a levé dans 
deux jours à la température de 21° centig.; n’a pu, dans 
aucune époque de sa germination , être rappelée à la vé- 
gétation après deux mois et demi de dessèchement. 

- Pourpier ( Portulaca oleracea, L.) a commencé à 
. germer au bout de deux jours à une température de 20° 
centig. Cette graine germée n’a pas repris après deux 
mois et demi de dessèchement. 

Raiponce ( Campanula rapunculus , L. ) a commencé 
à germer dans quatre jours , à une température de 21° R. 


(78) 
Cette graine germée n°. x n’a pas pu reprendre EAN 
deux mois et demi de dessèchement. 

Panais cultivé ( Pastinaca sativa , L. ) a commencé 
à germer dans quatre jours à une température de 21° 
centig. Cette graine germée n°. 1 n’est pas en général 
douée de la faculté de reprendre après un dessèchement 
de deux mois et demi; une seule graine sur quétorze 
n°. ra repris par un mois d’ humectation. 

Pavot ( Papaver somniferum, L.) a commencé à 
germer au bout de trois jours à une température de 20° 
centig. Cette graine n’a pu reprendre à aucune époque 
de sa germination après deux mois et demi de dessèche- 
ment. \ 

Lorsque les graines germées ont la faculté de repren- 
dre après leur dessèchement, elles peuvent, immédiate- 
ment après la reprise et jusqu’à un certain terme de 
leur accroissement , subir de nouvelles altérnatives de 
dessèchement et de végétation sans en périr ; j'ai fait ces 
observations sur le to le seigle , les pois et le blé 
noir. 

De l'influence d'une température élevée sur les graines 
germées. | 


Je croïs avoir atteint , dans les expériences précéden- 


tes, le degré de dessèchement auquel les graines ger- 
mées parviennent ordinairement, à l’ombre, dans nos cli- 
mats ; il me reste à reconnaître si elles résistent dans cet 
état de dessèchement à la température élevée qu’elles 
peuvent prendre par l’action directe du soleil qui donne 
à certains sables, en été, sur le bord des rivières et de 


; 


( 79 ) 


la mer, une température de 65° à 70° centig. (1). Quoi- 
que je n’aie jamais pu observer sur un sol cultivé une 
température aussi élevée , je l'ai adoptée, comme le 
terme extrême de dessèchement que les graines peuvent 
recevoir par la chaleur des rayons solaires. 

Spallanzani a déjà reconnu ( Opuscules de physique 
animale et végétale, tome T, p. 59) que les graines 

sèches germées pouvaient être exposées pendant deux 
minutes à une température de 60° R. sans que leur ger- 
mination en éprouvât aucun préjudice. 

TL a vu que les radicules de plusieurs graiînes en végé- 
tation , ou non desséchées , pouvaient être plongées pen- 
dant le même temps dans une eau chauflée au 50° et sou- 
vent même au 52° R. sans que la végétation des plan- 
tules en souffrît; mais il n’a point fait ses expériences 
sur des graines sèches germées, et le terme de deux 
minutes auquel il réduisait son épreuve était trop court 
pour offrir un résultat satisfaisant. 

J'ai soumis à mes recherches des graines germées 
prises parmi celles que j’ai employées précédemment, 
et qui avaient , après un dessèchement de plusieurs jours 
dans une étuve chauffée à 35° centig. , et de deux mois (2) 
dans un lieu sec à la température de 15° centig., pris 
un poids ordinairement inférieur, ou tout au plus égal 

à celui qu’elles avaient avant leur germination. Elles 
ont été chauffées à sec pendant deux heures par un baïn- 
marie dont l’eau avait une température de 70° à 54° 


(1) Annales de Chimie et de Physique , décembre 1824. 
(2) Jen excepte les pois, qui n’ont subi qu’un dessèchement de trois 
semaines. 


(80) 
centig., mais qui ne communiquait aux grains qu'une 
température de 66° à 70° centig. 


Les n*. 1 germés du froment, du seigle, du chou, 


du sarrasin, de vesce, qui avaient éprouvé ce degré de 
chaleur, ont repris par l’humectation à la température 


moyenne atmosphérique. Cette reprise a été retardée de | 


quelques jours sur celles des graines semblables qui n’a- 
vaient pas éprouvé de chaleur extraordinaire. Les n*. x 
germés de l'orge, du chanvre et des pois qui ont été sou- 
mis à la température de 66° à 70°, n’ont pas pu repren- 
dre. Les graines n° 1, qui n’ont pas succombé à ce degré 
de chaleur, éiaient sèches quand elles l’ont reçu; mais je 
me suis assuré que si on les y exposait subitement pendant 
le même temps, lorsqu'elles étaient récemment germées 
et imprégnées de toute leur eau de végétation, elles en 
périssaient sans retour. 

Les n° 2 de toutes les graines précédentes ont été ex- 
posés dans l’état see à cette température élevée ; mais 
aucun d’eux, après cette exposition , n’a pu être rappelé 
à la végétation ; il en était de même , à plus forte raison, 
lorsqu'ils étaient humides. 


Au reste, une température naturelle aussi élevée que. 


la précédente n’est pas commune; elle ne se rapporte 
qu'à uù sol d’une couleur très - foncée et d’une nature 
particulière. J’ai eu plusieurs fois l’occasion d'observer 
que les graines germées n° 1 résistent , même dans l’état 
humide, au dessèchement et à la température que les 
rayons directs du soleil produisent dans une terre ordi- 


naire, 


(81) 


De la durée de la force végétative des graines sèches 
germées. 


Les graines germées que j'ai soumisés précédemment 
à une dessication ordinaire , ont été rappelées pour la 
plupart à la végétation après avoir été conservées pendant 


deux ou trois mois dans l’état sec. J'ai recherché si leur 


| 


reprise aurait également lieu dans un terme plus éloigué, 


en essayant de faire végéter, après un an de dessèche- 
ment , les graines germées n° 1 de froment , de seigle, 
d'orge , d'avoine mondée , de maïs, de blé sarrasin ; de 
vesce , dé lentille , de laitue, de cresson alénois , et de 
chou; mais aucune d’elles , à cette époque , n’a pu re 
prendre. Cependant les graines germées n* 1 et 2 de 
de froment ont été rappelées à la végétation après six 
mois et demi de dessèchement ; les autres graines n’ont 
pas été éprouvées dans cette circonstance. 

Les expériences suivantes paraissent montrer que le 
dessèchement n’a pas d'influence bien marquée sur la 
mort du froment germé, qui a été conservé pendant un 
an dans l’état sec. Cinq grammes de froment ont été sou- 
4 mis à la germination ; cinq autres grammes de là même 
graine ont été pesés en état non germé, dans les mêmes 
circonstances atmosphériques que le froment germé. 

+ Après trois semaines ‘de dessèchement , le froment 
germé pesait 5,035 grammes ; le froment non germé pe- 
sait alors , par des changemens hygrométriques de l'air, 
5,065. Au bout d'un an, le froment germé pesait 
5 grammes , et le froment non germé en pesait 5,045. 

Il suit de ces résultats que 5 grammes de froment sec 
non germé ont perdu par un dessèchement prolongé; dans 
x. 6 


( 82 


l'espace de onze mois, 0,02 grammes , tandis que le fro- 
ment sec germé a perdu dans le même temps o, 035 gr. 
Or, l'on verra plus bas que le froment sec germé peut 
perdre, par un dessèchement ultérieur ; mais moins pro- 
longé , une quantité d’eau quinze fois plus grande, sans 
que sa force végétative en reçoive aucune atteinte: 

Au reste, si l'embryon seul était affecté par le dessè- 
chement d’une année, il pourrait mourir par cette canse, 
sans qu’elle fût très-sensible à la balance ; à cause de la 
petitesse de cette partie de da graine. 


Des graines séchées au-delà du terme qu'elles 


atteignent naturellement. 


En soumettant les graines germées et non germées à 
un dessèchement plus avancé que celui auquel elles par- 
viennent dans les circonstances atmosphériques , j'ai eu 
pour but de reconnaître : 1°. si les graines non germées 
peuvent perdre, par le seul dessèchement, la faculté de 
germer ; 2°. si la reprise des graines germées et séchées 
à la température atmosphérique vient de ce qu’elles ac- 
quièrent par la germination la faculté de retenir un excès 
d’eau qui y conserve une force végétalive analogue à 
celle que les plantes grasses possèdent en partie, en 
raison de leur état succulent ei de leur défaut de porosité. 

Les graines que j'ai soumises au dessèchement ex- 
traordinaire ont été prises parmi celles qui avaient subi 
le dessèchement ordinaire : il avait duré environ deux 
mois pour les graines germées (en exceptant les pois , | 
qui exigent pour leur reprise un terme plus court) ;elles! 
ont été exposées dès-lors , pendant quatre semaines, del | 
le vide, sous l'influence de trois livres et demie d'acide hi 


LA 


| 4 
| 
| 


(83) 

sulfurique. Je n'ai pas prolongé ordinairement au-delà 
de ce terme le dessèchement des graines germées dont 
J'ai provoqué la reprise , parce que je n’avais pas la cer- 
titude qu’elles pussent reprendre après un dessèchement 
ordinaire qui aurait duré plus de trois mois. Quant au 
dessèchement extraordinaire des graines non germées , il 
a été prolongé jusqu’à six mois dans le vide. 

La force végétative de toutes les semences non ger- 
mées que j'ai soumises à cette longue dessication , n’en 
a jamais été détruite. 

La germination de plusieurs d’entr’elles , qui se trou- 


vent dans les plus petites ou les plus minces, en a été 


retardée de quelques jours. elles sont les graines de pa- 
vot, de raiponce (campanula rapunculus ) , de pourpier 
et de panais ( pastinaca oleracea) ; mais toutes les graines 
d’un certain volume, telles que le froment, le seigle, 
l'orge , l’avoine, le maïs , le blé sarrasin , les lentilles , 
les pois , la vesce, et mème quelques graines d’un petit 
volume , telles que le trèfle blanc , la moutarde, la lai- 
tue, la reine marguerite, n’en ont éprouvé aucun retard. 

J'ai reconnu , il est vrai, par les résultats dont on 
trouve le détail dans le tableau annexé à ce Mémoire , 
qu'elles ne sont pas parvenues à un dessèchement ah- 


solu ; car les mèmes graines , réduites par la trituration 


ou la pulvérisation à leur plus grand état de division , 


ayant été exposées dans le vide sous l’influence de l'acide 
sulfurique , y ont subi, dans le même temps, une plus 
grande perte que les graines entières. La différence des 


pertes de poids , dans ces deux états, peut indiquer les 


quantités d’eau que les graines entières ont retenue dans 
chaque expérience. 


( 84 ) 


Cette indication ne paraît être juste que pour les $e: 
mences qui, telles que les Céréales , les Légumineuses, 
le blé noir, se réduisent en poudre et ne forment point 
de pâte par la trituration. La laitue, la raiponce, le pa- 
mais, et toutes les graines huileuses (1), se réduisent , 
par la trituration , en parcelles agglutinées ou en masses 
liées, qui se dessèchent quelquefois moins que la graine 
dans son état naturel. 

On pourrait sans doute faire parvenir les graines en- 
tüières à un dessèchement plus avancé, en ajoutant au 
procédé de Leslie l’action d’un bain - marie bouillant, 
ainsi que l’a fait M. Gay-Lussac pour d’autres corps ; 
mais plusieurs substances végétales , et particulièrement 
celles qui contiennent de l’albumine (2) , commencent à 
s'altérer à une température inférieure à 100° centig., et 
l'on ne peut pas toujours distinguer, quand on en vient 
à la germination , si l’altération que cette fonction subit 
tient à la chaleur que la graine a éprouvée ou à son 
dessèchement. 

Cent parties de graine de pois pulvérisée ont perdu 
10,72 par le dessèchement à froid dans le vide , pendant 
un mois; celle perle n’a pas augmenté par un dessèche- 
ment ultérieur. 

Cent parties des mêmes graines entières ont perdu 10,1 


par un dessèchement de trois mois dans le vide; elles 


(1) Mes résultats paraissent indiquer d’ailleurs que les graines hui- 
léuses coutiennent beaucoup moins d’eau hygrométrique que les graines 
farineuses. 1 

(2) Les gousses de pois, qui sont presque blanches après leur dessè- 
chement ordinaire, passent au brun foncé par une exposition de quel- 

, ques heures, à sec, sur un bain-marie bouillant qui ne leur communique 
qu’une température de gr centig. 


(85 ) 
ont germé ensuite aussi facilement que dans leur état 
naturel. 

Cent parties des mêmes graines, soumises pendant 
sept heures à l’action d’un bain-marie bouïllant , n’y ont 
perdu que 7,5 , et elles n’ont pas pu germer. Il n’est 
pas douteux que dans ce cas elles n’aient perdu leur fa- 
culté germinative par l'effet de La chaleur, et non par le 
dessèchement. 

Toutes les grammes ne se comportent pas de la mème 
manière que les précédentes. 100 parties de blé pulvérisé 
ont perdu 11,78, par leur dessèchement à froïd dans le 
vide; 100 parties de la même graine entière ont perdu 
9,65 par le même procédé continué pendant six mois : 
celte graine, ainsi séchée, a germé par l’humectation 
aussi promptement que dans son état naturel. 

Cent parties de la mème graine soumise pendant sept 
heures à l’action d’un bain - marie bouillant , ont perdu 
10,2. Ce froment a exigé dès-lors, pour entrer en ger- 
mination, sept jours de plus que celui qui n'avait pas 
subi cette épreuve : on ne peut décider si ce retard est dù 
à l’effet de la chaleur ou à celui du dessèchement. 

Je crois cependant pouvoir conclure du procédé de 
Leslie, sur plusieurs graines qui, en raison de leur té- 
nuité, offrent beaucoup de prise au dessèchement , que 
ce dernier, poussé très-loin , retarde la germination ; on 
peut même prévoir qu'il parviendrait à l’empêcher en- 
tièrement en exposant la graine humectée à se putrifier 
avant qu'elle eût atteint le terme requis pour sa reprise. 

Si le dessèchement par l’eflet du vide n’a ôté, avant 
la germination , à aucune des graines que j'ai éprouvées, 
la faculié de germer, il n’en a pas été de même pour la 


; (86) 
reprise de toutes les graines germées qui avaient survécu 
à l'effet d’un dessèchement ordinaire. 

Les graines germées n°. 1 de pois, de lentilles, de 
vesce , de maïs , de blé sarrasin , sont mortes sans rétour 
par un vide sec dè trois où quatre semaines ; mais un 
grand nombre d’autres graines non germées ont été rap- 
pelées à la végétation après ces épreuves; tels sont le 
froment , le seigle, l'orge et les choux : c’est un phéuo- 
mène singulier que de voir la plumule n°. 3 du fro- 
ment réduite , par le dessèchement dans le vide, à l’état 
d’une extrême fragilité, se ramollir insensiblement , et 


commencer à prendre de l'accroissement seulement après. 


une humectation de plusieurs semaines. Je doïs obser- 
ver que, dans ce dernier cas, la reprise n’a pas lieu 
dans toutes les plantules, et qu'elle exige beaucoup de 
soins pour empêcher la pourriture ou le dessèchement , 
par excès ow par défaut d'arrosement,. 

La faculté plus ou plus moins grande que les graines 
germées ont, d’être rappelées à la végétation après le 
dessèchement extraordinaire, est subordonnée au pouvoir 
qu’elles ont, avant la germination , de résister au des- 
sèchement , et non pas à un excès d’eau qu’elles auraient 
acquis dans la germination; car, en comparant dans le 
tableau les dessèchemens des mêmes graines germées et 
non germées , on voit en général que les premières con- 
tiennent moins d’eaû que les secondes. On voit de plus, 
en comparant, avant la germination, les dessèchemens des 


graines entières farineuses , et des mêmes graines pulvé- 


risées, que celles qui, dans le premier mois (1), résis- | 
, qu; P , 


(1) On ne peut juger que dans les premières époques du dessèchement | 


de la manière dont elles lui résistent , parce que, à une époque beau 


| (87) 

tent le plus au dessèchement, telles que le blé, l'orge 
et le seigle, sont précisément celles qui , élant gérmées, 
peuvent être rappelées à la végétation après un dessèche- 
® ment,exfraordinaire; tandis que les graines qui, telles 
.que.les pois, la. vesce ; le maïs, abandonnent presque 
toute leur eau dañs la première époque de leur dessicca- 
tion, meurént sans retour après la germination , par ce 
mème dessèéchemént. 


Instruction sur le tableau du dessèchement des graines 


dans le vide. 


J'ai éimployé ; pour le dessèchémént dans le vide, 
trois livres ét dérhié d'acide sulfurique du commerce 
qui n’avait point été exposé à l'air depuis sa fabrication. 
Le vide se souteriait éntre deux et trois millimètres dans 
la ponrpe pnéamäatique. 

+ Horsque lenom de laplante est désigné sans titre qua- 
lifiéation , il indique séulement la graine entière non 
germée. 

Lorsqué le mot gérmé, sans autre qualification. est 
‘ajouté au hom de la graine , il désigne le degré dé OR 
mination h° 1. 

Les graines pulvérisées sont celles qui, après avoiriété 
réduites par le pilon dans leur plus grand état.de divise 

sion, présentent uné poudre déliée; j'ai distingué sôus 
le nom dé broyées celles qui, après cette opération À 
offrent une pâte ou des parcelles plus ou mibins: Hées , 
quoique ces deux termes puissent représenter. d’ailleurs 
le même résultat. 


coup plus reeulée , elles approchent prèsque également d'un,dessèches 
ment complet, 


( 88 ) 

On voit dans le tableau que 100 grammes de graines de 
blé séché à l’air libre-et à la température atmosphérique, 
perdent 9,1 grammes par leur exposition pendant un 
mois dans: le vide , sous l'influence de l'acide sulfurique, 
et que cette perte monte à 8,21 grammes lorsque ce sé- 
jour dure troïs mois, etc. Je n’ai fait l'observation directe 
que sur une quantité de graine qui n’excédait pas cinq 
grammes. On comprend que ces résultats doivent pré- 
senter quelques différences dans la même espèce de se- 
mence, suivant sa grosseur. 


Perte que cent parties de graine en poids éprouvent 
par le dessèchement dans le vide. 


U 


Desskceemenr | Daskcæemenr | Drsskcuruenz 
NOMS DES GRAINES, ,de . Add 
d’un mois. trois mois, six mois, 


Blé pulvérisé. 11,78 ; 11,78 
Blé. 71 8,21 9,65 
Blé pulvérisé germé. 10,93 10,93 10,93 
Blé germe. 7,03 
Blé germé, no. 2. 7,1 
Blé germé, n°. 3. DL 
Seigle pulvérisé. 10,4 10,4 
Seigle. 6,96 9:47 
Seigle germé. 6,96 975 
Grge pulvérisée. 11,94 
Orge. Fe 68 
Orge germée. 6,8 
Avoine mondée pulvérisée. 13,12 13,12 
Ayoine mordée. 8,41 12,84 
Avoine mondée, germée et 

pulvérisée. 11,86 
Maïs pulvérisé. 96 

ais. . 9,0 


Maïs germe. 7,6 


a 


( 89 ) 
em on 
Dusskcazmenrt | Desshcuement-| Dessxcnemenr 

de 


e 


NOMS DES GRAINES. . ! ? . de. 
d’un mois. trois mois. six mois. 


Vesce pulvérisée. 9,91 . 

Wésce.  !: 9,87 

Vesce germée. TEE 9,6 

Pois pulvérisés. 10,72 

Pois. : 10,0 10,1 | 
Pois germés pulvérisés. 10,31 10,5 
Pois germés. 9:95 

Lentille pulvérisée. 12,1 

Lentille. 97 

Trèfle blanc pulvérisé. 10,44 

Trèfle blanc. 9,33 

Blé sarrasin pulvérisé. 12,46 12,46 
Blé sarrasin. 10,29 11,84 
Blé sarrasin germé pulvérisé. 10,34 10,34 
Chou broyé. 6,09 6,09 6,09 
Chose. 5,93 696 | + 
Moutarde noire broyée. 8,29 

Moutarde noire, 791 

Chanvre broyé. 5,813 
Chanvre. 6,75 6,941 
Pavot broyé. IN :V079 
Pavot. 5,14 
Pourpier pulvérisé. 9,52 
LA El 8,86 
Laitue broyée. 5,398 
Laitue. 5,377 
Reine marguerite broyée. h 8,43 

Reine marguerite. 9,18 

Panais broyé. 8,95 

Panais. j 9,05 

Raiponce broyée. 6,14 

Raiïponce. 7:89 


( 90 ) 


Résumé des principales observations contenues dans ce: 
Mémoire. 


La plupart des graines alimentaires germées conser- 
vent leur force végétative après le dessèchement lé plus 
avancé qu’elles peuvent éptouvér à l'air libre , à l'ombre, 
ou sous une température dé 359. Telles sont le froméut, 
le séigle, l’orge, le maïs, la vesce; les lentilles ; le 
cresson alénois , le chanvre, le chou, la moutarde , la 
laitue, le blé sarrasin. Lés graïnes qui m'ont paru dé 
pourvues de cette faculté sont la fève, le, haricot, le 
pourpier, la raiponce , le pavot. 

Parmi les graines germées qui peuvent être rappeléés 
à la végétätion après un dessèchiement fait à l'ombre, ou 
à 35° centg., on en trouve qui conservent cetle faculté 
à la température de 70° centig. , ou à la température la 
plus élevée que le soleil peut communiquer au sok dans 
nos climats. Telles sont les graines de froment, de 
seigle , de vesce et de chou, dans la première époque de 
de leur développement ; leur force végétative ne s’est tou: 
tefois maintenue dans ce cas qu’autant qu'elles paraïs- 
saient sèches ou dépourvues de leur eau de végétation 
avant d’être soumises à cette température élevée. 

Une graine germée et desséchée emploie à réprendre, 
après son humectation , au moins le même temps, et sou- 
vent plus de temps qu'une graine de même espèce, non 
germée , n’en met à germer. D’après ce résultat,.on.con- 
çoit que des graimes lentes à germer et disposées à la pu- 
iréfaction , telles que les fèves) et les haricots’, ñe di 


vent pas , lorsqu'elles sont sèches et germées , rentrer 


en végétation : elles se putréfient avant d’avoir atteint le | 


| (91) 


terme requis pour leur reprise : d’ailleurs , la cause la 

plus commune de la perte des graines germées paraît dé- 
pendre de la disposition du germe à un dessèchement 
trop avancé. 

Les graines germées et desséchées mettent, toutes 
choses égales , d'autant plus de temps pour commencer 
à faire un nouveau développement par l’humectation, 
que leur germination était plus avancée avant le dessè- 
chement. 

Les graines sèches germées (pour peu que leur ger- 
mipation ait été prolongée avant le dessèchement ) per- 
dent leurs radicules dans la reprise. Cette perte , qui 
réduit les plantules à des espèces de boutures , rend la 
végétation moins vigoureuse qu'elle ne l'aurait été si 
elle n’eût pas souffert d'interruption. 

Dans l’état sec, une graine germée perd plus prompte- 
ment qu’une graine non germée la faculté de végéter. 
La plupart d’entre elles la conservent au moins pendant 
trois mois de dessèchement ; mais je n’en ai vu aucune 
qui l’ait conservée au bout d’un an. 

Un dessèchement artificiel , beaucoup plus avancé que 
celui auquel les graines peuvent parvenir naturellement, 
n’a Ôté à aucune d’elles , avant la germination et sous la 
température atmosphérique, la faculté de végéter. Quel- 
ques-unes d’entr’elles seulement ont requis pour ger- 
mer, après cette épreuve, une humectation plus pro- 
Jongée. 

Le mème dessèchement , appliqué aux graines ger- 
mées , a privé certaines espèces de toute leur force vé- 
gétative, et n’a porté aucun préjudice à la reprise de 
plusieurs autres. Celles qui y ont succombé sont les 


(92) 
graines germées n° 1 de vesce, de pois , de lenulle , da 
maïs et de blé sarrasin ; celles qui y ont survécu sont 
les graines de froment , de seigle, d’orge et de chou. 

On peut juger si une graine farineuse germée a la fa- 
culté de: reprendre après un dessèchement extraordi- 
naire , en soumettant, pendant trois ou quatre semaines, 
au vide sec, les graines non germées , dans l’état entier: 
et dans l’état pulvérisé, et en comparant les dessèche- 
mens qu’elles subissent dans ces deux états. Celles qui 
y éprouvent des pertes de poids peu différentes, ou qui 
ne diflèrent au plus que d’un cinquième, n’ont pas ; 
lorsqu'elles sont germées et séchées extraordinairement, 
la faculté d’être rappelées à la végétation ; celles, 4u con- 
traire, qui subissent üne beaucoup plus grande perte dans 
l’état pulvérulent que dans, l’état entier, ont cette fa- 
culté. 

Les observations précédentes nousont conduits à mon- 
ter que plusieurs espèces de graines qui ont germé à la 
surface du sol sans y avoir pénétré , et qui y ont éprouvé 
tout le dessèchement que l’ardeur du soleil doit pro- 
duire, peuvent, après une mort apparente, être rappe- 
lées à la végétation par la seule humectation ; nous avons 
vu qu'une même graine peut, dans Îles différens degrés 
de sa germination, supporter successivement , et à plu- 
sieurs reprises, ces alternatives de dessèchement et de 
végétation sans en périr, et cela jusqu'à ce que les ra- 
cines ajent pris un allongement suflisant pour pénétrer 
profondément dans la terre et garantir Ja plante d’un 
dessèchement devenu dès-lors fatal à sa conservation. 

Toutes les semences germées n’ont pas, il est vrai, 
une vitalité aussi remarquable; maïs il est intéressant 


| Co3 ): 

d'observer que le froment et le seigle qui , dans nos cli: 
mats, tiennent le premier rang parmi les graines ali- 
mentaires , le conservent encore par l’avantage de subir 
facilement cette sorte de résurrection. 


Mémoire sur les Papouas ou Papous ; 
Par MM. Lesson et Garnor. 


( Lu à la Société d'Histoire naturelle le 23 juin 1826.) 


Les peuples dont la peau est noirâtre, et la chevelure 
tantôt lisse, tantôt laineuse, et qui vivent sur les grandes 
terres montagneuses situées entre l'Asie et la Nouvelle- 
Hollande , ont été jusqu’à ce jour fort peu étudiés. Il est 
même difficile de se former une idée exacte des dénomina- 
tions qui leur ont été appliquées ; aussi, dans cet essai, 
nous présenterons seulement un résumé très-succint des 
observations que nous ayons pu recueillir pendant le sé- 
jour de la Corvette {a Coquille au milieu de ces archi- 


| pels. On doit d’ailleurs espérer que l'expédition de 7’ 4s- 


trolabe, qui explore actuellement ce système d’iles, 
jettera la plus vive lumière sur ce sujet, en rassemblant 
les faits nécessaires pour fixer irrévocablement l'opinion 
des savans sur une matière qui intéresse si particulière- 
ment l’histoire de l’homme. 

Sous le nom de Papous on connaît en France des peu- 


ples dont la couleur noire varie en intensité, et dont Ja 


- chevelure n’est point lisse de sa nature, mais n’est pas 


laineuse non plus. Ces hommes , qu'on sait habiter le 
littoral desîles de Waigiou (1), de Salwaty, de Gammen 


(x) Le nom de Waigiou est écrit différemment par les Français et 


(94) 


et de Batenta, et toute la partie nord de la Nouvelle- 
Guinée, depuis la pointe Sabelo jusqu’au cap de Dorv, 
ont été parfaitement décrits par MM. Quoy et Gai- 
mard (1), qui les premiers ont démontré qu'ils consti- 
tuaïeni une espèce hybride, provenant, sans aucun doute, 
des Papouas et des Malais qui se sont établis sur ces 
terres et qui y forment à peu près la masse de la popu- 
lation. Ces Végro - Malais ont emprunté à ces deux 
races les habitudes qui les distinguent, et c’est ainsi 
que plusieurs ont embrassé le mahométisme, et que 
d’autres ont conservé des Papouas le fétichisme et la ma- 
nière de vivre. Un grand nombre des mots de la langue 
de cette variété humaine sont tirés du Malais, et no- 
tamment celui de Radjah, qui sert à désigner les chefs. 
Ces insulaires forment donc une sorte de peuple mé- 
tis (>) placé naturellement sur les frontières des îles 
Malaises et des terres des Papouas, et sur Îe littoral d’un 
petit nombre d'îles agglomerées sous l'équateur, et au 
milieu duquel s’introduisent sans interruption des Ma- 
lais de Tidor et de Ternate et des Papouas de la Nou- 
velle-Guinée, et même quelques Alfourous des monta- 
gnes de l’intérieur. Presque toujours l’autorité, peu in- 
par les Anglais : nous avons toujours entendu les naturels appeler Ouai- 
ghiou la partie nord de Pile, et Ouarido la partie sud. 
(1) Observations sur la Constitution physique des Papous ( Zool. du 
Voyage de l'Uranie, p. 1 à ur, et Ann. Sc. nat., tom. vu, p. 27). 

(2) La relation de Tacos ze Marre ( Miroir Oost et Fest indical. 

. Amst., 1621 ,in-4o oblong , p. 164) prouve que déjà ces Papous hÿbri- 
des n’avaient point échappé aux observations des premiers navigateurs. 

P PP El 5 
En 1699, Dampierre (f’oyage aux Terres australes et à la Nouvelle- 
Hollande , tom. 1v, p. 67, 1714) décrivit également ces Papous hy- 
brides , et les détails qu’il en donne portent le cachet de son exactitude 
ordinaire. 


(Co ) 

fluente d'ailleurs , se trouve reposer dans les mains des 
Malais, qui exploitent encore le commerce par échanges, 
et surtout la vente des esclaves pris à la guerre. La 
masse. de ces Papous hybrides présente des hommes 
d'une constitution grêle et peu vigoureuse : la teinte de 
leur peau est très-elaire, mais le plus souvent elle est 
recouverte de cette lèpre furfuracée si abondamment ré- 
pandue sur les peuples de race noire de la mer du Sud. 
Leurs traits ont une certaine délicatesse ; leur taille est 
le plus ordinairement petite ; l'abdomen est très-proémi- 
nént, et leur caractère est timide. Tout en eux indique 
la funeste influence de leur genre de vie et de leur ha- 
bitation.. 

. Nous ne nous étendrons pas davantage sur ces peu- 
plades que visitèrent d'Entrecasteaux , de Rossel, Labil- 
lardière , de Freycinet, Quoy et Gaïmard , et qu’il nous 
suffisait de distinguer des peuples à cheveux crépus 
(crisp& tortilique comd des romains) auquels nous 
conservons le nom de Papoua (1), usité à la Nouvelle- 
Guinée où ils sont répandus sur les côtes, de même 
que sur les grandes îles faisant partie de ce qu’on nomme 
terre des Papous. Enfin nous retrouverons les Papouas 
peuplant les iles jusqu’à ce jour peu connues de la Loui- 
siade , de la Nouvelle-Bretagne , de la Nouvelle-Irlande, 
de Bouka , de Santa-Crux (2), de Salomon (3) etc. 

(1) Du mot indigène aua-pua , qui veut dire brun-foncé. (Marenat , 
Hist. de Java ; p. 4.) 

(2) Les naturels de Pile de Santa-Crux sont noirs comme les Nègres 
d'Afrique; tous ont les cheveux laïineux, et les teignent de différentes 
couleurs, etc. (Second Voyage de Mendana. Fusurieu, Découvertes 
des Français, p. 26.) 

(3) Les peuples qui habitent ces terres sont en général de l'espèce des 


(56) 

Les Papouas qui doivent nous occuper ont là plus 
grande ressemblance avec les nègres Cafro-Madécasses (1), 
et cette analogie se trouve encore dans plusieurs de leurs 
habitudes et de leurs traditions, de même que dans leur 
constitution physique. Ils paraissent provenir d’une mi- 
gration postérieure à celle des Océaniens , migration qui. 
s'est arrêtée sur le contour des chaînes de la Polynésie , 
n’a envahi que ie littoral de la Nouvelle-Guinée , et s’est 
répandue sur les iles de la Nouvelle-Bretagne , de la Nou- 
velle-Irlande, de Bouka, de Bougainville, de l'Ami- 
rauté, de Salomon , de Santa-Crux, de la Tierra Aus- 
tral del Espiritu-Santo , et de la Nouvelle-Calédonie (2). 
Les habitans de la Nouvelle-Guinée se désignent par le 
nom de Papouas, en réservant la dénomination d'En- 
damènes aux nègres à cheveux droits et rudes de l’in- 
térieur : ils n’ont point passé le détroit de Torrès, tan- 
dis que les Endamènes ou Alfoures (nègres australiens) 
paraissent s'être répartis bien antérieurement en peü- 
plades misérables, éparses et peu nombreuses ; sur le sol 
maigre et stérile de la Nouvelle-Hollande. On ne peut ; 
par suite, concevoir la manière dont la terre de Diémen 
a été peuplée , qu’en adoptant l’idée que les nègres à che- 
velure laineuse s’y sont introduits par le groupe des 
Hébrides et de la Nouvelle-Calédonie. 


nègres; ils ont les cheveux laineux et noirs, le nez épaté , et de grosses 
lèvres , etc., etc. (Survinre, Découvertes des Francais, p. 95.) 


(1) Ce rapprochement avait déjà été fait il y a un siècle ; ila élé com-- 


battu par M. Crawfurd, dont les raisonnemens , en cette circonstance, 
ne sont appuyés sur aucun renseignement positif. 

(2) Les naturels des îles Tatee paraissent étre de la même race que 
les Papous. Ils avaient la tête laineuse, la peau d’un noir d’un jais, ct 
tous les traits des nègres d'Afrique. (Méanes , voy. tom. 2 , p. 355.) 


(97) 


Ainsi donc, la portion centrale de la Nouvelie-Gui: 


hée est habitée par des nègres alfourous qui en sont les 
aborigènes , et que les Papouas du hävre Doréry nom- 
. ment £ndamènes.Ces peuplades sont toujours en guerre 
les unes avec les autres, et n’ont point d’autres commu- 
nications que celles qu'amène un état perpétuel d’hos- 
tilités. Les nègres au contraire qui sont établis sur les 
côtes se distinguent entre eux par la dénomination 
d’Alfakis ou montagnards, et de Papouas ou de rive- 
rains. Ces derniers vivent par tribus éparses et isolées, 
dans un état continuel de défiance et d'inquiétude. Leurs 
villages ; placés sur l’eau et sur des pieux, se composent 
d’un petit nombre de cabanes, gouvernées par l’auto- 
rité de chefs âgés. Leur taille est assez communément 
médiocre, quoiqu’on observe parmi eux de fort beaux 
lommes. Leurs membres sont ordinairement propor- 
tionnés avec régularité, et souvent leurs formes sont 
robustes et athlétiques. La couleur de leur peau est d’un 
noir mêlé d’un huitième de jaune, ce qui lui donne une 
teinte assez claire, dont l’intensité varie. Leur chevelure 
est noire, très-épaisse , médiocrement laineuse. Ils ont 
l'habitude de la porter ébourifiée d’une manière fort re- 
marquable , ou de la laisser retomber sur le cou en mè- 
ches longues et très-flexueuses. Le visage est assez ré- 
gulier dans l’ensemble des traits, quoique le nez soit un 
| peu épaté et que les narines soient élargies transversa+ 
» lement. Le menton est petit et bien fait ; les pommettes 
sont assez saillantes; le front est élevé; les sourcils sont 
épais et longs ; la barbe est rare, mais quelques natu- 
rels la conservent au-dessus de la lèvre supérieure et 
au-dessous du menton , à l’imitation de plusieurs peuples 


X; 7 


(98) 


africains. La physionomie des Papouas réfléchit aisé- 
ment les sensations qui les animent et qui naïssent de la 
défiance, du soupçon et de toutes les passions les plus 
haineuses. De même que la prédominence des facultés 
instinctives (1) sur celles de l'intelligence ne saurait 
être mise en doute pour beaucoup des peuples de ce ra- 
meau. Les femmes, qui partout l’emportent sur l’homme 
par la délicatesse de l’organisation , sont communément 
laides. Cependant nous vimes , à la Nouvelle : Guinée, 
quelques filles nubiles très-bien faites , et dont les traits 
réguliers et doux étaient remarquables. Faconné pour la 
servitude et l’obéissance, ce sexe, chez les Papouas, 
comme chez certains nègres d'Afrique , doit vaquer aux 
travaux les plus rudes que dédaïgne de partager un 
maître inflexible et despote. 

Aïnsi les Papouas se sont propagés sur les îles de 
Bouka , de Bougainville , de la Nouvelle-Bretagne et de 
la Nouvelle-Irlande. Si l’on en juge par les descriptions 
des voyageurs les plus exacts, ils se seraïent également 
établis sur les îles de Santa-Crux et des Arsacides, des 
Hébrides (2) et de la Nouvelle-Calédonie; ils auraient 
envoyé des colonies sur les îles des Navigateurs et des 

(x) Plus les hommes sont loin de l’état de civilisation, plus leur in- 
felligence nstinctive est développée ; les sens sont plus parfaits que chez 
l’Européen : aussi le Papouas a-t-il la vue perçante et l’ouïe très-fine ; 
mais comme son unique occupation est de satisfaire son appétit vorace, 
que cette fonction absorbe toutes les autres facultés , ou qu’elles ne sont 
développées que dans ce seul but, il a recu des muscles masseter et 
temporaux d’üne grande force. C’est ainsi que nous remarquämes , sur 
plusieurs crânes, des crêtes nombreuses hérissant toute la partie anté_ 


rieure de la fosse temporale , pour donner aux fibres de ce muscle des 
points d’attache plus puissans. 


(2) Consultez les excellens détails fournis par Forster sur les naturels ! 


( 99) 


Fidjis (1), e ÿ auraient donné naissance à la variété hy- 
bride ou négro-océanienne qu’on y connaît. 

. Les naturels de Bouka , avec lesquels nous communi- 
quâmes, avaient üne taille moyenne : ils présentaient 
absolument tous les caractères et toutes les habitudes des 
Papouas, et portaient comme eux leur chevelure demi- 
Jaineuse, longue et ébouriffée. Les habitans de Port-Pras- 
lin, à la Nouvelle-Irlande, ceux de l'ile d’York, dans le 
canal Saint-Georges , ne différaïent point de ceux-ci; seu- 
lement il y avait parmi eux un plus grand nombre d’hom- 
mes grands et robustes. Mais plusieurs individus dans 
Je nombre étaient remarquables par la teinte peu foncée 
de leur peau , ce qui les rapprochait de la couleur jaune 
faiblement bronzée des Océaniens. 

La figure des veillards de ces diverses peuplades était 
généralement calme, sereine et impassible. Cependant 
nous observames des changemens assez brusques dans le 
jeu de leur physionomie, À la fausseté , aux regards per- 


de l'ile de Mallicollo ; dans le Deuxième Voyage de Cook, tom. 3, 
p. 59 et suiv.; éd. in-40. 

(x) Suivant M. Mariner (tom. 1, p. 346), les habitans des Fidjis ont 
les cheveux crépus et de la nature de la laine. Il les poudrent avec des 
cendres, et les frisent avec le plus grand soin , de manière qu’ils res- 
semblent à une immense perruque ; ils portent des bracelets d’écorce et 
« de coquilles autour des bras, et sont presque nus. Plus Join il ajoute 

(après avoir séjourné au milieu d’eux) (t. 2, p. 135 ) : les naturels de 
ces iles paraissent être une race fort inférieure à celle de Tonga et ap- 
procher davantage de la conformation des nègres. La langue est dure, 
et emploie plus souvent la consonne r; c’est au point que, malgré que les 
îles Fidjis soient très-voisines des îles de Tonga, le langage diffère bien 
plus entre ces deux archipels que celui de Tonga, par exemple, avec 

- les Sandwich, qui en sont éloignées par une distance neuf fois plus 
considérable. 


( Y00 ) j 


fides des uns , étaient opposés la défiance et le sotipcon 
des autres, la bonhomie ou la confiance d'un petit nom- 
bre. Ces peuples ne hérissent point leur chèvelure comme 
certains Papouas , Car cette mode n’est suivie que par un 
petit nombre de tribus. 

Si nous examinons enfin la conformation physique 
des hiabitans de la grande île de Madagascar, connus sous 
le nom de Madécasses proprement dits (1), nous trou- 


verons, au milieu des trois ou qüatre variétés humaines 


qui habitent cette grande île, des nègres dont les mem- 
bres sont proportionrés avec régularité , et souvent des- 
sinés avet vigueur; ces Madécasses ont une taille bien 
prise, et parmi eux on observe ün très-grand nombre 
de beaux hommes. Leur chevelure, médiocrement lai- 
neuse , est nouée sur l’occiput par gros flocons ; la peau 
est de couleur brune mèlée de jaune; le nez est légère 
ment épâté; la bouche grande ; en un mot, l’ensemble 
de leurs traits, qui est régulier , servirait en grande par- 
tie à tracer le portrait d’un Papoua de Doréry, de Birare 
( Nouvelle-Bretagne de Dampier ), de la Nouvelle-Ir- 
lande ou de Bouka (2). 

Il nous reste à généraliser les habitudes de cette mere 
famille. 

Les Papouas vont nus : jamais nous ne vimes les ha- 
bitans des îles Bouka , de la Nouvelle-Bretagne et du: 


(x) Consultez Fracourt, Histoire de Madagascar, 1 vol. in-4° ; et | 
Rocnon, Voyage à Madagascar, x vol. in-80, p. 15. 
(2)« Parmi les habitans de la Louisiade qui vinrent en pirogue le long 


de nos navires , et dont la chevelure était laineuse et la peau olivätre , 
j'en remarquai un aussi noir que les nègres de Mozambique, avec les- f 
quels je lui trouvai beaucoup de rapport. » ( LasizzarDièrE , Voyages, M 


t. 2,p.276,in-40.) 


L 


( xor ) 

 Port- Praslin cacher par le moindre voile les organes 
sexuels. Les naturels de Dorery, ainsi que Les Papous 
hybrides , sont les seuls qui fassent exception à cette cou- 
tume ; et bien qu’ils ne sachent point faire de tissus, ni 
convertir les écorces d’arbres en étoffes, ils emploient, 
comme ceinture, des sortes de toiles naturelles et gros- 
sières qu'ils retirent des enveloppes florales du cocotier 
ou des graines membraneuses des feuilles du banariïer. 

Les tribus qui vivent sur les côtes de la partie nord de 
la Nouvelle-Guinée, ayant chaque jour des communi- 
cations avec les Malaïs, et surtout avec les Guébéens, en 
reçoivent, en échange d'oiseaux de paradis, d’écaille de 
tortue, ou par la vente des esclaves, des toiles de coton 
teintes en bleu ou en rouge, et qui sont destinées aux 
femmes : ils ont aussi adopté l'usage de chapeaux larges 
et pointus, faits à la chinoise, avec des feuilles de pan- 
danus cousues et disposées très - ingénieusement, Mais 
un goût, commun à tous les peuples de race noire, est 
celui de se couvrir les épaules et la poitrine d’incisions 
élevées et mamelonnées, disposées en lignes courbes ou 
droites, mais toujours régulières ;, et cette mode, qui 
sert à distinguer les diverses tribus nègres de l’intérieur 
de l'Afrique , est pratiquée par presque tous les habitans 
de Madagascar et par tous les naturels de couleur noire 
répandus dans l’ouest de la mer du sud, et aussi bien sur 
: la terre de Diémen que sur l'Australie. 

La chevelure de ces peuples est en général très-frisée , 
très-fine, résistante, et en même temps très-épaisse. Quel- 
ques familles de la Nouvelle-Guinée, de Waigiou, de 
Bouka, lui donnent la forme ébouriffée et singulière 
.qu'on a même regardé comme un caractère des Papous; 


# 


{ 102 ) 


mais d’autres tribus, telles que celles de Rony, à la Nou- 
velle-Guinée, de la Nouvelle-Bretagne et de la Nouvelle- 
Irlande, la laissent tomber sur les épaules en mèches cor- 
données et flottantes. Les Papouas aiment à se couvrir la 
tête de poussière d’ocre, unie à de la graisse , à rougir 
ainsi leur chevelure et leur visage, et à se faire sur la poi- 
trine ou sur la face, des bandes diverses avec de la chaux, 
de corail. C’est plus particulièrement à Port-Praslin , à 
la Louisiade, qu’on retrouve cette singulière mode qui 
règne sans partage chez les habitans de la Nouvelle-Galles 
du sud. 

Ces peuples emploient peu le tatouage, qu’ils nom- 
ment panaya à la Nouvelle - Guinée, et, opposés en 
cela aux Océaniens , ils se bornent à tracer quelques li- 
gnes éparses sur les bras ou à l'angle des lèvres de leurs 
fémmes , comme une marque particulière. Ils aiment tous 
les ornemens, de quelque nature qu’ils soient : nulle 
part nous ne rencontrâmes en plus grande abondance 
des colifichets de plumes , d’écailles ou de nacres , desti- 
nés à être placés sur la tête, à la ceinture ou sur les ar= 
mes. Mais partout nous observames l’usage , exclusif à 
cétte race, de porter des bracelets d’une blancheur 
éblouissante, faits avec beaucoup d’art, très-polis, et 
qu'ils fiçconnent probablement avec la grosse extrémité 
des énormes cônes qui vivent dans les mersenvironnantes. 
Tous les navigateurs en ont parlé. 

Un tel usage est par lui-même caractéristique, mais ce 
qu'il offre de plus remarquable encore est l’analogie 
qu'il présente avec les coutumes des Égypüens. Les re- 
cherchés modernes nous ont'en effet indiqué la présence 
d’un ornement de forme exactement semblable sur un 
grand nombre de momies. 


} 


|! 


l 
È 


k 


( 103 ) 


L'usage de mâcher le hétel , avec l’arec et la chaux , 
propre au rameau malais, a été porté chez les Papouas , 
par ce peuple sans doute ; mais on doit supposer que des 
communications antérieures en ont fait naître le besoin. 
. chez les habitans de Port-Praslin, où nous le trouvâmes 

très-répandu; à Bouka où nous en vimes des traces; à 
l'ile de Choiseul et à la Louisiade, où Bougainville et La- 
billardière l’observèrent. 

Ces derniers peuples , et les Papouas de la Nouvelle- 
Guinée surtout, portent des amulettes faconnées en ido- 
les (1), fixées sur la nuque par un collier fait de dents 
d'animaux, etc. Mais nous trouvâmes, dans leurs ça- 
banes, quelques coiffures parfaitement analogues à celles 
qui servent aux enfans dans nos fètes religieuses, et que 
surmontait une feuille de pandanus, contournée triès- 
adroïtement en fleur de lys. Cette forme antique et sine 
gulière, conservée fidélement, et même avec le plus 
grand goût, chez des peuples encore dans les ténèbres 
d'une longue enfance, doivent provenir de l’Abyssinie, 
Mais ce qui met hors de doute leurs rapprochemens avec 
les habitans de l'Afrique, sont les oreillers en bois:sur 
lesquels ils s'appuient la tête pour dormir. À Waigiou, 
à Doréry, nous retrouvâmes chez tous ce meuble 1ra- 
vaillé avec adresse, représentant le plus constamment, 

_etavec plus ou moins de perfection , deux têtes de sphinx, 
attribut égyptien, et plusieurs de ces objets, comparés 


(1) « Les nègres de Sierra-Leone semblent vénérer des petites sta- 
» tues faites à-peu-près à la ressemblance de l’homme. Il n’en coûte 
» que huit ou douze pouces de boïs pour la facon de ces images, qu’on 
» peint en noir, et qui sont les pénates de la hutte, Ils leur font des of- 
» frandes qui consistent en chiffons , vases ébrèchés, ete. » (MarTuEews, 
Voyage à Sierra-Leonce.) 


( 104 ) 

en France , ne différent en rien de ceux trouvés sous la 
tète des momies d'Égypte dans leurs tombeaux, et con- 
servés par les voyageurs modernes qui les ont décou- . 
verts. à 

Les Papous de Dorery et de Waigiou ont un goût parti- 
culier pour faconner des idoles qu’ils placent sur leurs 
tombeaux et dans un point particulier de leurs cabanes, 
Ces sculptures se reproduisent sur le devant de leurs pi- 
rogues ; mais, comme leur culte est un fétichisme pur, et 
que quelque teinte de l’islamisme n’a pénétré qu'avec 
les Malais , au nord seulement , nous voyons chez tous 
cette habitude de consacrer , dans une cabane qui sert 
de temple, une suite d’idoles, vètues de guenilles di- 
verses ; représentant des divinités rangées par ordre de 
puissance. Nous retrouvämes cet état de chôses au Port- 
Praslin, grâces à la course hasardeuse du jeune et brave 
de Blosseville; et ces naturels, sans exception, au milieu 
de leurs grotesques divinités , consacrent à des animaux 
des représentations assez fidèles. C’est ainsi que le cro- 
codile est un objet de culte à Waïgiou ; le requin et le 
pélandoc au Port-Praslin; le chien à Doréry, etc. Les 
Papous , toutefois, vénèrent les morts , suspendent les 
tètès de leurs ennemis comme trophées aux paroïs de | 
leurs demeures, pour les priver sans doute d’une exis- l 
tence heureuse dans l’autre vie; car ils ont la croyance 
d’un être suprême infiniment bon et d’un génie adonné ' 
au mal. | ñ } 

L'industrie des peuples de race noire n’est point à ci- M 
ter. Cependant les femmes des Papous de Doréry fabri- p 
quent de la poterie (1), et, comme ceux de Waigiou , ils À 


(x) Dans le pays des Kaartans , dans l'Afrique occidentale , le village K 


LAC 409 ?) 


savent assembler les belles feuilles satinées du pandanus 
longissimus, pour en faire des nattes qu’ils féstonnent 
diversement et qu'ils teignent avec les couleurs les plus 
‘éclatantes et les plus solides. Ces nattes, avec lesquelles 
ils s’abritent de la pluie, sont représentées au Port-Pras- 
lin par des capuchons qui en ont la forme et parfois 
l'ampleur. Elles sont en effet le plus souvent pliées au 
milieu et cousues à une extrémité. 

Les habitans de la Nouvelle-Bretagne, de la Nouvelle- 
Irlande , avaient divers ornemens passés dans les rarines, 
ou des batonnets traversant la cloison du nez, à l'instar 
des naturels de la Nouvelle-Galles du sud. Cette mode 
se reproduisit à nos yeux chez les Papous du Hävre-de- 
Rosny, et tous nous assurèrent que les batonnets qu'ils 
portaient étaient bien petits en comparaison de ceux que 
les farouches Endamènes , leurs ennemis , et les proprié- 
taires des districts plus au sud se placaient ainsi. 

Le genre de vie des Papouas ne nous fournit point de 
caractères bien précis. Cependant ils ne savent point, 
comme les Océaniens , pratiquer des fours souterrains 
pour cuire leurs alimens. Ils se contentent de les griller 
sur les charbons ardens , ou bien de faire des treillages 
élevées , et de les préparer ainsi par l’action médiate de 
Ja chaleur. Vivant , du reste, des fruits équatoriaux, de 
racines nutritives, que le sol produit en abondance, les 
Papous de la Nouvelle-Guinée savent encore cultiver 
quelques légumes, et l’espèce de pois qu’ils nomment 
aberou forme principalement la base de leur nourri- 
d'Asamanga tary est renommé par ses manufactures de poterie de 


terre travaillée par les femmes. (Voyage dans l'Afrique occidentale, 


de Gray et Dochard. ) 


( 106 ) 
ture, avec les produits de la pêche , ou les coquilles qu'ils 
vont chercher sur les récifs , et même les reptiles qu’ils 
attrapent dans les forèts. 

Leur gouvernement est peu connu, On à cependant 
remarqué qu’ils semblaient obéir à des vieillards dont 
l’autorité paraissait nettement établie; et ce n’est guère 
que chez ceux qui ont communiqué avec les Malais qu’on 
retrouve le titre de radjah , par exemple, et encore n’en ! 
ont-ils point d'idées bien claires et bien distinctes. Nous 
avons vu que leur culte était mn fétichisme pur : féti- 
chisme sons l'influence duquel toutes les races noires de 
l'Afrique, excepté l’abyssinienne , sont plus ou moins 
soumises. Mais les Papous entourent d'un profond res- 
pect les tombeaux! de leurs parens ; ils élèvent des ca- 
banes pour les abriter; ils placent souvent des estrades 
en bois destinées à supporter leurs os desséchés , et me 
manquent point de placer sur leur sépulture des vases 
destinés à recevoir des offrandes telles que du‘bétel , du 
tabac ou du poisson ; et d’entourer des attributs du dé- 
funt le lieu où reposent ses cendres. 

L'art d'élever leurs cabanes présente chez les di- 
vers peuples de race papoue des différences assez tran- 
æhées. Ainsi, les huttes des naturels de la Nouyelle-Ir- 
lande sont de forme africaine , arrondies, couvertes de 
paille, ayant une porte étroite et basse. Chez les habi- 
tans de Waigiou et de la Nouvelle-Guinée (1), au con- 
traire, elles nous montrent quelle peut être l'influence | 
des hostilités continuelles auxquelles ils se livrent. Ces | 


| 
(x) Les cabanes des naturels de la Louisiade sont , comme celles des h 
‘Papous , élevées avec des pieux de deux ou trois mètres au-dessus du Le 
terrain, ( Lasrruaroière , Voy, Recherch. de la Pérouse , t. 11, p. 2774 


(107) 


peuples, en effet, établissent leurs villages au fond des 
baies et sur le bord des rivages. Mais, par une prévoyance 
sahs cesse défiante, üls les ont établies: sur l’eau même 
des grèves , de manière qu’elles sont supportées par des 
pieux, qu’on ne peut y parvenir que par des ponts in 
formes, qu'en cas d'alerte du côté des terres on peut 
faire disparaître en un clin-d’œil , tandis que la fuite est 
facile par mer, parce qu’ils out le soin d’avoir leurs pi- 
rogues sous le plancher à jour de ces demeures. Ils se 
sauvent aisément dans les bois, au contraire, lorsque 
l'attaque a lieu par mer et à l'aide de pirogues. Enfin , 
ceux même qui habitent l’intérieur du pays ont placé 
leur gite sur quelque morne élevée dont l'approche est 
défendue par des palissades, et non satisfaits de la sécu- 
rité qu’ils peuvent retirer des obstacles qui se rencontrent 
sur le chemin , ils ont encore élevé leurs demeures sur 
des troncs d'arbres, rendus lisses, et hauts de douze à 
quinze pieds , ét se servent d’un énorme bambou entaillé 
pour y parvenir. Chaque soir cette échelle est retirée 
dans la cabane, et la famille dort en paix sur des tas 
de flèches préparées pour repousser toute attaque dans 
l'aire qu’elle a construit à la manière des oïseaux: Ce 
sont ces cabanes aériennes , que l’un de nous examina 
avec détail, qui ont donné lieu de croire à quelques éeri- 
vains, amis du merveilleux, que les Papouas logeaient 
dans les arbres. Je ne sache point que les voyageurs men- 
tionnent ailleurs une telle construction , ét on n’enre- 
trouve point de traces en Afrique, à ce que nous croyons. 
Seulement le capitaine russe Krusenstern(voÿ.t. 2, 
page 233) dit que les Tartares qui häbitent Sakhalien 
élèvent leurs cabanes sur des pieux au-dessus du sol, 


( 108 } 


Ces peuples possèdent encore un genre de construc+ 
tion nautique, opposé à celui des rameaux océanien et 
mongole pélagien. Navigateurs, comme le sont naturelle-’ 


ment tous les peuples riverains, on retrouve chez tous 
les nègres épars , depuis le nord de la Nouvelle-Guinée, ! 
sur ces chaînes de grandes îles , une forme assez générale 
de pirogues. Ceux de Port-Praslin ; de la Nouvelle-Bre- 
tâgne, de l’île d’York, de Bouka, enfin, ont des embar- 
cations sveltes, légères, formées de bordages assemblés 
et cousus , et dont les joints sont bouchés par un mastic 
tenace, dont les deux extrémités se relèvent et sont, le 
plus souvent, surmontées de quelque attribut. Mais toutes” 
ces pirogues n'ont point de balancier , tandis que celles 
qu’on retrouve sur Le pourtour boréal des îles dites des 
Papous, et qui.sont destinées aux besoins ordinaires, 
sont, sans exception, à deux balanciers; celles de guerre, 
toutefois , ressemblent aux précédentes. 

Les armes principales des habitans de Waigiou et de 
Doréry sont l’arc, les flèches et les longues javelines 
terminées par une lame de bambou acérée et façconnée 
en fer de hallebarde. 

A Botüka nous retrouvons les flèches et des arcs parfai- 
tement fabriqués en beau bois rouge, de même qu’à la 
Nouvelle-rlande et à la Nouvelle-Bretagne; mais ces 
tribus, inquiètes et guerrières, emploient principale- 
ment le casse-tête de bois dur, les longues javelines gar- 
nies parfois d'os, humains, ce qui annoncerait peut-être! 


|! 


une habitude d’anthropophagie, les frondes pour lan-# 


cer des pierres, et surtout l’usage constant du bou-W 
clier (1). Cette arme défensive, faite sur le modèle den 


(1) Les Antaximes de la partie sud de Madagascar, à teinte très-noire 


( 109 ) 


cértains boucliers romains, garnie de coquilles enchäs= 
sées avec symétrie, serait-elle due au hasard (1)? 

Tous les peuples ont une musique en rapport avec 
leur ‘civilisation: mais les Océaniens , les Mongoles 
pélagiens , et les peuples noirâtres et à cheveux frisés 
des îles de la mer du sud ont chacun un type particu- 
lier, suivant leurs habitudes, et quoique cet art soit 
resté stationnaire, par l'isolement de ces peuplades, il 
n’en est pas moins caractéristique, et ne peut provenir 
que d’un ensemble d'idées perfectionnées. Nous ne sa- 
vons rien de la musique des Papouas de Doréry et de 
Waigiou; celle des habitans de Port-Praslin; de l’île 
d'York et leurs instrumens nous sont mieux connus: 
Sur toutes les grandes terres nous retrouvänies le tam- 
tam , dont le nom peut varier, mais jamais la forme , qui 
est l’imitation parfaite du tamtam de la côte de Guinée : 
ce tambour creux , fermé à sa grande extrémité par une 

_ peau de lézard , est encore usité dans plusieurs régions 
de l'Afrique. Mais ce qui dut nous fournir matière à ré- 
flexion au Port-Praslin, ce sont l’épinette et la flüte à 
Pan que nous y trouvämes. L’épinette est faite avec une 
Jame de bambou, divisée en trois lamelles eflilées, qui 
se placent das la bouche comme la nôtre. Quant à la 
flûte à Pan , nous devons nous y arrêter un instant et in- 
 diquer la conclusion d’une note que nous a remise, sur 
cet instrument, un de nos amis , excellent musicien.« Les 


et à cheveux crépus , se servent du bouclier pour combattre. (Marre- 
Brun, t. 1v, p. 123.) : 

(x) Bougainville ( Voyage autour du monde) vit les natnrels de la 
Louisiade se servir également de boucliers : la description qu’il en donne 
est applicable à ceux que nous ayons vu au Port-Praslin. 


(saw Ÿ 

» anciens connaissaient deux sortes de flüte, la simple 
» et le syrinx où flûte à Pan, et ces flûtes n'avaient 
» qu'une étendue de sons très - bornée , parce qué les | 

grecs ignoraient l'harmonie proprement dite, et que 
» leur mode de musique était mineur, tant l’homme 
» éprouve plus ‘de facilité à attaquer la tierce mineure 
» que celle majeure. Le syrinx de la Nouvelle -Irlande 
» présente ce caractère mineur, et, après un examen sé- 
» rieux, je conclus que cét instrument ; composé de 
» huit notes, dont cinq appartiennent à la gamme.ei 
» trois sont répétées à l’octave en dessous , est des temps 
» les plus reculés. » 

Lorsque M. de Blosseville visita le village de Leuki- 
hki, à une lieue du Port-Praslin, dans l’intérieur, ilne 
fut reçu qu'après que des naturels eurent exécuté une 
danse nommée Louklouk..Les danseurs étaient entière- 
ment cachés sons un vêtement bizarre , fabriqué avec des 
lanières de feuilles de pandanus , imitant une ruche am- 
bulante, et qu’ils suspendent à des poteaux sur la grève. 
Toutes les circonstances de cette sorte de solennité se- 
ront rapportées dans la relation historique; maïs nous 
devons citer, comme rapprochement, un usage semblable 
observé dans le royaume de Wouilli, en Afrique, par le 
major Gray. « En approchant de Cunda - Barra nous 
» vimes, accroche à un poteau , hors des murs de la ville, 
» un vêtement fait d'écorces d'arbres, coupé par fila- 
» mens, et arrangé de manière à couvrir un homme; 
» espèce de loup-garou , nommé Vumbo jumbo. » 

Des ténèbres trop épaisses couvrent les traditions 
poétiques de ces peuples pour qu'on cherche à les pé- 
nétrer : elles noussont entièrement ignorées. Mais ce 


(rer ) 


qu'on ne peut se dispenser de remarquer , est la diver- 
gence complète du langage qui existe, non pas d’île à 
île, mais même de tribu à tribu et de village à vil: 
lage. Quelle peut en être la cause ? rien autre chose sans 
doute que ces haïnes héréditaires, ces guerres perpé- 
tuelles dans lesquelles vivent et meurent les générations 
successives. Le caractère moral de ces peuples en a ac- 
quis cette barbarie profonde, eette défiance sombre et 
continuelle qui les rendent traîtres, perfides et assassins. 
« Nous avons observé dans le cours de notre voyage; 
» dit Bougaimville, qu'en général les hommes nègres 
» sont beaucoup plus méchans que ceux dont la coù- 
» leur approche de la blanche. » 

Quant aux rapports que peuvent avoir entre eux les. 
idiomes de chaque peuplade, il nous serait impossible 
de les saisir. Leur langage barbare et guttural se refuse 
À tout examen, et on en pourra juger par le tableau sui- 
Vant, dans lequel nous avons placé les noms de nombre 
écrits comme les naturels les prononcent, 


LI 


NOUVELLE: GUINÉE. 
| 


© CÂNTONDERONY. |HAVRE DE DORERY. |Habitans de l'intérieur. 


Hidésaibe. 
Nourou. 
Nokore. 

Fake. 

Rime. 
Ouonême. 
Ounamanourou. 
Ounamonocore. 
Fike. 


Sanfour. 


Saha. 
Doui. 
Kiore. 
Fiake. 
Rime. 


Ouonême. 


Fike. 


-[Ouart. 


Sihiou. 


Sanfour. 


NOUY.-GUINÉE. 


ALFOUROUS. 


Toure.' 
Kire. 
Noure. 
Ouat. 
Mai. 
Imbitoure. 
Inebiki. 
Imbinour. 
Imbeboit. 


Ouanpguire. 


-NOUY.-IRLANDE. MADAGASCAR. 


MALAIS. 


PORT PRASLIN. TAMATAVE. 


Rec. _|Saton. 


Roui. Doua. 
Telou. Tiga. 
Effack. Ampat. 
Dimi. Lima. 
Euine. Anam. 
Fitou. Touyou. 
Valou. Delapan. 


Sevi. Sambilan. 


Foulou. Sapoulou. 


(18 ) 


Noricé sur des Expériences concernant la 
fécondation de quelques végétaux ; 


Par M. C. F. Gzærrner. 


… Les doutes et les contestations qu’on a récemment éle- 
vés au sujet de la fécondation et de la sexualité des vé- 
gétaux , ont, de nouveau, fait sentir l’état défectueux 
et l'incertitude de nos connaissances sur cet important 
phénomène de la nature. Un demi-siècle s’est écoulé de- 
puis que Koœlreuter a fait ses belles expériences, sans 
qu'on ait essayé de les vérifier dans la nature , et d'élargir 
le champ de ces recherches si fécondes en résultats. 
Quelques botanistes modernes, induits en erreur par 
quelques petites expériences faites sans succès, se sont 
crus autorisés, non -seulement à déprécier la valeur de 
celles de Kælreuter, mais ont été mème jusqu'à mettre 
en doute leur exactitude. . 

. À la vérité, la suite de ces recherches a été reprise 
dans ces derniers temps, surtout par le docteur Mauz ; 
mais ceci n'ayant eu lieu principalement que sous le 
rapport de la fécondation hybride, il nous a paru assez 
convenable, d’un côté, que cet objet spécial füt traité en 
même temps par plusieurs observateurs , et de l'autre, 
que la sphère de ces recherches füt encore agrandie da- 
vantage. L’aperçu que nous donnerons plus bas des expé- 
xiences faites dans l’été de 1825 , fera connaitre avec plus 
de précision le point de vue que nous nous sommes pro- 
posé en traitant ce sujet. Nous allons donner aupara- 
yant un court exposé de notre manière de procéder, pour 


X. — Février 1827. to) 


Ci4) 


que les hommes compétens puissent juger de l’ensemble, 
l'examiner et éviter dans leurs propres expériences les 
fautes qui peuvent avoir été commises, | 

Les différentes espèces de plantes avec lesquelles nous 
avons fait nos expériences, étaient toutes. plantées dans 
des pots, et cela en partie pour pouvoir les observer plus 
exactement, et en partie aussi pour les préserver contre 
des influences étrangères défavorables ; maïs d’autres in- 
dividus des mêmes espèces furent plantés en pleine terre, 
pour faire des expériences comparatives et pour pouvoir 
juger des influences étrangères et dé leurs limites, Ce- 
pendant il n’y avait d'autre différence, nommément pour 
les végétaux qui seront désignés plus bas , que la facilité 
plus grande avec laquelle ceux plantés dans des pots se 
laissaient féconder artificiellement, et leur bourgeonne- 
ment plus considérable ; un plus grand nombre de fleurs 
tombaient sans être fécondées, toutes circonstances d’ail- 
leurs égales chez les végétaux plantés en pleine terre. 
La transplantation en pleine terre avait aussi pour but 
de se procurer le plus grand nombre possible d’indivi- 
dus , afin d’avoir, pour ainsi dire, à chaque moment des 
sujets proprès à la fécondation et de la matière fécon- 
dante. Cette précaution est de la plus grande importance 
pour faïre réussir des expériences de cette nature. 

Les fleuts étaient ouvertes avec le plus grand ména- 
gement lorsqu'elles étaient à demi développées ( la coz 
rolle ne fut fendue que très-rarement), pour enlever le 
plus doucement possible et sans lésion des parties voi- 
sines, à l’aide d’une petite pince , les anthères non! 


parvenues à maturité. On appliquait dès-lors le pollen ;M 
si le stigmate était déjà développé; ou bien, si la fleur 


{ 1 ) 
n'avait pas encore atteint le degré de développement con- 
venable, et que le stigmate füt encore imparfait, l’appli- 
cation du pollen étranger était différée à un moment plus 
-opportun. 
Le pollen était appliqué sur le stigmate, soit contenu 
“encore dans les anthères non ouvertes, mais parfaite- 
ment mûres, ou bien on l’appliquait tout frais à sa sortie 
de l’anthère, et toujours à l'aide d’un pinceau fin. 
La matinée, avant que le soleil eût pu agir sur les 
fleurs ; fut reconnue comme le moment le plus favôrable, 
tant pour pratiquer la castration des fleurs, que pour ré- 
couvrir de pollen les sügmates. Les antlières sont'alors 
presque toujours bien moins sensibles à l’attonchiemént, 
-quand même elles auraient atteint leur parfaite thäturité: 
les stigmates de leur côté sont plus propres’ à recevoir 
. lé pollen soùs da douce influencé des premiers rayons dù 
soleil: Lorsque le cas l’exigeait ; la fécotidation était ré 
pétée plusieurs fois dans la journée et même pendant 
déux ou trois jours de suite. 
Pour éviter toute confusion , chaque fleur était rar 
quéé d’une petite étiquetté portant lé numéro, le temps 
de la castration ét de la fécondation accomplie. e 
:1 Comme l’état de l’atmosplière exercé üné inflüente 
bien décidée sur toute la végétation, ét surtout sur le 
procédé de la fécondation, ées observations sont éonti- 
nuéllement rattacliées à celle de l’état de l'atmosphère 
ét nous avons dressé un tableau exact de celui-ci. 
Un journal a été tenu exactement sur toutes ces cir- 
constances ; ainsi que sur les changemens qui ont eu lieu 
etsur les phénomènes qui ont été observés sur les fleurs, 
les stigmates et les fruits. | 


( ï16 ) 

L'été de l’année 1825 à été, en général, extrèmemerit 
favorable pour faire des expériences sur la fécondation 
dés végétaux ; il y a eu une suite de beaux jours, rare- 
ment interrompue par des jours de pluie, de sorte que 


cette dernière n’a que peu troublé les fécondations: Ce- 


pendant la gelée de la nuit du 14 au 15 mai avait menacé 
de faire périr, non-seulement les végétaux plantés en 
pleine terre , mais aussi ceux plantés dans des pots ; ce- 
pendant son influence muisible s’est bornée à retarder, 
par ce trouble de la végétation , l’époque de la floraison 
et par conséquent aussi celle de la maturité; mais, par la 
gelée du 29 au 30 septembre, et par le froid, plus in- 
tense encore, survenu le 22 octobre , ce désavantage est 
devenu d’autant plus sensible, que plusieurs espèces 
tardives , telles que des Datura, le Nicotiana macro- 
phylla, le N. petiolataet le Physalis barbadensis, 
en ont tellement souffert, que plusieurs des fruits et des 
semences qui avaient commencé à venir, n'ont pu at- 
teindre la maturité convenable, quoique l'embryon fût 
déjà parfaitement développé dans les semences. 

Nos expériences s'étendent jusqu'ici à des végétaux 
pris dans quatre familles différentes , dans seize genres 
et dans trente espèces. Les expériences elles-mêmes sont 
au nombre de près de six cents. Elles sont , malgré cela, 
loin d’être assez nombreuses pour qu’on puisse en tirer 
avec certitude des conclusions pour tout le règne végé- 
tal. Nous n’attribuons par conséquent qu’une valeur spé- 
ciale aux remarques qui vont suivre. Celles-ci ne pour- 
ront prétendre à une application générale que lors- 


qu'elles auront été vérifiées et constatées de diverses » 


manières , et sur des végétaux d’un plus grand. nombre 


(127 ) 

de familles , de genres et d'espèces, et sur un plus grand 
nombre d'individus. Cependant les observations données 
pourront servir comme base provisoire de la théorie de 
la fécondation des végétaux , en attendant que des expé- 
riences-uliérieures rendent plus facile et permettent de 
faire une coordination plus exacte des propositions qui 
se rattachent à cette théorie. Nous avons évité toutes les 
considérations théoriques dans cette notice préalable, 
et nous nous sommes eflorcés de ne douner que de sim- 
ples faits, que chacun pourra coordonner, plier ou ex- 
pliquer comme il l'entend , suivant sa manière de voir. 
individuelle. Nous ajoutons encore la remarque que, 
depuis. le commencement de juin jusqu'à la fin d'octobre, 
temps pendant lequel ces expériences ont été faites , nous 
avons donné l’attention la plus soutenue et employé 
l'exactitude et les précautions les plus grandes possibles, 
dans l'observation des phénomènes qui s’y sont passés 
sous nos yeux. 

Les expériences et les observations que nous avons 
faites relativement à la fécondation des végétaux, peuvent 
se diviser en quatre séries. 

La première de ces séries contient : 

. (a) Des observations sur la marche naturelle de la 
fécondation des végétaux , sur l’état et les changemens 
des diflérentes parties de la fleur avant et après la fécon- 
dation , sur le développement et l'accroissement des fruits 
et des semences , sur le temps nécessaire à la matura- 
tion, etc. 

(b) Des expériences sur la fécondation artificielle 
des fleurs avec leur propre pollen , dans différentes cir- 
constances. 


( 118 ) 

Cette série d'expériences nous a phru être de la plus 
grande importance, parce que nous croyons qu’elles doi- 
vent former la base de toutes les recherches à faire sur 
ce sujet, attendu qu'elles seules peuvent nous éclaircir 
sur la marche de la nature et nous aider à expliquer les 
phénomènes que nous observons dans les fécondations 


hybrides. 


‘ 


La seconde série d'expériences simultanées était des- 
tinée à l'observation de la fécondation hybride et des 
phénomènes qui y ont lieu. 

Notre attention était principalement dirigée sur la 
comparaison des changemens que le pollen propre et le 
pollen étranger produisaient dans des circonstances ex- 
térieures égales , sur le stigmate et sur les autres parties 
des fleurs ; de plus nous avions égard à l'influence que la 
quantité de pollen, employée à la fécondation , exerçait 
sur le degré de perfection des fruits, sur le nombre 
des semences fécondées , sur la croissance relative des 
fruits , et enfin sur le développement graduel des em- 
bryons. | | 

Dans la troisième série d'expériences, nous avons ob- 
_servé les phénomènes que produisaient sur les fleurs, les . 
stigmates el les ovaires des mêmes végétaux, quelques 
autres substances pulvérulentes, telles que la fleur de 
soufre , la poudre de charbon , ie carbonate de magne- 
sie et la poudre de Lycopode. 


| 


Enfin la quatrième série d'expériences et d’observa- 
tions avait pour but de reconnaître la durée et Le mode \ 


d'action «a pollen sur des ovaires étrangers , principa- # 
lement pour répondre à cette question : le pollen étran- » 
ger exerce-t-il une action immédiate sur la forme et la ! 


(119 ) 
vouleur des fruits et des semences, et sur l’époque de 
leur maturité? 

Nous donnons ici un extrait préalable de la seconde 
série d'expériences, c’est-à-dire de celles qui ont été 
faites sur la fécondation hybride , quoique leurs résultats 
ne soient pas encore complets, attendu que l’histoire 
de ces expériences ne sera complétée que par la ger- 
mination et le développement des semences obtenues. 
Ce travail est réservé pour l'été de 1827. Nous espérons, 
malgré eela , que la publication de ces observations sur 
le premier acte de la fécondation, dirigera de nouveau l’at- 
tention des naturalistes sur cet objet si important, et dont 
l'examen plus approfondi a été négligé si long-temps. 

Le tableau suivant indique les végétaux avec lesquels 
ces expériences ant été faites. Le premier chiffre donne 
le nombre des fleurs fécondées , et le second celui des 
fruits obtenus. 

Il faut cependant remarquer que plusieurs des fruits 
recueillis ne conteñaient que des semences sans em- 
bryon ; il en résulte qu’on ne peut conclure avec certi- 

tude du nombre de fruits obtenus à celui des fleurs fé- 

_condées. Nous avons également eru qu’il n’était pas inu- : 
ile de comprendre dans cette liste les fécondations qui 
n'ont eu aucun résultat, car ces exemples pourront être 
de quelqu’utilité dans des expériences ultérieures. 

Les expériences de Kœælreuter ont prouvé qu’une fé- 
condation hybride qui a mal réussi n’autorise pas à 
en conclure qu’elle ne réussira pas ou qu’elle ne pourra 
jamais réussir, parce qu’en pareil cas un grand nombre 
d'influences avaient pu empêcher la réussite ; ce dont il 
sera encore question plus bas. 


? Convolvulus sepium. 
Ipomoea purpurea. 
-—Datura laevis: 
Datura Metel. 
Hyoscyamns agrestis. 
Nicotianamacrophylla. 
rustica. 4 
—Datura Metel. 
© © Datura laevis. 
Hyoscyamus agrestis, 
pallidus, 
Nicotiana macrophylla. 
—Dianthus caryophyllus, 
Dianthus barbatus. 
carthusianorum: 
— Glaucium luteum. 
Papaver Rhœas. 
somniferum. 
—]JIpomoea purpurea. 
© Convolvulus-sepium. 
tricolor.i 
—Lavatera trimestris. 
Hibiscus Trionum. 
—Lychnis flos Cuculi. 
‘ Lychnis dioica. 
—— calcedonica. 
—— viscarla. 
Cucubalus Behen. 
Silene nutans. 
—Lychnis viscaria. 
Lychnis Flos Cuculi. 
dioica. 
—Malva mauritianafl. alb. 
Hibiscus Trionum. 
Lavatera trimestris. 
—Malva mauritiana fl. rubr. 
Hibiscus Trionum. 
—Nicandra physalodes. 
_ Capsicum annuum. 
Physalis angulata. 
—Nicotiana hurüilis. 
Nicotiana lanceolata 
Langsdorfi. 
Nicotiana marylandica. 
—— quadrivalvis. 
Hyoscyamus pallidus, 
—Nicotiana lanceolata. 
*  ‘Nicotiana humilis. 
Langsdorfi. 
macrophylla. 
paniculata. 
petiolata. 
quadrivalvis. 


em 
S © C1m © 
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( 


8. 
4. 


we Sn so 


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- . L . . . 


120 ) 
—— rustica. 4: 
Datura laevis. 3. 
Metel. | 
4. | —Nicotiana Langsdorfi. 
Nicotiana humilis. 3. 1. 
x. —— lJanceolata. 5. 
x! —— macrophylla. 9. 
—— marylandica. 19. 5. 
de —— paniculata. 2. 5. 
—— pumila. Deus 
—— quadrivalvis. 9. r. 
——  rustica. 1% 
—— Tabacum. DAT 
1: Hyoscyamus agrestis. 5. 
1. —Nicotiana macrophylla. 
Nicotiana Langsdorfii. 4. 3. 
——  paniculata. k 4e 
——, quadrivalvis. 4. 2. 
——  rustica. 4. 3. 
—— Langsdorfi. 
"0 —— Talend 7° 
—— quadrivalvis. 
1. —— paniculata. }r- “4 
—Nicotiana marylandica. 
1. Nicotiana Langsdorfi. 11. 3. 
I. —— macrophylla. 1. 1. 
4. —— paniculata. Je 0e 
7: —— quadrivalvis. 7. 5. 
7. —— ASE Ho uTe 
—— pumila. 
— rade, }r. "À 
Datura laevis. 4. 3. 
—— Metel. 3. 3e 
1. | —Nicotiana paniculata. “4:71 
Nicotiana Langsdorfi, 8. 3. } 
—— macrophylla. 4. 4. 
——  marylandica. 5. 2. 
——  petiolata. 7. 5.1 
—— pumila. 2:bite 
—— quadrivalvis. 12. g 
—— rustica. 8. 5. 
5. —— Tabacum. 2.11 
5. | —Nicotiana petiolata. | 
1. Nicotiana humilis. CE | 
2. —— Langsdorfi. 4. r.! 
2. —— paniculata. 3. a 
—— pumila. ni 1.0 
Ke —— quadrivalvis. 4. | 
1. —— rustica. 2. 148 
1. | —Nicotiana pumila. "| 
2. Nicotiana Langsdorfii. 2. 1. 
1. paniculata. 2: 244 
3. —— quadrivalvis. 2. 24 


(C'imay) 
Datura laevis. 4. & ——. quadrivalvis 
Hyoscyamus agrestis. D, 5. —— rustica. } er 
--Nicotiana quadrivalvis. —Papaver Rhoeas. 
Nicotiana humilis. CARE Chelidonium majus. 25e 
—— Langsdorfi. 7. 7.|—Papaver somniferum. 
—— RÉ LS La 3. 2. apaver Rhoeas fl. simp. 6. 6. 
—— marylandica. 1. 1. plen. 5. 5. 
—— paniculata. 2 Chelidonium majus. 4. 4. 
—— petiolata. Sets Glaucium luteum. L'ER © 
—— rustica. 3. 2.] —Physalis angulata. 
Hyoscyamus pallidus. 2. 1. Physalis barbadensis. 4. 1. 
—Nicotiana rustica. Nicandra physalodes. 6. 
Nicotiana Langsdorfi. 13.6. | —Physalis CA 27: pen 
——  marylandica. 3. 2. hysalis angulata. 14. 
—— paniculata. 4. 4. | —Silene nutans. 
——  petiolata. Te Je Cucubalus Behen. ! D. 
quadrivalvis. 7. 7 Lychnis dioica. 3e 
Datura laevis. OM —— flos cucali. 3. 
——  Metel. JUUx. —— viscaria. 2: 
Hyoscyamus pallidus. 1. 1.| © Zea Mays sem. luteo. 
. —Nicotiana Tabacum. Zea Mays sem. rutilo. 2. 2. 


2. cinereo. 2. 2. 
1.| Zea Mays sem. rutilo. 

3. Zea Mays sem. luteo. 2. 2. 
I 

1 


Nicotiana lanceolata. _—— 
© —— Langsdorfii. 


2 
2 
—— paniculata. 4. 
I 
2 


cinereo. 2. 2, 


—— quadrivalvis, 


—— rustica. Zea Mays nana. 


Zea Mays sem. rutilo. 14. 1. 


. Les fécondations hybrides offrent à la vérité des diffi- 
cultés ; cependant leur exécution est plus facile , surtout 
chez une grande partie des végétaux qui viennent d’être 
nommés , que ne semblent le croire beaucoup de natura- 
listes. Avec quelque constance, de l’exactitude et un lo- 
cal favorable, on ne tarde pas à acquérir une certaine 
habileté qui assure un bon succès dans la plupart des 
cas. Cependant nous croyons devoir conclure des expé- 
riences que nous avons faites jusqu'ici, que des fécon- 
dations hybrides ne doivent s’opérer que très-rarement 
dans la nature libre; car l'influence du pollen propre 
est tellement prépondérante sur celle même d’une grande 
masse de pollen étranger, d’une espèce quelque voisine 
qu'elle soit, qu'une quantité microscopique du pollen 
propre anéantit complètement l’action du pollen étran- 


( 122 ) 


ger. Cette loï ne souffre peut-être d'exception que dans 


les variétés, surtout des végétaux cultivés, où elle est : 


alors modifiée par des lois plus élevées de la végéta- 
tion. 

Une remarque généralement applicable et qui pourra 
être utile aux naturalistes qui se proposeraïent d’entre- 
prendre des expériences de cette nature, ou d'autres 
analogues , c’est celle de la fécondation dansles fleurs , et 
de tous les phénomènes qui s’y rattachent; par exemple, 
la maturation des anthères et du pollen , la puberté du 
stigmate, le développement et lépanouissement de la 
fleur sont singulièrement favorisés et accélérés par la 
chaleur du soleil, ce qui fait aussi que la plupart des 
fleurs sont fécondées long-temps avant l'épanouissement 
de la corolle(r}; sur le cucubalus behen , par exemple, 
lorsqu'il fait un temps chaud, ceci a quelquefois lieu 
deux et même trois jours avant ouverture de la corolle. 
Sous l'influence de la chaleur du soleil et d’un temps sec 
les anthères mûres sont tellement sensibles, qu’elles se 
crèvent et expulsent le pollen au plus léger attouche- 
ment, La pluie et un temps humide retardent au contraire 
beaucoup tous ces phénomènes ; aussi nous nous sommes 
fréquemment servi d’un léger arrosement répété sur les 
fleurs pour retarder la maturité du pollen , dans les mo- 
mens Où nous manquions précisément de stigmates pro- 

(1) M. Gærtner nous paraît trop généraliser ce fait. Dans un grand 
nombre de plantes, au contraire, la fécondation n’a lieu qu'après l'é- 
panouissement et même après la défloraison de la corolle : l'opinion de 
l’auteur a probablement, été fondée particulièrement sur l'observation 
des Solanées et des Caryophyllées, dans lesquelles , en effet, la fécon- 


dation s'opère avant épanouissement de la corolle ; mais c’est une ex- 
ception à ce qui a lieu dans la plupart des autres familles. R. 


( 123) 

pres à la conception, pouï faire une expérience posi- 
tive, es, 12 
- Le pollen propre appliqué à l’aide du pinceau s'at- 
tache très-facilement et fermement au stigmate suseep- 
tible de conception , au point qu’il devient difficile de 
l'enlever dé nouveau sans lésion de ce dernier. Il en est 
autrement du pollen étranger : il arrive fréquemment 
que le stigmate ne s’en charge que diflicilement et avec 
lenteur, même quand il serait recouvert d’une humeur 
visqueuse. L'aflinité plus ou moins grande des espèces 
réunies donne en cela une différence fort marquée; le 
pollen d'espèces très-voisines s'attache plus facilement ; 
celui de genres différens ne tient guère qu'avec beaucoup 
de peine (1). : 

Mais la réception du pollen étranger dépend aussi em 


_ partie de la maturité du pollen Wui-mème, et en partiede 


celle du stigmate. Le pollen est à l'état de maturité lors- 
qu'il sort de l’anthère qui s’est ouverte naturellement ; la 
puberté du stigmate se reconnaît à la plénitude, la fraîcheur 


et l'humidité de celui-ci, Dans la grande majorité des 


cas , cet état des deux organes de la fécondation paraît 


(x) I est singulier que M. Gærtner ayant remarqué l’adhérence qui 
existe entre le pollen et le stigmate lors de la fécondation , n'ait pas 


. cherché à déterminer quelle en était la cause; il paraît l’âttribuer uni- 


quement au liquide visqueux qui recouvre le stigmate, et il est difficile, 


dans ce cas, de concevoir pourquoi le pollen étranger adhère moins fa- 


cilement que le pollen propre ; s’il avait disséqué le stigmate dans ce mo- 
ment , il aurait vu que chaque grain de pollen est fixé sur le stigmate par 
un tube membraneux qui, sortant de son intérieur, pénètre dans le tissu 


du stigmate et y porte La substance fécondante. Nous avous fait sur ce 


sujet une série nombreuse d’ebservations, dont nous avons présenté les 


résultats à l’Académie des 8ciences, et que nous publierons incesssam- 
ment. ù K. 


(124) 


avoir lieu simultanément, et la maturité du pollen, regar- 
dée presque généralement comme précédant la puberté d& 
stigmate , ne semble être qu’apparente, ou bien la diffé- 
rence paraît n'être que très-légère. Des obsérvations ré- 


pétées nous ont appris que la fécondation des fleurs dioï- 


ques, dans lésquellés le style et le stigmate deviennent fré- 
quemment plus apparens après la dispersion du pollen , 
s'était déjà opérée depuis long-temps. Cet accroissement 


des parties femelles nous semble précisément être ,'dans 


beaucoup de cas, une preuve que l'acte de la féconda- 
tion a eu lieu, et que l'ovaire commence à se dévelop- 
per. Lorsque les parties de la fécondation sont réunies 
les unes et les’autrés dans uné seule et même fleur ; la 
maturité du pollen et la puberté du stigmate coincident 
dans une seule et même époque. Mais , de même que la 
maturité du pollen se laisse un peu retarder, par exemple, 
par l'humidité, de même aussi la faculté de concevoir 
peut être rendue plus durable dans le stigmate par des 
moyens artificiels. | s 

La première série de nos expériences donnera en son 
temps des notions plus précises à ce sujet. 

La faculté fécondante du pollen et la différence dans 


la durée de cette faculté ne peuvent pas être traitées 


ici; nous faisons seulement la remarque qu’elle‘ dif- 
fère beaucoup chez différens végétaux; elle paraît ne 


durer qu’un petit nombre d'heures chez quelques-uns , et 
1 P q 


plusieurs jours et même plusieurs semaines chez d’autres." 


La puberté et l'aptitude à la conception se manifes- 
tent dans le stigmate , comme il à déjà été remarqué, par 
l'aspect plein, frais et humide de ce dernier. Chez un 


grand nombre de végétaux , un suc visqueux , limpide | 


: { a25) 
{acidule? ), s’exsude à la surface du stigmate; c’est avec 
ce suc.que.se combine le contenu liquide du‘pollen. Cette 
exsudation humide cesse lorsque la fécondation s’est exé- 
cutée complètement; mais, dans. quelques espèces de 
plantes (surtout chez les Nicotiana rustica, N. langs- 
dorfii, N. paniculata, etc:\), dans les cas de féconda- 
tion incomplète ou arrêtée, et dans quelques féconda- 
tions hybrides, elle persiste encore pendant plusieurs 
jours, et. en si grande abondance, surtout sous une in- 
fluence vive de la chaleur du soleil , qu’on peut quelque- 
fois enlever goutte à goutte cette humidité du stigmate, 
Ce phénomène se rencontre principalement sur des stig- 
 mâtes glanduleux ; sur ceux dont la surface est veloutée, 
comme, par exemple , dans les Datura ; les Physalis, 
les Nicandra ; dans les Graminées, les Malvacees , les 
Papavéracées , eic., cette secrétion est au contraire 
moins apparente, et consiste plutôt en une simple va- 
peur fort ténue qui occasionne la contraction de la mem- 
brane élastique du pollen , afin que le contenu liquide 
de celui-ci (mèlé à la vapeur du stigmate) puisse être 
reçu par les vaisseaux absorbans. 


Lorsqu'une fécondation hybride réussit, le pollen, 
appliqué sur le stigmate , disparaît plus ou moins promp- 
tement, suivant l’aflinité plus grande ou plus éloignée 
des espèces , et suivant la quantité plus ou moins grande 
du pollen qui se trouve sur le-stigmate. Cependant nous 
n'avons jamais pu observer en moins d’une heure et de- 
mie aucune diminution dans la masse du pollen, sur 
les plantes ci-dessus désignées. L'action de la chaleur 
du soleil favorise aussi ce phénomène d’une manière 
frappante ; mais jusqu'ici nous n'avons pas encore pu 


(326 ) 

réussir, à décider positivenient si les grains de pollen se 
vident avéc rapidité, comme le! prétend Hedwig, où 
bien si cela ne se fait qu'avec lenteur, comme Kolbeuter 
l’a assuré. Dans un très-Brand nombre dé cas, surtütt 
lorsque 6 stigmate n’exsude point de liquide sons forme 
de gouttes, ete. (£’est ce quia lieu chez la plupart dés 
végétaux) , la (sortie du contenu liquide du pollen ne se. 
fait que lentement. Après un temps plus ou moins long, 
on ne découvre plus; à l’aide dumicroscope, sur lestigs 
mate, que de petites poches vides, de couleur éme ; dans | 
beaucoup de cas nous avons aussi vu', après un intervallé 
de trois-quarts d’héure jusqu'à une heure ét dernie;, lé. 
pollen: devenir terne; et: se décolorer enfin toùt-à fait 
après ui temps plus long; c’est ainsi, par exemple; que 
le pollen bleu du Nicotiana Langsdo fit devenait dat 
bord rougeàtre et enfin tout-àfait pâle. ru 

Lorsque la quantité de pollen appliquée suflisait il 
opérer Ja fécondation ; le pollen appliqué plus tard ess 
tait sur le stigmate! sans changer rii de forme, ni de cou 
leur; mais ous étions souvent obligé, dans la féconda 
tion hybride, d’appliquer du pollen à plusiours reprises 
aussi nous! a:t-il paru qu'elle exigeait ane quantité de 
pollen plus grande en proportion que là fécondation na 
turelle, ei que des espèces éloignées en demandaient unë 
quantité plus considérable que desespèces plus voïsines. 
Nous avons era remarquer en outre que le pollen ? 
appliqué plus abondamment et à plusieurs reprises , 
donné lieu à une fécondation pluscomplète, ’ésta-dirés| 
que non-seulement lés fruits, mais aussi les semieticésl| 
en sont devenus plus pese et ces dernières plus nor 
breuses. pl 


‘ 


Caa7 ) 

Malgré cela; l'application la plus abondante et faite 
au temps le plus favorable produisait à la vérité des 
fruits parfaits, mais jamais le nombre normal de se- 
meuces mûres ; il n’y avait que les espèces extrêmement 
voisines entr'elles, comme par exemple celles des, Da- 
tura, qui faisaient ici une exception. 

Dès que le stigmate ne reçoit plus le principe féton- 
dant du pollen , et que, par conséquent, la fécondation 
peut être regardée comme accomplie, son Aspect de frai- 
cheur se perd, il se rapetisse, se fane, se ternit, se 
ride , devient sale, tacheté, sec, et prend enfin une cou- 
leur brune-noirâtre; cette moruülication gradüelle du 
stigmate se propage ensuite, quoique beaucoup plus 
«tard, au style. Dans la fécondation ‘hybride; la vie di 
stigmate se conserve ordinairement plus long-temps; 
souvent celui-ci redevient humide après avoir absothé 
e principe fécondant du pollen; et ce phénomène est le 
signe de sa non-saturation par la matière fécondante, et 


d’une aptitude renouvelée à recevoir de nouveau cette 
matière; ce qui est clairement prouvé par la disparition 
du pollen appliqué de nouveau, jusqu’à ce qu'enfin te 
defnier reste saûs changement sur le stigmate, et que 
celui-ci perde sa couleur fraiche, sa forme, sa vie et son 
activité, l'a 

Dans quelques espèces ceue période ss’est prolongée 
jusqu’à durer troisjours, et cela surtout dans les cas où 
la fécondation avait lieu entre des plantes de genres dif- 
férens. et où en même temps le ciel était couvert de 
nuages. | 

Dans la fécondation naturelle, les phénomènes dont 
ils’agit suivent une marche bien plus rapide. Les chan- 


( 128 ) 


gemens du stigmate ont lieu en quatre-vingt-cinq à cent. 
minutes , sous les circonstances les plus favorables, te 


plus souvent en quelques heures, dans vingt-quatre’ 
heures au plus; il s'ensuit de là que la fécondation hy- 
bride s’opère avec plus de lenteur, et que le ‘pollen 
étranger, non-seulement n'accélère pas la fécondation, 
mais qu’il la ralentit plutôt ; celle-ci arrête manifeste- 
ment l’activité vitale des végétaux. | 
Quoique l’afinité des espèces entre elles détermine de 
préférence la disposition du ‘stigmate à recevoir un priu- 
cipe fécondant étranger , nous avons cependant fait, à cet 
égard, des observations qu’il serait peut-être dificile d’ex- 
pliquer par le principe de l’affinité. Ainsi | par exemple, 
le Nicotiana pumila, le Datura lævis. et le Lychnis 
flos cuculi se chargent facilement de pollen, étranger, 
même de, genres diflérens , tandis qu’au contraire le 
Nicotiana langsdorfii, le Nicotiana paniculata, le 
Lychnis viscaria et le Datura Metel ne sont point, ou 
du moins sont difficilement fécondés par le pollen étran- 
ger, surtout lorsqu'il provient de plantes d’un genre 
différent. 6.7 
Peut-être trouverait-on une raison de ce phénomène 
dans la difficulté que le contenu liquide du pollen éprouve 
à se combiner avec le fluide qui humecte le stigmate. 
Mais nous doutons que ce soit là toujours la cause uni- 
que; des circonstances accidentelles peuvent aussi avoir! 
exercé une influence sur le succès où l’insuccès de la 
fécondation. Des observations ultérieures pourront en+ 
core donner plus de lumière sur cet intéressant phénoë| 
mène. 
La corolle et les parties qui la remplacent sont une 


(159 ) 
autre partie essentielle de la fleur, et, par conséquent ; 
sans déûte aussi un organe nécessaire à la fécondation 
complète: L'observation rapportée plus haut, que la fé- 
côndation s'opère fréquemment, et dans beaucoup de 

fléurs, toujours avant le développement complet de Ja 
“corolle, parait prouver que cétte dernière n’exérce pas 
uné inflücenee #mimédiate sur ce pliénomène, surtout 
lorsqu'on se rappelle en oùtre que, non-seulement la 
formation ‘et Te développement des étamines et des an- 
thètes précèdent lx formation et le développement de la 
"corolle , mais qué l’épariouissement subséquent de ceile- 
ci et l’appañüoii ‘parfaite ‘de ses brillantes couleurs 
_ n'orit lieu que quand l’acté de la fécondation est décidé- 
ment'accompli, et ne coinecidènt peut-être entièrement 
avec Jui que dans un petit nümbre de cas: Dans nos ex- 
périeñcés , nous avons fait l'observation que la lésion de 
Ja corolle, divisé ) par éXemple’, dans:sa longteur pour 


opérer Ja castration des fleurs, ne nuisait pas'à là fécon- 
_dation ; une lésion même plus forte ou une destruction 
partielle n’a paru avoir aucune influencée tiuisible dans 
plusieurs cas. Ces circonstances pourraient rendre dou- 
teusé jusqu’à un certain point la ‘éonne*ion nécessaire 
dé la corolle et des ‘organes analogués avée l'acte de la 
“fécondation. On ne saurait prendre ‘ici en considéra- 
tion quelques dispositions organiques accidentelles , 
“elles que la fonetion de presser des anthères contre 
Me’stigmate, celle de protéger les parties essentielles de 
la fécondation contre les influences extérieures nui- 
‘sibles. F4 
Il ne nous reste donc autre chose que d'observer les 
changemens que la corolle éprouve après la fécondation, 


X, 9 


( 130 ) 


pour mieux apprendre à connaître sa nature et la cor< 
nexion dans laquelle elle se trouve avec cet acte. 

Dans la marche naturelte de la fécondatiôn , la corolle 
conserve encore , pendant quelque temps, son aspect de 
fraîcheur et de vie lorsque les anthères ont déjà perdu 
leur pollen; elle tombe alors ordinairement sans se dété- 


riorer et semble ainsi, en se détachant de son point d'in: ! 


sértion ; être éliminée par l'ovaire qui vient d’être vi- 


vifié. 


C'est un fait connu depuis long-temps que cetie sépa- 


ration a lieu d'autant plus nettement et plus prompte- 
ment que la fécondation a été plus parfaite ; ce qui a sur- 
tout lieu dans un temps chaud ét sous l'influence d’abon: 
dans rayons solaires. Il en est autrement dans la fécon- 
dation hy bride. 

Il est assez rare, dans les cas de fécondation hybride, 
et même de toute autre fécondation incomplète, que la 
corolie tombe dans son état d’intégrité; elle passe ordi- 
nairement à un certain état maladif; efle commence par 
perdre son aspect de vivacité, elle pâlit et devient mate ÿ 
tachctée par endroits ; elle se fane en partie, se dessèche 
et finit par être rejetée. C’est ce qui a lieu en 4-5 jours 
chez les Lychnis flos cuculi, L. viscaria et L. dioica ; 
en 3-4 chez les Dature; en 5-7 chez la plupart des es- 
pèces de Nicotiana. Maïs la corolle a aussi, dans ces 
cas, une durée plus longue, comme Kclreuter et Mauz 
l'ont déjà observé ; car, dans les Lychnis, les pétales torn- 
bent souvent déjà le second jour après la fécondation na- 
turelle; dans les Datura la corolle tombe également le 


second jour, et dans les Nicotiana , du troisième au qua- 


trièrne. 


NT er ) 

Nous avons empèché entièrement la fécondation sur 
des individus de Nicotiana rustica et de N. Langsdor- 
fit, et par là nous avons prolongé la vie de da corolle 
et l'aspect frais du stigmate chez la prémièré , Jusqu'à 
dix, et, chez la seconde mème jusqu'à quatorze jours, 
après lesquels seulement toute la corolle tomba décolo- 
rée et gatée. Souvent cependant , lorsque la fécondation 
a totalement manqué, toute la fleur tombe du 5° au 6° 
jour chez les Nicotiana, du 8° au 10° chez les Datura, 
phénomène dont la cause nous est encore cachée. 

Les faits rapportés sembleraient faire croire que ‘la 
corolle est plutôt destinée à la vie et à l’activité du stig- 
mate et du style-qu'au développement et à la nutrition 

des ‘étamines, si la conexion organique éloignée du 
| pistil et de la corolle en général, et d’un autré côté l’or- 
ganisation identique de la-corolle et des étarines éhez la 
plupart des végétaux ; ainsi que leur ‘ünion intime et leur 
adhérence mutuelle dans'un grand nombre d’entre eux, 
ne s'opposaient à cette hypothèse. Des expériencestet des 
observations répétées sur différentes éspèceside fleurs 
fourniront sans doute encore plus de lumières sur cé 
sujet. 


La sécrétion du suc miellé se fait dans la plupart des 
_ fleurs pendant les progrès du développement de la co- 
rolle et avant l'épanouissement de celle-ci , et dure en- 
core quelque temps après que la fécondation a eu lieu 
(pendant deux ou trois jours dans les Vivotiana et dans 
les Datura ). 

Nous avons vérifié l'observation faite par Koelreuter, 
que les insectes qui vont chercher du miel ne fréquen- 
| -tent que rarement les fleurs fécondées artificiellement ; 


(ua) 


nous croyons trouver la cause de ce phénomène dans la 
privation de ces fleurs de leurs anthères et de leur pol- 
len qui airaient princi palement les insectes. 

\ 


Le dépérissement et la chute de la corolle sont les pre- 
miers signes de la fécondation accomplie ; mais, à l’excep- 


ion de ce phénomène, nous ne remarquons à cette épo- … 


que aucun autre changement dans les parties qui sur- 
vivent à la fleur; il n’y a que l'aspect frais du calice et 
de l'ovaire qui prouve que leur végétation continue. Le 
pédoncule,du nouveau fruit et le calice sont les parties 
sur lesquelles on croit d’abord remarquer quelqu'accrois- 
sement , tandis que l'ovaire lui-même ne montre aucun 
signe visible d’un changement.qui s’y serait passé. L’ai- 
longement et l’épaississement du pédoncule, mais sur- 
- tout le développement de l'articulation pédonculaire , 
paraissent;être les premiers signes manifestes de l’ac- 


croissement commençant du fruit naissant. 


Ce n’est qu'après un intervalle de plusieurs jours, : 


suivant la différence de la période nécessaire au déve- 
loppement parfait et à la maturation d’un fruit, qu’on 
remarque une augmentation à peine sensible dans les 


dimensions de l'ovaire, en même temps que le calice ! 


continue à s’accroitre. 


Cet état stationnaire apparent dans la croissance ét | 


dans le développement du jeune fruit pendant les pre- 
miers jours qui suivent la fécondation est plus frappant 
encore dans la fécondation hybride que dans la fécon- 
dation naturelle. Dans quelques fruits dont la matura- 
tion exige un temps assez long, cet état est si marqué, 
que nous craïgnions la chute du fruit depuis long-temps 


dépouillé de sa corolle, lorsque le lendemain, après avoir 


ne 


(133) 


en quelque sorte terminé une lutte extérieure et vaincu 
un obstacle évident, il commençait à montrer décidé- 
ment de l'accroissement. Lorsque les semences sont vi- 
vifiées , l’activité intéricure paraît se répandre sur l’en- 
semble, et pour exciter cette activité vitale , ‘une cer- 
taine période déterminée est évidemment nécessaire. 

À dater de cette époque , lejeune fruit continue à aug- 
menter son volume én proportion de ses différentes di- 
mensions; les parties accessoires du péricarpe, telles, 
par exemple, que le calice, se pcrfectionnent et s’ac- 
croissent dans la même proportion jusqu’à ce que le fruit 
ait atteint son développement et son volüme parfaits. Le 
fruit reste alors de nouveau stationnaire pendant quel- 
que temps, et toute l’activité végétative se dirige évi- 
demment vers l'intérieur , vers le perfectionnement et la 


| maturation des semences, et surtout de l'embryon. Dès 
que ceci à lieu, que les semences prennent de plus en 


plus leur couleur et leur degré de solidité ;'et l'embryon 
sa consistance , les-fruits commencent aussi à diminuer 
de volume, les enveloppes se dessèchent et facilitent 
aux semences leur sortie pour les mettre en état de com- 
mencer une nouvelle vie. 

_ L’accroissement et le développement des fruits prove- 
nant d’une fécondation hybride, une fois commencés , 
on n’observe plus, relativement au temps et'au mode 
de l’accroissement , de différence entre ces fruits et ceux 
qui proviennent d’une fécondation naturelle. La période 
de maturation des fruits hybrides est donc de quelques 
jours plus longue et plus tardive, les circonstances exté- 
rieures d'ailleurs égales, que celle des fruits naturels. 
Ces jours correspondent à la durée plus longue de l'acte 


(154) 


de la oondirion et au retard occasioné par le trouble 
introduit dans la végétation. 

… Mais il existe plusieurs degrés dans la fécondation hy- 
bride , et l'on observe, tant dans les fruits que dans les 
semences, de grandes différences dans le développement 
de leurs diverses parties, en raison sans doute de l’in- 


fluence et de la distribution plus ou moins parfaite, par- * 


tielle ou générale, du principe fécondant du pollen sur les 


ovules. Kœlreuter a également observé ce phénomène 


auquel il donné le nom de fausse fécondation (4fterbe- ; 


fruchiung ). (Voyez ses notices préliminaires , page 43, 
et la continuation de ces notices page 68.) Dans le de- 
gré le moins parfait de la fécondation, la force végétative 
se borne à l’accroissement du calice jusqu’à ses dimen- 
sions normales , tandis que l'ovaire ne se développe pas. 
Un degré de fécondation un peu plus parfait a pour efet 


un développement plus ou moins marqué du péricarpe ; 


mais les semence n’y participent pas, ou du moins en 
petit nombre et fort imparfaitement. De cette manière 
la graduation s'élève jusqu’au développement, en appa- 
rence complet , de toutes les parties; les semences mêmes 
ont en partie alteint leur grandeur naturelle, mais elles 
sont sans embryon. 

Le nombre plus ou moins grand de semences dans un 
fruit peut être regardé en général comme le résultat prin- 
cipal d’une fécondation plus ou moins complète. Cepen- 
dant la fécondation naturelle, la plus complète même, 


paraît être insuffisante dans les fruits polyspermes, comme. 


par exemple dans les Nicotianes, les pavots, pour fécon- 


der tous les ovules contenus dans l'ovaire. Dans un grand 


nombre de genres et d’espèces de végétaux, il y a même 


: 


( 293 ) 

. desavortemens naturels et constans parmi le$ semences. La 
fécondation hybride se montre encore icr, ainsi que dans 
les circonstances déjà mentionnées, comme un acte in- 

. complet ; car, à l'exception des espèces du genre Datura 
(que Koælreuter ne voulait, pour cette raison, regarder 
que comme des variétés), nous n'avons jamais obtenu, 
sur les végétaux que nous avons soumis à la fécondation 
hybride, le nombre de semences qu'une fécondation na- 
turelle produit ordinairement , quand mème elle serait 

-moins complète. Mais l'expérience nous a montré que 
des fécondations, souvent répétées, et par conséquent 
aussi une plus grande quantité de pollen appliquée sur 
le stigmate, donnent aussi lieu au développement d’un 
plus grand nombre de semences. Cette loi est cependant 
subordonnée à celle de l’afinité des espèces, comme 
on vient de le remarquer à l’occasion du genre Datura. 

Quelques exemples pourront éclaircir ceci : des fruits 
parfaits obtenus après la fécondation naturelle sur les 

… Datura lævis-et D. metel conteraient , sans aucune 
trace des semences non développées, cinq cent quatre- 

vingt jusqu'à six cent cinquante semences parfaites. Un 
fruit hybride du Datura metel 4 avec le D. lævis 
contenait , après une seule fécondation, six cent quarante 

| semeuces nen moins parfaites; un autre fruit du Datura 
lœvis $ avec le D. metel & n’en avait que deux cent 
quatre-vingt-quatre; un fruit du Datura lævis g avec 
le Vicotiana rustica ÿ, après une fécondation deux fois 
répétée avec le pollen, de huit fleurs ou de quarante 
anthères chaque fois, ne contenait que cent huit se- 
mences , parfaites en apparence , et pourvues d'un em- 
bryon complètement developpé. Un fruit très-parfait du 


( 156 ) 


Nicotiana macrophylla contenait deux mille quatre 
cénts seize semences parfaites, avec un grand nombre 
d’autres qui étaient pulvérulentes ; un fruit du Vicotiana 
macrophylla $ fécondé une seule fois avec le Vicotiana 
quadrivalvis & renfermait six cent cinquante-huit se- 
mences müres en apparence ; un fruitdu Papaver som- 
niferum contenait deux mille cent trente semences; un 
fruit hybride de cette espèce, produit avec le Glaucium 
luteum +, ne contenait que six semences , quoique la 
fécondation eût été répétée trois fois. 

Un autre signe auquel on reconnait que la fécondation 
hybride a réussi, c’est la maturité et la perfection des 
semences. 

Ilyaici également des différences notables. 

On sait que, pour être parfaite, une semence ne doit 
pas seulement avoir un certain volume et un bon aspect 
extérieur, mais qu’il faut en outre pour cela la présence, 
l'intégrité et la vie de toutes ses différentes parties, qui 
forment un ensemble inséparable par lequel la produc- 
tion d’une nouvelle plante est rendue possible dans des 
circonstances favorables. 

Fréquemment cependant la fécondation hybride a 
pour effet la formation de semences qui ressemblent à la 
vérité à des semences parfaites, quant à leur apparence 
extérieure, mais dans lesquelles on ne trouve, en les 
examinant de plus près , que les enveloppes extérieures ; 
quelquefois même elles possèdent un embryon, mais qui 
n'est pas susceptible de se développer par la germination. 

Ainsi que les fruits , les semences parviennent aussi, 
après la fécondation hybride, suivant différentes circon- 
stances , à différens degrés de développement, et nous 


(133 ) 


croyons y avoir observé la même loi que pour les fruits, 
c’est-à-dire que les parties externes sont formées avant 
les internes. Dans les semences des Datura , par exem- 
ple, on ne peut distinguer l’embryon (quoiqu’à peine 
sous forme d’une masse demi-liquide), que lorsque les 
semences ont presque déjà atteint leur grosseur normale, 
vers le trente-sixième ou quarantième jour environ après 
Ja fécondation. 

Il a déjà été remarqué qu’un fruit, parfait en appa- 
rence , ne peut pas faire conclure avec certitude la per- 
fection des semences; quoique les deux choses se trou- 
vent souvent réunies ; car nous avons trouvé assez fré- 

‘quemment qu’un fruit petit et de peu d'apparence con- 
tenait cependant des semences parfaites et propres à la 
germination. Une des causes principales de ces différen- 
ces parait résider dans l’inégale distribution du prin- 
‘cipe fécondant sur les ovules; peut-être la quantité du 
h pollen , la différence dans le degré de maturité des par- 
ties de la fécondation employées de l'un et de l’autre côté 
n’y sont-elles pas d'une moindre influence, etc. Des re- 
cherches futures devront d’ailleurs donner des éclaircis- 


semens plus précis sur cet objet. 

: Une remarque que Koælreuter fait, en passant, dans 
. sa notice préliminaire , p. 39, où il dit : « Quoique je 
n’eusse guère pu, découvrir de choses particulières ou 
étranges sur les semences obtenues par la fécondation 
hybride, j'avais cependant trouvé une différence notable 
entre les semences normales et celles qui ont été obtenues 
artificiellement, » et l’assertion claire et positivement 
exprimée de M. le docteur Mauz ( feuille de corres- 
pondance de la Société d'Economie rurale du Wurtem- 


(138) 


berg, t. 6, p. 145), qui dit ayoir obtenu un grand 
nombre de fruits différens par la forme et les couleurs , 
sur un jeune poirier dont un grand nombre de fleurs 
avaient subi l'opération de la castration, dans la vue de : 
les faire féconder par le pollen de plusieurs poiriers 
voisins qui étaient également en fleur , sont en contra- 
diction directe avec nos expériences relatives au mode 
d’action du pollen étranger sur les fruits et les semences 
dans les cas de fécondation hybride, Engagé par d’autres 
phénomènes que nous avons observés sur le Zea mays, 
nous avons entrepris une série d'expériences. pour ré 
pondre à la question : si le pollen étranger exerce ou 
n'exerce pas une influence immediäte sur La manière 
d'étre extérieure des fruits et des semences qui sont le 
résultat de ces fécondations ? Il en a déjà été question 
plus haut. Ces expériences n’ont point donné jusqu'ici 
de résultats décisifs; au contraire, nos expériences sur Ha 
fécondation hybride nous ont déjà donné quelques éclair- 
cissemens sur le mode et sur les limites de l’action que 
le pollen étranger exerce sur la formation des fruits et 
des semences futures. 

En mettant l'attention la plus scrupuleuse dans l’exa- 
men des fruits et des semences oblenus par nos féconda- 
uons hybrides , nous n'avons rOUVÉ aucun changement 
ni dans la figure, ni dans la couleur, ni dans aucune 
autre propriété extérieure des fruits et des semences dé 
. La plante-mère. Les fruits ,einsi que les semences , sout 
bien différens entre eux, relativement à leur volume et 
à leur forme , dans les Datura et dans les Nicotiana, 
dans les Jusquiames et les Nicotiana, dans les Pavots et 
les Chelidoines , et même dans le Nicotiana quadrival- 


( 159 ) 

vis, le Micotiana langsdorfii et le N. paniculata, 
dans le Silene nutans , le Cucubalus behen et le Ly- 
* chuis flos cuculi, et cependant on ne pouvait découvrir 
la moindre différence ni dans la forme ni dans le vo- 
lume , ni dans la couleur des fruits et des semences ob- 
tenus par fécondation hybride sur les espèces désignées, 
et comparés avec les fruits et les semences de la plante- 
mère. L'examen anatomique, même le plus soigné et le 
plus attentif, des semences du Datura lævis g avec le Ni- 
” cotiana rustica ne put faire découvrir entre l’embryon 
parfaitement développé provenant de cette fécondation , 
et celui du Datura lævis engendré par la fécondation 
normale , la moindre difiérence dans les rapports exté- 
rieurs. L'influence du pollen étranger ne change donc 
rien dans les formes extérieures propres à la plante- 
mère, ni dans les qualités extérieures des fruits, des 
semences et méme de l'embryon ; cette influence ne 
fait que donner à ce dernier la faculté de produire, 
par la germination et par le développement ultérieur 
de la nouvelle plante, une combinaison intime de la 
forme des parties des deux espèces qui ont concouru à 

sa production. | 
L'esprit observateur si exercé et si pénétrant de 
Koælreuter rend tout-à-fait invraisemblable la supposi- 
tion que la différence des fruits et des semences à la suite 
. de fécondations hybrides , par exemple, entre le Mico- 
tiana rustica et N, paniculata , eût pu lui échapper 
. dans des expériences et des observations continuées pen- 
dant des années , et très-exates., si un changement dans 
la forme des semences de la plante-mère avait réelle- 
ment eu lieu, Cependant , à l'exception du passage cité , 


(140 ) 
Koœlreuter n’a fait mention dans aucun autre endroit. 
de ses observations publiées sur cette matière , d’une 
pareille transformation , attendu que, dans la continua-- 
tion de la Notice préliminaire ,'p. 10 et p. °3 , et dans 
d’autres endroits , il parle expressément de semences 
qu'il a obtenues des espèces de Micotiana déjà dési- 
gnées ; mais, sans rien dire d’une différence relative à 
leur forme. Nous-pensons donc que les expressions rap- 
portées n'ont été qu'une suite de la première surprise” 
que lui avait causée le succès de son expérience. 

Quant à l'expérience de M. le docteur Mauz, nous 
n'oserions décider si le résultat mentionné a été une 
suite de l’influence du pollen étranger , où bien de cir- 
constances qui n’ont eu aucune connexion avec la ‘fé- 
condation. Nous sommes encore bien plus loin de 
mettre en doute le fait lui-même, puisque dans les 
ouvrages pomologiques nous trouvons plusieurs faits, 
qui constatent qu'une seule et même branche peut por- 
ter des fruits différens en grosseur et en couleur, sans 
qu'ont ait enté préalablement sur elle différentes greffes. 
Nous rangeons plutôt ce phénomène dans une même 
série avec d’autres qui lui sont analogues, mais qui 
n’ont pas le moindre rapport avec la fécondaiion ; savoir, 
avec ceux où les différentes branches d’un même pied 
portent des fleurs et des fruits de différente couleur. 
C’est ainsi que nous avons vu se développer sur un 
pied de Pelaïrgonium zonale à feuilles vertes, une 
branche qui s’est conservée pendant plusieurs années 
avec des feuilles à bordure blanche et avec des fleurs” 
d’un rouge plus saturé ; de plus , nous avons vu pousser 
sur des giroflées et sur des œillets des branches por-\ 


(141) 
tant des fleurs très -diflérentes pour la couleur de 
celles que portait le reste du pied, etc'était sur des in- 
dividus à fleurs simples que nous avons observé ce phé- 
nomène dans les. deux, espèces. Nous n’osons aflirmer 


si la culture exerce une influence sur ce phénomène 
remarquable, ni préciser quelle est cette influence ; 
toutefois. ce n’est pas du moins à elle seule. qu’on peut 
en attribuer la cause; c’est ce que nous apprendun fait 
que nous avons, observé sur une plante sauvage, la 
millefeuille, qui avait poussé de la même racine desitiges, 
à fleurs blanches et d’autres avec des fleurs. fortement 
rosées. La notice succincte de M. le docteur Mauz, dont 
il a été question, nous laisse, en outre, dans l’incerti- 
tude, si les fleurs du poirier qui avaient subi la castration. 
avaïent été marquées où non; et-pountant celle précau- 
tion est indispensable dans des expériences de cette na- 
ture pour prévenir toute espèce d’équivoque, 

|. ILrésulte doua des expériences. que nousavons faites 
jusqu'ici, que,le pollen. étranger, dans la fécondation, 
hybride, ne peut accélérer ni le temps de la maturation 
en général , ni.changer la forme. et. la jouleur. des fruits 
et des semencès de H plante-mère; etil.en résulte éga- 
lement que le pollen d'une espèce à, période.de matura- 
tion plus longue .ou plus courte ne;.fait point, passer 
lune ou l’auré,de ces qualités à la plante-mère:,, en 
d'autres termes que cette dernière conserve la {période 
de maturation ordinaire pour ses fruits, quelle que soit 
d'ailleurs l'espèce dont le pollen a été pris pour être ap- 
pliqué sur le stigmate de la première. Ainsi, par 
exemple, les fruits du Vicotiana paniculata de la liste 
donnée plus haut, murissaient trente - deux à trente- 


U 


(142) 
quatre jours après Ja fécondation accomplie ; ceux dar. 
Nicotiana Langsdorfii, en tente-six à qüarante jours 3 
ceux du N. quadrivalvis, én quaranté-cinqç à quarante’: 


huit; ceux du N: fumilis; éh quaranté-sept à cinquante ; 
ceux du W. rusticà, én quaranté-neuf à tinquante-deux ; 
ceux du. ar éph rllà ; ext soitarité, à soixarite:dix ; 
ceux des Datura en soixante-dix-huit à pe MR 
dix, ‘étee | 

Après avoir” cherché, dans ce qui j-btOREs à déduire 
dés phiénomènés que nous avons décrits, l’action du pol: 
leñ sur le stigrate en général, son influènce sur la fé 
condation des semences et les limites dé son actioti sur 
la conformation extérieure des ‘seinences et sur la pé- 
riode de leur maturation; nous allons encore ajotttér 
quelques mots sur sa manière d'agir. déviéne 
clair ; par les faits rapportés plus hauts ‘que ; selon da 
nature et l’individualité du végétal qui doitêlre fécondé } 
il faut-une périodé plus où moins longue pour le 86 
jour du pollen sur le stigiate; qu'un temps plus long. 
est nécessaire pour la fécondation hyb#de: qüe pour-la 
fécondation-noimiale :nous concluëns de à. que la fe2 
condation des semences par le pollenn'a pas lieu par 
uñe action instantanée , analogue ; pdr évetiples à La) 
matière électrique ; mais par üné ackiou' continué! E 
résulté ,; de plus, des faits rapportés plus haut que lé 
pollen doit expulser son contént ; se mettré en Contact 
intime avec le stigmate, se combiner avec l'humeur sé: 
crétéé À la surface de ce dernier ét péñètrér dans l'in2 
térieur de l'ovaire par lés vaisseaux du étigmate si 
uné fécondation réelle des semences doit avoir Heu 
qu'une plus graride quantité dé principe féconidant du 


(145) 

pollen féconde un plus grand nombre d'ovules ; que la 
| fécondation hybride exige une plus grande quantité de 
ialières ; enfin qué la distribution de la matière fécon- 
dante sur les ovules se fait inégalement : d’où il résulte 
que ; rnème dans la fécondation normale, une partie 
Seulement des ovules, et non pas tous, devient des 
séniencés parfaites. Nous concluons de ces propositions 
expérimentales : Que le principé matériel, le contenu 
liquide du pollen, parvient aux ôvules après s'étre 
combiné avec la matière liquide sécrétée sur le sig: 
mate , pour y donrnér naissance & l'embryon.) Or; 
l'expérience nous démontre aussi que l'embryon ne 
parait que plus ou moins long - temps après la fécon: 
dation, selon la nature du végétal ; l'absence ou la pré- 
sencé de l'albumen, ete. , ét qu'il se forme d'un liquide; 
ñous en concluons : que l’émbrjion ne préexiste: pas 
dans les ovules, mais qu'il ést au contraire un produit 
de la fécondation. 

Nous nous réservons la comparaison des phénomènes 
qui viennent d’être exposés avec ceux de la fécondation 
animale, lorsque tous aurons eu occasion de :eom> 
Muniquer au public lé reste de nos expériences y1et lé 
tout dans son ensemble. En vérifiant d’ælleurs dé:nou- 
veau cé que nous avons rapporté jusqu'ici, et én don- 
hant plus d'extension à cés expériences ; nousespérons 
pénétrer encore plus avant dans la nature de «es phé: 
nomènes remarquables ; jusqu’à cette époque , nous lais- 
sons à d'autres la liberté d’user à volonté de ces maté- 
riaux. / 

Nous ajoutons, pour notre justification, que nous 
n'avons fait usage des expressions , fécondation , con- 


(ag ) 


céplion:,-pubertc, ovaire | ovule ; etc, empruntées à 
là physiologie animale , qu’à cause de leur brièveté eb 
dela commodité de leur emploi, sans vouloir rien pré: 
juger par-là. Nous avons pensé que ces expressions , 
que tout le monde comprend, convenaient mieux pour, 
désigner certaines choses et certains phénomènes con= 
nus; que des noms nouveaux, grecs-latins ou, latins: 
grecs qu'il aurait fallu créer exprès ; et qui n'auraient. 


été familiers ni aux défenseurs ni aux adversaires de 
la sexualité des plantes, qui n'auraient enfin servi peut- 
être qu'à cacher une-nouvelle hypothèse. IL nous serait 
cependant désagréable d'avoir excité de nouveau, soit 
par les mots et les dénominations , en question, soit 
par la manière dont nous avons exécuté nos recherches, 
la suscéptibilité, et nous.pourrions presque dire l'hu- 
meur passionnée. de quelques naturalistes; nous décla- 
rorsen. même temps que nous admettrons volontiers 
les observations faites avec urbanité qu’on pourra nous 
adrésser. sur les imperfections de notre travail, et nous’ 
receyrons âvec reconnaissance la démonstration de quel- 
queerreur; mais nous ne ferons aucune attention à des 
iñsinuations injurieuses , inconvenantes et indignes d’un 
savant ; et nous suivrons encore ultérieurement, autant 
que!notre position isolée.et nos forces nous le permet 
tront;-le chemin de l'expérience et de l’observation 
fidèle de da nature vivante dans lequel nous sommes 
entrés. qù 9, ; à 
(Maturwissenschaftliche, Abhandlunger, Tubingen, 1820} 

tom. 1°’, 127 cahier. ) 


( 145 ) 
Nore sur le Sclerotium stercorarium. 


(Extrait d’une Lettre de M. Desmazière.) 


: Lille, le 30 décembre 1826. 
Je viens, de dire avec plaisir et beaucoup d'intérêt, 
dans les Ænnales des Sciences naturelles du mois d’oc- 
tôbre dernier , la notice de M. Durieu de Maisonneuve , 
. sure Pilobolus crystallinus de Tode, que Scopoli, 
dans sa Flora carniolica , publiée eh 1772, tome 17, 
p.494, signala le premier, je pense, sous le nom de 
Mucor obliquus. Bien que M. Durieu de Maisonneuve 
nous laisse ignorer la contexture de son pédicelle et de 
li membrane vésiculeuse qui en est une continuité bien 
qu’il se taise sur ce que l'oh peut voir sous la lentille 
dans le liquide qu elle contient; sur l'organisation in- 
time du corps charnu et noir (sporange ) qui la sur- 
monte; sur la forme et la grandeur de ses sporules , dont 
Bolton et. Neës ont donné des figures differentes et assez 


médiocres; enfin ; sur d’autres détails EAN 3 


+ 


- d'autant plus essentiels à connaitre qu’il n’est pas pos-, 


js sible aujourd’hui d'aborder avec assurance les familles 
des planies cryplogames aphylles sans avoir le micros- 
cope sous les yeux; la Notice dont il est ici question 
me paraît recommandable en ce qu’elle peut contribuer 
à fixer les opinions diverses que l’on à émises sur ce 
que devient , dans l'état adulte, le petit corps charnu, 
je veux dire sur la manière dont il se sépare du pédicelle 
renflé qui le soutient. 

Quoi qu’il en soit des omissions que je viens de faire 
remarquer, et qui sont importantes dans une Monogra- 


X 10 


( 146 ) 
phie (1), mon intention n’est pas de discuter ici plus 
au long des caractères du Pilobolus crystallinus , ni de \ 
chercher à déterminer sa place, encore très-incertainé 4 
Mis l'ordre naturel; je me propose de faire connaître 
plus tard les observations que je possède sur ce char- 
mant petit être; mon but aujourd'hui est de réclamer. 
en faveur du Sclerotiumn stercorarium , sur l'existence 
duquel M: Durieu de Maisonneuve conserve quelques 
doutes, en supposant qu’il pourrait bien n'être que le 
péridium du Pilobolus, observé après la disparition 
de son réceptacle fugace.. 

Malgré le nombre prodigieux des végétaux crypto: 
games dont on surcharge ; souvent mal à propos; leica- 
talogue des ètres naturels , je suis trop désireux d'y voir 
maintenir les bonnes espèces , les espèces bien caracté- 
risées ; pour ne pas prendre la défense de cette humble 
fongosité, et ne pas prouver que de Candolle , dont le ; 

| tact es£si fin et si sûr en botanique; n’a point inconsi- 
dérément mentionné, décrit et figuré (2), une espèce 
imaginaire , reconnue depuis la publication de la Ælore 


(1) Les observations de M. Durieu ne sont pas une morogra- 
phie de ce genre curieux , mais une simple Notice sur plusieurs par- 
ticularités de son développement , qui ne nous paraît pas ‘avoir été 
décrit jusqu’à présent avec autant d’exactitude. EL est surtout un fait 
qui nous a paru tout-à-fait neuf et mériter de fixer l'attention des ob- 
servateurs ; c’est le mouvement des globules contenus dans la vésicule 
du Pilobolus : ce fait, à lui seul, donnait un grand intérêt à celte No- 
tice ; réuni à ceux observés par MM. Gaillon, Bory de Saint-Vincent, 
Treviranus , et tout récemment par M, Desmazière lui-même , il'onvre, 
un nouveau champ d'observations aux physiologistes. Quant aux omis-, 
sions signalées par M. Desmazière, ce sont des lacunes que nous dési-"” 
rons qu'il puisse combler. R. 

| (2) Mém. du Mus., 1815, pl 14, fige 4, a et b. 


C°%47) 
françaises du tome,seéond.des Mémoires du Muséum, 
._ par le profond:mycologue suédois, dans son $ysiema 
_mycologäeum set que j'ai fait paraître en mature , il y 
a deux!ans environ , dans les Plantes cryptogames du 
ñord de la France (1):81 je cite ici cet ouvrage; c'est 
pou donne à M. Durieu de Maisonneuve des preuves 
matérielles let'palpables de l'existence de cette Sclérotia- 
| cée ; dont. il ironvera de complets et beaux individus 
aum®, 3o du premier fascicule de la collection. A la 
première iuspection de ces individus, il verra combien 
. æst-iminense la distance qui sépare le Pilobolus de 
: Tode du Sclerotium stercorarium dont ou doit la dé- 
ouverte à Léon Dufour. 
fente le savant dichénographe que je viens si nom- . 
mer , j'ai observé un grand nombre de fois le ScZerotium 
stercorarium , en mai, juin et juillet, dans les bouses 
‘de vache, mais là seulement (2). Lorsque ces bouses 
ont-étéréunies en tas dans les prairies, on trouve notre 
. fungus, dans son intérieur, à plusieurs pouces et même 
plus d’un pied de profondeur. À ces indications exactes 
desstation, j'ajouterai , en terminant ier ma petite récla- 
mation , que ses péridium ou tubercules sont globuleux, 
. bosselés, ou un peu aplatis et de forme irrégulière, 
offrant toujours un enfoncement particulier très-remar- 
quable , et quinze à vingt fois, au moins, plus gros que 
les sporanges du Pilobolus , c’est-à-dire, de la grosseur 
d’un poids ou d’une petite noisette ; l’enveloppe, ou 
(x) Le quatrième volume de cet ouvrage a paru äl y a près d’un 
MOIS. NUR 
(2) Decandolle indique ce Selerotium sur la terre même, recouverte 
“par les houses. 


Ü 


( 148 ) 


l'épiderme des péridium , naît blanche, passe au roux, 


. \ CE L « L «f F 
au brun, puis au noir mat. Elle est souvent in peu 
chagrinée ou rugueuse dans ‘un: âge avancé ;'mais cons- 


tamment indéhiscente et fortement adhérente à la chair ! 


qui est compacte, ferme; d’un! blané assez pur et de 
nature parenchymateuse et homogène. C’est'dans les 
parties de cette chair les plus voisines de l'enveloppe, 


qu'après bien des essais infructueux , je suis parvenu 


enfin , à l’aide du plus fort grossissement d’un bon mi- 
croscope ; à découvrir des! sporules extrèmement petites 
et hyalines ; mais comme dans cette position. elles sont 
peu développées, je n'ai’su: apprécier exactement leur 


forme; cependant je la! crois sphérique. Il aurait été à 


désirer que je pusse:les observer lorsqu'elles se trouvent 
q 1 A 


répandues à la surface même dela plante; mais on con- : 


çoit qué:la station qu'elle ‘s’est choisie. s’opposera 1ou- 
jours à cette observation.; et que, par les lavages succes- 
sifs qu’on doit lui faire éprouver pour la dégager entiè- 


rement des parties de la bouse qui lui restent attachées, 


on enlève les corpuscules reproducteurs qui doivent 


la couvrir -extériéurement lorsqu'elle est arrivée à son 


parfait développement. 


( Ag ) ) 


3 if 
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ti 12: A DELPE LE 


Mémo sur avr Tashianiens ss 3 Sur Le. Apurons, 
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146! vi | ne j 8ÿ “18 : 

NSVTAL êÏE SUNSET 2162 

Tara | b «Des Tasmaniens. 


ne pt £ FRONSILOR SEE Ar 5 { 
Nous plaçons à la suite. des  Papouas; et comme 
 dénxiômé variété-du rameau Céfro-Madécasse, les ha- 
bitans de la terre de Diénien. Nous ne les indiquons ei 
quéipour mémoire; parce que la corvette Le :Coguille 
n'a point visité cette partie du globe ; et que les naturels. 
_né nous sont connus que! pariles récits des voyageurs. 
On s'accorde généralement à peindre les Tasmaniéns, 
comme une race d'hommes d’un noir pe foncé, dont. 
_ le ciné est déprimé ; et qui aides, cheveux courts ; lai- 
. ncux, très-recoquillés; le-nez est écràsé ev l'angle facial 
-médiocrement aigu: On peuttoutelois s’en.fäire une idée 
assez jüste par les planches 7 et 8 de l'Audas! dé,Labil- 
- lardière , et par les figures 4 à 8, dessinées par Petit, 
. dans l'Atlas de Péron. Ce qui semble nous autoriser à 
… placer les Tasmaniens à la suite des Papouas, ce sont quel- 
… ques ressemblances d’orgauisation et une certaine sinti- 
 litude dans plusieurs usages qui paraissent dériver d'une 
. source commune. Ainsi , ils ont l'habitude de se couvrir 
_ les cheveux d’argile ferrugineuse 1rès-rouge ; de se faire 
maître des mamelons ou des cicatrices en, relief sur. là 
peau ; de cuire leurs alimens sur:des charbons incandes- 
cens ; de coucher sur la terre, près de:grands feux ; de 


(180: ) 
fabriquer des pauiers élégañs avec des tiges d’arbustes ; 
dé faconner des orénerts divers , ét surtout de se servir 

d’un petit oreiller en oi ümmé rocre( Labillardière, 
Voy., tom. 2, p . 43); à élever des cabanes coniques 
sur les tombeaux de leurs faréns décédés’ (Péron , L. 1v, 
p- 99), et enfin d’être polygames : seulement on ne re- 
trouve point chez eux L'art de construire des cabanes 
dont la pauvreté, du sol:et l’inclémetice du ciel auraient 
dù leur imposer la nécessité; car ils se bornent à élever 
‘des abris temporaires , des 4bat-vents en écorce’, ; 'in- 
-suffisans pour les garantir des rigueurs “climat aus > 
tral. Leur langage diffère téllément des ‘idiomes bar: 
bares et sans-nombre des ‘peuples de la Nouvelle : Hot: 
lande; que déjà / avant qu'on sut-que la ère ‘dé Diéi 
me en ‘était séparée par le! détroit de Bass; M: La- 
billardière avait dit (tom. 2, p. Go): « Il‘ prouve que’ 
ces peuples -nont pas la! mémelorigine. » Des détails 
utiles. Azconsulter sur les Tasmaniens sont ‘consignés 
dans le tome #9 (page 77 et'suiv.) de l'historique du” 
Voyage aux Terres australes , rédigé par Péron ét le ca 
pitaine de RE ADVLE 
s "he _Alfourous endamènes. 

La population primitive des ass pels des Fhdeés Orien-\ 
tales était une racé noire qui prvait avoir été décimée * par 
d’autres peuples conquérans ‘sur éertaines îles et à di- 
versés époques, ou avoir été chassée des côtés &t relé-\ 

guée au milieu des montagnes , ainsi que nous l'ap-. 
prennent les anciennes histoires et: les annales de Ma- : 
lacca, en particulier. Ces péuples à peau noire et X 
cheveux rudes , mais lisses , vivent encore dans lés lieux! | 


( 194.) 


Apreuessihles de toutes les terres polynésiennes s (1), 
Cesrinsi que le platean central de la plapart des à 


Moluques est occupé , de nos jours , par les Æarafor : 
ou Alfowrous. ( 2); que les Philippines sont peuplées par 
_ dos, Jrdios des sEspaguols (3); que l'on mentionne /os 
Negros del monte à Miudanao (4), les Finzimbers à 


xx) Encnons!sèrvant du nom de Polynésié, exclusivement restreint 
aux terres si vagnement nommées Aychipels d'Asie, nous encourrons 
probeblomens le blâme de quelques géographes fidèles à à une nemencla- 
ture barbare € : éneore plongée dans lé cahos. La dénomination d'Océa- 
| pe est si haï monieuse et péint si bien la dispersion dos petites îles vol- 
cajiques el madréporiqués éparses sur la surface immense du grand 
Océan, qu ’elle;surviyra indubitablement à à toute autre ; celle de Pélagie 
traduirait avec exactitude le surnom de monde maritime , qui lui fut im- 
posé (d'dhé manière trop générale cependant ) par M. de Walkenacr. 
Ainsi ; de nom de! Polynésie que, jusqu’à ce jour , on avait étendu à plu: 
| sieurs systèmes de terres aussi distantes que-séparées par la nature, ne 
pouvant, plus être appliqué aux îles de là mer du Sud, demeure donc 
aux iles de T Asie, que | la formation primilive, les productions, les races 
qui Hes habitent pér mettent de grouper par des caractères très:caracté- 
_ ristiqués. Peut-être serait-il préférable de lé‘remplacer par un noni 
neuf, dont le sens füt sans équivoque , tels que pourraient être les mots 
: d’Aclioncsie ou de Malaisie, etc. 
(2) Les Aiphour éens où Alfoures sont sr ere laletRene les pre- 


) 


miers et les plus anciens habitans dés Moluques ; aujourd’hui même ils 

ne Se confondent pas aveë les autres habitans, mais ils se tiennent ren- 

fermés dansdes miontagnes de Bouroet de Céram. (Sravoninus , F'o7. 
aux Indes, +1, p. 259.) \ 

6) C'est peut-être à tort qu'on indique , comme appartenant à ces 

' races mal connues , les Laos et les Aiaotsé de l’intérieur de la Cochin- 


chine, qu'on néimnie aussi hommes à queue dans le pays. Barrow iles 
regarde comme dés Cochinchinois encore plongés dans une grossière 
barbarie. { Voyage à la Cochinchine , tom. 2, pi. 226.) 

40éAinsi nommés, dit Méares, à cause de leur ressemblance avec les 
hirs d’Afri ique , tant au physique qu'au mord. ( Voyage à la côte 
M2O. d'Amérique, t. 1, p. 287.) 1 se pourrait que ces Vegros fassent 
des Papouas, 


je | 10* 


C5%.2 

Madagascar, dont’ ils seraient Tes habitans natirets ; et 
que nous apprimes r existence des Ehdamènés à Ya Nou? 
velle-Guinée." "" °" bre 24H02 pr M 

Les Alfourous éndamènes vivent dé là manière fa 
plas sauvage et la plus misérable. Toujéurs én guerre è 
avec leurs voisins , ils né sont occupés que dés moyens 
de se Fe de leurs! embüches et d'échapper aux 
piéges € qu'on leur tend sans cesse. L'habitude qu ’ont és 
Papouas des côtes de les mettre à mort et d'ériger en 
trophées leurs dépouilles , rend compte de la difficulté 
qu'on éprouve à les ‘observer, même à Ja Nonvellé- 
Guinée , et deux ou trois de ces hômmés réduits en” és- 
clavage , que nous vimes à Doréry, sont tout ce que nous 
en connaissons : les Papouas nous les peïgnirent comme 
d'un caractère féroce, cruel'et sombre, n'ayant aucun 
art, et dont toute la vie s’écoulé à chercher leur sub- 
sistance dans les forêts. Mais ce tableau hidéux, que 
chaque tribu ne manque point de faire de la tribu voi- 
sine , ne peut ètre regardé comme authentique. Les En- 
damènes que nous vimes avaient une physionomie ré- 
poussante, un-nez aplati, des pommettes saillantes , de 
gros yeux , des dents proclives, des extrémités longues 
et gréles, une chevelure très-noire , très-fournie ; rude 
et comme lisse, sans être longué; la barbe était très? 
dure et très-épaisse ; une profonde stupidité était em- 
preinte sur leurs traits: peut-être était-elle due à les 


clavage. Ces nègres, dont la peau est d'un noir brun! 
sale assez foncé, vont nus; ils se font des incisions sur h 
les bras et sur la poitrine, et portent dans la cloison du. 
ñez un bâtonnet long de près de six pouces. Leur carac=M 


tère est silencieux , et leur physionomie farouche ; leurs 


( 168 ) 

mouvetens sont ivrésolus, et s'exécutent avec lenteur, 
> à Labitans dés côtes nous donnèrent, quelques détails 
sur 68 Endamènes , mais comme ils nous parurent dic- 
iés par. la haîne:, etque les versions ne s ’accordaient 
point entre elles , soit que le sens de ec qu ‘ils nous éX+ 
primaient fût mal compris, soit qu’ eux-mêmes, nous 
racontassent dans l'intention de nous inspirer de la 
frayeur, des habitudes auxquelles ils ne croyaient point, 
nous pensons qu'il est inutile de faire comnaitre , par des 
Enséignemens faux et inexacts, l'espèce d hommes, dont 

Yhistoire est encore entourée d’épaisses ténèbres (a) I 
- Nous nous bornerons à tracer la description des cränes 
-d’Alfourous endamënes que nous trouvames à Doréry $ 
où ils servaient de trophées, et de les comparer avec 
ccux de Papous décrits par MM. Quoy et Gaimard , et 
aussi avecles cranes de; nègre mozambique , de nouveau- 


f 
F 


zélandais et d'Européen. La figure que nous en donnons, 
dans Ja: partie, zvologique du voyage de la Coquille, 
planche x, estlerrésultat de la comparaison de plusieurs 

… 1ètes, mais elle a été plus particulièrement faite sur un 
sane conservé avec, soin dans une cabane, et enchässé 
* dans une idole grossièr ement scul lptée cn bois , que l° du 
de nous ne put jamais obtenir des naturels, même en 
offrant des présens susceptibles de les tenter, et qu'il se 
décida à aller enlever pendant la nuit, la veille du dé- 
pars dela corvette. Cette idole assez remarquable, et qui 


(x) Les Endamènes retirés dans l'intérieur de la Nouvelle-Guinte 
déivent être possesseurs paisibles des côtes méridionales, et ce sont eux, 

+ atrès-probablement, qui habitent exclusivement les bords dn. détroit de 
“Torrès. Les expéditions futures peuventiseules où déteuige où confirauer 


vos doutes. 


( 194) 
est déposée maintenant au Muséum. d'Histoire naturelle 
de Paris , réprésente an, homme, assis, dont le,cou,sup+ 
portait un plateau: sur lequel reposait le:crène d'un Al- 
fourous solidement enchàssé.. Les ,orbites étaient rem- 
plis par des rondelles.de nacre, simulant: des yeux, et 
fixées par nn mastiomoir, tandis.que les arcades dentaires 
étaient recouvertes de deux lèvreten,bois très-proémi- 
minentes. D’autres crânes d’Alfourous étaient disposés 
par rangées etiattachés aux. parois de la cabane qui ser- 
vait de temple à-ces débris que les Papouas conservaient 
avec d'autant plus de complaisance, qu'ils se .complai- 
saient dans l’idée de faire subir un pareil sort à tout en- 
nemi quitomberait dans leurs mains. ! DATE 


. 


Des :Australiens. 


Toutes les peuplades de race noirätre qui habitent 
l'Australie, présentent entre elles les rapporis les plus 
évidens, d’après les descriptions des voyageurs Phillip, 


Collins, White, d'Entre-Casteaux, Péron (1), Fline 


(x) Les distinctions. qui existent entre les Tasmaniens et les Austra- 
liens ont été nettement exprimées par Péron , qui dit (t.1v, p.212): 
« De toutes les observalions qu’on peut faire, en passant de la terreide 
Diémen à la Nouvelle-Hollande, la plus facile, la plus importante, et 
peut-être aussi la plus inexplicable, c’est la diflérence absolue des raçes 
qui peuplent chacune de ces deux terres. Ces deux peuples n’ont pr esque 
rien de commun, ni dans leurs mœurs, leurs usages, leurs arts grôs- 
siers , ni dans leurs instrumens de chasse ou de pêche, leurs habitations, 
leurs pirogues, leurs armes, ni dans leur langue, ni daus l’ensemble de 
leur constitution physique, la forme du crâncz les proportions de la 
face, etc. Cette dissemblance absolue se trouve dans la couleur; les in- 
digènes de la terre dé Diémen sont beaucoup plus bruns que ceux de la 


Nouvelle-Hollande : les premiers ont des cheveux courts, laineux et » | 


crépus , les derniers les ont droits, longs et lisses. » 


’ 


(155 ) 


_ deré, Grant, King, ete. Ces nègres de l'Australie ont 
toujours montré une profondé ignorance , une grande mi- 
sèréetune sorte d’abratissemént moral : ils sont réunis 
par‘ Lribns peu nombreuses qui n'ont'point de commu- 
_ nications entre cllés 3 d’où résulte l’état de barbarie 
profond ‘dans lequel des er IPHRAN et dont rien ne. 
_ semblé dévoir les retirer: 
Les’ habitans de la Nouvelle-Galles du Sud , qui ont 
particulièrement fixé notre attention , sont disséminés 
dans cette partie du monde , par familles éparses sur le 
. bord des rivières ou dans les baies nombreuses qui mor- 
cellent les côtes orientales de la Nouvelle-Hollande. 
. Leur intelligence a dù naturellement se ‘ressentir de 
. l'infertilité du sol et des misères auxquelles ils sont 
. soumis; aussi une sorte d’instinct très-développé pour 
; conquérir une nourriture toujours difficile à obtenir, 
» semble avoir remplacé chez eux plusieurs des facultés 
» morales de l’homme, 

La peuplade qui vit au milieu des buissons et des ro- 
chers des alentours de Sydney-Cove , ét qui a pour chef 
Boongaree est plongée dans un tel état d’abrutissément, 
“qu’en vain on a essayé d'améliorer sa position , en bâtis- 
sant pour elle des maisons et des sortes de villages, ou 
en ni fournissant des moyens de subsistance plus agréa- 
bles. Elle s’est refusée à l'adoption de ces premières idées’ 
de civilisation et de toutes les habitudes sociales que 
lui montrent chaque jour les Européens. Au milieu des 
villés populeuses et imposantes de la Nouvelle-Galles 
: du Sud , elle n’en a pris que des vices dégoütans et un 
gout désordonné pour les liqueurs fortes : 

Ces peuples n’ont senti la nécessité de reecvoir des 


(86), 
vètemens, de laine que pour se garantié la poitrine. At. 
cune idée de pudeur ne‘ lés’a \jauls porté és'a/Voitét és 
parties natureHesÿ tèt l'immodéstié! dative le éêue au 
fait une contraste d'autant plus grand, 2'que thäque joù 
elle-brave aû séin'mèmé d'uné colonie EEE HE ü 
a fait d'immenses progrès; lés:loistdé l'honnéteté pu” 
blique: Lu Hberté semble être pour é6s a6ié (1) ane" 
soin; derpremière nécessité; aussi sont-ils Süigneut ‘ a 
conserver leur indépendance , au milieu des tantons À Ne 
cailleux où ils! habitent en pléin Hi, autour dé grahds | 
feux-et:protégés'de la pluie par lies Bale hé 
gligemment  jetées du coté bb le vent souflé: DEA bich 
tousilésefforts de leur génie se bôsiéht, pou” les gafan2" 
tir,des intempéries du climat, à détacher une large éboice cé 
d'Eucalyptas , qui fournit lé40irñaturel qui TS Abrite. 

La: taille des Australiens est’ médiocre ét‘éouvent au 
dessous de la moyenne: Plusieurs thibus Ont 16 mebibres 
grèles ; peu fournis et en apparence dé longueur dispro— 
portionnée ; tandis que certains individus, au contraire 1 
ont'ces mêmes parties fortes et'très bien proportionnées ; 
etsurtiout les muscles jumeaux et “Soléaire uès-pro- 
noncés:Léur chevelure n’est point Haineusé t'elle ést 
dure , très-nôire et abondamment fournie ; ; ils là portent, 
flottante et sans ordre, le plus souvent courte et En bé 
ches très-frisées. La barbe pete de la nature dés che- 


1 
(x) Le mot noir ou nègre n’a ici qu’une valeur RÉPCEN dus n'em- 


ployons ce nom, en eflet , que pour éviter des, périphrases ; mais pour 
qu’il n’y ait point de doutes à ce sujet, nous devons dire qui ‘in y a nulle, 
analogie à établir entre un nègre africain et un Alfourous australien , et 
que si nous les nommons parfois noirs ou nègres, © est parce que | la. 
teinte de leur peau affecte une couleur uoirâtre fuligineuse, qui appr oche! 
plus de’ la'téinte des véritables nègres que de toute autre. 


4 
ci 


(:137.) 


veux : elle. est le plus ordinairement rude et touffue sur 
des côtés du visage. Leur face/est. aplatie; 1e nez très- 
élargi , des marines, presque.tratis versales ;- des: lèvres 
épaisses ». une bouche démesurément fendue ;:des-denis 


teinte noire fuligineuse, varie en.intensité; fmaism'ést. 
jamais très-foncée. Plus laïidès encore. que les hommes, 


goûtantes ,ret la distance qui les sépare du beau idéal de : 
Ma Vénus de Médicis pour nous, est incommensurable. 

Lés mariages chez les Australiens se font par rdpt, ét 
l'usage a consacré l'habitude d'arracher une dént inci- 
sive aux hommes à certaine époque. de la vie , et de 
| couper une phalange aux femmes. Ils aimient se coû- 
-vrir la tête et Ja poitrine de matières colorantes rouges ; 


“coroboris ou grandes cérémonies. :Îls ont tous .Fhabi- 
tude de se peindre le nez et les joues avec lés même fards 
grossiers, en y joignant des raies blanches... qui sil- 
Jonnent le front et les tempes. Sur les bras et sur les 
A 


“côtés du thorax , ils font élever ces tubercules de forme 
“conique, qui semblent être l’apanage du rameau nègre. 


(x) Grant (Voyage à la IVouvelle-Galles méridionale) peint de cette 
manière les- habitans de la baie J'arvis, dans le détroit de Bass..« Ces 
sauvages étaient jeunes, grauds et vigoureux ; ils avaient des cheveux 
plus longs que ceux des autres naturels que j avais vus jusque-là : ils les 
avaient bouclés, mais point laineux comme ceux des nègres d'Afrique. « 


un peu proclives, mais du plus bel émail; des oreilles à : 
conque très-développée (1), des yeux à demi-voïlés par: 
Ja laxité des paupières. supérieurés donnéntiä leur phy-' 
sionomie sauvage un aspect repoussant. La couleur pou 
décidée de leur pean,. qui affecte comitnément:une 


les femmes Australiennes ont des formes ‘flétries'et dé- : 


Let cet ornement est de première nécessité dans :leurs 


6 


( 158 ) 


Enfin cette. race, qui semble;igaorer l'usage de tout, véé 
tement, sous .le rapport de la. pudeur ; se ‘borne à se 
couvrir parfois les épaules avec une peau de kangourou 
ou d’opossum, t:à s’entourerf, le front avec des-fila- 
mens tissés en réseau. Un: grand nembre de familles se 
placent, dans la cloison da nez des batonnets arrondis.et 
longs dei quatre à six pouces ; qui donnent à leur-phy- 
sionomieun,4spect farouche ,.eicet usage, noûs.le re- 
trouvons.chez tous les Papouas, 53531) 

 Superstitienses à l'excès, ces NRA ôn, PR 
conservé l'usage de punir'les sortilèges ét d'avoir des 
jongleurs.. Leurs différens se, décident par des.sortes.de 
duels, à, nombre ou à, armes égales, et des. juges .de 
camp établissent les règles du combat. La:, forme des. 
armes.dont ils,se servent. varie. À Ja Nouvelle-Galles , 
ils emploient la sagaie, sorte-de javeline efilée , qu'ils 
lancent par le moyen d'un bätonsfaçonné pour cetusage, 
avec une grande vigueur et beaucoup de justesse. , Ils 
s’atiaquent Je plus souvent ayec une sorte-de sabre de 
bois. recourbé.que Lesueur.a nommé sabre à ricochets 
(pl: 30, n° 6, Atlas de Peron) et que les naturels.de 
Syduey désignent sous lenom de boumerang ou de tata 
namang. Cette arme caractéristique est également usitée 
au port Dowen_ et à l’île Goulburn, et la manière,;dé 
s’en servir est fort remarquable; Car c'est en Jui impri-. 
mant des mouvemens de rotation.en l'air , qu'ils frappent: 
souvent le but à plus de quarante pas de distance. Leur 
dernier instrument de guerre et en même temps d'ati- 
tilité domestique, est lé casse-têté ou woudah, aveël 
lequel, dans leurs duels, chaque naturel assène alterna= 
tivement sur la tête de son ennemi , un coup , que la dus 


: (159 ) 

elé inouie du crâne rend moins daigereux qu'on né 
devrait le supposer. Nous retrouvons chez tous ces peu- 
ples l'usage du: bouclier. Celui qui leur sert à parer 
les coups de sagaie avec une grandeïadressé est de forihe 
oyalaire, oblongueou quelquefois disposée en croissant , 

etnous avons vu un de ces naturels condamné à servir 
de but au coups d'une tribu qu'il avait offensée, parer 
avec une. habileté’ peu commune ? plus de cinquante 
traits lancés avec vigueur, lorsqu’enfin rune sagaïie ‘de 


Xanthorœa traversant-son bouclier | vint lui percer la 
poitrine. Quantà l'emploi de Parc et des side S D id 
est complètement imconnu. 2H 
T4 ’ x: 

» Dé‘toutes les peuplades de PAGE, celles du port 
di roi Géorgés ont plus’ particulièrement senti la né- 
cessité de se /vétir à éause du froid intense de l'hiver , et 
elles ônt assemblé, sous forme de petits manteaux, des 
peaux de kango urous : celles des alentours de Sydney 
et de Bathurst “préparent lés peaux de petauristes , 
taridis qu'entre les tropiqués les Australiens vivent dans 
un état de nudité parfaite: Les objets d'ornement se 
ressentent du rétrécissement des idées de ces peuples : 
Fe £ î di 
ae 4 r) Le capitaine King , parmi les observations qu'il tous à donnéés 
fr les peuples, du pourtour,entier de la Nouvelle : Hollande ; remarque 
€ la sagaie semble étre d’un usage général parmi les habitans de Aus 
tralie. Le bâton qui sert à la lancer n’existe pas à la Tasmanie , ni à la 
baie Moreton , si on doit $’en rapporter à un court séjour sur ce point. 
Ibn’a reconnu que quelques diflérences légères dans cette arme, soit au 
Port: Jackson , à la côte S.-E. , à la rivière Endeavour, au N.-E., aux 
baies d'Hanoyre et de Vandittart ; au N.-O., à la baïe du roi Georges. 
Sur les côtes méridionales cette sagaie est faite avec les tiges du Xan- 


torhæa hastilis ; ailleurs avec des branches de mangliers durcies au feu. 
(Bulletin géographique ; tom. v, p. 251.) 


( 160 ) 
ils se décorent cependant de. colliers faits avec des 
chaumes de gramen ; mais combien leur forme sauvage 
contraste avec l'élégance des mêmes objets chez les habi+ 
tans de la terre de Diémen ! Les cabanes des Australiens 
se composent , autour, du Port- Jackson , d’abris en raz 
meaux ou en écorces/d’arbres. Ailleurs ce sont des sortes 
de nids, formés de, branches entrelacées ; ou parfois. 
disposées en huttes grossières, recou vertés d’écorces: 

Les soins qu'ils, prennent de leurs tombeaux- an- 
noncent qu'ils ont l’idée d’une autre vie. On a généra- 
lement observé qu'ils brèlaient leurs morts , et qu'ils en 
enterraient les cendres avec une religieuse sollicitude; 
M. Oxley a même vu de ces tombeaux dont les arbres 
des alentours portaient des sortes d’attributs funérairess, 
Des observations positives semblent même prouver qu'ils 
lèvent la peau des cadavres, afin que la combustion 
puisse s’opérer avec plus de rapidité. 

L'ensemble des habitudes des peuplades de la Nou- 
velle-Hollande ;; ainsi que leur genre de vie, ne pré-| 
sentent point d analogie bien démontrée: Leur industcié 
se réduit à Ja fabrication des filets pour, la chasse et pour 
la pèche , dont on mange le produit sur le lieu même en 
le faisant rôtir sur des charbons. Ces naturels portent 
toujours du feu avec eux , dédaignent leurs femmes aux: 
quelles les travaux les plus rudes sont dévolus , tels que 
ceux de préparer la nourriture, dont elles et leur fa- 
mille ne reçoivent que les débris rejetés par leurs époux! 
ou de porter les ustensiles du ménage et leurs enfans 
sur le dos , tandis que l’homme chemine n'ayant qu’une 
légère javeline à la main. Ce sont elles qui récoltent et 
préparent la racine de fougère nommée dingoua, qi 


(161) 


leur sert d’aliment journalier, et dont les hommes ne 
mangent qne dans |les momens de disette , ou lersque, la 
chasse vient à manquer. ae ENT 
La manière de construire les oopae varié pres- 
qu autant que les tribus. Elles sont faites au Port-Jackson 
avec une Jlongne écorce d'eucalyptus, sohdement liée 
aux extrémités , telles qu’on en voit.un bon dessin, pl. 34 
de l'Atlas de: Lesueur et Petit. Dans la région intertro- 
picale, un tronc d'arbre creusé en tient lieu. Plus à 
Pouest, dit King, à la baie d'Hanovre , c’est un radeau 
formé de tiges vieilles et légères de Manglier. Ailleurs, 
dans Es ae de Dampier , par exemple, leur intelli- 
gence n’a pu s'élever , pour passer les rivières, au-dessus 
4 un simple tronc d’arbre flottant. 
«1 Chez ces peuplades on a retrouvé dés idées de dessin, 
qui ; toutes grossières quelle paraissent être ,: indiquent 
cependant une certaine réflexion , et l’on reconnaît 
‘ncore dans ces linéamens graphiques 168 êtres qu ils sont 
destinés à représenter, tels que le casoar, le squale de 
phillip , divers poissons , etc. 
% Quant à leur chant , ce n’est qu'une modification in- 
forme de leur langage; et leur danse se borne aux mou 
vemens lourds et ridicules qui imitent les sauts.du kan- 
gourou : les beaux arts, enfans du repos et des. doux, 
loisirs , pourraient-ils germer chez des hommes toujours, 
à la recherche de leur subsistance ? 
- Le langage des Australiens diffère de tribu à. tribu, 
Nulle part on ne peut y reconnaître la moindre analogie ; 
mais il est vrai de dire aussi qu'il n’y a pas de, langue, 
moins connue. Cependant il paraît que les naturels d’un. 
endroit , transportés dans un autre , comme les Angias 


ne ; ET 


(162) 


l'ént fait iés-souvent, né peuvent se comprendre. Les! 
seuls mots qui nous ont présenté quelques rapports sont! 
les suivans , usités d’une part par les naturels de Sydney} 
et de l’atitre par ceux de Bathurst, au-delà des mon-! 
tagnes bleues. L’ortographe des premiers est écrite d’aë| 
près le génie de notre langue, et nous avons conservé 
pour les seconds celle de M. Oxley. Ainsi nez se dit à! 
Sydney mougouro , et morro à la rivière Lachlan : lés| 
dents nandana dans le premier lieu, et erra dans lé se-| 
cond. Cou ouro et oro ; poitrine , beren etbening; ae | 
darra et d'hanä. , etc. 


NorTe swr le Cliona celata, nouveau genre de 
zoophyte trouvé dans le Firth du Forth, près 
d'Édimbourg ; 


Par R. E. GRANT. 


L'on trouve souvent, sur les côtes, des coquilles h 
d’huîtrés communes ( ostrea edulis Lam. ) entièrement! 
perforées des deux côtés par de petits trous arrondis! 
| 
traversent pas en ligne droite la substance de ces é6 


d'environ une démi ligne de diamètre. Ces traces né 


quilles , mais s'ouvrent des deux côtés dans des espèces ! 
dé loges creusées dans l'épaisseur de chaque valve. Lors-h 
qu'on plonge ces coquilles pendant quelques jours dans 
dé l’eau de mer, on voit un grand nombre de petits! 
vers marins sortir de leur intérieur ; aussi est-il pro-" 
bablé que ce sont eux qui perforent ainsi la substance de 


( 163 ) 


la coquille , afin de se nourrir de la matière animale 
qui en réunit les différentes couches, et de se construire 
un abri assuré. Lorsque des coquilles d’huîtres ainsi al- 
térées viennent d’être apportées des bancs du Firth du 
Forth , je trouve presque toujours les trous situés à leur 
Surface et les loges creusées entre les lames qui les for- 
ment , remplis d’une substance organisée , molle et jau- 


nâtre, qui ne me paraît pas avoir été décrite par les na- 
turalistes , mais qui mérite d’être étudiée avec attention. 
_ Cette substance jaunâtre et charnue se trouve dans les 
perforations des coquilles des huîtres vivantes, aussi bien 
que dans celles des valves séparées de l'animal mort ; mais 
chez les premières, les trous ne se voient qu’à la face ex- 
térieure de la coquille; celle-ci n’est jamais percée de 
part en part, et on trouve toujours une couche mince 
‘de matière testacée entre la substance jaune et l'huître vi- 
vante ; mais lorsque l’animal meurt et que ses valves se 
séparent , leur face interne se perfore bientôt, et alors 
on voit la substance jaunâtre faire saillie en même temps 
à travers les trous qui occupent les deux côtés de la co- 
quille. En enlevant successivement les couches les plus 
externes de la matière calcaire , il devient facile de con- 
Stater que les excavations internes communiquent toutes 
Kbrement entre elles, ainsi qu'avec les orifices exté- 
rieurs, et que la matière pulpeuse qui les remplit et 
qui fait saillie au dehors est continue et forme une seule 
Masse charnue s'étendant dans toutes les parties de la 
coquille. Cette substance charnue constitue un zoophyte 
distinct et bien caractérisé , que j'ai nommé C/iona ce- 
lata , et que je n’ai encore trouvé que sur les coquilles 
d'huîtres perforées comme je viens de l’indiquer. 


(164) 


A T'état vivant , le Cliona est formé par une substancé 
molle, charnue, granulée , évidemment irritable , d’une 
couleur jaune verdâtre, et traversée, comme plusieurs 
autres zoophytes, par des filamens déliés et très-régu- 
liers : sa forme dépend de celle des cavités qui la con- 
tiennent. Elle s’insinue dans leurs ramifications les plus 
déliées ,:et adhère si intimement à leurs parois lisses et 
polis, qu'on ne peut l’en détacher sans la déchirer. Les. 
parties du Cliona qui font saillie à travers les trous si- 
tués à la surface de la coquille sont tubulées, et si l’on 
enlève les lames extérieures de la coquille, on distingue 
plusieurs canaux vides qui se ramifient en serpentant 
dans l’intérieur de la masse du zoophyte, et paraissent 
partir de ces papilles tubulées. Pendant les mois de mars 
et d'avril , époque à laquelle je fis ces observations, il 
existait dans le voisinage de ces canaux un grand nom= 
bre de petits œufs jaunes , très-analogues par leur forme, 
leur couleur, leur volume et leur mode de distribution, 
à ceux de la Spongillia papillaris et de la Spongia pa- 
nicea , qui étaient alors presque au mème degré de ma- 
turité : les papilles, saillantes et tubulées, présentent 
une structure compliquée, et jouissent d’un pouvoir de 
contraction très-grand. Si on examine avec attention ces 
zoophytes pendant qu’ils sont en repos dans de l’eau de 
mer-bien pure, on les voit présenter une série d’appa- 
rences singulières. Lorsque les papilles sont sous l’eau ,. 
elles sortent des ouvertures de la coquille , quelquefois 


dans une longueur d’une ligne et demie, et présentent 


« . . . « À (h 
à leur centre un large orifice circulaire , d’où s'échappe, 
continuellement un courant d’eau rapide qui entraine! 
souvent avec lui des flocons d’une substance grisâtre et| 


( 165 ) 

Mmembraneuse. En touchant ces papilles avec la pointe 
d’une aiguille , ou en les retirant de l’eau, les ouvertures 
que nous venons d'indiquer se ferment peu à peu, le 
Courant s'arrête, les papilles elles-mêmes se ressèrent 
lentement et finissent par rentrer complètement dans 
l'intérieur de la coquille. Pendant l’état de contraction, 
Fextrémité de ces papilles paraît arrondie, lisse et par- 
faitement close ; maïs lorsqu'elles commencent à s’avan- 
cer au-delà de la surface de la coquille, teur extrémité 
devient aplatie et un peu élargie , puis prend un aspect 
villeux et présente des fissures disposées en rayons du 
centre à la circonférence; enfin , au centre de ces villo- 
sités apparaît une petite ouverture circulaire : les pa- 
pilles s’allongent plus ou moins, et leur orifice central 
s'agrandit, suivant l’état de vitalité du zoophyte , ainsi 
que la pureté et la tranquilité de l’eau ambiante. À me- 
‘sure que l'ouverture s’élargit, son extrémité aplatie, 
radiée et comme veloutée, diminue graduellement de 
largeur . asie à ce qu’enfin il n'existe plus autour.de 
| rs qu’un bord très-mince. 

En observant dans les circonstances les plus favora- 
Ms sur la côte même , quelques Zoophytes de ce genre 
qu'on venait de prendre sur un banc d’huîtres situé près 
de Prestonpans , j’ai trouvé deux fois des polypes d’une 
petitesse et d’une délicatesse extrêmes placés tout autour 
des-bords des orifices que je‘viens de décrire; ils exé- 
eutaient des mouvemens continuels, s’avancant au dehors 
et’ se rétirant dans la substance de la papille, pendant 
Que le courant d’eau sortait de son ouverture centrale. 
À la lumière ordinaire ces polypes étaient complètement 
invisibles à l'œil nu; mais en suspendant le CZiona dans 


( 166 ) 

un vase de cristal rempli d’eau bien limpide , et en le 
plaçant entre l’œil et le soleil ou toute autre lumière 
vive, on apercevait des filamens semblables à des fils de 
soie, s'élevant et s’abaissant continuellement sur la marge 
de la papille. En enlevant une des papilles et en la pla- 
çant sous le microscope , dans de l’eau de mer, je vis les 
polypes continuer leurs mouvemens ; et je trouvai qu'ils 
. cousistaient en un long corps charnu , tubulé, cylin-. 
drique , mince et transparent, à l'extrémité duquel se. 
trouvent environ huit tentacules larges , courts , et légè- 
rement dilatés à leur extrémité libre , qui se courbaient 
et s’étendaient irrégulièrement pendant que le polype 
lui-même s’avançait ou se retirait, Dans deux individus 
entiers , en bon état et placés dans de l’eau prise à Pres- 
tonpans, ces polypes continuèrent à être visibles et en 
mouvement pendant plus de vingt-quatre; mais je 
n'ai pas encore réussi à les voir dans aucun des indivi- 
dus que j'ai conservés vivans dans de l’eau de Newha- 
ven. 

Les épines ou filamens contenus dans la substance du 
Cliona celata sont de nature siliceüse , et ressemblent 
beaucoup à celles des grandes Spongiæ pateræ de l'O-| 
céan indien. Lorsqu'on les isole en détruisant la sub: 
stance animale qui les entoure , soit par le chalumeau, 
soit par l’action de l'acide nitrique, on'voit que ces 


corps sont allongés, minces , cylindriques , tubulés , lér, 
gérement courbés , fermes aux deux extrémités, un peu 
fusiformes au milieu , très-pointus à un bout, et termi-| 
nés à l’autre extrémité par une forte’ 1ête arrondie et. 
creuse ; leur longueur est d'environ un quart de ligne, 
et au microscope ils ressemblent à des épingles très-fines 


on né + tin tué 


(467 ) 
et çourbées ; placées irrégulièrement dans la substance 
charnue de l’animal. Enfin , ils n’empêchent point les 
contractions de celle-ci; car, si on détache incomplète- 
ment de la coquille une portion de la masse commune, 
on la voit diminuer graduellement de volume, et si on 
la détache complètement, elle se contracte encore dayan- 
tage , et devient dure au toucher. 

Ce zoophyte, quoique très-commun sur nos côtes et 
d'un aspect peu agréable, présente des caractères très- 
importans pour la zoologie. En effet , il est étroitement 
lié aux Alcyons à cause de la substance charnue et con- 
tractile qui le forme, et des polypes distincts, quoique 

|microscopiques, qui lui appartiennent ; et d’un autre côté 
il se rapproche des éponges à raison de ses épines sih- 
ceuses et tubulées , des canaux rameux creusés dans son 
intérieur, de ses papilles tubulées , des courans d’eau qui 
en sortent , et de la distribution de ses œnfs. Il diffère 
cependant des Alcyons , en ce qu’il ne présenie pas une 
surface libre recouverte par des tégumens coriaces et cou- 
verts de pores étoilés pour loger des polypes distincts; 
enfin , il diffère des éponges en ce que ses papilles et sa 
substance générale sont évidemment contractiles, parce 
que des polypes distincts s’y remarquent, et que sa surface 
n'est ni libre ni recouverte de pores anguleux et béans. 
Il constitue un genre bien caractérisé et intermédiaire 
entre les Alcyons et les éponges, et jette un grand jour 
sur la nature de ces dernières. J'ai nommé ce genre nou- 
vean Cliona (de io , claudo) à cause de la propriété 
remarquable de ses papilles, qui se retirent et se fer- 
. ment lorsqu'on les irrite, et j'ai appelé celata la seule 
espéce que j'aie rencontré jusqu'ici, à cause de son 


(168 ) 
habitation cachée ét’ sûre’ dans Vétesbté Ex coquilles 
d'huitres. D PTT 
| | saura ea Journ.) 1 


. te t 
11h : ! Jitofi4 


Nore sur la Régénération du tissu nerveux"; 
Par le docteur Prévost. 


1 


(Lu à la Société.de is EE et d'Histoire JA de Genève en 1826.) 


Il est en physiologie peu de questions d’un intérêt 
‘plus général que celle de la régénération des tissus ; 
malheureusement , chez les vertébrés, le phénomène 
qui nous occupe ne se présente à un certain degré de 
perfection que dans quelques-uns des animaux à sang 
froid; sur les vertébrés à sang chaud les régénérations 
de tissus sont si imparfaites , qu’un des plus grands ana- 
tomistes de nos jours les a niées pour tous les tissus , à. 
l'exception du cellulaire ; Panalogie s’opposait évidem- 
ment à de pareilles conclusions ; mais les objets que Bi-' 
chat avait constamment sous les yeux permettaient de 
douter , et son imagination céda au plaisir de poser une 
de ces grandes généralités qui ont tant d’attrait pour 
l'esprit humain. 
Beaucoup d’observateurs distingués ont fait de bonnes 
expériences sur les greffes animales ; mais leur travaux, 
entrepris dans un but pratique, nous ont fourni peu de 


lumières sur l’organisation des tissus régénérés ; de nou- 
veaux faits, examinés sous un point de vue purement 
scientifique , offrent donc de l'intérêt , alors même 


Je. . AR , 0 , x 
qu'ils sont isolés, et c’est ce qui m'engage à pu- 


Snsile 
blier Pébservatiofi Suivante : elle: st'rèauive ault tissu 
hesvbdéseion ousup shops e1ols ogrieiout ol go | 
21 Tété dernier, ayant pris cinq jédies ‘chais à léur 
riaiésanice ; je divisai x chacun d'etk'léinerf ‘ pheumo< 
gastrique g gauche ;ij'ënlévai'üne portion de’ce nerf d’én- 
iron’six millimètres de longueur, "afin que les bouts 
| Supérieur et'inférieur fussent séparés Ton de l’autre par 
un intervalle notable! Aucun des chats ne parut affecté 
par cette opération ; la’ cicatrisation” de 1 plaie füt ra- 
pide; s'ils conitintièrént” à se nourrir comme s'ilne leur 
| fat rien ävrivé. Un mois après, je PRE 4 T'un d'en? 
tr'eux le prédmio-gastrique opposé ; c'était le droit ; a= 
| nimal parut très-souffrant ; il bäilla fréquemment, “cha 
| beaucoup d’uñe voix ! ‘rauque ; sa Er devint aè 
‘plusen plus génée ; puis ‘fort rare ; au boütdé quinze 
‘heurés il étaitmort. J’examinai avec Se nerf] phetimo® 
gastrique ; divisé ‘un mois auparavant ; Les’ deux’ Huis 
étaient dil 
rigés: lun vers l’autre ; un tissu pikéetacie ; assez Sem- 


supérieur et inférieur en étaient rénflés : ils SE 


blable à du névrilemme épaissi et défiguré ? les unissäit 


L'on peut juger d’après l’évènement'que cette esubstanicé 
Î 


ant 


neéprôpageait pas l’action nervéuse! ! ! 
| J'attendis encore un moïs , et je répétai sur le sécond 
de mes chats la même opération ; il était Plus fort, et 
imourut toutefois comme le précédent , maïs seulement 
osé trente-six ‘heures ; l’autopsie préseita sur! le nerf 
_ pieimo- gastrique A la même substancé dont nous 
avons parlé plus haut, et qui semblait causer üie sqlu- 
tion de continuité entre les filets dé portion supé- 
rieure et ceux de l’inférieure du nerf. 

Il me restait encore deux chats, le'cinquième ayant 


( 170 ) 
péri par un agcident. Gette fois j’attendis deux mois ; et 
j'opérai le troisième alors âgé de quatre mois; il parut 
peu. éprouvé; comme trois jours après il était encore 
plein de vie, jesme, décidai à diviser aussi le preumor 
gastrique droit à.son camarade; qui n'en souffrit pas 
plus que lui; quinze jours s'étaient écoulés , et les deux 
chats se portaient à merveille, IlLs’agissait de décider si 
la préservation de leur vie ne dépendait, point de.quel- 
que .anastomose, qui aurait rétabli la communication 
nerveuse; en conséquence, je redivisai sur le premier 


des deuxle nerf pneumo-gastrique droit , immédiatement | 


au-dessus de la place où il l’avait été la première fois ; 
l'animal supporta-très-bien cette opération 3 .5a.respira- 
tion n’en éprouya, aucune gène ; trente-six heures.après 
je divisai sur le même sujet Je pneumo-gastrique gauche 
au-dessus de sa,première section ; au bout de -trente 
heures le chat mourut, comme si les deux nerfs de la 
huitième paire eussent.été divisés en mème temps. : «4 

_ Je disséquai.avec, beaucoup de soin.les troncs nerveux 
que l’on avait divisés ; les denx portions supérieure e: 
inférieure du pneumo-gastrique gauche étaient unies 


l’une à l’autre par un renflement dur ; d'apparence blan- 
châtre , sur lequel. le nevrilemme paraissait bien plus | 
épais que partout ailleurs, Je fendis ce reuflement, e: | 


j'enlevai avec soin tout le nevrilemme grossier qui er 


formait la couche la plus externe ; jecomprimai le reste | 
entre deux lames de verre ; et le plaçant sous le mi- | 
croscope , je vis distinetemeni les filets du trone nerveux | 


supérieur se prolonger dans le tronc inférieur au travers 


(4 


de la substance interposée , indiquant ainsi la restaura- \ 
tion du tissu dans son imégrité. Comme point de com- W 


(171) 
paraison, j'examinai de la même manière la cicatrice 
qui s’établissait dans la section récente; l’on n'y suivait 
point de filets. Je répétai identiquement la même expé- 
‘rience sur le dernier de mes chats , avec un résultat en- 
tièrement analogue , et je déduis de ces faits les conclu- 
sions suivantes : 

1°. Lorsque l’on a divisé un nerf , il ne ‘suffit pas, 
. pour que l’action y soit rétablie, que les deux portions 
divisées soient , comme cela arrive bientôt , réunies par 
ce tissu cellulaire blanchâtre qui s’interpose entr’elles 
et adhère à l’une et à l’autre. 

29. Il faut que dans cétte substance iinterposée il se 
prolonge des filets nerveux de la partie süpérieure à l’in- 
férieure. ï Dis 

3°. Cette prolongation n’a paru avoir lieu qu'après 
un temps assez long. J'ajouterai encore que les filets 
prolongés n'étaient plus juxtaposés les uns aux autres 
avec cette régularité qu'on remarque dans les cordons 
nerveux; ils étaient; au contraire séparés , comme s'ils 
s'étaient frayés avec difficulté une route au travers dé la 
substance interposée. 


(Mém. de la Soc. dé Phys. et d'Hist. nat. de Genève. 1826.) 


(172) 

SMAIPOIS SA 019) {oi D 
OBSERVATIONS 200LOGIQUES faites à bord dë 

- l'Astrolabe ‘en mai 1826, dans le détroit Ge 
RE t Et ; a sg 
loi 1 29 | 28:49 

Par MM. Quoy et Garman», 
: Médecins dé‘la Marine’) Naturalistés de l'expédition. 
) LECLS j joe »fJ AU AIX 


(Suite). 


» JE ASMNEPE EE 


Description des genres Hiprorone, OnvrmE, RosAce, 


Rarzorayse, Dranée ; Equorée, Paoncnre » Cam | 


PANULAIRE, ed da CE ALCXON. 
si lGénté Hirrotonr, Hippopodius. 
e) , D a LEE 
ec vol. agrégé ; libre, » flottant formant des séries de 
six à huit individus, groupés autour d’un chapelet.de su- 
çoirs,et, d'ovaires susceptibles d’une: très-loigue exten- 
sion. 1! Tr ere dilnotrhb-s9v# 28 13 
Les side sel ressemblent à, la corne du pied 
du cheval ; d’où vient le nom que nous avons donné à ce 
gb rat SUR 5 que nous, 


nouveau genre, et leur ensemble: offre l'aspect de la : 


raine du houblon, ou mieux encore de l’épi des Briza. 
S ; P 


HipporoDE JAUNE, Hippopodius luteus. 


Planche 4 4, figures 1-12. 


Voilà encore une de ces formes organisées que recèle: 


la mer et qu'il est bien difficile de pouvoir comparer à 
aucun des animaux connus jusqu'ici. La manière dont 
la vie s'opère dans ces individus, que le moindre choc 


C173) 

sépare , est encore plus difficile à concevoir. Lorsque , 
$ur un grand nombre, on est assez heureux pour avoir 
un Hippopode complet, on le voit formant un petit cône 
d’un pouce de long, composé de sept à huit individus 
imbriqués d’une manière alterne , dont les plus gros sont 
les plus inférieurs; de l’un de ceux qui approchent le 
plus de la sommité part un chapelet d’ovaires et de su- 
coirs , lequel traverse un canal formé par l’ensemble des 
individus , et se développe au dehors dans une. longueur 
de huit à dix pouces. 

Si nous examinons chacun des individus séparément, 
nous trouvons que la forme dont ils se rapprochent le 
plus est celle de la corne du pied du cheval. 

La face que nous nommerons inférieure, d’après sa 
position naturelle, est arrondie, concave , avec quatre 
petites pointes sur le pourtour de la concavité servant de 
moyen d’union entre les individus. De la base de ces 
pointes s'élève une petite valvule excessivement mince, 
"demi-circulaire, de trois ou quatre lignes de largeur dans . 
l’état naturel , à peine visible lorsque l’animal est sorti 
de l’eau : c’est elle qui , par ses contractions , détermine 
la locomotion. Un des côtés de ce corps est échancré; 
c’est cette échancrure qui , réunie à celle des autres in- 
dividus , forme le canal central. 

La face supérieure de l’Hippopode est également con- 
cave. 

Dans la ligne médiane est une strie qui est sans doute 
un commencement de conduit servant à la nutrition ; du 
reste, ces animaux assez résistans , translucides, d’as- 
pect opalin, sont en série décroissante de bas en haut : 
ordinairement ce sont deux individus très-pelits qui ter- 


(174) 
minént le somimét du cône, et leur forme est beaucoup 
plus arréndie. | 

C’est le plus souvent au sommiet , mais quelquefois au 
deuxième où troisième individu , que se fixe, par un 
petit appendice , le chapelet des tentacules et des suçoirs; 
il sort et rentre à volonté dans le canal, qui n’a pas plus 
d’ün pouce de longueur. L'extension des suçoirs, dont 
les mouvemens sont très-brusques et très-vifs , péut al- 
ler jusqu’à sept à huit pouces; sur la tige de chacun 
d'eux , et d’un seul côté, est un corps ovalaire, d’un 
beat jaune , strié êt accompagné d’une cirrhe ordinaire- 
meñt en tire-bouchon. 

Une seule tige centrale de suçoirs , ramifiée, pend au 
dehors entre les tentacules, tandis qu’un groupe de su- 
coirs assez nombreux ne fait presque jamais saillie hors 
du corps. 

Nous n'avons jamais trouvé plus de huit à dix indivi- 
dus réunis ; cependant on peut concévoir leur masse plus 
considérable. Lorsque les tentacules sont rentrés ils se 
meuvént horizontalement ; mais lorsque le chapelet des 
tentacules ést sorti ils nagent verticalement : ce méca- 
nisme a lieu par le moyen de la valvule que nous avons 
indiquée. Tous n’agissent pas ensemble , un seul suflit | 
pour conduire la masse : lorsqu'ils sont désagrégés ils se | 
meuvent aussi séparément. Il en est de mème des tenta- | 
cules et des suçoirs, qui peuvent vivre ainsi plus de douze | 
heures ; c’est même le moyen qu'on est obligé de prendre | 
pour mieux les étudier. $ 

La désagrégation de ces individus s’opère si facile- k 
mént, que nous les rencontrions presque constarnment | 
séparés ; il arrive mème qu'on en trouve d’unis , ne for- 


(135) 

tnt qué la ioitié du côhe et ayant encoré at $6fnmiet 
les téntacules ét les suçoirs. 

. Malgré tous les détails d'anatomie que noûs donnons 
détoutes'lés parties qui composent les Hippopodes, dont 
nous avons observé HE complets , il nous est im- 
possible dé diré comment s’opère la nutrition de ceux où 
-ne vont point se fixer les sucoirs , car il né paraît aucun 
canal ni conduit passant dé l’un à l’autre, et leur adhé- 
rénice ést si légère, qu’à peine peut-on supposer entre 
éux un moyen d'union autre qu'une éspèce dé collemént, 
comme on le remarqué dans quelques Biphores. 


ORYTRIE JAUNE, Orythia lutea. 


Planche 4 B, figure 1. 


Ombrelle convexe, arrondie, plus que demi-sphéri- * 
que, à limbe mince, très-légèremént denticulée, les 
denticules tendant à s’accoupler. Elle est piquetée tout- 
à-fait dans le genre de ce qu’on appelle pointillé dans le 
dessin. 

Pédoncule quadrilatère , épais, divisé en quatre bras, 
lesquels se subdivisent bientôt pour en former huit ; 
l'extrémité de chacun d’eux est légèrement bifurquée. 
C’est entre chacune de ces divisions que partent huit ap- 
pendices assez courts , augmentant de volume, et trian- 
gulaires à léur extrémité , qui est un peu élargie. 

Ce pédoncule est muni de cotyles à sa partie supériéure 
&insi qu'à l’origme de ses huit dernières divisions, ce 
| qui le rend rétréci au milieu et évasé à ses deux extré- 
mités. Il existe de plus , à la partie supérieure de l’om- 
| brelle, ce qu’on est convenu d’appeler des ovaires ; en 


( 276 ) 
les examinant en dessus on voit. qu'ils, forment quatre 
segmens de cercle qui , réunis , ont la. forme d’une croix! 
Du reste, le pédoncule à sa sortie de l’ombrelle forme , 
par ses divisions, quatre ouvertures improprementhomé 
méés bouches ; ayant chacune urpetit tubercule mame- 
lonné. La vraie bouche existe out-à-fait à on 
du pédoncule, entre les appendices.., toc 10701 

La brièveté de l'appareil pédonculaire de cette Mé- 
duse fait qu ’elle tend, toujours , même dans l’état vivants 
à être renversée: l’ombrelle .en bas; et lorsqu'elle est 
morte les rebords de l’ombrelle:se renversent en dehors; 

Sur trois individus que nous avons pris dans le détroit 
de Gibraltar, près de Ceuta , et sur cinq ou six que nous 
avons rencontrés dans Ja rade d’Algésiras , le plus grand 
n'avait que deux pouces environ de diamètre. 


CUIR RE DOTE LEXONUO 


+ Genre. ROGUE , Rosacea.: 


pret s : 190 


Corps bre à gélatineux , trés - zmou, transparent ; 
suborbiculaire, à une seule ouverture à l’un des pôles: 
communiquant avec une dépression, dans laquelle s’in- 
sèrent des ovaires et des suçoirs. 


RosAcr pe CEUTA, Rosaceu ceutensis. 


Planche 4B, figures a et 3. 


Cet individu , très-mou , de ve grosseur d’une paie 
cerise , transparent, offre une cavité conique pénétrant | 
dans l'épaisseur de l’animal et allant communiquer pars 
un étroit canal à une dépression extérieure qui loge des) 
sucoirs et des ovaires de couleur jaune. L'ouverture: ou! 
la bouche de cette cavité est ronde , placée entre quatre!) 


(177) 
renflemens qui lui donnent l'aspect d’une rosacée. D’au- 
tres renflemens se voient dans diverses parties du corps 
de l'individu qui, en général; est arrondi et comme 
bosselé. 6 
Sur deux individus trouvés dans le détroit de Gibral- 
- tar, près de Ceuta, nous en vimes un privé d’ovaires et de 
suçoirs. | 
ROSAGE FRONCÉE, Rosacea plicata. 
Planche 4B , figure 4. . 


En attendant d’être mieux éclairés sur la nature de ce 
corps, dont nous n'avons trouvé qu'un individu , nous 
le plaçons parmi les Rosaces , bien qu’il soit susceptible 

de former un genre distinct, a 
+ Ilest gélatineux , mou, de la consistance des,petites 
Méduses , lisse, subovalaire et réniforme, À l’un: des 
2 pôles, est un trou assez large , peu profond, plissé sur ses 
bords, du milieu duquel part un étroit canal qüi' ya se 
: terminer près du pôle opposé , à une cavité arrondié, ,, 

A la face inférieure de l’animal est une dépression. lo- 
geant des suçoirs placés sur une tige commune et d’autres 

? corps qui avaient l'apparence d’ovaires. 

Le corps n’avait point de mouvement, les suçoirs seuls 

s’agitaient, et ils finirent par se séparer de lui : le tout 
* était transparent. On peut voir dans les planches’ les dif- 
 férences qui existent entre cetle espece et la précédente. 


La patrie est lammême.  , Of- 217 Edrre 


RaizoPuysE HÉLIANTHE, Rhizophysa heliantha.' 
Planche 5.4, figures 1-8. & % 


Cette jolie espèce est formée d’un axe central dont la 
pointe est vésiculeuse. À la partie supérieure de cet axe 
X. 12 


(787) 

sont dé nombreux sucoirs mêlés à dés ovaires ; ces su- 
çoirs , allongés ou arrondis en ampoule ;! sont ‘évasés à 
leur ouvérture. Au miliéu d'eux on ën voit un court È 
beaucoup plus gros, à large ampoule , laquelle, rosée à 
la base et garnie d’ovaires d’un côté, parait être la 
bouche. De la tige, susceptible de s’allonger fndéfini- 
ment , partent de nombreux tentacules desquels S’échap- 
pent de petites grappes brunâtres terminées par trois di- 
gitations ; de plus, à la partie supérieure viennent se 
grouper en rond une foule de petites folioles étroites , 
subaplaties , recourbées en demi-cercle ; pointues à leur 
extrémité avec une strie longitudinale dans leur milieu. 
Ces appendices excessivement transparens , difficiles à 
apercevoir dans l’eau , se détachent si facilement qu’ils 
finissent par tomber tous dès qu’on y touche. 

Les couleurs de cette Rhizophyse sont très-tendres ct 
fort jolies ; l’ampoule hydrostatique est rouge-brun ; les 
ovaires sont un mélange de jaune et de vermillon , et les 
tentacules présentent des taches brunâtres. 

Lorsque cet animal est hors de l’eau, les appendices 
rayonnés s’affaissent , s’appliquent les uns aux autres ct 
lui donnent la forme d’un petit melon à côtes. 

Après que ce corps eut perdu ses appendices rayon- 
nés, l’axe central formé des sucoirs , des ovaires et des 


tentacules , fut conservé dans l’eau : plus de douze heures 
après ils jouissaient d’une contraction très-prononcéel 
qui s’opérait, au moindre mouvement imprimé au vase , | 
avec une telle rapidité, que pour les étudier, il fallait 
saisir leurs intermittences d’action. 

D’après la facilité qu'ont les appendices à se détacher, | 
nous pensons que la Rhizophyse figurée par Péron) 


C179 ) 

( Voyage aux Terres australes, pl. 20, fig. 3) devait 
aussi en ètre pourvue , que par conséquent elle serait in- 
complète: il est certain qu elle l'est sous le rapport. des 
suçoirs et.des tentaculés qui ne sont qu ‘imparfaitement 
marqués. Il y a si peu de détails dans cette gravure que 
l’ou.croirait voir une plante marine : il en ést de même 
de la Rhizophyse filiforme figurée dans Forskal et qui 
est représentée dans l° Encyclopédie. 

La nôtre a été prise près du rocher de Gibraltar par 
M. d'Urville, Commandant de l’Astrolabe. Peut-être 
est-ce la même qu’a voulu figurer Forskal dans le dessin 
peu reconnaissable.qu’il a dünné sous le nom de Physo- 
phora rosacea (F. ægypt., pl. 43, fig. B, b), et qui est 
reproduit dans l'Encyclopédie, pl. 89, fig. 1o et 11: 


Ruizopayse pisCoinE, Rhizophysa discoidea:. 
Planche 5 B, figures 1-3. 


Cette nouvelle espèce représente un petit disque 
aplati, ressemblant assez à l’ombrelle d’une Méduse, 
au pourtour duquel pendent environ une douzaine d’ap- 
pendices légèrement rosés, floconneux, composés de 
petits corps orbiculaires se tenant les uns les autres; au 
milieu de ce disque, et en dessous, on remarque un 
faisceau de suçoirs siriés transversalement qui entou- 
rent probablement une bouche que nous n'avons pu 
apercevoir ; ils sont très-rétractiles et donnent encore 
des signes de vie que lé reste de l’animal paraît mort. Ces 
sucoirs ne dépassaient point alors les appendices du pour- 
tour : leur base est entourée de petits corps jaunâtres. 

Du milieu de la partie supérieure du disque part un 
tube assez long, contenant une bulle d'air à son extrémité, 


“Lé: 


en forme d'ailes, avec un renflement à la partie supé= 


(98 sh. 
qui est rougeñtre ; c’est à l’aide de éette bulle que l’ani- 
mal s se soutient verticalement dans l'eau. 

Le cotleur générale est Tégèrement rosée; sa longueur 
est d’un pouce et demi le diametre du dictide peut être 
d'environ cinq lignées. 

Sans les suçoirs et l’appéndice supérieur qui part du 
disque , on pourrait prendre ce zoophyte pour une petite 
Méduse et en former une espèce distincte. Il a ‘été pris 
dans le détroit de Gibraltar.” 


Raizoruyse MELON, Rhizophysa melo. 


Planche 6C,, figures 1-9. 


EME est bien sans contredit la plus singulière et la 
plus éléganté de cellés'que nous ayons encore vues; elle 
est remarquable par deux appendices épais, très-résis- 
tans , transpärens comme du cristal, allongés , ovalaires, 


rieure qui sert de moyen d'union près de la tige , la- 
quelle contient la bulle d'air. Chaque appendice vu de 
face ressemble à une côte de:melon, où mieux encore à 
l'élytre rugueux de quelqnes Buprestes ; ces inégalités 
sont occasionées par de petites éminences longitudinales 
régulièrement disposées sur six ou sept rangs. L'individu 
que nous possédons n’a que deux de ces appendices 
alaires , mais il est probable qu'ils sont en plus grand 
nombre et se groupent en rond autour des suçoirs; c’est 
ainsi du moins que nous l'avons observé dans les deux! 
espèces précédentes. La figure 2 donne une idée de l’a:| 
nimal dans son intégrité, telle que nous la concevons. 
et la figure : le représente tel qu'il a été trouvé. 


La partie supérieure de la tige est rugueuse, comm! 


( 181 ) 


villeuse et de couleur brun-rouge; les,suçoirs sont vo- 
lumineux , commedécoupésà leur extrémité; les ovaires, 
mélangés de jaune etde vermillon , ce qui donne un as- 
pect agréable. à. cet ensemble ; il y,a de plus des tenta- 
cules peu allongés, lisses , et d’autres terminés en tire- 
bouchon, trifides à. leur pointe et de couleur rouge- 
brun. n 

‘A peine mis dans l’eau, les appendices latéraux ailés 
se séparèrent et, quoique très-épais ; ils surnagèrent ; la 
üge resta seule et vécut encore très-long-temps. 

La longueur de l’ensemble est de trois à quatre 
pouces ; le diamètre est de deux pouces. 
Cette Rhizophyse a été prise à l'entrée du détroit de 

Gibraltar par M. d'Urville, Commandant de | #stro- 
labe. 


DrANÉE RONDE , Dianæa rotunda. 


Planche 6 4, figures 1-3. 


Ceue Méduse a le corps complètement orbiculaire , 
de sorte qu'il faut de l'attention, lorsqu'elle est contrac- 
:tée, pour distinguer l'ouverture de l’ombrelle et même 
. Jestentacules; elle n’a plus alors quela forme d’une boule 
montrant un point cramoisiau milieu. Lorsqu'elle se dé- 
_veloppe, le bord orbiculaire de l’ombrelle s’élargit, et on 
aperçoit une large cavité occupant le tiers inférieur de l’a- 
_nimal ; à la partie supérieure de cette cavité on remarque 
quatre stries , et au milieu quatre petits bras très-courts, 
très-rapprochés, festonnés sur les bords et de couleur 
cramoisie. C’est dans leur intervalle que doit exister la 
vraie bouche, ce que la peutesse de l'individu n’a pas 
permis de vérifier. 


( 182 ) 


Le pourtour de l’ombrelle est muni d’un assez grand 
hombre de tentacules excessivement déliés. 

La grosseur de cette Méduse varie depuis le volume 
d’une petite cerise jusqu'à celui d’une balle de gros ca- 
libre. > ol | 

De la Méditerranée, dans le détroit de Gibraltar. 


DrANÉE CONIQUE, Dianæa conica. 
Planche 6.4, figures 3-4. 


Corps allongé , conique, pointu à une extrémité, tron- 
qué à l’autre, qui est l'ouverture, arrondie; garnie d’une 
vingtaine de très-petits tentacules filiformes, ayant à 
leur base des points rougeâtres. L'intérieur présente 
quatre côtes surbaïssées au sommet , et l’ombrelle autant 
de stries qu’il y a de tentacules. À l'intérieur et à la par- 
tie supérieure de l'animal est un pédoncule rougeûtre, 
cordiforme ; duquel pendent quatre petits bras très- 
courts, agglomérés et de couleur rose. 

L'ensemble de l'animal est transparent ; moins les 
parties que nous venons d'indiquer. I prend; en se con- 
tractant, la forme d’une boule. Indépendamment détlà 
contraction du pourtour de l’ombrelle, cette Méduse en 
présentait fréquemment une autre qui avait lieu de haut 
en bas, de sorte que lés deux extrémités du cône se rap= 
prochant avec violence ; la Dianée semblait aplatie, et 
alors les petits bras faisaient saillie hors de l’ouverture 
de l’ombrelle. Il ne résultait aucune progression de ce 
mouvement. 

Cette Méduse est voisine de la Dianæa pileata de 
Forskal (Ægypt.;‘p.'1ro,"et 16, pl. 33, fig. D) 
représentée dans l'£ncyclopédie méthodique , pl. 923. 


+ 


à ( 183 ) 
fig. 113 mais elle en diflère par les points rouges du 
pourtour de l’ombrelle.et par l'absence d’un tubercule 
mobile en dessus, 32é 

Sa longueur, varie d’un don ont ne à un pouce. 


Elle a été prise dans la Méditerranée, près le détroit 
de Gibraltar. 


DraNÉE PETITE, Dianæa exigua. 
Planche 6.4 , figures 5-6; 


Ombrelle plus que demi-sphérique , commen boule, 
à travers laquelle on voit quatre stries qui , d’unepart, 
correspondent à la base dn pédoncule ; et de l’autre se 
terminent, au pourtour de l’ombrelle, à quatre folioles 
cordiformes d’où partent autant de tentacules filiformes 
très-courts. L'ouverture est orbiculaire et lisse. 

Pédoncule assez long , recourbé dans l’état de vie, 
évasé à l’extrémité où 1l présente quatre tubercules en 
croix. 
_ Cette petite Méduse, du volume à-peu-près d’une 
grosse cerise, est entièrement blanche et transparente ; 
a beaucoup de rapport avec la Hedusa proboscida- 
dis de Forskal (Ægypt., p. 108, et Je., pl. 36, fig. r), 
reproduite dans l'Encyclopédie , pl. 93, fig. 1. Peut- 
être est-ce la même ; cependant elle en diffère en ce que, 
au lieu d’avoir six folioles et six tentacules à la périphé- 
rie, elle n’en a que quatre de chacun d'eux. 

De la Méditerranée, détroit de Gibraltar. 


DIANÉE PETITE, Dianæa exigua. (Variété?) 
Planche 6 4, figures 7-8. 


Nous avons représenté à côté de la Dianée petite un 


(184) 


autre individu ayant beaucoup de rapport avec elle ; tou= 
wfois il en diffère par la grosseur de la trompe , par sa 
bouche en rosette, et surtout par le manque de folioles 
à la base des tentacules. 


De la Méditerranée’, ue le dent de Gibraltar, 


.DiANÉE BITENTACULÉE, Dianæa nas 


ro { +1, Planche, 6.4, figure 94 


Très-petite espèce, si ce n’est point une jeune, de la 
grosseur d’un noyau de cerise; à ombrelle arrondie, un 
peu plus que demi-sphérique : le pourtour bordé de petits 
points saïllans et nombreux ; deux tentacules assez 
courts , avec une petite trompe recourbée et tellement 
déliée qu'on pourrait la prendre pour un troisième ten- 

iacule. van “tt à | 

Cette Méduse , prise dans le détroit de Gibraltar, est 
blanche et transparente , et, sans Les points de son pour- 
tour, on pourrait croire que c’est un jeune individu de 
notre Dianœa balearica. (7 oyage de 2 Üranie, Zoo- 
logie, p- 566, pl. 84, fig. 3.) j 


DuanéE FUNÉRAIRE , Dianæa funeraria. 


Planche 6 A; figures 10-15. 


Ombrelle plus que demi- sphérique , très-arrondie en 
dessus ; ouverture large ; limbe garni de nombreux ten- 
“ot partant chacun .d’ un peut renflement , très- 
déliés et courts. 


Pédoncule et bras très-courts, d’un noir velouté, se 
divisant ensept parties, à chacune desquelles commence 
une striese portant en forme d’'S, non loin du pourtour! 
de l'ombrelle, etse terminant à une petite foliole ovalairé, | 


(185) 


marquée d'un point fauve au milieu. Les divisions de 
ces lignes ne sont point égales ; quelques-unes sont plus 
rapprochées entre elles. Cette division-du pédoncule en 
sept parties est la seule jrs nous aÿone encore renton- 
trée ; constamment nous l'avions vu s’opérer eñ nombre 
pair. 

La couleur de cette Médusé est hyaline, à l’exception 
du pédoncule et des bras; son diamètre est d’environ 


quatorze lignes. 


Nous l’avons prise dans le détroit de Gibraltar. 


ÉqQuorér ne Equorea capillata. 


Planche 62, figure 1. 


Très-petite espèce , de quatre lignes environ de dia- 
mètre, d’une transparence si parfaite qu’à peine peut- 
on l’apercevoir dans l’eau. Son ombrelle a la forme d’une 
toque surbaissée en dessus ; ses tentacules au nombre de 
plus de douze , quoique nous'n’ayons pas pu les compter 
au juste , sont très - longs, rigides , toujours en $ dans 


’état vivant, et constamment quelques-uns élevés au- 
dessus de l’ornbrelle ; ce que nous n'avions point encore 
* remarqué dans les Médusaires. 

Cette espèce , également du détroit de Gibraltar, avait 
_ des mouvemens très-vifs, 


Porcynie BoNNET, Phorcynia pileata. 


Planche 6C, figure 1. 


y 


En attendant que nous possédions d'autres individus 
qui puissent mieux nous éclairer sur l'organisation de 


cette Médusaire, pour en former un nouveau genre, nous 


( 186 ) | 
la placérons dans le genre Phorcynie de M. de La- 


marck. 

Elle n’a ni pédoncule, ni bras, nistentacules ; son 
ombrelle est conique et ondulée, mais n’a point de lobes 
à son bord, ce qui en constituerait une Carybdée , et 
son ouverture est large sans être très-profonde. 

‘Elle porte au sommet de l’ombrelle, dans son inté- 
rieur, une petite cavité pyriforme placée obliquement , 
qui n’a point l'apparence d’une bouche. 

Rien n'indique qu'il lui manque quelque partie , 
comme cela arrive quelquefois dans ces animaux qu’un 
trop léger examen pourrait alors faire regarder comme 
des espèces nouvelles. 

Sa couleur est entièrement blanche et son tissu résis- 
tant ; sa longueur est de huit lignes et son diamètre de 
Six. 

Sa patrie, le détroit de Gibraltar. 


CAMPANULAIRE LISSE, Campanularia lævigata. 
Planche 6 D , figures 4-5, 


Cette campanulaire , longue de six à huit lignes, pro-" 
vient de la baïe d'Algésiras ; elle est solitaire, blanche ,. 
assez longuement pédicellée ; les pédicelles ‘sont lisses ; 
la cellule qui les termine est oblonguc , assez réguliè- 
rement campanulée , subdenticulée dans son pourtour. 
L'animal qu’elle contient, également de couleur blanche, 
est pourvu d’un grand nombre de tentaculés en roue au- 
tour d’une bouche centrale, dépassant ordinairement de 


béaucoup sa cellule, et en occupant le fond lorsqu'elle 
est contractée : le pédicule qui le soutient occupe toute |! 
la longueur de la tige. 


(187) 
La planche 6 D représente ce polypier sous divers as- 
pects. Hoakin 
Genre Asrroïpe, Astroïdes roi 
oipinon tes S1sder 
Polypes actiniformes, aylindriques, contigus. ; ayant 
deux rangées de tentacules assez courts; bouche cen- 
trale, ovalaire, plissée, saillante ; corps susceptible d ex- 
pansion. 
Polypier encroûtant , à étoiles He pressés, x 
peu profondes , assez irrégulièrement hexagonales. 


ASTROÏDE ÜRE Astroïides luteüs.” 


Planche 92, figures 1-6. 


Les polypes que nous décrivons,.sans. sayoir, s'ils 
sont déjà connus, pourront former le passage entre les 
Actinies et les animaux des Astrées. Ils tiennent des pre- 
mières par les polypes,et des dernières par le polypier ; 
leur longueur est de huit à dix lignes et leur diamètre 
de trois ou quatre ; leur bouche est centralés-ovalaire , 
plissée ; leurs tentacules sont très:nomibreux , sur deux 
rangées , peu allongés, obtus et rugneux; le corps, ey- 
Tindrique , présente des stries longitudinales. Ces, poly- 
pes, très-contractiles, se développent facilement en. at- 
teignant la longueur indiquée , et lorsqu'ils, se replient 
sur eux-mêmes , ils rentrent au fond du ERA dont les 
bords les dépassent: il n’y a alors de visible que: les ten- 
tacules. et quelquefois la bouche, Leur, couleur,, de l’as- 
pect le plus agréable, est d’un très - beau jaune orangé, 
plus foncé;au centre de la bouche et aux tentaçules. IL 
est impossible, à la peinture de rendre exaclemen! la 
transparence et la suavité de cette couleur. 


( 158 ) 


Quoiqu'ils sortent facilement à l'extérieur, ces polypes 
se contractent tellement an moindre contact ainsi qu'à! 
leur mort; que nous n'avons: pas encore pu. en faire! l’a- 
natomie, c' 29 ile 

: Le polypier est une masse encroûtante,, pierreuse, qui 
ne nous a pas présenté plns de trois ou quatre, pouces 
détendue sur trois ou, quatre-lignes, d'épaisseur ou, d’é- 
lévation. Les étoiles sont-pressées, peu profondes, assez 
irrégulièrement, hexagonales,; leurs lamelles, sont; assez 
peu marquées , -et au fond de l'étoile est une petite élé- | 
valion. sl . oo! tri tro 

L’Astroïde jaune a été prise au mouillage sa Cox \ 
tarre, dans la baie d'Algésiras ; elle! n'était reconverte! 
que de, quelques pieds d’eau. : 


if3 


VERETILLE JAUNE, /’erctillum lutetum (1). 1 


Planche 94, figures 1-4. 


Cet individu, pris par, seize. brasses de bal 
dans la baie d’Algésiras, au mouillage de Guettarre , & 
six pouces de longueur étant rétracté, et plus d’un pied! 
dans son développement complet. Il est très-charnu et 
résistant , allongé, cylindrique, arrondi à une extré-= 
mité, pointu, subcordiforme et muni d’une très-pelite 
ouverture à l’autre. Il présente d’assez grandes différen= 
ces selon qu'il est ou non rétracté ; dans le premier cas 
on aperçoit des stries longitudinales se croisant, parse=| 
mées d’une foule innombrable de petits, tubercules el! 
d’oscules : ces derniers sont les ouvertures par rails 


(1) MM. Quoy et Gaimard avaient fait de cet animal un geb ous mai | 
il est plus probable qu’il appartient au genre Verétille. Fôvéz le | 
port de M. le baron Cuvier à la fin des Mémoires.  ! 


( 189 ) 


sortent les polypes, dont quelques-uns montrent:leurs 
rayons étoilés. SALON PERPA CH fo 
Mais lorsque l'animal a acquis son plus grand dévelop: 
pement, à peine le reconnaîtrait-on ; ses plis sont:effa- 
cés , el sés nombreux polypes étañt sortis le/kérissent de 
RATES DATE 207" TOP Fl«p ti betrep es e LA 
Ces polypes ; dont'quelques-uns ont! près de deux 
pouces de lüng ; sont très-préssés cylindriques ; creux , 
à huit rayons étalés en rosétté; ‘chacun de ves rayons est 
pourvu de dentitules courtés et écartéés ; au nombre de 
‘dif ou douze de chaque côté. La bouche, placée au imi- 
lieu , est étroite , arrondie ; elle communique avec une 
sorte d’estomac allongé, de couleur brune, composé de 
plusicurs faisceaux accolés'’éntre leax -! peut 2 être au 
nombre de six ; car il part de leur extrémité inférieure 
six filamens plissés, rougeñtres et comme flottans dans 
Ja cavité du polype. Le reste de célté cavité est entière- 
ment‘ vide dans urie assez longue étendue, ce qu'il est 
facile de voir à travers la blanchéur et la transparence 
dé l'animal } de sorte qu’on'peut diré que les organes di- 
gestifs et générateurs sûnt situés à l'extrémité du polype : 
“huit siries extérieures très-fines parcourent la longüeur 
“de la üge ét vont se terminer à là pointe de réunion de 
“chactüin des rayons. OAI SAS def TA Top) 
"Comme cèt animal habite tune assez grande profon- 
deur où la lumière n’a que très-peu d'intensité, ses po- 
lypes rentrent dès qu'ils sont exposés à Péclat du soleil. 
| Pour les Voir se développer nous’ avions ‘le soin de les 
tenir dans une demi-obscurité. Ce mécanisme avait lieu 
“par intermittence , ainsi, nous trouvions l'animal quel- 
‘quefois contracté et d’autres fois développé. Le resser- 


(ago) 
rement: s'effecuait très-promptemefft , mais il fallait au 
moins une heure/pour que lé développement s'opérât ; 
vélni-cii paraissait dû à la grande quantité d’eau que l’a- 
nimababsorbait, soit par les polypes ; soit par les pores 
dont-le corps peut.être.percé , ou plutôt par l'ouverture 
de son extrémité pointue. En effet, il arrivait quelquefois 
que cette ouverture lançait de l’eau avec force. | 

La couleur est d’un j jaune orangé parsemé de points 
un peu plus foncés; son. extrémité pointue, qui est 
lisse , est” du plus beau jaune-orangé sans mélange. Les 
polypes, à Texception : de l'estomac et des filamens, sont 
blanes, 0 poil svib 266 } 
+-Dans: cetté masse haie chaque polype paraissait 
vivre isolément. Si l’on coupait ou si l’on déchirait un 
seul de ges polypes, ceux qui le touchaient n’y parais- 
saient, point sensibles. Nous ayons enlevé des portions 
du corps ,et les, polypes qui y tenaient ont vécu assez 
long-temps , quoique l'intégrité de ce corps doive être 
nécessaire à leur existence , puisque ce n’est que par elle 
que l'énorme quantité d'eau qui sert à leur développe 
ment.complet peut être absorbée. 

Cet animal, qui n'était point fixé, ne peut avoir 
d'autre moyen de locomotion que celui qu’il se pro= 
cure en absorbant beaucoup d’eau; ce qui le rendant 
plus léger peut mème le faire flotier. Dans cet état, 
les mouvemens simultanés des polypes peuvent encore 
contribuer à le déplacer. | 

Nous n'avions jamais vu d’Alcyon si complètement! 
développé ; il faut un certain espace de temps pour que 
ce développement puisse,avoir lieu, et l’on doit avoir! 
soin de renouveler souvent l’eau du vase qui contient 


(191) 
ces animaux, parce qu'ils la rendent promptement:vis- 
queuse et qu’alors ils ne peuvent plus;y vivre. 2: 
Le dessin le mieux fait ne péut rendre que! fort: üm- 
parfaitement les couleurs transparentes de ces:Zoophy- 
tes ét surtout la légèreté et la éd de leurs: po- 


lypes. | 102 3b 
EXPLICATION DES PLANCHES. 


6 Es Planche iv: le ‘1191105 5 

A: LH éprpQds jaune, noi t eniq HA «ui 
Fig: 1. De,grandeur naturelle avec ses suçoirs, ie fs (EEE — 

Fig- CÉ Avimal désagrégé vu par sa partie supérieure. interne. — 
Fig. 3. Le même par sa partie inférieure externe. — Fig. f, 5,6. Le 
même vu de profil et sous divers aspects. — Fig.7 Deux individus à 
plat pour montrer!le canal a qu’ils forment pour laisser passer’ Les 
. tentacules, — Fig. 8. Manière dont s’insère le chapelet des suçoirs et 
des tentacules. — Fig. 9. Un tentacule très- - grossi et tortillé. — 
Fig. 10. Le même tel qu'il est complètement développé ; les ovaires 
et les suçoirs n’occupent qu’un seul côté de la tige. — Fig. xr et 12. 
Ovaires et utricules très-grossis, 


. Fig: 1! Orythie jaune. 
ig. 2. Rosace de Centa grossie du double, 

a, ouverture de la cavité ; b, dépression où se fixent les suçoirs et les 

ovaires. 

ig. 3. La même vue de face pour indiquer la position de l’ouverture. 
ig. 4. Rosace froncée. 
Planche v. 

* Rhirophyse hélianthe, 
fig. 1. De grandeur uaturelle. a, sa bulle d'air. — Fig. 2. La mième 
sortie de l’eau. — Fig. 3. Sucoirs grossis. — Fig. 4. Ampoule grossie 
qui, placée au milieu des sucoirs, est probablement la bonche. — 
Fig. 5. Un tentacule grossi. — Fig. 6. Une portion du même exces- 
sivementgrossie. — Fig. 7,-8. Appendices qui se groupent autour de 
la tige, 


+ Rhizophyse discoide. 
ig. 1. De grandeur naturelle, — Fig. 2. Ses suçoirs grossis, — Fig. 5. 
Les tentacules oyariformes très-grossis, 


( 192 k 
Ce Rhizophyse ielon. ge lo e68 Li t.nsof) 
Fig. 1. Dé gfimdear naturelle , avec ses deux ailes sn bei. aé 
trouvée. — Fig. 2. La même restituée dans Pétat qu'élle doit prôba= 
blement avoir. — Fig. 3. Extrémité de la tige où a la bulle Cia — 
tEig: 4 Lie charnue yue en dedans. _ Fig. 5: La méme vue éxtéri ie : 
DE rement, — Fig. 6 - Tentacule + très- “gros. — Fig. LE 8.  Sucoirs prossiss 


x - Fig, 9e ; Un des suçoirs montrant son Quverture frangée. #. HN 
EYrE q hp LE 


* Planche qi! 3 AU 7 AMAROTE SYYIOY 


A. Dianées. > dr 
Fig. 1, Dianée ronde. — Fig. 2. Ses bras grossis. 
Fig. 3. Le. conique. - — Fig. 4: La même vue en dessus. “ 
Fig. 8 Dance | petite. 2 Fig. 6. Extrémité de son pédôneule. ** \ 
Fig. 7. Variété de la Dianée po — he 8. Extrémité de son pédons 
QE 19919b : , olodos À 
Fig..9. Dianéé bitentaculée. e aeh 
Æigs10: Dianée f funéraire. — Fig. 11. La même renverse pepe, ee | 
le “disque, in intérieur. — Fig. 12. Ce disque vu de face, — Fe. 13. L 


La PT vu de profil. — Fig. 14. Partie centrale du disque vuc de prof 
cet grossie — Fig. 154 Portion externe d’un des rayons du disque très 


i : grossi,” | 


‘B. Équorée chevelue. p rest) doi 
Fig: 1: Degrandeur naturelles... 


1€: Phorcynié bonñet. vob kasiqis duo D 2neft sil nul 


Figox: De grandeur näturelles sine buts ou & di af} 


| D. Campanuliire TES es RE TUR HU SAHOONG Épous OÈR 
Fig. r. Trois individus de grandeur née Ji — is. : 24{Un, indivie 
avec l'animal sortant de sa cloche. — Fig. 3 : Le même ay vec, l'auim 
Et À 4. Animal retiré de la coche — Be. LÉ Un tent u 
très-grossi. D) \ D :290 10 180: 

me à Prahehe ae Up Huang il D. 

Æ. Veretille jaune. ALT | 
 Figex Verétille, jaune; moitié, deisa grandeur naturelle,éb au trait. 
Fig. 2, Une portion du même de grandeur naturelle. — Fig. 3 
_polype grossi. — Fig. 4. Un polype dont les rayons soût trongu 
et montrant le tube digestif 4, à l'extrémité Poe Enlc 4 
lamens plissés à. 


( 193 }) 


+ Vota; Pour faire ressortir les polypes on a été obligé de leur .don- 
mer une couleur rosée , mais ils sont blanes. et traphpazeue, et reflè- 
+ tent la couleur de La Veretille.. aval 


B. Astroïde j jaune. 

Fig. 1. Astroïdes jaunes de grandeur nalurelle el sortant de lèur poly- 
| pier. — Fig. 2. Un polype grossi. — Fig. 3. Sa partie supérieure vue 
séparément. — Fig. 4. Le même vue de face. — Fig. 5. Coupe d’un 
_ polype grossi. — Fig. 6. Un tentacule très-grossi. 


Sur les Habityeles de. :TOmidorhrnque. 


! 3 +: 
EL) .. : met + 1 


L'ole de hd vient d’en Es un pré- 

cis dans son dernier fascicule parvenu à Paris, : dé- 
cembre 1826. M. le chevalier Grégori, présent à un dé- 
bat élevé le 3 janvier dernier dans.le sein de l'Académie 
ae des-Sciences. touchant. les habitudes. de, J'Orni- 
thorhynque, s’est empressé de nous faire la communi- 
‘cation ci-après, qui y est relative. L'Ornithorhynque est- 
il vivipare ou ovipare? Un appareil glanduleux existant 
sur les flancs de cet animal doit-il, ou non, être rap- 
porté à une glande mammaire? M: de: Blainville;s’est 
fortement prononcé pour la détermination de M, Meckel, 

quand le Mémoire (1) de M. Geoffroy Saint-Hilaire , 
qui élevait des doutes à cet égard, fat lu à l’Académie. 
C'es est dans ces circonstances que nous publions l’article 
de l’anthologie que M, le chevalier Grégori nous a si- 
gnalé. 7 


" « L’Ornithorhynque habite les marais di k N uns. 


a) Sur un Appu ‘ei glanduleux récemment déconvert dans l'Orni- 
Darhyrnque et : faussement considéré comme une glande mammaire. 
Voyez précédemment ; tome 1x, page 457. 


X. is) 


(194 ) 
Hollande: Il fait, parmi des touffes de roseaux »istr le 
bord des exux, vu afid! qu'il comipdse der Bburresletidé. 
racines entrelacéés:il y dépose déux œufs blancs plu. 
petits que ceux'dés. poules ordinaires il les couvé longk\ 
temps , les fait éclore comme les'oiseaux!s'et nelles abaña 
donne que s'il est menacé-par quelque-ennemi redoui 
table. Il paraît que pendant tout ce temps il ne: mangé) 


ni semence ;: ni: herbe , et qu'il (sé :contentéode väse , 
prise! à sa portée yet: qui sufit:pour::lel nomvir :1duf) 
moins c’est la seule substance qu'on! ait ‘trouvée dns, 
son ;estomac: Lorsque l'Ornithorhynque. plonge:sous” 
l’eau ; il y veste peu de tempsy"ét revient hbiéiôt-à-là 
surface ; en: secouant la tête comme fontles: canatds: I} 
parcourt les rivés des marais, en marchañt, ou plutôtiers, 
rampant avec assez de: vitesse ;:1ses monvemens:ss0n8, 
prompis, eikest difficile de le prendre, parce qu'ib a une 
vue excellente. lon! ‘emploie ordinairement |qu'une mas 
rine pour respirer dans l'air ; ce quidaisse croire-qu'ib, 
ne se sert de l’autre qu'étant dans l'eau: Tlrse-gratte l@ 
tête et le cow avec:un:des pieds de derrière, comme font 
les chiens : cherche à mordre quand'ilest priss maïs 
sou bec, étant très-flexiblé et faible , ne peut faire-aucum 
mal. Le mâle, le seul qui soit armé d’un éperon à la 
jambe de derrière , emploie cette arme contre ses ageres 
seurs. La blessure qu'il fait proots une inflammation 
ct une très-vive douleur, mais il n° ya pas d exemple 
qu’elle ait occasioné la mort. » Æntologia di firense, 
tome 24 , page 305: ; 1/ 4 

Nous regrettons que l'nthalbgie omette ordinaire 
ment,de faire connaître la sourcesoù elle puise!les faits, 
curieux qu’elle communique à ses! lecteurs. Ceux qui ob 


(193) 

vient de Jine,se, rapportent assez fidèlement à une rela: 
üon-de,sir Patrick-Hillks écrite, à Sydney sous. Ja date 
dui3 janvier 821 ;etlimprimiée dans-les Transactions 
delà Société linnéennedé Londres ,10m.113 ; p: 622,4 
mais ils diffèrent, par- plus de précision; ce qui nous 
faiticroire.qu'ils EPA Vi source jautre:et 
plusnouvelle. 25 115 | 

. M4 Geofroy SxinseHilaipes avait és en nie 
Le obtenir delnouveaux renseignemens sur des habi:, 
tudés de. l'Ornithorhynque.: Nous allons: rapporter un 
extrait de la réponse que le: célèbre anatomistecet-pro2 
fésseur M. Southwood:Smith a faite à M: Edwards . 
11 «: Tim’y a y nisà la Société linnéenne ; ni dans aucun- 
autre dépôz de Londres , d'œufs d'Ornithorhynque: Une 
préparation avait été vue et déelarée pourvue d’un œuf : 
sir Évérard Home l’4 examinée et s'est convaincu qu'il y 
avaitieu méprise à cet égard. Ce savantla ajouté que per- 
sonne nes’était donné plus de peiné que lui pour lever 
tous les: doutes au sujet des Ornithorynques, mais qu'il 
avait espérance d'y parvenir ; ayant ‘intéressé à cétte re- 
cherche le secrétaire d'état du dépariemént ds colo- 
ét MITLAE. pi lei AU TASSE 930 
Su 74 mn Phénomènes. (géognostiques que pré- 
à "3 sente la position relative du Porphyre et des Cal= 
_caires dans les environs du lac de hs Lo 


San 


_. de Léoroin DE ns ARE: 


AONfE 67 115 10)193129 


D jrééorile tests observés dans la llée 
| de Fassa dans Le Tyrol. démontrent del4 manière la plus 


(196 ) 
_éidèntélque JEL porphyre ‘augitioqué (ponphyraahgi) 
traverse lés rochiés dés ”Alpés dans toute leur longueuts… 
qué del vient tiièmie de soulèvement déftoutks les mOn 
tagnes Alpines; qu'il en résulte que des arbres 
"vérsés/pén eteñtdnho les ‘différentes isBrtes de, rdclles 
les hodifient er les: transforitient Isouvent ‘en 'de édit 
vélles substances: qu'énfin lotte laréhaine des Alpes" 
déit étre ’sélén'tôute Vraisémblancde »'tonsidérée comme À 
sôïtie ei” dehors d'une fissure ‘immense quiet faite, | 
dans 1e calcairedes terrains: déisédimenr is Rousiles ait 
| dotitloh rjeut dédaire - ces :conséquénocs ‘innnédidtes jet 
manifestes se" trouvent malheureusement ‘situés; de: telle 
matière" qu'on ne ‘put lesobserver! que dificilement, 
péhiatit uné‘trèsipetite partie de l'année: | Lestsontmneis. 
dé ées Montagnes sont presque tous couverts d'une neige 
éternelle} evles plus remarquablebides péntes'infirieuris. 
nésôht dégagées déneige que Vers léemilibu de Pévéo3 
"Cest doné'ine! ciféonstancé/heureuse de trôuveri des! 
phénomèties ‘analogues ; 714 même vétiétéqeri lai Hérnel 
clarté de rapports réciproquément Kés:conihelcauseret 
comme l'effet ;::daris unel/contrée ’avcessibleoà:tont1e 
monde, dans toute saison/;|mêmeenhiver;:etravecid'äu* 
tant moins d'efforts qu’on! pêutlfaire: daplopart 1evdes 
plus importantes des observations sans: presque: qui trèr 


Me 


sa voitüre. C'est sur! les, rivages: tônjonrsverts duc ke 
de Lugano, däns là Suisse italienne jæt pantieulièrement 
sur Ja nouvelle route pratiquée au pied des.rochéts 
presque perpendiculaires: de Lugano à Melide 21159 
IL ést. vrai qu'on savait depuis! long-temps ‘que 
partié déi cés’ montagnes consistait en porphytéromen 
rôthies semblables ; mais cette'connaishante reposait ur 


( 197 ) 

(desibasessiypeu solides ;:qu'on, ne, la jugeait pas digne 
d'une-grandel altention, etyéncore, moins ,s’attendait- 
“onu qu'eHespütbjettercquélque jour,sur la sg géo- 
Shostidüens 22h opus. no, [ip à deriq LA es rit: 
cesDéà , en: 1784 ; Louiènita liste Laraanon,, qui péxit 
-plus tardavec:La, Peyrousé, savait avancé queles mon- 
ttagues voisines du lac de Lugano; çconsistaient; en. lave, 
setnceci fut! répété d'aprèsylui. dans;un;almanach inti- 
tülé Étrennes pourrtous les :âgesypnblié| en. 1790.à 
Lausanne; Mais Faujasditdans son Æssai sur Les Trapps, 
ique:Lämanon avait reconnu dui-mènie plus.tard «que.ee 
était: pasride la-lave ;-mais dutrapp. Breislack.(Instit. 
igéoloB:,14, 27 ).a, remarqué, plus de trente ansaprès, 
équ'ilrest {rappant:-qu'éntre le grand nombre de. blocs 
qui sertréuvent: sur:des eolhines de, Brianza, il n'y,a pas 
uurfrigmentrde; porphÿae:, quoique. cette roche se, ren- 
_cohtré en place-sur -le lac:de, Lugano : il ne,dit rien de 
plusyeteestlàtoutice qui a été publié.sur,ces contrées, 
sw Maisl je-possède déjà;rdepuis-plusieurs années, june 
inotice-de M: Lardÿ résidant à, Lausanne, dans| laquelle 
steigéognoste distingué: décrit-exactement ;-tant.Jes,por- . 
“phyres rouges. que-les:porphyres, augitiques,, qui Lor- 
cahent Ja: partie orientale, du lac ; appelle l’attention,sur 
ua singularité, deileur stratification net. les signale, coumme 
Mésipremières, montagnes.de, porphyre.que ob ait gb- 
tiservées | listes à présent len .deca- des ae la 
Suisse. b. bai ' LS 

. Cette. détatrene mit aussitôt les, montagnes, de por 
sphyre quientourentlelac d'Orco, en Piémont, sen Baison 
mimmédiate;ayec les grands phéuomènesoflerts par Les por- 
Mphyres dans le Lyral,;;etmontra l'éteudue ide. ces roghes 


(198 ) 

dus’ toute a partie sudides Alpes sénr Broechiét Gite. 
lndi flent connaitre comniétit 14 mème rôché/repatait 
ñonsenleméetit dans les valléés iñtéfmédiaires Pan dessus 
déBréscia ét de Bergame, sur la Méllk, sur POglio et sut 
le’ Serie , “mais aussi éomfiient' dés :moÿtagiiés de Do | 
Tone se troûvent à l'éntour dû! lac d'Tseo’ lesquels 
né detraient'pas moins exciter latténtion que les mon. 
tagnes du Tyrol même. Cette Continuité dés PES 

atgiuiquesIsur Je Hordisud’de la chéinié des Alpés 0h 
fire ‘dé #réthéf iune’ Joi PARENTS PE 
à toutes ‘les ’éhaînés de ‘montagnes } savoir, !'qué” té 
jours des pérphyres aüugitiques apparaissent’ at pied'de 
ln'chaïne, là où Isa pente $abaisse vers To pays ph. 104 
1Sümulés par cetl'importanit écrit déME! Éardy” iôus 
aMätres'en'sepiembre 1825 ; M. Bernard Stüdet, Tee 
lèbe”#uteur de Ta monographie dei 4 MotAsSéL MAÉ 
Bert Mousson'de Bérné'ér mot / par la Vale Hhe CEE, 
et'de”là ; par la grande roûté Téeiué Tarnos Mes 
le porphyré éloigrié de peude pas du Cap'de Phgô: sous. 
lérother dé calédiré presque pérpéndicnliite qui? étend 


jusqu'au laë! C’est du porphiyié Fou, ji Féiférimé des) 


dodécaëdrés de quartz en quantité. FL ÿ'4 4ussi béautotp. 
de felspath qui se distingue de la masse’ qui l'entoure par 
sa Couleur jauie-Hlanchâtre et par sa eristalliton dE 
terminée. On'y réficontré, ‘mais ‘rarément }'@és liés 
de mica gris et peu éclitant , avec’ des)‘arêtes trés-ie 
déterminées, ‘comme cela! est ‘érdinaife” dans! ées pote 
phyres !'on y chercherait 'atissi/en ain de l'imphiBôle 
ou de Taugite. Vérs Mélano ; des masses noires l'travére 


sent céleal roché'énfilôns ait elles devenaiehe toe 
jours ‘plus’ épaisses et plus fortes , ét allient”é6h8tÂm- | 


> 


| 
| 
’ 
| 


(199 ) 

ment se, perdre à une.certaine profondeur sous la terre. 
Près..du ænisseau de |Suveidie, qui descenddu fertile 
Montengenerosns, elles: formaient les deux-côtés.de. Ja 
vallée. Encore là ellesisortaient distinctement de dessous 
Jecporphyre rouge , mais,sansque la, séparation:füt ré- 
galière : la démarçation des, deux: roches,,était tantôt 
plus baute, tantôt. moins élevée. Nous suivimes laxoche 
noisey de remontant le ruisseau de Suveïdia.;, et après 
avoir -monté. «pendant, environ, quatre cent-pieds ; nous 
spires: sur larrive droite, un mur de rochers qui 
s'avançait sans être adossé ;.et .e est là que-nous vimes , 
somme sur unprofil, la séparation, de,ces, roches. Le 
porphyx e ronge était au-dessus , le porphyre noir:ou au- 
gitique au-dessouss mais ayec une, démarcation.si wan- 
chéet, sipsingalière et si srréelieRe -qu'on.ne. saurait 
douter que: ce dérsier m'ait. pénétré avec, violence dans 
le; posphyre-rouge. Plus haut encore;dans da vallée, le 
 porphyre quircontient du quartz (le rouge).ne domine 
que sur le côté gaughe du ruisseau, sur une. hauteur de 
iciag cents pieds, jusque, dans la proximité d'une.cas+ 
æade perpendiculaire sous. le village, Rovio. Là, le.cal+ 
gaire; derseconvre et forme. vers l’est toutes.les mon- 

tagues supérieures. 4 6[ 5 sun fsqels) 
,Heporphyrerouge n° fueint pas le iles de Rein: F1 
oche noire stélève sans interruption. sur la rive droite 
du ruisseau, et, -constitue d'une manière continue toutes 
Jes montagnes. -qqui.se prolongens -en,remontant: le lac, 
pendant w oisilieues , jusqu'à , Campione. Rovio est bâti 
sur çette. roche, qui. constitue: aussi toute. la. ‘série 
| déscollines qui sépare Rovio de Campioneset de Bissone. 
EL La masse principale de cette roche est toujours d’une 


( 200 ). 

couleur tréssfonicée, d'un vert moñatre) trésécailléuse 
dansé éasshreletplus pésante qué léhhasse priéipalédhi | 
porphyre rouge. On n’y trouvejamais un cristaldeqüartzf | 
mais ouné grande quantité-dérpetitshcriéta"d'umlblâne | 
jaunâtre ayant tout-à-fait la formerer l'éclat du felspathé) | 
et qui sont: des icleavelandites (albites). 11e felspath ne | 
s’y rencontre peut-être jamais ;dañsleporphyre rouge;au | 
contraire, ilnesetrouyeen grande partie:que descristaux * 
deyfelspath} Ja cleavelandite nes’ yiméle que rarement; | 
etsnon comme partie esséntielle;-peut-être mêémerseatez | 
menteomme le produit d’une infiltration péstérieureztce | 
qui-constituerune différence extrêmementremarquable | 
entré les deux:sortes de roches: Onne:peut'méeon: 
maire l’augite dans les rochers-de Rovio:etl deBissônes 
Les-cristaux desce minéral:sont allongés:; d'an'vert noie 
râte;en rouelles minces , d'un vertide: porreaufoncé ; 

etisenfont reconnaître: comme saugile parihès mes 


peuilasges: ;rmaisrépaisses, de leur cassuresi peu l.9b Had) 
1a Nersile: côté: occidentalidu : lac;-prèsde-Mélideserlde 
Cazona;sarulal hauteum;-on0bserve 1emcores (das ha 
masse , de l’épidote en petites aiguilles imonceléés ent. 
grand mombrey:que-toutile »porphyre: angitique)phraît | 
être parseraé)de points werts.e Des veinules-alondanteë 
decalcaire !brunissant (Braunspath)-waveréent des ob 
ches au-dessonsde Rovio àvun tel point siqu'on n’attendi 
plus que l'apparition deveines debanytine evde flioritélg 

de fer carbonatésetiide manganèse lAmssi Mi Moss 
ast-il découvertidansicette roche, atidéssus de Caron) 
un. filon de barytine d’une épaisseurde plusieurs poucésh 
! Tous ces rapports démontrent complètement} aalogie) | 
de éexporphyre angitique’ avecrcelni qui sbltrouteef | 
ta | 


( 201 }) 
d'autres .contrées, comme; près de Christiania; en Nor- 
yège ayidans, Ja Thuringe,; sprès dHlefeld., «dans. les 
Vosges» El@se; 1 aurais (9 wyons y 0) sexo siydqroa 
snb'aliernance des, différentes roches sunile :côtérorien- 
taldulae est bien plus remarquable encore. /Fontés:les 
collines qui. ebtourent Lugand consistenten micaschiste, 
ainsiique Jde pied. du: Salvador:etjusques-à plusieurs 
centaines-de» pieds) au-dessus: peinecles:rochers sont: 
ilssarrivés si, près du, lac; qué,la routé devient: presque 
penpendiculaire au-dessus; de l'eau, que lesmicaschiste 
disparait tout-à-coup:;.et; qu'on voit sortuir-des:-couches 
deiconslomérat quixéssemblent complètementiaux:con- 
ches:d’ergile rouge) telles; qu’oü les trouve-prèsd’Eise- 
nach. les fragmens , dela: grosseur du poing, Iconsis: 
tent principälemient.en micaschiste , ‘en-quartz:etsout 
venten;porphyre foncé), que je:crois-êtée:un porphyte 
rougeséonténant duquartz; mais il me):sy rencontre 
point de;fragmens-caleaires.)Les-couches:s’abaisseñtra- 
pidement de soixante-dix degrésivers le sud; etiforment 
dans le lac-unpromontoire escarpé sur lequel est situé-là 
chapelle ide, S,-Martino: Cette:roche frigmentaire-reste 
en:placependant près.de:dix minntes desmarehec la pente 
des: couches:diminue-insensiblement, juisqu'àsoixante 
degrés} Alors paraît au-dessus une roche: calcaire com 
pacte, d’un, gris de fumée ;;en couches minees|;-ayant à 
peine;un pied d'épaisseur. Elles:$'abaïssent; cômme: dés 
couches sun/leésquelles elles ;s'appuient;:cetcelles-s'éle-" 
vent avec.cette inclinaison le long dekbmontagné: inais 
dans, leur ibrelongément:vers leu lae sulineluiaisoh va 

| toujours. en. diminuant, tjumtel.point;:quan niveaucle 

| plus, bas,elle est à peine de vingt degrés: Liescouches; 


( son }. 

en remontant,rdécrivent une; courbé qui ressemble sl 
à une parabole.-Plus onrnväneësur, la. hañssée ; plus | 
cescouches sont traversées dé veintiles: minces; dont. les | 
parois sontrécouventes derhomboëdres de dolémie. Des 
cristaux semblables se monufent; aussi: dans. de petites 
cavités de Ja roche. Plus loin , la-roche paraittoute.fis 
suréelet la: stratification cesse id’être distincte, Etfini là 
où la montague, dans safhauteur, devient presque à pic 3 
les ‘couches me! sont’ plus calcaires, maïs entièrement. 
dolomitiques.-Onne remarque nlle-partiunéi séparation | 1 
tranchéerentre-ces deuxroches. Par: l'augmentation dés | 
veinules. ‘et! des géodes . la roche caléaire finit «par disk, | 
paraître tou t-afait set ilne-reste plus -qüe de li dolomie 
pures: pote 1744460 91 15" 258mr0t fnoe ‘eù ra 
Mais id du lien les véisules et lesrgéoies Ë 
ont dû! être: nécessairèment de formation! postérieure, à 
celle dela masse qu’ils traversent} et}, àplus forte:rrais, 
son, lésminéraux qui en garnissent les paroistiniéri enress, 
il:devientévident, que 4x dolomig,s est formée aussi dans 
celte; localité par l'altération et, a décomposition. de At 
roche calcaire. Cette transformation remarquable ;6$ 
ici si évidente dans. toutes; ses: particularités et, si faoïle, 
à. suiyre.dans, l’ensemble, de.;ses, différentes séircont, 
stances, que mes compagnons de vôyage pensaient qué 
tous les doutes devaient disparaître à cet, aspect, dasnits 
ture.parlant, iciun langage. trop, clair.et iop: atellit 
gible. Ladolomie devient toujours plus.pure; dans là 
prolongement de, la chaussée, tovjeurs, plus: blanche 6 
plus grenue, en, même temps que les rochers deviengl 
nent plus.hardis , plus sauvages et plus escarpés. Sur lg 
sommet ;.où.est bâtie la chapelle de, S.-Salvador ,.à 1980, 


ÉEn: 


| (203 ) 

piuils auldessus du latiyeetabime est si mipide evsi of. 
‘fraÿant > qu'on nespeut absolument le régarder d'en haut 
sans vertige ;retrqu'il est facile de lancer des pierres à 
urié grande distance dans le lac. A cet endroit on ren- 
contre rarement des partiés paies la NF 
toûrestblanoet gremuyl.é miel al 

1 Tielbas dé‘la chaussée creusée dans ces masses de do 
lonrien’a pastune demi-lieuede longueur ; à partir de là; 
les rochers: s'éloigrent, le mont S:-Salvador s'abaisse 
rapidementvers le-süd, 1x crête signé s'étend et sé 
Hgits rer des: bois! de chätaïgniers couvrent cette pente 
de tochers jusqu'alérs dépouillée d'arbres. Alors; etjus- 
qulau-delà de-Mélide, sans’ interruptions les montts 
gnes sont formées par le porphyre augitique foncé; 
mélé d’épidote’, "tel: qu'il s'est montrér'enfacé de 
CampioniupideoBissoné et der Rovio: ‘Ainsi là} de 
rhémel que dans le Tyrol, on découvre’ lai cause pho- 
chainieï déila ctramsféimation du calcaire en dolomie, 
déns Félisoulèvémént du porphyré! augitique -ev ‘dans 
Yds” porc re out np ce soulève: 
mentl dep srhor noiisin ho 60 03 dy 
spa présquile, Loi lés-Baiés d'Agho Et de dédié ést 
pifiigée en rdeux Monts inegdes par unie Hrgé vallée. 
Balpaitie"cécideitalé éonsisté prineipalement en couthies 
ebén#tochérs dd micaschiste even ealénire seulément à 
Hi bôiniélsud iÿers® Casaro : danis là POAUE, ofentile € 
fndent h'emreda Savador le Rarperabeldé la métis 
ligne d'AFHES Oro. Al l'entrée dé cette vallée se terminé 
pres” de Figino Le “porphigré augtiqué” qui SÉreridais 
(depuis Morcote juque la: Le porphyré rétige parait, 
(nfäis Ge: nésv pas pour longtenips. 'La’roëhe s'altère 


( 204 ) ; 
bientôt de telle sorte., qu'elle commence.à formercme 
nouvelleespèce.de roche: c'estle granite.de Baveno,grak 
nitertout particulier, qui.ne. peutêtre.regandécommeise 
rapportant à auçun autre sd ceux qui setrouyentdans.li ir 
térieur des Alpes. Cette roche parait être un mélange den 
cristaux de felspath assez gros, distinctement lamelleux 
et couleur de chair, entre lesquels de quartz se repconixe 
SOMYEANER, cristaux isolés , ainsi, que.des tables hexaèdres w 
de mica ayee des, bords presque aussi indéterminés, quel 
dans.celles, du poxphyre.. Cette; roche,est traversée: par. 
une multitude, incroyable de cavités anguleuses, etiels 
lement, que, le moindre fragment .que on, endétache” 
en contient toujours quelques-unes..Ce sont, dejvraies 
druses garnies en dedans de cristaux de, quartz, d'abord 
en pyramides, Ja pointe tournée, ers. le, AE de, da. 
druse,jet ensuite avec le Lormens rent él pr isme,s tels | 
que Jes cristaux de, quartz n’en forment jamais,au milieu 
d’une masse de roche , mais seulement, lorsqu ‘ils, sont 
dans des espaces:libres et,ouverts. Parmi,eux, pénètrent 
des cristaux du felspath couleur de, chair dede roches! 
en grande partie sous la forme de prismes rhomboïdauxs. 
avec,un. bisellement, droit sur les bords, des. angles, ob 
us, les . 2 et Jde Haüy ; avec la, face, P de, la cas- 
sure lamelleuse, et de l'X qui lui.est, jPERREÉ On . ne 


trouve pas facilement. un de ces cristaux;qui ne soit pas 
enveloppé. sur les deux côlés , comme, par une, “hor Wen 
avec deux grands cristaux de cleavelandite. qui 8 6 
lèvent ordinairement beaucoup au-dessus, du sais 
de ,felspath. Ce sont des tables RÉ minces, pres 

sans couleur et transparentes , à, peine, plus | épaisses 
qu’un papier fort; cependant on. reconnait clairement 


/ 


( 205 ) 

Mèmeravéd de pt d'éprisséis// des éfistatx acconplés ; 
désranglés éhillanis ét réntéänt sut face” dé la éésure 
limelleuse}Ces cristaux de tleavélandité sont, parleurs 
facés;'parfaitement ‘éonformes aux’ faces dé felspatli , 
quoique "à raison del différence dés angles des faces , 
ls ne puissent étre régardés comme leur étant entière- 
méit”sémblables! Dé petites Boules’ noires seméés sur 
des) faces du ‘felspath'sont des agrégations éyÿlindriques 
“ae? petites Tamés dethlorite. Toutes ces druses hgu> 
Métsessont évidemment liées par dés cavitées ouvertes qi 
déiiiuñiquent dé l’une à l'autre! Ce s6nc db 468 phe- 
Hibinènes postérieurs Aa naissance ‘dé la maëse princi- 
pale dés rüëhes’,'er’ les! cristaux! s'y sont Dre 
éfgendrés plus tard. C’est pourquot il faut éhcore sat 
tendre’ Al 'tfoùver dans ces cavités } d’autres Minéraux 
dt’onne renconiré pas ailleurs dans la masse 86lidé des 
roches" mais” dans des positions plus rapprochées de 
Tatmosphère”} comme l'apatité’,: lé flüorite } Fa Barÿ ‘line 
lu le ferlohigisté éclatant. Cépendant M: Mousson fut le 
sélde noû$ qui parvint à touvér une drasé de éristaux 
détourmaline du plus bel éclat. Ce: granite rémarquable 
noué encore” prés dé Bus, d’Afsizio et de” Porto 
Moréoté. 1 forme la colliné! ke Besdho® si visible! “du 
Passage près dé Bissoné, dans la \aréé de Porto , et 
|'étishité toutes 1e montagnes dés hauteurs du Val Exp: ï 
| tobtlà Ofait dans | la même “direction dans’ laquelle Tes 
Môntäghes’ de granite S’élèvent à partir de Bayeno, entre 
| Tac png le ac On@ ?1 mérite dere examiné 
| Pis Ekactémént et plus complètement dans $ ses “Fapports 
“Abe Ie po phy#à Youge. oinoasqe rte, 9 Ln0S 
“Mjéréptte ma fémarque ! On peut sé‘rendré ah lac de 


(206 ) 


Lugano/en‘toute’saison; sans grande peine, etétudier les: ù 


cifconstanices variées du /sisementl de d'érwptionerde lac 
transformation réciproque des “différéntes roches ; au 
milieu d’une “iature telle que les Alpes: in'en offremih 


point de pareille : là, on peut apprendre non-séule=l : 


ment que lé porphyre augitique n’est point un basalte,: 
ui un porphyÿré rougé contenant du quartz; mais encore ! 
4 c’est principalement par lui, étà son apparition? 
qu'ont lieu les transformations y les: déchibanque etes: 


soulèvemens les plus remarquables : lion est/à mème 
de suivre et d'approfondir, jusques dans leurs causeslesi 


plus cachées, les grands phénomènes que l'on me-poure;: 
rait étudier ds hriiguo dans a des Alpeés:120 
3 as) susliqes &b sis At 


1111 j'a US 15 1 u uM “APM 3 À 


Ossenvarions sur La famille a ea el 


20 joccls 5 


Sur quelques Espèces de: l'Afrique ce central le; 
Par M. R.:Brown: st 16q'1195bn20ù 


ï - t nr tasnsidedo 1 33: SLUE Y 


L'hctie ecneil ca l'Afrique‘ centrale: copuent: 


trente-trois espèces de cette famille; dont-deux: séule- 
ment n’ont pas été décrites5 ds epparicmp( him) 
genre bien-conhup up 2di220q 16busgso tira Il 
Les Mrmosées n’offrent que RTE desysavoir 2 
cacia nilotica, le Mimosa Habbas et VIngaæ bre lebosas 


‘ouùune espèce qui en approche:beaucoup ;-jeme -déterse | 


mine cependant cette dernières:que d'après des fruub 
() Extrait de l'Appendice’ botanique du paris das PAR 


perton. 


{à | 


centrale par le major Denham ; le docteur ai et pasag à | 
| 1qà 294 1400) 


a 


(207 ) 

. ufs attachés au. réseptacle singulier.en forme de mas- 
sue formée;parrlaxe de,lépi..Ces échantillons furent 
recueillis dans le. Bornou ,-et appartiennent à un. arbre 
 dontiles habitans, font le plus grand cas, et qu’ils appel- 

lent: Doura. Suivant. M. Clapperton , ontfait griller les, 

graines comme Je café,, puis on les écrase avant de les. 
faire, fermenter, dans de Veau; lorsqu'il se manifeste un. 
commencement. de; putréfaction ; on. les, Jave. et.on les 
» réduit,en-poudre pour en former des gâleaux assez sem, 
blables au,chocolat ,. ce: qui procure une sauce, excel- 
lente-pour tonte espèce d'aliment. La matière farineuse. 

_qui-enveloppe des. graines sert à produire une boisson 

“agréable! ? onben: fait, aussi.une, sorte de confiture. Le. 

Doura du capitaine Clapperton n’est probablement que 

le Nitta dont parle Mungo-Park dans son premier voyage, 

et ne diffère pas d' del'/nga biglobosa de la Flore d Oware 

‘de Palissot 0 Beauvois é qui nous apprend que c'est le 

 Nety du Sénégal ; il remarque encore que l'{nga biglo- 

“bosa décrit par Jacquin comine indigène à la Martinique; 
y aura été probablement introduit par les nègres, comme 
ilbarété à Saut Domnédéi 2œcb illionoas 1idrad,f 

-L'ingarsenegalensis de M: Decandolle. 4 Bhod-snoss 
p«14 42 ):peutencore 2ppartenir à-la même .espèce.: 144: 

Il serait cependant possible que quelques-unes,des 
plantes dont-on fait mentionici fussent des espèces dis- 
tinctès, -quoiqu'elles aiént beaucouptd'affinité, les unes 
_aveeiles autres ;1e1 notamment jpar leur, épi rewanqua- 
_bleset eniformerde massue; carlil parait: d'après :des. 
échantillons, recueillis à Sierra-Leone par, le professeur 
Afielins, re qu'il exisle dans celte, colonie. deux plantes 
dont les épis ont cette même forme; et dans le ma- 


; ne, 


la Ge de deux Ra qui © ont une 
semblable, et qui sont probablement di distinct s ES 
pèces africaines. Toutes ces plantes ontides-caractèrel! 
suflisans pour les distinguer du genre Inge N snquiéte à 
les a rapportées jusqu’ à ce jour. J'ai nommé le nouveau. 
genre qu’elles forment, et qui est un-des plus beaux de l'A 
frique équinoxiale, du nom de Mungo-Park;en- némoire 
de-ce célèbre voyageur , qui en-obser: a le fruit pendant 
sou premier voÿage.jet à qui la.E anique doit ;entre 
autres ‘services essentiels, celui .d° Per décour 1e 
Ja. mere est-le produit d’une, espècede Pie = 
carpus(1):.: int sb noire [ o-2c 3ab à duprer di 
citevies L $ ao - PARKIA. ns tioq sx no #irtl 
Oin° mit. hp collés : cæsalpinieis proximum gén? sa 
‘Cnan. céx! Calyx tubulosus ofe bilabiato (3); kétivationeiiabricatät 
Petala 5 sibæqualia ;: supremo: paulè: latiores.æstivatique conpiventi= 
mbriçata, [Stamina decem, hypogyna, _monadelphe, Ze çumen, poly 


speFmum : epicarpio bivalvi ; j endocar ‘pio in loculos monospermos sarcoÿ 
}2 n MT! YOITP LISD/ , e9 SI 


carpio Érinacco teetos solubiit. 
Arbores ( AÆfricanæ et Indiæ orientalis ) inermes. Folia. bipinnate, 
pinnisfoliolisque, multijugis ; stüpulis aies Spicæ axillares ÿpedun= 
culatæ, clayatæ, floribus inferioribus (dimidii sen indracei ipacheen sa | 

masçulis, 
smistiqse 5h ogno) re 5670 V 5! 248b noir ci 


x} On: trouve; mi le niéiii Riot de Stomp 124; ‘a 
c’est une espèce non décrite de ce genre. Lorsque ce Voyage arut 
comparai l'échantillon de Park. quin *est qu ’en fruit, avec la gure p sh 
“bliée par Ldmatck dañs/s64 Yustrations (tab. Gba, fig!" 4), 1er ave 
description: de Poiret (Ænoycl; méth: botan: ÿ B15p« 728) nétje le rap 
portai aukP, erin acea de, cet jauteur ; om Aie, crois avoir été adopté 

par La pemeré de Londres es. Depuis cette époque , “le docteur Hoon 
Kerat publié un dessin de li méme plañtelfait par Feu M! Kdmier, ét pedel 
Santique détail une éspécé nouvelle; lil Pdppela: Pierocarpust senegt| 
lénsis.( Grayist Travels in Western Africa, PA 305, kb D), 1. 00 


( 208 }) 


afaicana, Diunis sub-20-jngis, pinnulis sub 30-jugis obtusis i us 


tervalla æqguantibus cicatricibus distinctis parallelis, gradule al 
= EE TE 
asin petioh , rachi communi eglan ulosa , 3 partialum j jagis (2-3) Sur 4 


name eos ldedont ave mr 45 dot 
Tñga biglobosa. Paurs ve Beauv. Flore d'Otvare ,23:p453, du 90; 
Sabine in Hortic. oc. Transact,, 5, p.444 inerte Prodr., à, 
bee ensis. Drcaxo “prod pi . pps a 1. ; 
PEN TAES ., 2, p4326 ; LUCE LES PP NICETE 
MüutasPanxs Fust Journey; p. 336et337rs DUT w 
Pavessaÿé précédemment de dragées à ei Miniosébs 
inées par l'estivation valvulaire des ‘deux ‘en- 
oppes” florales et ‘par linsertioi “hypôgyrie” des éta- 
nés. MM:"Kanth'et Augustè de Saint-Hilaire ont re- 
marqué des cas où l'insertion des étamines était périgyné, 
mais on n’a point encore vu d'exception à l’estivation 
valvalaire du-calice et de la corolle. Cependant le. Par: 
Die: diffère des Mimosées, non-seulement. péricelte esti- 
Vatioms qui ést'imbriquée ; mais encore-par l'irrégula- 
té très “manifesté de’sori calice et par l'inégalité de ses 
ne F 14 quoique moins. évidente, est’ .cependant 
sensible. : y corse Le ; 2 à LE: 
Berre éstun-autre ‘sens © indigène de l'A- 


és 15 


En dans le Voyage au Conko du capitaine T'aëkey : 5 


Fe alors aux Césalpinées ; “mais quoique ses 


fur 


amiheé soient périgynes , je pense que cetté plante ap- 
paient plutôt aux Mimosées, Dans ce genre, le calice,et 
Trcorolle Sént parfaitement réguliers ; tetléur estivation, 

rênes n'est pa Lars exc tentent vailaire; n'est pas di moiris 


191 


Krement imbriquée, quoique les boutons : ne Soient ni 
. 5h niqngulaires. On: trouve par.conséqueut dans, le 
Parkia'ètdins® Erytrophléum des! exceplions à tousrles 


Ne 14 


(:320 )) 


caractères admis pour les: Mio goss, et ces deux genres! 
ont quelqueanalogie dansileur port avec les Césalpinées, 
Ilest cépendant encore possible de distinguer ces cteux 
ordres l’un de:l’autre ;:etje pense que:ce sera pécessaires. 
Abandonner des divisions aussi naturelles let âûssi éteri-" 
dues que celles dont il est question; lpar le seul motif 
qu'ôniné-pourrait pas les définirravéc précision cl Se 
raitidécider que Fanalysé delleur structuürerest-comiplèté;. 
ce qui, certes, m'est pas vrai, et en même temps-ün der 
vraitannuller plusieurs familles maturelles-admises1! ac= 
tuellement ;entre autres; 14 classe: à laquelle: ces: deux 
ordresiappartiennent ; classe universellement: adopiée. 
Dans ses Mémoires sur: la famille des  Légumineuses 
M. Decandolle ne marque point descaractères bien,tranr 
chés pourdistinguer les HLiégumineuses des Térébinihaz 
cées et des Rosacées ; les deux ordres du'onisuppose s'en 
rapprocher le plus. Il serait cependant: pèssible) quécéb| 
caractères; quoique nonlébservés ;1-existassent{aéelles 
ment ; Let: j’essaierai de montrer! quesles: Léguraineuses 
peuvent encore être distinguées, amoins des Rosacées;, 
indépendamment: (des: différences légères :maissimpeorz: 
tantes!, qu’on remarque datis) la:structurerprimitivé et 
dans le développement:de l'ovuleh 25b s15:lu0bx sous 
: Dans de: caractèredes Polygalées: ;'quesje pnbliaf 
en 1814 (Flinders ; austis 21, ps 54e)sjeventarquailes 
relations de position: des! parties/des! enveloppes florales 
avec l'axe de l'épi jou avec:les bractées : qui les -accompas 
gnent.J'imroduisis ce caractères principilement «pour 
distinguer!les Polygalées des! Légumineusess «et prouver 
que de :Securidaca :apparienait à darpremièrefarnillés, 
quoiqu’rl'eût toujours été rapporté à la dernière.l 5, 1 


— 


( 211 ) 


1M:de Jussieu; qui publia /bientôt aprèsiles carncuères 
des Polygalées omitrentièrément ccttés considération, 
_évcominuar dei vapportell le oSeeuridacæ dur hégamit 
nenses Néanmoins: dans le premier volime de: S$omPro- 
dromus: M." Decandokle :adopteides: ciraelèresiet les: di- 
raies des-Polygaléesaelsiqueÿe les avais qméposésy quoi- 
qu'ilnefüvt probablement pas:lui-mêmersausfait:de: la 
| déséription-qu'il x doanéedes divisions dnpakbibb de da 
cdroklec 10 LLUOIL A9 39 [6 :. 88 329 !1 .29)199 , 
rl disposition: des rude enveléppes! Borabes: id 
Polygalées|, relativement à l'axe. de l'épi(sayoin nie cin- 
“quiène segmentdwcalice-suepérieur-oupostérieuret-le 
tinquième:pétale inférieuriou: antérienr.) est la-rclatioe 
ordinaïrelqui existedans les familles: don v les fleurslsonit 
quinaires>:l cette connexion-est renversée:dans:qnelques 
as, vevcles: Hobéliacées ; tellés: que: j'ai. prôposéide les 
Timitep(Ælindaustr.;42, 1p:1559 ) ;1em présehient un 
vexémplés Uneinversion semiblable existe:dans-les: Lésu- 
mineures mais cetiejclassess'éloigne.également.de Lar- 
rangemeéht-générakides parties de da fleur les unes-à d’é- 
gardrdes autres ; arrangement  qui--consiste;;commel je 
Pa vdéjà fait remarquer (Prod: 1p.: 559); dans l’alter: 
nance régulière des divisions dessorganes |voiëin$ danis 
lafleur complète ; onlconndit eependant:beaucoupd'ex- 
Geprionssàrcetarrangement, et M. Decandollé à donné 
tnertble detoutes les déviaiions possibles; toutefoisisins 
déterminer:combiem on en-a observé jusqu'äcejotr;:: 
MDans-kes Eéguminenses:Ja déviation decl'arräingement 
admis comme leplus régulier consisteleñl ce quelepistil 
simple estiplaté enface dusegment inférieur-du ‘alice, 
Les Légumineutes diffèrent donc des Rosacéés ; dans 


Cr) 
tésyuullés on” Ubsdit V'arrangemennt brdinaire sit pétsed 
double Earactèré savoir, 1e rapport de position quilexiste 
entrée ché ét 'cotôlle ;'soitiavéé lé pisil Simples 
soit'avee late de Pépi ou'avéeiles braetées. "burn 60 

Mais dans és 'R osacées qui ‘ont 16 pistil Solitairé ‘en 
placé dans lé pétälé antérieur, ‘Hi position de cét organe} | 
par rapport das, ést la mène que duns les Légumib, 
neuses ; chéz Tesquelles'il est! placé 1dans: Hé divisions 
téiiéure du éalite! Jé'erois que dansitoutes les familles 4. 
soitdivétylédories "soit monbrotylédonesréestgénéralés 
ment la position lqw'affeererle-pistilesimplener soliluiré 
par rapport là épi où tué brauréeb. s1dmoi 50 9h noi 

On a dû reiärquer Ta réduction réquenté di pi 
dans” 168” plantes! qui ont les autres! parties’ dé hu fleur, 
coHiplètés quant ân nombre; mais fe ne)crois pastqu'on 
ait jamais fair attention à l’ordre dans lequel ées abstae, 

ions dés pisils ont lieui, niauk rapporté descsérlés xd- 
duités avec’ les autres parties de a fleur,lTl pafairranpéut 
être assez ‘Simgulier qué ces’ obsérvations'aidnt sagééré 
'épiniôn que } dans une fleur complète dont les paies 
sont définies lé nombre des éramniesetrdés pistilsrust 
égal à celui des divisions réunies dit éaliveruti de lneebe 
rolle dns les Dicotylédènes ,ét'aux deux séries dupe 
riadthe dans Tes Müonécotslédünes! 90 nome nr 6 ro 

Ce nombre d'étañines admis comme voniplet est 462 
tuellément te nombre le plus ordinaire dins 1és Mon6= 
cotylédonés ; et} quoiqu'il-soiumoiis fréquent dans les 

Dicotylédones que! ec’ qu'on appelleun: nombre sÿmé- 
wique ou'celui dans lequel toutesiilés séries sonû égales! 
en nombre} on lertrouve-pourtant dans’ lesgenres Dé 
candres et Octandres et dans(le plus grand'mémbre dés 


| IT 
Légnwineuses. La tendance à, la produgtion du nombre 
omples, quandile nombre symétrique existe réellement, 
se)mamifeste dans des genes appartenant aux! familles de 
la pentandrie quisontles.étamines opposées anx divisions 
de laicoïollel:;1el est le Samolus par rapport aux Primu- 
lacées,; le: Bæobotiys, par xapport.aux: Myrsinées;. car 
 dans,cesideux gerres;on,trouve cinq étamines imparfaites 
csadditionnelles qui-alternent avec les étamines fertiles 
et-düipar! conséquent , occupent [la.place des, seules 
étimivésexistantes dans, la plupart des familles de. Ja, pen- 
tandiie: On: peut-avancer encore qu'il existe des indica- 
tions de ce nombre dans les divisions, du disque hypo- 
Sync déplusienrs ordres de Ja pentandrie.; 4h ;: 40) 
PTT Quant aux pistils. srle.nambre cowplet.est également 
are dans Jes,deux divisions primaires des plantes phé- 
nogames-.Le, nombre! symétrique, est très-général, dans 
es Monocotylédones,, tandis qu'il est, beaucoupr moins 
_fréquent dans tes, Dicorylédones, qui, éprouvent .çcom- 
_imunémenb'une:réduction encore plus grande. : 
iLorsque le mombre.des pistils est réduit à deux, dans 
mnelfleur dont-Je calice ec la cerobe, ont tous les deux 
des divisions quinaires., un de,ces pistilstest placé dans 
anedes-divisions du calice , L'autre est opposé àun. pétale 
où à un segment de la-corolle: En. d'autres mots, l’ad- 
diüpn awpistil solitaire. (qui est constamment antérieur 
ou. extérieur) [est postéricure où intérieure. C'est là, la 
sion générale dés parties! qui composent ai, ovaire 
iloculaire on unoyäire ayant deux plaecntas pariét aux!; 
dame fléurs doniJdes-divisions-sorit quinaires., jeine 
-PHis-a0e. rappeler: d’autres exceptions! à: ‘écttertogle que 
“rs quelques: genres! de; Dilléniacées, 


(214) 1 
DIést désigne de remarque qué là position didinaite. 
dés mebrawharslpe Diloéulhiré tait Bien! toñniel de 
ICrésal pin | Qi Érus éxprédsément Tes Crubifères dés 
autres” familles biléeulaires paf” certe particularité tés. 
loges y étant placées à droite et à gauche au lieu d’ ètre 
antérieures et postérieures (1). 

«Œn ce momentje.ne dirai rien,sur la position des pis" 
tilsidans Jes autres, degrés de, rédugtion de jeur nombre. 
symétrique; je Mergi, seulement ;remarquer, que, géant | 
aux Légumineuses , il serait important de déterminer la 
position des pistils dans les Mimosées pentagynes, qu’on” 
ditiavoir été tronvées au Brésil pan M: Aügusté/de Sdint- 
Hilaire (2). Sont-ïls placéstent opposition avec les divi- 
visions du calice, comme on pourrait le croire d’après : 


1a' position € ‘au'légüme solitaire dans ns ‘cetiel se, ou. 


Jo o1G 1929D 5 


bien doit; ons a 8 ‘attendre 2 à es trouver. opposés aux, péta- 
les jiverqui ebt leur relation la plus. ordinaireetleux 
‘pésition" datis 'Té Cnestis, quoique l PART du, 


Connarus (genre & qui. appartient à Ja m 1 ême Fa 
trouve dahs la !division antériente du valice?,: 1j Sn 
"Danse petit témbre de Légümitieuses quidates at. 


l ” ES LEO DM 
visions dela, fleur quatérnaire , comme ‘dans pl plusieurs 


espèces de Miosa;: à ayAire, est SAGE alice ae. une. 
dés divisions duicalites tdsdoïq so brsqqs 1m} snon 
Quant : au Pare qu’ôn uso Pb far apporté à 
cette classe d après Vopinion: mal fondée qui CARTE 
solumebt en: fdire' un, Guilandina}ak PRE 
‘mént assez dé” tôttès les Léguminéuses', noi- seulement 


))119 Je9 Le LOL 114) COS e19% 
par son ovaire uniloculaire compose > à Lro1s P acentas, 


» sbhpo't sb zsmosts 6 (7) 
. (1) Crsaur,, a. Poe Ps pue cap 4Ys Et Di d1Rsps dE {e) 
(2) Decano., Legum. , p. 52, : 


( 215 ) 


 PATIÉQUX MAIS CNCOFE, PAF, SES an thères. simples unilo- 
aulaires, Îl,me semble que, cette plante deyrait. former 
ane. famille à part (Moringeæ), dont la position parmi 
Jes séries! naturelles, rest point encore déterminée... 


9119 b uoil we sourse trox! aq 


Note sur ti Fémür dé Mastodônté à Unts 

Péroites (Mastodôn angustidéns) découvért dans 
In°lés terrains marins supérieurs" des. environs de 

sl Moritpellier ; istioqrat Jis192 [ir esemonimueàl x: 


NO‘ cp ) 29072633 eotniM esl 26h elrjerq è »b mortisa 
Ph | 

10 Pan MM: MantesinetSetnes ; Durvéviz evvpe! 
ivib 2ol sovr noïtieoqd@narstogla eli-tuoe .(e) sxisliH 


es1qs D sntors al irerioc no Some . sotl89 : wb érroter 
Bo Ness mpponernns le démer sant none alans don” 
ner la description et le dessin, au Mastodonte à dents 
rétréités, plutôt qu'au grand Mastodbnte de Ohio, 
pañcéquion:d'inouvé des mâchelières de la première es- 
pècerà peu de. distance de cet, os, ei enfin, parce qu'il 
offre quelque différente avec celui qui a été décrit d’a- 
“Bordl'par Dädbenton (1) ét'ensuité par M: /Cuvier (2), 
comme prôvenatt du Mastodonte del Ohio::En outre!, 
les..ossemens fossiles de.cette dernière espèce sontglus 
. communs dans l'Amérique septentrionale que partout 
ailleurs peut-être même A TO PV propres 
5 EX 
_Ætetté dermière contrées ce quidoitifarré supposer que 
notre fémur appartient probablement Ja même éspèce 
RS MSP antE dant nous avons trouvé les mâchelières , 
“À À ; étermination desquelles ôn ne peut avoit de 
os que’tous allons: décrire: est: un fémuridroit: en- 
wer, dont la grosseur est énorme. Cet os, 1rès -large 
vers son milieu, l’est encore plus à ses extrémités et 
Poi1932514 LOL) 5 , 92001 AUOOLETEN S'IISVO 108 16 
(1) Mémoires de l’Académie des Sciences pour 1762. 
(2) Réthérèhes Surles Ossemens fossiles | Kôm, e%, pag! 344, pl 1v, 
fig. 6 et 7. 


( 216.) Ê 
surtout à-son extrémitérsupérieure; Il esterès-aplaii par + 
sa face postérieure, creusé supérieurement d’uneulatge 
fosse ;'eben| bas; au-dessus,des leondyles ; parünerañitrew 
fosse d'une étendue à-peu-près égale à da premiène:-Ces 
deux, fosses, sont séparées :patimnne'stirface: presque" 
plane. ) | | i iQ] [fP el Diff 1019 co t#b5 10 
Le. ters:supénieur: der-sa face, postérieure ;ést,erensé 
par-unc: large fosse quirva aboutir à la: cavité troclfan-" 
térieune laquelle; évasée à sonsentrée , setermineenssen 
rétrécissanu d’une manièresensible; Getté cavité tiochan- 
térienne représente assez bien une pyramide creuse: 
dont: la has serait tournée vers, la! face postérieure du » 
fémur, etlesommet ;;obliquement dirigé dé bas en haut, … 
ét «d’avrièrellenayant:;rindiquerait le; point.de, jonction | 
du: grand:trochanteravecile reste de los, rot 3161 
Quant au tiers! inférieur de.ceue même  face-postéz ” 
rieure; il présente ‘une cavité d'autant plus! profonde; 
que Poi:sé rapproche.des condyles. Ces -condyles!sont 
Hiégaux,; linterne étant plusélevé que d'exterues due tl 
1Cénsidéré- dans :sa. face antérieure, ;cet-08,est beau 
coup moins aplati, surtont vers le milieu de Jahau- 
ieûrscotb il est, commelarrondi. C'est là que Le corps de: 
Los a-de. moins. de. largeur; ilin'est..pas, sensiblement, 
arqué, quoiqu'ilsoit un peu,convexeien ayanñtodans, lé 
sens de; la. longueur, ; mais, conime! il n’est ;aulle- 
ment, concave: postérieurement, |$0B- AXG;,50 LFOUYE,En 
ligne droite. x eusb 2ofdetsbtesosenle emorenoeth 
‘Ilfaut cependant remarquer :que notre fémur., icon. 
cave-dans Ja partie de sa face antérieure formée, par le. 
col, est légèrement convexe du côté externe, dans, une 
étendue moitié moindre et. vers la face-externe.du grand. 
trochanter.. Le tiers moyen du fémur est également.con- 
vexé à. sa,partie antérieure; ile, tiers inférieur plania 
forme offre une surface irrégulière ,, mais plane dans,la 
plus grande,partie de son étendue. 462 251;buos al 
Lé grand, trochanterest, moins élevé,que da iète du 
fémur. Le col, assez court, large, est très-aplati d'ax 
rière, en javant. Sa partie inférieure, est beaucoup plus 
large que sa partie supérieure,, La tête du fémur, deuti- 
sphérique ,!/ne! montre, pas | l'empreinte, du Jigament 


| 


(217 ) 


rond enractèré-qui paraiticommuntàtôusiles Probos- 
eidiens111 briomouvorèque Seuots , 9109118804 9 

ruNous:ferons encorecobserver-que le grand'trôchanter 
présente :vers sh: partie amérieure et supérieure ‘une 
das rainure dirigée obliquementide haut em bas etde 
dedans en dehors, tandis que tout le restant de la face 
externe du grand'trochanter est rugueux et-inégal. 

-r1Amedessous du grand'trochanter et à la face posté- 
rieuvé:de l'os existe l'ouverture d’un conduit nowurri- 
cier/) dirigé’ obliquemént-de-hauten basi; let de dehors 
enededanebinsiyq or no1di  Koé 291: 

“bEnfin la: partie! la plus élevée’ du: grmd:trochanter 
estrséparée de la tête articulaire: du ému par un’ es- 
pacequadrangulaire , ‘oupar un intervalle qui; ‘s’il 
était fermé vers -la partie supérieure, Ireprésenterait as- 
sezbienoun quadrilatère irréguliers La figure : qu'offre 
cet'intervalle se trapproché: assez de cellequérprésente 
J&oMastodonte de l'Ohioyotel qu'il arété dessiné par 
Daubentoni-dans le fémar de l'éléphant, cet intervalle 
roiéchänceruré est.réprésenté au contraire) par uñedigne 


cémicate. pail " srq 
2 Qt à Fartère inférieure du fémur , elle à sa‘poulie 
articulaire un ‘feu oblique} remontant très -peu ‘en 
haute bord interne ; plus saillant ,est plus prolongé 
eñlinut que! le’ bord'externe Vus'à ler partie posté- 
Heure/)lés conidyles 'offrétit des dimensions’ différentes, 
dimensions plus considérables dans le condyle interne 
“jé descend plus basique lexterne. Les faces ‘internes 
et éxternes'des deux! condyles présentent'des éminences 
dsseuses séparées par dés exeavations irrégulières: 
DHEA partié supérieure dela face ‘externe! du: condyle 
Lextérnéest ornée pair une éminencé quiest l'termi- 
maison dé la ligne âpre du fémur/1Ee fémur-est hsse 
danéitôut le reste de son étendue. HG STHO, SET 
Les condyles sont néttément(séparés lun der lauue 
| dns notre fémurt, ce qui le distingue decélwiideslélé- 
phant fossile où les condyles; très-rapprochés ;-nelais- 
seit) après eux qu'une espèce de’ fente Staneis quil 
existe ici une séparaGôn! bièn marçucellOerte tre mé 
énit est plus large: que longue dans le Mastodonres 


eftTO(T  ŒUE 


( 218 ) 


dans l'éléphant fossile, le diamètre ;antéro.- postérieur 
eu le diamètre-transverse sort, au'icontraire, presque! 
égaux en sorte que la surface articulaire de, la, tête ins 
férieure du fémur représente .en quelque. sorte, um 
carré. Elle est aussi plus étendue transversalement: que 
d’arrière en avant dans le fémur de notre-Mastodonte., 
comme dans celui de l'Ohio. 1 EME 

La ligne àpre part de l'extrémité postérieure du grand 
trôchanter; ‘dont -elle forme :comme la, limite. en, ar- 
rière. Elle is’elface- dans la presque:totalité du tiers 
moyen de l'os , mais: arrivée un peu au-dessus dutiers 
inférieur; elle se fléchit: brusquement d’arrière en avänt, 
et-de-dedansien dehors. Ge n’est plus alors une-higne;,. 
maïs. -une icrètertrès-saillante ; un: peu loblique, d'abord 
dans sonseinquième! supérieur , se prolongeant: énsuite 
en ligne droite dans le reste de:son étendue , et; tom 
bant sur l'extrémité supérieure du condyle externe. :: 

Ce ‘caractère: est-il, purément. individuel ou est-il 
spécifique? C’est!ce-qu'il nous est impossible;de-dire; 
faute d'objets de comparaison suffisans:; Ce qu'il:y:a-de. 
certain; c’est que si la figure donnée par Daubenton dans. 
les Mémoires de l’Académie des Sciences pour x762est 
exacte, comme: ellese rapporte à-un: fémurodroit du 
grand Mastodonte (Wastodon giganteum:) ;vetquerpré=, 
cisément notre fémur.est du même côté ; lxligne:àpre! 
présenteraituue différence frappante dans sa direction, 
dans les deux grandes espèces de Mastedontes, Enr eliet 
dans le grand Mastodonte , la ligne âprearrivée au:tiers! 
inférieur et à la: face: postérieure du, fémur , se fléchiti 
tout-à-fait à la face externe; en! se redressant et for 
mantune légère éminence indiquée par Daübenton, par! 
la lettre £ , laquelle éminence, au dieu de:se prolonger! 
par uné ligne ‘droite jusqu'aux condyles ;: comme dans! 
le Mastodonte à dents étroites, s’abaisse de dehors en 
dedans en formant comme une ligne :courbe qui occupe 
à-peu2près la moitié du ticrsinférieur ;, en se redressatt 
ensuite brusquement vers la naissance des condyles ! 

Lorsque M4 le professeur Nesti decFlorence aura 
publié la description du squelette presqu’entier du Mas= 
todonte à dents étroites découvert en Toscane , on pourral 


( 219) 


facilement s'assurer sile caractère pris de la diversité 
de divection eu de forme! de la ligne âpre est réellement 
un’ caractère spécifiques ou: purement. individuel. On: 
| ce pe déterminer l'importance... Mais dans 
état/actuel de nos connaissances sur l'anatomie d’une 
espèce qüis re nous est presque connue que par les ma- 
chelières, nous ne pouvons décider une pareille ques- 
hon12 ab Sr tofi 1x9 | 
-1Lebordiexterne denotre-fémur près de la partie infé- 
rieure'da grandtrochanter est mousse. Ce-bord externe 
estréeprésenté dans le tiers inférieur: par la terminaison 
dexta digne àpre. Le bord interne ‘est! également mousse 
dans: toute son étendue}; excepté cependant-vers le tiers 
 Supéridury; joù il offre une sorte:d’avance ou ‘deisaillie 
iriiitédiatement placée:sous le col fémoral,:saillie-qui 
niest que. le: petit trochänter. Ce petit trochanter n’est 
remarquable ‘querrelativement à son étendue desbas en 
haüt:qui est'assez considérable; carson épaisseur et sa 
saillie” en | dehors'sont: si peu sensibles, eomparative- 
_mentaü grand) trochañter ; qu’il semble comme éffacé. 
en Enorésaré{Inotre fémur diffère descelui de:lElé- 
phant:mèmeifossile:, a °: par.sa plus grande largeur ‘sur- 
iout au milieu de l'os; 2°: par son-plus grandoaplatisse- 
ment-d’avant (en arrière ;:3°: par la distance ou la/grande 
échancrarequi éxisteentre les condyles: 4°:-enfin-par.le 
diamètre ftransverse de la-tête inférieure bien plus grand 
que son diamètre antéro-posténieur. Ilsemblerait éncore 
différer du’ grand Mastodonte par la :forme:et.la-direcs 
tion dela higne âpre ; enfin par sa plus petite taille et 
ses proportions généralement:moindres: | 
“Enretiet, M.Cuvier donne une longueur de 1°,:088.au 
fémur du grand Mastodonte; tandis que celle du nôtre ; 
nest quede 0", 910 ; d'où. la différence égale 0",:178: 
no Comme-toutes les autres dimensions suivent le-mêème 
rapport, il paraîtrait que le. Mastodonte à.dents étroites 
devait: être d'une plus petite taille querle. Mastodonte 
de l'Ohio; ce que semblent prouver lesmesures compa- 
rativesque! nous allons donner des fémuürs.des deux 
espêtes 111419 1pe5 | 9! 
BAAHOC, LH 62 


( 220 ) 


Dimensions du fémur.du grand Masiotonte d'après, Cuvierse 
du. fémur, du Mastodonte &dents étroites d’ AREAS ‘14 
KP ne (1) si198b 65b $ errors ob cu Îi Sup 


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135 changeur, en banlourdBiloétaromorôi sr0ë alls Hp 72 
RE FRET SRB HGORSEo PES edi60 280 sf d 


neo Le essesr solde nb 11x09! géraro 1h rrort 
or retn eur du cond le interne, - >T o1® 810b ab 6 aie ‘ # 
140. Largeur “du con dyle externe: » 0,120 ï 
150, Diamètre antéro- postérieur dé BTS 
_crndlé charges era sppe4reoboras I 9b enaunee EAD « 
69. 
1 DRE RARÉreE ROÉOE AR eoù ob æbiilenql sion exall 


ts dé 1) ai {ete ei elles Vos 
1501 ou ile La fais paiséau-. 2° Vi 8 e9b entr eof, < retail 


dessus:des sondyles! - - drounb 900 rss sl " a9IBOO1R9 | 2: Sr 91 
180. Raiuure xls{ant entre les CC 15e 0 


“dÿles prié dans PE bot si é'wpdu 19 dois 
Weure AoD ou d'éeserue 20 e1dvib esl +9 qréilorii 
eue 


qui sépare Jes: cendyles so sr ondémor : as rai 


n 
QUE »b etovib esl 11e esr15@ 9 fs .M sb HE 3M 51 593 (0 NX (0) 


(1) des, diamètres.antér Ab ren sides;condyles put, éL6 pris des 
de La poulierartieulaire: à la prutie-postémieure des condylesa 41 41 suite 


(“427 ) 


Notre fémur de Mastodonte à dents'étroites est ên 
érinde parti ‘pété; comme les 68 dû! même Masto- 
doute que l’un de nous a déjà décrit (x). [l contient de 
Ja matière animale, du phosphate calcaire , et le cin- 
‘quième de son, poids de,carbonate de chaux , c'est-à-dire 
plus que’n'en 6nit les'os frais ; aussi est-il très-cassant , 
uoique sa dureté égale presque celle de la pierre. Sa 
couleur est jaunâtre avec nuances plus ou moins-fon- 
ces dues àded'oxidetde fer. : "1m vod til 
La substance compacte est irès-épaisse , suriout dans 
Ja partié moyenne} où los est.du reste fistuleux , n'étant 
nullement tapissé dans son’intérieur par dés" cristaux 
de, spath calcaire, comme les os saisis par, des brêches 
calcaires. Les substances celluleuse et: réticulairersônt 
aussi pétrifiées ; les cellules ot conservé touté la détita- 
tesse de leur tissu, n'étant pas incrusiées. ins otre 
Après som extraction: du sable il-s'est: desséché et 
fendillé; il a durci comme tous les o$ Iqué l’on réiire de 
nos sables marins légèrement micacés; Les côtes de icé- 
tacés (Lamantins, Dugons; Borguales) que on troûve 
“en si grandé abondancé dans les mêmes sables ne,se fen-. 
dillent | jamais, en, se,desséchant. Cette/difiérence-ctienit 
“probablement à la grande compacité"decés’ côtés; ét à 
Mibeence ‘dés’ substantes celluléuse’ et réticulaire qui 
existent dans les 6s des mammifères terrestres , et:énfin 
à ce qu'elles sont entièremenit solides’ ;'sans Ancuné'ttacé 


de fistule. Ces côtes sont cependant teudres et fragiles au 
moment où on les extrait du sable; mais elles-acquièrent 
"à l'air la dureté de la pierre et'ane assez" grande téna- 
cité. | soc ne LL 


ST 4 se ” à CT 
Les ossemens de Mastodonte-que nous avons’obsérvés 


nl 


dans trois localités de nos environs et à déimié liéné de 
distance les uns des autres, nous.ontitous. présenté les 
inêmes caractères, la mème dureté ; le! mème état de 
conservation et jusqu’à la même couleur: Ouire la ma- 
éhelière et les divers os que l’un.de nous & déjà-décrits , 
nous citerons une vertèbre, un os ‘du'inétäcarpe , et 
. (1) Foyez le Mémoire de M. Marcel de Serres sur les divers débris 
de Mastodonte à dents étroites découverts récemment dais plusieurs lo- 
calités de la France yet suriout durs lés environs deMont pelliér:, 


(239 
enfin le fémur dont nous venons! de! donhetla°dés2 
cription. Hu OP <. 1:39,06 3 

or cé fémur appartenait 4 un jeuné ‘sujet ; la” 
tête n’était pas encore soudée d'uñe manière bièn soda 
avec le col; aussi s’est-elle détachée aVec 4 plis grand 
facilité. On distingue très-bien sur les déux'portions” 
qui se joignent , des dépressions et dés aspérités qui s’en 
gagent lés unes dans les autres ; mais dans’ cetté séparal 
tion de l’épiphyse , los n’a ‘éprouvé äucutiié sorte de 
déchirure, ce qui indique que la Séparätion s'est ‘fait, 
sans eflorts, et par suite que lossifitation n'était pas 
complète. | É Pt 4 LS À 99 o1rslrdo1 
:Cé fémur à été trouvé dans Jes terrains märilié shpéd 
rieurs des environs de Montpellier, par M'Grimés qui 
a bien voulu nous permettre de le décrirélet d’enpréadreh 
un dessin. Il était au milieu des Sables mäfnisqui coôm-} 
posent cette formation dans nos environs ét présqué dans. W 
les mêmes couches où l’on trouve dès débris dé manimil, 
fères marins , de poissons , de mollusques." C'ése su la) 
rive gauche du Lez à quelques métrés'au-dessus/de eettél 
rivière ét. à 5 mètres au-dessous du sol} dans°le Hé 
nommé Soret, que cét os à été découvért;7aPuñle “disu 
tance d'environ demi lieue du point où Pon'avait détérrél 
plusieurs mâchelières de la mème éspète" et 4028100 
29 mètres au-dessus de la méditérranée: 15, 2lsod 18 
“Ces terrains marins de Soret sont composés? 119170) 
“1°. D'un sable blanchätre marin, A Er ; 
épaisseur dé 15,10 à9e ,/9919)18E18Q MNIOQ Inoe Sr 35108 
°. D'un sable jaunâtre , également marin; mou et fau 
cile-à excaver , ayant une puissance dé 6 ; 66! Lo" 56 
30, De couches de grès calcareosquartzeux.. ou sa lé 
endurci , d'un blanc grisätre , d’une épaisseur moyennél 
de 0", Fo (js 60. GNON SUP ‘1988160 
4°. D'un sablé jaunâtre marin dans lequell on 1rouvél 
des huîtres (Ostrea undata, Lamarék) ;assez générale- 
ment disposées en banc, et des rognons de silexpyro# 
maque, le plus souvent très #altérés. Cétie eouthe re 
céle ‘aussi des débris de mammifères terrestres et ma 
vins, avéc quelques débris de poissons de ‘mer! tels) 
que des dents de Squales , d'Annarrhiqueés’, deDatradest 


Ca46,), 


70 us) et de palais de Raie, Sa puissance varie entre 
2, 201eb:1",40. 

5o, D'un sable blanchâtre plus ou moins endurci. Ces 
sables renferment une grande quantité de concrétions 
de, grès ordinairement arrondies et terminées comme les 
larmes. bataviques dont elles rappellent assez bien la 
forme. Ces concrétions y sont disposées en lits horizon- 
taux et quelquefois continus. Leur pointe n'ost point re- 
dressée mais çonchée, en sorte que l'axe de ces singu= 
lières concrétions est parallèle aux, couches où elles se 
Wouvent. Cette position constante prouve que la forme 
globulaire de ces concrétions n’est dué à aucune espèce 
de transport, pi à,un frottement, quelconque, Aussi] les 
concrétions suivent-elles 1 inclinaison des couches. Cgtte 
couche a, une épaisseur de 0", 60 à 0", 70. | | 

6°, D'un. sable jaunâtre doux et er À excayer ; 
offrant. de. nombreuses huitres à bec He undata 
Rnsrch) en:banes continus et bien disuncts. Les cou< 
ches de ce sable, sont souvent disposées en lits ondulés 
el being est à environ 5, mètres re lu sol 


el net , ainsi que, Fe mes marins , * , PRG pa 
lement des Lamantins. 

-,Comme,lles diverses COUCHES des ;terrains marins de 
Soret ne sont point par faitement hor izontales, étant plus 
oumoins,inclinées,, les. unes de. l’est. à l'ouest. et, lés 
autres-du: nord au sud, dans le sens de l’ouverture de la 
vallée du Lez,, les épaisseurs des couches de cette forma- 
tion sont souxent inégales : aussi ne donnons-nous l’é- 
paisseur que nous venons d'indiquer que,conime une 
moyenne approximative de leur puissance. 

Enfin nous.ferons, observer que la plupart : des. sables 
quifont partie de nos, terrains marins supérieurs , sont 
composés. de, petits grains .quartzeux,, mêlés, de petits 
grains:-caloaires,et argileux, plus ou moins colorés par 
dés oxides, de. fers On, y distingue parfois , et avec une 
forte. loupe, comme .des débris de coquilles marines 


(224) 


C’est dans les mêmes terrains sabloncux qu'on mn 


#+ 
les Spinelles ronges et noires ( ceylanite où pléorasté }" 
que l’un de nous a décrites ailleurs (1). L 

Ces mêmes sables offrent une assez grande quantités 
de dents et de palais de poissons marins, principale 
ment d’Anarrhiques (Ænnarrhicas Lupus) de Sparus ets 
de Squales. Les dents de Squales que l’on y rencontres 
appartiennent pour la plupart à de petites espèces ; il 
m'en est pas loujours de mème de celles des Anar 
rhiques, qui par leur grosseur signalent des espèces dé 
la taille du loup marin actuellement vivant. On y ren 
contre les dents tnberculeuses postérieures avec les dents” 
antérieures que l’on reconnait aisément à leur forme co 
nique et plus allongée. D’autres de ces dents pourraient 
bien avoir appartenu à des espèces des genres Bleniush 
et Clinus ; car certaines sont fort courtes et pointues ; 
comprimées sur leurs faces latérales ou taillées en bis 

seau comme les dents intisives des Rongeurs (2). U 

» 
EXPLICATION DE LA PLANCHE X. ) 


æ 
Fig. 1. Fémur droit de Mastodonte à deuts étroites ( Mastodons angusp 
tidens) véduit au +, vu par sa face antéricure. 


; î 
Fig. 2. 1d, vu par sa face postérieure. 


3 
Nous joignons ici le dessin de l’humérus de tortue décrit dansie] 
Mémoire que uous avons publié €. 1x , p. 394 de ce recueil. n. 


Fig. $. Humévus droit de tortue de terre, placé sur la gangue tel qu'il 
s’y trouve, et dans la position naturelle à l’animal. 

a, grosse tubérosité dent l'extrémité supérieure a été détruite 

b, base triangulaire, seul vestige qui subsiste de la tête de ’humés 

rus; €, col ou pédicule qui soutenait l’apophyse appelée petite tube 

rosité; d , extrémité de l’humérus , qui manque en totalité; e, porti 

de plastron; e’e*e’, petites portions de plastron disséminées dar 


à : 
pâte calcaire. 4 


5 
(1) Observations pour servir à l'Histoire des volcans éteints du du 
tement de l'Hérault, par M. Marcel de Serres, p. 6x et 61. ! 
+ (2) L'on observe également dans les mêmes sables des dents de dat 
phin, qu’il est facile de reconnaître depuis l'excellente descriptiô 
qu’en a donné l’illustre auteur de l'Anatomie comparée. 


(1252) 


OBSERVATIONS Z00LOGIQUES faites à bord de 
l’Astrolabe , ez mai 1826 ; dans le détroit de 
À = Gibraltar ; 


# 24 * d 
duo Par MM. Quoy et GarmArp, 


4 Médecins de la Marine , Naturalistes de l'expédition. 


mL 


(Suite ‘et fin.) 
Par ni 


Dasrpior des genres Prrnoe, Cal Hyare, 
| ai L'É ei 
, Frècne , CLÉODORE, ANATIFE et LP EEDÉ 


" 
BiPHORE BICAUDÉ, Salpa di ct ns an Sa/pa abat? 
Forsk., Ægypt.; p. 113, et Ic., pl. 36, fig. g. 


Planche 8 À, figures 1, 2. 


Ce Biphore a son extrémité antérieure terminale , 
ironquée , large, la postérieure munie de QPRE longs 
appendices mous et rougeñtres. 

Le corps, assez mou, offre à la partie supérieure la 

division très-marquée en X. de V artère aorte. Des stries 
rougeâtres , excessivement fines et ramifiées , partent du ‘ 
nucléus ; ce qui donne à cette partie de l’animal la forme 
d'une grenade épanouie. Ces stries ressemblent assez 
bien aux fines injections sanguines des membranes sé- 
reuses : quelques individus en avaient sur différens points 
du corps. 
«Ce Biphore appartient à une dan que. L on pour- 
rait faire de Biphores à canal intestinal court. Dans 
d'autres espèces où le canal intestinal SÉSURE toute la 
X. — Mars 1827. 19 


| AA VA % 

+ #(:1226 ) | f 

longueur du corps, l'anus s'ouvre près de l'extrémité 
que nous nommons antérieure , Mais qui n'est pas pour 
cela la bouche ; ainsi que nous l'avons dit ailleurs (1). 
Sa longueur est de quatre pouces. k 
Il a été pris dans la Méditerranée, à l’entrée du dé" 


troit de Gibraltar. ] 


BipnoRE CORDIFORME, Salpa cordiformis. 


Pianche 8 À, figures 3, 4, 5, 6. 4 


Le nom de ce Biphore est dû à la partie postérieures 
de son corps, qui présentè la forme d’un kiosque , ou 
plutôt celle d’un cœur très- -pointu au sommet. Sur les 
parties latérales on remarque deux pointes ; l'ouverture 
qui les avoisine est festonnée. 

L’extrémité antérieure, à ouverture tout-à-fait ter- 
minale, est coupée net et carrément. 

Cinq stries vasculaires transversales , coupées par une 
strie longitudinale , ceignent le corps de ce Biphore. 

Un paquet d’ovaires très-développés, auquel tient unel 
sorte d’oviducte beaucoup plus petit, entoure le nu 


cléus. 
Long d'environ quatre pouces. Il a été pris dans la! 
Méditerranée, près de Gibraltar. 1 19 140 


1 f 

BiPHORE MICROSTOME, Salpa microstoma, an Salpa ZONATI A) 
Encrycl., pl. 75, fig: 8-10. «1014 

Planche 8.4, figures 7, 8, 9. 2 {10 


Cette espèce assez petite, longue d’un pouce-et demi, 
se fait remarquer par une pointe courte, tronquée à som 
extrémité antérieure’, et par une autre un peu plus aî= 

(1) Poyage de l'Uranie, Zoologie, p. 498. | 


f 


(227) 


guë à Ja postérieure. Les deux ouvertures sont situées à 
Japartie supérieure du corps ; toutes les deux, petites et 
à lèvres épaisses ; ne sont point terminales. 

La forme du corps est suboyalaire, variant ‘un peu 
dans quelques individus ; ainsi, l’un d'eux savait la 
pointe postérieure excessivement courte. 

+ Le nucléus est jaunâtre, et cinq bandes. vasculaires 
entourent le corps. 

Les ovaires, dans plusieurs individus , au lieu d’être, 
comme dans quelques autres Biphores, un chapelet ar- 
rondi entourant le nucléus , sont ici placés à droitef et 
formés de'quatre points pédiculés et fixés au côté:comme 
de sont des pois dans leur gousse. 
+: Sa, longueur est d’un pouce et demi. Il a étéspris!, 
comme les précédens , dans la Méditerranée, près;de 
Gibraltar. je sit 

rio CARINAIRE. 

Trois peuites lames brunes , triangulaires’, forment les 
parois latérales de la bouche; elles sont garnies de pe- 
tites élévations triangulaires de même couleur, avee cette 
différence , que les moyennes présentent leur concavité 
obliquement en bas et les latérales obliquement en haut: 
es moyennes ont de plus au milieu trois petites dents 
très-aiguës , et sur chacune des parties latérales règne 
üne rangée de dents ou soies recourbées en crochets ex- 
cessivement aigus , accouplés deux à deux par leur‘base, 
etd’autant moins longs qu'ils sont plus postérieurs ; ils 
Selcouchent dans les intervalles des rainurés ei dessus 
indiquées ; de chaque côté est une petite membrane sub- 
cornée } finement ciliée, qui paraît être Ja‘racinede ces 
evochets. 


( 228 ) 


Deux muscles très-forts , placés à côté du palais où de, 
l'appareil buccal , sérvent à le mouvoir. De plus, toute. 
à-fait au commencement de l’œsophage et à toucher lés. 
lames cornées, on voit deux petites plaques minces 1 
subtriangulaires, ayant beaucoup de rapport avec less 
cartilages tarses des yeux humains; elles sont dé couleur” 


rouge-brun, et formées de petites plaques hexagonales.s 
Après les deux muscles buccaux viennent des’ fibres» 
musculaires transversales, puis un œsophage très-charnus 
dont les fibres sont longitudinales. 

L’œsophage situé à la pointe du triangle que forment 
les lèvres cornées est assez grand et muni d’uné petite. 
langue charnue ; son orifice est plissé : il se rend aussi= 
tôt dans la cavité intérieure , qui est très-grandé , sans 
apparence de renflement stomacal. Tout-à-faitià la par 
ie supérieure est un corps d’un rouge violacé, pyris 
forme, très-allongé, de deux pouces de long , terminé 
en pointe, susceptible de se recourber, s’ouyrant pa 
une large ouverture froncée à la partie supérieure et 
postérieure de la bouche. Est-ce une glande salivaire® 
Tout semble l'indiquer. Ce corps se prolonge postérieus 
rement dans la grande cavité intérieure et n’y a aucune is* 
sue apparente ; son intérieur est tapissé d'un pigmentum 
violet presque noir. ÿ 

Les yeux, noirs et quadrilatères à leur base, : fo 
saillie à travers la peau extérieure ; la cornée transpas 
rente est arrondie ; la sclérotique semble se confondre 
pour la couleur, avec le corps de l’animal. Le cristallin 
brunâtre, entièrement sphérique comme celui des pois:| 
sons , presque aussi résistant , est gros comme une tête 
d’épingle. La choroïde laisse à nu des intervalles à tra: 


un nt. mue tem in 


(229 ) 
vers lesquels on peut voir l'humeur vitrée, qui est abon- 
dante; le pigmentum est d’un beau noir. Mons croyons 
avoir aperçu un rudiment de tapis. 
. Les tentacules sont très-petits, fins , déliés et placés à 
là parue interne des yeux. 

La nageoire , rose , a une tache de laque , arrondie à 
sa partie postérieure et inférieure ; elle est formée de 
deux plans de fibres très-fines , qui paraissent s’entre- 
croiser dans l’état frais , tandis que d’autres fibres suivent 
le contour inférieur et croisent ces deux plans. Cette 
bageoire , qui présente quelques taches rondes vers son 
limbe , se dédonble à sa partie postérieure, à l'endroit 
de la tache couleur de laque, pour former une petite 
ventouse destinée vraisemblablement à fixer l'animal. 
Ce n'est qu'en l’ouvrant que l’on peut bien voir les nom- 
breuses fibres musculaires qui vienneut se rendre en 
rayonnant à sa base. 

Le système nerveux .n’a pu être aperçu à travers. 
l'enveloppe de l'animal , ainsi que cela a lieu dans les. 
Firoles et peut-être aussi dans quelques espèces de Ca- 
linaires ; ce qui tient à ce que Îles parois de la grande 
cavité intérieure , qui sont fibreuses et comme muscu- 
laires , étaient elles-mêmes d’une trop grande opacité. 

: Voici les particularités qu'il nous a présentées. Il est 
formé de deux ganglions et d’un plexus. Le premier , 
ganglion , ou le moyen, est celui qui occupe l'intervalle 
des deux yeux; il est composé de quatre petits tuber- 
cules agglomérés , ainsi que l’a fait voir M. Cuvier dans 
son Mémoire sur la Ptérotrachée , qui était une Cari- 
naire incomplète. (Voyez Mémoires pour servir à l'his- 
toire et à l'anatomie des Mollusques, pl. 3, fig..15-17:) 


(({ 230 ) : 
ilen part un faisceau nerveux considérable allant dans” 
les muscles de chaque côté, et de plus, un nerfoptique” 
isolé , assez gros. Un filet s’en sépare à droite et va com 
muniquer avec le système nerveux central, qui est formé” 
d'un long filet qui s'étend depuis la bouche jusqu'à la 
partie postérieure où se trouve un autre ganglion dont. 
nous parlerons. Cet axe nerveux passe dessous les gan- 
glions optiques, ou-ce qu’on peut appeler le cerveau ” 

sans y adhérer. À la bouche, il s’élargit en un plesus , 
envoie de chaque côté des filets aux muscles buccaux ; il 
en fournit également un grand nombre au pharynx , reste. 
isolé quelque temps ; et bientôt après envoie dans le 
corps à droite et à gauche, mais surtout à droite, de nom 
breux filamens qui se subdivisent en se perdant dans l’en- 


veloppe fibreuse de la grande cavité. Il s’unit ensuite ; 
un peu au-dessus du faisceau musculaire de la nageoire À 
à un ganglion formé aussi de quatre petits tuberculesy 
desquels partent de nouveaux faisceaux très-nombreux ,| 
divergens, qui vont à l'appareil musculaire de la na+ 
geoire. Deux surtout, plus considérables, s’enfoncént] 
perpendiculairement pour aller se répandre pre pro 
fondément dans sa substance. À 

Cet animal, quoique doué d’une organisation très= 
compliquée , a les mouvemens excessivement lents. Ses 
yeux, si bien conformés , ne paraissent pas lui être d’une 
grande utilité. Il était privé de sa coquille ainsi que des 
viscères qu’elle est destinée à protéger; aussi n'a-t-on fait 


que l'indiquer dans le dessin (1). Ÿ 


(1) Comme l'individu décrit par MM. Quoy et Gaimard était incoms, 
plet , vous n’avons pas cru nécessaire de reproduire les dessins qui ac* 
compaguaient leur description. R. 


( 551 ) 
- Cette Carinaire a été prise le 19 mai 1826, dans le 
détroit de Gibraltar, par M. Guilbert, officier de l’Æ#5s- 
trolabe. | | 


Hyace mucroNéE, Hyalæa mucronata. 


Planche 8Z, figures 1, 2. 


Son test est légèrement bombé, cordiforme , terminé 

par une pointe très-longué inférieurement. I! est pro- 
bable que cette pointe est naturellement ouverte, à 
imoins que cé ne soit une rupture; ce qui pourrait bien 
être ; puisque les deux autres pointes latérales, très-ai- 
guës , placées un peu plus vers la partie supérieure, ne 
sont point ouvertes à l'extrémité. 
La grande ouverture supérieure, par laquelle l'animal 
fait sortir ses petites ailes ou nageoires céphalo-thora- 
ciques, s'étend d’une pointe latérale à l’autre ; mais elle 
est plus évasée au milieu. Le bord dorsal est retourné en 
dehors, et Fopposé , légèrement bombé, est un peu plus 
saillant. 

Il n'existe point d'autre ouverture que celle-là. 
L'Hyale mucronée diffère donc en cela de toutes les au- 
tres espèces du même genre, qui sont fendues sur les 
côtés pour le passage des lobes du manteau. 

Des deux valves, la dorsale, un peu plus bombée, à 
cinq petites côtes longitudinales peu élevées ; la ventrale 
paraît n’en avoir que quatre : toutes deux sont très-fine- 
ment striées transversalement. 
| La couleur du test cst brun rougeñtre ; lés trois ai- 
guillons et le milieu du corps sont les seules parties 
transparentes. 

Les deux nageoires céphalo-thoraciques de cetie Hyale 


‘ 


(232 } 


sont blanchätres et légèrement éehancrées à leur extré-+" 
mité ; caractères qui leur sont communs avec un troi- 
sième lobe moins étendu, qui se déploie sur la coquillé… 
et la recouvre : dans ar intervalle on voit la bouche." 


On distinguait très-bien , à travers le test à gauche, les” 
battemens du cœur ; deux points noirs sont probablement, 
le foie. 

Cette Hyale , prise dans le détroit de Gibraltar, près 
de Ceuta , est d’un volume comparable à celui d’un très- 
petit noyau de cerise. La figure r montre sa taille natu- 
relle ; elle est représentée , grossie, dans la figure 2. 


Genre Fièicne, Sagita. 


Animal libre, gélatineux , transparent , cylindrique 
irés-allongé, ayant une tête, probablement des mâchoi 
res, peut-être des yeux; queue horizontale, aplaties 
comme dans les Cétacés : deux nageoires de chaque côté; 
le long du corps. | 


FLècHE DEUx points, Sagitta bipunctata. 
Planche 8 ©, figure 1, 2, 6, 7. 


Cet individu, dont l’organisation ne nous est point 
assez eonnue pour être rapportée , soit aux Zoophytes ; 
soit aux Mollusques , est long d'environ quatre à cinq 
lignes, très-exigu , tellement transparent qu'on ne l'as 
perçoit pas toujours dans l’eau qui le contient, d’une agit 
lité remarquable et toujours en mouvement; il se dé+ 

place à l’aide de sa queue, avec laquelle il frappe l’eau 
comme les Cétacés,. 


Sa tête est renflée ; il est diflicile de bien distinguer 
les organes qu'elle contient, et c’est avec beaucoup de 


À (245) 

peine qu'à l’aide du microscope de Selligue nous y avons 
aperçu une protubérance subcordiforme munie de deux 
points noirâtres qui sont peut-être des yeux , et latérale- 
ment de deux sortes de palpes striées qui entourent sans 
doute la bouche. 

Un canal central occupe toute la longueur de l’indi- 
vidu. De chaque côté, mais hors de ce canal , aux deux 
tiers inférieurs, on remarque deux rangées oblongues de 
points ronds ou d’ovules, et un peu plus bas, dans la 
même position , deux points noirâtres. 

La queue est élargie, aplatie, légèrement dentelée, 
et sur les deux côtés du corps de l’animal sont deux paires 
de nageoires triangulaires , allongées , séparées l'une de 
l’autre, et tellement ténues qu’on ne les aperçoit pas 
toujours. | 

Nous avons trouvé cet animal dans la Méditerranée, 
au détroit de Gibraliar. 


CLéonoRE ALÈNE, Cleodora subula. 


Planche 8 D, figures 1, 2, 3. 


Cette espèce , excessivement petite , a le test délié 
comme une aiguille, légèrement renflé à son ouverture, 
laquelle présente une pointe d’un côté et une échancrure 
triangulaire de l’autre : nous ignorons si l'extrémité op- 
posée est percée ou non. Les deux ailes membraneuses 
de l'animal sont légèrement ondulées sur leur bord, et 
d’une couleur rosée tendre. Dans l’intérieur du test on ne 
peut apercevoir que des filamens roses et rouges. 

Elle est longue seulement de six lignes, et elle pro- 
vient de la côte de Ténériffe. Plusieurs fois, dans le 
voyage de l'Uranie , nous avions rencontré de ces ani- 


(234) 


maux; mais l’extrème fragilité de leur enveloppe ne 
nous avait pas permis de les décrire. Nous avons dit ail= 


leurs qu’une autre espèce avait le test recourbé. 


ANATIFE UNIVALVE, Anatifa univalvis. 


: Planche 7, figures 8, 84. 


Cette Anatife, d’une seule pièce, gélatineuse, dia- 
phane, a une seule ouverture en devant, verticale et 
presque constamment béante ; la partie postérieure est À 
arrondie , et le pédicule, médiocrement allongé, est 


blanc et transparent. Comme les autres animaux de ce 


genre, celui-ci est muni de douze paires de cirrhies ac-m 

z £ Es 1 
couplés sur deux rangs; ces cirrhes, médiocrement als 
longés , blancs, ne se recoquillant point, ont environ 


dix anneaux tous couverts de poils à leur base. 
La boùche est très-large. 


Le reste du corps est d’un blanc mat lavé d’une teinte 


jaunàtre. 


Cette Anatife, qu'on pourrait aussi nommer Jabiw 
forme , parce qu’elle a la forme d’une grosse fève, sem 
trouvait sous l’ombrelle d’une Méduse voisine de l E4 


quorce Forskal, à laquelle elle était adhérente. 


Elle a été prise dans le détroit de Gibraltar par M. Lots 


tin, oflicier de l’Astrolabe. 


L 


ANATIFE TRICOLORE, Anatifa tricolor. T4 


Planche 7, figure 7, 


Une bordure rouge, étroite, entoure les grandes et les” 
petites valves qui ont une couleur gris d’ardoise ; la cins, 


quième valve, blanchâtre , rouge seulement à sa partie | 
/ 


4 


(1236 :) 


Ja plus inférieure , est séparée des autres par une ligne 


noire. 

Un trait noir se fait également remarquer à la partie 
supérieure du bord libre des grandes valves. 

Le pédicule est noir, avec un cercle rouge à la partie 
qui touche les deux valves. ; 
La grandeur de cette Anatife, que nous supposons 
nouvelle , est de onze lignes. 
Elle a été prise dans la Méditerranée , près de Gibral- 
lar. 


Génre Bnrarée, Briaræa. 


Animal pélagien , gélatineux , transparent, aplati, sco- 
lopendriforme, ayant deux.yeux, quatre tentacules, 
dont deux très - longs, filiformes et résistans, un grand 
nombre de pieds-branchies de chaque côté du corps et 
une longue queue. 


BRIARÉE SCOLOPENDRE, Briaræa scolopendra-. 


Planche 7, figures 1-6. 


Cet animal , long d’environ quatre pouces, entière- 
ment transparent, a, comme les Glaucus, quatre tentacu- 
les larges, courts, triangulaires; les premiers, plus pe- 
tits, présentent deux points noirs. Sont-ce des yeux? Le 
reste de l’organisation et le défaut d’apparence du sys- 
tème nerveux n’ont pu nous l'indiquer. 

_ De l'extrémité des seconds tentacules partent deux 
sortes d'antennes élastiques , résistantes, de couleur 
tousse , semblables à celles des Blattes, si ce n’est qu’elles 
he sont point annelées ; elles paraissent canahculées , et 
doivent leur couleur à une foule de points bruns rou- 


( 236 ) 


geûtres très-rapprochés , symétriquement disposés et din 
sn 


minuant successivement de volume. Deux rangées d'au 


ires points de même couleur, que l’on ne peut voir qu'a «16 
la loupe, occupent les parties latérales de la tête. 
Il a une nn RE et flexible. 


motion, au arte de vingt-quatre à boues de chaque 
côté, en série décroissante depuis la tête jusqu’au bout de L 
la queue , où ils sont à peine apparens ; leur extrémité est! 
bifurquée , aplatie , élargie et,à peine frangée. Tous ces” 
appendices sont creux et communiquent avec l'intérieur, 
du corps : on aperçoit au milieu de ce dernier un ln 
canal digestif qui commence au milieu des seconds ten- 
tacules où est une bouche charnue, saillante et Aron 
die, et va se perdre dans l'extrémité de la queue; il pré- ! 
sente à la tête un petit rétrécissement œsophagien. 
On voyait facilement de chaque côté du tube digestif 
un grand nombre d’ovules plus pressés vers l’extrémitém 
du corps où ils étaient comme entassés : quelques-uns 


is RE 


occupaient les appendices branchiaux ; c’est même par 
eux que nous avons pu voir que ces derniers étaient 
creux. 

Malgré la transparence du corps de l’animal , et quoi 
que nous eussions d’excellens instrumens grossissans en ÿ 
notre pouvoir, nous n'avons pu reconnaître ni systèmes 


}, 
nerveux , ni organe digestif quelconque, ni aucune ou-w 
verture autre que celle de la bouche; il est vrai que ces 
organes pouvaient être aussi transparens que l'animal 


lui-même et échapper à notre vue (1). C’est donc d’après 


1) Ainsi que cela a lieu pour la Carinaire précédemment décrite. 
q 


( 237 ) 


es points noirs de la tête , que nous croyons être des 
eux, et surtout à la grande vivacité et aux mouvemens 


rès-réguliers de cet animal , que nous le supposons ap- 
partenir à la classe des Mollusques. Nous l’avons eu vi- 
vant pendant huit à dix heures , et pendant.ce temps il a 
toujours nagé.,avec une très-grande vitesse qui redoublait 
au moindre contact; quelquefois il se roulait en cercle, 
comme on, le voit figure 2, et alors il paraissait encore 
plus singulier que dans son état le plus ordinaire. Le dé- 
faut de renouvellement d’eau de mer le fit mourir. 

Si cet animal, dont la forme et l’organisation sont de 
celles qui nous ont le plus surpris, est un Mollusque , 
il doit être placé après les Glaucus. 

Il a été pris dans la Méditerranée , à l'entrée du détroit 


de Gibraltar, par M. Gressien, oflicier de l'Asir olabe. 
.Relativement à plusieurs des Mollusques et TA Zoo 
Dhyres que nous venons de décrire ; nous ajouterons que 
malgré leur transparence, qui les fait ressembler à des 
morceaux du cristal le plus pur, malgré toute l'attention 
que nous avons apportée dans leurs détails anatomiques , 
nous sommes loin de croire avoir tout rendu; d’autres , 
plus heureux , acheveront ce que nous avons commenté, 
Un des grands obstacles que l’on éprouve, c'est d'être 
obligé de les étudier dans l’eau , qu’ils altèrent prompte- 
ment et qu'on est obligé de renouveler sans cesse. Veut- 
on les en retirer, leur transparence cesse ou bien la 
diffraction de la lumière est si grande qu’on n’y voit plus 
rien. 

En terminant, nous ne pouvons nous empêcher de 
faire remarquer combien la Méditerranée est encore peu 


( 238 ) 

connue. Quelle prodigieuse quantité de: Mollusques- et 
de Zoophytes ne doit-elle pas renfermér!(:dé ces'dermiors 
plus peut-être qu'aucune autre mer), pour:que quelques | 
jours de navigation dans le détroit dé Gibraltar aient pu. 
nous fournir un si grand nombre d'animaux nouveaux! 
dans l’étroit espace que sillonne un navire ? 

Du Port-Jackson et d’Amboine, nous aurons l’honneür 
de faire connaitre à l’Académie des Sciences nos prinei- 
pales découvertes zoologiques. . L 


A bord de l’AÆstrolabe , en rade de Sainte-Croix , île de Ténérifle, 
le 21 juin 1826. 


EXPLICATION DES PLANCHES: 


Planche vu. 


Fig. 1. Briarée scolopendre un peu grossi. — Fig. 2. Le même vu en- 

. roulé. — Fig. 3. Portion antérieure , vue en dessous pour montrer [a 
bouche.— Fig.,4: La bonche de profil.— Fig. 5; Antenne très-grossie.… 
— Fig. 6. Appendice branchial grossi. 

Fig. 7. Anatife tricolore. - 

Fig. 8. Anatife univalve. — Fig. 8e. Un des cirrhes grossi. 


Planche vrrx. 
A. Biphores. 
Fig. 1. Biphore bicaudé vu en 1 dessus. — Fig, 2, Le même en dessous. 
Fig. 3. Biphore cordiforme en dessus, — Fig. 4. Le méme en dessous, 
= Fig. 5. Ses ovañies grossis, — Fig. 6. Fragment des mêmes. 
Fig. 9: Biphore microstôme. — Fig. 8. Variété, du même. — Fig. gs 
Sesrovaires. No \: 


B. Fig.1. Hyale-mueronée. — Fig: 2. La même grossie. 


C. Fig. ». Flèche deux poitits de grandeur naturelle. — Fig.2. La même 
très-grossie. — Fig. 6. Sorte de mandibules très-grossies, — Kig:9t 
Points extérieurs au canal digestif et qui ressemblent à des ovules. 


D. Fig. 1. Cléodore alène de grandeur naturelle. — Fig. à! La tiônié 


( 259 ) 


excessivement grossie ayec ses nageoires sorlies, — is. 3. Son 
tube vitré très-grossi. 


Exrrair du Rapport sur les Observations 
zoologiques de MM. Quoy et Gaimard ; 


Par M. le baron Cuvrer et M. LaTherrzrr. 


(Fait à l'Académie des Sciences , séance du 2 octobre 1826. ): 


« S’il était encore besoin d'apprendre aux Naturalisies 
\combien les mers les plus voisines de nous sont riches 
en objets inconnus , combien toutes les plages , on pour- 
rait sans hyperbole dire, toutes les vagues en fourmillent 
pour ceux dont l'œil saurait les voir et la main les re- 
cueillir, le Mémoire dont nous faisons l'analyse en se- 
rait une preuve. 
|: » Dans ceite-relâche de PR PT jours , outre tout ce 
que MM. Quoy et Gaimard ont recueilli d'objets déjà 
décrits ; ils, ont, observé vingt-sept espèces qui leur ont 


“paru entièrement nouvelles et dont une partie leur a 


semblé assez différente de tout ce qu’on connaît pour 
qu'ils aient cru devoir former dix genres nouyeaux. 

» Ce qui expliquera ce grand nombre d'espèces, c’est 
qu'ils se sont attachés principalement à cette classe de 
Zoophytes, que leur ténuité, leur transparence en 
quelque sorte cristalline, dérobe depuis des siècles aux 
yeux, non-seulement du commun des pêcheurs , mais 
de presque tous les naturalistes. Forskal, lorsqu'il se 
rendit en Arabie, avait commencé à en étudier et à en 


(240 ) 


décrire quelques-unes ; mais depuis la publication dé 
ses manuscrits il s’est écoulé plus de trente ans jusqu’à 


ce que l’on se soit remis à cette étude. Péron fut le pre-" 


mier qui la reprit lors du voyage de Baudin , et d’après 
les instructions qui lui furent données par l’Académie , 
il enrichit la science , dans la Relation de ce voyage , de 
plusieurs belles espèces , et l’on aura long-temps à re- 
gretter que sa mort ait privé le public d’une multitude 


d’autres qu’il avait recueillies dans la Méditerranée et” 
qui sont restées enfouies dans quelque lieu inéonnu avec. 


les autres collections qu’il y avait faites. Cet inconvé- 
nient n’aura pas lieu pour celles que MM. Quoy et Gaiï- 


mard ont découvertes : ils en ont envoyé de nombreux, 


échantillons qu’il sera facile de comparer à leurs figures, 
et même, au besoin , d'étudier encore plus à fond qu'ils 


n’ont pu le faire dans les circonstances peu commodess 


où ils se sont trouvés. 

» Le premier de ces animaux qu'ils aiént observé est 
ce Mollusque singulier que Forskal avait nommé Pie- 
rotrachæa, et que l'on a reconnu dans ces derniers 
temps être le même qui porte cette jolie coquille coni- 
que , transparente comme du verre, que l’on a nommée 
Carmaire. | 

» L'un de noùs (1) en avait commencé l'anatomie, maïs 
d'après un exemplaire incomplet. MM. Quoy et Gai- 


mard , qui n’en ont pas eu non plüs un individu entier, 
en confirmant ce que le premier observateur y avait re=, 
marqué , ajoutent quelques faits à ce qu’il en avait dit, 
notamment sur la structure de la langue, qui se trouvé. 
ressembler beaucoup à celle des Gastéropodes par Îles | 


(1) M. Cuvier. 


1 : 


(241) 

. crochets dont elle est garnie , et sur celle des yeux, où 

ils se sont assurés de la présence d’un cristallin globu-- 
- leux et dur comme celui des poissons. Ils n’ont pu 
. suivre Le système alimentaire ;plus loin que l’œsophage , 
à cause de l’imperfection de leur individu ; mais comme 
nous avons eu le bonheur d’en obtenir un entier , avéc 
sa coquille, nous pouvons annoncer que l’organisa- 


tion de cette espèce rentre dans celle de l’ordre des 
1'Mollusques auquel elle appartient : elle a un long intes- 
tin, un foie, un cœur; en un mot lappareil observé 
: dans cette classe d'animaux; la masse charnue qui en- 
toure sa bouche et fait jouer les organes de la dégluti- 
tion ressemble même beaucoup à celle de l’Aplysie. Nous 
\ mettons provisoirement une préparation de cet individu 
+ sous les yeux de l’Académie , et nous nous proposons de 
lui lire imcessamment un Mémoire sur ce sujet, dont 
nous nous occupons depuis long-temps : nous y compa- 
rerons nos observations à celles que M. Lesueur a pu- 
“ bliées sur le même sujet , et qui sont dignes de beaucoup 
» d'éloges. » 
M. le Rapporteur énumère les caractères de plusieurs 
genres établis par MM. Quoy et Gaïmard ; il parle sur- 
“tout de ceux qu'ils ont créés sous le nom de Diphie 
3 proprement dite, Calpé, Abyla, Nacelle et Cuboïde, et 
il ajoute : « Les Naturalistes trouveront peut-être que 
“ioutes ces éspèces ayant pour l'essentiel à-peu-près la 
même organisation, et ne diflérant que par les formes 
extérieures , il n’était pas nécessaire d’en faire autant de 
genres ; mais ils n’en accueilleront pas moins avec inié- 
rêt ces notions sur une famille peu connue et qui pré- 
sentera de grands problèmes à résoudre aux observateurs. 


Xe | 16 


(24) 


» Pourquoi celle réunion constante de deux individugs 


seulement ei de deux individus diflérens ? Sont-ce de 
sexes ? Sont-ce seulement des parties d’un même animal 
dont MM. Quoy et Gaimard n’ont pas aperçu la liaison 
organique, parce qu'ils se tenaieut par des membranes, 
trop frèles? Nous ne prétendons pas répondre à ces. 
questions ; nous les proposons seulement à nos Naturalis=4 
tes ou à ceux qui se trouvent à même de poursuivre 
leurs recherches. | 

» Ils terminent leur Mémoire par des observations sur! 
les polypes d’un polypier libre qu’ils nomment Alcyoni 
jaune , mais que nous croyons n'être qu'une Vérétile , et | 
sur ceux d’une espèce de madrépore de la famille d 
Astroïtes. Ces dernières surtout doivent être bien venues 
des Naturalistes, pour qui elles sont entièrement nou-" 
velles. 

» L'Académie jugera sans doute , par cet extrait , que, 
le Mémoire de MM. Quoy et Gaimard est un heureux 
avant-coureur des travaux qu’ils se sont bal avis d’exécu® 
ter pendant leur voyage , et qu’il ne peut qu’exciter à un 
haut degré les espérances que les Naturalistes ont cons! 
çcues de cette entreprise. Nous proposerions à l’ Académie! 
de l’insérer parmi ceux des savans étrangers , si les au- 
teurs, dans une lettre qu’ils ont écrite à M. de Blain“ 
ville, n'avaient témoigné le désir qu’il fût imprimé le 
plutôt possible, afin d'assurer ‘Ja priorité de leurs ob= 
servations : il sera plus facile de satisfaire à une de* 
mande aussi juste , en le donnant à l’un des recueils qui 
paraissent chaque mois et où l’on a tous les moyens d’ac= 
célerer la reproduction des nombreux dessins qui lacs! 
compagnent. Nous proposerons donc seulement à l’A=| 


(#2) 


( 245) 
cadémie de témoigner sa satisfaction à MM. Quoy et 
Gaimard , et d'adresser une copie du présent Rapport à 
son excellence le Ministre de la Marine. » 


Signé Larreizze; Covier, rapporteur. 


L'Académie adopte les conclusions de ce rapport. 


Descriprion et Ficure d’une nouvelle espèce 
LE . 
d'Ornithomyie ; 


Par M. Léon Durour, D.-M. & 


Correspondant de La Soc. philom. , d'Hist. nat. de Paris, etc. 


Les Ornithomyies sont des insectes de l’ordre des 
Diptères et de la famille des Pupipares de M. Latreille. 
Ce savant entomologiste a établi ce genre aux dépens 
des Hippobosques de Linné; il y comprend plusieurs 
espèces de ces dernières qui vivent exclusivement sur 
les oiseaux , et c’est cette particularité qui leur a valu la 
dénomination qu’elles portent. 

Les espèces connues d'Ornithomyie sont encore peu 
nombreuses : l’auteur que je viens de citer n’en a dé- 
crit que six dans l'Encyclopédie méthodique, et deux 
d’entre elles sont exotiques. Lorsque celle que je vais 
faire connaître me tomba sous la main, je la rapportai 
d abord à l’'Ornithomyie verte ( Hippobosca avicularia 
Lin. ); mais une étude plus attentive me fit découvrir des 
caractères solides qui l’eu distinguent suflisamment , et 


je vais me livrer à l'exposition de ceux-ci. 


( 244 ) 


Onnivnomyra 811084, Ornithomyie bilobée, 


Planche xr, figure 1. 


Pallide rufescens ; ocellis nullis; rostro exserto; 
abdomine echinato setosoque postice profunde emargi- ” 
nato-bilobo , basi utrinque obtuse unidentato ; pedibus 


livido-virescentibus ; thorace supra pallide rufo ; alis 
ovali-oblongis subfumosis. 


Cette Ornithomyie a la physionomie et l'allure de 
l'Aippobosque du cheval , dont elle ne devrait peut-être 
pas être séparée génériquement ; mais elle est infiniment 
plus petite qu’elle , car son corps n’a que deux lignes de 


longueur, et ses ailes qui, dans le repos, sont couchées 


longitudinalement l’une sur l’autre, dépassent l’abdo- 


men d’une ligne environ. 
Sa tête, plate et de niveau avec la région dorsale du. 


corselet , est arrondie, un peu moins large que ce der- 


nier, au bord antérieur duquel son contour occipital. 


est habituellement contigu ; elle est hérissée de quelques 
poils bien sensibles à la loupe : une toufle de trois ou 


quatre de ceux-ci redressés s’observe au devant des yeux,” 


deux séries sur le vertex et d’autres plus isolés au bord 
occipital. Les yeux sont latéraux , grands, ovales, peu 
saillans , réticulés, bruns. Malgré les investigations les 


plus réïtérées, soit à la loupe, soit au microscope, je. 
n’ai pu découvrir à notre Ornithomyie aucune trace 


d’yeux lisses ; la portion occipitale où ils siégent dans 
d’autres espèces , est ainsi que le bord interne des ÿeux, 
un peu plus élevée, plus luisante que le vertex, mais il n'y 
a pas de différence pour la couleur, qui est partout rous- 


| 


((246:2) 
sätre, el je ne sais y apercevoir aucun point saillant parti- 
_culier que l’on puisse prendre pour des yeux lisses : l’ab- 
sence de ceux-ci m'a surtout porté à regarder cette espèce 
comme diflérente de l’Ornithomyie verte. Dans la des- 
cription de ce dernier diptère, Olivier et Latreïlle disent, 
_ à ce sujet , que « sur le derrière de la tête est une émi- 
_» nence noire écailleuse où l’on voit très-distinctement 
» trois petits yeux lisses (1). » Ces deux auteurs parlent- 
- ils ex visu, ou ne font-ils que transmettre le témoi- 
gnage de De Géer? Je suis très-porté à croire, d’après 
leurs généralités sur les Hippobosques et les Ornitho- 
myies , que, sur ce point, ils s’en sont rapportés à De 
Géer, qui s'exprime très-positivement ; alors il est per- 
mis de penser que l’Ornithomyie de ce dernier auteur 
(Æippobosca avicularia ) est réellement distincte de la 
nôtre , qui peut-être ne diffère pas de celle qu'ont connu 
Olivier et Latreille. Quoiqu'il en soit, le devant de la 
» sète de l'Ornithomyie bilobée présente au niveau du bout 


antérieur des yeux une échancrure superficielle en avant 


de laquelle s’insèrent les antennes ; celles-ci , dirigées en 
avant et un peu inclinées en bas , ont une configuration 
et une structure insolites qui avaient porté De Géer à ne 
point les considérer comme des antennes. Elles consis- 
tent en une pièce principale en forme de lame cornée, 
ovale-triangulaire, peu ou point mobile, plus grande 
et plus à découvert que celle de lÆippobosque , et hé- 
rissée d’un nombre indéterminé de poils; tandis que dans 
- cette dernière j'ai reconnu qu’il y avait constamment trois 


(1). Ouiv. , Encycl. méth., t. vx, p. 88; Larr., our. Dictionn. 


d'Hist. nat. , deux. édition, tom. xx1v. 


( 246 ) 
soies, dont l'intermédiaire plus longue (1). La trompe(ouw " 
plutôt le bec) est saillante, horizontale, d’un brun luisant, M 
velue et terminée par quatre poils bien’plus longs ; elle 
est formée de deux valves oblongues , cornées , creusées M 
en gouttière à leur face interne , et constituant ainsi, par M 
leur contiguité , un canal qui loge le suçoir. Entre law 
base de ce bec et les antennes , j’observe de chaque côté À 
un corps d'une seule pièce oblongue, hérissée, que je 
pe saurais considérer que comme des palpes. Le dessous k 
de la tête de notre Ornithomyie est recouvert d’une es-" 
pèce de plastron assez grand, cornéo -membraneux , 1 
blanc , à peine tomenteux , arrondi à sa partie antérieure, 


inférieure. C’est au-dessus de ce plastron que se glisse! 
le bec et que s’insèrent les palpes uniarticulés dont jeM 
viens de parler. 
Le corselet est arrondi , plane, d’un roux pâle, hé=M 
rissé par ci par là de poils plus ou moins inclinés , sesk 
angles antérieurs se prolongent en deux espèces d’apo < 
physes conoïdes , terminées par des poils. La région dor-" 
sale est partagée par deux impressions linéaires cruciam 
les: l’écusson est assez grand , demi- circulaire, hé= 
rissé. À 
Les ailes sont ovales-oblongues et d’une teinte enfu-" 
mée. La figure qui accompagne mon texte exprime avec“ 
exactitude la disposition des nervures : on y verra que. 
les plus grandes ou les costales sont loin de se prolonger“ 
jusqu’au bout postérieur de l'aile. Elles s’oblitèrent ) 
ainsi que dans l'Hippobosque , aux deux tiers environ 


(1) Recherches anatomiques sur l’'Hippobosque , Ann. des Sc. nat 
tom. v1, P. 209. 


(247) 
de la longueur de celle-ci. Les balanciers sont apparens 
et nus ; leur bouton est d’un jaune pâle. 

L'’abdomen est transversalement ovale, grisâtre, avec 
une teinte verdâtre qui disparaît par la dessiccation ; il 
est revêtu d’une peau coriace et hérissée , soit de piquans 
roides et droits insérés au centre d’un mamelon cutané, 
soit, dans son pourtour, de soïes longues et arquées. De 
chaque côté de sa base on observe constamment un petit 
avancement obtus , hérissé, une sorte de lobule. Sa par- 
tie postérieure est remarquable par une échancrure large 
et profonde qui la divise en deux grands lobes arrondis. 
Suivant l'observation de M. Latreille, cette dernière 
échancrure serait l’attribut spécial de la femelle ; ainsi 
l'individu que j'ai décrit et figuré appartiendrait à ce 
sexe. 

Les pattes , d’un gris verdâtre livide , ressemblent par 
leur disposition et leur grandeur respective à celles de 
l’Hippobosque ; elles sont hérissées. Les tarses se ter- 
minent par deux ongles noirs, robustes, crochus, trifi- 
des ; le crochet terminal , qui est le plus long , est courbé 
d'avant en arrière et en pointe aiguë : celui qui le suit 
est cylindroïde, obtus, presque droit. Le postérieur , 
qui est Je plus rapproché du talon, est une lame lan- 
céolée , brune, bien plus courte que les autres. Deux 
pelottes ovales - oblongues, blanchätres , tomenteuses , 
sont placées au-dessous des ongles, et une soie plu- 
meuse ou plutôt pennée , aussi longue que les pelottes, 
s’insère entre les bases de celles-ci. 

J'ai rencontré une seule fois l’Ornithomyie bilobée 
sur les vitres de mon appartement , à Saint-Sever, dans 
le mois d'août. 


( 248 ) 


EXPLICATION DE LA PLANCHE X%. 


Fig. 1. L'Ornirnomyre 81LO8ÉE considérablement grossie. 


1”, longueur et envergure naturelles de cet insecte. 


a, une antenne fort grossie, 

b, bec et portion du plastron vus en dessous et considérablement w 
grossis : on y voit aussi les palpes. 

ce, portion des tégumens de l’abdomen fort grossis, pour mettre en 
évidence les piquans et les soies dont elle est hérissée. 1 

d , un tarse vu en dessous , et considérablement grossi pour mettre enw 
Dance les articles dont il est composé, les pelottes et la soie pen- 
née qui est entre celles-ci. 

e, un ongle des tarses vu de profil et considérablement grossi. 


= 


_ 


Mémoire pour servir à l’histoire du genre 
Ocyptera ; 


Par M. Léon Durour, D.-M., 
Correspondant de la Soc. philom., d'Hist. nat. de Paris, etc. ff 


. L’anatomie des insectes n’est pas seulement destinée} 
à nous dévoiler les merveilles de leur organisation inté-" 
rieure et à établir les rapports qui existent entre celle-m 
ci et les caractères purement entomologiques ; elle ser 
vira aussi à éclairer l’histoire des métamorphoses dem 
plusieurs de ces curieux animaux, et je vais en fourni ‘4 
un exemple dans ce Mémoire. La 

Le genre Ocyptera , fondé par M. Latreille et adopté :. 
par Fabricius et Olivier, se compose d'insectes de l'ordre) 
des Drprères et de la famille des Athéricères , compris 
autrefois dans les Musca de Linné. F| 


( 249 ) 

D'après le témoignage du savant entomologiste qui a 
institué ce genre, la science aurait encore presque tout 
à acquérir relativement aux métamorphoses des Ocyp- 
tères ; 1] convient qu'elles lui sont inconnues , et suivant 
lui De Géer, qui a étudié mieux que tous les autres les 
mœurs des Diptèrés, nous apprendrait seulement , à 
l’occasion de sa Mouche à taches rousses ( Ocyptera 
lateralis Fabr.), qu’elle est vivipare ,.que ses larves sont 
blanches, à tête pointue, et de figure variable (x). 

Olivier termine , dans l'encyclopédie méthodique, les 
généralités des Ocyptères par l’article suivant. « Les 
»  Ocypières se trouvent assez fréquemment sur les fleurs 
» dans le courant de l’été ; leurs larves sont apodes , al-: 
» longées , presque cylindriques ; leur corps est mou , 
» divisé en plusieurs anneaux, et la partie antérieure 
» est plus mince que la partie postérieure. La bouche 
» est armée de deux crochets écailleux qui servent à ron- 
» ger l’intérieur des racines ou dés tiges! des’ plantes 
» dans lesquelles elles vivent , où elles se métamorpho- 
» sent et d’où elles sortent sous la forme d’insecte ailé.» 
Ilest à regretter qu'Olivier n’ait point fait connaitre l’es- 
pèce d'Ocyptère qui lui a fourni ces détails un peu va- 
gues, si toutefois, comme le pense M. Latreille, ce 
p'est pas de sa part une simple présomption. 

Voilà où en sont nos connaissances sur ce point d’en- 
tomologie : je m’estime heureux de pouvoir, par des ob- 
servations positives qui me sont propres, contribuer à 
remplir cette lacune de la science. 

» Au commencement d'avril 1823, en disséquant la 


|Cassida viridis Lin. , je rencontrai à plusieurs repri- 


1 (1) Mouv. Dict. d'Hist. nat. , deux. édit. , tom. xxIHt ; p. 209. 


( 250 ) 


ses , dans la cavité viscérale de ce petit Coléoptère , une. 
larve apode assez grande et d’une configuration très-va- M 
riable à cause de sa contractilité: Dans les premiers M 
jours de maï suivant, j’en obtins des chrysalidés ovalai- 
res , glabres et lisses, munies à l’un des bouts de quatre: | 
tubercules noirs, cornés, rapprochés, et quinze jours « 
après je vis naître d’une de ces nymphes üne espèce riou- M 
velle du genre Ocyptère , que j'ai désignée sous le nom‘ 
de Ocyptéra cassidæ. J'insérai cétte observation et la! 
description du Diptère dans un Appendice qui suit mes 
Recherches anatomiques sur les Coléoptères , successi-" 
vement publiées dans les Annales des Sciences naturel- 
les’ (1); j'ajoute aujourd'hui aux détails consignés dansk 
ces Annales les figures de cette Ocÿptère et de sa ae 4 
salide. CÉSHEL s | 
Vers la fin d'avril 1826 , toujours occupé d’investiga=w 
tions entomotomiques , et spécialement de celles qui rea! | 
gardent l’ordre des Hémiptères ; je découvris au milieu 


vante que je décrirai bientôt. Je plaçai dans des bocaux w 
un assez grand nombre d'individus de ce dernier HU 
miptère, dans l'espoir d'obtenir linsecte parfait de la. 
larve parasite ; le 18 mai je trouvai une Chrysalide , et le 

22 Juin suivant il en naquit une Ocyptère, qui est l’ Os À 
bicolor Oliv. (Encycl. méth., tom. viir , p. 423.) de 
donnerai plus bas la description et la ee de ce Dip= 
tère. | 
La larve de l’Ocyptère bicolore est apode , oblongue;, 
blanchâtre, parfaitement glabre, mais plus ou moins. 
ridée en divers sens à sa surface , d’une texture molle et 


(1) Tom, vur , p. 45. 


(( 25% ) 


éminemment contraétile, Cette dernière circonstance rerid 
sa configuration et sa grandeur très-variables, et je ne 
fus pas peu surpris, après avoirienlevé la paroi dorsale 
de l'abdomen de la Pentatome , de voir cette larve se dé- 
velopper au point de surpasser en longueur celle de tout 
le corps de l'Hémipière qui la logeait, puisqu'elle acquit 
six lignes de long sur une ét demie d'épaisseur. Elle a 
neuf anneaux ou segmens transversaux , sans y com- 
prendre la tête ni la queue. Ces anneaux ne sont pas tou- 
jours faciles à distinguer à cause des rides de la peau. La 
tète est libre, très-mobile, susceptible de se retirer'auw 
gré de la larve sous les premiers anneaux du corps. Elle 
est profondément bilobée ou formée de deux mamelons 
arrondis, convexes, contigus , confluens par leurs bases. 
Chacun de ces lobes offre à la simple loupe deux points 
rapprochés mais distincts ; un peu brunâtres, que j'avais 
pris d’abord pour des yeux, mais qu’une forte lentille 
du microscope m’a fait reconnaître pour des espèces de 
palpes d’une seule pièce, courts ; cylindriques, rétrac- 
tiles, terminés par un bouton ou disque ombiliqué. 
Ce ne sont pas des suçoirs proprement dits comme 
on serait disposé à le croire, en voyant le trou qui ést 
au centre de leur disque terminal ; il faut les considé- 
rer plutôt comme des pieds - palpes destinés , soit à 
fixer la tête de la larve en faisant l’oflice de ventouses, 
soit à reconnaître par une sorte de toucher la matière 
alimentaire. 11 n'existe aucun vestige, ni d'antennes ni 
d'yeux. Deux mandibules cornées assez fortes, noirûtres, 
légèrement arquées, mais adossées par leur convexité, 
munies en dehors d’un grand crochet qui les fait pa- 
raitre presque fourchues, constituent la bouche de la 


Ca%a) 


larve. Remarquons que ces mandibules se regardent par 


la convexité de leur arc, et que par conséquent leur. 


pointes au lieu de former la pince sont divergentes, ce 
qui rend fort diflicile à,expliquer le mécanisme de leur 
préhension. Remarquons aussi comme conséquence de 
cette bizarre disposition et comme surcroit de difficulté 
dans l'explication, que c’est en dehors qu’elles sont ar- 
mées d’une dent. Quoiqu'il en soit ces mandibules s’in- 
sérent tout à côté l’une de l’autre à-une pièce cordiforme 
de texture faiblement cornée, tronquée en avant et lar- 
gement échancrée en arrière. 

La queue de la larve de l’Ocyptère bicolore mérite un 
examen particulier. C’est un siphon d’une seule pièce , 
infuudibuliforme , légèrement arquée , d’une texture 
cornéo-membraneuse et comme scarieuse, invariable pour 
sa configuration, ayant à-peu-près le tiers de la longueur du 
corps. Par sa partie évasée elle s'articule avec le dernier 
segment de celui-ci, mais c’est un mode d’articulation qui 
semble plutôt une espèce d’enchâtonnement adhésif , car 
la larve peut s’en débarrasser sans qu’il se fasse une solu- 
tion de continuité à l'anneau du corps qu'elle embrasse. 
J'ai constaté ce fait sur l'individu même que j'ai figuré. Je 
présume que ce dernier approchait de l’époque de sa méta- 
morphose, en chrysalide et que son corps, s’ilest permis de 
s’exprimer ainsi, avait acquis la maturité convenable, car 
le siphon caudal se détacha sans efforts, entraînant au 
tour de sa partie évasée quelques lambeaux d’une mem- 
brane fine , pellucide , épidermoïde, qui paraissait étran- 
gère au tissu propre du segment abdominal qu'elle recou- 
vrait, Dans une autre occasion j'ai trouvé encore adhérent 


dans le métathorax de la Pentatome et isolé, ce siphon, 


(253) 


tandis que la larve et la chrysalide n’existaient plus dans 
Ja cavité viscérale. Comme je viens de l’insinuer , l’en- 
tonnoir caudal de cette larve se fixe par sa petite extré- 
mité dans le métathorax de l’hémiptère et il m'a paru 
que c’était au moyen de deux petites dents cornées , noi- 
râtres. Avant le point de cette insertion, on observe sur 
la- portion tubuleuse de l’entonnoir une très-légère in- 
flexion où le ussu est un peu plus souple et qui semble 
destiné à permettre un mouvement obscur. Nous re- 
viendrons plus tard sur les fonctions de cette queue. 
L'appareil digestif de la larve parasite qui fait le su- 
jet de cet opuscule , est, avec celui de la respiration, le 
seul viscère renfermé dans le corps. Il se compose de 
glandes salivaires, du tube alimentaire et des vaisseaux 
hépatiaues. 
1°. Les glandes salivaires consistent pour chaque 
côté. en un seul vaisseau tubuleux filiforme , assez long 
pour atteindre le milieu de la cavité abdominale, plus 
ou moins replié ou flexueux, diaphane, libre par un 
bout qui est flottant, confluent par l’autre avec son con- 
génère pour former un conduit commun qui. passe par- 
dessus la pièce cordiforme où s’insèrent les mandibules 
pour s’aboucher près de la base de celles-ci. 
… 2°. Le tube alimentaire a quatre fois environ la lon- 
- gueur de tout le corps de la larve et fait plusieurs circon- 
volutions sur lui-même. Il est filiforme , d’une texture 
mince , délicate , presque diaphane et maintenu en place 
par des trachées rare et très-fines. Un æsophage d’une 
_ténuité plus que capillaire , s'enfonce d’une part dans l'é- 
chancrure de la pièce cordiforme dont nous venons de 
parler ; de l’autre il s’insère brasqueme nt dans le jabor. 


(254) 


Celui-ci est en forme de godet turbiné , et dégénère in- 
sensiblement en un estomac tubuleux, replié sur lui- 
même , terminé par un renflement oblong. L’intestin 
est dilaté à sa naissance, flexueux , et avant sa terminai- 
son en un rectum peu sensible, il offre un cœcum 
oblong. 

3°. Les vaisseaux hépatiques ou biliaires sont au 
nombre de quatre , réunis avant leur insertion en deux 
troncs assez courts qui s'abouchent à l’origine de l’in- 
testin. Dans le voisinage de celle-ci, ils sont diaplianes , 


lisses et unis, tandis que dans le reste de leur étendue | 


ils sont froucés , variqueux. 

‘La larve qui nous occupe ne présente extérieurement 
aux investigations les plus scrupuleuses aucune trace 
des stigmates ordinaires, quoiqu'elle ait un système tra- 


chéen antérieur bien prononcé. Les trachées sont toutes 


tubulaires. Elles sont disposées en deux troncs princi-! 


paux qui règnent le long de la cavité du corps au-des- 
sous des viscères digestifs, et qui émettent un nombre 
assez considérable de branches ramifiées. Ces troncs de- 
viennent confluens en arrière et paraissent s’aboucher 


par un orifice unique à la base du siphon caudal. Ils 


n’offrent pas, non plus que leurs branches, l'aspect | 


nacré propre aux trachées tubulaires de la plupart des 
insectes, et le microscope n’y démontre pas ces siries 
transversales ou spiroïdes qui ont mérilé à ces vaisseaux 
l’épithète d’élastiques. [ls paraissent simplement mem 
braneux et ils sont formés de deux tuniques pellu= 
cides. 

Des lambeaux membraniformes de tissu adipeux splan- 


chnique s’observent dans la cavité viscérale de cette | 


(0855 )) à 
larve. Ils sont semi-diaphanes , formés de granulations 
arrondies, ponctiformes , disposées sur un même plan , ce 
qui leur donne au microscope l’aspect réticulé. 

C’est ici le lieu de revenir, comme nous l’avons pro- 
mis plus haut, sur les usages de la queue singulière de 
cette larve. Ce syphon cornéo-membraneux remplit la 
double fonction , d’être la trachée artère de l'organe res- 
piratoire etde servir à fixer l’animal dans sa demeure vi- 
“vante et mobile. C’est un stigmate, mais un stigmate d’une 
. forme et d’une grandeur insolites. Le moyen, je dirais 
presqu'ingénieux , par lequel cette larve hermétiquement 
emprisonnée puise l'air dans l'atmosphère pour l'acte res- 
piratoire, tient du merveïlleux. Il lui a fallu emprunter, 
usurper un des stigmates de l’hémiptère dont elle est 
parasite et détourner à son profit une partie de l’air des- 
tiné à la respiration de celui-ci. A cet effet, la pointe du 
siphon gaccroche , à l’aide des deux dents dont elle est 
- armée, sur les bords d’un stigmate métathoracique de la 
Pentatome , et l'ouverture placée entr’elles s'adapte jus- 
‘tement sur ce dernier pour inhaler l'air du dehors. Le fait 
. piquant de l’usurpation d’un’ stigmate étranger rappelle 
l'observation curieuse de MM. Audouin et Lachat sur 
* une larve de diptère qui vit dans l’abdomen du Bourdon 
des pierres ; cette larve paraît appartenir au genre Co- 
mops (1). Il y a aussi quelques traits de ressemblance, 
pour la conformation générale et l'existence d’un si- 
phon caudal qui remplit les fonctions de stigmate, entre 
la larve de notre Ocyptère et celles des Stratiomes , 
dont Réaumur et Swammerdam nous ont donné l’his- 


(1) Journal de Physique, tom. 88, p. 228, et Mémoires de la Soc, 
d'Hist, nat. de Paris, tom. 1er, p. 329, pl. 22. 


: Ka ( 556 ) 
toire (1). Maïs les larves de ces derniers Diptères étant 
aquatiques ont, surtout quant à l’acte respiratoire, : 
organisation différente de celle des Ocyptères et relative 
au milieu qu'elles habitent. 

ot chrysalide des deux Dettes dont j ai étudié 


des tubercules saillans , cornés ; noirs , tronqués, soudés 
par leurs bases, au nombre de six dans l’O. bicolore & 
de quatre seulement dans l'O. de la casside. Cette chry 
salide se rompt irrégulièrement par le bout non tube 
culeux lors de la naissance de l’insecte parfait. Elles 
quatre lignes de long sur deux d'épaisseur dans la pre 
mière de ces espèces, et une grandeur de moïtiggmoind Ù 
dans la seconde. 

Si la larve de ces Ocypières se transforme en chrys4 
lide dans la cavité abdominale mème de l’insecte qui] 
loge, comme j'ai lieu de le présumer , il paraïtrait au 
que c’est immédiatement après cette métamorphose quel 
nymphe est expulsée de l'abdomen. Je n’ai point été té 
moin oculaire de ce double fait, mais j'ai des raisons dl 
croire que les choses se passent aïnsi. Dans le bocal où 


cyptère bicolore , je jugeai qu’elle venait d’être tout ré# 
cemment pondue parce que sa couleur, d’un marr@h 
clair, prit, dans l’ espace d’une heure environ, la teinté 


(1) Réaumur, Mém., tom. 1v; Swammernpam, Collect.. acadih 
Hist. de la Mouche asile, vol v; p. 430. 4 


( 257 ) 


run-noirâtre qu'elle conserve ensuite toujours. Mais 
st-ce du vivant de son hôte et par des efforts expulsifs 
xercés par celui-ci que la Chrysalide vient au monde ? 
Il est difficile de concevoir autrement la possibilité de 
ette espèce d'accouchement contre nature. Tout le 
onde sait que les Chrysalides sont incapables d’exer- 
cer par elles-mêmes une faculté locomotive ; celle des 
Ocyptères doit être considérée, dans le cas singulier de 
cette gestation extra-utérine, comme un véritable corps 
étranger dont la présence n’est plus compatible avec le 
bien-être des insectes dont elle est parasite. Au lieu de 
cette mollesse de texture qui permettait si bien à la larve 
de se prêter aux diverses pressions des parois abdomi- 
males de son hôte, elle a acquis une résistance, une 
immuabilité de forme qui, en refoulant , avec douleur 
ans doute, les viscères de ce dernier , sollicitent irré- 
sistiblement ses contractions expulsives ; celles-ci doi- 
vent être portées jusqu'à une violence extrème , puisque 
la Chrysalide étant placée au dehors des viscères , dans 
une prison sans issue, et la nature n’ayant destinée au- 
eune ouverture pour son évacuation, il faut que ce corps 
volumineux se fasse jour entre les derniers anneaux de 
l'abdomen , par la rupture, le déchirement de la mem- 
brane qui unit ceux-ci. Certes, il n’est pas étonnant 
qu’un accouchement aussi laborieux puisse entraîner im- 
médiatement ou consécutivement la mort de l’insecte 
qui acquiert cetie bizarre et malheureuse maiernité. 

+! Lorsque je m’aperçus de la naissance de la Chrysalide 
de l’Ocyptère bicolore , je trouvai morte la Pentatome 
du ventre de laquelle elle était sortie; mais la souplesse 
des membres de l’'Hémiptère , et surtout la disproportion 


É 17 


( 258 ) 


énorme entre l'ouverture qui avait donné passage à là 
nÿmiphe et le volume de celle-ci, me firent penser que 
la mort était récente et que la contractilité de tissu des 


parties , soit pendant la viede la Pentatome, soit immé- ! 


diatemént après sa mort, avait ainsi réduit l’orifice par 
où s'était opéré l'accouchement. 


Depuis cette observation j'ai acquis la certitude que, 


s’il est des circonstances dans lesquellés la Pentatonie 
peut mourir pendant ou aussitôt après l'accouchement , 
il en est d’autres où elle survit à sa délivrance. Le 
1° juin, en disséquant une femelle de la Pentatome 


grise, qui était vivante et bien portante au moins en ap- | 


parence , je trouvai fixé dans son métathorax le siphon 
caudal de la larve , et je reconnus aux derniers segmens 
abdominaux des traces non équivoques de l’expulsion de 
la Chrysalide. J'observai que les ovaires de cette Pen 
tatome étaient, pour ainsi dire, atrophiés et que le tissu 
adipeux splanchnique était épuisé, presque nul; néan- 
moins l'appareil digestif paraissait dans l’état normal. 
Cette larve a donc pu vivre plusieurs mois consécu=+ 
tifs au milieu des viscères de la Pentatome et aux dépens 
de sa graisse; elle a pu y prendre un volume considé- 


rable, s'y métamorphoser en Chrysalide et être expulsée 


avec violence sous cette dernière forme sans occasioner 
la mort de l'Hémiptère. Voïlà déjà un phénomène assez 
curieux ; mais qui nous révélera l’adrésse, les ruses , 
l’artifice,, la patience que l’Ocyptèrez insecte faible et 
délicat, doit mettre en usage pour insinuer, dans le 
stigmate imperceptible d’un Hémipière cuirassé de toutes 
paris , ‘ou l'œuf ou la larve ‘exiguë qui doit désormais 
trouver dans les entrailles de son hôte tous les élémens 


( 259 ) 


_ de son existence ? Qui nous dira à quelle époque doit se 


faire l'insertion de ce germe parasite , puisque les Ocyp- 
tères ne se montrent qu’en été, et que leur vie, ainsi 
que celle des Hémiptères dont leur larve est parasite, ne 
se prolonge pas au-delà de l’automne ? Qui nous résou- 
dra le problème de la présence de la larve dans la Pen- 
tatome aux premiers jours du printemps , précisément à 
l’époque de la naissance ou du moins de l'apparition de 
ces Hémiptères eux-mêmes ? Où se trouvait done recélé 
le germe de la larve pendant l'hiver ? Nous n'avons pas 
encore surpris la nature sur le fait pour la solution de 
ces questions ; d’autres scrutateurs de l’entomologie se- 
ront sans doute plus heureux que nous. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE XI. 


Fig. 2. OcxpTera B1coLoR grossie. 
Aura abdomine cylindrico obscure sanguine ; basi macula trian- 
gulari nigra. (Ouiv., Encycl. méth., tom, vux, p.423.) 


Elle a la forme et la tournure de l'O. brassicariæ Latr. , et près de 
six lignes de longueur. Tête arrondie, mais déprimée; front argenté 
avec la ligne médiane noire bordée de soïes entrecroisées ; yeux bruns 
foncés ; antennes noires insérées sur une légère proéminence du front ; 
avec le dernier article oblong, comprimé , muni près de sa base d’une 
soie dorsale plus longue que lui, distinctement biarticulée; corselet 


noir avec quelques rellets argentés, soit sur Le dos , soit sur les côtés , 


hérissé de soies clair-semées dirigées en arrière ; marqué d’une impres- 
sion transversale un peu avant l’origine des ailes; écusson arrondi, 
bordé de quelques soies ; abdomen allongé, cylindrique, d’un rouge 
obscur, avec une tache médiane noire triangulaire occupant le premier 
segment et se prolongeant un peu sur le second ; quelques reflets argen- 
tés et des soies noires arquées aux bords des anneaux : ceux-ci au nombre 
de cinq, dont le dernier est petit et engaîné dans le précédent ; pattes 
noires assez fortes, hérissées de poils et de soïes ; tarses allongés, avec 
le premier article plus long ; pelottes doubles , oblongues, tronquécs, 


\ 


( 260 ) 


glabres, membrano-scarieuses, vésiculeuses ; crochets des ongles longti 
simples, peu courbés; ailes à peine enfumées, munies à leur bord ‘ 


terne , près de leur origine, de deux lobes arrondis; cueilleron des re | 
Hanciers grand, simple , arrondi , scarieux, bhibcbtte, bordé d’un duve 


très-fin. 


Fig. 2. Longueur naturelle de insecte. 
3 cueïlleron des balanciers considérablement gross. 
g> antenne vue au microscope. 
h, larve de l'Ocyptera bicolor grossie. 
i, tête et segmens antérieurs de cette larve cnasabéhcas grossis 
k, une portion encore plus grossie d’un des lobes de la tête po 

mettre en évidence les pieds-palpes. 

Z, siphon caudal de la larve grossi et détaché du corps. 
m , appareil digestif fort grossi de la larve de l'Ocyptera bicolor. 
n, Chrysalide de l'Ocyptera bicolor de grandeur naturelle. 
o,un des bouts de cette Chrysalide considérablement grossi po r 
. mettre en évidence Les six tubercules qui la surmontent. ! 


Fig. 3. Ocyptera cassidæ très-grossie. 


Fig. 3°. Longueur naturelle de cet insecte. 
P, cueilleron des balanciers fort grossi. 
q ; antenne de cette Ocyptère vue au microscope. 
r, Chrysalide un peu grossie de l’Ocyptera cassideæ. : 
s, un des bouts de cette Chrysalide considérablement grossi po 
mettre en évidence les quatre tubercules qui La surmontent, 


." 


( 265 ) 


Dusrques CONSIDÉRATIONS GÉOLOGIQUES sur da Pre- 
sence des débris d'animaux vertebrés dans les 
* différentes couches de notre globe ; 


Par M. Huor, 


+ Membre de la Société d'Histoire naturelle de Paris, de la Societé 
L philotechnique , ete. , etc. 


Nous n’entrerons point dans des détails que l’on re- 
trouve dans plusieurs ouvrages spéciaux sur les restes de 
vertébrés fossiles (1). Notre intention est seulement de 
rassembler ici sur ces antiques débris, les généralités les 
mieux démontrées et de rappeler quelques-unes des’ con- 
proue qu'on est en droit d’en tirer. 

+ En signalant les différentes découvertes relatives aux 
ossemens fossiles, nous ferons remarquer que l’ordre 
de succession ou de superposition des terreins où on les 
trouve , confirme cette grande loi de la nature , devinée 
depuis long-temps par quelques hommes de génie et con 
firmée jusqu’à l’évidence pour les coquilles fossiles : que 
plus les formations sont anciennes, plus les animaux 
dont on y retrouve les traces sont différens de ceux qui 
vivent sur la terre. 


+ D'abord les plus anciens débris de vertébrés sont ceux 
des poissons : ce fait démontré par les observations , 


« (1) Voyez Cuvaer, Recherches sur les Ossemens fossiles. Voyez 
aussi notre Résumé géologique sur les Ossemens fossiles , imprimé dans 


le cinquième volume de la Géographie physique de l'Encyclopédie mé- 
thodique, 


( 262 ) 


s'accorde parfaitement avec l’ensemble des découvertes 
géologiques , puisqu'il est prouvé que nos continens sont. 
tous sortis du sein des eaux. 

Les schistes de Glaris ;, que jusqu’à présent les géolo- û 
gistes ont regardés comme appartenant à la formation 
intermédiaire, ne contiennent quedes poissons d'espèces 
très-différentes de celles que nous connaissons vivantes , 
suivant l'examen qu’en a fait M. de Blainville : telles 
sont entr'autres le Clupæœa Scheuchzeri, le C. elon- 
gata et le C. megapiera; le Zeus Regleysianus , le Z. 
platessa et le Z. spinosus. Il ÿ a mème reconnu des genres 
tout-à-fait distincts de ceux qui vivent, comme ceux qu'il” 
désigne sous les noms d’Anenchelum et de Palæoryn- 
chum. 

On objectera peut-être, qu’il n’est pas certain que les. 
schistes de Glaris appartiennent à la formation intermé- 
diaire. La seule conséquence qui résulierait de ce fait, se- 
rait qu’il n'existe point de poissons fossiles dans les 4er: 
rains de transition, proposition d’une grande importance, 
puisque les invertébrés y figureraient seuls. Mais s'il 
ne se trouve aucun autre vertébré dans ces terrains, les 
poissons demeurent toujours en tête des plus anciens ani- 
maux de cette classe ; car les schistes de Glaris, consi=. 
dérés comme secondaires , constituent les premiers éche- 
lons de cette formation. 

Les schistes secondaires de la Thuringe et du Pala- 
tipat qui appartiennent aux terrains houillers, renfer= 
ment comme ceux de Glaris des espèces perdues et des 
genres inconnus à l’état vivant. Ainsi on y trouve , selon, 
M. de Blainville, le Clupæa Lametherü, VEsox Eis- 
lebensis, le Stromatœus major , le S. gibbosus, le S, 


L] 
tt mit 


nd 


( 263 ) 


 hexagonus et le S. rhiombus. Les genres inconnus 
sont le Palæoniscum et le Palæothrissum ; Ce dernier 
se divise en cinq espèces : le P. macrocephalum , le 
P. magnum, le P. inæquilobum , le P. parvum et le 
P. œquilobum. 

Dans le calcaire secondaire , tel que celui de Pappen- 
heim et d’autres localités analogues , les poissons for- 
ment peu de genres inconnus , ils appartiennent princi- 

| palement à des espèces différentes de celles qui vivent 
aujourd'hui. Ainsi les calcaires schisteux de Pappenheim 
ont offert à M. de Blainville , le Clupæa sprattiformis, 
te C. dubia , le C. Knorü, le C. Salmonea, et le C. 
Davilei; V'Esox acutirostris , le Stromatœus hexago- 
nus et le Pœcilia dubia. 

Aux environs de Beaune et dans les roches des Vaches 
noires en Normandie , on a reconnu un Æ/ops qui a reçu 
le nom de macropterus. 

=. Dans le calcaire des environs de Stabia dans la Cam- 
| panie, les naturalistes italiens ont trouvé un Sparus 
qui a reçu le nom spécifique de quatracinus. 

Dans quelques localités de l’Ttalie ainsi qu’en Angle- 
terre, outre le Sparus, on a reconnu les genres Chæto- 
don , Balistes, Muræna, appartenant à des espèces 
inconnues. 

Les terrains tertiaires sont beaucoup plus riches en 
genres et en espèces que les précédens ; ils renferment 
aussi plusieurs espèces semblables aux nôtres, et Ja plu- 
part des genres et des sous-genres viyans. Ainsi on y 
retrouve des Zabres, des Cyprins, des Squales, des 
Baies, des Torpilles , des Balistes, des Tétrodons, 


( 264 ) 


des Diodons , des Centriques , des Syngnates , des Bau- 


droies, des listulaires ; des Esoces , des Clupées , des 
> 2 ? 2 


Muges, des Scombres, des Scombéroïdes , des Æmies, 


des Lutjans, des Holocentres, des Spares, des Sau- | 


mons, des Bandouillières, des Zées, des Pleuro. 


nectes, des Gobies, des Blochies, des Silures, des 


Plennies, des Murènes, des Ammodites , et quelques: 
autres. Le seul genre inconnu est le Palæobaliste. 
Quant aux espèces qui diffèrent essentiellement des 
nôtres, ilsuflira de citer le Labrus rectifrons ; le Cypri- 


nus elvensis , le Squamosseus , le Squalus innomi- 


natus , le Narkobatus giganteus , le Balistes dubius, : 
le Palæobalistum orbiculatum, le Centriscus longi- 
rostris , et le C. aculeatus ; le Syngnatus breviculus, le 
Lophius piscatorius, le Fistularia bolcensis, et le F. 
dubia ; V'Esox longirostris , VE. saurus, et VE. ma- 
cropterus ; le Clupæa murænoïdes, le C. cyprinoïdes, 
le C. thrissoïdes et le C. cvolans; le C. dentex ,! 


le: C. brevissimus, le C. Beurardi, le Mugil brevis 


l’Amia ignota, V Holocentrus macrocephalus, le Spa- 
rus vulgaris, le Chœtodon pinnatiformis , le C. sub 
verpertilio, le C. substriatus , le C. subarcuatus, le 
C. rhombus , le C. ignotus, le C. velifer, le C. sub= 
aureus , le Zeus.platessus et le Z. rhombus , lé Mo- 
nopterus gigas, le Blennius cuneiformis ; la Percar 
minuta, V Amia ignota , etc. 

Il est à remarquer que d’après la détermination qui. 
en a été faite par les zoologistes , plusieurs espèces de ces 


poissons qui se rapportent à ceux qui vivent dans l’eau 


douce, se trouvent avec celles qui appartiennent imdubi= 
tablement aux espèces marines. Le même mélange s’ob= 


É à (365 
serve fréquemment dans les dépouilles de mollusques 
conchifères des terrains tertiaires : ce qui semble prou- 
verique quelques espèces ont pu , à une certaine époque, 
vivre indifféremment dans la mér ou dans les lacs et les 
rivières; à moins qu'on ne suppose , ce qui n’est guère 
admissible, que ce mélange ne s’est opéré qu’à l’embou- 
chure de certams fleuves. | 
Cette question, qui n’est pas sans importance en géo- 
Jogie , mérite de fixer l'attention des observateurs. Plu: 
sieurs faits que j'ai recueillis et qui s’augmenteront pro- 
bablement de preuves sufisantes, me permettront plus 
tard peut-être , d'avancer avec certitude que la cause de 
ce mélange est due aux changemens qu'ont éprouvéles an- 
ciens bassins des mers. Serait-il impossible par exemple 
que les eaux de cértaines caspiennes aient, par l’accumu- 
lation des dépôts calcaires, diminué d’abord de profon- 
deur ;, et qu'après avoir perdu de leur dimension et avoir 
été réduites à celles de certains grands lacs, leurs eaux 
alimentées continuellement par celles des rivières qui y 
affluaient, aient suffisamment perdu de leur salure , pour 
pouvoir nourrir avec les espèces marines qui y vi- 
 vaient encore, d’autres espèces apportées par les eaux 
douces (x)? ob" #51aV 
Plusieurs dents de poissons voisins des Requins, des 
Scies ou des Balistes , où appartenant à ces genres, ont 
été recueillies aussi dans les terrains tertiaires : un grand 
(1) Dans le travail que j'ai fait insérer dans le cinquième tome de la 
Géographie physique, j'ai répété ce que Faujas et M. Defrance ont 
dit sur le calme et quelquefois sur la cause subite qui semblent avoir 
présidé en général à la destruction des Poissons fossiles, et j’aï consi- 


: déré comme preuve, avec les deux sayans que je viens de nommer, le 
Blochius longirostris fossile de Monte-Bolea , qui en avale un autre. Ge 


( 266 ) 
nombre appartient à des espèces douteuses, mais plu 
sieurs tels que le Squalus tricuspideus, le S. pristo- 
dontus et le S. auriculatus ainsi que.le Palæobaliste , 
sont tout-à-fait inconnus vivans. 


Lorsque les premières terres sortirent du sein des 


eaux , les plus anciens animaux qui ÿ vécurent dürent 
être des reptiles, En effet, les terrains secondaires d’une. 
partie de l’Allemagne , tels que les schistes de la Thu- 
ringe , recèlent des ossemens de Monitor; le calcaire de 
Pappenheim, renferme ceux du Geosaurus ; celui de. 


Stonesfield en Angleterre, ceux du Megalosaurus; ce- 


lui d’Aichstedt dans la Vallée de l’Altmühl , contient des 
débris du singulier reptile désigné par M. Cuvier sous. 
le nom de Pterodacty lus. 

Tous ces reptiles , si différens de ceux de nos jours, 
paraissent avoir précédé les autres. Jamais ils ne sont 
accompagnés de Crocodiles semblables aux Crocodiles 
vivans, quoique M, Cuvier ait reconnu que le Saurien 
des dépôts supérieurs du calcaire alpin aux environs 
de Lunéville, se rapproche de £e dernier reptile ; quoi- 
qu’il ait reconnu encore que les schistes calcaires de la. 
Vallée de l’Altmühl , que l'argile schisteuse grise qui: 
revèt les pentes de la chaîne du Jura , sur les bords de la 
Wils et de la Lindach, renferment les ossemens d’un 
reptile voisin du Gavial , auquel il a donné Île nom de 
Crocodilus priscus, Cependant remarquons que le rep- 


morceau ; qui fait partie de la collection du Muséum d'Histoire natu= 
relle, a été regardé par quelques naturalistes comme une superposition 
de deux poissons fossiles, Après l'avoir examiné tout récemment ayec 
la plus scrupuleuse attention , je m’empresse d’ayouer mon erreur. 


(267 ) 

tile fossile du calcaire de Caen, qui offre quelque ressem- 
blance avec le précédent, a été examiné avec soin par 
M, Geoffroy Saint-Hilaire ; qui lui a trouvé comparati- 
vement au Gavial, des différences assez marquées. pour 
qu'il l'ait considéré comme une sorte de produit mixte 
de Mammifère et de Crocodile, ce qui lui afait don- 
ner le nom générique de Zeleosaurus. Les reptiles. fos- 
siles du Jura , ceux des falaises de la, Normandie , qüi 
offrent des caractères assez rapprochés avec de ; Crocodi- 
_ lus priscus , pourraient bien n’être.quedes nuances gra- 
duelles du passage dés. reptiles pos anciens aux rep- 
iles plus modernes, a! URI APT TUE 
Peut-être les Sauriens, qui se He RL ES peu dés 
Crocodiles ont ils été devancés, dans Jes séries du règne 
animal par les singuliers reptiles déconverts en Angle- 
terreet auxquels on a donné les noms d’chiyosauris et 
de Plesiosaurus. Le premier surtout qui présente un. as- 
semblage de’plusieurs des caractères: qai appartiennent 
aux Poissons, aux Cétaéés, et aux Lézärds, pourrait 
avoir précédé tous les autres Sauriens. és dépouilles 
ont été trouvées dans un calcaire sécondairé ancien: Le 
second, découvert dans Île calcaire secondaire dés ,fa- 
laises d'Angleterre et de France ainsi qu'äux États-Unis , 
doit être aussi un des plus antiques Sauriens. dut pré- 
céder le Saurocephalus découvert -dans une caverne des 
environs du Soldiers’ River qui sejette dans le Missouri, 
et l'Zguanosaurus des sables ferrugineux de la forêt de 

Tilgate en Angleterre. | 
Il est tout naturel de penser que le Wosasaurus ap- 
partient à une série moins ancienne que celle des Sau- 
riens , dont nous venons de parler : ses caractères zoolo- 


( 268 ) 
siques et son gisement semblent le prouver. En effét ; 1 
se rapproche beaucoup des :Crocodiles ; et'la ‘roché 
crayeuse de Maëstricht, dans laquelle ses débris ont été 
découverts; appartient à l’une des dernières séries des 
terrains secondaires. 09 hrbranas sis La 

Quoiqu’on ait trouvé des dents de Crocodile: dans 1k 
craie proprement dite, telle que celle de Meudon ,1ce 
n'est que das l'argile plastique et dans les terrains à li- 
gnites qui recouvrent la craie que l’on a découvert de:véri- 
bles Crocodiles * tels sont ceux de l'argile d'Auteuil} 
ceux des lignites de Mimet ( Bouches-du-Rhône } ; eule 
Crocodilus acutus de HATERE de la côte orientale dé 
l'Amérique du nord, 

: Dans les dépôts tertiaires supérieurs au calcaire gros! 
sier, nous ne retrouvons plus aucun dés reptiles des for- 
mations précédentes ; il semble qu'un immense laps: de 
temps se soit écoulé entre les premiers dépôts secon- 
daires et les derniers dépôts tertiaires. Au milieu de 
veux-ci dans les énvirons de Paris, comme à Argenton,! 
à Blaye, à Castelnaudary, c’est à une espèce voisine du 
Caïman à lunettes (Crocodilus sclerops) qu ‘appartien- 
nent les débris de Saurien qu’on y trouve. 

Il en est des Tortues comme des Poissons : on retrouve 
leurs dépouilles dans des terrains fort anciens. On a cru 
Jong-temps , nous le répétons , que les schistes de Gla= \ 
ris appartenaient à la formation intermédiaire, mais, | 
si comme ‘tout porte à le croire, ils font partie des. 

‘assises inférieures des terrains secondaires , les Tortues | 
qu'on y trouve et qui paraissent être voisines de celles W 
du genre Chelonée, forment avec les poissons les anis 
maux les plus anciens du groupe des vertébrés. 


= 


( 269 ) 

Parmi celles du calcaire, secondaire de Lunéville, de 
Soleure, du Lias des anglais et des bancs crayeux de 
Maëstricht, on n’a trouvé que des individus qui difiè- 
rent essentiellement de ceux qui vivent sur la terre, 
quoique les caractères de leurs débris les rapprochent 
de nos CAélonées et de nos Emydes. Et nous ferons 
remarquer encore en passant , que ce mélange de Tor- 
tues marines et d’eau donce serait une nouvelle preuve 
de la vraisemblance de l’hypothèse que nous avons 
avancée plus haut. 

Ce n'est que dans les dépôts tertiaires que l’on trouve 
des espèces voisines des nôtres. Ainsi dans l'argile plas- 
tique d'Angleterre, une espèce semble être voisine de 
l’Emys expansa; dans le grès mollasse de Bonsac , 
une autre espèce paraît être voisine de l’£mys serrata ; 
le gypse, des enyirons de Paris, semble receller des dé- 
bris de Zestudo radiata ; ailleurs comme dans le Dé- 


partement du Puy-de-Dôme, ce sont des 7! rionyx et 
des Chélonées. 
Un fait fort curieux relativement à l’antique zoologie 
du globe, c’est que l’on ne trouve aucuns restes. de Mam- 
“ mifères marins dans les formations secondaires. Ce 
n’est que dans les dépôts tertiaires que l’on découvre 
des ossemens qui se rapprochent de ceux des Laman- 
tins, des Dauphins, des Hyperoodons , des Phoques et 
des Baleines. Encore est-il à remarquer que ces Laman- 
:tins qui diffèrent généralement de ceux qui peuplent 
l'Océan , ne paraissent avoir de légères analogies qu'avec 
ceux du Brésil ; que les Dauphins différentégalement des 
nôtres, quoiqu'une espèce trouyée aux environs de Dax, 


(270 ) 
sé rapproche du Delphinus frontatus ; que parmi les 
débris qui se rapportent le mieux aux Hyperoodons , les 
Ziphius cavirostris, planirostris et longirostris, de 
M. Cuvier, sont des espèces inconnues de nos jours; 
qu’enfin les Phoques et les Baleines diffèrent également 
des nôtres. 


Quelques genres d'oiseaux , tels que les aquatiques , 
ont dû nécessairement vivre avant les Mammifères ter- 
restres, puisque les premières terres mises à découvert 
étaient propres à les recevoir avant que les Mammifères 
pussent y trouver leur nourriture. Cette idée si natu= 
elle est confirmée par les recherches géologiques. Tan - 
dis qu’on ne trouve aucun Mammifère dans les terrains 
secondaïres, on yÿ connaît au contraire des ossemens 
d'oiseaux nageurs , comme dans le calcaire de Pap- 
penheïm et des débris d'Échassiers , comme dans le cal- 
caire schisteux de Stonesfield. 

Mais où les restes fossiles d'oiseaux sontcommuns, c’est 
dans les dépôts tertiaires, tels que ceux des environs deVé- 
rone , ceux d'OEnimgen, le terrain d’eau douce de l’Au- ! 
vergne où l’on a trouvé récemment des œufs mêmes par- 
faitement reconnaïssables pour avoir appartenu à des 
Gallinacées, enfin les dépôts gypseux des environs de 
Paris où M. Cuvier à signalé plusieurs genres €t es= 
pèces, assez rapprochés de la Caïlle, de la Bécasse, de 
l’Alouette de mer , de l’Ibis , du Cormoran, du Busard, 
du Balbufard et de la Chouette. 


Les débris des plus anciens Mammifères , ne se retrou= 
vent que dans les terrains de troisième formation , et: 


(271) 

même ce qu'il ÿ a de remarquable dans jes dépôts supé- 
 rieurs de celle-ci. Si l’on examine les gypses des en- 
virons de Paris, le calcaire d’eau douce du Payen-Ve- 
lay , celui des environs d'Orléans , de Montpellier , d'Is- 
sel, d'Argenton, de Buchsweïller, quelques terrains du 
département de Lot-et-Garonne , et les collines situées 
aux pieds des Apennins ; on sera surpris de la grande 
quantité d’ossemens de genres et d'espèces d'animaux 
perdus qu'on y a découverts. Ils constituent , d’après les 
travaux de M. Cuvier, sept espèces de Palwotherium 
six d’Ænoploterium , cinq d’Anthracotherium , des Lo- 
phiodons , des Cerfs et plusieurs rongeurs. 

Trois espèces d'Hippopotames Aippopotamus minu- 
“tus , I. medius, H. dubius , ont été trouvés dans des 
“ouches régulières, appartenant aussi à la formation 
tertiaire; l'espèce appellée minutus, a été découverte 
dans une roche formée de sable , d'argile et de chaux ;, 
‘aux environs de Dax. Une portion de mâchoire du me- 
dius a été recueillie aux environs de Saint-Michel de 
Chaisine, dans une marne calcaire soupconnée être de 
formation d’eau douce; enfin des dents de l’espèce du 
“dubius , ont été trouvées dans un banc calcaire près de 


Blaye. 


| Sià l’époque où les premiers continens de l’ancien 
monde se formérent , les animaux carnivores avaient été 
nombreux , ils n'auraient pas tardé de détruire les es- 
pèces herbivores. 11 semble donc naturel de penser que 
eur nombre fut d’abord assez restreint. On ne voit pa- 
raître leurs plus anciens débris que dans les dépôts gyp- 
Seux des terrains tertiaires. Les uns appartiennent à un 


(272) 
animal de la taille du chien, et qui diflère également du 
Loup, du Renard ou du Chacal ; les autres se rappro= 
chent des Coatis et des Ratons ; enfin d’autres sont très= 
voisins des Genettes. Ce n’est qu’au mont de la Mo= 


lière, près du lac de Neuchâtel, dans un psammite 
calcaire analogue au terrain gypseux, que l’on a dé- 
couvert des ossemens d’une Hyène inconnue. | 

Nous venons de passer en revue une série de faits qui! 
peuvent être considérés comme formant la première épo= 
que géologique relative au règne animal. Parmi les êtres 
dont nous venons d’énumérer les genres découverts jus= 
qu’à ce jour, nous ferons remarquer que les habitans 
des eaux sont ceux qui ont subi le moins de change- 
mens parce que le milieu dans lequel ils vivent, les 
préserve en partie de l'influence de l'atmosphère et des 
autres circonstances extérieures. Les reptiles différent 
généralement plus des reptiles vivans, parce qu'ils sont 
plus que les poissons soumis à cette influence ; enfin, 
les oiseaux et les quadrupèdes surtout, exposés constam= 
mént à l’action des climats et de la chaleur terrestres 
sont ceux dont les débris offrent les différences les plus 
marquées avec les oiseaux et les quadrupèdes de nos jours: 

Sans recourir à des hypothèses plus ou moins ingés 
nieuses , nous devons voir dans ces faits, qu'il est im= 
possible de nier, la preuve incontestable de l'existence 
d’une population d'animaux qui habitèrent l'Océan pris 
mitif, les plus anciens rivages et les premiers continens: 

Mais , soit que l'Océan primitif en laissant à sec les 
premiers continens , eut formé sur les plateaux les plus 
élevés des mers Caspiennes, ou des lacs dont les digues! 
ou les bords se rompirent, il parait certain que les Vab 


(3737 : 

Îécs actuelles ont été creusées par des masses d'eaux 
‘considérables, qui, se dirigeant des parties les plus éle- 
vées vers les plus basses, détruisirent tout sur leurs pas- 
‘sage et firent sur les points qu’elles couvrirent, ou de 
nouvelles Caspiennes qui s’arrêtèrent et se concentrè- 
rent dans de nouveaux bassins , ou de nouveaux lacs qui 
déposèrent partout un limon qui devait former plus tard 
ce 5ol nourricier que l’homme, par son intelligence et sa 
constitution physique, était appelé à féconder. Quoiqu'il 
en soit, il paraît que la destruction de ces anciens ani- 
"maux perdus ne fut point causée par les éruptions dont 
nous parlons, puisque les alluvions qui attestent ces érup- 
tions ne renferment point de débris de ces animaux. 


Dans les terrains d’alluvions, on ne trouve que des 
débris appartenant à un autre ordre de création; en 
France et en Allemagne ce sont les ossemens d’une 
espèce particulière de Tapir à laquelle on à donné le 
nom de gigantesque. 

Dans les mêmes contrées, et de plus en Italie, en 
“Angleterre, et surtout dans cette vaste partie de l'Asie, 
| “connue sous le nom de Sibérie , on a découvert quatre 
“espèces bien distinctes de Rhinocéros. Chacune paraît 
“appartenir spécialement à ces diverses contrées. M. Cu- 
wier désigne celle de Sibérie sous#le nom de Rhinoceros 
tichorinus ; celle d'Italie sous celui de /eptorinus ; 
celle d'Allemagne sous celui d’incisivus, et enfin celle 
“que l’on a découverte dans le département de Tarn-et- 
Garonne et dont la taille dépassait à peine celle du 
Tapir ordinaire , a été appelée par lui Rhinoceros mi- 

nutus. 
De x. | 18 


(274) 


Les espèces dont on a retrouvé les restes en Alle. 
magne et en Sibérie, sont celles qui diffèrent le plus 
des Rhinocéros vivans; celle de Sibérie surtout semble’ 
avoir appartenu aux régions hyperboréennes , puisque. 
d’après la découverte de quelques individus encore re- 
vêtus de leurs peaux, cette espèce était couverte de 
poils. 

Il existe une grande question encore indécise, à l’é- 
gard de l’origine des Rhinocéros de Sibérie. Ont-ils, 


vécu dans cette contrée , ou bien y ont-ils été apportés} 


par quelque courant marin? On ne peut révoquer en 
doute que leurs poils annoncent qu’ils ont été destinés 
à vivre dans des pays septentrionaux. S'ils appartien- 
nent à la Sibérie, pourquoi n’y vivent-ils plus? Quel- 
ques naturalistes ont pensé, et M. Cuvier est de ce 
nombre, que ces animaux ont vécu en Sibérie à une. 
époque où le climat était tout autre qu’il n’est mainte- 
nant, et que leur conservation sous la glace annonce un 
changement subit de température. Mais pourquoi cher- 
cher dans une catastrophe aussi violente qu’inexplicable 
la cause de la présence de leurs débris dans les terrains 
d’alluvions , au milieu desquels coulent les rivières qui, 
vont se jeter dans la mer Glaciale. 

Nous n’ajouterons qu'une seule hypothèse à toutes 


celles qui ont été faites à ce sujet ; c’est celle de l’anti- 


que existence d’un continent boréal , dont le Spitzberg 
et les iles connues sous le nom de Nouvelle-Sibérie in- 
-diqueraient la trace. Ce continent aurait été habité par de 
grands animaux tels que l'Éléphant et le Rhinocéros, 
mais modifiés dans leur organisation de manière à pou- 


voir vivre sous un climat froid. Une irruption marine | 


D'ER 


(275 ) 

venue du nord eût couvert ce continent boréal , et tran- 
sporté dans la Sibérie septentrionale quelques-uns de 
ces animaux ; puis, par un mouvement d’oscillation qui 
n’a rien d'impossible , cette mer se retirant peu de temps 
après , eût laissé dans un terrain de sable, quelques ca- 
davres de ces animaux, que les glaces auraient ensuite 
conservés presqu'intacts jusqu'à ce jour. Cette catas-. 
trophe , qui appartiendrait à la plus récente des révolu- 
tions de notre planette, expliquerait facilement la pré- 
sence de ces animaux sur le sol de la Sibérie; elle indi- 
querait la possibilité de trouver encore vers l’'embou- 
chure de quelques-unes des rivières qui se jettent dans 
Jocéan glacial; d'autres individus conservés de même 
| sous les glaces ; enfin elle s’accorderait avec la configu- 


‘ration des contours septentrionaux des deux continens 
de l'Asie et de l'Amérique. 

Au reste; sans attacher une grande importance à cette 
hypothèse, nous ferons remarquer que les habitans du 
Groenland, prétendent qu'il existe, dans l’intérieur de 
leur pays, un animal noir et velu qui a la forme d’un 
Ours et six brasses de hauteur. Veulent-ils désigner par 
à ce Rhinocéros poilu ou ce Mammouth dont nous allons 
parler ? Quoi qu’ii en soit, la tradition de l'existence 
d’un grand animal dans ces contrées, avant que l'homme 
s’y füt établi, n’en est pas moins curieuse. 

Un autre animal voisin du Rhinocéros a été décou- 
vert aussi en Sibérie: c’est l’£/asmotherium ; 51 offre, 
selon M. Cuvier , des rapports avec le Rhinocéros , l'É- 
Téphant et le Cheval. 

Les terrains d’alluvions renferment une quantité in- 

nombrable de débris d'Éléphants ; depuis les temps 


(276 ) 

les plus reculés, livoire fossile à été un objet de com- 
merce important ; toutes les contrées de l’Europe, de 
l'Asie et de l Amérique en offrent des amas plus ou 
moins considérables ; c’est à leurs ossemens qu’on a at- 
tribué l’existence de ces races gigantesques dont les. 
anciens et les savans même du moyen âge nous ont en-1 
tretenus. Ces animaux ressemblent tous, à quelques 
nuances près, aux Élephants qui vivent encore en Afri-.. 
que et en Asie, seulement ils paraissent les surpasser. 
par l'élévation de leur taille. 

Celui qui en diffère le plus, est le Mammouth des Si- 
bériens, on en déterre aussi des débris dans les envi- 
rons de la mer Noire, et däns la Tartarie chinoise ; ce- 
lui que l’on trouve fréquemment dans les alluvions de 
la Sibérie annonce, comme le Rhinocéros dont nous 
avons parlé plus haut, un animal des contrées septen- 
trionales ; comme ce Rhinocéros, il est remarquable par 
ses longs poils. La fonte des glaces en a quelquefois mis) 
à découvert des individus entiers avec leur chair et 
leur peau. 

Peut-être ne pourrait-on pas atiribuer à une érup- 
tion des eaux-de la mer du Nord, la présence de ces 
animaux fossiles dans les alluvions des rivières qui se 
jettent dans cette mer, mais il se pourrait qu’ils eussent 
vécu à la fois sur le continent boréal dont nous avons 
parlé et sur le plateau très-froïd de la grande Tartarie ; 
d’où leurs débris ont pu ètre entraînés vers les bords de 
la mer Noire, et vers la Tartarie chinoise; ce qu’il y 
a de certain, c'est que le Rhinocéros poilu n’a été) 
trouvé que dans la Sibérie, tandis que le Mammouth l’aété 


dans les différentes contrées que nous venons de nommer, 


(277 ) 

. Outre ces deux grands animaux , on a découvert en 
Sibérie, dans les terrains d’alluvions des Monts-Altaï, 
des dents que M. Bojanus regarde comme ayant dû 
‘appartenir à un animal inconnu, qu’il appelle Meryco- 
therium ; cet animal sur lequel on n’a encore que des 
données très-vagues , parait tenir du Chameau ou de la 
Girafe autant qu'on en peut juger par les dents que l’on 
a découvertes. 

Un animal tout-à-fait semblable au Mammouth de 
VAsie septentrionale a également laissé des débris os- 
. seux sur le continent de l'Amérique. On croit en ‘avoir 
trouvé quelques restes au Mexique, au Pérou et dans 
'isthmeide Panama , mais on les trouve en plus grande 
abondance dans les diverses contrées de la partie septen- 
“trionale de ce continent ; ils sont cependant loin d’être 
‘aussi abondans et aussi entiers que dans la Sibérie; ils 
paraissent au contraire avoir été transportés par les 
eaux d'après les traces de frottement qu'ils offrent, ce 
- qui n’est point en contradiction avec l'hypothèse que 
“nous avons avancée sur leur origine. | 
» . Nous ne chercherons point à expliquer la présence des 
‘débris du grand Mastodonte dans l’ancien et dans le nou- 
veau continent. Ce qui paraît certain, c’est que l’existence 
de cet animal a dû précéder celle des Éléphans ,; avec les- 
“quels il offre d'ailleurs plusieurs degrés de ressemblance, 
“Le Mastodonte d'Amérique n’est pas de la mêmeles- 
pèce que ceux de France, d'Allemagne et d'Italie. Le 
“premier est le plus considérable par sa taille; il habi- 
tait l'Amérique septentrionale ; la partie méridionale en 
mourrissait une autre espèce; une troisième habitait la 
partie connue aujourd’hui sous le nom de Chili : enfin 


(278) 
l'espèce à dénts étroites habitait FPltalie, la France, 
l'Allemagne, la Pologne et une partie de l'Amérique du 
sud ; l’espèce appelée tapiroïde ne s’est encore tfouvée 
qu’en France, comme le petit Mastodonte ne s’est en- 
core trouvé qu'en Allemagne. 

Aueune de ces six espèces n’a été déterrée en Asie; la, 
seule conséquence que l’on pourrait hasarder d’en tirer , 
c'est que l’Amérique et l’Europe étaient, à l’époque où 
ces animaux vivaient, favorisées d’un climat à-peu-près 
semblable, tandis que les parties basses de l'Asie étaient 
encore sous les eaux. 


Nous venons de voir des animaux communs aux deux 
continens européen et américain; mais, de même que! 
l'Asie la plus septentrionale a nourri un Rhinocéros] 
d'une espèce toute particulière , l'Amérique a nourri 
deux Édentés gigantesques dont les débris ne se retrou- 
vent point ailleurs ; l’un est le Mégalonix , dont le nom 
indique suffisamment le caractère particulier :, on ne l'a 
découvert encore que dans l'Amérique séptentrionale; 
l’autre est le Mégathérium, espèce de Tatou gigantesque 
que l’on n’a trouvé que dans l’Amérique méridionale. 

Enfin, un animal voisin des Pangolins , mais d’une 
taille huit fois plus considérable, paraît avoir existé en 
Allemagne , à en juger par un fragment que M. Cuvier 
a observé. 

Les animaux suivans , tels que les Hippopotames, les! 
Cerfs , les Bœufs, le Cheval , les Sangliers et quelques 
Carnassiers, comme les Hyènes et les Ours , qu'on res 


trouve dans les alluvions de notre continent, n’ont ja*! 
mais vécu sur le sol de l'Amérique, car ils n’y ont! 
laissé aucune trace. fl 


(279 ) 

Nous avons vu que les plus anciens débris d'Hippopo- 
tames, c'est-à-dire ceux qui ont été trouvés dans des 
couches régulières, appartiennent à trois espèces dis- 
tinctes; une quatrième qui diffère également de celles- 
ei, et qui a reçu, à cause de sa taille plus considérable, 
Je nom d’Æippopotamus major, se retrouve avec les 

- Rhinocéros et les Éléphans, et même avec des Masto- 
. dontes, dans les terrains d’alluvions de la France, de l’I- 
talie et de l'Angleterre. 

Parmi les ruminans qui accompagnent les animaux 

ci-dessus, on trouve plusieurs espèces de Cerfs , de 
Bœufs , accompagnés d’ossemens de chevaux; il est à 
remarquer que le Cerf que l’on trouve le plus fréquem- 
mént avec les ossemens d'Éléphans , estun Cerf gigan- 
: tesque dont l’analogue n'existe plus; telle est l'espèce 
d'Éian trouvée dans un terrein sableux qui repose sur un 
fond marneux dans l’ile de Man en Écusse; tel est 
: encore le Cerf géant dont j'ai observé un fragment con- 
sidérable de bois, trouvé vers l'extrémité inférieure de 
la Vallée de l’Andelle, dans un argile rougeûtre , que je 
considère comme un dépôt d’alluvions et qui contenait 
* aussi des dents molaires d'Éléphans. Telle est enfin l’es- 
pèce gigantesque dont M. Goldfuss découvrit une tête 
dans un terrain sablonneux sur les bords de l’'Iss, près 
d'Emmerich. 

Il est à remarquer que les espèces voisines du Cerf 
commun, ou tout-a-fait analogues à celui-ci, ont été 
trouvées généralement dans des alluvions qui paraissent 
être d’une date plus récente que celles qui recèlent les 
restes du Cerf géant, quoiqu’on assure que le cerf com- 
mun ait été recueilli en Irlande dans les mêmes loca- 


( 280 ) 

lités qui renfermaient le Cerf géant. Il est néanmoins. 
cértain que les terrains d’alluvions dans lesquels ont été. 
élevées les fortifications de Cologne , et que les fouilles 

faites près de Sersan pour le canal de lOurcq, que les 

sables dela Vallée d'Étampes , ne renferment que des 

débris de Cerfs communs. Vingt-deux pieds d’un sable: 
fin , formé de couches rouges et noirâtres , et que je re- 
garde comme un produit d’alluvions , qui occupe une! 
grande partie de l’espace compris entre la montagne de 

Belleville et celle de Montmartre, et où l’on creusa en 

ma présence un puits au fond duquel je suis descendu 
et où J'ai trouvé des ossemens de Cerfs, ne m'ont en- 

core présenté que des restes de l° espèce commune, 

Les alluvions de quelques localités de la Lombardie, 
et principalement celles des bords du Lambro, n’ont, 
offert aussi que cette même espèce. 

Les terrains d’alluvions , en général, n’ont présenté” 
que trois espèces de Bœufs , que M. Cuvier rapporte à 
l’Aurochs, au Bœuf musqué dû Canada, et au Bœuf 
commun; mais ce qu'il y a de singulier, c’est que les! 
débris d’Aurochs, que l’on trouve en si grande quan- 
tité dans les terrains d’alluvions que parcourent les r1- 
vières de la Sibérie et qui sont très-communs dans l’A- 
mérique septentrionale, se retrouvent encore en Alle- 
magne et en ltalie. Il faut que cet animal ait eu la fa 
culté de s’acclimater aux températures les plus diffé= 
rentes, ou que la Sibérie, l'Allemagne et l'Italie, aient 
à différentes époques joui d’une température analogue. ! 

Quand au Bœuf musqué du Canada, l'espèce fossile | 
qui lui ressemble le plus n’a encore été trouvée qu’ en 


Sibérie. 


( 28r ) 


‘On'a lieu de s'étonner que cette espèce ait laissé tant 

… de débris sur le sol de la Sibérie qu’elle n’habite point, 
et qu'on n’en trouve point de fossiles au Canada qu’elle 
habite encore ; cette circonstance nous ferait présumer 
qu'ils n’ont jamais vécu en Sibérie , mais que leurs dé- 
bris y ont été transportés: par les eaux de la mer qui a 
détruit le’ continent septéntrional dont nous avons 
déjà parlé , et qu'ils avaient pu passer du sol de l'Amé- 

rique, dont ils-sont probablement originaires, sur les 
terres de ce continent perdu, comme ils vont encore, 
suivant le rapport de quelques sn , de l'Améri- 
que au Groenland. 

La troisième espèce de Bœuf fossile, qui paraît être 
la souche de l'espèce vivante , a laissé ses débris sur le 
sol de la France, de l'Angleterre, de l'Allemagne et 
de lItalie. Une espèce voisine du Bison , dont elle est 

- peut-être aussi la souche, a ététrouvée en Amérique 
sur les bords de l'Ohio; M. Harlan lui a donné le nom 
spécifique de bombifrons. 

Le Cheval paraît être un animal fort ancien dans 
l'ordre de la naissance des êtres à la surface-de la terre, 

puisqu'on en trouve des débris avec des restes d'Élé- 

phañs , au milieu des terrains d’alluvions. L'animal fos- 
sile difière principalement des espèces vivantes par sa 
aille, qui est moins élevée que celle du cheval domes- 
tique. 

Il n’en est pas de même du CAS on n’a que 

deux ou trois exemples qu’on ait trouvé de ses défenses 
ou d’autres débris dans les terrains d’alluvions. 

* Quand aux Carnassiers , ils sont aussi rares dans ces 
ierrains que dans les terrains meubles. Les débris que 


( 282 ) 


l’on a trouvés au Val d’Arno en Toscane, ceux que l’on 
a découverts dans les alluvions de l’Autriche, apparte- 
paient seulement à des Hyènes ou à des Ours. Un puits 
creusé dans un sol d’alluvion à Paris, rue Hauteville, 
a fait découvrir une dent de Tigre. 


Les Cétacés ne se trouvent pas fréquemment dans les 


terrains d’alluvions. En Sibérie , celles de l’Indigirska 
recèlent des dents de Narval : ces dépôts appartiennent 
sans doute à une époque beaucoup plus reculée que les 


alluvions de l'Angleterre et de l'Écosse, dans lesquelles 


on a trouvé des squelettes de Baleines. 


Une formation qui paraît avoir une grande analogie 
avec celle des alluvions, est la formation des brêches 
osseuses ; on sait que ce sont des amas de limon qui ont 
rempli les fentes de certaines roches, et qui, durcis par 
un ciment calcaire ou siliceux , ont formé une sorte de 
roche plus récente que la masse qui l’environne ; et qui 
est d’un grand intérêt pour les naturalistes qui vont étu- 
dier les débris osseux que ces brêches renferment. L’ex- 
plication de la formation de ces brêches rentre dans les 
nombreuses hypothèses auxquelles on est souvent forcé 
d’avoir recours en géologie, lorsqu'on veut se réndre 


compte de certains phénomènes. Si l’on conçoit que 


plusieurs petits bassins aient, long-temps après la re- 
traite et le dessèchement des mers, été occupés par des 
amas plus ou moins considérables d’eau douce, qui, à 
une certaine époque, se seront formé une issue en bri= 
sant une de leurs parois, on concevra que ces eaux , des- 
cendant des plateaux les plus élevés sur des plateaux 
inférieurs , il en sera résulté de violentes inondations 


( 283 ) 
qui auront détruit un grand nombre d'animaux ;et que, 
trausportés d'étage en étage avec la vase qui occupait le 
fond de ces lacs, leurs débris auront suivi une pente 
naturéllejusqu’à la mer, ou, traversant des roches fendues 
et crevassées par le temps, ils eu auront rempli les vides 
et y auront formé ces brèches à ossemens, 

Les terrains d’alluvions se rencontrent dans presque 
toutes les contrées ; ils sont le résultat d’une de ces 
grandes catastrophes dont l’effet aura été d’altérer sensi- 
‘blement la surface de la terre, car ils n’ont pu être dépo- 
sés que par les eaux qui ont creusé les vallées qui la sil- 
Tonnent ; mais quant aux brêches osseuses, on ne les 
rencontre que dans un petit nombre de localités , à l'ex- 
trémité de certains versants , parce qu’elles ne sont en 
«effet dues qu’à des causes locales dépendantes de Ja con- 
figuration et-de l'élévation de certains bassins : il est 
seulement à remarquer qu’elles sont généralement ré- 
pandues sur les bords septentrionaux de la Méditerranée, 
qui a été probablement long-temps une caspienne ou un 
vaste bassin qu’alimeniaient les eaux:qui lui étaient su - 
périeures. 

Nous nous dispenserons de rélater ici toutes les luca- 
dités qui renferment des brêches osseuses ; nous nous 
rcontenterons d'énumérer les différens animaux dont 

M. Cuvier ya reconnu les ossemens. 


Carnassiers. — Ils se réduisent à un petit nombre 
d'espèces appartenant aux genres Chien, Lion et Pan- 
. thère. 


Herbivores: — Des Bœufs , dont un de haute taille, 
“es Moutons d’une petite espèce , des Anes, le Mouflon, 


( 284 ) 
des Cerfs , dont un qui diffère de ceux qui vivent en Eu 
rope , un qui parait être analogue à celui de Timore, et 
enfin un qui tient à la fois de celui d'Europe et de celui: 
du Canada ; des Daims, des Chevaux, des Antilopes, 
des Élans , des Chevreuils , et un animal qui se rap- 
proche du Lama , sont les principaux Herbivores. 


Pachydermes.— 1]s consistent en débris d’ossemens 
qui paraissent avoir appartenu à un Eléphant. 


Rongeurs. — Ceisont des Lapins, semblables à ceux 
d’aujourd’hui, plusieurs Campagnols de la taille du rat 
d’eau, des débris reconnus pour être ceux de la Mu- 
saraigne d’eau ( Sorex fodiens), le Lagomis ogotonna, 
et un grand nombre d’autres petites espèces. 

Reptiles. — Ils appartiennent à des ossemens de Ser- 
peus de Ja taille de la couleuvre commune. 


Oiseaux.— Leurs débris ont appartenu à des espèces 
de la taille des bergeronettes. 


Nous ferons remarquer que les ossemens de Pachy-" 
derme sont très-rares dans les brèches osseuses ,:ce qui, 
selon nous, assignerait à celles-ci une époque de for-! 
mation postérieure à celle des alluvions , ou du moins! 


de celles qui renferment des ossemens d'Eléphans; car! 


il est probable qu’une étude approfondie des terrains! 
d’alluvions obligera de les partager en anciennes et en 
modernes. Il convient encore de faire observer que, d’as 
près cette distinction, plusieurs brèches osseuses ses 
raient d’une formation analogue aux alluvions à débris, 


de grands Pachydermes ; telle est celle qui occupe une | 


fissure sur Autton-Hill, en Angleterre , et qui for< 


( 285 ) 


mée , comme la plupart des autres brèches , d’aue argile 

rougeâtre, renferme un grand nombre de dents d’Élé- 
-phans. On citeencore aux environs de Koestritz sur l’El- 
ster, en Saxe, des crevasses remplies d’argile pétrie 
d’ossemens fossiles , dont plusieurs appartiennent à une 
‘espèce de Rhinocéros inconnue , maïs analogue à celle 
que Blumenbach a appelé Rhinoceros antiquitatis ; ces 
essemens sont accompagnés de débris appartenant à une 
espèce de Cheval inconnue, ainsi qu’à de grands Cerfs, 
à des Hyènes et à des Lions. 


Le phénomène que présentent certaines cavernes 
remplies d’ossemens d'animaux fossiles paraît être, se- 
lon nous , postérieur à celui des brèches osseuses. Il est 
paturel de penser qu'à l’époque où vivaient les Rhino- 
céros, les Éléphans , les Mammouths , les Mastodontes, 
les Hippopotames, les Cerfs, les Bœufs , et autres Her- 
bivores que l’on trouve dans les terrains d’alluvions, il 
existait peu d'animaux carnassiers , puisqu'ils sont très- 
lrares dans ces sortes de terrains: 

Mais il n’en est pas de même des cavernes ; celles-ci 
renferment un bien plus grand nombre d'animaux car- 
passiers que d’herbivores. Nous allons en donner une 
idée, en énumérant les animaux que l’on a reconnus dans 
les plus importantes. 

Dans celle de Baumann , au Hartz, on a trouvé des 
ossemens appartenant à des Ours et des Tigres. 

: Dans les monts Crapaks, la grotte des Dragons ren- 
ferme , selon M. Cuvier, des débris d'Ours , et surtout 
de celui qu'il a appelé grand Ours des cavernes. 

Dans celle de Gailenreuth, M. Goldfuss a reconnu 


( 286 ) 
des ossemens d’Ours , un animal voisin du Glouton du 
Nord (Ursus gulo), d'Hyènes, de Tigres , de Loups, 
de Renards , de Gloutons , de Putois, et quelques restes}. 
de Cerfs et d’autres Herbivores ; il y a reconnu aussi 
deux animaux carnassiers, dont l’un a été appelé par lui’ 


Felis spelæa , et l'autre, par M. Cuvier, Felis anti 
qua. Parmi les petits Carnassiers de cette caverne ,n 
M. Cuvier a reconnu une espèce de Zorille du cap de” 
Bonne-Espérance. 

La caverne de Kirck-dall, en Angleterre , renferme! 
des ossemens d'Hyènes, de Tigres , de Renards, de Be=* 
lettes , mêlés à des débris d'Éléphans , de Rhinocéros, 
d'Hippopotames , de Chevaux , de Bœufs, de Cerfs , de’ 
Lapins , de Campagnols et de Rats ; plusieurs débris de 
ces Ruminans portent encore l’empreiïnte des dents des 
Carnivores. | 

Celle de Lunel-Vieil, près de Montpellier, contient ; 
suivant M. Marcel de Serres, des Lions et des Tigres. 
d’une grande dimension , des Hyènes, des Panthères ,! 
des Loups, des Renards et des Ours. Les ossemens 
d'Herbivores sont ceux de diverses espèces d'Hippopo= 
tames , de Sangliers, de Pécaris , de Chevaux , de 
Cerfs, d'Élans , de Chevreuils, de Daims, de Mou* 
tons , de Bœufs et même de Chameaux. Les Rongeurs 
appartiennent à des Lapins et à des Rats; on y a re= 
cueilli des débris de quelques Oiseaux. 

La caverne de Sundwich contient aussi des restes! 
d’'Ursus gulo et des débris d’un Sanglier que M. Gldfouss 
a appelé Sus priscus: ; L 

La caverne de Kuhloch contient une si grande quant 
tité d'ossemens fossiles , qu'on en a évalué la masse àl 


( 287 ) 


,000 pieds cubes ; ils ne paraissent pas avoir été usés ni 
ltérés par l’action des eaux : la plupart appartiennent au 
nre Ours. 

: Enfin, on a trouvé dans la caverne de Banwell, en 
ngleterre , un si grand nombre d’ossemens de Bœufs, 
e Daims, d'Élans , mélés avec des os de Loups et d’'Ours 
igantesques , que le tout formait une masse de plus de 
rante pieds d'épaisseur. 

Si nous quittons notre continent pour nous transpor= 
r au nord de l'Amérique , nous y remarquerons encore 
es cavernes à ossemens ; mais au lieu d’y retrouver des 
nimaux aualogues à ceux de nos cavernes, nous n’y 
errons que des restes d'animaux tout-à-fait inconnus et 
i ne peuvent prendre place que parmi les Édentés ; 
ls sont les Hegalonix, trouvés dans le comté de Green- 
riar, en Virginie. Le célèbre Jefferson regardait ces 
uadrupèdes , dont la stature était au-dessus de celle 
‘un Cheval, comme l’ennemi naturel du Mastodonte. 
Nous avons considéré les cavernes à ossemens comme 
isant partie des dépôts d’alluvion , parce que nous 
croyons, avec plusieurs naturalistes , que s’il en est quel- 
ques-unes qui ont servi de refuge à des Carnivores , il 
én est d’autres aussi qui, par le mélange d’animaux qui 
Wont jamais pu vivre ensemble, prouvent que leurs débris 
ont dû y être entassés , comme dans les brèches osseuses , 
par des fentes, des crevasses ou des éboulemens prati- 
qués aux parois supérieures de ces cavernes naturelles, 
et dans lesquelles des inondations les ont entraînés avec 
cette argile rougeätre qui caractérise, selon nous ; les 
alluvions d’eau douce. Les observations de M. Bertrand- 
Geslin , relativement à la caverne d’Adelsberg , en Car- 


( 288 ) 


hiole, confirment ce que nous disons sur l’origine des. 
amas osseux que l’on trouve daus la plupart des cavernes 
semblables. Mais nous ne saurions trop le redire, afin 
que les naturalistes qui s’occupent de géologie et qui se= 
raient à portée d'examiner des terrains d’alluvions puis= 
sent examiner s’il n’est pas nécessaire de partager ceuxs 
ci en diverses espèces, suivant leur ancienneté relatives 
Les cavernes , comme les alluvionset les brêches osseu 
ses, appartiennent nécessairement à différentes dates que 
la géologie n’a point encore appris à distinguer d’une 
manière précise, mais qui peuvent être provisoirement 
déterminées à l’aide de quelques recherches zoologiques: 
Ainsi, plus les aniniaux dont nous retrouvons les débris 
dans ces divers dépôts diffèrent de ceux qui vivent mains 
tenant sur la terre , plus ces dépôts doivent être anciens: 
D'après ce principe, la caverne de Green-Briar ses 
rait une des plus anciennes de celles que nous connais= 
sons. } 
Il en est de mème, selon nous , des terrains tourbeux; 

il s’en faut que tous appartiennent à la même époque# 
ceux de l'Ancien e: du Nouveau-Monde pourraient difs 
_ficilement être mis sur la mème ligne. Ainsi, les dépôts 
tourbeux ou vaseux du bassin de l'Ohio , dépôts qui com 
tiennent des débris de Mastodontes , avec des ossement 
de Bufles et d’animaux appartenant aux Cerfs ; ceux de 
l'état de New-Jersey, ceux des bords de la rivière d’York, 
qui contiennent des dépôts semblables , ceux enfin de 
ile de Skidavay; sur la côte de la Géorgie ; et qui recè: 
lent des ossemens de Mégatherium , sont certainemen! 
plus anciens que les dépôts tourbeux de ? Ancien-Monde 


—— 


Parmi ceux-ci même on trouverait encore plusieurs daté: 


( 289 ) 


différentes. En Sibérie, quelques dépôts tourbeux rén- 
ferment des ossemens et des défenses d'Éléphans ; sur 
:ceux des bords de l’Anadir on a découvert une deni de 
Narval ; en Islande et en Allemagne, les mêmes dépôts 
contiennent les restes de deux espèces de Bœufs, et des 
ossemens de Castors et de Rennes ; en Suède, l’Urus, 
le Bison , l’Élan , le Renne et le Sanglier, sont les ani- 
maux dont on retrouve le plus fréquemment les débris ; 
ren Flandre, les mêmes dépôts contiennent des restes de 
Ruminans et de Sangliers d'une taille extraordinaire ; 
en France, la vallée de la Somme contient dés restes 
d'Aurochs, de Cerfs, de Chevreuils et de Castors : la val- 
lée de l'Oise ne contient dans ses terrains tourbeux que 
des dents de Chevaux analogues aux nôtres. 


Nous ne reparlerons point ici des prétendues décou- : 
vertes d’ossemens humains fossiles. Lors de l’exposition 
à Paris de ces blocs de grès de Fontainebleau , que l’on 
voulut faire passer pour un homme et uu cheval pétri- 
fiés , nous avons donné, dans ces Annales , notre avis à 
ce sujet. À l'exception de terrains tourbeux les plus ré- 
“cens , aucun dépôt ne renferme et ne peut renfermer de 
‘débris d’ossemens humains, ni même d’aucun quadru- 
mane fossile ; la raison en est dans le peu d’antiquité de 
l'existence des quadrumanes , et de celle de l’homme. 

Mais afin qu’on ne soit point tenté, comme on l’a fait 
déjà, d'attribuer à certaines bizarreries de forme et à la 
présence de quelques atomes de matière animale la pé- 
trification ou la fossilisation d’un corps humain, ou de 
“celui de quelque animal , nous terminerons ici en don- 
nant le résultat de différentes analyses d’ossemens fossiles. 
x: 19 


( 290 ) 
Le savant chimiste Vauquelin a essayé d'en fournit 
une de ceux qui ont été découverts dans le gypse de 
Montmartre; il y a reconnu , sur 100 parties : 


Phosphate de chaux: +: +: Mis dla sde es da son spas eivae 0,65 } 
Sulfate de chaux: ::--..:......e .... Sonoso.s .... 0,18 s 
Carbonate de chaux. ++sesees.s. ss... 0,07 
Perte et matière animale: : -:.. delai ee jules e velo re ob» +: VOÿEO 
ToTaArz-...... DONC PT À 


D'après les recherches que j'ai faites de concert avec 
un chimiste habile, un fragment d’os de la mème lo-. 


calité a offert : 


Phosphate de chaux ARR ME mute DOCEEEECEREEEEEEEEE 0,40 

Carhonate de chauxe-...... tesenesessseseeresese 0,48 

Eau... Mn ere) d{sd of OEDEEREET + ‘0,02 
Matière animale ECefete dos. sessrssssresseesss 0,10 ‘4 
PR 

ITOTATISe cales se 100 


Un ossement contenu dans le calcaire secondaire de” 
Lunéville , a présenté à notre analyse : 


Phosphate de chaux: ss... sr 0,07 


Carbonate de chaux:-:-:--+......... vssesseesee 0,73 
Silice- ---.. ss... Senseo on once ose ce 0,07 
Matière animale-:-.-.:.. SELS ON RC EE On AOe 10 ‘+ 0,0" 
LA 

Perte: se TO SE MO CRT és uteliteos ete 0,06 
TOTAT- Mes c… se" 100 


L'analyse d’un os de Ruminant du sable d’alluvion 
de la plaiue de Pantin, a fourni : 


Phosphate de chaux:--....: Mnle.6 ee » else) eio;e of sr. 0,14 
Carbonate dechaux ----ssssesmersreitre ses 0,83 
Matière animale: +.:.................++...+.e: 0,02 


Les os fossiles des tufs volcaniques des environs d'Is- 


soire ont donné, à l'analyse, les substances ci-après : 


Phosphate de chaux : sseretmr ess ermesssesssse)} 0,30 


Carbonate de chauxe-=rse.r.es À ar NE) sesssesesse.e 0,29 
Oxide de fer:-.::.:....... bic ho sssssssssssss O,21 
Matière animale. : --.. aol nid ol dote o(UlS 57e es... 0,07 
Las de «doi 8 nie Ds elole oo é «1600 enssseirsesses. esse 0,07 ! 
TorTaz:---: sessssserssesie 100 


Enfin , les ossemens des brèches de Gibraltar nous ont 


présenté , par lanalyse : É 
Phosphate de chaux-:-:-.:... Eee 2e CS Ro Ne ele de 0,13 
Carhonate de chaux: ++... se ve tent 1% 0,62 
Sable et matière animale: :--::.+.............,..4. 0,25 


TOTAL 20 Men. Me FLO 


Nous rappellerons aussi l'analyse faite par M. Stokes 
des os du Cervus megaceros, qui est remarquable far 
la grande quantité de matière animale que ce chinriste a 


découvert dans ces ossemens (rt). 


(x) Ann. Se, nat. ,t. vit, p. 4or. 


( 292 ) 


Notice sur lés Terrains tertiaires du midi de la 
France; 


Par M. Marcez DE SERRES. 


{ Lue à la Société d'Histoire naturelle de Montpellier le 
a1 décembre 1826.) 


Les terrains tertiaires où sont empreintes les der 
nières révolutions que la terre ait subie, sont les plus 
compliquées et les plus difficiles à bien circonscrire, 
à raison de la position souvent ambiguë des diverses for 
mations qui les composent. C’est pour déterminer avec 
plus de précision que nous ne l’avons fait jusqu’à pré- 
sent, la position relative des diverses formations ter- 
tiaires du midi de la France, que nous avons tracé le 
tableau des terrains auxquels nous avons dù la perfec= 
tion de l’anatomie comparée, et de la conchyologie sou- 
terraine, à cause de la quantité de Mammifères qu'ils 
renferment, et dû grand nombre de coquilles que l’on 


y observe dans un haut degré de conservation. 

Si la plupart des formations tertiaires ont acquis le 
plus grand degré de développement dans le bassin des 
environs de Paris, celles qui sont d’une date plus ré- 
cente que le terrain d’eau douce inférieur (deuxième 
terrain d’eau douce de MM. Cuvier et Brongniart)(r}, 
semblent s'être singulièrement compliquées et diversi 
fiées dans le midi de la France. 


En effet au-dessus de nos formations d’eau douce in-| 


- 


férieures , ont été déposés nos terrains marins supérieurs, \ 


x) Recherches sur les Ossemens fossiles ,tom.nx, p. 8. 


«+ (293) 


nos brèches marines, et celles que par opposition l'on: 
pourrait appeler d’eau douce, les terrains à ossemens, 
de nos cavernes, et enfin nos divers terrains de trans- 
port supérieurs. Comme la série de nos formations plus 
récentes que la craie ne se succède nulle part avec tous 
les termes qui en font partie , il est par cela même difli- 
cile d’assigner avec précision l’époque relative de ,ces 
divers dépôts, d'autant que l’ordre de superposition ne 
guide pas toujours pour déterminer l’âge des diverses 
couches de nos terrains tertiaires. La difficulté est d’au- 
tant plus grande, qu’à l'exception du calcaire grossier 
et-des formations qui lui sont antérieures , nos dépôts 
tertiaires Jes plus récents sont tous circonscrits, inter- 
rompus, ‘morcellés , bornés à des localités peu éten- 
dues, et séparés par des espaces plus ou moins con- 
 sidérables. 

Enfin, certaines de nos formations tertiaires se mon- 
trent immédiatement superposées , soit au calcaire sc- 
condaire , soit aux schistes argileux intermédiaires , su- 
perposition qui pourrait aisément tromper si l'on n’ob- 
servait ailleurs ces mêmes formations recouvrant des 
terrains d’un âge bien autrement récent. 


j 


Aussi pour faire saisir l’ensemble et le rapport des 
diverses formations de nos terrains tertiaires, ou de sé- 
diment supérieur , nous les avons disposés dans le même 
tableau sur deux séries, qui, lorsqu'elles sont placées 
sur une même ligne , annoncent que les formations sont 
parallèles ou se trouvent sur le même horizon géognos- 
tique. Dans l’une de ces séries nous avons placé celles 
de nos formations dont on peut le mieux apprécier lé- 
poque d’après leur superposition habituelle , et dans 


(294) : 


l'autre celles au contraire qui ne se trouvant jamais en 
véritable ‘stratification, et occupant constamment des 


fentes où des fissures plus ou moins considérables , 


existent au milieu des terrains de l’âge le plus différent, 
telles sont en particulier les brêches ossenses , ‘et les ter- 
rainis à ossemens des cavernes. 


On peut considérer la partie des terrains tertiaires du. 


midi de la France qui se montre en stratification assez 
constante, comme composée de huit formations princi- 


pales , en y comprenant les divers terrains de transport , 


ou seulement de cinq, si l’on n’y réunit point ces ter- 
rains. Ces formations sont en effet ; 


1°. Les terrains d’alluvion ou de transport récent, 
c'est-à-dire ceux que l’on peut considérer comme post- 
diluviens, terrains qui se déposent encore tous les jours " 
soit par l’eflet du cours des fleuves, soit pa l’action des 
eaux de la mer. 


2°, Les terrains d'alluvion ou de transport anciens , 
c’est-à-dire ceux qui paraissent anté-diluviens et que 
M. Buckland nomme diluvium. Ces terrains qui diffèrent! 


à la fois par leur nature chimique et par les fossiles qu’ils” 


renferment, ne paraissent pas dans nos contrées méri- 
dionales recéler des débris de Mammifères terrestres ,à 
moins qu'on ne leur assimile les limons qui en se soli= 
difiant dans les fentes, ont produit nos brêches os- 
seuses, ou les graviers et les sables qui ont rempli en 
tout ou en partie nos cayernes à ossemens. 


3°. Les terrains d’eau douce supérieurs. 
p 


LA 


{ 


(295 ) 


contrées un assez grand développement , et une étendue 
par fois considérable. 
5°, Les terrains d'eau douce inférieurs , moins dé- 
veloppés dans le midi que dans le nord de la France, 
peut être à raison de ce que les roches gypseuses de 
_eette formation y sont infiniment rares; car elles ne pa- 
raissent guère exister que dans le bassin d’Aïx en Pro; 
vence. Ces terrains d’eau douce ont aussi moins d’im- 
portance dans nos contrées , he recélant point comme 
à Paris des genres perdus de Mammifères terrestres , 
ni les nombreux fossiles qui accompagnent ces Mam- 
mifères. , | 
6°. Les terrains marins inférieurs qui offrent eeue 
différence avec ceux du bassin de Paris, d’avoir pour 
espèces caractéristiques du calcaire grossier qui en com- 
pose la plus grande partie, des acéphales testacés , 
tandis que les Cérites signalent le calcaire grossier pa- 
risien ; les argiles plastiques calcarifères qui recèlent 
des débris assez nombreux de Poissons et de Mollusques 
de mer, et qui terminent la série des couches infé- 
wieures au calcaire grossier , ne peuvent guère être assi- 
milées aux argiles plastiques de Paris , puisque celles-ei 
ne sont nullement cflervescentes comme les nôtres, et 
qu'elles ne renferment que des produits des eaux 
douces. \ 
Ces argiles plastiques de Paris que MM. Cuvier et 
- Brongniart ont considéré comme la première formation 
d’eau douce superposée à la craie, semblent représen- 
tées dans nos contrées, par les marnes et les calcaires 
bitumineux à lignites que nous avons signalés depuis 


* 


Jong-temps à Cézenon , et probablement gussi par la 


‘ 


( 296 ) 
plupart des lignites que l’on exploite dans nos can+ 
trées. 42 à 
n°. Les terrains à lignites. 

8°. Les terrains de transport inférieur. 

Quant à la seconde série, celle où les formations ne 
se montrent point en stratification avec des roches d’une 
époque déterminée , elle se compose uniquement, en 
n’y comprenant point les terrains de transport évidens , 
de deux formations principales. 


La première ou la plus récente peut être assimilée en 
quelque sorte aux terrains d’eau douce supérieurs , ou 
du moins peut-on présumer qu'elle a été déposée à une 
époque à-peu-près contemporaine , à celle du dépôt de” 
ces terrains. Cette formation n'offre en effet aucune pro- 
duction de mer, et les espèces de coquilles de terre qui 
la caractérisent, se retrouvent dans les terrains d’eau 
douce supérieurs. La seconde de ces formations offre à 
la fois des débris de Mammifères terrestres et marins',, 
sous ce rapport on peut ce semble, la comparer , ou en 
quelque sorte l’assimiler aux sables marins , qui com- 
posent la majeure partie de nos terrains marins supé- 
rieurs. & 

Comme ces diverses formations sont encore peu con= 
nues dans nos contrées, nous indiquerons les principales 
Jocalités où elles se montrent, d'autant qu’elles offrent 
le plus grand intérêt , à raison de la quantité de débris | 
de corps organisés que l’on y observe. | 


| 


PREMIÈRE FORMATION. 


Cavernes à ossemens. Les principales que l’on con- ! 
paisse jusqu’à présent dans nos contrées méridionales, | 


“ 


( 297 ) 

sont celles de Zunel-Vieil, auxquelles on peut en 
quelque sorte assimiler celles de Saint-Julien et de 
Saint-Antoine près de Montpellier ; mais il est extrè- 
mement probable que de pareilles cavernes à ossemens 
existent dans la plupart des lieux où il s’est opéré des 
fentes rapprochées des terrains d’alluvion ou des forma- 
tions les plus récentes des terrains tertiaires. 


Brèches osseuses d’eau douce. L'on doit , ce 
semble, rapporter à une même époque la plupart des 
brèches osseuses qui ont été indiquées jusqu’à pré- 
sent comme rapprochées des bords de la méditerranée ; 
l’on ne peut former quelques doutes que sur celles de 
Nice; mais en les comparant avec celles d'Antibes et 
de Sète , il est difficile de les en séparer, d'autant que 
dans ces diverses localités les mêmes espèces de co- 
quilles terrestres se montrent partout comme un signe 
caractéristique de l'identité de leurs dépôts. C’est au 
même genre de formation , que nous rapporterons les 
brèches osseuses du midi de la France que novs allons 
signaler en indiquant par un point d'interrogation 
celles sur lesquelles nous ne sommes point encore 
entièrement fixés. 

1°. Brèches osseuses d'Antibes. is 

2°, Brèches osseuses de Saint-Hypolite? (Gard.) 

30. Brèches osseuses d'Anduse ? ( Gard. ) 

4°. Brèches osseuses de Baïllargues. ( Hérault. ) 

5°. Brèches osseuses de Vendargues (Hérault. ) 

6°. Brèches osseuses de Sète. (Hérault. ) 

7°. Brèches osseuses de Vendémian près Gignac. 


(Hérault. ) 


( 298 ) 

8°. Brèches osseuses de Ville-Franche. ( Aveyron). 

9°. Brèches osseuses de Ville-Franche? (Haute-Ga- 
ronne. ) 

Dans toutes ces localités , les Rongeurs et les Rumi- 
nans auxquels se joignent parfois quelques Pachydermes ; 
mais toujours en petit nombre, caractérisent ces brèches, À 
et avec ces Mammifères terrrestres, l’on observe à-peu-! 
près constamment des Cyclostomes, des Bulimes, ou 
des Hélices, coquilles qui accompagnent également les 
calcaires du terrain d’eau douce supérieur. 
 Brèches osseuses marines. Ces brèches qui parais- 
sent d’une date plus ancienne que les brèches osseuses 

d’eau douce , en difièrent, en ce qu’elles recèlent à la 
fois des Mammifères terrestres confondus avec dés Mam-, 
mifères marins. Ce caractère leur est commun avec les 
sables des terrains marins supérieurs. Ausi peut-on les 
considérer comme des formations analogues. 

Les Rongeurs qui abondent dans les brèches osseuses 
d’eau douce , sont au contraire infiniment rares dans les 
brèches marmés, qui, quoique toujours caractérisées 
par les Ruminans , offrent une plus grande quantité de 
Pachydérmes, et mème de la plus graride taille , tels 
que les Éléphans ei les Hippopotames (1), animaux, 
qui se trouvent également dans nos terrains de sable 
marin. Cette conformité entre l'espèce des animaux que 
l’un et l’autre terrain renferme , semblent confirmer | 
leur analogie, et annoncer que leurs dépôts n’ont pas 
eu lieu à des époques bien éloignées. La seule diflé= 


(1) M. de Christol a observé le premier ce genre de Pachyderme | 
parmi les brèches de Pézenas ; M. de Jussieu les avait reconnu depuis 


bien long-temps dans nos terrains marins supérieurs, 


( 299 ) 

rence en effet qui existe entre! ces deux terrains , tient 
à la présence des huîtres (Ostreu undata Lamarck), qui 
se trouvent ‘en bäncS continus dans les partiés supé2 
rieures el moyennes des bancs de nos sables marins, 
coquilles qui ne paraissent point exister parmi tios brè- 
ches marines ; où du reste les coquilles dé mer sont 
assez rares, | 

En un mot, les animaux des brèches osseuses d’eau 
douce souit essentiellement des Rongeurs etdes Rumi.: 
nans , tandis que les brèches marines ont pour animaux 
caractéristiques parmi les Mammifères terrestres, des 
Ruminans et des Pachydermes et enfin des Mammifères 
marins. | 

Il paraît que l’on peut comprendre parmi les brèches 
marines de nos contrées méridionales #17 12 

1°. Les brèches osseuses d'Aix. (Bouches-du-Rhône. } 

2°, Les brèches osseuses de Pézénas: (Hérault: } 
* 3°. Les brèches ossseuses de Perpignan. (Pyrénées- 
Orientales. ) 

Enfin , il n'est pas inutile de faire remarquer que 
mos terrains tertiaires lorsqu'ils présentent’ plusieurs 
des formations qui Îles composent, ne semblent pas 
äbandonner le littoral de la méditerranée, ét cela du 
moins depuis Marseille jusqu’à Perpignan. Ces ter- 
rains s'élèvent également fort peu au-dessus du niveau 
de la méditerranée lorsqu'ils constituent des terrains à 
eux seuls ; ils ne parviennent à une assez grande hau- 
teur que lorsqu'il n'existe qu’une seule formation de 
ces terrains , ou un seul terme de la série tertiaire. Les 
terrains d'eau douce de la Lozère, de l'Aveyron et du 
Gard , comme les brèches osseuses de l'Aveyron qui ne 


( 300 ) 


sont jamais que des formations morcellées et distri- 
buées par lambeaux , se montrent anssi à une éléva- 


tion bien supérieure à celle que les formations ter- 


tiaires acquièrent lorsqu'elles constituent des terrains à 
elles seules d’une certaine étendue. 


Cet aperçu général nous conduira nécessairement à. 


publier le tableau détaillé de nos diverses formations ter- 
tiaires, auquel nous joindrons la carte géologique du 
Département de l'Hérault , dont nous n’avons retardé la 
publication , qu’afin de réunir le plus de données pos- 


sibles , et de la rendre moins imparfaite. Maïs pour le 


moment, nous nous contenterons de tracer le tableau 
général des diverses formations qui composent le sol 
supérieur du midi de la France, afin que l’on puisse 
juger d’un coup-d’œil, du rapport que ces diverses for- 
mations présentent entr’elles, de la simultanéité de leurs 
dépôts, ou de l'intervalle qui s’est écoulé entr'eux. 

Si dans le tableau que l’on va lire, nous avons dis- 
tingué les formations tertiaires , suivant qu’elles recè- 
lent des êtres marins ou des productions des eaux 


douces , et si nous avons distingué l’époque de leurs. 
2 


dépôts, nous n’entendons point admettre par là que ces 


” formations ont été déposées à de longs intervalles les, 


unes des autres. Les divers membres de ces terrains sem-= 
blent au contraire avoir été parfois déposés à des épo= 


ques fort rapprochées , puisque les mèmes corps orga= 


nisés se retrouvent aussi bien dans les formations in- 
férieures que dans les supérieures, et quelquefois dans 


celles attribuées aux eaux douces, comme dans celles! 
qui semblent produites par des eaux marines, En effet; 


l’on observe dans un assez grand nombre de nos loca= 


{ 301) 


livés, des végétaux terrestres ou des testacés des eaux 
douces dans les terrains marins supérieurs et inférieurs, 
tout comme des produits marins dans les formations 
d'eau douce les plus récentes , probablement parce 
qu'antérieurement à ces dépôts, les fleuves charriaient 
dans le bassin des mers, une partie des corps organisés 
qui avaient véeu dans leur sein ou sur les terres sèches, 
à-peu-près comme ils le font actuellement. 

Ces productions des eaux douces et des terres sèches 
entremèêlées parfois au milieu des productions marines 
et dans des terrains marins, annoncent ce semble avec 
le rapprochement des deux sortes de terrains (les uns 
reposant souvent immédiatement sur les autres), que si 
les formations lacustres peuvent avoir été produites par 

- un liquide d’une nature particulière, il n’en est peut- 
être pas de même des formations fluviatiles, celles-ci 
ayant fort bien pu être déposées comme les formations 
marines dans le bassin même des mers. 


TABLEAU général et détaillé des principales formations 
tertiaires qui paraissent composer le plus universelle- 
n ment le sol supérieur du midi de la France (1). 


1°. Zimon post-diluvien ou ter- 10. Terre végétale. — Le plus 
rain d’ailuvion moderne. généralement , les terres végétaies 
On peut probablement Se Te du midi sont un mélange naturel 
dre avec ce limon le sable qui forme | de calcaire, d’argile et d’une cer- 
“des dunes plus on moins élevées | taine portion de sable siliceux , au- 
sur Les côtes de la Méditerranée. | quel s’ajoute du terreau où kumus, 
mais peu abondant, si ce n’est 

dans les bas-fonds. La proportion 

| des élémens qui les composent sem- 

(x) Les formations qui se trouvent dans ce tableau, en regard iles unes des antres , sont 
formations qui semblent à-peu-près contemporaines oa déposées à des époques fort rap- 
prochées. Celles qui se trouvent sous le mème numéro sont des formations qui paraissent 
“avoir été produites et des circonstances analogues ; telles sont , par exemple , les cavernes 
à osemens et les brèches osseuses, Cette observation est essentielle à faire pour l'intelligence 
de ce tableau, 


( 302 ) 


oo, Limon ante-dilubien, où di- 
luvium de M. Buckland. Terrain 
d’alluvion quartzeux ancien , mais 
sans ossemnens, 

En désignant ce limon sous le 
nom de. dilupium , nous n’enten- 
dons point décider la question de 
savoir s’il ést ou non universélle- 
ment répandu. 


j.blent dépendre de la nature miné- 
ralogique du sol qu’elles recou- 
vrent!, comme leur épaisseur. st 

d'autant plus grande, qu’elles seu 
montrent sur des terrains peu éle- 
vés , peu inclinés, et d’uue forma= 
tion récente. & 


L 

2°. Limon ante-diluvien calcaire, 
ou diluvium de M. Buckland, Ter 
rain d’alluvion calcaire ancien, 
mais sans Ossemens. 

Même observation que pour le 
terrain d’alluvion quartzeux. Ce 
limon calcaire se montre principa- 
lement dans les vallées Les plus! 
basses, 

\ 


Il faudrait peut-être gher ici les limons ante-diluyiens calcaire où 
quartzeux renfermant des ossemehs , si de pareïls limons ou terrains! 
d’alluvion existaient dans le midi de la France. Jusqu’à présent nous! 
n'avons observé de pareils limous, nommés aussi terrains meubles 
{quoiqu'il paraîtrait convenable de consacrer uniquement cette expres- 
sion aux terrains d’alluvion ou d’attérissement les plus modernes ), ques 
dans les cavernes ou les fentes de rochers calcaires où il s’est formé des! 


brèches osseuses. 


3°, Cavernes à ossemens, plus 
ou moins comblées par un limon 
coloré argilo - calcaréo - siliceux , 
rempli de galets quartzeux où par 
des graviers et des sables plus ou 
moins fins. 

Ce limon offre une quantité plus 
ou moins considérable d’ossemens 
de Mammifères terrestres, dissé- 
minés et confondus avec quelques 
débris d'Oiseaux , de Reptiles, de 
Poissons , et quelques coquilles. 

Les familles de AR PR ter- 
restres le plus généralement ré- 
panduües , sont , parmi les herbivo- 
res, les Auminans etles Rongeurs, 
et parmi les carnassiers, les Car- 
nivores digitigrades des. genres 
Chien et Hyène. 

Les coquilles le plus abondam- 
ment répandues au milieu du limon 
de ces cavernes, sont : 

19. Un Pulimus très-voisin du 
Bulimus decollatus. 

20. Un Cyclostoma irès-voisin 
du Cyclostoma elegans. 


39, bis. Brèches osseuses formées 


3°. Terrains d'eau douce supé=" 
rieurs, principalement composés den 
calcaire sédimentaire ou tuf plus cuw 
moins solide, de calcaire albätre” 
rubanné et de calcaire compacte. 
… Ces terrains sont caractérisés par 
des Mollusques et des végétaux. M 

Les espèces dominantes sont, 
pour Les Mollusques : 


1°, Un Bulimus très-yoisin du 
Bulimus decollatus. ï 

20, Un /elix très-voisin de l’Æe- 
lix nemoralis. 

3°. Uu Cyclostoma voisin du 
Cyelostoma elegans. 

4°. Une Limuæa indéterminée et 
abondante, surtout dans les cou 
ches inférieures. 


Les espèces dominantes pour les 
végétaux sont : # 

10. Principalement des feuillesi 
de végétaux dicnilédue ui sem 
blent se rapprocher de celles de lan 
vigne ordimaire , de l'olivier et de 
l’'yeuse (Quercus ilex). 

20, Avec ces feuilles, on observé” 
de nombreux fruits de Caniferesl 


run ciment argilo-calcaire , ne 
réunissant que des débris de Mam- 
Imifères terrestres, avec des co- 
uilles également de terre. On les 
observe indifféremment dans la do- 
lomie, le calcaire jurassique et le 
calcaire grossier. 

Les Mammifères terrestres le 

plus généralement répandus dans 
es brèches, sont des herbivores 
ui appartiennent aux familles des 
ongeurs et des Ruminans. 
» Quant aux Mollusques de terre, 
on y retrouve les mêmes espèces 
que celles qui existent dans les ca- 
bernes à ossemens. 


( 303 ) 


très-rapprochés de ceux de nos 
pins ( Pinus). 

Ces terrains d’eau douce supé- 
rieurs du midi de la France con- 
stitueut des formations locales, cir- 
conscrites , toujours interrompues, 
se retrouvant à des distances plus 
ou moins considérables les unes des 
autres , et plus ou moins élevés au- 
dessus du niveau des mers. Comme 
les formations morcelées des ter- 
rains tertiaires, celles-ci se mon- 
trent parfois à d’assez grandes élé- 
vations , ainsi qu’à d’assez grandes 
distances du bassin de la Méditer- 
ranée; ce que l’on n’observe pas 
également pour les calcaires d’eau 
douce inférieurs. Par suite de cette 
grande diversité de position, ces 
terrains se montrent superposés aux 
roches d’âzes les plus diférens, re- 
posant sur tous les Lerrains déposés 
depuis ceux dits primitifs , jus- 
aux terrains marins supérieurs. 

ette particularité des terrains 
d’eau douce supérieurs leur est 
commune avec les brèches osseuses 
d’eau douce ,'et semble lier d’une 
manière encore plus intime ces 
deux ordres de formation. 


Cette constance des mêmes espèces de coquilles dans Les terrains d’eau 
douce supérieurs’, les cavernes et les brèches à ossemens du midi de la 
France, fait supposer que ces diverses formations , toutes purement 
locales et généralement circonscrites , sont des formations parallèles ou 
ayant à-peu-près le même horizon géognostique , ou, en d’autres termes, 


à » La # 
ques peu éloignées 


4». Poudingue calcaire , avec 
huîtres fossiles généralement bri- 
Sées. Ce poudingue, formé de ga- 
ets calcaires assez géneralement 
arrondis et d’un volume plus ou 
moins considérable , réunit aussi 
un assez grand nombre de frag- 
mens d’huîtres , le tout empäté par 
un ciment calcaire. 


5°, Brèches osseuses marines , 
Ou terrain de transport à ossemens. 
L Cette formation, égalemeut lo- 
ale , circonscrite comme les brè- 

es osseuses précédentes , et tou- 


qu’elles ont été déposées à-peu-près aux mêmes époques ou à des épo- 
jo unes des autres. 


Nous ignorons encore quelles 
sont les couches\ou les formations 
que l’on pourrait considérer com- 
me parallèles à ce poudingue cal- 
caire , ou comme. ayant à-peu-près 
le même horizon géognostique. 


 5o. Terrains marins supérieurs , 
ou terrains de sable marin. 

Les terrains marins supérieurs 
du midi de la France sont princi- 
palement composés de sables le 


( 304 ) 


jours interrompue, paraît cepen- 
dant occuper des espaces plus 
étendus, Ces brèches sont compo- 
sées de fragmens calcaires réunis 
par un ciment calcaire ; ce ciment 
a pénétré plus complètement les 
ossemens qu'il a saisis, que celui 
des brèches, où l’on r’observe pas 
de traces de Mammifères marins, 
Les Mammifères terrestres les 
plus généralement répandus dans 
ces brèches, appartiennent aux Ru- 
minans/et aux Pachydermes ; 
quant aux Mammifères marins, 
ce sont presque toujours des Céta- 
cés que l’on y rencontre, parmi 
lesquels le genre des ,Lumantins 
semble y être le plus commun. 


Go. Terrain gypseux à osse- 
meris. 

C'est ici qu'il faut placer le ter- 
rain gypseux d’eau deuce on gypse 
à ossemens ; mais cette formation 
se montre peu dans le midi de la 
France. En effet, la plupart des 
gypses de nos contrées méridiona- 
les paraissent se rattacher aux for- 
mations secondaires, et principa- 
lement à celle dite du Jura ; il n'y 
ä d'exception que pour Les gypses 
du bassin d’Aix en Provence, qui 
paraissent de la même époque que 
ceux du bassin de Paris :,ils en dif- 
fèrent cependant en ce que Von n’y 
observe guère que des reptiles, des 
poissons et des insectes , et presque 

oint de Mammifères terrestres. 
Les empreintes des végétaux sont 
également fort nombreuses dans 
les couches de marne qui accom- 


pagnent ces gypses. 


75. Comme les dépôts qui se sont 


TP © PE SG 2 ES 


plus souvent jaunâtres, avec des 
marnes et des grès qui ne sont, du 
reste, que des sables durcis ; ces 
terrains présentent à la fois, com= 
me les brèches osseuses marines, 
auxquelles on peut les comparer, 
des Mammifères terrestres et ma= 
rins et des coquilles marines, par= 
mi lesquelles le genre Ostrea esti 
singulièrement prédominant. _… 

Les Ruminans et les Pachyders 
mes caractérisent cette formation 
mais ils y sont moins abondans 
que les Cétacés. Avec ces Mammi= 
fères marins , l’on observe quel=h} 

ues débris de Poissons, soit desM 

hondoptéry giens , soil des Acan: 
thoptérygiens. Des reptiles chélo: 
niens du genre des Tortues, soit, 
de mer, soit de terre, soit des eaux 
douces , accompagnent ces Pois=ff 
sons. 

Deshaîtres (Ostrea), des glands: 
de-mer (Baälanus), caractérisent 
encore cette formation; les pre= 
miers, disposés assez souvent en 
lits ou en bancs continus , et leg 
seconds fixés sur d’autres coquilles 
ou sur les os eux-mêmes. 


Go. Terrains d'eau douce infé: 
rieurs. | 

Ces terrains, généralement pet 
étendus dans le midi de la France 
y semblent uniquement composé 
de marnes, de calcaire et de silex 
des coquilles terrestres et lacustre# 
les caractérisent, car l’on y où 
serve bien peu de débris de végé 
taux. Les Limnées, les Planorbes\ 
les Paludines et les Hélices y son! 
les genres Les plus répandus : quel 
ques coquilles bivalves s’y mon: 
trent également , telles que les Ch 
clades , mais celles-ci sont généræ 
lement les plus rares. 


« _Æ0I| 


9°. Terrains marins inférieun 


opérés après la précipitation de la 
craie ont été d’autant plus étendus 
qu'ils étaient, plus rapprochés de 
cette époque, nous n'avons aucune 
formation à indiquer comme paral- 
Jèle à celle du calcaire grossier. En 
effet , les formations tertiaires da 
midi de la France, supérieures au 
calcaire grossier, sont générale- 
ment peu élendues , par cela même 
souvent interrompues ct se rem- 
placant les unes les autres ; mais, à 
partir de ce calcaire, elles occu- 
“pent à elles seules des espaces assez 
considérables , et l’on n’est plus en 
» doute sur leur ancienneté relative, 
"puisqu'elles se succèdent avec ré- 
gularité et que leur ordre de su- 
perposition donne la date de leurs 
“dépôts. Ainsi, dans nos contrées 
méridionales les terrains tertiaires 
ne prennent une certaine impor- 
tance, relativement à leur éten- 
due, .qu'à compter du calgaire 
grossier qui, sans constituer des 
“montagnes élevées, forme cepen- 
“dant des collines plus ou moins 


“brusquement au-dessus du niveau 
. des plaines. 
LA 


( 305 } 


| ou formation du calcaire grossier 
et de l'argile plastique calcarifère. 
— Ces terrains sont essentielle- 
ment composés de marnes , de cal- 
caire et d’argile; on n’y observe 
poiit de Mammifères terrestres , 
| mais uniquement des Mammifères 
marins, des poissons de mer et 
des coquilles marines : ces coquil- 
les y sont en nombre immense, 
quoique leurs espèces n’y soient 
pas très-multipliées, Les Æcépha- 
| Les testacés caractérisent essentiel- 
lement les terrains marins supé- 
rieurs du midi de la, France; les 
Eat qui peresent le plus et sont 
es plus abondans, penvent être 
réduits aux Vénus, anx Pecten 
et aux Cardium. Les Mollusques 
céphalés testacés univalves, y sont 
spécialement caractérisés pag les 
Éerithous 
La formation des argiles plasti- 
ques calcarifères , inférieure à nos 
‘calcaires : grossiers, se, compose 
principalement d’argile plastique 
Ins ou moins calcanifère, de cal- 


“continues et s’élevant parfois assez | caire sableux, et d’argile sableuse 


bleuâtre, 

On retrouve encore dans celte 
formation des débris de Mammi- 
fères marins, de poissons et dé co- 

uilles de mer, mais d'espèces dif- 
férentes de celles du calcaire gros- 
sier. Nos argiles plastiques calca- 
rifères étant constamment accom- 
pagnées de produits marins, ne 

euvent guère être assimilées aux 
argiles plastiques inférieures au 
calcaire grossier de Paris, 


a 80, Terrain d'eau douce à lignites. — Ces terrains, dont la position 
“est encore pour nous incertaine , semblent cependant pouvoir étre’ as- 
“similés au premier terrain d’eau douce de MN. Cuvier et Bronguiart. 
“Ils se composent, dans nos contrées ,: de marnes , de calcaire bitnmi- 
neux et de coquilles lacustres des genres Planorbe et Limnée C’est 
«probablement à cette évoque de formation que l’on doit rapporter la 
“plupart des terrains à lignites du midi de la France. 


… O°. Terrain de transport inférieur. — Ces terrains sont essentielle- 
meut composés de blocs roulés de roches primitives plus ou moins con- 
Silérables , lesquels blocs sunt disséminés dans un sol graveleux. Il 
nest pas inutile de faire remarquer qué ces terrains offreut aussi leurs 
analogues dans le bassin des environs de Paris. 


X. 20 


( 306 ) 


Terrains secondaires sur lesquels reposent généralement | 
Les terrains tertiaires du midi de la France. 


100. Calcaire jurassique. 
110. Dolomie compacte. 


Nos terrains tertiaires paraissent reposer immédiatement sur ls for- 
mations du calcaire jurassique, auquel succède la dolomie compacte , 
la craie , les grès secondaires à lignites, comme les sables verts, man- 
quant le plus généralement dans nos contrées méridionales, Dans un 
second Mémoire , nous donnerons un aperçu de nos formations secon- 


daires. 


ReLarion d’une Découverte récente d'os fossiles 
faite dans la partie orientale de la France, à 
la grotte d'Osselles ou Quingey, sur les bords. 
du Doubs , cinq lieues au-dessous de Besançon; 


} 
Par le Rev. D'. Bucxrann, 
Membre de la Société royale de Londres, de la Société linnéenne , de, 
la Société de géologie ; Professeur de Minéralogie et de Géologie x, 
l’université d'Oxford ; Correspondant du Muséum d’histoire natu- 


relle de Paris, etc., etc. 


À mon retour d'Italie, au mois d'octobre 1826, j’eus 
occasion de passer dans la partie orientale de la France , 
où est située la grotte d’Osselles si célèbre par son éten- 
due et par la quantité extraordinaire et la beauté de ses. 
stalactites (1). Je résolus de la visiter dans le bi de 
m’assurer si elle ne présentait pas quelque phénomène 
semblable à ceux des cavernes à ossemens d'Allemagne 
et d'Angleterre, et comme le résultat de mes recher- 


(1) Voyez, pour une description circonstanciée de cette caverne l’Ati-, 
néraire abrégé du royaume de France, par Langlois, page 215. 


(307 ) 


ches a été favorable, je vais donner un récit succint 
des faits que m'a permis d'établir une inspection rapide. 
J'espère qu'ils engageront. des personnes qui, rési- 
. dant dans le voisinage , auront par là l’occasion et les 
facilités nécessaires pour une telle entreprise, à en 
faire une étude nouvelle et plus complète, puisque 
cette caverne, autant que me permet d'en juger un 
examen de quelques heures, promet de rivaliser avec 
les célèbres grottes de Franconie et du Hartz. 
Cette grotte esi située sur la rive du Doubs, à envi- 
ron cinq lieues au-dessous de Besancon et une lieue 
au N. O. de Quingey; l'endroit où son accès est le plus 
facile, est sur la route de Besançon à Paris, à la poste 
de Saint-Vit. 
Le roc dans lequel elle est creusée est du calcaire 
alpin le plus récent, ou du calcaire jurassique com- 
pact, qui est si commun dans les formations oolitiques 
du centre et du midi de l’Europe, et qui abonde en 
fentes , en crevasses et en trous à hirondelle, qui le per- 
cent de toute part (1). Mais quoique ce caractère de 
compacité prédomine , cependant dans le voisinage im- 
médiat de Quingey, ce calcaire se mêle graduellement 
et alterne avec des couches qui ont décidément le 
caractère oolitique et qui renferment en abondance des 
_ coraux, des échinites, des pentacrinites , et les autres 
coquilles univalves et bivalves de la formation oolique. 
… Ces corps organisés sont quelquefois silicifiés. 
- À l'endroit où est située la caverne, une haute col- 
line composée de la variété compacte du calcaire juras- 


-(n) L'on voit des exemples de ces trous à hirondelle à 3 milles N. 
de Quingey, au point culminant de la route de Besancon. 


( 308 ) 


sique, forme la rive gauche du Doubs, et s’élève sous uni 
angle trop aigu pour permettre la culture à la charrue. 

L'on entre par une ouverture de la grandeur d’ une 
porte de chambre, à-peu-près de six pieds de haut et de 
trois ou quatre pieds de large. Cette ouverture est à en- 
viron cinquante pieds au-dessus du niveau de la ri- 
vière. h 

Je n’ai pas eu le temps de mesurer l'étendue totale 
depuis l'entrée jusqu’à l’extrémité, Elle est très-consi- 
dérable, probablement de près d’un quart de mille An-. 
glais. L’itinéraire de France dit un quart de lieue. La 
hauteur et la largeur ne sont grandes nulle part; les 
communications latérales ne sont ni nombreuses, ni 
étendues ; le sol est rarement uni, mais plein de des- 
centes et de montées irrégulières d’un bout à l'autre, 
mais en général il est incliné. 

On a décrit ce souterrain comme divisé en trente-six 
chambres distinctes : mais ces divisions sont arbitraires … 
et il est plus vrai de le considérer comme un passage 
continu, serpentant dans le corps de la montagne, se 
resserrant et rapprochant son toit et ses côtés de ma-. 
nière à être dans un endroit'un couloir étroit, et dans 
d’autres une chambre vaste et spacieuse. 

Les colonnes et les masses de stalactites qui remplis- 
sent une grande partie de l'étendue de la grotte excé- 
dent de beaucoup en nombre , et égalent en beauté celles w, 
de la célèbre caverne de l’île de Sky ou d'aucune autre 
caverne que j'aie jamais vue , et l'imagination des visi- 
teurs qui m'ont précédé , s’est plue à leur y faire trouver 
toutes les espèces de ressemblance qu'elle pouvait leur 
fournir entre ces stalactites et des animaux , des végé- 


( 309 ) 


taux où des morceaux d'architecture; mais personne 
avant moi n’avait songé à chercher des ossemens sous la 
croûte de stalagmite qui s’est accumulée au pied de ces 
Pstalactises, et a formé sur le sol un large tapis ou pavé 
* de différentes épaisseurs. 
Les seuls endroits où j'aie vu que cette croûte eût été 
| brisée, c’est là où le passage étant trop étroit, on l’a 
| cassée pour donner aux visiteurs la faculté de pénétrer 
| dans l’intérieur de la grotte; dans quelques parties où 
_ la voute est trop solide pour permettre une infiltration , 
il n'y a ni stalactites ni stalagmite. 

Ce ne fut pas sans peine que je parvins à persuader à 
mes guides de m'aider, à rompre cette surface jusqu’a- 
lors. laissée intacte , afin d’y rechercher des restes d’a- 
nimaux et de détritus diluvien que, d’après l’analogie 


qui existe entre cetle caverne et d’autres , je m'attendais 
à trouver dessous ; leur surprise fut très-grande de voir 
ma. prédiction se vérifier à l’égard de l'existence d’un 
lit de limon mêlé de fragmens de pierres et de-cailloux 
roulés , au-dessous de ce qu’ils considéraient comme le 
pavé solide et impénétrable du souterrain, et leur étonne- 
ment augmenta encore, en trouvant à chacune des quatre 
places , que je choisis pour mon expérience, ce détritus 
accumulé à une-profondeur que nous ne pümes percer 
avec une barre de fer de trois pieds de longueur, et de 
plus entremélé d’une grande quantité de dents et d'os 
fossiles. Ces os ne sont pas réunis en squelettes com- 
plets, mais ils sont éparpillés dans le limon et les cail- 
loux roulés précisément avec la même irrégularité que 
ceux trouvés dans les cavernes d'Allemagne et d’Angle- 
terre. 


( 310 ) 
Quelques-uns de ces os étaient cassés , et d’autres en 
tiers; aucun ne portait des empreintes , telles que s'ils. 
eussent été rongés et comme on en voit sur les os trou- 
vés dans les antres des Hyènes. Ils avaient appartenu à 
des animaux de tout âge. Les uns si jeunes que je trou- 
vai des mächoires d’où les dents dé lait n’étaient pas. 
tombées, d’autres si âgés, que les dents en étaient | 
usées de vieillesse; maïs autant que j'ai pu en juger, 
c'était presqu’exclusivement des ossemens d’Ours. Il y 
avait aussi de petites plaques osseuses qui, ayant été les | 
parties composantes de crânes, s'étaient séparées le long \ 
dessutures et n'étaient pas cassées irrégulièrement comme 
elles l’eussent été, si elles avaient été rongées; elles, 
étaient dispersées dans le limon à une certaine distance | 
les unes des autres; une quantité d’épiphyses était aussi 
éloignéede leurs os etmélée confusément avec du limon, 
des cailloux roulés et d’autres os. Ceux-ci et les por: 
tions des crânes , ont dû être séparés par une décompo=! 
sition graduelle avant d'arriver à leur position isolée ac: | 


tuelle dans le diluvium dessous les stalagmites ; d’où | 


nous pouvons inférer qu’il s’est écoulé une période de 
temps considérable pendant laquelle ils restèrent sur le 
terrain de la grotte, avant que le limon ét les cailloux 
roulés s’y fussent introduits. 

Il y avait aussi quelques ossemens de plus petits ani= 
maux dont je n’ai pas encore constaté l’identité. Il est 
possible que des recherches ultérieures puissent faire 


découvrir des restes de Hyènes , de Loups et de Tigres; 


mais j'en ai vu assez pour être convaincu que les prin- 
cipaux habitans de cette caverne avant l'introduction du 
limon et des cailloux roulés, furent des Ours, de 


| 
| 
| 
| 
| 


| 
| 
| 


( 311 ) ; 
mème que dans les cavérnes de Muggendorf et dans 
le Hartz où les circonstances ; le caractère et la condi- 
tion des os sont précisément les mêmes que dans la 
grotte de Quingey. J'observai particulièrement dans 
celle-ci une grande quantité de petites côtes. On trouve 
rarement cette partie du squelette dans les cavernes à 
Hyènes , parce que ces dernières les ont ordinairement 
dévorées. k 

Aïnsi , l'existence de ces côtes en si grand nombre et 
Yabsence de toute marque de dents sur les plus grands 
os ; tendent à improuver l’action destructrice des Hyènes 
dans cette grotte , et à montrer que les Ours en étaient 
les principaux habitans. Ces os lorsqu'ils sont secs 
happent fortement à la langue comme tous les ossemens 
anté-diluviens des autres cavernes. | 

Vers lé centre de cette file de grottes, l’on arrive dans 
la plus spacieuse de toutes appelée la salle à danser, 

‘parce que sa grandeur et légalité du so] l’on fait choisir 
pôur l’endroït où se rafraîchissent et où dansent les per- 
sonnes qui viennent voir les singulières beautés de ce 
lieu. Cette chambre a, dit-on, plus de cent pieds de 
long ét dans quelques endroïts cinquante de large : le 
toit en est bas, et principalement formé d’une masse 
compacte de calcaire avec peu ou point de stalactites 
suspendues ou étendues sur le sol qui est couvert d’une 
 miasse de limon demi endurci , étendu hôrizontalément 
contre les paroïs du côté gauche de la caverne, tandis 
que sur le côté droit il s'élève rapidement presque jus- 
ques au toit, et communique a uné chambre plus élevée 
ét parallèle, bien garnie du mème limon, sur lequel 
uné couche considérable de stalagmite s’est étendue én 


{ 312 ) 


sortant des ouvertures latérales qui montent en dimi- 
. muant peu-à-peu dans la masse du roc. 

En examinant le lit de limon qui sépare.cette chambre 
de la salle à danser, je l’ai trouvé entremèlé d’ossemens 
d'Ours de même que je l’ävais découvert dans d’autres. 
endroits sous la croûte de stalagmite, et en creusant » 
horizontalement pour les chercher , je fus un moment 
surpris de voir quelques coquilles de noïx récentes en 
contact immédiat avec les anciens 053; mais ‘en exami- 
nant l'endroit plus attentivement, je m'apperçus que j’æ 
vais coupé une crevasse qui descendait verticalement de 
la surface du limon jusqu’à environ trois pieds de pro- 
fondeur et où les! visiteurs de la salle à danser et à 
manger avaient accidentellement jeté ces coquilles. J'ob- ” 
servai aussi que le limon en se desséchant avait formé» 
plusieurs autres crevasses semblables dans sa superficie. | 
Je restai dans cette partie de la caverne jusqu’à ce que 


la faim me forçat de prendre quelque nourriture, et en 


mangeant, je jetai derrière moi, sans y faire jattention, 
des os de poulet qui tombèrent dans ce mêmelit.de li- 
mon, Où J'avais trouvé les coquilles de noix dontje viensw 


de parler, et où leur présence pourra par la ‘suite in" 


triguer quelque futur observateur, qui voudra expli-" 
quer leur juxta-position à des os d'Ours d’une espèce 
éteinte. 

Dans une autre, partie adjacente de ce limon, je trou- 
vai un trou horizontal d’un pied de diamètre et de deux 
pieds de long qui évidemment avait été fait par des rats. 
Sur les côtés il y avait des marques de leurs pattes, et 
au fond quelques os et.des dents de rats et de souris ré- 
cens mêlés à des coques d'œuf età des coquilles de noix, 


| 


. 


( 313 ) 


que cés animaux ont dû ramasser dans la chambre voi- 
sine. 

Dans les mêmes cavités, il y avait aussi quelques os 
et une mâchoire d'Ours anté-diluviens ; en contact avec 
des. os récens et des coquilles de noix récentes, tandis que 
d’autres os d'Ours détachés en partie des côtés, et en 

| partie du toit, avaient leurs extrémités inférieures en- 
tourées.et supportées par.la matrice du limon. Les parties 
saillantes de ces ôs avaient probablement été découvertes 
par les rats lorsqu'ils creusèrent leur demeure, tandis 
que les grands.os. isolés avaient été, par,la même action 
de creusement ; séparés dü, limonet étant tombés sur le 
sol; te trouvèrent trop: pesans;pour pouvoir être traînés 
par un animal aussi petit qu'un rat ;:et trop peu génans 
pour engager à, les changer de place. La! surface supé- 
| rieure -de ces os était recouverte d'un, mince dépôt de 
suie;où de charbon très-divisél; 6ccasioné apparemment 
par: l'usage -fréquent du, few et des torches dans Je 


U 
: 


chambre voisine. 

+ Dansune des cavités de l’autre: ducs je trouvai le 
tee d’un'Japin récent , si frais,.que la chair n’en 
Kétait spas, détruite depuis, long -temps ; d’où il:.est 
évident que des animaux modernes {els que Renards, 
Rats et Lapins ; ne, sontpas, maintenant exclus de la 
£ayérne, «et ont toujoursitrouvé moyen.de s’introduire 
dans des endroits les plus secrets. 

En poursuivant encore ma course, jusques aux der- 
mières extrémités de la grotte ; jeltrouvai, quelle toit re- 
devenait irrégulier et très-garni de,stalactités ; jusqu'à ce 
qu'à la distance, d’enyiron les trois-quarts de la longueur 
entière dé la caverne, elles soient tout-à-coup coupées par 


(314) 

une large fente transversale de la montagne. En bas de 
cette fente coule un ruisseau sur lequel on a bäti un pont 
en pierre pour maintenir à communication avec l’inté- 
rieur de la caverne. Au - delà du pont ; l’excavation se 
prolonge avec beaucowp d’irrégularité dans sa forme et 
dans sa grandeur ; et est ornée abondammentiet de stä- 
lacrites et de stalagmites jusqu'à ce qu’elle descende sou- 
daïnement et se termine par une mare d'environ viuigt 
pieds de large, dont la is n’a pe encore été 
déterminée. 

Dans cette extrémité de la grotte, au-delà de la cre- 
vasse, je n’ai pas trouvé d'indices d’ossemens; mais 
mo examen dans là fente et dans cette partie fut très- 
rapide et très-superficiel : il est cependant probable qu’il. 
n’y en à pas beaucoup, parce que cette fente transver- 
sale descendant de dix à quinze pieds au-dessous du ni- 
véau dé la caverne , qu’elle divise presque verticalement, 
doit en avoir rendu l’accès très-difficile, sinon impos- 
sible à des Ours. 

Le ruisseau souterrain qui passe le long de la ére= 
vässe dont j'ai parlé, surgit du pied de la montagne! 
sous la forme d’un ruisseau presque suffisant pour fairel 
tourner un moulin, et tombe immédiatement dans le! 
Doubs ; à la distance d’une centaine de toises. 

Mon guide m'a appris qu’il y a près de quatre-vinglsl 
ans , son cours ayant été obstrué entre le pont souter: 
rain et l’issue actuelle par un éboulement du roc ; l’eau! 
s’accumula , remplit la caverne et sortit par l'issue ac* 
tuelle, sur le côté de la montagne , à cinquante pieds! 
au-dessus du niveau du Doubs; cependant ; la cause del 
l’obstruction ayant été retirée, la caverne sécha ; l'eau 


( 35. ) 

reprit son ancien niveau et redevint um petit ruisseau 
s'écoulant lentement dans le fond de la fente qui partage 
la grotte. L’effet de cette inondation récente et momien- 
tanée a été de laisser une couche de limon: d'environ un 
pouce ou deux sur toute la surface du sol de la grotte; 
elle est étendue comme une vase sur la croûte de stalag 
mite qui la sépare de l’ancienne couche de Hmon ; de 
sable et de cailloux roulés diluviens ; où sont contenus 
les os; mais dans d’autres parties du sol où iln°y à point 
de stalagmites , ce dernier limon étant en contact inrmé- 
diat avec le limon plus récent; ce n'est qu'après une 
minutieuse attention qu'il est possible de les distinguer 
l'un de l’autre. Si je n’eüsse pas rencontré les’ anciens os 
et sans l'existence universelle de dépôts analogues dans 
d’autres cavernes dépourvues d'eaux , je ne me serais 
pas hasardé à déclarer que la masse entière du limon non 
incrusté n’eût pas été apportée par les inondations du 
puisseau en question. 

Il est probable aussi que dans ce lirnon mou et non 
protégé par les stalagmites , beaucoup de confusion a été 
créée par l'intervention des Renards, des Blaireaux, 
des Rats et des Lapins, dont j'ai trouvé un très-grand 
nombre de trous ; outre cela , le sol a été remué en plu- 
sieurs places dans le but d'ouvrir un passage aux curieux 
qui visitent la caverne. 

Celui qui entreprendra l'examen du sujet qui nous 
occupe, devra donc agir avec une grande précaution ; 
mais comme les os se rencontrent plus ‘abondamment 
dans les autres parties de la caverne où la croûté intacte 
de stalagmite ne laisse aucun doute sur l’âge relatif des 
sédimens , je recommanderais de choisir ces endroits aux 


| (36) 


personnes qui viendront après moi et qui pourraient dé- - 
sirer de rechercher les débris organiques de la grottes 
d'Osselles. ? 
Comme mes conjectures, en choisissant les emplace-. 
mens.qui me semblaient devoir contenir le plus proba-1. 
blement des ossemens , ont été confirmées à chacune des” 
quatre places que j” ‘ai choisies pour mes examens dans’ 
une aussi grande caverne, je ne puis terminer ce sujet. 
sans enseigner à d’autres la règle que mon expérience. 
dans cette partie de la géologie m'a fait adopter en ex— 
plorant le sol d’une, caverne inconnue et vierge ; c’estu 
simplément de choisir les régions les plus basses del. 
chaque couloir et de chaque chambre, aussi bien que” 
des! passages et des ouvertures latérales qui peuvent y 
communiquer; et après y avoir brisé et traversé les stai 
lagmites, de chercher les os dans le limon et parmi les 
cailloux roulés qui sont dessous. fr en? ‘# 
En suivant cette règle, j'ai été rarement trompé dans! 
mes espérances , par le choix de l'emplacement dans une) | 
caverne , quelque grande qu “elle füt , où des oss "étaient" | 
accumulés. } 
Fopsthnts la présence ou l’absence dbs stalagmites 
n’est qu’une circonstance accidentelle , sans fabortiil 
et.ne donne pas d'indice de l'existence ou de la non= 
existence de débris animaux dans le limon inférieur# 
elle est ordinairement limitée aux parties qui admettent | 
l’infiltration de l’eau par des crevasses dans là voûie où! 
dans les flancs , et, commençant de ces points, s "étend | 
souvent le long des côtés, et.sur le sol à une grande dis= | 
tance de la première source. 1) 


J'ai rarement vu une caverne dans le mea qui mans | 


À 


\ 


(317) 

quât entièrement de ces incrustations ; dans le plus grand 
nombre, elles couvrent environ un tiers de la surface 
du sol entier. Mais qu’elles soient présentes ou non, le 
limon diluvien et les cailloux roulés sont également su- 
jets à contenir les restes osseux des animaux’, quels 
qu'ils soient, qui ont habité ces cavernes ou qui y ont 
été entraînés avant l’introduction des matières terreuses. 

Je désire aussi mentionner un indice auquel j'ai déjà 
fait allusion , et que j'ai trouvé très-utile pour faire dis- 
tinguer les os anté-diluviens, que l’on rencontre dans 
les fentes et les crevasses, de ceux des animaux récens 
qui, dans les temps modernes, se sont introduits dans 
les mêmes ouvertures, et par accident ont été mis en 
contact avec des restes anciens d'espèces éteintes. C’est 
la propriété de happer à la langue, lorsqu'on les y ap- 
plique tandis qu’ils sont secs , propriété qui apparem- 
ment dérive de la perte qu’ils ont éprouvée de gélatine 
animale , sans qu’elle ait été remplacée par aucune ma- 
ière minérale, telles que nous en trouvons dans les os 
placés en lits dans des couches régulières. Cet indice 
’étend aussi aux os des brèches osseuses, des cavernes et 
es fentes , et à ceux de tous les dépôts superficiels de di- 
luvium, excepté lorsqu'ils sont trop argileux pour avoir 
ermis la filtration de l’eau; mais la propriété de hap- 
er n'appartient que très-rarément aux 0s de toute espèce 
’alluvion ou de tourbière. et n’existe pas non plus dans 
es ossemens humains que j'ai examinés, qui venaient 
les tombeaux romains d'Angleterre et des tombes 
ruides des anciens Bretons , ni dans aucun de ceux que 
‘ai découverts dans les cavernes de Paviland , Burring- 
n et Wokey Uole, et que j'ai décrits dans mon ouvrage 


( 318) 

\ intitulé : Réliquiæ Diluvianæ. 1] serait peut-être bon 
de faire cette.expérience du happement dans le cas:si dis+ 
puté des ossemens humains qui, suivant M. Schlotheimi, Y 
ont été découverts dans la caverne de Kostriz , en contact 
avec ceux de Rhinocéros et d’autres animaux éteints. S’ilsh 
ne happaient pas à langue et que les autresle fissent , cel 


. 
[LS 


serait, Je crois , une preuve décisive que ces os huma 
sont plus récens que ceux des quadrupèdes avec lesquels! 
quelque accident les aurait mis en contact, et ce serait 
alors un cas semblable à celui du squelette humain qué 
je découvris dans la caverne de Paviland , dans le payé 
de Galles méridional , qui évidemment avait été ensevelil 
dans le limon et le gravier diluviens , au milieu d'os 
d'Éléphans , de Rhinocéros et d’autres animaux anté=| 
diluviens , dont ce gravier est abondamment entremèlé 
(Voy. Reliquiæ Diluvianæ. p.82, pl. 2r.) 

Je trouvai que la faculté de happer existait à un! 
haut degré dans quelques denis d'Ours que je vis dans 
la collection de M. Fargeaud , professeur des sciences! 
physiques au Collége royal de Besançon. Sous ce raps 
port et,sous celui de leur conformation, elles étaient 
précisément semblables à celles que je trouvai si abônk 
damment dans la grotte d'Osselles. Ce professeur les 
avait reçues de M. Bouchat, maître de forges a Cher«! 
val, sur iles bords du Doubs, au-dessus de BesançonsM 
Ce dernier les avait extraites d’un minerai de fer qué! 
l’on travaille dans les environs. Un morceau de fer 
oxidé pisiforme, qui était resté attaché à l’une de ces. 
dents, offrait un échantillon dela matrice d’où on l'an 
vai prise; c’est le même minerai de fer qui fournit les" 
nombreuses forges du district oolitique de la Hante- (D 


( 319 ) 


Marne, où M. Brongniart a déjà découvert dans un 
autre endroit des os placés dans des trous et dans des 


ouvertures à la surface d’un roc de calcaire grossier. Le 
temps de visiter Cherval m’ayant manqué, je n’ai pas 
été à même de constater si le minerai de fer contenant 
les dents d’Ours venait d’une fente , d’une caverne, ou 
bien d’un de ces dépôts superficiels du diluvium ferru- 
gineux qui abondent sur les rocs oolitique de cette par- 
tie de la France. Dans l’un ou l’autre de ces cas, ces 
dents seraient anté-diluviennes et presque contempo- 
raines de celles de Ja grotte d'Osselles. 

+ L'on trouve souvent du minerai de fer pisiforme dans 
la vase diluvienne qui a rempli les cavernes et les fentes 
et que l’on rencontre sur la surface de l’oolite et d’autres 
calcaires ferruginifères. 

Ë Environ à une lieu N. ©. de Champlitte, j’observai 
sur le côté de la route , dans le roc oolitique , une fente 
entièrement remplie d'argile ferrugineuse , et près d'elle 
une masse isolée de brèches précisément identique avec: 
celles qui forment la matrice des os trouvés dans des. 
fentes , à Gibraltar et à Cette. Les fragmens de pierre 
‘ontenus dans cette brèche étaient du calcaire juras- 
sique compact. 


(32) 


Mémoue sur la famille des Rhamneées ; 


Par M. AnozPrne BroNGNrArT. 


à 
| LE 
Adanson , le premier, forma sous le nom de Jujua 


biers, une famille dans laquelle il plaça la plupart desk 


, genres qu’on à réunis ensuite sous le nom de Rham= 
nées ; mais il confondit avec ces plantes.les Rosacées à! 
ovaire simple, ou les Amygdalées et les Chrysobalanées 
qui cependant s’en éloignent par des caractères noms 
breux. ; ‘4 

Plus tard, M. de Jussieu, dans ses Genera planta= 
rum, traça avec bien plus de précision les caractères etlh 
les limites de cette familles, et pendant long-temps la! 
famille des Rhamnées fut admise telle que ce célébre 
botaniste l’avait circonserite : cependant M. de Jussieu! 
lui-même .avait prévu la nécessité de subdiviser cel 
groupe; et les sections qu’il y avait établies correspons | 
dent, en grande partie, aux coupes qu’on a été porté | 
à admettre plus tard comme des familles distinctes. 

M. Brown , dans ses remarques sur la végétation des 
terres australes fut le premier qui proposa la division de 
cette famille en deux : la première , à laquelle doivent se 
rapporter , dit-il, la plupart des genres des deux prez= 
mières sections du Genera de M. de Jussieu, a été éta* 
blie sous le nom de Célastrinées ; la seconde , qui con 
serve le nom de Rhamnées, renferme la plus grande 
partie des genres des troisième el quatrième sections du 
même ouvrage; enfin, plus tard, ce célèbre botanisié 
indiqua le genre Brunia (1), placé à la suite de cell 


(x) Dans l’appendice botanique du Voyage d’Abel à la Chine, p,#+ : 


(357 ) 


famille, comme type d’un ordré nouveau des Bru- 
niacées , groupe jusqu'alors connu très-imparfaitement , 
et dont nous avons exposé les principales modifications 
de structure dans un autre mémoire (1). 

Ces familles , admises par la plupart des botanistes , 
viennent d’être exposées dans leur ensemble par M. De- 
candolle dans le second volume de son Prodrome; la fa- 
mille des Célastrincées y est diviséé en trois sections 
très-naturelles, mais tellement distinctes que les deux 
dernières surtout, celles des Ævonymées et des Aqui- 
foliacées, me paraissent devoir former deux familles 
parfaitement caractérisées, el dont les places, dans la 


série naturelle, devraient même probablement être fort 
éloignées. Les limites de la famille des Rhamnées y 
sont lracées avec précision , à l’exception de quelques 
‘genres jusqu'alors mal décrits et qui doivent en être 
exclus, et de quelques autres qu'un examen approfondi 
oblige nécessairement à diviser ; telles étaient les con- 
haissances qu'on possédait sur les plantes autrefois rap- 
portées par M. de Jussieu à cette famille, lorsque Je 
Youlus soumettre leur ensemble à un nouvel examen. 
Mais bientôt je vis que les Rhamnées, les Bruniacées 
ét les Célastrinces formaient des groupes trop diffé- 
rens les uns des autres pour pouvoir les comprendre 
ans un même travail; leurs affinités , telles que je les 
Concois, me paraissent en eflét devoir les ranger dans 
des classes très-différentes du règne végétal , et lé- 
tüde que je fis des Célastrinées me prouya que cette fa- 
mille se compose de deux familles très-différentes , les 
Célastrinces proprement dites, à la suite desquelles 
{0 Voyez les Annales des Sciences naturelles ,t. vrit , août 1826. 


X: 21 


( 32a ) 
doivent peut-être se ranger les Staphyléacées de M. De: 
candolle, qui cependant s’en éloignent sous beaucoup 
de rapports , et les {icinées ou Aquifoliacées du mème 
auteur. 
Je vais exposer en peu de mots les caractères compa- 
ratifs de ces trois familles, les Rhamnées, les Célas- 


trinées et les Îlicinées, celle des Bruniacées ayant été! 


déjà étudiée dans un autre travail; ensuite je m’occu- 

perai particulièrement des Rhamnées proprement dites. 

$ 1°. Comparaison des familles autrefois comprises 
\ 

parmi les RaAmNÉESs. 


Tous les végétaux qui font partie de ces diverses 
familles ont ce caractère commun d’être des arbres 
ou plus souvent des arbrisseaux, assez fréquemment 
roïdes et épineux, presque tous à feuilles simples ; mais 
du reste leur port varie trop dans chaque famille en 
particulier, pour qu’on puisse les comparer entre elles, 
sous ce rapport; ce sont donc les organes de la fructifi= 
cation que nous devons nous borner à examiner. à 

Dans les Rhamnées, le calice offre un tube toujours, 
très-distinct, plus ou moins évasé, couvert intérieure 
ment par un disque charnu , et dont les divisions pré= 
sentent la préfloraison valvaire. 

Dans les Célastrinées, la partie évasée qu’on a re 
gardée comme analogue au tube ouvert de certaines 
Rhamnées, me paraitrait d’une nature très-différente, 
et n'être, en grande partie du moins, que le sommet 
élargi du pédoncule, comme on l’observe dans plu: | 
sieurs familles avec lesquelles- les Célastrinées parais-| 


| 


(335) 


sent avoir de l’analogie. Le calice ne serait donc formé 
que par la partie la plus externe de cette expansion , et 
par les cinq lobes qui la bordent, et qui sont imbri- 
qués dans la préfloraison. Le disque qui couvre cette 
partie élargie serait alors hypogyne et non pas périgyne. 
- Dans les Ilicinées, la structure du calice est assez 
analogue à celle que nous venons de décrire dans les 
Célastrinées ; mais les pédoncules sont moins élargis au 
sommet , et il n'existe aucune trace de disque. 
+ Les pétales , dans les Rhamnées , s’insèrent évidem- 
ment au calice , soit immédiatement entre les divisions, 
soit sur le bord du disque; et dans ce cas, leurs vais- 


seaux , ainsi que ceux des étamines, ne traversent pas’ 


ce disque, mais rampent entre lui et les parois du ca- 
lice ; ces pétales sont toujours onguiculés , et leur limbe 
est en forme de capuchon ou enroulé autour des éta- 
mines. | 

Dans les Célastrinées, les pétales fort larges au con- 
traire à la base s’insérent au pourtour même du disque: 

Dans les Ilicinées , ces organes sont le plus souvent 
soudés entre eux et forment une corolle monopétale pro- 
fondément divisée qui s’insère immédiatement sous l’o- 
Vaire sans aucun intermédiaire: 

Les étamines opposées aux pétales et s’insérant'avec 
éux sur le calice, forment un des caractères essentiels 
des Rhamnées ; elles alternent avec les pétales dans les 
deux autres familles. Dans les Célastrinées, elles sont 
fixées sur le disque, souvent vers son milieu-et très- 
[loin du bord externe (dans les Evonymus, Elæoden- 
dron ); leurs vaisseaux traversent le disque lui-même, 
ct leur mode d'insertion. dépend par conséquent de la 


( 324 ) 


manière don ion considérera ce disque. Dans la plupart: 
des Ilicinées, comme dans presque tontes les plantes 
à corolle monopétale, les filets des étamines sont soudés 
avec la corolle, à la base seulement, il est vrai, et s’in- 
sèrent avec elle sous l'ovaire. 
. Les anthères elles-mêmes offrent dans ces trois fa- 
milles des différences très-marquées : dans les Rham- 
nées et les Célastrinées , le connectif est distinct du fila- 
ment et l’anthère est mobile. Dans les Ilicinées, au con- 
traire, lé connectif n’est que la suite du filament, et les 
deux loges de l’anthère sont adnées sur ces côtés. Ç 
Nous ayons déjà indiqué, en parlant du calice, les 
‘différences très-grandes que présente le disque dans ces! 


trois familles ; il est évidemment calicinal dans les 
Rhamnées , et il en résulte l’adhérence fréquente de cet” 
organe et de l'ovaire. Il me paraît hypogyne dans les! 
Célastrinées, dans lesquelles il adhère plus ou moins” 
intimement à l'ovaire, qui cependant n’est jamais uni 
au calice ; enfin il manque complètement dans les Ilici= 
nées. 

L'ovaire ofire les caractères les plus tranchés de ces 
trois familles. Dans les Rhamnées, qu’il soit libre ou 
adhérent , les loges au nombre de deux, de trois, ou! 
plus rarement de quatre , sont monospermes ; l’ovule est 
dressé , et le trou du testa est toujours dirigé vers l’axe du! 
fruit, soit que le raphé soit extérieur ou latéral. Dans les 
Célastrinées, l'ovaire est également à deux, trois oùl 
quatre loges qui renferment chacune un où plusieurs 
ovules insérés à l’angle interne, Ces ovules sont super 
posés et dressés (1), mais leur raphé est toujours in-| 


(1) M. Brown regarde plusieurs Eronyÿmus comme formant une ex- 


4 | 


( 535) 

terne, tandis que le trou du testa est infériéur et ex- 
tèrne ; ces graines sont portées sur un cordon ofbi- 
lical qui, après la fécondation, se développe lé plus 
souvent sous la forme d’un arille charnu (2). Enfin, 
dans les Ilicinées , les loges, dont le nombre varie de 
deux à six, sont monospermes , et l’ovule est suspendu 
au sommet de la loge par un cordon ombilical court , 
qui embrasse l’ovule comme une sorte de cüpule, mais 
qui ne prend jamais d’accroissement après la féconda- 
tion, Dans ces ovules le raphé est toujours aw côté ex- 
terne ou opposé à l’axe (3). 

* Le fruit et la graine offrent des différences égale- 
ment tranchées. Le fruit est tantôt-charnu , tantôt cap- 
_sulaire dans: les Rhamnéés | présque toujours eapsu- 
laire dans les Célastrinéés , toujours bacciforme dans les 
Ilicinées. Dans les premières, lorsqu'il est déhiscent, 
ce sont des coques distinctes :s’ouvrant intérieurément ; 
dans lés secondes ; les valvés portent la eloison sûr léur 
digne médiane ; enfin dans les dérnières , : chaque loge 
forme une a ce indéhiscénte, 


'eeption à cette-règle et comme ayant l’ovulé suspédilue Ceperidant je 
l'ai toujours trouvé dressé à l’ époqué dé la floiaiséns; mais dans plasieurs 
gspèces il.change de direction pendant la maturation, et là :grameest 
suspendue : c’est ce qu’on observe même dansle Fusdin commun. 

(2) Cet arille manque dans quelques geures , tels que les Zlænden- 
‘äron, et le Rubentia de M. de Jussieu, qui en diffère à peine. Il est très- 
Pons dans à Polycardia. PT RETE ta 

..(3) M. Brown, dans l'important travail qu’il vient de publier sûr la 
Mtructure de lovule (woÿ. les Annales des Sciences naturèlles, 1. vu, 
p- 511), établit d’une manière générale qui, dit-il, ne ‘souffre que très- 
peu d’exceptions que le raphé, dans l’ovule, est. toujours placé du 
côté qui correspond au placenta. Cependant les exceptions à cette règle 
me paraissent assez fréquentes, et sur les trois familles que nous exa- 
minons ici, deux me paraissent étre de ée nombre Dans 1és Rhamnées, 


( 526 ) 

La graine est assez semblable dans les Rhamnées et 
dans les Célastrinées , à l'exception de la présence fré- 
quente de l’arille dans ces dernières ; dans ces deux fa- 
milles, elle renferme un embryon très-grand presque 
égal à la graine, droit et plan , environné sur les côtés 
par un endosperme jaunâtre, charnu. Dans les Iici-, 
nées , au contraire, l'embryon est très-petit; et l’endos- 
perme, très-blanc, presque farineux , oceupe la plus, 
grande partie de la graine. Quant à la position de Ja ra- 
dicule, elle est une suite nécessaire de l'insertion et de 
la structure des ovules , c’est-à-dire qu’elle est inférieure 
dans les Rhamnées-et dans les Célastrinées (1), et supé- 
rieure dans les Ilinicées. ï 

Il me paraît résulter de la comparaison de ces trois 


familles, non-seulement qu’elles sont irès-distincies, 


il est évident qu’on doit regarder le placenta comme central , puisque le 

tissu * destiné à mettre le stigmate en communication avec l’ovule suit | 

l'axe de l’ovaire ; cependant, dans les vrais Rhamnus, le raphé est exe 
- térieur, et dans tous les autres genres il est latéral. Dans les Ilicinées}, 
les vaisseaux nourriciers suivent également l’axe du fruit et indiquent} 
par conséquent un placenta central ; cependant le raphé est toujours ex= 
terne. Ïl est possible que M. Brown n’ait prétendu appliquer cette règle) 
qu'aux plantes dont les loges de l’oyaire renferment plusieurs ovules 

insérés le long de l’axe central, et dans lesquelles il yapar conséqUeM 


un placenta bien déterminé. REA Fa 


” # Dans toutes les plantes où j'ai cherché les prétendus vaisseaux fécondans venant du stig= 
mate à l’ovnle, je n'ai trouvé qu’un tissu cellulaire assez lâche, à cellules allongées fors 
mant un faisceau limité, ne contenant pas de globules verts, et se distinguant ainsi du 


parenchyme de l'ovaire: jamais je n'ai pu yÿ découvrir de vaisseaux d'aucune espèce, J'ai 


Jia particnlièrement ces observations sur des ovaires monospermes et à oyulesuspendu, pare@ 


‘qu 'alors on ne risque pas de prendre les vaisseaux nourriciers, soit de l'oyule, suit du pé= | 
ricarpe on du style, pour des vaisseaux fécondans. C'est par cette raison que je “empld l 


pas le terme de vaïsseaur ; mais Jebt de tissu, | 


31 

le 

(1) À moins que la graine v’ait changé.de position Foire la malu- | 
ration, comme cela a lieu dans quelques Evonymus.. ru | 


| 
| 


+ (327) 

mais qu’elles doivent occuper des places très-éloignées 
dans l’ordre naturel. 
»* Je ne parlerai pas pour le moment des affinités des 
. Rhamnées proprement dites; je me réserve de les dis- 
cuter , lorsque j'aurai fait connaître leur structure avec 
plus de détail. 

_ Les Célastrinées me semblent avoir beaucoup plus 
d’aflinité par la plupart de leurs caractères avec plu- 


sieurs familles à étamines hypogynes, qu'avec aucune 
de celles à étamines périgynes, et ce serait particuliè- 
‘rement avec les Malpighiacées qu’elles me sembleraient 
avoir le plus d’analogie, surtout par l'intermédiaire des 
Hippocratéacées , rapprochées des Malpighiacées par 
M. de Jussieu, et que M. Brown regarde comme à 
peine distinctes des Célastrinées. 


C’est bien loin de ces familles que les Ilicinées me pa- 
| raissent devoir se ranger, et je serais porté à adopter à 
leur égard lopinion avancée avec doute par M. de Jus- 
sieu dans le Genera plantarum , et admise par M. De- 
candolle dans la première édition de sa Théorie élémen- 
taire , opinion qui consiste à les placer par mi les Mono- 
pétales auprès des Sapotées ou plutôt des Ébénacées (1), 
quoique cette manière de voir ait été abandonnée par 
ce sayant botaniste (2), et que dans les ouvrages les, 
plus récens et les plus estimés où les végétaux sont dis- 
tibués d’après leurs affinités naturelles (3), ces plantes 


; { 1) En les comparant aux Ebénacées, j'exclue de cette famille, avec, 
la plupart des botanisies , les Styracées. 

. (2) Prodromus systematis naturalis ,11, P. 69. 

(3) Kunra, Vova Genera,t. vit, p. 69. — Nous ne concevons pas 
quelle raison a pu déterminer M. Don ( Prod. for. nepalensis , p. 188) 


(328) 


soient réunies aux Célastrinées. Cependant la forme du 
calice et de la corolle , la disposition des étamines ; leur 
mode d'insertion, et surtout la structure de l'ovaire et! 
du fruit, me paraissent . les éloigner beaucoup. de cette 
famille, et s'accorder , au contraire e presque complè- 
tement avec ce qu’on observe dans les Ébénacées , qui 
ne diffèrent essentiellement des Ilicinées que par des ca- 
ractères d’un ordre secondaire, tels .que leur calice et 
leur corolle moins profondément divisés, leurs éta- 
mines en nombré souvent multiple de celui des pétales, J 
leur style quelquefois divisé, leur ovaire dont les loges 


= 


renferment dans plusieurs genres. deux ovules collaté- 
raux , enfin leur fruit dont les loges ne sont pas osseuses 
comme dans la plupart des Ilicinées (1). 


à placer les Z/ex parmi les vraies Rhamnées,, dont ils s’éloiguent encore. 
plus que des Célastrinées. ss 

(1) On peut résumer ainsi Les caractères des Célastrinées et des Iici-, 
nées ; on rémarquera cependant que ce caractère ne $’applique qu aux 
Célastrinées proprement dites, et non aux Staphyleacéés; qui nous. 
semblent devoir étre rangées à la suite de cette famille, comme genres 
analogues. ! Su tÉ fl 008 
| y L'efTS9 01 | 54 

CELASTRINEÆ, D noftfiqo <> 

Calyx fobiolis 4-5 ad marginem tubi expansi sat thabmi 3) insertis s 
obtusis ;) imbricatis. Petala sepalis alterna, » oblonga, plana , HIER 
nosad, basi latà sub margine disci affixa, i in préfloratione TA 
Stamina cum petalis alternantia ; disco vel 4d miarginem vel! ad: parternh| 
mediam et superiorem inserta ; antheris bilocularibus:; iutrorsis ; 5 cod. 
nectivo à filamento distincto. Discus MagQus ; EXPANSUS, planus , » 9Var 
rium arctè cingens, calycis partem planam (an potids thalamum ? ), 
tegens. Ovarium liberum, disco immersum et aduatum, 3-4-loculare ; 
loculis 1 - polyspermis , sy engulo intériori loculotum podospermio, 
brevi, angusto, afhxis, ascendentibus ; foramine testæ _infero ; Tan) e | 
interiori. | 
Fructus aunquam : adhærens ; el capsüla 3 3- 4 igculauis, 3-4-valyis a | 


(329 ) 


Après avoir indiqué les caractères et les: affinités des 
_ familles qu’on avait autrefois confondues avec les Rham- 


. nées, nous allons exposer avec plus de détail la struc- 

ture des Rhamnées proprement dites. 

© SI. Organisation des Rhamnées. 
ft AO! /K ru : 15 


Tige, Tous les végétaux qui appartiennent à-cette fa- 


mille sont-des arbrés de moyenne taille ; des arbustes ou 
des, sous-arbrisseaux *, ue seule espèce est herbacée ; 
leurs rameaux nombreux, presque toujours alternes , 


valvis medio septiferis, vel drupa ECS nuce 1-2-loculari loculis 

mono vel polyspermis. Semina ascendentia vel rarius resupinatione sus- 

pénsas drillata WéDin quibusdani duda! Æhdospériiiüm athlon. Em 

bryo vectus, cotyledonibus :planis ; erassis , applicätis; tradieulà brevi 
.inferà. ” . : 


'PAS7 , | : fJ 
Frutices, foliis alternis vel oppositis , simplicibus , subcoriaceis, in- 
} : L : 1 : AIPPIIEIE 15 l 
tegris vel dentatis , penninerviis ; floribus axillaribus , cymosis. 


Î s 4 n 


| niiq qi fe 29748 ILICINEÆ: OSSI 5 291 4 
_Calyx 4-6-phyllus ,-foliolis parvis; obtusis; imbricatis. Corolla sub: 
monopetala » profundè divisa; petalis erectis » Superiüs. patentibus ;, in 

“præfloralione imbricatis , sub ovario insertis. Stamina petalis alterna , 

éorollæ inserta ; Rent LR : connectivo conlinuis; antheris bilo- 

*cularibus ; loculis filamenti lateribus aduatis. Discus nullus.' Ovarium 

carnosum, craséufn,, Subtruncatum:; 2-6-loculäre ; loculis parvis, ! mo- 
Robyn guulunx ex apice oeuli peadalan, padosgertnio; cupulee 
formi suspensum et superiûs cinctum , foramine testæ superiori et inte- 

Dre One teionfr Sn dbeesate” fobalèm. "| 

». Fructus baccatus!, fetus pyrenis 3-G-indéhiscéntibus!, lignosis vel fi- 

| brosis. Semen suspensum., subsessile. ÆEndpsperrhium Imagnum ; carno- 
Sum. E£mbryo parvus,, bilobus , radiculà super, 1, 1,43; 

Frutices , folis alternis vel oppositis ,sæpius coriaceis , glabris , in- 

: tegris vel aculeato-dentatis : penninervüs ; floribus arillaribus ; ‘solita- 

rüs(ré) fasciculätis } péduntulis simphcéibus in quibusdam dichotomis 
chmbsis. ” IuuEs *19p ) 1 | 


( 3301) 

sont ordinairement cylindriques , rarement anguleux. 
Dans quelques genres , ils sont rapprochés par paires, 
sans être exactement opposés ; dans les seuls genres Col- 
letia et Retanilla, ils sont régulièrement opposés. 

Dans plusieurs espèces de cette famille , l'extrémité 
des rameaux , ou de jeunes rameaux latéraux tout en- 
tiers, se transforment en épines roides et acérées ; c'est 
ce qui donne naissance aux épines de certaines espèces 
de Rhamnus, de Sageretia, de Scutia, de Colletia et 
de Cryptandra. 


Feuilles et Stipules. Les feuilles sont toujours sim 
ples , le plus souvent:alternes : elles ne sont réellement 
opposées que dans les genres Colletia et Retanilla. 
Les nervures qui les parcourent affectent deux modes 
de disposition particuliers : tantôt elles sont pinnées ets 
toutes égales et parallèles , plus ou moins rapprochéesw 
et régulières ; tantôt les deux inférieures , beaucoup plus 
fortes , plus longues et plus obliques, donnant elles- 
mêmes naissance en dehors à des nervures secondaires, 
très-marquées , font paraitre ces feuilles à trois nervuresw 
principales. | Le 

Dans la plupart des plantes de cette famille, on rcotitél 
sur la tige , des deux côtés de l'insertion du pétiole, deux 
petites stipules, qui n’adhèrent aucunement au pétiole, et 
qui tombent presquetoujours assezpromptement. La pré- 
sence de ces stipulesest cependant loin d’être constante} 
elles manquent dans plusieurs genres (Phy lica, Soulan- 


gia, Colletia , Retanilla, Cryptandra): dans d'autres ; || 


au contraire, ces stipules prennent un grand développe- 
ment et se changent en deux aiguillons forts et roïdes. 


(“331 

C'est ce qu’on obsérve dans la plupart des espèces de 
Zizyphus et de Paliurus. Dans les Zizyphus, genre très- 
mombreux et très-naturel , tantôt les deux stipules sont 
petites, foliacées et caduques; tantôt l’une (celle qui 
correspond à la surface supérieure de la feuille) avorte 
ou reste membraneuse et caduque, l’autre se change en 
un aïguillon très- fort et recourbé. Dans d’autres espè- 
ces enfin, toutes les deux se changent en aiguillons. 

En général, ces aiguillons , très-faibles et très-petits 

sur les jeunes pousses, ne prennent leur développement 
complet, et n’acquièrent cette force qui en forme des 
armes redoutables, que sur les rameaux de l’année pré- 
cédente, ou du moins après la floraison. 

On voit que les épines dont sont armées beaucoup de 
plantes de cette famille , ont deux origines très-différen- 
tes; ce sont tantôt des rameaux avortés et tantôt des sti- 
pules qui ont acquis un développement particulier. 


Inflorescence. La disposition des fleurs est tellement 
variée dans cette famille, qu’il est difhcile de la bien 
faire connaître d’une manière générale. Dans toutes ces 
plantes cependant c’est une inflorescence générale, in- 
déterminée ou indéfinie , composée d’inflorescences par- 
Mielles , axillaires, définies ou quelquefois elles-mêmes 


in définies (x). 


él (x) Voyez , pour Vespliention de ces diverses expressions, l'intéres- 
ARE Mémoire de M..Rœper sur Y’inflorescence , dont nous allons cepen- 


dant rappeler ici les principaux résultats. Sous le nom d’inflorescence 
défiuie ou déterminée, M. Rœper comprend celles dans lesquelles la 
tige ou.le rameau principal est terminé par uné fleur accompagnée d’au- 
tres fleurs naissant des aisselles des feuilles inférieures alternes ou op- 
posées; ce qui donne naissance aux inflorescences en cymes , en glome- 
rules, ou en fascicules. Dans ces modes d’inflorescence , c'est toujours 


LS 


(13529) 


Dans le plus grand nombre de Rhamnées, les fleurs: 
soc axillaires , rarement solitaires , le plus souvént réu- 
nies plusieurs ensemble , et adoptant alors deux modes 
principaux d’inflorescénce, qui, par l'avortement des 
feuilles aux aisselles desquelles elles se développent, 
donnent naissance aux divers modes d’ inflorescence ter 
minale qu’on observe dans cetté fâmille. 

Les fléurs axillaires sont , en effet , ou en cymes dicho- 
tomes terminées comme on l’observe dans les Zizyphus, 
Paliurus, Hovenia , qui, par la réduction de ces cy= 
mes , forment souvent des fascicules sessiles , comme on! 
le voit dans béaucoup de Zizyphus et de Rhamnus, où 
en grappes à pédoncules simples, commé dans les Ala2 
térnes , les Retanilla et la plupart des Colletia. Cette 
dernière disposition donné naissance , par le rACCOUÉCIS=" 
sément de l’axée: de la grappe ;aux fleurs len onbelles 
des Soutia ; ou aux fleurs fasciculées à pédoncules-sim2 
ples de plusieurs Rhamnus. 


la fleur centrale ou terminale qui s’épanouit la première ; les fleurs infés 
rieures ou de la circonférence ne se développent que plus tard. Dans. des | 
inflorescences indéterminées où indéfinies , dont l’épi ou la grappe nous | 
offrent le meilleür exemple il n’y a pas de flèur terminale ; ét les fleurs | 
naissant de l’aisselle de bractées plus ou moïns rapprochées fleurissent 
toujours de bas en haut. Mais ces divers modes d’inflorescence peuvent 
se combiner ensemble et donner lieu à des formes très-yariées, qu ’on 1e 
me paraît pas avoir bien distinguées ; ainsi, les panicules ue sont Gi. 
souvènt) simplement ui épi iow üné? grappe rameusé du cotiposée) de! 
grappes secondairés ; souvent'elles sont formées de.éÿymes, de fascicules, 
ou de glomerules réunis sur des rameaux nustoudont les feuilles: se sont | 
réduites à des bractées! et dans ce cas le développement de l'inflores- | 
cence générale est: celui des inflorescences inidétérfhinées ; et/celui de | 
chaque faisceau de fleur ést lé même que celui des inflorescencus déter- | 
minéèss c'est ce düi à lieu däns la/plopart dés’ Rhémnées + fleurs én 
panicules, GE 29 Lo «29108 


C8 ) 

Dans le premier mode d'inflorescence , soit que la 
cyme bien développée soit facile à reconnaître , ou que, 
plus réduite, elle ne forme plus qu’un amas de fleurs 
sessiles , ce sont toujours les fleurs centrales qui se dé- 
veloppent les premières; dans le second, ce sont au con- 
traire toujours les fleurs externes. 

Ces deux modes d’inflorescence portés par des ra- 
meaux dépourvus de feuilles ou n’ayant que des bractées 
plus ou moins développées, forment des panicules ou 
tout-à-fait terminales ou sortant elles-mêmes de l’ais- 
selle d'une feuille, et dans lesquelles le développement 
général de l’inflorescence a lieu de bas en haut , comme 
dans les inflorescences non terminées ; tandis que le dé- 
veloppement de chaque aggrégation partielle de fleur a 
lieu ou de bas en haut, ou du sommet à la base, selon 
que ce sont des grappes réduites ou des cymes conden- 
sées qui forment ces groupes de fleurs. C’est ce qui fait 
que, dans la plupart des inflorescences en panicules ou 
en épis des plantes de cette famille, les fleurs sont dis- 
posées par fascicules interrompus, comme on l’observe 
dons les genres Sageretia, Berchemia, Ventilago, 
Gouania, Ceanothus. Enfin, il est un dernier mode 
d'inflorescence qui n’est propre qu’à un petit nombre de 
genres ; c’est l’épi ou la grappe terminale, réduite dans 
Ja plupart des cas à un capitule : on l’observe dans les 
Cryptandra, Phylica, Soulangia et Trichocephalus , 
dans lesquels les fleurs sont aussi quelquefois solitaires 
à l’aisselle des feuilles supérieures. 


Calice. Quoique assez variable dans sa forme , le ca- 
lice offre dans sa disposition et sa structure, un des ca- 


(334) 


ractères les plus constans de la famille des Rhamnées ,* 
son tube, plus ou moins ouvert, varie depuis la formé 
presque cylindrique jusqu’à celle tout-à-fait plane. Il se 


termine par quatre ou cinq divisions triangulaires plus! 
ou moins aiguës , qui, dans la préfloraison, sont exac+ 
tement appliquées les unes contre les autres, sans se 
recouvrir aucunement. bi 

Dans le plus grand nombre des plantes de cette fa=t 
mille, les divisions du calice sont couvertes intérieure 
ment par une sorte de couche charnue et lisse, quil 
forme sur leur milieu une crête plus ou moins mar+ 
quée, se terminant vers l’extrémité des divisions par unh 
tubercule charnu (1); cette couche charnue, qui est! 
nulle ou à peine sensible dans les genres où le disqueh 
est bien limité, tels que les vrais Rhamnus, les Col=h 
letia , ne serait-elle pas une sorte d’expansion de la sub4 
stance de ce disque? du moins il est certain que cetteh 
surface interne a un aspect particulier , qu’on n’observeh 
pas sur les calices de la plupart des autres plantes, et 
qui est semblable à celle du disque. 4 


Disque. Aucun organe dans cette famille ne présenteh 
des modifications plus nombreuses et plus importantes 
pour la classification que le disque : dans tous les! 
genres, il adhère à une partie plus ou moins étendu@ 
du calice; tantôt il ne couvre que le fond de cet organe À 


À | 

(1) Cette crête et ce tubercule saillant paraissent produits par la! 
compression des pétales et des étamines sur les parties voisines, com- 
pression qui, par suite de la forme particulière de ces organes, ne peut 
pas avoir lieu sur la ligne moyenne, et surtout vers le sommet des divis h 


sions du calice. : 


(335) 


sans s'étendre sur le reste du tube , commé on l’observe 
dans le genre Colletia ; dans la plupart, au contraire, 
il s'étend jusqu'à la partie supérieure du tube, et là il 
est limité par un rebord ordinairement assez saillant. 
Sa forme, alors, dépend de celle du iube du calice; 
dans les calices urcéolés, comme ceux des Rhamnus, 
Sag geretia, Scutia , il tapisse cette cavité, et enveloppe 
plus ou moins étroitement l'ovaire, sans lui adhérer. 
Dans les Zizyphus, Paliurus, Hovenia, Colubrina, 
il remplit la cavité peu profonde du calice, et entoure 
V ovaire, auquel il adhère en partie, d’un anneau large, 
plat et pentagone. Par cette adhérence partielle à l’o- 
vaire , il détermine la persistance du tube du calice au- 
iour de cet organe; et, suivant la forme du calice, sa 
plus ou moins grande adhérence, et le développement 
qu'il acquiert pendant la fructification , le fruit est ou 
semi-adhérent, ou simplement entouré d’une sorte de 
cupule à sa base. Dans quelques genres à ovaire com- 
plètement adhérent, tels que les Soulangia et les 
Gouania, le disque non-seulement sert de moyen d’u- 
nion entre le calice et l’ovaire, mais recouvre ce der- 
nier organe d'une couche épaisse, limitée, et forme 
ainsi un disque épigyne très-distinct. Dans des genres 
“très-voisins de ceux-ci, le disque paraît manquer com- 
plèiement, c’est-à-dire qu’on ne voit pas de couche 
charnue, épaisse, couvrant une partie limitée du calice 
ou de l'ovaire ; mais il nous paraîtrait plus d'accord avec 
Jes analogies, d'admettre que däns ce cas le disque couvre 
toute la surface interne du calice, d'autant plus que dans 
certains de ces genres ; le calice est enduit intérieure- 
went depuis sa base jusqu’à l'extrémité des divisions, 


(336 ) 
par une :couche eharnue ; épaisse , et parfaitement dis- 
tincte de la membrane propre dé cet organe : tels ‘sont 
les genres Phylica , Trichocephalus , Retanillu. De 
ces genres ; oh passe par dés intermédiaires insensibles 
aux Cryptandra et aux Pomaderris, dans lesquels le 
disque paraîtrait manquer entièrement dans la pluparti 
des espèces; tandis que, dans d’autres ( Cryptandrar 
amara), il forme une couche assez épaisse sur tout le 
calice ; d’où nous devons conclure que, dans les autres ,. 
il est seulement réduit à une ténuité telle, qu’il ne fait 
que donner à la surface interne du calice un aspect gras. 
et comme cireux tres-particulier. Deux observations. 
viennent à l'appui de cette opinion , c’est 1°: l'aspect 
tout-à-fait différent du calice dans les Colletia, où lé” 
disque est parfaitement limité au fond du tube , et dans! 
944148 


! 


lesquels le calice est mince et membraneux; © 
forme étoilée du disque dans les Gouania , où éés! 
lobes triangulaires du disque qui correspondent aux di- 
visions du calice, paraîtraient analogues à la couché 
charnue qui ordinairement adhère à ces divisions, et 
qui dans ce cas serait libre et distincte. Enfin le change- 
ment de ces lobes du disque des Gouania en étamines, 
changement que j’ai observé dans une espèce, pour- 
rait porter à admettre que la couche charnue , et sur-" 
tout la crête et le tubercule qui couvrent intérieurement 
les divisions du calice de la plupart des Rhamnées , sont 
produits par l’avortement des étamines qui, dans la 
plupart des végétaux, sont opposées à ces divisions , éta- 
mines qui manquent dans toutes les plantes de cette fa 
mille , dans laquelle on n’observe que des étamines op- 
posées aux pétales: 


( 337 

Pétales. Les pétales altérnent toujours avec les divi- 
sions du ‘éalice, et sont insérés au sommet du tube à 
l'angle: même formé par la réunion de ‘ses divisions. 
Dans la plupart des gegres, ils s’insèrent au bord du 
_ disque qui tapisse’ce tube, ét leurs vaisseaux unis à 
ceux des étamines forment ‘un faisceau qui descend 
entre le disque et Îe calice Jui-mème ; cépendant dans 
les Colletia, dont le disque n’occupe que le fond du 
calice, les pétales sont égalément insérés auprès de l’o- 
rifice sur le calice lui-même ; l'insertion périgyne est 
donc parfaitement caractérisée dans cette famille! 


1 Étamines. Va position: des étamines devant les pé- 
‘tales est:un des, caractères les plus remarqüables des 
Rhamnées. Celte position, et mème leur légère adhé- 
rence avec l'onglet des pétales, détermine. nécessaire- 
Pment une même insertion dans ces deux organes; les fi- 
lets ainsi soudés à la base des pétales , sont presque tou- 
jours plus courts qu'eux ou très-peu plus longs; ils 
sont aigus au sommet, et cette pointe donne attache au 
_connectif de l’anthère , qui est ainsi vacillante. 

“ Ce dernier organe pré$ente deux formes ou plutôt 
deux modifications remarquables d’une même structure, 
qui montrent clairement comment certaines antlhères 
loculaires résultent de la réunion des deux loges qui 
composent les anthères ordinaires. Dans le plus grand 
“nombre des plantes de cette famille; les anthères sont 
“ovales, à deux loges oblongues, parallèles ou un peu 
plus rapprochées vers le haut, légèrement divergentes 
“vers le bas : chaque loge s'ouvre par une fente longitu- 
dinale, qui s’étend sur le côté interne , du sommet à la 


X. — Avril 1827. , 22 


(338) 


base. Dans d’autres genres, tels que les Rétanilla, les 
Trichocephalus , les Soulangia, la plupart des Colletiæ 
et des Phylica , les deux loges de l’anthère se rénnis= 
sent complètement par.en haut : cependant, dans quel 
ques espèces , une échancrure assez profonde indique) 
encore la réunion des deux loges; les deux fentes se 
confondent aussi en une seule fortement arquée , et on! 
a ainsi une anthère réniforme, à une seule loge s’ousll 
vrant de haut en bas par une fente courbe , et ayant; 
lorsque la valve inférieure est abaïssée , une forme tout 
à-fait circulaire. Il est évident ici que ces anthères unis 
loculaires , sont le résultat de la confluence des deux 
loges d’une anthère biloculaire, et non pas de l'avor- 
tement d’une des deux loges, comme cela a lieu dans 
d’autres familles. Toutes ces anthères sont fixées aû son 
met du filament, par un connectif très-petit et à peine} 
distinct; elles sont introrses dans presque toutes les es} 
pèces ; deux plantes seulement de cette famille ont offerth 
jusquà présent des anthères extrorses : ce sont le Zizy=} 
phus havanensis Kunih, et le Rhamnus Sarcompha= 
lus L. (1}, espèces dont la position sera très-difficile à 
fixer, tant que leur fruit ne sera pas connu. 

Je n’ai examiné le pollen que sur un petit nombre 
d'espèces, cependant dans toutes les plantes de genres 
assez différens où je l’ai observé, il s’est présenté sos 
la forme de globules forts petits, elliptiques et mar- 
qués d’un sillon longitudinal lorsqu'ils étaient secs, 
sphériques et portant quelquefois trois ou quatre ma: 
melons saillans lorsqu'ils avaient été humectés : jamais! 
je ne les ai vus éclater brusquement sur l’eau. ; 


(x) KRunr& , Vos. Genera et Species, t, vix,p. 57. 


( 339 ) 


Pistil. Peu de familles présentent plus d’uniformité 
dans la structure du pistil que celle des Rhamnées. L'o- 
vaire, ou complètement libre, ou plus ou moins adhérent 
au tube du calice, est surmonté d’un style simple ou 
divisé en un nombre de branches égal à celui des loges 
de l'ovaire. Le stigmate simple ou lobé qui termine le 
"style unique ou ses rameaux , est en général fort petit, 
hil ne forme à leur extrémité qu’une surface peu éten- 
‘due , couverte de papilles. Le nombre des loges de l’o- 
vaire varie de deux à quatre ; dans le plus grand nom- 
bre des génres-cet organe est à trois loges ; dans quelques 
MRhamnus il est à quatre loges , et dans les genres Zizy- 


\phus , Ventilago, Berchemia, ainsi que dans quelques 
espèces de Scutia et de Rhamnus, il est réduit à deux 
loges séulement. Chaque loge ne renferme jamais qu’un 
seul ovule (r) qui s’insère au fond même de la loge, et 
“qui est par conséquent dressé. Tantôt cet ovule est com- 
mplètement’séssile, comme dans les Rhamnus, Zizy- 
phus, Colletia, Crouanta; tantôt il est porté sur un 
cordon ombilical assez court , il est vrai, mais qui pa- 
ait jouer un rôle important dans la fécondation , et qui 
prend un plus grand développemeut après cet acte. 


Li 


». Ovules. Dans les ovules , avant l’imprégnation, j'ai 
toujours trouvé la membrane interne libre et bien dis- 
tincte du testa; mais en étudiant ces ovules plus tard, 


(1) La seule exception connue existe dans le Rhamnus humboldtiana, 
où M. Kunth (/Vov. Gen. et Spec. , t, vi, p. 52) a observé un ovaire 
à deux logés renfermant chacune deux ovules collatéranx. Cette excep- 
tion peut être regardée presque comme unique, car j'ai examiné avec le 
plus grand soin l’ovaire de plus des deux tiers des espèces de cette fa- 
mille, etje n’en ai pas trouvé un autre exemple. 


"(340 ) 
lorsqu'ils avaient déjà acquis un grand développement ,. 
quoique l'embryon y fût à peine visible, cette membrane, 


ou était entièrement soudée au testa dont elle se distin= 


guait seulement par son tissu plus lâche et plus blane 
( c'est ce que j'ai observé sur diverses espèces de Rham-1 


nus et de Phylica): ou bien elle se soudait dans sa 


moitié supérieure seulement et restait libre vers l'ori- 
fice du testa, comme on le voit sur l’ovule à moitié mürs 
du Pomaderris apetala. ‘à 
Dañs toutes ces plantes, le testa lui-même, examiné, 
au microscope sur des ovules déjà fécondés et à moitié! 
de leur développement , est composé de trois couches” 
très-différentes : l’une, externe, n’est qu'un épiderme 
mince ; l’autre, moyenne, est solide et fibreuse, formée 
_ de fibres transversales (1), c’est elle qui doit former le 
test de la graine ; enfin, l’interne , très-épaisse dans 1ehl 
premiers temps qui suivent la fécondation , est formées 
d’un parenchyme lâche, composé de cellules remplies! 
de globules verts : elle s’atrophie peu à peu à mesure! 
que l’amande et l'embryon se développent. : 
C’est en général dans cette couche que passent les! 
vaisseaux nourriciers qui composent le raphé et vont for- 
mer la chalaze; raphé qui, dans ce cas, suit l’un des) 
côtés de l’ovule en dedans du test, et redescend en pars 
tie de l’autre côté après que la plupart des vaisseaux qui. 
le composent ont donné naissance , par leur épanouissé®| 
ment, à la chalaze. dl 


(1) Sous le nom de fibres j'entends ici, avec la plupart des auteurs 
qui se sont occupés d’anatomie végétale, des cellules allongées , fusis 
formes, placées parallèlement, comme on les observe dans le tissu 
ligneux. 


Le. 


| (341) 
? Cependant parmi les Rhamnus de la première sec 


| tion , qui, sous ce rapport, font exception à Ja structure 
de toutes les autres espèces de cette famille, le raphé est 


| placé en dehors du test sous l’épiderme, au fond d’un 


‘sillon profond qui parcourt toute la face externe de l’o- 
vule, et ce n'est qu'au sommet de cet organe que les 
vaisseaux percent le testa pour former la chalaze à sa 
face interne. | 
_ La chalaze, telle qu'on l'entend ordinairement, est 
un organe double ou composé de deux parties distinctes 
et d’un tissu très-différent. Elle est formée extérieure- 
ment par une expansion des vaisseaux du raphé, expan- 
sion ordinairement arrondie , qui correspond à toute la 
"base adhérente de l’amande ; mais cette base elle-même 
est formée par une couche d’un tissu spongieux et cellu- 
aire particulier , qui finit par se colorer en brun ou en 
noir, et donne à la chalaze cette teinte qui, en général, la 
fait distinguer facilement. La chalaze vasculaire m'a tou- 
\jours paru formée entièrement par un épanouissement 
de vraies trachées ; elle semble destinée, ainsi que 
M. Brown l’a déjà avancé , à sécréter la substance nu- 
tritive qui , absorbée par l’aréole de Flamande ou cha- 
laze celluleuse , doit pénétrer dans cet organe et servir 
à la nutrition de l'embryon. 
» L’amande , quoique paraissant d’abord entièrement 
formée d’un tissu spongieux uniforme, est cependant 
composée de deux parties bien distinctes. L'une, externe, 
présente un tissu cellulaire blane fort lâche, régulier , 
renfermant un grand nombre de globules blancs très- 
petits ; c’est le chorion de Malpighi. Dans son centre 
flotte un sac membraneux , presque entièrement libre 


(342) 


dans les premiers temps, uni ensuite au tissu celluleux 


environnant , et s'étendant jusqu’à la chalaze, à laquelle 


cle finit mème par paraître adhérer. Les parois de ce 


sac ; lorsqu'il a acquis un certain développement , sont: 
formées par une seule couche de cellules très-petites et ! 
très-différentes de celles du tissu environnant. Infé- 


rieurement il s'étend jusqu’au mamelon qui termine 
l’amande , auquel il adhère intimement ; sa cavité est 
simple et non partagée par des cellules : elle contient 
un liquide aqueux dans lequel flottent de petits globules; 
c'est la liqueur à laquelle Malpighi à donné le nom de 
liqueur de l’amnios. 

Le petit mamelon qui termine l’amande , et qui s’en 
gage dans le trou du testa, paraît évidemment déstiné à 


absorber le fluide fécondant, et ainsi à faire pénétrer jus” 


qu'au sac intérieur (sac de l’amnios) le fluide qui doit 
déterminer la formation de l'embryon. En effet, c’est 


toujours dans ce sac, et immédiatement à l'extrémité qui 
J 9 


correspond au mamelon , que l'on voit les premiers li-. 


néamens de l'embryon. 
Nous n'avons pu faire ces observations sur la struc- 
ture de l’ovule et sur le développement de ses diverses 


parties que sur quelques espèces qui croissent dans nos 
jardins, tels que des Rhamnus, des Zizyphus, des 


Phylica ; mais il existe une telle uniformité dans la 
structure de l'ovaire dans cette famille, que nous ne dou+ 
tons pas qu'elles ne s'appliquent à toutes les espèces. 
Quant au mode d'insertion de ’ovule et à la manière 
dont le fluide fécondant agit sur lui, on observe dans les 
Rhamnées deux dispositions différentes. Tantôt l’ovule 


et ensuite la graine sont parfaitement sessiles:, ou plutôt 


he 


( 345 ) 
le pédicule excessivement court par lequel ils sont fixés 
au fond de la loge de l'ovaire, n’est formé que par les 


vaisseaux nourriciers; dans ce cas, le tissu destiné à 


établir la communication entre le stigmate et l’ovule, se 
termine à l’angle inférieur et interne de la loge par un 
petit mamelon celluleux qui correspond à l'ouverture du 
testa. Ce petit mamelon spongieux s’atrophie plus tard , 
et le point où ce tissu perçait l'endocarpe forme un trou 
qu’on remarque à l'angle interne des coques du fruit de 
plusieurs de ces plantes. Tantôt l’ovule est porté sur un 
pédicule plus long, formé en même temps par les vais- 
seaux nourriciers et par un tissu cellulaire lâche et spon- 
gieux qui fait suite au cordon de même nature qui des- 
cend du stigmate. Dans ce cas, le cordon ombilical , 
très-étroit avant la fécondation, sé gonfle peu de temps 
après que le stigmate a été fécondé ( époque à laquelle 
se fait probablement l’imprégnation de l’ovule ; car il 

me paraît, d'après plusieurs observations , que le fluide 
fécondant met un temps assez long , et variable suivant 
les espèces , à parvenir du stigmate à l’ovule ); il couvre 
alors et enveloppe même en partie l’ouverture du testa , 
et c’est par l'intermédiaire de ce tissu celluleux du cor- 
don ombilical , que je pense que s’opère l’imprégnation 
de l’ovule. 


Fruit. L'’ovaire, parvenu à l’état de fruit mür, diflére 
peu de ce qu’il était dans la fleur. Quelquefois une loge 
avorte, et les ovaires à deux ou trois loges se trouvent 
réduits à une seule ou à deux ; cependant ces avortemens 

«sont assez rares dans cette famille. 
Le péricarpe, dans les divers genres , prend des con- 


(344) E 
sistances très-diflén ntes. Tantôt il reste mince, sec et. 
crustacé ; les coques qui le composent se séparent et s’ou- 
yrent intérieurement par la suture qui correspond à 
l'axe, soit que le calice adhère à la surface de ce fruit , 
soit qu’il reste à sa base sans lui adhérer ; tel est le fruit 
des Ceanothus, Colletia,  Colubrina , Pomaderris , 
Cryptandra, Phylica, Gouania. Tantôt l’endocarpe 
devient dur et ligneux ; il forme des coques indéhis- w 


centes qui restent unies intimement, et qui sont recou- 
vertes ou par un sarcocarpe, mince et sec ; comme dans M 
les Retanilla, Berchemia ,, Ventilago, Paliurus ; où 
par un sarcocarpe charnu, comme dans les Jujubiers. 
Enfin, dans les vrais Rhamnus , tout le péricarpe de- 4 
vient charnu et-bacciforme, et les loges sont à peine ta- M 
pissées par un endocarpe mince ct cartilagineux qui forme M 
autant de noyaux dislinets. à 

Graine. Les modifications de structure qu’on observe 
dans les graines étant Ie résultat nécessaire de celles qué |: 
nous avons signalées dans l’ovule , nous n’entrerons pas M 
dans de grands détails à leur égard. . ‘4 


Comme nous l'avons déjà remarqué , les graines sont 
tantôt sessiles, tantôt portées sur un cordon ombilical" 
court, épais et spongieux qui embrasse leur base comme 
une sorte de cupule; c’est ce qu’on observe dans les 
genres Zrichocephalus, Phylica, Soulangia, Poma- F 
derris, Cryptandra. 

Les graines sont généralement ovoïdes ou oblongues, » 
anguleuses intérieurement et très-lisses ; le testa qui Les, 


enveloppe est presque toujours fibreux et coriace :-il est 


( 345 ) 


membraneux dans les Zizyphus, dont les graines sont 
protégées par un noyau dur et épais. 

Dans les vrais Rhamnus , le testa est recourbé de ma- 
nière à former extérieurement un sillon profond dans 
lequel est situé le raphé qui, dans ce genre, est placé 
en dehors de la couche fibreuse du testa, qu’il ne perce 
qu’au sommet pour former la chalaze. 

Uneautre modification plus singulière est celle qu'of- 
fre le genre Berchemia(1). Dans ce genre, le testa adhère, 


surtout vers la partie supérieure et ‘à la face interne de 
l’endocarpe fibreux qui forme les loges du fruit; il est 
libre vers la partie inférieure et externe, et coupe même 
ainsi obliquement la cavité du péricarpe en deux loges 
secondaires ; l’une, supérieure , ordinairement plus 
grande , est formée par la cavité même du testa ; et ren- 
ferme l’amande suspendue à la chalaze ; Pautre, infé- 
rieure et externe, se trouve comprise entre l’endocarpe 
et la face externe du testa : elle est traversée par les 
vaisseaux du raphé qui, dans ce genre comme dans les 
vrais Ramnus, sont placés au côté externe dela graine 
et en dehors du testa (cette loge correspond par consé- 
quent au sillon des graines des Rhamnus ). 

» Dans la graine, on retrouve en général toutes les par- 
ties de l’ovule d’une manière plus ou moins distincte. 
Le testa fibreux , recouvert d’un épiderme mince , forme 
Ja couche la plus épaisse de ses tégumens ; la couche 
interne s’est atrophiée et est unie à la membrane in- 
terne; enfin l’amande, enveloppée de sa membrane 
propre, est attachée à la chalaze et presque toujours 


(x) J'ai observé cette structure sur les graines du Berchemia volubi- 
lis et du Berchemia floribunda. l 


( 346 ) 
libre et bien distincte des membranes externes : quel 


quefois cependant , dans les Zizyphus , elle paraît unie 
à celles-ci dans sa plus grande étendue , et libre seule- 


ment vers son sommet. Le petit mamelon qui la termine 


correspond toujours à l’ouverture du testa, ouverturé 


alors à peine distincte et placée auprès du hile ; ce ma= 


melon a presque toujours une couleur plus foncée que 


lé reste de là membrane. L'intérieur de l’amande est 


composé d’un endosperme charnu , déposé dans le sac 


de l’amnios. Cette partie de l’ovule s’est plus ou 


moins réduite suivant les espèces , de sorte que l’endo- 


sperme, très-distinet dans la plupart, est quelquefois 


réduit à une couche mince de substance charnuëé qui ta< 


pisse l’intérieur de la membrane propre de l’amande :" 


c’est ce qu'on observe dans les genres Zizyphus et Ven 


tilago. Dans son centre se trouve l’embryon, d’une 


couleur ordinairement semblable à celle du périsperme; w 


c'est-à-dire d’un jaune pâle et sale , d’un beau vert dans” 


les vrais Rhamnus ; il oceupe la plus grande partie de, 


la graine. La radicule, courte, correspond et touche au 


mamelon qui termine l’amande inférieurement. Les co-\ 


tylédons , très-grands , plats et charnus , sont appliqués 
l'un contre l’autre; leur surface est presque égale à 


celle de la graine , et c’est sur leur face externe que se” 


trouve appliqué l’endosperme. 
$ IIL. Æfinités des Rhamnees. 


Il résulte de l'examen que nous venons de faire des 
principaux organes de la famille des Rhainnées et de 
leurs modifications les plus importantes, que cette fa- 

LES, D'HPINR » 


| 


( 347) 


mille ainsi limitée est l’une des plus naturelles du règne 
végétal, La structure et la préfloraison du calice, la 
forme des pétales et des étamines , et leur position res- 
pective, la disposition du disque; enfin l’organisation 
de l’ovaire, la position et le nombre des ovules, la 
structure de la graine , ne sont sujets qu’à des modifica- 
tions d’une importance très-secondaire , et qui ne chan- 
geut rien au plan général de Forganisation de ces végé- 
taux. 

Il nous reste maintenant à examiner quelles sont les 
familles avec lesquelles les Rhamnées ont le plus d’af- 
finité. 

Si l’on admet le principe que l'insertion des étamines 
est le caractère le plus important pour fixer les affinités , 
et par conséquent la base de la classification naturelle , 
on verra que. parmi les polypétales périgynes, il n’y a 
que les Rosacées avec lesquelles les Rhamnées aient 
quelque analogie : ce serait particulièrement le groupe 
des Pomacées qui s’en rapprocherait le plus par son 
ovaire à loges en nombre déterminé, par ses ovules as- 
cendans, le plus souvent au nombre de deux , enfin par 
ses feuilles simples présentant des stipules à leur base ; 
mais le nombre et la position des étamines et la structure 
de la graine les en éloignent beaucoup. D'un autre côté, 
si l’on fait abstraction de l'insertion , on trouve beau- 
coup de caractères communs à cette famille et à celle des 
 Buttnériacées. M. Brown a déjà fait remarquer cette afli- 
nité (1). En effet, la préfloraison du calice, la forme 
des pétales , la position des étamines devant ces pétales ; 
Ja structure de l'ovaire dans plusieitrs des points les 


. (1) Gencrals Remarks on the botany of terra australis ; p. 22. 


ù 


( 348 ) 


plus importans, celle de la graine, sont presque les 
mème ; ces deux familles difièrent principalement (sur- 
tout si l’on compare les Rhamnées avec la section des 
Lasiopetalées ) par les étamines extrorses dans les Butt-w 
nériacées, presque toujours introrses dans Jes Rham-# 
nées ; par l’absence du disque, et par suite , par l’inser-w 
tion hypogyne dans les premières ; enfin , par les ovules” 
au nombre de deux etquelquefois en plus grand nombre 
dans chacune des loges de l'ovaire des Buttnériacées , 
toujours solitaires , au contraire, dans les Rhamnées. 
Une dernière famille avec laquelle elle offre quelques 
points d’affinité, que M. de Jussieu avait bien sentis dans 
son Genera, est celle des Euphorbiacées; mais cette” 
famille diffère de celle des Rhamnées , comme la précé- 
dente, par l'insertion hypogyne, et en outre par la sé-M 
paration constante des sexes, et par l'insertion des ovules’ 
au sommet de la loge, caractères qui les éloignent beau- 
coup des Rhamnées. : , . 
Nous ferons remarquer ici que quelques genres , im" 
parfaitement connus , qu’on avait rangés dans cette fa-" 
mille , doivent en être exclus; tels sont les genres Gou- 
pia, Carpodetus et Schæfferia, dont nous donnerons 
la description dans un autre mémoire, où nous cher 
cherons à déterminer leurs rapports avec les autres vé= 
gétaux connus. : : 
Quelques espèces rangées dans des genres de cette 
famille doivent également sortir , non-seulement de ces’ 
genres , mais de la famille : tels sont les Rhamnus ra=" 
miflorus de Richard , et læyigatus de Vahl, qui, d’a- 
près des échantillons authentiques , appartiennent à la 
famille des Célastrinées ; et les Phylica pinifolia et ra= 


( 349 ) 


emosa de Linné , qui sont des Brunia. Nous ne parle- 
rons pas de plusieurs autres genres qu'on avait rangés 
anciennement dans cette famille , et qui déjà en ont été 
exclus par d’autres auteurs. 


$ IV. Distribution geographique. 


La distribution géographique de celte famille dans 

son ensemble n'offre rien de remarquable. En eflet, il 
n’est pas de pays où on n’en trouve quelque représen- 
tant, si nous en exceptons la zône polaire : car le 
Rhamnus frangula, indiqué par Linné dans la Lapo- 
nie, n'y a pas été retrouvé par Wahlenberg ; ce qui 
supposerait qu'il y est extrèmement rare, et Linné lui- 
même ne l'indique que dans les parties basses et les plus 
méridionales de cette contrée. 
Le nombre des plantes de cette famille va successive- 
ment en croissant à mesure que la latitude diminue ; mais 
c’est particulièrement dans les parties les plus chaudes 
de la zône tempérée (entre les tropiques et le 40° degré 
environ de latitude) qu’elle paraît atteindre son maxi- 
mum dans les deux hémisphères ; ainsi les parties les 
‘plus chaudes des États-Unis , l’Europe méridionale, le 
nord de l'Afrique, la Perse et l'Inde dans l'hémisphère 
boréal, le cap de Bonne-Espérance et la Nouvelle-Hol- 
lande dans l'hémisphère austral, produisent plus de 
plantes de cette famille que les autres parties du globe ; 
| cependant un nombre considérable d'espèce croit égale- 
ment dans la zône équatoriale. 

Mais si cette famille est répandue assez généralement 
à la surface du globe, il n’en est pas ainsi des geures 


( 350 ) 
qu’elle renferme; la plupart sont limités à certaines 
régions : ainsi l'Europe et le nord de l'Asie sont la pa- 
trie de prédilection des Rhamnus ; l'Amérique septen- 
trionale présente quelques espèces de ce genre et tous 
les vrais Ceanothus ; la région méditerranéenne et les. 
parties chaudes de l’Asie nourrissent la plupart des Zi- 
zyphus. Ce même genre s'étend dans les régions équa- 
toriales des deux mondes ; qui produisent en outre pres: 
que toutes les espèces de Gouania, de Sageretia, de 
Scutià, de Colubrina, de Colletia,, de Retanilla, En- 
fin, les régions australes nous offrent des genres qui 


leur sont particuliers : tels sont lés Phylica, les Sou- 
langia, les Trichocephalus et le Willemetia, pour 


l'Afrique australe; lé genre Colletia ; pour l'Amé- 
rique; les Cryptandra, les Pomaderris et quelques Col- 


letia , à la Nouvelle:Hollande, à la: Nouvelle-Zélande, - 


et dans quelques autres points de l'Australasie. 
LOU MT TENTE SE LU NT NN ENNLE GAT GUY UGC 


RHAMNEZÆ. 


\ 


RHAMNEZÆ R. Brown , Decand.— Raamnorum pars: 


Juss. 


CaRACTER DIFFERENTIALIS. Calyx monophyllus, 4-5- 


fidus, laciniis acutis, in præfloratione valvatis. Petala, 


cucullata, vel convoluta, rariüs nulla, laciniis calycis 
altérna , ejusque fanci inserta. Stamina petalis opposita. 
Ovarium liberum , semi-adnatum vel adnatum, bi-1i 
vel rarius 4 loculare; loculis monospermis, ovulo 
erecto. Fructus carnosus indehiscens , vel siccus tricoe= 


| 
| 


(351) 
cus, Semina erecta. Endospermium carnosum, rarius 


nullum. Embryo semini subæqualis, cotyledonibus pla- 
mis maximis ; radiculà brevi inferà, 


CaRACTER NaTURALIS. Calyx monophyllus 4-5-fidus , ex- 

ternè sæpius villosus. Tubus expansus subplanus, hemi- 
sphæricus, urceolatus, campanulatus vel subeylindricus , 
hber, vel imferiüs ovario adnatus, vel cum eo omninô co- 
bærens ; interiüs nudus , vel in pluribus , disco carnoso aut 
fauci limitato , aut in laciniis effuso, tectus. Lacinia ovata, 
trianguülaria , rariüs subulata , acuta ; interiüs subcarnosa, 
in pluribus in medio lineä carnosäà prominente notata , et 
apice callosa ; in prœfloratione valvatim applicata. 
_ Petala cum calycis laciniis alternantia, ejusque fauci 
inserta , sæpiüs sub margine disci affixa , unguiculata, un- 
gue plus minüsve longo. Lamina rariüs patentia, plana, 
superiüs integra vel emarginata, in plerisque concava, 
convoluta vel cucullata , stamina vel eorum filamenta in- 
volventia, in pluribus nulla. Præfloratio complicata. 

Stamina petalis opposita. Filamenta calycis fauci vel 
margini disci inserta, et cum unguibus petalorum basi sæ- 


. piüs coherentia , laciniüs calycis breviora. Antheræ in pe- 


talis cucullatis reconditæ , vel è petalis convolutis exsertæ , 
parte medià vel inferiori dorsi ad apicem filamenti affixæ, 
versatiles, introrsæ (rarissimè extrorsæ); vel ovatæ, bilo- 
culares , loculis parallelis , aut basi divergentibus, rimä lon- 
gitudinali dehiscentibus ; vel reniformes, uniloculares (lo- 
culis superius confluentibus), rimä simplici arcuatä bivalvim 
hiantes. Pollen siccum ellipticum, sulco secundüm longi- 
tudinem notatum ; madefactum sphæricum , leve , vel tri- 
mamillosum. 

Discus formâ maximè varians , in Colleri& parvus, fun- 
dumque tubi calycis occupans ; in plerisque tubum calycis 
strato plus minüsve crasso tegens ejusque formam accipiens 
(in Zizypho, Paliuro, Ventilagine, Hoveniä, Colubrind, 
subplanus, pentagonus, angulis ad insertionem staminum 
emarginatis; in Ahamno, Sagerelid, Scutid, urceolatus 

‘vel cupulæformis), et fauci margine distincto limitatus ; 
in alüs (Retanilld, Cryptandra, Phylic4, à plerisque 
auctoribus ut disco destitutis descriptis) super lacinias ca- 
Iycis etiam effusus , ejusque superficiem interiorem à fundo 
usque ad apicem laciniarum substantià carnosä incrustans; 


(352) 


at in quibusdam nullus? (in Pomaderri et Cryptandræ&, 
speciebus); margine petalis ‘staminibusque : insertionem 
præbens. 

*Ovarium Viberum , disco plus minüsve immersum | vel 
calycis tubo semi-adhærens, seu omninô adhærens ; ova- 
tum vel subglobosum, bi-triloculare , rarissimè quadrilo- 
culare (in quibusdam Rhamnis); loculis monospermis. 

Ovulum in quolibet loculo solitarium erectum }  fundo 
loculi natum, sessile vel podospermio brevi suffultum. Po- 
dospermium, dum adest, antè evolutionem floris angus- 
tum , nec foramen testæ tegens, ad anthesim superiùs dila- 
tatum, et ut cupula parva basim ovuli foramenque am 
plectens, celluloso-spongiosum , vasibus raphes percursum. 
Testa Iævis vel dorso (in Rhamnis) sulco profundo no- 
tata , inferius propè hilum perforata. Foramen in quels 
sessilibus mamillo albido endocarpii respondens , in pedt- 
cellatis cupulâ spongiosà podospermii tectum nec ei adhæ- 
rens. Membrana testæ è stratis tribus formata, exteriu$ 
cuticulata tenuissima , medium transversè fibrosum, tes- 
tam seminis producturum , interius d'Eau prinium 
maximam partem ovuli occupans, dehince incremento nu- 
clei evanescens, raphes vasa continens. Wembrana interior. 
albida , tenuis, primüm libera, deindè testæ plus minusve | 
adhærens (in Pomaderri semi - adnata , in Phrylicis,. 
Rhamnis alüsque pluribus omninô adnata), cireùm chala- 
zam superiüs aflixa , inferius tubulosa, perforata , tubulo 
in foramine testæ incluso. Chalaza superiüs notata è du- 
plici strato (ut in omnibus seminibus) formata ; exterius, 
vasculosum , vasorum raphes expansione productum, testé 
insertum ; interius spongiosum , in oyulo semi<evoluto fu- 
cescens, nuclei membranæ continuum. Nucleus subeylin=. 
dricus, liber , superiüs chalazæ affixus , pendulus, inferius. 
in mamillo brevi, foramini incluso , productus ; interiüs! 
laxè cellulosus, in medio sacculum amniïi continens, ès 
mamillo usque ad chalazam extensum , in cujus cavitate. 
granula parva natant, et propè mamillum embryo sub, 
formä globuli sphærici primüm visus est. F 

Fructus subsphæricus , liber vel calyce adnato magis mi= 
nusve tectus; pericarpium exterius Carnosum , drupacéum,, 
spongiosum vel siccum tenuissimum ; interius «endocar-{ 
pium) fibrosum, durum, plus minusve crassum ; aut li-$ | 
gnosum indehiscens, nucem 2-3-locularem (seu abortuy 
unilocularem), seu nuculas 2-3 distinctas efformans ; aut, 


… 


( 353 ) 


crüsiaceum dehiscens , capsulam tricoccam producens ; 
coccis interius et inferiüs rima longitudinali cute 
Semen in quolibet loculo solitarium, erectum , sessile 
vel podospermio brevi cupulæformi suffultum. Testa læ- 
vissima , fusca, fibrosa, crustacea vel membranacea (in 
fructibus lignosis, ex. gr., Zizyphis) raphe laterali inte- 
rius notata, vel raphe dorsali, sulco profundo exteriori 
inclusà superiüsque testam perforante , prædita (in Rham- 
nis). Chalaza, ut im ovulo. Nucleus membranâ proprià, 
liberä, vel testæ subadhærente, inclusus. Endospermium 
carnosum , flavescens , cellulosum, lateribus embryonis 
applicatum. Æmbryo magnus, semini subconformis, sed 
magis compressus, flavescens vel viridescens, cotyledonibus 
planis applicatis, carnosis ; radiculà brevi inferä. - 
Arbores, frutices veZ suffrutices, ramulis in pluribus spi- 
_ nescentibus. Folia simplict, alierna, subopposita , vel ra- 
ris exacte opposita (in Colletiis), penninervia vel tripli- 
nervia, sparsa, vel subdisticha, basi sæpiüs bistipulata, 
stipulis parvis, caducis vel spinescentibus et persistenti- 
| bus (in Zizyphis, Paliuro). Flores axtllares, solitarii , 
 fasciculati, umbellati, vel cymosi, rarius spicati; in 
 spicis simplicibus velinterruptis (ramulis nudis), glome- 
ratim dispositi (in Sageretià, Gouanià, Ventilagine), #n 
- quibusdam paniculas terminales efformantes (in Ceano- 
tho, Berchemià, Pomaderri), vel glomerati seu capitati 
(in Cryptandrä, Paylica, etc. ). 


PALIURUS Tourn., Desf. — Ruamnr spec. Lin. 


Car. prrr. Calyx paténs. Petala obovata, convoluta. 


“Stamina exserta , antheris ovatis, bilocularibus. Discus 


planus, pentagonus. Ovarium disco semi-immersum , 
triloculare, Siyli tres. — Fructus siccus, indehiscens | 
nuce triloculari fœtus, superiüs in disco membranaceo 
“subrotundo expansus. Semina sessilia. 


Car. mar Calyx tubo expanso , subplano, Limbo 5-fido, 
lacimiis patentibus, ovatis, acutis, internè vix Carinatis. 
Petala obovaia, subspathulata , unguiculata, convoluta , 
externè deflexa , margini disci inserta. Stamina petalis op- 
posita et paulô longiora ; filamenta cylindrica , basi com- 


x; 23 


(354 ) 

pressa unguibus petalorum adnata; antheræ introrsæ, 
ovatæ, biloculares ; loculis basi disjunctis, rimä longitu- 
dinali dehiscentibus. Discus carnosus, planus ; calycis tu- 
bum replens, ovarium arctè cingens, ejusque basi adna= 
tum. Ovarium disco semi-immersum, superiüs liberum, 
3-loculare ; loculis monospermis ; ovulo erecto. Styli tres 
conici, ab ovario vix distincti. Sigmata tria oblonga. 

- Fructus siccus, spongioso-coriaceus, hemisphæricus , in 
disco magno circulari, submembranaceo , superiüs expan— 
sus; fœtus nuce lignosà , globosä , 3-loculari , loculis mo- 
nospermis. Semina erecta, compressa, obovata, tegu- 
mento crustaceo ; lævissimo. Endospermium tenue, carno- 
sum. Embryo magnus, dicotyledoncus , cotyledonibus 
maximis, subrotundis, planis; radiculâ conicâ, brevi, 
inferà. 


Species duæ certè cognitæ. 


10. Paziurus ACULEATUS Lamk. ( Rhamnus Paliurus L, Zizyphus 
Paliurus Wild. ) 

20, Pariurus vircatus Don. , fl. nep. 

Paliurus Aubletia Dec, ( Aubletia ramosissima Lour.:, F1: coch. ,. 
I, 348). Species hücusquè valdè dubia videtur, fr'uctu imperfectè noto. 

Paliurus inermis Hort, Paris. , seu Ceanothus reclinatus. L’her. est 


Colubrinæ generis species. (Vide infrà. ) 


ZIZYPHUS Tourn. , Desf. — Raamni spec. Linn. 


Car. prFr. Calyx patens 5-fidus. Petala obovata , un- 
guiculata, convoluta. Stamina exserta, antheris ovatis 
bilocularibus. Discus planus, pentagonus, expansus. 
Ovarium 2-3-loculare , disco immersum. Siyli 2-3. —4 
Fructus carnosus ; fœtus nuce 1-2-loculari. Semina ses- 
silia, compressa , lævissima. 

Car. NAT. Calyx tubo expanso, vix concavo, limbo 5- 
fido patente , laciniis subtriangularibus , medio carinatis. 
Petala obovata, spathulata, convoluta, unguiculata , ex= 
ternè reflexa. Stamina petalis æqualia vel longiora , de 


flexa , antheris ovatis bilocularibus. Discus planus, penta- | 
gonus , calycis tubo adnatus, ovarium arctè cingens eique 


(355) 


adnatus. Ovarium ovatum , disco immersum , biloculare , 


. vel rariûs triloculare , ovulis sessilibus. StyZ2 duo, rarius 


2 


tres , divergentes , vel in quibusdam conjuncti. Stigmata 
stylorum numero æqualia , parva , papillosa, 

Fructus carnosus, basi calyce integro persistente, vel 
ejus tubo circumcisso parvo suffultus; fœtus nuce lignosä, 
crassà , biloculari, vel abortu uniloculari, in quibusdam 
triloculari, indehiscente. Semina solitaria, sessilia, hine 
plana, indè convexa. T'esta tenuis, fragilis, lævissima, 
fulva, sulco destituta ; interiüs raphe laterali, in pluribus 
speciebus vix distincto , notata. Endospermium nullum vel 
tenuissimum, tegumentum interits incrustans. Embryo 
erectus, cotyledonibus crassis, adpressis, majoribus , ra- 
diculà brevi inferà ; plumula parva conspicua. 

Frutices ramis virgatis , sinuosis ;'foliis alternis, subdis- 
tichis, triplinerviis ; stipulis vel ambobus spinescentibus , 
alterû rectä, alterä recurvä , vel un& spinescente , alterd 
abortivâ vel caducä. Flores cymosi; cymis paucifloris 


axillaribus, petiolo brevioribus vel vix longioribus, in 


pluribus subsessilibus. 


Species numerosæ , pleræque in regionibus calidioribus crescentes. 
Pars maxima Mediterranei maris littora , Arabiam , Persiam, Indiam 


» orientalem ejusque archipelagum, et imperium Sinense habitantes ; 
quædam Africæ æquinoxia'is et australis incolæ ; pauciores in Americæ 


zonam intertropicalem repertæ. 


Omnes fructu esculento plus minüsve grato preditæ , atque plures, ut 
Zizyphus lotus, Zizyphus Spina-Christit, Zizyphus orthacantha , 
gentibus præsertim africanis ( Lotophagis atque Ethiopicis) alimen- 
um salutare suppeditant. 


CONDALIA Cayan. 


Car. prrr. Calyx patens, 5-fidus. Petala nulla. Sta- 
mina antheris bilocularibus. Discus planus, expansus , 


pentagonus. Ovarium disco cmcetum , liberum , bilocu- 


lare. Stylus simplex. Sügma parvum, integrum. — 
Eructus drupaceus , fœtus nuce uniloculari. 


- Car. mar. Calyx tubo expanso, subplano , lacintis 5 ova- 


(356) 


ts, acutis, patentibus, membranaceis, glaberrimis. Pe- 
lala nulla. Stamina laciniis calycis alterna et pauld bre- 
viora, ad marginem disci inserta ; filamentis erectis, an- 
theris ovatis, introrsis, bilocularibus, dorso ad apicenr 
filamenti afixis, loculis ovato-oblongis, parallelis, rimâ 
longitudinali dehiscentibus. Discus planus, vel centro vix 
depressus, expansus, pentagonus , angulis ad insertionem 
staminum emarginatis. Ovarium disco cinctum , liberum , 
ovatum, glabrum , biloculare , loculis monospermis ; ovulis 
ovatis nec dorso suleatis, erectis. Stylus simplex, cylindri- 
cus elongatus. Stigma parvum , subrotundum , integerri- 
mum. “ 
Fructus (ex Cavanille), Drupa ovata , nucleo (abortu }) 
uniloculari , monospermo. Semina sulco destituta. 
Suffrutex ramosissimus, glaberrimus, ramulis spines- 
centibus ; folüs alternis subsessilibus, obovato-oblongis ; 
integerrimis , penninerviis ; floribus axillaribus. 


Genus Zizypho maximè afhine , nec differt ab eo, nisi defectu peta- 
lorum , in Zizyphis omnibus præsentium , stylo et stigmate simplicibus 
et habitu ommind diverso. 


Gonpazra microPxyLzA Cavan., Icon.,6, p. 16, t. 525. Unica spe- 
* cies rectè cognita, à Chili orta, in hortis colitur. — Condalia para- 
doxa Sprengel, Syst., 1,825, mihi ignota et ex descriptione valdè 
diversa videtur. 


BERCHEMIA Necker , Decand. — OExorea Hedw. 
— OExnorzra Schult., Kunth. 


Car. p1FF. Calyx tubo hemisphærico , lacinis 5 erec- 
tis. Petala convoluta. Stamina petalis inclusa; antheris 
ovatis, bilocularibus. Discus annularis | subplanus. 
Ovarium disco semi-immersum , biloculare. Stylus sim- 
plex , brevis. — Fructus exsuccus , indehiscens , bilo- 
cularis. Semina , testà pericarpio adnatà. | 


Car. nat. Calyx tubo brevi hemisphærico , laciniis acu- 


tis, erectis. Petala convoluta vel cucullata. Saminaæ | 
erecta ; antheræ in petalis reconditæ vel exsertæ, ovatæ, | 
biloculares. Discus annularis, subplanus , vel margine in- | 


( 557 } 


teriori elevato , ovarium cingens, nec ei adhærens, Ova- 

rium disco semi-immersum, liberum, biloculare. Stylus 

brevis, simplex , bisulcatus, vix apice bifidus. Stigmata 
uo. 

Fructus exsuccus vel vix carnosus , lignosus, oblongus, 
calycistubo circumcisso suffultus , indehiscens , bilocularis ; 
pericarpio tenui lignoso, coriaceo. Semen, testà fibrosà 

ericarpio arctè adnatâ, inferius et exteriüs liberä, et in 

uos locellos loculum quemque pericarpii dividente , infe- 
riori vacuo vasculis chalazæ percurso (et sulco séminum 
Rhamnorum respondente), superiore nucleum continente, 
chalazæ superius suspensum. ÆEndospermium vix ullum, 
vel substantia tenuis membranam nuclei incrustans. Em- 
bryo oblongo-lanceolatus, cotyledonibus planis applicatis, 
radiculâ brevi inferà. 

Frutices ramosissimi , erecti, vel subscandentes ; foliüs. 
alternis, multinerviis, integris, nervis obliquis, subsim-— 
plicibus, approximatis ; floribus in axillis superioribus 
subumbellatis et in paniculis terminalibus digestis. 


Hujus generis sunt : 10, Bencaemta vorusinis Dec. ( Rhamnus vo- 
dubilis L,). 20. BercnemA zinraTA Dec. (Rhamnus lineatus L.). 
30. BercuemrA FLORISUNDA ( Zizyphus floribundus Wall. , Flor. ind.). 
4°. BERCHEMIA FLAVESCENS (Zizyphus flavescens Wallich., Flor. ind.), 


Os. 1. Fructüs structura , quo caractere præcipuè hoc genus distin- 
guitur, in Berchemiä volubili atque floribundd observavi, nec dubita 
eamdem adesse in aliis speciebus, præcedentibus simillimis. 

Oss. 117. Berchemia Burmanniana Dec. (Rhamnus zeylanicus Burm., 
Zeyl.,p. 178, t. 88, ex herb. Burm. ) e genere et familià expellenda , 
et ad Euphorbiaceas referenda est propè Andrachnem, à quà præcipuè 
differt stigmatibus sessilibus. 

Berchemia Poiretiana et Berchemia Loureiriana (Decand., Prodr., 
ar, p. 23), species hùc usque imperfectè notæ, generi pertinere vi- 
dentur. 


VENTILAGO Gærtner. 


Can. pirr. Calyx patens, 5-fidus. Petala obovaia, 
convoluta. Stamina exserta , antheris ovatis, biloculati- 


bus. Discus carnosus, planus. Ovarium disco immer : 


(358) 


sum , biloculare. Stylus compressus, brevis , bidenta- 


tus. Fructus indehiscens, lignosus , unilocularis, mo. 


nospermus, superius in alà oblongà , membranaceà , 
productus. 


Car. naT. Calyx patens, 5-fidus, laciniis ovatis, acutis, 
internè subcarnosis, medio carinatis. Petala calycis laci- 
niis breviora , obovato-spathulata, convoluta, unguiculata, 
externè deflexa. Stamina petalis opposita et paulô lon- 
giora ; filamentis basi unguiculorum adnatis ; antheræ ova- 
tæ, biloculares, introrsæ, loculis parallelis, rimä longitu- 
dinali dehiscentibus , connectivo superits in apiculum 


uncinatum producto. Discus carnosus , planus , expansus, : 


superficie tuberculosà , glabrà , ovarii basim arctè cingens, 
nec ei adhærens. Ovarium parvum, subglobosum, disco 
immersum , biloculare ; ovulis solitariis erectis. Stylus com- 
pressus, pilosus, brevis, apice bicornis. Stgmata duo. 
conica. 


Fructus ; nucula coriacea, sphærica, calyce persistente 
adnato seini-involuta, glabra vel puberula, superiùs in 
alà membranaceâ oblongâ producta, abortu unilocularis , 
indehiscens, monosperma. Semen erectum , subglobosum , 
teoumento tenui. Ermbryo erectns, endospermio destitu- 
tus (ex Gærtner), endospermio involutus (secundüm Wal- 
lich.). Cotyledones crassæ, carnosæ, plano convexæ ; ra- 
dicula minuma infera. 


Frutex major scandens, ramis rigidis , glabris ; foliis al- 
ternis breve petiolatis, oblongis, acuminatis, basi obliquis , 
distantë serratis (dentibus brevibus), coriaceis, utrinque 
glabris , nervis obliquè pinnatis ; flores in racemis axilla- 
ribus longissimis, solitariis, geminatis vel ternis, rachi 
Ep , Jasciculati, pedunculis  simplicibus brevi- 

us. 


Species unica nunc cognita (1), VenTirAco MADRAsPATANA Gært., de 
Fruct , 1, p. 223, t. 40, fig. 2. Wallich., #lor. ind,, n, p. 413. 


(Funis-viminalis Rumph. , 5,t.2, Icon. mal. ) 


(x) Ventilago dentata Willd., Nov. Act. ber. , xxx, 4x5 ; et Ven 
tilago bracteata Heyn. herb. secundèm Smith et Wallich, ut meræ 
varietates adnumerandæ sunt. 


( 359 ) 


Habitat Indiam orientalem ; frequens in Bengalià septentrionali 
{Wallich), propè mare in insulà Amboinä ( Rumphius); au planta 
Amboinensis Rumphii-ab indica Gærtneri et Wallichiü diversa, foliis 
magis ovatis et racemis terminalibus ? 


SAGERETIA. 


Car. pirr. Calyx urceolatus 5-fidus. Petala convoluta 
vel cucullata. Stamina antheris ovatüs, bilocularibus. 
Discus crassus , cupulæformis, ovariüm arciè cingens. 
Ovarium, disco subinclusum, 3-loculare. Stylus brevis, 


crassus. Fructus.… 


Car: naT. Calyx tubo urceolato vel henusphærico, laci- 
nus 5, acutis, erectis, interne carinatis. Petala obovata, 
unguiculata , convoluta vel cucullata , erecta. S£amina pe- 
talis inclusa vel longiora ; antheris ovatis, bilocularibus, 
rimâ longitudinali anticè dehiscentibus. Discus cupulæ- 
formis , crassus, calycem tegens, ovarium arctè cingens nec 
ei adhærens, margine interiori elevato. Ovarium disco 
cinctum et subinclusum, ovatum, trilocuiare. Stylus bre- 
vissimus, crassus, trisulcatus. Stigmata tria sessilia, vel 
stigma trilobum. 

Fructus… 

Frutices ramis gracilibus, subvirgatis, ramulis sœpiüs 
spinescentibus ; folüs suboppositis, brevè petiolalis, lan- 
ceolatis vel oblongis. serratis, penninerviis. Flores in spi— 
cis simplicibus vel ramosis , interruptis, rigidis, palen- 
tibus, axillaribus vel terminalibus, dispositi, parvt, so- 
litarit vel glomerati. 

Genus dixi in honorem CL. SaGEreT, à regià Societate 
agriculturæ parisiensi, qui horticulturam atque vegetabi- 
lum physiologiam observationibus ingeniosis, imprimis 
de plantis hybridis, illustravit. 


Genus dubium , fructu huc usquè ignoto; à Rhamnis et Zizÿphis ve- 
-getatione maximè distinctum ; à Berchemia præcipuè differt ovario tri- 
loculari.et habitu. 

Species pleræque in Americæ æquinoxialis et temperatæ regionibus , 
præsertim occidentalibus , atque in Asiæ calidioris parlibus orientalibus 


crescunt. 


( 360 ) 


Huic generi referendæ mihi videntur : 1. S. Taerzans ( Rhamnus 
theezans Vahl.). — 2. S. spicara (1) ( hamnus spicatus Sessé et Mo- 
cino in herb. Pavon. ex. mus. Lambertiano). — 3. S. opPos1TIFoLIA 
(Zizyphus oppositifolius Wallich., Flor. ind. , 11, p. 370). — 4.8. 
æamosA (2) (Zizyphus hamosa Wallich., L. c. ,"p. 306).— 5. S.ELEcANS 
(Khamnus elegans Kunth}). — 6. S. cayaquicensis (3) (Rhamnus 


gayaquilénsis Kunth, Vos. gen., vrr, 55; Rh. decussatus , herb. Pa- 


von. in mus. Lambertiano). — 7. S. senticosAa ( Rhamnus senticosa 
Kunth, /. c.). —8.S. micaauxnt ( Rhamnus minutiflorus Mich., F1. 


am. , 2, p. 154). 


Species sequentes quas examini subjicere non potui, ex descriptioni- ! 


bus auctorum huic generi pertinere Ividentur, nempè: Rhamnus lan- 


ceolatus Pursh. — Rhamnus parviflorus Willd., in Schultes. — 


Rhamnus filiformis Roth. Y É 


Es 


RHAMNUS Juss., Desf. — Rramntr, Spec. L. 

Can. prrr. Calyx urceolatus 4-5-fidus. Petala nulla 
vel emarginata. Stamina antheris ovatis, bilocularibus. 
Discus tenuis , tubum calycis tegens. Ovarium liberum, 
3-4-loculare. Styli 3-4, connexi vel liberi. Fructus bac- 
catus , nuculis 3, 4, vel abortu 2, fibrosis, indehiscen- 


tibus fœtus. 


Car. var. Calyx tubo urceolato , laciniis 4-5, erectis, 


vel patulis, acutis, interiùs medio carinats. Petala vel 


nulla, vel emarginata, subplana, parva, margini disci 


(1) Sageretia spicata ; ramis cylindricis, glabris, lateralibus spines- 
centibus ; foliis suboppositis , lauceolatis, acuminatis, serrulatis, gla- 
berrimis, basi bistipulatis; spicis simplicibus, rigidis, divaricatis , ex 

unà axillarum alternatim nascentibus, vel terminalibus. ( #7, in herb. 
Pavon.) 

Species Rhamno eleganti Kanth maximè aflinis. 

(2) Hæc species, præcedenti conjuneta à clar. Don et Decandolle sub 
nomine Ahamni trigyni, ex speciminibus Wallichü diflerre videtur et 
habitu et structurà floris. 

(3) S: ramis angulosis , elongatis ; foliis suboppositis, ovato-oblongis, 
acutis, integerrimus, subcoriaceis , glaberrimis ; spinis (ramulis } axil- 
lamibus , decussatis, patent ibus, rividis ; floribus longè spicatis, spicis 
ad basim, spinarum conjugatis, üsque triplo longioribus. { Descript. 
gx spec. Pavon.) 


(‘861 ) 


afixa, erecta. Stamina brevia, petalis opposita ; antheris 
ovatis, bilocularibus , loculis basi subinflatis et divergen- 
tibus, rimâ longitudinali dehiscentibus. Discus carnosus , 
tenuis, calycis tubum tegens, nec ovarium cingens. Ova- 
rium Viberum , tubo calycis minus, vel rarius subæquale, 
tri-quadriloculare , loculis monospermis. Ovulum erectum; 
vel dorso profundè sulcatum, raphe dorsali et exteriori, 
in sulco inclusà, versus apicem testam perforante et in. 
chaïazä expansà , præditum , nucleo sub apice suspenso ( in 
Rhamnis ); vel læve compressum , raphe laterali et inte- 
riori notatum, nucleo versüs apicem obliquè suspenso (in 
Frangulä) ; membrana interna ovuli in utrâque sectione 
libera , in ovulo nondüm impregnato , nucleumque arctè 
cingens, dehinc testæ adnata, nec ab eû distincta. S1y/i 3-4 
connexi vel plus minüsve liberi divergentes. Stigmnata tot 
quot styli, parva, papillosa. : 

Fructus baccatus, sphæricus, fœtus nuculis cartilagineis 
(nec osseis) , duobus ; tribus vel quatuor, indehiscentibus , 
monospermis. Semen in quâlibet nuculà solitarium , erec- 
tum ; in Rhamnis sulco profundo, raphe percurso, externè 
notatum ; in Frangulis, lævè, compressum, inferius hilo 
discolori exserto (strato interiori testæ denudato) notatum. 
Testa ,in Rhamnis complicata, exteriüsque sulcum effor- 
mans , ad apicem vasis chalazæ perforata ; in Frangulis læ- 
vissima , raphe laterali interius prædita. Endospermium 
carnosum , ad superficiem cotyledonum appositum. Æm- 
bryo semini subæqualis, cotyledonibus carnosis, applica- 
ts, in Frangulé planis, in Rhamno arcuatis, sulcumque 
exteriorem seminis amplexantibus. 

Frutices vel arbusculæ ; foliis alternis, basi stipulatis , 
brevë petiolatis, integris vel dentatis, sæpiüus glabris, 
perennantibus et coriaceis, vel caducis, nervis pinnatis , 

in prioribus vage rarnosis, in aliis approximatis paral- 
lelis Flores axtillares ; in Rh. alaterno, speciebusque 

Laffinibus racemosi ; in aliis fasciculati rariüs subsolitaric. 
*Fasciculi, loribus centralibus citius apertis. (Cymæ coarc- 
tatæ ) 


An genus dividendum securdüm Tournefortii sententiam, et sectio- 
» pes infra expositæ ut genera admittendæ ? 


( 663) 


SL. Rasmnus (Rhamnus et Alaternus Tourn.) 


Flores sæpiùs diæci et 4-fidi. Semina externè profundè sulcata ; ra- 


phe externa in fundo sulci, Embryo curvatus sulcum seminis am- . 
plexans. Folia in plerisque speciebus coriacea , perennantia, vage ve- 


aosà , in quibusdam membranacea, lineata , nervosa. 


* Alaterni ; flores racemosi. 
Ru. acarernus L. — Ru. aysripus L’her. — Ru. cranpuLosus Ait. 
— Ru. wrecrironius Decand. 


** Rhamni ; flores fasciculati. 

Ra. concirouius Link. — Ru. Prixoines L’her. — Run. ceLTIDIFO- 
zivs Thonb. — Ru. carmarrTicus L. — Ru. yrncarus Roxb. — Ru. 
DAHIRUCUS Pall.æ— Ru. rincrorius Waldst. et Kit. — Ru. INFECTO- 
rius L. — Ru. saxatinis L.— Ru. serrucarus Kunth. — Rx. cRE- 
nuLATUS Ait, — Ra. pRuNIFOLUS Smith. — Ru. ERYTHROxYLON Pall. — 
Ra. ozeoïnes L. — Ru. suxirozius Poir. — Run, pusescens Poir. — 
Re. amycpazinus Desf. — Run. zycioines L. — Ru. micropHYLLUS 
Kunth. — Ru. Pursaranus Dec. — Ra. pomizus L. — Ru. Acprnus L. 


— Ru. aunirouus L’her. 
(l 


S IT. FrancuLa. 


Flores hermaphroditi rariüsve diœci, 5-fidi, in quibusdam 4-fidi. 
Sernina lævia , compressa ; hilo testæ denudato , exserto, albido ; raphe 
laterali, superficei interiori testæ notata. Embryo planus. Folia mem- 
branacea , caduca , integerrima , lineata ; nervis parallelis approximatis 
amaximè notatis. 

Ra. acpinos L. — R. carozrnranus Walt. — Rx. FRAnGuLA L. — 
Ru. zarrrourus L’her. — Ru. saneuineus Pers. 


Oss. Ra. aumsozprranus Kunth (/Vov. gen., 7, p. 52,t 618 }stirps 
mihi maximè ambigua ; ab omnibus Rhamneis differt loculis fructüs 
dispermis ; à plerisque foliüis oppositis ; sed floris fabricà cum Rharmnis 
vel Scutiis omninù congruit. 


SCUTIA Commers. , Mss. — Senris Comm. in herb.—| 


CEanora: Spec., Dec., Prod. , 11, p. 30. 


Car. piFr. Calyx urceolatus, limbo 5-fido, erecto. 


| 


(363) 


Petala subplana, emarginata. Stamina brevia, antheris 
ovatis, bilocularibus. Discus carnosus, tubum calycis 
tegens , ovarium arctè cingens , nec ei adnatus. Ovarium 
bi-triloculare. Stylus brevis , simplex. Fructus tricoc- 


cus , calyce circumscisso basi cinctus. 


Car. ar. Calyx tubo hemisphærico vel urceolato , disco 
carnoso tectus, lacimis acutis, erectis. Petala brevia, sub- 
plana, profundè emarginata, biloba. Stamina erecta, pe- 
talis æqualia , antheris magnis , bilocularibus, ovato-oblon- 
gis , loculis rimä longitudinali anticè dehiscentibus. Discus 
carnosus , calycis tubum vel partem inferiorem tegens., ab 
ovario liber. Ovarium carnosum , basi calyci adnatus , bi- 
vel triloculare. Siylus simplex, subconicus. Stigma bi- 
tilobum. Fructus siccus , dehiscens (ex Gærtner), bi-tri- 
locularis, basi calycis tubo circumcisso cupulatus , nec ei 
adnatus. 

Frutices glaberrimi , foliis alternis, per paria approxi- 
matis et suboppositis, integerrimis vel vix serrulatis, 
coriaceis, penninerviis; bistipulatis ; stipulis minutis , ca- 
ducis. Spinæ nullæ vel arcuatæ, petiolo subæquales , ex 
axillis foliorum inferiorum non rires nascentes ( pe- 
dunculi abortivi). Flores axillares , in umbellulis simpli- 
cibus paucifloris, petiolo vix longioribus , congestz. 


Hujus generis caracter ex duobus prioribus speciebus præcipuè de- 


sumptus. 


10, Scuria 1np1ca ( Rhamnus circumscissus Linn. ), ramulis virga- 
tis, gracilibus; foliis distantè suboppositis, non distichis, obovatis, 
retusis, versüs apicem denticulatis. s 

Habitat in Indiä orientali. 

20, Scurra Coumersonit (Sentis Commers. herb. , Bois senti. incol.), 
ramulis patentibus, rigidis; foliis suboppositis, approximatis , disti- 
chis, ellipticis , mtegerrimis. 

Habitat in insulà Bourbon ( Commerson) atque ad littora orientalia 


- Africæ. ( Burmann., herb., cujus Lycium africanum , Rhamni cathar- 


tici foliis, spinosum, Herm., Cat, pl. afr., p.16, hùc referendum est.) 
Rhamnus capensis Thunb. à præcedenti vix differre mihi videtur. 


30, Scurra rerREA ( Rhamnus ferreus Vahl.,symb.,3,p. 41,1. 58, 


( 364 ) 


ex specim. ), fohis oblongo-ovatis, coriaceis, glabris, nitidis , integer- \ 
rimis ; pedunculis axillaribus, petiolo brevioribus, subumbellatis ; flo- « 
ribus apetalis, calyce patente. 

Habitatin Antillis. ( V. in herb. Jussieu.) 


Au hui generi referendus est fhamnus sarcomphalus L. (Kunth, 
Nov. gen., vi, p. 57, in adn.) dubito? A præcedentibus differt, pe- 
talis galeatis , staminibus extrorsis, disco crassiori, folisque alternis 
nec per paria approximatis. 


RETANILLA.— Morinæa Commers., Mss.— Coz- 
LeriÆ Spec. Vent., Decand. 


Can. ptrr. Calyx urceolatus 5-fidus, internè carno- 
sus. Petala cucullata, sessilia. Stamina inclusa, antheris 
reniformibus, unilocularibus. Discus effusus, totam 
superficiem internam calycis tegens. Ovarium liberum 
triloculare. Stylus simplex , brevis. Fructus basi calyci 
adnatus , indehiscens , nucleo lignoso triloculari fœtus. 
Sémina sessilia. 


Car. NaT. Calyx urceolatus, externè villosus, limbo 
5-fido, lacimiüis ovatis, acutis, erectis, internè carnosis, me- 
dio carinatis. Petala parva, subrotunda , cucullata , bre-, 
vissimè unguiculata , stamina involventia. Stamina parva, 
filamentis erectis , filiformibus ; antheris #eniformibus, uni- 
locularibus, rimâ hippocrepicà bivalvim dehiscentibus. 
Discus nullus limitatus, sed stratum carnosum, crassum, 
superficiem interiorem calycis usque ad apicem laciniarum 
incrustans. Ovarium liberum , subconicum , basi latâ fundo 
calycis affixum, pilosum. S/ylus brevis, conicus. Stigma 
tridentatum. 


Fructus sphæricus, basi tubo calycis adnato et persis= 
tente cinctus, externè spongiosus subcarnosus ; fœtus nuce 
magnà , lignosä, simplici, durissimä , triloculari; loculis 
monospermis, indehiscentibus. Semina erecta, sessilia , 
ovato-oblonga, lævissima, subtrigona. T'esta crustacea , 
interiüs raphe laterali notata. Nucleus chalazæ superiüs af= 
fixus, inferius in mamillo nigro, brevi, productus. Endo= 


| 
| 
| 
| 
: È s 2 
spermium albidum, carnosum, durum. Æmbryo semini | 
| 
| 


( 365 ) 


subæqualis , planus, flavescens , cotyledonibus planis, ear- 
nosis, applicatis, ellipticis, radiculâ brevi inferà. 

Suffrutices ex Americà australi, ramis elongatis, sub 
simplicibus , nudis, vel ad basim vix foliosis ; foliis oppo- 
sitis, integerrimis, parvis. Flores spicati, parvi, externè 
villosi , subfusci; spicæ breves, paucifloræ, oppositæ , in 
ramis junioribus. 


Hujus generis sunt : 10. ReTANILLA oscorDaTA ( Colletia obcordata 
Vent. ; Rhamnus retanilla Dombey in herb. ; Retanilla Hispanorum). 
— 20, ReTANILLA eP&EDRA ( Colletia ephedra Vent.). 


COLLETIA Kunth. — Coirerrx Spec., Vent., De- 


cand. 


|. Can. pirr. Calyx campanulatus , membranaceus , co- 
loratus. Petala nulla, vel minutissima, linearia. Sta- 
 mina, antheris ovatis bilocularibus, vel reniformibus 
unilocularibus. Discus brevis , cupulæformis , fundo 
| calycis adnatus. Ovarium liberum , triloculare. Stylus 
simplex, elongatus. Fructus basi calycis tubo persis- 
tente cinctus , tricoccus, dehiscens. Semina sessilia. 


Car. nat. Calyx membranaceus, campanulatus , vel 
tubulosus , limbo 5-fido, laciniis ovatis , suberectis Petala 
nulla vel minutissima, subabortiva. $tamina fauci. calycis 
inserta , ejusque lacinis alterna filamentis brevibus. An- 
theræ ovatæ , biloculares, loculis parallelis rimä longitudi- 
nali dehiscentibus, vel, loculis superits confluentibus , 
uniloculares, hippocrepicæ, rimâ arcuatà bivalvim dehis- 
centes. Discus cupulæformis parvus , fando tubi calycis 
adnatus; margine libero convoluto. Ovarium liberum, 
globosum , triloculare, loculis monospermis , ovulo erecto. 
Stylus simplex, filiformis, tubo calycis subæqualis. Sigma 
trilobum. 

Fructus (in Colleti& horridä) sphæricus, siccus, basi 
tubo calycis circumscisso libero vel vix basi adhærente 
cinctus , tricoccus; coccis disjunctis bivalvibus , crustaceis,: 
monospermis, basi perforatis. $emina erecta, sessilia , ova- 
ta, atro-fusca, lævissima. Testa crustacea , raphe tenui la- 


( 366 ) } 


terali interiùs notata. Endospermium carnôsum, flavum, # 
Embryo semini subconformis , cotyledonibus maximis, pla- 
nis, applicatis, radiculà inferâ brevi. 

Suffrutices ramosissimi , subaphylii, ramis divaricatis , 
decussatim oppositis, ramulis spinescentibus ; foliis nullis\ 
vel minutis ,'integerrimis, oppositis ; floribus axillaribus y 
fasciculatis vel racemosis , vel defectu foliorum, infrà 
basim spinarum ( ramulorum ) insertis. 


CG 


Hujus generis sunt : 


10. CozzeTra HorripA Vent. ( Colletia spinosa Wild. ). 


20. COLLETIA SEKRATIFOLTA Vent. (Rhamnus spartium Dombey ex 
Vent. — Rhamnus saquil Dombey, herb.). Hujus spesiei varietas vi- 
detur Rhamnus chacaye Dombey, herb. , ramulis magis foliosis , flori- 
busque axillaribus subternis , nec solitariis ut in C. serratifolid& Vent. 


30, CoLLETIA TETRAGONA, ramis fetragonis, subnudis, aphyllis,… 
glabris ; ramulis distantibus , simplicibus , spinescentibus , rigidis, pa- 
tentibus; fructibus racemosis; racemis axillaribus (infra spiuas nas- 
centibus }, subsexfloris ; fructibus in ramulis oppositis , sessilibus. 

Hab. in Peruvià ( Dombey in herb. Mus. paris.). 


- 40. CoLLETIA PUBESCENS , ramis subaphyllis , pubescentibus ; ramulis 
simplicibus, spinescentibus ; foliis raris, oppositis, obovatis, minutis, 
integerrimis , pubescentibus. Flores axillares, racemosi ; racemis bre- 
vibus , multifloris, infrâ spinas nascentibus. 

Calyx urceolato-campanulatus, 4-5 fidus. Petala parva, linearia, 
couvoluta. Antheræ ovatæ, biloculares. Discus cupularis, margine 
integro. Stylus brevis. 

Hab. in Novä-Hollandiàä, ad Cox flumen, ad septentrionem Ba- 
thurstü ( V. in berb. Hooker ). 


+ Species affinis. 


5o, CoLLETIA INFESTA, l'AMOSISSIMA , ramis suboppositis, cylindricis,, 
ultimis spinescentibus ; spinis simplicibus , patentibus, rigidis, axilla-. 
ribus; folüis oppositis, oblongo- linearibus, integerrimis, glabris , 
subnerviüs; floribus axillaribus, solitariis; pedunculo gracili, foliis, 


breviore. ) 


Calyx hemisphæricus, limbo  patente. Petala cucullata. Stamina | 
antheris cordatis, loculis superiùs confluentibus. Discus tenuis , ad fau 


(367 ) 


cem limitatus, tubum incrustans, Ovarium fundo tubi calycis semi- 
adnatum , triloculare. Stylus simplex,, filiformis , tubo calycis longior. 
Stigma simplex. 

Hab. in Mexico ( Ceanothus infesta Kunth , Dec. Rhamnus linearis 
Sessé et Mocino in herb. Pavon. V. in Mus. Lambertiano). Afnis 
videtur Colletiæ multifloræ Dec., Prod., ejusdem regionis incolæ ; 
sed distinguitur ‘pedunculis solitariis. A Colletiis genuinis , petalis cu- 
cullatis , disco usquè ad faucem exteuso , ac ovario semi-adnato differt. 
A Ceanothis vel Colubrinis , calycis et petalorum formà, stylo sim- 
plici , foliis oppositis, et ramulis spinescentibus, infrà floriferis. 


HOVENIA Thunb. 


Car. prFF. Calyx subpatens. Petala obovata , ungui- 
culata, convoluta. Stamina petalis inclusa, antheris 
ovatis, bilocularibus. Discus carnosus, planus. Ovarium 
triloculare. Stylus trifidus. Fructus tricoccus, liber , 
pedunculis carnosis crassis impositus. 


Car. nat. Calyx tubo expanso , subplano , 5-fido , laci- 
mis subpatentibus, ovatis acutis, trinerviis, internè sub- 
carnosis, carinatis. Petala limbo subrotundo , apice emar- 
ginato, convoluto, unguiculato. Stamina petalis paulo 
breviora , iisque involuta. Filamenta gracilia, subulata, ar- 
cuata. Antheræ ovatæ , biloculares, loculis parallelis, oblon- 
gis, secundüum longitudinem dehiscentibus. Discus carno- 
sus, planus , tenuis, ovarium cingens, ad marginem ele- 
vatus, pilosus. Ovarium ovatum , disco semi-immersum , 
pilosun , triloculare , loculis monospermis; ovulo erecto, 
subgloboso. Stylus profundè trifidus, ramis suparallelis, 
erectis. Stigmala tria rotunda, 

Fructus sphæricus , superus, tri-coceus, pedunculis di- 
chotomis, carnosis, maximè incrassatis , suffultus ; pericar- 
pio crustaceo tenui ; loculis monospermis. Semina… 


. Hujus generis species unica hüjasquè certè cognita, Hoventa DuLcis 
Thunb., Jap. 1015 Willd., Spec., 1, 11413 Wall., F1. ind., 11, 
pe 414 (1), arbor staturä medià ( circiter 5 hexap.), trunco erecto, 


(r) CI. Lyndley, in Bot. register, t. 6, n° 5oo , speciem novam no- 


ï 

| ( 368 ) | 

ramis numerosis ; patentibus, ramulis subpubescentibus ; foliis alternis, 
subdistichis, ovatis, acuminatis, basi subinæqualibus (in speciminibus®… 
japonicis basi subcordatis ); trinerviis, serratis, glabris ; floribus axil=m 
laribus terminalibusque, cymosis; cymis dichotomis, suprà axillam W 


nascentibus, petiolo longioribus; pedunculis crassis; fructiferis carno= 
sis, esculentis , sapore dulci, grato , pyroque subsimili, præditis. Li 

Asiæ orientalis temperatas regiones è Japonicà ad Nepaliam usquèw 
habitat, ejusque patria spontanea dubia ; in Japonicä atque Chinä ubi-M 
què culta ; in Nepalià , secundüm Buchanan, ex Chinà introducta, sed. 
ex Wallich. multis in locis Nepaliæ in sylvis sponte crescit, ibiquel 


fructus maturescit. 


COLUBRINA Rich., Mss. — Raamni vel Craxocn 
spec. Auct. 


Car. pirr. Calyx patens, 5-fidus. Petala obovata 
convoluta. Stamina exserta; antheris ovatis, bilocula= 
ribus. Discus carnosus, subplanus, pentagonus. Ovas 
rium disco immersum et adnatum , triloculare. Stylus. 
trifidus. Fructus calyce circumscisso basi cinctus , tri= 
coccus, dehiscens. Semina podospermio brevi suffulta, . 


- et \ 

Car. war. Calyx tubo hemisphærico , plus minusve ex2# 
panso, limbo 5-fido, laciniis ovatis , acutis, subpatentibus;# 
internè medio, carinatis. Petala obovata, unguiculata 4 
convoluta. Stamina petalis longiora ; filamentis Gliformibus 
petalis involutis. Antheræ exsertæ , ovatæ, biloculares , lo 
culis rimâ longitudinali dehiscentibus. Discus carnosusyt 
subplanus, plus minüsve expansus , calycis tubum replensw 
ovarium arctè cingens eique adhærens, Ovarium disco ims} 
mersum, ovatum vel subsphæricum , triloculare ; loculis” 
: ‘9 

mine 7, acerbè distinxit, sed eam nullo modo ab 7. duloi differm 
agnovit candidus auctor. (Vid. ibid. , t. 7, inter addenda.) 
In Prodromo systematis naturalis cel. Decandolle plantam nepalen- 
sem à japonicä segregavit, nomine /. inæquali insignitam , sed varieta=,| 
tem pro specie accepisse mihi videtur ; etenim plura specimina Wallia| 
chii vidi, nec ea à plantà japonicà cultà distinguere potui, nisi\foliis 
pri angustioribus, nullo modo cordatis. At icon Kæmpferi, à cl 


amarkio in Zllust.,t.131, imitata ». plantæ japonicæ certè referenda; | 
omninù plantam è Nepalià à cl. Wallich.missam exprimit. | 


4 


( 369 ) 


monospermis; ovulo erecto , pedicello brevi suffulto. Sy 
lus profunde trifidus. Sigmata tria. 1 

Fructus capsularis 3-coccus, sphæricus, tubo calycis 

cireumseisso adnato semi-involutus; coccis crustaceis rimà 

-interiori dehiscentibus, superiüs bivalvibus. Semina solita- 
ria, erecta, podespermio brevi suffulta. Testa coriacea , 
atro-fusca , lævissima , raphe laterali interius notata. En- 
dospermium carnosum , lateribus embryonis appplicatum 
(in quibusdam subnullum). Embryo maximus , cotyledo- 
nibus planis, crassis ; radiculà brevi inferà. 

Frutices, folits alternis, integerrimis vel crenulatis, 
penninerviis, nervis distantibus reticulatis, glaberrimis 
vel sæpiüs pubescentibus , vel ferrugineo-villosis. Flores 
in cymis axillaribus, paucifloris , brevibus , congesti, vel 
fasciculati ; pedunculis simplicibus. 


Hujus generis species hüc usquè imperfectè notæ : 

Aliæ ex Americà equinoxiali, nempè: 1. CoLUBRINA FERRUGINOSA 
(Rhamnus colubrinus L. Ceanothus colubrinus Lamk., Enc.; Dec. , 
Prod.). — 2. Corusnina FerMENTuM Rich. ined. ex Guyanià. — 
3. CocusnixA RECLINATA ( Ceanothus reclinatus L’her. Paliurus iner- 
mis hort. paris.). Hab. S.-Domingo (herb. Bosc. ). — 4. Cozusrixa 
GRANULOSsA ( Ceanothus granulosus Pavor., herh. Mex. in mus. Les- 
sert.). — 5. COLUPRINA TRIFLORA (Rhamnus triflorus Sessé et Mocino 
in herb. Pavon. ex mus. Lambert.). Hab. Mexico. — 6. Corusrina 
cusensis ( Rhamnus cubensis L. Ceanothus cubensis Lamk. ). 

Altera asiatica, scilicet : 7. CoLusriNA AsIATICA ( Ceanothus asiati- 
cus L.). Crescit in Asià equinoxiali , in Bengalià ( Leschenault, Wal- 
lich. ) , inque insulis oceani Indici , Timor (herb. mus.), insulis Ma- 
rianis ( Gaudichaud), Borabora ( D'Urville), in Novà -Caledonià 
(herb. F’entenat), in Novà-Holiandià æquinoxiali , ad oram occiden- 
talem (herb. Lambert), et etiam in insulà Mauritii (Commerson et 
Wallich. ). 


CEANOTHUS. — Craxorar Spec. L., Juss., Lamk., 


Dec. — (Eucranoraus Dec., Prod.) 


Car. pirr. Calyx tubo subhemisphærico, laciniis 
conniventibus. Petala unguiculata , cucullata, deflexa. 
Stamina , antheris ovatis, bilocularibus. Discus spon- 

X. 24 


. 
( 370 ) 


giosus, annularis. Ovarium disco cinctum , sphæricum 
triloculare. Styli tres divergentes. Fructus tricoccus , 
tubo calycis circumscisso cinctus. Semina subsessilia. 


_ 


Can. NAT. Calyx, tubo concavo , subhemisphærico , 
limbo 5-fido , laciniis membranaceis, coloratis, ovatis, acu- 
üs, conniventibus. Petala 5, longè unguiculata, exserta, 
patentia; limbo cucullato. Siamina petalis opposita et M 
æqualia, üsque primüum inclusa, dehinc exserta, erecta ; 
filamentis filiformibus; antheris ovatis, bilocularibus; lo- 
culis oblongis ; parallelis, rimis longitudinalibus dehiscen- 
übus. Discus annularis, subpentagonus, planus , spongio- 
sus, superficie mamillosä, ovarium cingens, vix ejus basi 
adnatus. Ovarium globosum, tricostatum , disco semi. 
immersum, triloculare, loculis monospermis ; ovulo erecto. 
Styli tres, basi vix connati, divergentes. Stigmata minima, 
papilliformia ad apices stylorum. 


a 


"A 


Fructus inferiüs tubo calycis adnato circumscisso cinc- 
tus, superiüs liber, tricostatus , tricoccus; coccis bivalvibus, 
crustaceis, monospermis, Semen erectum, fuscum , podo- 
spermio brevissimo cupulæformi suffultum,.subtrigonum 
Testa crustacea, raphe laterali interiüs notata. Endosper- 
mium carnosum. Embryo cotyledonibus maximis planis 
applicatis; radiculà inferà brevi. 

Suffrutices ex Americà septentrionali glabri vel pubes-, 
centes, rammis erectis ; folis alternis, senratis,. subtriner- 
vis; flores tenerrimt, lœtè colorati, albi, cærulei vel 
flavi, in paniculis terminalibus compositis vel in racemis. 
azxtillaribus dispositi. 

1 

Huic generi pertinent omnes species à cl. Decandolle in Prodromo 
sub sectione Euceanotho inscriptæ, cujus plures forsan ut varietates! 


admittendæ. 


WILLEMETIA. — CEaxormi Spec. L. aliorumque 
Auct. 


Can. pirFr. Calyx urceolatus , tubo infernè ovario ad- 
nato, supernè libero , limbo b-fido. Petala cucullata | 


sessilia. Staminainclusa, antheris ovatis, bilocularibus. 


( 371) 


Discus tenuissimus , calfcis tubum incrustans. Ovarium 
semi-inferum, triloculare. Stylus simplex. Fructus… 


Car. var. Calyx urceolatus, glaberrimus , parte inferiori 
tubi obconicä , ovario adnat, parte superioni liberä; limbo 
5-fido ; laciniis ovatis, acutis, erectis. Petala calyce bre- 
viora, sessilia , subrotunda , cucullata. Szamina filamentis 
brevibus, subulatis, arcuatis; antheris maximis, in petalis 
absconditis, ovatis, bilocularibus ; loculis parallelis, rimä 
Jongitudinali dehiscentibus. Discus tenuissimus tubum ca- 
lycis et partem superiorem ovarii incrustans. Ovarium 
semi-inferum, triloculare, loculis monospermis ; ovulo 
erecto, brevè pedicellato, S/ylus simplex, trigonus, tri- 
sulcatus. Sigma trilobum. Fructus.… 

Suffrutex glaberrimus, ramis erectis; foliis alternis, 
oblongo-lanceolatis, serratis , penninervits ; floribus in pa- 
niculis paucifloris axillaribus et terminalibus digestis. 

Huic generi nomen imposui cl. Soyez-Willemet, Bota- 
nici periti, plurium dissertationem auctoris. 


WViLLEMETIA AFRIGANA ( Ceanothus africanus L.), species unica, 
punc cognita , habitat in Æthiopià ( Linn.) , ad promontorium Bonæ- 
Spei ( Burmann ),; et in insulà Mauritii (Commerson ). 


POMADERRIS Labill. 


Car. p1Fr. Calyx tubo adnato, limbo 5-fido , subpa- 
tente. Petala plana , unguiculata, subcordata , vel nulla. 
Stamina exserta, antheris ovatis, bilocularibus. Discus 
nullus. Ovarium semi-adnatum, 3-loculare. Fructus 
semi-inferus, tricoccus, coccis internè ad basim latè 
perforatis. Semina podospermio carnoso, brevi, suf- 
fulta. 

Car. NAT. Calyx coloratus, tubo obconico vel hemisphæ- 
fico, ovario adnato, limbo 5-fido, laciniis ovato-oblongis, 
acutis, subpatentibus, externè villosis, internè glabris, 
coreaceis, subplanis. Petala erecta, brevè unguiculata, 


calyce breviora , limbo plano , cordato, vel nulla. Stamina 
érecta, petalis Jongiora, flamentis gracilibus ; antheris in- 


= 


w ( 572) 


trorsis, ovato-oblongis, bilocularibus , medio dorso aflixisi 
loculis parallelis, rimä longitudinali dehiscentibus. Discus 
nullus. Ovarium semi-adnatum, subsphæricum , superius 
liberum, villosum , triloculare, loculis monospermis. 54y— 
lus trifidus , ramis divergentibus. 

Fructus semi-liber, tubo calycis infernè vestitus, limbo 
deciduo, tricoceus, coccis disjunctis, non dehiscentibus 
basi foramine lato, prius membranä tenui (endocarpii parte 
tenuiori) clauso , apertis. Semina ovata, lævissima, nigra , 
podospermio brevi, erasso, cupulæformi, sustenta. esta 
coriacea. Ændospermium carnosum flavescens. Embryo 
seminiæqualis, flavus; cotyledonibus magnis, carnosis ad- 
pressis ; radiculà brevi inferà. 

Frutices erecti, ramost, pube stellatà plus minüsve tecti… 
Folia entegra vel serrata, utrinque villosa vel suprà gla- 
bra, penninervia. Flores corymbosi, vel in paniculis ex = 
pansis, cornymbiformibus, axtllaribus vel terminalibus 
disposili , à basi ad apicem florentibus. 


Species omnes hujus gencris in Novä-Hollandiä crescunt, et hùe 
certè referendi sunt Ceanothus globulosus Lasire. et Ceanothus spa- 
thulatus Lasizz. nullo modo ab aliis speciebus Pomaderreos differen- 
tes, nisi fructu foramire minori instructo. — Ceanothus capsularis! 
Foxsr. à pluribus auctoribus precedentibus assimilatus, mihi varietas: 
Ceanothi asiatici L. , seu Colubrinæ asiaticæ L., seu Colubrinæ asia- 


ticæ Nos. , ex insulà Taïti à clar. d'Urville allata, videtur. 


CRYPTANDRA Smith , R. Brown, Decand. 


Car. pirr. Calyx coloratus , campanulatus, 5-fidus. 
Petala parva , cucullata , sessilia. Stamina inclusa, an- 
theris bilocularibus. Discus nullus. Ovarium semi- 
adnatum, triloculare. Stylus simplex. Capsulà semi= 
infera, tricocca , calyce toto persistente coronata. Seminà 
podospermio brevi carnoso suffulta. 


Car. nat. Calyx coloratus, externè sæpiüs villosus; tubo 


campanulato , inferiüs ovario adnato ; limbo 5-fido ; laci=! 


niis erectis vel patentibus , acutis. Petala parva , subsessi= 
lia, cucullata, coriacea , enervia, persistentia , fauci afhxa. 
Siamina petalis inclusa , minima; filamentis brevibus ; an= 


(375) 
_theris bilocularibus, loculis parallelis, secuadüm longitu- 
dinem rimis lateralibus dehiscentibus. Discus nullus, vel 
stralum carnosum tenue totam superficiem internam caly- 
cis nec ovariuin incrustans. Ovarium sphæricum, calyes 
semi-adnatum, parte superiori hbemisphæricà , liberâ, pi- 
fosà ; triloculare , loculis monospermis; ovulum erectum , 
podospermio cupulato suffultum. 17lus simplex, calyei 
subæqualis. Sz:gma tridentatum. 


Fructus semi-inferus, calyce toto persistente petalisque 
coronatus , tricoccus, dehiscens , coccis monospermis. Ke 
mina oblongo-subtrigona, lævissima, podospermio brevi 
cupulata. 


Suffrutices ericoïdei è Novà-Hoïlandià, ramosissimi , 
erecti ; ramulis fastigiatis, vel patulis brevibus, rarits 
spinescentibus ; foliüis parvis , integerrimis, glabris, spar- 
sis ; flores ad apices ramulorum aggregati vel solitarir, 
erecti vel penduli, basi squamis 5-parvis imbricalis ca- 


Fculati. 


Hujus generis species mihi cognitæ , et hùc certè referendæ, sunt : 
10. CRYPTANDRA ERICIFOLIA Smith; 20. CrypranprA AMARA South; 
30, CnyrranprA PyRAMIDALIS R. Brown, Mss. (1); 40. Cnypranpra 
SPINESCENS Sicb. 

Harum specierum tertias primas mihi benignè communicavit celch. 
R. Brown; quartam observavi in berbariis Musei Pariensis et clar. 
Kunth. 

Cryptandra obovaia Sicber , è genere et familià repellenda est, ge- 
husque novum formare debet, cujus descriptiouem infrà subjicio (2). 


(1) Cryptandra pyramidalis , ramulis pubescentibus , erectis, pyra- 
midalibus ; foliis obovato-oblougis, integerrimis, sessilibus , glabris > 
Stipulis setaceis ; floribus solitariis, erectis; fructibus oblongis, sub- 


peudulis. 
. (2) BARTLINGIA. — Crypiandra obovata Sieber. 


| Calyx basi bibracteatus, tubo subhemisphærico , limbo: 5-fido ; laci- 
mis tubo duplà longioribus, oblongis, obtusis, interiüs villosis, in 

rœfloratione imbricatis. Petala 5 subrotunda , minima , subsquammi- 
Biui , plana, calycis basi inserta (au perigyna? an hypogyua ?). 
Starmina decem , 5 petalis opposita , breviora; 5 laciniis calycis oppos 
Sita, longiora; filamenta filiformia, brevia; ‘antheræ ovalo-subro- 
&undæ, biloculares , loculis rimis longitudinalibus et lateralibus debis- 
éeutibus. Discus nullus. Ovarium compressam , uno latere salcatun , 
sublanceolatum , uniloculare, mobospérmum (vel dispermum ?) ; ovn- 


( 374 ) 
TRICHOCEPHALUS. — Puyzicæ Spec. Auct. 


Can. wirr. Calyx, tubo brevi suburceolato , inferius 
ovario adnato , superiüs libero , laciniis longissimis se- 
taceis. Petala nulla vel setacea. Stamina, antheris reni- 
formibus , unilocularibus. Discus vix distinctus, tubum 
et lacinias calycis tegens. Ovarium inferum , triloculare. 
Stylus simplex, brevis. Fructus semi-inferus, tricoc-" 
cus. Semina podospermio carnoso, brevi, suflulta. 


Car. nat. Calyx externè lanatus, tubo inferiùs ovario 
adnato, superius subcylindrico, hbero, limbo 5-fido, la= 
cinüs erectis, subulatis, angustis, lanuginosis. Petala sub= 
nulla, parva, setacea, incurva. Siamina antè petala aflixa, 
filamentis brevibus; antheris reniformibus, uniloculari= 
bus, rimâ arcuatà bivalvim dehiscentibus. Discus vix dis= 
tinctus ; stratum carnosum, tenue, calycis tubum incrus= 
tans. Ovarium calyci adnatum , superficie, superiori sub- 
planâ, glabrâ vel maximè villosä ; triloculare, loculis mo+ 
nospermis ; ovulo oblongo, erecto, podospermio brevi# 
cupulæformi , suffulto. Stylus smplex, brevis. Stigma sub= 
trilobum. 

Fructus (ex Tr. Stipulari) semi-adhærens ; pars infera 
calyce adnato tecta, lævis; supera , alterâ major, libera, 
rugosa, villosa. Capsula tricocca, coccis duris, lignosis}; 
inter se primüm arctè adnatis, deindè dehiscentibus. Se= 


Lum lateri sulcato aflixum , peritropum. Stylus brevis , subulatus, apici- 
laris. Stigma simplex, parvum. Fructus… 

Suffrutex è Vovd-Hollandid, ramis gracilibus , fastigiatis ; foliis al= 
ternis , obovatis , retusis, integerrimis, glabris, brevè petiolatis, bas 
bistipulatis ; stipulis brévibus , cuneiformibus, acutis ; floribus ad apices. 
ramulorum congestis , subglomeratis. 

Geuus inter ordines naturales difficile disponendum, fructu hüc us= 
què ignoto ; flores juniores inaperti in speciminibus Siberii à cl. Kunth 
communicatis , solüm suppetebant ; insertio perigyna videtur; sed hoc 
genus differt à plerisque plantis perigynis calyce tubuloso præditis, stas 
minibus petalisque fundo tubi calycis nec fauci afixis; Amy gdalineis. | 
vel Chrysobalaneis affinitate arctiori conjunctum mihi videtur quàm | 
ullis alüs ordinibus ; à prioribus differt staminibus definitis, ab alteris | 
flore regulari et stylo apicilari, ab utrisque staminibus imo calyci nec | 
ejus fauci insertis. 

Dixi in honorem clar. J. Banruinc, qui cum cl. Wenpranp disser= | 
tationem iugeniosam de Diosmeis evulgavit, | 


( 375 ) 


minibus erectis, oblongis, subtriquetris , migris, lævissimis, 
podospermio basi cupulatis. T'esta coriacea , interis ra- 
phe laterali, chalazam ad apicem éfformante , notata. Nu- 
cleus testæ subadnatus, apice mamillo', foramini respon- 
dente, præditus. Ændospermium carnosum, flavescens. 
Embryo magnus, semini subconformis, planus; cotyledo- 
nibus applicatis; radiculà brevi mferà. 

Suffrutices à Promontorio Bonæ-Spei, ericoïder ; ramis 
Jastigiatis, tomentosis ; folüs énferiüs villosis, superius 
glabris, margine convolutis, brevè petiolatis, stipulatis 
vel exslipulatis ; floribus capitatis, capitulis elongatis 
(in T. Spicatà) vel sphæricis (in T. Süpulari) #axirnè 10- 
mentosts 


Hujus generis species suut : 1. TricnocepnaLus sriputanis (Phylice 
stipularis L.). — 2, Fricnocepxazus spicarus ( Phyéica spicata Linn., 
Suppl; Lamk., [ustr,t. 127, fig. 3). 


PHYLICA. — Puvyricæ Spec. Auct. 


© Can: prrr. Calyx tubo subeylindrico , inferius ovario 
adnato, superiüs libero. Petala cucullata. Stamina in- 
clusa , antheris ovatis vel reniformibus, bilocularibus 
vel unilocularibus ; discus vix distinctus, calycis tubum 
et lacinias tegens. Ovarium inferum, triloculare. Stylus 
simplex. Fructus inferus, calyce toto persistente parvo 
coronatus, tricoccus. Semina podospermio brevi car- 


uo50 suffulta. 


Car. var. Calyx externè villosus, rariùs subglaber, tubo 
subcylindrico, basi ovario adnato , superiüs libero , limbo 
5-fido ; laciniis erectis , acutis Petala vel subrotundä, con- 
cava ; fornicato-cucullata, vel oblonga, complicato-cucul- 
lata, fauci inserta. Stamina petalis inelusa, antheris bilo- 
cularibus, oblongis, loculis parailelis rimis longitudinalibus 
apertis, vel reniformibus, loculis supernè confluentibus et 
rimâ unicà arcuatà bivalvim dehiscentibus. Discus vix dis- 
tinctus; vel stratum carhosum calycis tubum et lacinias, 
ovariique ‘partem superlorem teens. Ovartim parvum, 
inferum,, fuudo calycis adnatum ; trilocülare, loculis mo- 


( 376 ) 


nospermis ; ovulo erecto, podospermio brevi suffalto. S4y- 
lus simplex plus minüsve elongatus, calycis tubo sæpins 
æqualis. Sigma trilobum vel tridentatum, in quibusdam 
conicum , integrum. | 

Frucius inferus, ovatus, superiüs coarctatus, tubo ca- 
lycis persistenti , rariüs deciduo, coronatus, glaber, coria- 
ceus, tricoccus; coccis disjunctis, interius dehiscentibus, 
monospermis. Semina ovato-oblonga, lævia, basi podo- 
spermio brevi cupulato suflulta. T'esta crustacea , crassa , 
interius raphe laterali notata. Nucleus chalazæ suspensus , 
mamillo brevi, foramini respondente, terminatus. Endo- 
spermium carnosum. Embryo cotyledonibus oblongis, pla- 
nis, carnosis, applicatis; radiculä brevi inferä. 

Suffrutices ramosissimi , ericoidei ; ramis erectis, fasti- 
gtatis ; folüs sparsis, exstipulatis, linearibus, margine 
revolutis, inferius villosis , superiüs glabris vel pubescen- 
tibus ; vel longè pilosis. Flores capitati vel spiçalo-capi- 
tati, bracteis brevibus villosis vel longioribus plumoso- 
pilosis cincti. 


Hujus generis species in duas cohortes distribuendæ sunt, caracteribus 
sequentibus distinctas. 


$ I. £ricvideæ. Calyx laciniis ovatis, acutis, erectis, vel subpaten-. 
tibus , externè sublanuginosis. Petala subrotunda, concava, fornicato- 
cucullata. Antheræ reniformes, loculis confluentibus, uniloculares, 
bivalvim dehiscentes. Stigma sæpiüs trilobum vel tridentatum. Folia 
nitida, glabra, brevia, acerosa. Flores in capitulis sphæricis , densis, 
congesti. 

1. Payzica parviFLoRA L. — 2, Payrica Ertco1pes L.— 3. Pryzica 


AcEROoSA Willd. — 4. Puyzica nitipA Lamk. — 5. Payxzica REFLExA 
Lamk. (An Ph, callosa L.?) 


$ IL. Strigosæ. Calyx tubo longiori, lacinüis erectis, acutis, subula- 


tis, externè pilosis. Petala oblonga, complicato-cucullata. Autheræ. 


oblongæ , biloculares, loculis parallelis, rimis distinctis, longitudina- 
libus, dehiscentibus. Stigma subulatum vel clavatum, integrum. Folia 
pubescentia, hirta, strigosa, vel villosa, linearia. Flores spicati vel 


capitati , bracteis longissimis , villosis vel plumosis, sæpiùs involucrati. 


1. Payxzica gicoror Lion. (P. strigosa Thunb.). — 2. Payzrca 
PINEA Thunb.— 3. Pnxzica rosmaninirozia Lamk.— 4. Puxzica va 


( 377 ) 


zosA Thanb. — 5. Puxzica mortzonraus Vent. — 6. Payica rLu- 
mosa L. — 7. Puyrica squarnosa Vent. — 8. Puyrica capiTara 
Thunb. 

Species quas observavi solùm bic enumerare volui. Alias species nu- 
merosas quas in herbariis parisiensibus non vidi ex aflinitate cum præ- 
cedentibus vel ex observatione caracterum quicunque ad genera et sec- 
tiones referre poterit. Præter illas quas ad genera Soulangiam et Tri- 
chocephalum retuli, duæ species huic generi ab omnibus auctoribus 
adjunctæ, nempè : Phylica racemosa L., et P. pinifolia L., exclu- 
dendæ sunt et inter Brunias enumerandæ. (Vide Dissertationem de 
Bruniaceis , in Ann. Sc. nat. ,t. 8,p. 357.) 


SOULANGIA. — Puyzicæ Spec. auct. 


Car. p1rr. Calyx tubo obconico, ovario adnato. Pe- 
tala cucullata. Stamina inclusa , antheris reniformibus , 
unilocularibus. Discus epigynus , pentagonus , carnosus. 
Ovarium calycis tubo adnatum et æquale, triloculare. 
Stylus subsimplex. Fructus inferus, areolà magnà su- 
periüs notatus, tricoccus. Semina podospermio brevi 
carnoso suffulta. 


Car. nar. Calyx externè villosus , tubo obconico, ovario 
adnate et ab illo repleto, limbo 5-fido, laciniis acutis, apice 
callosis, subpatentibus. Petala parva, integra, brevè uns 
guiculata , cucullata. Starmina, filamentis brevibus arcua- 
us; antheris reniformibus, unilocularibus (loculis duobus 
superiüs confluentibus) bivalvim dehiscentibus. Discus 
pentagonus, convexus, planus vel subconcavus, ovarium 
tegens et ad marginem elevatus. Ovarium tubo calycis 
æquale et adnätum, triloculare ; loculis monospermis; ovulo 
erecto, podospermio brevi, cupulæformi, suffulto. i$tylrs 
simplex , brevis , subconieus (rariüs apice trifidus). Sigma 
tridentatum , vel stigmata tria. 

Fructus imferus, ovatus, superiüs areolà magnâ, calyce 
non tectà, subplanà, notatus; calycis tubo non coronatus; 
tricoccus, coccis disjunctis interiüs rimà dehiscentibus. e- 
mina ut in Phylicä. 

Suffrutices ex Africa australi, ramosissimi ; fohis alter- 
ns , exstipulaiis ; integerrimis, brevè petiolatis, ovatis, 


( 378 ) 


cordatis vel lanceolatis, rariüs linearibus, inferius vil. 


losis, supernè sæpiüus glabris. Flores in axillis foliorunz 
superiorum vel bractearum solitarii, spicati vel panicu- 
lati, pube brevi tecti. 

Genus dicavi cl. Souranee, è Societate repià agriculture 
parisiensis , atque Societate philomaticà , qui culturà plan— 


tarum rariorum mayis perfectà , vegetabiliumque utilium . 


introductione , de re herbariâ benè meritus est, 


Hujus generis, habitu et structurà floris ab aliis Phylicis maximè 
distincti, sunt species sequentes ab omnibus auctoribus inter Phylicas 
enumeratæ, scilicet : 

1. SOULANGIA AxILLARIS ( Phylica axillaris Lamk.).— 2, Souzancra 
ozeærouiA ( Phylica oleæfolia Vent. ). — 3. SouLanciA THYMIFOLIA 
(Phylica thymifolia Vent., Mal. , t. 57). — 4. SourancrA PANICU- 


zaATA (Phylica paniculata Wild. Phylica myrtifolia Lamk., Enc.).' 


—5. Souranera suxrrourA ( Phylica buxifolia Linn.). — 6: Souran- 
GA CoRDATA ( Phylica cordata Linn. )- 


GOUANIA Linn. 


Car. p1rr. Calyx tubo adhærente , limbo sub-patente, 
5-fido. Petala convoluta vel cucullata. Siamina inelusa, 


antheris ovatis, bilocularibus. Discus epigynus, penta- : 


gonus, vel stellatus. Ovarium calyci adnatum trilocu- 
lare. Stylus trifidus. Fructus inferus, trigonus vel tria- 
latus, tricoccus, coccis disjunctis, indehiscentibus, co- 


riaceis. Semina sessilia. 


Car. naT. Calyx, tubo obconico vel urceolato, ovario 
adnato ; limbo patente vel sub-patente, 5-fido, lacinus 
ovatis, acutis, membranaceis. Petala 5, alterna, brevè 
unguiculata , apice emargimata, convoluta vel cucullata , 
membranacea vel subcoriacea. $tamina petalis inelusa , 6 
lamentis subulatis, basi complanatis, ad apicem incurvis. 
Antheræ ovatæ, biloculares, parte superiori connectivi ad 
apicem acutum filamenti suspensæ, introrsæ ; loculis paral- 
lelis, rimä longitudinali dehiscentibus. Discus epigynus , 
carnosus, vel pentagonus ad faucem calycis limitatus (in 
G. smilacinä), vel in plerisque stellatus, lobis libeuis, 


( 379 ) 


acutis, expansis, laciniis calycis oppositis nec adhærentibus. 
Ovarium tubo calycis adnatum et æquale, primô parvum, 
ovatum , deindè ampliatum , elliptico-trigonum , superiüs 
coarctatum , calyce coronatum , triloculare, loculis mono- 
spermis ; ovulo erecto , sessili. $77lus profundè trifidus. 

Fructus ovato -trigonus vel trialatus, tricoccus; alæ 
marginibus adhærentibus coccorum productæ , ad maturi- 
tatem bipagtitæ; cocca disjuncta indehiscentia, ad margi- 
em bialata , spongioso-coniacea , monosperma. Semen ses- 
sile, lœve, hinc angulatum, indè convexum. Testa co- 
riacea , dura, interius raphe laterali notata. Tegumentnm 
interius (nuclei membrana) superiüs testæ adnatum , infe- 
riùs liberum , acuminatum. Ændospermium tenue, carno- 
sum, flavescens. Embryo semini æqualis et subconformis, 
planus , flavescens; cotyledonibus maximis applicatis; radi- 
culà brevi inferiori, 

Frutices plerique scandentes, ramulis sæpè abortx: nu- 
dis, cirrhiformibus; folüs alternis penninerviis, nervis 
inferioribus majoribus arcuatis, subtriplinerviis., dentautis, 
subpubescentibus , basi stipulatis ; lores abortu s&pè po- 
lygami, in ramulis nudis glomerato-spicati, rarits ad 
axillas foliorum bracteæformium umbellati (in G: smita- 
cinä). 


Oss. 1. Gouania smilacina Smith. in Rees Cyclop. (V.in herb. el. 
Kunth}) ab aliis speciebus recedit, calycis laciniis marginatis, margi- 
pibus membranaceis, in præfloratione applicatis, cristas 5 eflormanti- 
bus; disco non stellato, sed pentagono, ultrà faucem calycis non ex- 


tenso ; et inflorescentià umbellatà in axillis foliorum superiorum. 


Os. 1. In, pluribus hujus generis speciebus, præsertim asiaticis ct 
mauritianis, flores abortu polygami observantur , uempè : flores, alii 
maseuli, ovarium parvum abortum continentes ; ali hermaphroditi, 
pétalis, stamimbus pistilloque perfectis præditi. In specimine speciei 
G. mauritianæ aflinis, ex Javä (1), structuræ normalis aberrationem 
otatione dignam observavi. Flores masculi à floribus aliarum specie- 


(1) Gouaxra osrusrrozta ( Vent., Mss. in herb.), erecta , ferrugi- 
neo-villosa , foliis ellipticis vel ovatis , obtusis, crenatis, infrà villosis, 
suprà subpubescentibus; floribus longè, spicalis; spicis, simplicibus , 
eirrhum unicum et simplicem versüs basim emittentibus, ivterrupus, 
glemérulis florum bracteà setaceà suffultis. Fructus trialati, alis semi 
circularibus. 

Hab, in Javà, (La Haye, in berb, Ventenat. ) 


( 80 ) 

ram nullo modo differebant ; sed flores hermaphroditi petalis carebant, 
et stamina decem , 5 laciniis calycis alterna , longiora, 5 opposita bre- 
viora , 'ostendebant, Discus vix distinctus, annulumque pilosiusculum 
ad basim staminum efformans, in lobis stellæformibus non expansus 
erat. An bæc structura, in unico specimine visa , huic speciei sit pro- 
pria , vel monstruosa aberratio hujus speciminis, nescio; sed hâc ob: 
servatione constat staminum numerus in Rhamneis ad degem pervenire 
posse , nec plantæ decandræ, si aliis notis congruerent, à familià ex- 
cludendæ. 


Oss., 111. Gouaniæ species, quarum majorem partem in herbariis 
frustrà quæsivi, in tres sectiones distribui posse mihi videntur , sci- 


licet : 


* Disco non stellato. 
Gouania smilacina Smith, et forsàan aliæ species brasilienses mihi 
ignotæ. 


** Disco stellato ; floribus hermaphrodicis. — Americanæ. 


Gouania domingensis L. — Gouania striata Rich. 


#* Disco stellato ; {loribus polygamis. — Asiaticæ. 
Gouania tiliæfolia Lamk. — Gouania mauritiana Lamk. — G. 


leptostachya Dec. 


CRÜUMENARIA Mart., Nov. gen., Bras., 11, p. 68. 


Can. prrF. Calyx campanulatus , 5-fidus, supernè co- 
loratus , tubo inferius ovario connato. Petala cuculli- 
formia. Stamina antheris bilocularibus , inclusis. Stylus 


unicus. Stigmata tria. Capsula calyce adnato tecta, pa- 


pyraceà , tricoccà ; coccis margine alatis, monospermis , 


receptaculo centrali iripartito filiformi aflixis. 


Car. naT. Calyx monophyllus, infernè ovario connatus, 
supernè campanulatus liber et albo coloratus ; limbo 5-fido, 
lacinïis ovatis, præfloratione imbricata (?). Petala 5, peri- 


oyna, calycis limbo in commissuris laciniarum inserta ,, 


ideôque cum calycis laciniis alterna, minuta, cucullata , 
stamina recipientia. Stamina hypopetala ; filamentis fili- 
formibus ; antheris subglobosis, locellis sibi approximatis, 


( 38x ) 

et medio secundüm longitudinem bivalvibus, polline mi- 
nutissimo, #loboso-elliptico, longitudinaliter rimoso, far- 
ctis. Ovarium globoso — subtrigonum , cum calyce fundo 
arctè connatum eoque tectum. Sfylus è vertice ovarii bre- 
vis, cylindricus. Stigmata tria patentia, oblonga, glandu- 
losa. Fructus ; capsula tricocca, calyce ubiquè tecta. Cocca 
papyracea, sicca, exterius convexiuscula, obcordata, et 
alà marpinali cincta, intüs bifacialia, et in ipso convexi- 
tatis medio sulco verticali insculpta , cui crus filiforme ap- 
plicetur receptaculi coccorum centralis tripartiti. Semen in 
quovis cocco unicum , obovatum, basi acutiusculum ; testa 
cornea , nitida. Membrana interna arctè adhærens , subfa- 
rinacea , lactea, atque quasi albuminis, quod deest, vices 
gerens. Embryo erectus, carnosus; radicula cylindrica , 
obtusa , parte superiore latens intrà cotyledones hinc con- 
vexas, indè planas, crassiusculas, suborbiculares; plumula 
inconspicua. 


Unica species cognita: CrumenarrA DEcumBENs (Mart., . c., 
t. 160), planta minuta, annua, ramis patulis, decumbens; folia al- 
terna , petiolata, cordata, integerrima , stipulis geminis instructa ; flo- 
res minimi, albi, in pedunculis axillaribus articulatis, solitarii vel ge- 
mini. 

Habitat in herbosis, ad margines sylvarum, super solum arenosum. 
Lat. 80 austr., in mediterraneïs Brasiliæ. 

Genus à Gouanid non differt, nisi calyce campanulato , tubo supernè 
libero , discique defectu. A Rhamneïs omnibus caule annuo, herbaceo, 
pusillo, decumbente, discrepat. 


EXPLICATION DES PLANCHES. 
Planche xu. 


I. Pariurus acuzearus Lamk. 


À, fleur entière; B, fleur coupée longitudinalement ; 
C , pétale vu de profil; C”, le même vu de face ; D, éta- 
mine vue de face; D", la même vue par derrière; Æ , 
coupe longitudinale de l'ovaire et du disque ; F, fruit; 
G , coupe longitudinale du fruit; 7, coupe transversale 
du même; Z, graine; Æ, graine coupée perpendiculai- 
rement aux cotylédons; Z, la même coupée parallèle- 
ment aux cotylédons, | | 


( 362: ) 


IT. Zazsruus vurcants Lamk. 

À , fleur entière; B , fleur coupéelongitudinalement ; C, pé= 
tale vu de profil : C”, le même vu de face; D, étamine 
vue de face; D”, la même vue par derrière; Æ', coupe 
longitudinale de l’ovaire déjà assez développé; F, ovule ; 
G, coupe de l’ovule; 1, testa; 2, membrane interne ; 
3, amande ; 4, cordon ombilical; 5, micropyle ; Æ7, coupe 
longitudinale du fruit; Z, graine; À, coupe longitudi- 
nale de la graine. 


IT. Conpazra micnopuyzza Cavan. 
À , fleur entière; B , coupe longitudinale de l'ovaire. 
IV. VENTILAGO MADRASPATANA Gærin. 

A, fleur entière; B, coupe longitudinale de lovaire ; 
C, pétale ; D, étamine vue antérieurement ; D’, la même 
vue postérieurement ; Æ , ovaire à moitié développé ; 
F, fruit; G, coupe longitudinale du fruit. 


Planche xur. 


I. BencHEMIA FLORISUNDA. 

À, fleur entière; B, coupe longitudinale de la fleur ; 
€, pétale et étamine; D, étamine isolée; Æ, coupe 
longitudinale du fruit; 1, péricarpé; 2; lesta ; 3, en— 
dosperme enveloppé par la membrane de lamande ; 
4, embryon; F, embryon dont on a enlevé un cotylé- 
don. 


IT. SAGEnETIA OPrOSITIFOLIA. 


À , fleur entière; B, coupe longitudinale de la fleur ; 

C, pétele; D, étamine; Æ", style et stigmates. 
III. Ruamnus azarernus L. 

À, fleur mâle entière ; B , coupe longitudinale d’une fleur 
mâle; C, étamine non ouverte, vue antérieurement ; 
C', la même vue postérieurement; D, étamine dont 
l’anthère est ouverte , vue de profil; #7, pollen sec ; Æ", le 
méme mouillé; F, coupe longitudinale d’une fleur fe— 
melle; G, étamine avortée; /7, coupe longitudinale 
d’une des loges de l'ovaire ; Z, fruit; À, une graine vue 
par la face externe; Æ”, la même vue par sa face interne; 
L, coupe Jongitudinale d’une graine ; 1, testa; 2, en— 
dosperme; 3, embryon; 7, embryon entier vu par sa 


(583 ) 


face convexe; M”, le même, dont on a enlevé un coty= 
lédon. S 


IV. Ruamnus catuarricus L. 


À , fleur mâle coupée longitudinalèment; B, coupe longi- 
tudinale d'un ovule déjà fécondé et assez développé; 
1, esta; 2, amande; 3, sac de l’amnios ; 4, ouverture 
des tégumens et mamelon d’impregnation de l’amande ; 
5, cordon ombilical; 6, chalaze ; C , coupe transver- 
sale, du même ovule; 1, vaisseaux nourriciers formant 
le raphé; 2, couche fibreuse du testa; 3, tissu spon- 
gieux du testa ; {, amande ; 5 , sac de l’amnios. 


V. Ruamnus FrANGULA L. 


A, fleur entière; B, coupe longitudinale de la fleur; 
€, ovule coupé longitudinalement ; 1, testa; 2, inein— 


brane interne ; 5, amande; D, coupe longitudinale d'un 
ovule déjà assez développé; 1, conche fibreuse da 1251: ; 


2, vaisseaux nourriciers; 3, “uche cellulease du testa; 
4 , chalaze ; 5, nrembrane interne; 6, parenchyme de 
lamande ; 7, sac de l’amnios; 8 , embryon; 9, cordon 
ombilical; Æ, coupe transversale du méme. ovule ; 
F, graine entière; G, la même coupée longitudinale- 
ment ; 27, embryon dont on a enlevé un cotylédon. 


Planche x1v. 


TI. Cozzsria Honnima' Vent, Ù . 


a, rameau florifère ; 4, bouton; B, fleur entière ; €, coupe 
longitudinale de la fleur ; D , étamine vue de face; D’, la 
même dont l’anthère est ouverte ; D’’, la même vue par 
derrière; Æ, portion du calice et du disque; F, stig- 
mate; G, coupe longitudinale de l'ovaire; A, fruit; 
Æ7, coupe longitudinale du fruit; 7, coupe d’une graine 
‘parallèlement aux cotylédons ; À, coupe transversale 
de la même. 


IE. Prtanizza oBconparTA. 


Æ , rameau florifère; B, fleur entière; €, pétale vu de 
face; C’, le même vu de profil; D, étamine fermée ; 
D’, la même ouverte; Æ, coupe longitudinale d’une 
fleur; F, coupe longitudinale de l'ovaire; g, fruit en- 
tier; G, le même coupé longitudinalement; Æ7, graine; 
T, la même coupée parallèlement aux cotylédons. 


( 354) 
II. Cryrranpra amara Smith. 


a, rameau florifère; B, fleur entière ; €, pétale; D, éta= 
mine vue de face; D’, la même vue de profil; D”, la 


même enveloppée par le pétele; Æ', coupe longitudinale” 


d’une fleur; F, fruit entier du Cryptandra pyrami- 
dalis R. Br.; G,le même coupé longitudinalement ; 
IT, un ovule déjà développé. 


Planche xx. 


I. Scurra CommEensonur. 


À , fleur entière; B, la même coupée longitudinalement ; 
C, pétale et étamine vus par derrière; D, coupe de l’o- 

vaire déjà développé; Æ , ovule; F, fruit. 

IT. Hovenra purcrs Thunb. 


À , fleur entière; B, la même coupée longitudinalement ; 
C, pétale enveloppent l’étamine ; D, coupe de l'ovaire ; 
Æ, fruits portés sur des pédoncuies charnus. 


IIT. CoLuBRINA FERRUGINEA. 

A, fleur entière; B, coupe longitudinale d’une fleur ; 
C, pétale; D, étamine; Æ, fruit; F, une des coques 
ouverte et contenant une graine; G, graine entière; 
I, la même coupée longitudinalement ; 1, cordon om- 
bilical; 2, testa; 3, membrane interne; 4, mamelon 
d'impregnation; 5, embryon; Z, coupe transversale 
d’une graine; 1, testa; 2, membrane interne; 3, en- 
dosperme; 4, embryon. 


IV. Ceanornaus azuneus Desf. 
À , fleur entière; B, étamine vue de face; B', la même 
vue de profil; € , coupe longitudinale de l’ovaire; 
D ,ovule; E, fruit; F, graine ; G, coupe transversale 
d’une graine. ; x nt 


Planche xv1. 


I. WVILLENETIA AFRICANA. 

À, fleur entière; B , la même coupée longitudinalement ; 
C, pétale vu de face ; C’, le même vu de côté; D , éta- 
mine vue de face ; D’, la même vue de profil. 

1. Pomanenris APETALA Labill. 
À , fleur entière ; B, la même coupée longitudinalement; 


(385) 


€, étamine ; D, stigmates ; Æ, coupe du fruit; F, graine 
avant la maturité; G, un des poils qui couvrent le ca- 
lice. 


IIT. Gouania Tir ærorta Lamk. 


À ; fleur mâle entière; Z, coupe longitudinale de la même ; 
C, coupe longitudinale d’une fleur hermaphrodite ; 
D , pétale enveloppant une étamine; Æ, pétale vu de 
face; F, étamine vue de côté; F', la même vue par 
derrière ; G, coupe d’un fruit non mûr; 7, fruit entier 
du Gouania domingensis L.; I, une coque isolée du 
méme vue intérieurement; À , une graine de cette es- 
pèce coupée longitudinalement; 1, testa; 2, endo- 
sperme; 3, embryon ; L, la même coupée transversale- 
ment ; ÏZ, fragmens du calice , du disque , un pétale et 
une étamine du Gouania striata Rich. ; N, portion du 
calice et du disque staminifère des fleurs hermaphrodites 
du Gouania obtusifolia Vent. 


Planche xvn. 


L. TniGHOCEPHALUS STIPULARIS. 


À, fleur entière; B, la même coupée longitudinalement ; 
C, étamine et pétale vus de côté; D , les mêmes vus de 
face; Æ, ovule; F, fruit; G, coupe longitudinale du 

7 RES : s 
fruit; ÆZ, coupe longitudinale d’une graine. 
IT. Puyzica pLumosA L. 


A, fleur entière; B, coupe longitudinale de la même; 
C, pétale avec l’étamine qu’il enveloppe vu de profil; 
C”, pétale vu de face; D, étamine vue de face; D”, la 
même vue par derrière; Æ, fruit; F, coupe longitu- 
dinale du fruit; G, graine entière; Æ7, coupe longitu- 
dinale d’une graine. 

III. SouLANGIA AXILLARIS. 

À, fleur entière; B, coupe longitudinale d'une fleur; C, pé- 
tale vu de face ; C”’, le même vu de profil; D, étamine 
vue de face; D’, la même vue par derrière ; Æ, coupe 
longitudinale d’un ovule déjà assez développé; 1, cor- 
don ombilical en forme de cupule; 2, testa; 3, mem- 
brane interne; 4 , tissu de l’amande ; 5, sac de l’amnios ; 
6, embryon; F, coupe transversale d’un ovaire en partie 
développé; G, portion de la coupe transversale d’un 


X. 25 


( 386 ) 


ovule déjà développé ; r, couche fibreuse du testa; 2, 
couche interne et parenchymateuse du testa ; contenant 
les vaisseaux nourriciers ; 3 , membrane interne ; 4 , pa- 
renchyme de lamande ; 5, sac de l’amnios; Æ, fruit en- 
er; Z, le même coupé longitudinalement; À, coupe 
longitudinale d’une graine. 


Norice sur les Mines d'or ét de platine des monts 
Ourals ; 


Par M. N. J. Menes. 


Nischnin-Tagil est une fonderie, ou comme on s’ex- 
prime dans le pays, une Sawode (dénomination qui 
comprend en mème temps une fonderie et une mine) 
située à quarante lieues de distance, au nord de Catha- 
rinenbourg. Cette Sawode est la propriété du conseiller 
Nikolai Nikititsch Demidoff , et a été fondée en 1725 
par le conseiller d’état Aknifi Nikititsch Demidoff. Ce ne 
fut que peu à peu qu’on trouva autour de la montagne 
de fer magnétique qui s'élève à quatre cents ou cinq 
cents pieds, près du bord de la rivière Tagil, la quan- 
tité de métaux qui ont élevé la Sawode à un tel degré de 
richesse , qu'aujourd'hui elle peut fournir annuellement 
près de quatre cents mille pud (environ cent-cinquante 


mille quintaux) de fer; vingt-cinq à trente mille pudi | 


de cuivre, quarante pud d’or et sept à quatorze pud de 
platine. Ce qu’il y a de plus remarquable , c’est que les 
minerais de fer se trouvent à quelques centaines de pas 
de la fonderie, les minérais de cuivre dans le village 
même et plus près encore de la fonderie, et qu'à une 
demi- lieu de la couche de minerai de fer il y a un lavoir 


= 


| 


( 387 ) 


qui fournit une livre d'or par semaine. Le tout est situé 
au milieu d’une fôret, ensôrte que tout , l’eau, le boîs, 
les métaux, les fourneaux de fonderie et les hommes, 
se trouvent réunis dans un petit espace. La Sawode a 
mille sept cents maisons avec dix mille babitans. Trois 
autres Sawodes plus éloignées tirent encore leur minerai 
de la montagne magnétique déjà mentionnée. 

En arrivant ici en automne dernier , mon premier soin 
fut de reconnaître les rapports géognostiques du pla- 
tine ; je venais de voir les lavoirs d’or de Beresoffsky et 
de Werch-Newinsky. En conséquence jé me rendis 
aussitôt avec l’'économe des lavoirs de Vischnin: Tagil, 
dans l’Ural à quarante-cinq werstes (six lieues ) de cette 
Sawode, dans un endroit où l’on avait découvert du 
platine deux mois auparavant. De là , pour observer les 
formations voisines du côté occidental de l’Oural , je me 
rendis aux forges de Wistimoschaitansky et d’Utinskoi. 
Cette dernière est située sur la rivière Utka qui sert au 
transport des caravannes naviguantes par lesquelles ces 
richesses métalliques sont expédiées à Saint-Pétersbourg. 

Là je trouvai sur le bord de lU£ka le schiste argileux 
primitif (Ur- Thonschiefer) avec de nombreux filons 
quarzeux, se dirigeant du nord au midi et s’inclinant 
vers le levant. La crète de l’Oural consiste en ‘serpen- 
tine, paitout où je l’ai vue. Presque au milieu de cette 
crête , au pied occidental de la montagne Pugina, $é- 
coule vers l’ouest dans l’Utka, une petite rivière péu 
profonde et nommée Suchowissim et dans le même en- 
droit où le Pugina formé de serpentine s’est superposé 
au steaschiste’ primitif (Ur-Talkschiefer), on voit pa- 
raître , immédiatement sous la terre végétale , dans Je 


( 388 ) 

steaschiste décomposé et efllorescent , à trois ou quatre 
pieds de profondeur, une quantité de platine accompagné 
d’or et rarement de plomb natif. Quarante quintaux de 
cette terre talqueuse donnent souvent une demi-livre de 
platine et d’or. Le steaschiste se compose pour la plus 
grande partie, de quarz gris de fumée et de tale lami- 
naire ordinaire. J'ai souvent cru découvrir des traces de 
platine dans le quarz gris de fumée, mais faute d'une 
loupe je n’ai pu les distinguer bien clairement. La ser- 
pentine contient beaucoup de grains et de cristaux de fer 
magnétique; la serpentine efflorescente n’offrit, après une 
fouille qu’on y poussa, que du platine en petite quantité 
sans or. Sur le côté oriental de la montagne Pugina, . 
la serpentine se montre d’abord sous forme de gabbro, 
composée de feldspath et de diallage ; plus loin elle passe 
au Diorite (grünstein) primiuf (composé de feldspath et 
d'amphibole). Dans la dernière de ces régions à trente 
werstes plus au nord, le long de la crête de l'Oural, 
près de la forge de Baranschah, appartenant à la Sa- 
wode de Kuschwinski, on retrouve le platine à un bien 
plus grand état de pureté que celui de Wissimsky. Au 
nord-est de Kuscheva près de Nischnin-Turah , le pla- 
tine se trouve au contraire sur de Ja pierre calcaire bleue 
dans du porphyre vert décomposé. 

Je ferai ici une courte mention du Garobladogat , 
montagne très - remarquable de fer magnétique sem- 
blable à celle de Mischnin - Tagil, et s’élevant du 
Diorite primitif dans le voisinage de Kuschwa (à | 
sept lieues au nord du premier endroit) , à une hauteur 
de quatre cents pieds. Sur une halle de la mine j'ai 


trouvé une quantité de sodalite compacte; en exami:, | 


( 389 ) 


nant deplus près , j'y découvris aussi Ja sodalite cristal- 
lisée, très:raremént en dodécaëdres ; mais le plus souvent 
en trapézoèdres et accompagnée de pyroxène. Sur le 
côté du couchant de la montagne, se trouve une pierre 
amygdaloïde, consistant entièrement en une masse de 
grenat avec des amandes de spath calcaire, et des 'es- 
paces vides avec des cristaux de scapolite. 

J'ai fait dernièremert une excursion sur les bords 
d’une petite rivière nommée Witjui (à trois lieues:d’iei ) 
et:qui: ne coule pendant une espace de plusieurs lieues 

| que sur un lit d’ophite et de serpentine. Comme à lor- 
dinaire, les roches de ce lit sont décomposées sous la 
_terre végétale à plusieurs pieds de profondeur par le: 
| moyen du lavage. On a retiré depuis quelques années ;' 
de cette serpentine décomposée , et accompagnéé: d'o- 
phite, près de dix quintaux d’or natif. La couche tal- 
queuse: aurifère est: plus riche immédiatement sous lx 


terre végétale qu’à une plus grande profondeur , et ne 
contient ; outre la terre talqueuse verte , que des grains 
etdes cristaux de fer magnétique , et un limon de fer mi- 
cacé qui reste avec l'or lors du lavage, et quelquefois ur 
“grain de: platine. Cependant la terre talqueuse contient 
aussi de petits fragmeus de quarz qui indiquent de pe- 
tites branches de filons quarzeux traversant la serpen- 
tine. Jusqu'ici je n'ai vu que de l’or dans les petits fi- 
lons de Diorite avec des pyrites ferrugineusés dans 
les, veines des filons quarzeux qui aboutissent au jour , 
traversent le steaschiste ou le schiste argileux -et con- 
tiennent également du fer sulfuré transformé cependant 
ordinairement en fer oxidé. On observe en général, 
dans l'Oural, que plus l’or est abondant , plus aussi le 


(390 ) 

fer ,sulfuré est transformé, en fer, oxidé. On n’exploite: 
les mines d’or qi'à. Berésofisky et à :Newiansky , où 
ce métal se rencontre dans des filons quarzeux traver= 
sant le. steaschiste.; et accompagné de pyrite :ferru: 
gineuse ;; transformée en partie en :ochre de fer: Dans 
toute.Ja partie de, l’Oural que j'aie vue, c’est-à-dire 
depuis Katharinenbourg, jusqu’à, Bogoloffsk ,: dans 
une étendue, de soixante - dix lieues du sud au nord, 
la mägnésié! est essentiellément. prédominante dans les 
chainons smétallifères de: ces montagnes. 1] n’y: a que 
leso mines de ? cuivre qui ‘paraissent: dans ‘le :voïsi- 
nage. des.couches de calcaire primüif, ou entre ces der: 
nières et le schiste argileux , ou le steaschiste primitif , 
comme cela à dieu à Poleffskoy (à cinquante wers- 
tes jawsud.de.. Katharinenbourg) ou dans le Diorite;: 
comme à Bogosloffsk: Dans ce dernier endroit on ob- 
serve: avecle calcaire primitif dés couches de: grenats 
en, roche, entre lesquels le minerai de euivre s’est dé- 
posérsous! fonme. de nids.et de rognons. La magnésierme 
sé montre pas seulement dans des roches talqueuses ; 
mais: Aussi avec la chaux carbonatée ;,: en: filons et en 
couches sous forme despath magnésien. C’est ainsi que 
dans la minede Preobraschenski près dé Beresowsk les 
filons quarzeux aurifères’sont souvent remplis du spatli 
magnésien qui prend la place du Lis et ne dimintié 
point la quantité de For. | oyh ioiCl, sb emo 

HPairecwde Preobraschenskoy une quantité: considél 
rable de plomb:chromaté dans laquelle j'ai trouvé outré 
les! cristaux déérits:par M. -Léonhard ; huit modifica- 
tions différentes. Il y avait de plus un grand morceau 


massif de chrômeoxidé pur, qui se rencontre quelque- | 


( 391 ) 


fois en nids:avec le plomb chromaté. Les rhomboëdres 
du plomb chromaté m'ont paru remarqnablés comme 
ayant pris, sous forme de pseudo-cristaux, la place du 
spath magnésien , de même que le plomb sulfuré y est 
aussi remplacé par le plomb carbonaté (ou sulfaté)? Be- 
resowsk est sous tous les rapports un point. intéres- 
sant dans l’Oural, La masse de sa formation consiste 
en.steaschiste, terrain bordé des deux côtés (E..et ©.) 
de serpentine et coupé par une infinité de filons quar- 
zeux plus ou moins aurifères, La remarque qu’on trouve 
dans Je Manuel de M. Léonbard (p. 248), « que Pallas 
a trouvé du plomb rouge dans des collines de grès et 
d'argile » est en tout cas fort douteuse , vu qu’on trouve 
dans beaucoup d’endroits de l'Oural du plomb chro- 
maté , mais seulement dans le’ steaschiste, le talc 
ollaire, ou en général dans des roches talqueusés , tan- 
dis que le grès ne se rencontre point dans l'Oural, au 
moins dans le nord de: Katharinenbourg. A1 est vrai 
que le, steaschiste prend souvent un aspect granulé par 
son mélange avec des grains de quarz et par l'excès 
de calcaire magnésien , et qu’on lui a donné pour cette 
cause une foule de noms ( Bérésite, Hermanite, etc. ) 
Mais d’où viendrait le grès, la ligne O. de l'Oural con- 
sistant en schistes argileux primitifs, la crête en ser- 
pentine , et toutes les hauteurs du côté du levant en 
roches  feldspathiques et talqueuses. À la vérité, une 
ligne de granite profondément située ; termine tout l’é- 
difice de l'Oural dans l’est; mais cette ligne tombe dans 
la grand plaine de la Sibérie ei s'élèye à peine dans peu 
d’endroits en collines de quelques centaines de pieds de 


hauteur. De sorte , que dans l'Oural en général , la bigne 


- # ; 
64 


(392) 
granitique qui se prolonge sur la lisière de l’est de cette 
chaîne , dans une étendue de plus de deux cents lieues, 
du sud au nord, n’offre que peu de points, par exemple 
Miask, Mursinsk et autres où l’on recherche des pierres 
précieuses , telles que des améthystes , des topazes, des 
beryls, etc. 

Tout est encore caché sous des fôrêts et sous des mat 
rais. J'ai été à Mursinsk pendant deux jours, au milieu 
du mois d'octobre, lorsque l’hiver commença ; ce qui 
m'empècha de faire des recherches pour trouver des 
pierres précieuses. Les espèces de granite que j'ai re- 
cueillies , contiennent plusieurs espèces de feldspath ; du 
grenat trapézoïdal , de la topaze et de la tourmaline. De 
W'erchoturin jusqu’à Mursinsk je ne passais presque | 
que sur du granite; je ne trouvai du Diorite qu’à Æ/o- 
paewsk , et je le quittai de nouveau près de la Sawode | 
de Susanski, qui fait partie d’Ælopaewsk ; endroit où 
commence déjà le granite graphique de Mursinsk. J'ai 
visité le lavoir de T'scheremschanskoy Prüsk, au côté 


= -—— 


nord de la montagne de fer magnétique , et à ma nou- 
velle surprise , j’ai trouvé que cette montagne appartient 
à la formation de syénite et que l’or s’y trouve dans la 
syénite décomposée à l'air , ce que j'avais déjà vu aussi à 
Werx-Newinsky. L'or se trouve-t-1l dans la formation 
granitique ? Quant à moi j'en doute beaucoup et je n’en … | 
ai pas encore vu de preuve. Il est remarquable que, 
dans tout l’Oural, on ne rencontre des couches tal- 
queuses ou argileuses aurifères que dans les petites ri- 
vières ou dans les coupes des montagnes qui se dirigent 
de l’est à l’ouest, par conséquent seulement dans les 


vallées transversales. Ceci peut dépendre de ce que ces 


CE 7 


( 393 ) 


petites rivières coupent dans leur cours diverses petites 
veines quarzeuses aurifères , et en reçoivent ainsi l'or 
par suite de la décomposition superficielle de ces veines. 

Aussitôt qu’il me sera possible, je tracerai une carte 
topographique de la partie de l'Oural qui m'est con- 
nue; cette chaîne de séparation entre l’Europe et l’A- 
sie est trop intéressante pour ne pas mériter d’être 
mieux connu des minéralogistes. On peut dire que 
la chaîne de l'Oural réunit en elle les Alpes et l'Erz- 
gebirge. Souvent, lorsque je me voyais entouré de 
syénite, de stralite, de tale laminaire vert, de chlo- 
rite , etc. Je me croyais tout-à - fait transporté en 
Suisse, mais tout d’un coup on se retrouve au milieu de 
schistes métallifères. La nature propre à la Suisse, 
manquait presque totalement, car on voyait très-ra- 
rement des montagnes nues ou escarpées, mais des 
contrées qui ‘rappelaient la forêt de Thuringe, quel- 
quefois l’Odenwald et quelquefois la forêt noire. Les 
groupes de montagnes les plus élevées ressemblent au 
Harz. Malgré les nombreuses régions marécageuses que 
renferme le pays plat couvert de bois etentrecoupé de col- 
lines, le climat est extrêmement sain. Nous avons eu ici 
plus de‘trente degrés de froid, mais je m'en suis moins 
ressenti qu’en Allemagne de dix degrés. Le ciel presque 
constamment serein, l'air le plus pur; peu de vents, 
point de brouillards , point d'humidité incommode , 
toutes choses fort singulières dans un pays couvert de 
forêts , m'ont rendu fort agréable l'hiver que j’y ai passé. 

( Zeitschrift für Mineralogie, septembre 1826.) 


” 


C3) 


ae sur deux *rérliora de MY. tiers 
et Milne Edwards, contenant des Recherches 
anatomiques et physiologiques sur da circula- 
tion dans les Crustacés ; 


(Fait à l’Académie des Sciences , séance du 19 mars 1827.) 
Par MM. Cuvier et Dumérir. 


M. Cuvier et moi avons été chargés par l’Académie , 
dans!ses séances des 1 janvier et.5 février derniers, de 
lui faire le Rapport que nous avons l’honneur de lui 
présenter. aujourd’hui. 

Les auteurs qui avaient écrit Je plus récemment sur la 
structure des animaux de la classe des Crustacés, avaient 
commis, de .grandes erreurs en voulant combiner; 
dans les notions qu’ils ont donné dés organes cireula- 
toires et, respiratoires , ce, qu'avaient incomplètérent 


aperçu Willis, Portius, -Swammerdam ; Roessel. et ce | 


que; l’auteur,.des Leçons d'Anatomie comparée y avait 
consigné.d’exact sur ce sujet. C'était. donc un point de 
l'anatomie et de la physiologie, comparée qui:appelait dé 
nouvelles recherches ; car il fallait constater d'une mä- 
nière positive. le véritable mode de la circulation, et-la 
distribution détaillée des vaisseaux artériels.et, veineux 
danis-cette classe d'animaux, 

Cependant, pour éclairer de ee lumières cette 
partie de la science , on ne devait pas se horner à l'étude 
anatomique d’une seule espèce ; il fallait en outre se pro- 
curer des individus dont les parties ne fussent pas trop 


enroïidies par les procédés employés ordinairement pour 


( 395 ) 


leur conservation dans nbs Musées. I1 devenait donc in- 
dispensable ; pour ces sortes de recherches , de se trans- 
portemsur les bords dé la mer, afin de s’y procurer plus 
facilément des individus des genres et des ordres'les plus 
différens par leurs formés et par leur structure. C’est 
dans ce but queles auteurs du Mémoire se sont rendus 
à Granville, sur les côtes de la Manche, où ils étaient 
assurés:de se procurer, et où ils ont recueilli en effet 
les matériaux du grand travail qu'ils ont soumis à votre 
jugement. 

-:Noué:ne suivrons pas: complètement l’ordre. adopté 
par ces Messieurs dans l’exposé qu’ils vous ont fait de 
leurs recherches. PTT e 
«Leur premier Mémoire se; compose de l’histoire chro- 
nologique :des connaissances acquises ou des: opinions 
émisessur la circulation dans les animaux de la:vlasse 
des Crustacés, et surtout des détails très-circonstanciés 
des-expériénices qu’ils ont faite pour découvrir chez ces 
animaux; encore vivans ; le véritable mode de leur.cir- 
culation. 

Lé second Mémoire comprend la partie anatomique 
et la description des organes circulatoires en particulier : 
il «ést accompagné de vingt dessins, de: grandeur natu- 
elle); dans lesquels les distributions des vaisseaux sont 
représentés en couleur , d’après des espèces qui appar- 
tiennent aux ordres principaux des Décapodes à queue 
coùrte:et longue, et:des Stomapodes, 

1 résulte de cetrexamen comparé, présenté avec les 
-plus grands détails, que la circulation dans la plupart 
des Crustacés astacoïdes s’opère de la manière suiyante. 


Le sang ou l'humeur qui est mise en mouvement par 


( 396 ) 


les contractions d’un cœur volumineux , y arrive par 
deux gros vaisseaux branchio-cardiaques., dont l’orifice 
est garni de soupapes ou de valvules qui s'opposent à la 
rétrogradation de ce sang. Six. vaisseaux principaux 
sortent du cœur et peuvent être considérés comme de 
véritables artères : trois de ces troncs sont destinés à la 
partie antérieure, pour les yeux , les antennes et les par- 
ties voisines ; deux moyens se dirigent en dessous, dans 
les lobes du foie. Enfin le sixième, qui est le plus con- 
sidérable , forme sa véritable aorte qui se distribue sous 
toute la poitrine, dans l'abdomen et dans toutes les par- 
ties postérieures du tronc et des membres. 

Dans tous ces Crustacés , les veines sont d’une ténuité 
extrême; elles paraissent provenir des extrémités des 
artères , mais leur tunique semble ne consister qu'en une 
membrane déliée , fixée au tissu même des organes que 
ces veines traversent, à-peu-près comme cela:a lieu 
dans les tuniques de la dure-mère chez les Mammifères, 
et comme l’un de nous les a observées constamment 
dans plusieurs espèces de poissons cyclostomes. Cette 
disposition particulière des veines les rend fort difliciles 
à disséquer, et ce n’est qu’en les insufllant ou:en les in- 
jectant avec des liquides colorés que MM. Audouin et 
Milne Edwards sont parvenus à les rendre sensibles à la 
vue. 

Toutes ces veines ramifiées aboutissent , soit à un, 
soit à deux sinus ou réservoirs communs pratiqués dans 
l'épaisseur des pièces qui composent le thorax et qui 
soutiennent les membres. Ces sortes de golfes sont-pro- 
tégés par des lames. osseuses ou erustacées très-minees, 


qui forment comme des cellules communiquantes entre 


( 397 ) 


elles , et c’est de là que naïssent ou se détachent les veines 
ou vaisseaux qui s’introduisent sur la face externe des 
branchies par leur base. 

Enfin, des ramifications et des terminaisons de ces 
mêmes veines afférentes qui, comme on le voit, font 
l'office d’artères , en naissent d’autres qui longent la face 
interne des pyramides branchiales, et deviennent les 
vaisseaux efférens par lesquels le sang est conduit au 
cœur, où ils n’aboutissent qu'après s'être réunis en un 
seul tronc garni, comme nous l'avons dit, de valvules 
qui s'opposent au retour du sang au moment où le cœur 
se contracte. 

Voilà à-peu-près le mécanisme que l'inspection ana- 
tomique aurait indiqué , mais que ces Messieurs ont dé- 
montré de la manière la plus positive, et par leurs re- 
cherches, dont ils ont figuré le résultat, et par leurs 
expériences , dont nous relaterons bientôt quelques- 
unes. f 

Il résulte de ces recherches anatomiques, que MM. Au- 
douin et Milne Edwards ont tout-à-fait démontré le 

mode de circulation dans trois grandes familles de l’ordre 
des Crustacés ; qu’ils ont ainsi relevé plusieurs erreurs 
consignées dans des ouvrages d’ailleurs très-estimables ; 
qu’ils ont démontré d’une manière positive le mode de 
circulation branchiale que l’auteur des Leçons d’Anato- 
mie comparée avait indiquée ; enfin , ils ont les premiers 
parfaitement apprécié les usages des sinus veineux , qui 
-ont la plus grande analogie avec les appendices de même 
nature que le même M. Cuvier avait observés dans les 
Mollusques céphalopodes , et en particulier dans le Cal- 


mar. 


(398 ) 

Quant aux expériences physiologiques exposées dans 
la première partie du Mémoire, elles sont sûrement im- 
portantes , et peut-être ont-elles aidé les auteurs dans la 
découverte des faits qu’ils ont si bien fait connaître ; 
mais le résultat n’en pouvait être déduit et bien conçn 
qu'après les récherches anatomiques. l ls‘ 

Elles sont au nombre de quatre principales. Dans la 
première, il a été constaté que le fluide tiré à laide 
d’un chalumeau de verre dela veine afférenté ou externe 
de la branchie , empèécliait le tube vasculaire, qui en for- 
mait la continuation, de se remplir de nouveau. La se- 
conde, plus propre à la démonstration , consistait: à 
introduire danis les vaisseaux branchiaux de l’animal 
vivant, quelques bulles d'air dont la progressionrien 
sens invérse, suivant la nature dü vaisseau , a démontré 
le cours du sang. Introduit dans le vaisseau aflérent ; 
l'air ne sortait pas de la branchie; injecté dans la veine 
afférente , au contraire, la bulle de gaz cheminait-jus- 
qu’au cœur. Dans la troisième expérience , exposée avec 
beaucoup de détails, on voit qu’un liquide coloré en 
noir, injecté par la veine efférente des branchies, par- 
vient au cœur, et que poussé plus loin par la conirac- 
tion de cet organe, il pénètre dans tout le système gé- 
néral des artères. Enfin, la quatrième expérience a 
prouvé qu’un liquide coloré introduit dans le golfe ou 
sinus veineux, a pénétré de là aux branchies à l’aide 
des veines afférentes. 

Tels sont les faits positifs que contiennent ces Mé- 
moires intéressans , et dont il est à désirer que la science 


puisse bientôt profiter. Nous proposons en conséquence 


Zn RS 


( 399 ) 


à l’Académie d'adopter ce travail pour le faire insérer 
parmi ceux des savans étrangers (1). 
Signé le baron CUVIER , DUMÉRIL, 


Mémoire sur un Insecte diptère du genre 
Bolitophile ; 
Par M. E. Guérin, 


Membre de la Société d'Histoire naturelle de Paris, etc. , etc. 


L'ordre des Diptères, auquel appartient l’insecte dont 
nous allons essayer de tracer l’histoire, a toujours été 
celui dont l'étude fut la plus négligée, et cela ne doit 
pas surprendre , quand on pense que ces insectes rejetés 
au dernier rang de l’Entomologie et très-difliciles à con- 
server dans les collections, n’ont pu attirer l'attention 
que d’un petit nombre d’observateurs profonds qui ne 
s’attachent pas au luxe des espètés , mais qui cherchent 
principalement à connaître lés habitudes dés insectes, 
leur mode de reproduction , lés ruses sans nombre qu’ils 
emploiet, soit pour $e saisir de léur proie, soit pour 
se garantir de leurs nombreux ennemis, et enfin, les 
métamorphoses qu’ils subissent avant d’être propres à 
reproduire leur espèce. Quoi de plus curieux en eflet, 
qu’une Larve muni de fortes dents, et se nourr'ssant des 
matières les plus coriaces, devienne un insecte ailé, 
d’une forme élégante, dont la bouche n’est plus com- 
posée que d’un sucoir eflilé et propre à pomper le nectar 

(1) L'Académie a approuvé les conclnsions de ce Rapport. Le travail 


de MM. Audouin et Edwards paraîtra aussi dans le prochain volume 
des Annales. 


( 400 ) 


des fleurs ! Et combien le naturaliste est frappé d’admi- 
ration, en voyant que des organes de manducation si 
différens en apparence , peuvent ètre ramenés par une 
étude philosophique , à un seul et même type d’organi- 
sation, et que tous les changemens qu’on remarque ne 
sont dus , en définitive, qu’à des modifications de forme 
et de grandeur. 

Bien convaincu qu’ajouter à cette étude comparative, 
celle des mœurs et des métamorphoses , c'était envisa- 
ger sous sa véritable face, la science de l’Entomologie ; 
nous avons pensé qu’on accueillerait avec intérêt les re- 
cherches que nous avons eu :occasion de faire sur un 
genre de Diptère peu connu et diflicile à observer. 


De la Larve et de son habitation. 


Ayant trouvé dans un bois, vers le milieu du mois 
d'octobre 1826, plusieurs champignons remplis d’une 
grande quantité de petits vers blancs , nous en plaçames 
quelques-uns dans des bocaux, au fond desquels nous 
avions mis de la terre humide, afin d’observer leurs dé- 
veloppemens. Ces larves, longues de trois lignes , sont 
apodes, d’un blanc sale, cylindriques, transparentes dans 
certains points, et composées de onze anneaux , en n’y 
comprenant point la tête : les premiers anneaux et les 
derniers , sont moins larges que ceux du milieu, ce qui 
donne à cette Larve une forme un peu rétrécie aux ex- 
trémités. Sa tête est un peu plus large que longue, un 
peu rétrécie en avant, quoique de forme carrée ; à son 
tiers antérieur et sur les côtés , sont insérés deux petits 
appendices membraneux, en forme d’antennes , et qui. | 
nous ont paru composés de deux articles ; ces appen- 


( 4or ) 


dices sont très-courts ; mais ils ont la propriété de s'al- 
longer ou de se contracter un peu à volonté. 

Entre ces appendices et à la partie antérieure de la 
tête, on voit une pièce membraneuse, molle, assez 
allongée, et terminée en pointe obtuse, cette partie se 
recourbe sur l'ouverture buccale et semble remplir les 
fonctions d’une lèvre supérieure, en concourant à fermer 
la bouche. Au-dessous de cette espèce de lèvre supé- 
rieure , on voit deux crochets écailleux, très-forts, in- 
sérés sur les côtés de la tête et très-loin l’un de l’autre ; 
leurs mouvemens sont libres : ce sont de véritables mau- 
dibules, se joignant comme celles des autres insectes , 
et propres à déchirer les parties coriaces des champi- 
gnons : ces mandibules , placés au foyer d’une forte 
lentille , présentent une forme assez remarquable : elles 
sont terminées par deux crochets courbés l’un vers 
l’autre; le plus long, celui dont la courbure est dirigée 
vers l’intérieur de la bouche, est denté intérieurement 
et nous a paru immobile : l'autre , beaucoup plus petit, 
plus crochu , et immobile comme le premier, a sa pointe 
dirigée en dehors ; il est beaucoup moins grand. 

La consistance de ces mandibules , cornée et extrè- 
mement dure vers la pointe , diminue de dureté et finit 
par être tout-à-fait membraneuse ; c'est cette base qui 
leur donne une grande mobilité et qui permet à l’in- 
secte de les avancer hors de la bouche à sa volonté. 
On ne voit au-dessous de ces mandibules, que des es- 
pèces de replis membraneux qui se rapprochent et s’é- 
loignent en mème temps qu'elles , et paraissent faire les 
fonctions de mâchoires. Enfin, à la partie inférieure, 
se voit une très-petite pièce arrondie, attachée à une es- 


x 26 


(402) 


pèce de menton assez grand ; cette pièce nous paraît 
être la lèvre inférieure; elle est membraneuse, peu 
mobile, et concourt à fermer la bouche, quand la 
lèvre supérieure se recourbe et vient la toucher par son 
extrémité. 

Malgré tout le soin que nous avons mis à examiner 
cette Larve, et quoique nous en ayons retourné des in- 
dividus dans tous les sens, nous n’avons pas vu nette- 
ment les stigmates qui doivent être placés sur les côtés 
du corps ; nous n’avons aperçu que de très-petits points , : 
un peu plus colorés que le reste des anneaux, et qui 
pourraient bien être les organes que nous cherchions. 
Ayant voulu soumettre ces petites parties à un fort gros- 
sissement, nous n'avons vu qu'une «ugmentation de 
grandeur et une diminution de netteté dans ces taches ; 
cependant nous pensons que ces points sont de véri- 
tables stigmates , et nous basons notre opinion sur les 
observations de Réaumur et de Degéer, qui ont décrit 
et figuré les Larves de quelques grandes espèces de Tipu- 
laires , et ont vu les trachées envoyer des rameaux vers 
ces points, qui étaient très-développés et très-visibles. : 
Degéer fait voir évidemment cette disposition , dans la 
figure très-grossie qu'il donne de la Larve d'une es- 
pèce de Mycerophile. Le dernier anneau du corps de 
nos Larves présente , au-dessus de l'anus , quatre appen- 
dices membraneux, mobiles, un peu velus ; sur la base 
des deux inférieurs, on apercoit deux gros stigmates 
bien visibles ; c'est à ces stigmates que viennent finir les 
trachées qui règnent tout le long du corps de la Larve. 
Réaumur pense que c’est par ces ouvertures que l'air 


est introduit dans le corps de l'animal ; il les a très-bien 


(403 ) 


vus dans la Larve d’une grande espèce de Tipule Z'ipula 
oleracea , et de plus, il a ébservé quatre autres petits 
stigmates, placés près des grands et destinés, selon lui, 
à laisser sortir l'air introduit par les premiers. Les ap- 
pendices , sur lesquels ces gros stigmates sont placés, 
se rapprochent l'un de l’autre, et cachent entièrement 
cès ouvertures ; souvent même tout le dernier anneau 
rentre dans le précédent. 

Ces Larves, comme nous l'avons dit plus haut, vi- 
vent dans diverses espèces de champignons ; elles s’y trou- 
vent quelquefois en si grand nombre, que le champi- 
gnon est criblé de trous, et qu'à la fin il s’affaisse et se 
décompose. C’est alors que la Farve a pris tout son ac- 
croissement ; elle n’a plus besoin de nourriture, et bien- 
tt elle s'enfonce dans la terre pour se transformer en 
nymphe. Nous avons souvent retiré ces Larves du cham- 
pignon, pour voir comment elles pouvaient avancer ; 
nous les avons vu contracter leurs anneaux postérieurs 
et allonger les antérieurs comme le font les vers ; à cha- 
que mouvement elles ouvraient et fermaient leurs man- 
dibules avec beaucoup de vitesse; si nous les remettions 
sur le champignon décomposé, d’où nous les avions 
ürées, elles ne tardaient pas à s’y enfoncer entière- 


ment. 


De la Nymphe. 


C’est huit jours après avoir placé les Larves dans les 
bocaux , que nous nous sommes apercu qu'elles avaient 
quitté le champignon décomposé, dans lequel elles 

étaient; nous avons cherché envain nos larves; nous 


n’en avons plus vu une seule, elles étaient toutes ca- 


( 404 ) 


chées dans la terre : en la remuant, nous avons trouvé 


plusieurs Larves qui n'étaient pas encore changées ; 
mais il y avait aussi quelques Nymphes. Le lendemain, « 
ou le neuvième jour , il n’y avait plus de Larves : toutes | 
étaient métamorphosées. Ces Nymphes sont d’un jaune 
pâle; leur partie antérieure présente ün renflement con- 
sidérable qui est la place qu'occupe le dos de l'insecte 
parfait. On voit la place de la tête marquée par une cou- 
leur brune, et un peu plus bas, les fourreaux des an- 
tennes paraissent et se distinguent très-bien par leur 
couleur, d’un noir bleuâtre ; les pattes sont cachées sous 
les aïles : celles-ci sont très-visibles ; la couleur de leurs 
enveloppes est la même que celle des antennes et des 


pattes ; seulement la teinte bleue en est moins foncée ; 
on voit à travers cette enveloppe des traces de nervures. 
A l'extrémité des ailes , on aperçoit les tarses qui 
viennent se réunir sur le milieu du corps, et dont 
l'enveloppe est divisée en six tuyaux bien distincts, 
et réunis entre eux en une espèce de faisceau; ils 
sont très-longs et d’une couleur bleuâtre foncée , 
comme les antennes. Les anneaux de l'abdomen sont 
bien distincts, et on voit de petits poils sur toute leur 
surface. Cet abdomen est indépendant des aïles et des 
pattes, et peut se mouvoir de haut en bas; quand on 
ôte la Nymphe de sa place, elle remue cette partie avee 


beaucoup de vivacité. 
De l'insecte parfait. 


L'insecte parfait est éclos quatre jours après la trans- 
formation en Nymphes, de nos petites Larves ou le 


( 405 ) 


douzième de notre observation; nous l’avons bientôt 
vu posé sur les parois du bocal ou voltigeant dans son 
intérieur , et une circonstance heureuse nous a permis 
d’observer la manière dont il se débarrasse de son en- 
veloppe. 

Ayant placé, sous une forte loupe , une Nymphe que 
nous voulions dessiner , nous n’avons pas tardé à la voir 
faire des mouvemens singuliers, qui ont attiré toute 
notre attention : elle était placée sur le dos, et comme 
apparemment, cette position ne lui convenait pas pour 
se transformer , elle fesait des mouvemens violens avec 
son abdomen , afin de se retourner; elle y parvint enfin 
et resta un instant sans mouvement. Après s'être ainsi 
reposée des efforts qu’elle avait fait pour se retourner , 
nous la vimes contracter tous les anneaux de son corps, 
et opérer des mouvemens intérieurs qui paraïssaient la 
fatiguer beaucoup, car elle restait immobile pendant 
quelques temps, après chaque contraction : pendant 
ce temps, sa peau devenait de plus en plus transpa- 
rente , et les parties de l’insecte parfait se distinguaient 
plus facilement et deveraient plus colorées , enfin, après 
un travail de plus de cinq minutes, l’insecte parvint à 
faire une petite fente au milieu du dos de l’enveloppe ; 
peu à peu, cette fente s’élargit, et bientôt la tipule montra 
sa tête ; puis ses antennes , ses pattes antérieures , et la 
base de ses ailes ; arrivée à ce point , il y eut un petit re- 
pos, et elle fit un dernier effort pour faire sortir ses 
pattes postérieures, et le sommet de ses ailes ; elle ne 
tenait plus alors à sa dépouille que par l'extrémité de 
l'abdomen ; elle se mit à marcher, sans doute pour se 


débarrasser de sa dépouille , mais elle ne pouvait y par- 


C 406 ) 


venir, ce que l’on conçoit facilement, puisqu'elle était M 


sortie de cette enveloppe dans une circonstance extraor- 
dinaire : En effet, quand ces Nymphes sont dans 
terre, et qu’elles sont prêtes à se transformer , elles pré- 
sentent leur partie antérieure à la surface du sol, et 
sont retenues par leur abdomen qui y reste engagé; alors 
l’insecte parfait qui vient d’en sortir, n’a plus qu’un lé- 
ger mouvement à exécuter pour retirer l'extrémité de 
son abdomen, de la coque, restée à moitié engagée 
dans la terre. 

Ce Diptère est très-petit, il n’a que deux lignes etdemie, 
depuis la tête jusqu’à l’extrémité de l'abdomen ; sa tête 


est très-petite, proportionellement au thorax : elle porte 


deux gros yeux saillans et à réseau, entre lesquels on 


voit, sur le vertex, trois petits yeux lisses, très-luisans, 
noirs, placés en ligne droite , transversalement et non 
en triangle, comme cela a lieu dans les genres voisins. 
Au-devant de ces yeux lisses, et entre les grands yeux 
à réseau , sont insérées les antennes ; elles sont presque 
aussi longues que le corps, sétacées et composées de 


douze articles : le premier est très-court, en forme de 


bouton, et beaucoup plus épais que les suivans; le se- 


cond est beaucoup plus long, et les autres sont de 
moitié plus courts et peu distincts entre eux. 

La bouche de ces Diptères est presque entiérement 
membraneuse; eïle est très-difficile à observer, parce 
qu'il faut un grossissement considérable pour en voir 
toutes les pièces, et que ces parties sont très-difficiles à 
isoler. Cette bouche est composée d’une lèvre supé- 
rieure , réunie avec les mandibules ; de deux mächoires 


portant chacune un palpe, et d’une lèvre inférieure. 


k 
LS 


ÿ 


( 407) 


La pièce que nous considérons comme la lèvre supé- 
rieure réunie aux mandibules, est assez grande et un 
peu coriace ; elle est placée à la partie antérieure et su- 
périeure de la tête, et se prolonge en avant en se ter- 
minant en pointe; nous avons détruit un grand nombre 
d'individus pour chercher des mandibules , ou pour 
voir, au moins, si nous n'en apercevrions point quel- 
ques traces ; mais tous nos eflorts ont été vains , et nous 
sommes fondés à croire que cet insecte rentre dans la 
classe de ceux chez lesquels Savigny n’a pas u'ouvé de 
mandibules. 

Les mâchoires sont bien visibles, et nous les avons 
parfaitement observées dans plusieurs individus ; elles 
sont très-molles , et il n'y a que leur lobe terminal qui 
soit de la consistance de la lèvre supérieure; il est al- 
longé, pointu , et légèrement cilié intérieurement; à la 
base de ce lobe est attaché un palpe de quatre articles, 
dont le premier est le plns court; le suivant un peu plus 
long et plus épais; le troisième encore plus long, ré- 
tréci à sa base , et le dernier le plus long de tous, rétréci 
à sa base renflé au milieu, et diminuant de grosseur à 
l’extrémité qui est arrondie. 

La lèvre inférieure , qui forme la trompe de ces in- 
sectes, est assez large et terminée par deux lobes très- 
mous. On ne voit aucune trace de palpes labiaux sur 
cette pièce; et son organisation est entiérernent con- 
forme à celle que M. Latreille et M. Savigny , lui ont 
reconnue dans d’autres genres du mème ordre: 

Le thorax est globuleux, extrêmement gros et sail- 
lant ; il présente quelques inégalités sur le dos et donne 


attache supérieurement aux ailes et aux balanciers , et 


: (408) 


inférieurement aux six pattes. Les ailes sont grandes et 
obtuses ; atteignent l'extrémité de l'abdomen quand l’in- 
secte est en repos , se recouvrent par leurs bords inté- 
rieurs , et alors sont placées horizontalement. Ces ailes 
ont des nervures bien distinctes , circonscrivant des cel- 
lules , qui ont reçu de MM. Latreille et Macquart di- 
verses dénom nations tirées de leurs positions. 

Les balanciers sont assez longs , grèles, terminés par 
un petit bouton , et insérés à la partie postérieure du 
thorax. Les pattes sont très-longues, grèles. La cuisse 
est articulée avec une hanche assez longue et plus grosse 
qu'elle. La jambe est plus longue que la cuisse ; velue, 
terminée par deux pétites épines et par un tarse grêle 
aussi long qu’élle , composé de cinq articles, dont le 
premier est plus long que les quatre autres qui vont en 
diminuant de longueur, jusqu'au dernier: celui-ci est 
terminé par deux petits crochets aïgus et recourbés. 

L'’abdomen est assez:long , eylindrique dans les mâles, 
et-renflé vers son milieu chez.les femelles. Les organes 
copulateurs sont compris dans le dernier anneau ; ils 
sont composés extérienrement , chez les males , de deux 
petites pièces membraneuses et velues qui nous parais- 
sent destinées à saisir l'extrémité de l’abdomen de la fe- 
melle et à la retenir pendant la copulation : on n’apér- 
çoit aucun organe extérieur chez celle-ci. 

Cet insecte , et une autre espèce que nous ne possé= 
dons pas, forment un genre auquel Hoffmansegg! à 
donné (1) le nom de Bolitophile. M. Meigen, dans 
son bel ouvrage sur les Dipuères , a donné les caractè- 
res de ce genre, et il a été adopté dernièrement par 


(x) Sans doute dans sa Collection. 


( 409 ) 


M. Latreille (1), et par M. Macquart, Conservateur des 
animaux sans vertèbres du Musée de Lille, dans un ou- 
vrage parfaitement bien fait , ayant pour titre : {nsectes 
diptères du nord de la France (2). Les caractères que 
ces auteurs ont assigné à ce genre sont très-exacts ; mais 
la connaissance de la bouche nous oblige à les modifier 
un peu. Ces caractères peuvent être exprimés ainsi : 


Tête petite; bouche composée d’une lèvre supérieure réunie aux man- 
dibules, de deux mâchoires allongées , portant chacune un palpe re- 
courbé, filiforme ; de quatre articles et d’une trompe ou lèvre inférieure 
terminée par deux lobes membraneux. Antennes sétacées de la longueur 
du corps, composées de douze articles pour la plupart peu distincts. 
Yeux ronds, saillans. Trois yeux lisses, disposés en ligne transversale 
sur le front. Pieds allongés, grêles. Ailes obtuses , ayant deux cellules 
marginales complètes et deux discoïdales. Larve allongée , pourvue de 
deux fortes mandibules , vivant dans les champignons, et se métamor- 


phosant enterre. Nymphe présentant toutes les parties de l’insecte par- 
fait. 


Ce genre.se distingue des Macrocères, qui en sont 
très-voisins ; par les trois yeux lisses qui sont disposés 
enttriangle dans ces derniers , et par d’autres caractères 
tirés des antennes et des cellules des aïles. Les Synaphes, 
les Mycétophyles et les Léia , ont les antennes beaucoup 
plus courtes : les deux premiers genres s’en distinguent 
encore, parce qu’ils n’ont que deux yeux lisses. Enfin, des 
antennes grenues et perfoliées séparent de nos Bolito- 
philes tous les autres genres de Tipulaires de la divi- 
sion des Fungivores de M. Latreille. 

(x) Familles naturelles du règne animal. 


(2) Extrait des Mémoires de le Société des Sciences , de l'Agrieul- 
ture et des Arts de Tulle. 1826, … \ 


(gro) 


1. BoziToPniLe cENDRéE , Bolithophila cinerea (pl. 18, 
fig. 1 et 2) Hoff., Meïgen. — Macquart, Dipr. ti- 
pulaires du nord de la France, p. 55, pl. 2, fig. 6 
(l'aile ). 


Longue de deux lignes et demie. Corps entièrement 
ris-cendré ; balanciers d’un jaune pâle , avec le bouton 
8 ; ; 


légèrement coloré d’orangé, quand l’insecte est frais. 
8 se; q 


Aïles transparentes avec des reflets irisés. 

Nous avons trouvé la larve qui nous a donné ces Dip- 
ières dans le bois de Romainville, près Paris. M. Mac- 
quart a trouvé rarèment l’insecte parfait, dans ua bois 
des environs de Lille. 


2. BoziTorutze BRUNE , Bolitophila fusca Meigen. 


De la même grandeur que la précédente. Tête jau- 
nâtre , avec les antennes d’un brun noir. Corselet jau- 
nâtre, avec trois raies dorsales brunâtres. Abdomen, 
balanciers et pattes d’uu brun noir. Cuisses jaunes à la 
base, et passant insensiblement au brun. Ailes un peu 
grisätres , avec une tache brunâtre à la place du stig- 
mate. On la trouve en octobre et novembre, et aussi au 
printemps : elle passe vraisemblablement l'hiver. Nous 
n'avons jamais vu cette espèce, et nous empruntons la 


description de M. Meigen. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE XVILI. 


Fig, 1. Grandeur naturelle du Bolitophile cendré. 

Fig. 2. Le même grossi. 

Fig. 3, Thorax et premiers anneaux de l'abdomen très-gross pour 
faire voir l’attache des organes de la locomotion. 2 


a, aile tronquée ; &, thorax ; cc, balanciers ; d , les trois premiers an- 


(4ur ) 


neaux de l'abdomen; e, tête dont on ue voit que les yeux à réseau ; 
J, premiers articles des antennes ; ggg, hanches et commencement 
des cuisses. 

Fig. 4. Tête très-grossie et vue de face. 

aa , les yeux; bbb , les yeux lisses ; ce, les antennes ; d, lèvre supé- 
rieure réunie aux mandibules ; ee, lobe terminal des mâchoires ; 
JF, palpes maxillaires ; g, lèvre inférieure ou trompe. 

Fig. 5. Lobe terminal d’une mâchoire, et palpe attaché à sa base. 
Fig. 6. Lèvre inférieure ou trompe, avec ses lobes terminaux grossis. 
Fig. 7. Extrémité de la jambe , et tarse très-grossis. 

Fig. 8. Nymphe. 

a,nymphe de grandeur naturelle ; b, id. vue sous le ventre ; ce, id. de 
profil. 

Fig. 9. Larve. 

a , larve de grandeur naturelle; b, id. grossie ; c, tête avec les an- 
tenues etles mandibules saillantes comme cela à lieu quand elle 
marche ; d, les quatre lobes membraneux placés en dessus de l'anus. 

Fig. 10. Tête de la larve très-grossie, vue en dessus. 

a, lèvre supérieure ; b, antennes paraissant composées de deux ar- 
ticles. 

Fig. 11. Tête de la larve vue en dessous. 

a, lèvre supérieure ; bb, mandibules ; ce, replis de la peau faisant les 
fonctions de mächoires ; d , lèvre inférieure ou languette ; e, men- 
ton. 

Fig. 12. Extrémité d’une mandibule très-grossie. 
Fig. 13. Portion du dernier anneau de la larve pour montrer les quatre 
lobes membraneux ouverts, 

a , ouverture de l’anus ; bb, stigmates postérieurs. 


( Les figures 14-17 appartiennent au Mémoire suivant. ) 


) (412) 


Mémoire sur une espèce nouvelle de Brachélytre 
du genre Prognathe ; 


Par M. Hrrrozyrne BLonnez. 


On sait que M. Latreille a désigné sous le nom de 
Brachélytres , une famille d'insectes Coléoptères, em- 
brassant le genre Staphy linus de Linné. Aux nombreux 
démembremens que ce genre a éprouvé , M. Kirby dans 
son introduction à l’Entomologie, a ajouté une nou- 
velle coupe générique, celle de Siagone, qu'il a formée 
sur une seule espèce trouvée en Angleterre et dont il a 
donné la figure sur la planche servant de frontispice à 
son ouvrage. Mais cette dénomination ayant déjà été em- 
ployée par M. Latreille pour désigner un genre de la 
famille des Carnassiers, ne pouvait, d’après les prin- 
cipes reçus , lui être conservée; c’est pourquoi il lui a 
substitué celle de Prognathe ( mâchoires avancées). 

L'objet dece mémoire estde faire connaître une seconde 
espèce du mème genre, que j ai découverte aux environs 
de Versailles. Ces insectes sont très-rares , et la première 
espèce ne parait pas même se trouver dans les collections 
de Paris. 

J'indiquerai dans quelle tribu entre ce genre, et j'en 
donnerai les caractères d’après l’ouvrage encore inédit 
de M. Latreille, qui a eu la complaisance de me le com- 
muniquer , ainsi que la description qu'il avait faite de 
l'espèce d'Angleterre, sur un individu que le docteur 
Leach lui avait prêté. Cette communication m'a fourni 


les moyens de les comparer et d'apprécier leurs diflé- 


ne 


(415 ) 


rences spécifiques ; je regrette néanmoins de n'avoir pas 
eu sous les yeux l’espèce de M. Kirby, afin de pronon- 
cer avec plus de certitude. 

Le genre Prognathe avec les genres Osorie, Copro- 
phile , Zirophore et Oxitèle , formera la tribu des Den- 
ticrures. 


Genre ProcxaTue , Prognathus Lat., Siagona Kirby. 


Caractère générique. Tête séparée du corselet par 
une sorte de col. Labre entier. Palpes filiformes et tu- 
bulés, quatrième ou dernier article des maxillaires; 
troisième ou dernier des labiaux distincts. Jambes an- 
térieures un peu dentelées ou épineuses extérieurement. 

Tarses ordinairement susceptibles de se replier sur la 
jambe, composés de cinq articles, dont le premier, qui 
est court , est caché par des poils qui sont à l'extrémité 
de la jambe , et dont le dernier est au moins aussi long 
que les quatre précédens réunis. Antennes de onze ar- 


ticles. Corps déprimé , allongé, parallelipipède. 


Les Prognathes se distinguent aisément de tous les 
autres genres qui composent la tribu des Dentricures. 


1°. Des Coprophiles ( dont les antennes moniliformes 
grossissent vers l'extrémité), par leurs antennes fili- 
formes le corps plus linéaire et les seules jambes anté- 
rieures dentelées ; 2°. des Osories , en ce que ceux-ci 
ont le corps cylindrique et toutes les pattes dentelées ; 
3°. des Zirophores, car dans ce genre les mandibules 
sont aussi longues que la tête et fortement dentelées à 
l'extrémité; 4°. on ne peut confondre les prognathes 


(414 ) 


avec les Oxitèles, attendu qu'ici les palpes sont subulées et 
que le nombre apparent des articles de leurs tarses n’est 


que de trois. 


Proëxaraus Rüripennis (pl. 18, fig. 14 et 15). 


Longueur, 4 millimèt. 


Glaber, punctatus , rufus, capilis posticä parte, tho- 


race abdomineque ano excepto atris. 


Palpes bruns , courts ; les maxillaires un peu plus longs, filiformes , 
grêles, coniques ; les labiaux presque coniques. Menton grand, trape- 
ziforme. Mandibules brunes, assez longues , arquées et pointues à leur 
extrémité. Antennes insérées de chaque côté de la tête, sous une saillie 
en forme de corne arrondie placée au devant des yeux , de la longueur 
environ de la moitié de celle du corps; brunes , un peu velues , à l’ex- 
ception du premier article, qui est un peu plus gros que les autres; le 
second plus conique que le troisième, et les autres d’une forme ovu- 
laire. 

Tête presque triangulaire, de la largeur du corselet, déprimée et 
brune antérieurement, noire postérieurement , profondément pointillée. 
Yeux saillans et noirs. Corselet presque carré, un peu rétréci poste- 
rieurement, peu rebordé , pointillé, noir, marqué sur son milieu d'une 
ligne longitudinale, glabre, peu élevée ; angles postérieurs aigus, 
Ecusson petit, noir. Elytres formant un carré un peu plus long que 
large, d’un brun rougeâtre plus obscur vers l’extrémité, avec quatre 
stries formées par des points ; la première près de la suture, commen- 
çant vers la base , et ne dépassant pas la moitié de la longueur des ély- 
tres ; la seconde , ou suivante, se prolongeant jusqu’au bout , en formant 
une ligne courbe qui, dans son milieu , se rapproche de la suture : les 
deux autres stries plus courtes , parallèles à celles-ci. Abdomen un peu 
plus étroit que les élytres, rebordé , glabre, pointilié, à six segmens 
découverts : les quatre premiers égaux entre eux, noirs; le cin- 
quième double de grandeur des précédens, noir, bordé de brun : le 
dernier arrondi et brun. Pattes courtes, brunes. Jambes anterieures 
ayant cinq à six dents à leur côté externe, et en outre , à l'extrémité 
du même côté , une épine courbe assez forte : les autres jambes ciliées 


extérieurement. 


( 415 ) 
J'ai trouvé cette espèce sous l'écorce d’un peuplier 
mort. 
EXPLICATION DE LA PLANCHE XVIII: 
(Figures 14-17.) 


Fig. 14. Prognathe rufipenne grossi. — Fig. 15, Sa grandeur naturelle, 
Fig. 16. Portion de la jambe antérieure et tarse grossis. — Fig, 17. An- 
tenne grossie. 


Mémoire sur l’Application du Baromètre à l’é- 
tude de la circulation du sang et de la respi- 
ration chez les Animaux vertébrés ; 


Par le docteur Barry. 
(Lu à la Société philomatique le 17 mars 1827.) 


IL est à présent hors de toute question , que par l’ex- 
pansion du thorax il s'établit chez les mammiféres, 
lors de l'inspiration, une tendance au vide autour et au 
dedans du cœur et des extrémités cardiaques des grandes 
veines thoraciques. 

Les commissaires de l’Institut, MM. Cuvier et Du- 
méril, dans leur rapport, ont admis ce fait comme 
prouvé, mais ces savans ont remarqué que les Repti- 
les et les Poissons inspirent par une espèce de dégluti- 
tion et non par l'expansion d’un thorax, et que par 
conséquent, chez ces animaux l'influence d’un vide tho- 
racique sur leurs fluides centripètes , est au moins dou- 
teux. 

Ceue objection vraiment philosophique, m'a forcé 
à chercher les meilleurs moyens pour déterminer s’il 


existe un vide central chez les Reptiles et les Poissons, 


( 416 ) 


et par conséquent , si quelque portion de la pression du 
milieu dans lequel ils vivent, est employée pour aider 
la progression de leurs fluides centripètes. 

Dans mes expériences faites pour montrer, chez les 
Quadrupèdes , l'effet de l'expansion du thorax sur le 
mouvement du sang dans les veines , j'avais senti que 
l'introduction de l'air ou d’autres fluides dans le sys- 
ième circulatoire pouvait modifier en quelque sorte, 
’état physiologique de ces animaux, et que par cela 
seul mes expériences devenaient moins concluantes. 

Du reste , il était évident qne les instrumens dont je 
m'étais servi, ne pouvaient pas être employés sur des 
grenouilles, des serpens, ou des poissons , et ces instru- 
mens ne présentaient aucun moyen de reconnaître la 
diminution absolue de la pression atmosphérique pro- 
duite autour du cœur, par les mouvemens d'inspiration, 
même chez les Mammifères ; mais en employant le ba- 
romètre comme instrument de mesure dans ces expé- 
riences, on pouvait arriver à la connaissance de ces 
données et éviter en même temps l'inconvénient déjà 
indiqué. 

Tout le monde sait, que dans le tube de Torricelli, 
la colonne de mercure est exactement contrebalancée 
par la pression exercée contre sa base par la colonne 
atmosphérique. Aussi, quand cet équilibre est changé 
par la diminution de la pression atmosphérique, le 
mercure descend dans le tube et indique exactement la 
quantité de cette diminution. 

Il me paraissait donc évident que, si la cavité tho- 
racique d’un animal vivant était mise en communica- 


tion avec le réservoir du baromètre , la colonne de mer- 


(417) 


cure marquerait précisément la somme de la diminu- 
tion que la’dilatation du thorax détermine dans la pres- 
sion exercée par l'atmosphère sur les parties qui y sont 
contenues , ainsi que l’augmentation de pression pro- 
duit sur les mêmes organes , par la contraction de cette 
cavité. 

Je fis donc construire un baromètre dont le tube 
était recourbé au vingt-sixième pouce , à un angle tel, 
que le mercure, pour monter d’un millimètre per- 
pendiculaire au-dessus de ce point, était forcé d'occuper 
à-peu-près cinq millimètres du tube oblique. Ainsi, 
les mouvemens du mercure dans cet instrument, avaient 
une vélocité et une sensibilité cinq fois plus grandes que 
dans les instrumens ordinaires. 

Les expériences suivantes , entre plusieurs autres que 
j'ai fait avec cet instrument , donneront, je l'espère, 
des preuves suflisantes de son utilité, dans les recher- 
ches de ce genre. 


Expérience x°°. 


Ayant introduit et attaché un robinet dans la trachée 
artère d’un chien pesant environ quatre livres ; je mis 
le robinet en communication avec le réservoir du baro- 
mètre, par le moyen d’un tube flexible. 

Toute communication entre l’air extérieur et les pou- 
mons du chien étant ainsi interrompue, quagl'animal 
faisait des efforts pour dilater son thorax, le mercure 
dans le tube descendait de cinq pouces perpendicu- 
laires. 

Je mis aussi en communication avec le baromètre, la 
cavité du thorax entre Jes deux plèvres , par le moyen 

Xe 27 


(418 ) 
d'un tube pointu introduit entre deux côtes, près de 
l'extrémité postérieure du sternum. 

À chaque inspiration, le mercure dans le baromètre 
descendait d'environ 2 pouces perpendiculaires, lors- 
que la trachée artère de l'animal était ouverte; mais 
quand le robinet placé dans ce conduit était fermé , 
les efforts que l'animal faisait pour dilater sa poi- 
trine firent descendre le mercurede cinq pouces comme 
auparavant. 

J'ai omis de dire que le réservoir du baromètre re- 
cevait, par le moyen d’une vis, une des extrémités 
d’un tube flexible, et que , à l’autre extrémité du même 
tube, s’adaptait un ajoutage d’acier pointu et d’une gran- 
deur proportionné au sujet de l'expérience. 


Expérience 2°. 


Le 1° mai 1826, le baromètre étant arrangé de la 
manière déja indiquée, un jeune pigeon pesant quatre 
onces et demi, fut placé sur le dos, et le tube d'acier 
pointu fut introduit sous l'extrémité postérieure du ster- 
num, et dirigé. le long de la face interne et concave de 
cet os , jusqu'à son extrémité antérieure. L'ouverture 
du tube était ainsi placé entre le sternum et le cœur, 
dont on sentait les battemens. 

Avant l'introduction du tube, la colonne de mercure 
marquaiisept cent soixante-deux mètres. 

Les doigts , avec lesquels je tenais le tube ; touchaient 
légèrement la poitrine de l'oiseau, de manière que je 
sentais distinctement les dilatations et les contractions 
du thorax, en même temps que j'observais les mouve- 


mens du mercure. 


(419 ) 

Quand le sternum s'élevait, pendant l'inspiration, le 
mercure tombait de plus d’un millimètre, et s'élevait 
dans la même étendue, lorsque pendant l'expiration, 
le sternum s’approchait de la colonne vertébrale, 

Quand l'ouverture du tube était placée près du cœur , 
le mercure se mouvait entre 759" et 765", mais sur la 
face de la colonne , on observait une pulsation , suivant 
que le mercure montait ou descendait, comme s’il eut 
été-partagé en deux colonnes, qui s’élevaient et s’abais- 
saient alternativement. On produisait ce mouvement à 
volonté, en mettant l'ouverture du tube près du cœur ou 
non. La pulsation , visible sur la face de la colonne, 
était beaucoup plus vive que les mouvemens respira- 
toires. 

Quand le tube était dans la trachée artère, les ex- 
trèmes des mouvemens du mercure étaient 753" et 769". 
Expérience 3°. 

J'introduisis un tube pointu entre deux des écailles 
ventrales d’une vipère ordinaire de Fontainebleau, qu’on 
avait gardé vivante pendant l'hiver dans un flacon. Le 
tube pénétra le poumon ou sac aérien , derrière le cœur, 
et fut en même temps mis en communication avec le ba- 
romètre. | 

Quand l'animal ouvrait son larynx, ce qu’il fit pen- 
dant que je tenais ses mâchoires ouvertes, le mercure 
descendait de 762" jusqu'à 959". Quand il fermait sa 
trachée, et qu'il comprimait ses côtes , le mercure mon- 
tait jusqu'à 771", 


( 420 ) 
Expérience 4, 


Le baromètre étant à 565". Aïdé par mon ami M. Tin: 
dal , j'introduisis un petit tube flexible dans la trachée 
d’une couleuvre (Colluber berus) pesant 3 onces 6 gros. 

Pendant quelques minutes, le mercure ne bougeait 
pas, bien que la communication fut complète. 

Je laissai tomber, par une ouverture pratiqué entre les 
écailles placées sur le cœur , trois gouttes d'acide prus- 
sique sur le péricarde. Aussitôt la couleuvre fit quelques 
contorsions violentes, et le mercure marcha pendant 
plusieurs secondes entre 740 et 785". 

L’étendue des mouvemens du mercure diminuaient 
rapidement, et la colonne devint stationnaire, à me- 
sure que les effets du poison devinrent plus intenses. 

L'animal était sans mouvemens en moins de dix mi- 
nutess 

Expérience 5°. 


Le 3 mai, j'introduisis un petit tube d'acier qui com 
muniquait avec le baromètre , entre le cœur et le ster- 
num d’une grenouille dont l'abdomen était rempli 
d'œufs. 

Telle est la sensibilité du baromètre que, bien que 
l'animal ne fit pas agir ses organes respiratoires avec 
énergie, le mercure marcha dans un espace d’un demi- 
millimètre, et pendant tout le temps que le tube restait 
dans cette situation , les mouvemens du mercure cor- 
respondaient aussi parfaitement aux mouvemens respi- 
ratoires de la gorge de la grenouille, qu’à ceux du ster- 
num du pigeon, dans la deuxième expérience. 


C4) 


Je fis constater rigoureusement cette coïncidence, par 
le moyen d’un aide qui indiquait d’une voix élevée, les 
mouvemens de la colonne de mercure, tandis que je te- 
nais le tube en place, et que j’observais les mouvemens 
respiratoires de l’animal. 

Chaque fois que la grenouille, en exécutant un mou- 
vement de déglutition, forçait l'air à pénétrer dans ses 
poumons et faisait approcher de la bouche le larynx, 
le péricarde et le cœur, le mercure tombait imvariable- 
ment. 

Expérience 6°. 


Aidé toujours par mon savant et habile confrère 
M. Tindal, j'introduisis un petit tube pointu (en com- 
munication avec le baromètre) , dans le péricarde d’une 
anguille vivante. 

On pouvait conter facilement, à la surface de la co- 
lonne de mercure, les dilatations et les contractions dy 
péricarde. 

Le mercure devenait concave , ou convexe selon que le 
cœur se retirait ou s’approchait de la partie du péri- 
carde, où le tube fut placé. 

À chaque cinquième pulsation à-peu-près, la face de 
la colonne devint plus profondément concave. Cet eflet 
parut résulter du moindre effort fait par l'animal pour 
dilater ses opercules. Cette anguille pesait treize onces. 

Dans une autre anguille du même poids à-peu-près , 
mais plus vive, quand le tube était dans le péricarde, le 
mercure présentait des pulsations plus marquées, et 
même quelquefois la colonne entière marchait entre 


765% et 770". 


(422) 
CONCLUSIONS. 


De tout ce que nous avons vu dans ces expériences , 
et de ce que nous avons déja prouvé à l’égard des Mam- 
mifères , nous pouvons conclure : 


1°. Que dans tous les animaux vertébrés, il existe un 
mécanisme par l'opération duquel une partie de la pres- 
sion du milieu dans lequel ils vivent, peut ètre enlevée 
d’autour du cœur et des extrémités cardiaques des tubes 
centripètes. 

2°. Que cette pression peut être diminuée, ou par 
l'expansion de la cavité thoracique autour du cœur, ou 
par la contraction et la locomotion du cœur au-dedans 
de cette cavité, on par tous ces moyens réunis. 


3°, Que la somme de la pression ainsi laissée sans op- 
position, est employée à attirer les fluides centripètes 
vers le vide relatif dans la poitrine de ces animanx, 
c’est-à-dire de leur surface vers leurs centre. 


4°. Que cette pression agissant sur tous les côtés et 
sur toutes les extrémités des tubes centripètes compres- 
sibles, doit forcer à entrer dans leurs cavités, les mo- 
lécules de matière qui peuvent passer , ou par les pores, 
ou par d’autres ouvertures pratiquées dans leurs pa- 
rois. 

5°, Que comme les tubes centripètes sont éminem- 
ment compressibles, cette pression doit agir sur leurs 
contenus avec une force bien plus grande que si ces 
tubes étaient incompressibles » parce que, dans ce der- 
uier cas, la pression ne pourrait agir que sur l'ex- 
trémité de la colonne de liquide, tandis que dans le 


( 423 ) 


premier cas, cette pression agit sur lous les côtés eu 
à toute hauteur de la colonne, en mème temps. 

6°. Que le baromètre avec un réservoir assez large, 
et en communication exacte avec la cavité qui entoure le 
cœur d’un animal vivant, donne une mesure assez 
exacte de la diminution de la pression , soit par la dila- 
tation des cavités thoraciques, soit par la contraction et 
la locomotion du cœur dans l’intérieur de ces cavités , ou 
par tous ces moyens ensemble. 


Nore sur la Constitution géologique des iles 
Baléares ; 


Par M. L. Ex pe Beaumont. 


Ingénieur des Mines , Membre de la Soc. d'Hist. nat. de Paris, ete. 


( Lue à la Société d’'Hist. nat. de Parisle 27 avril 1827.) 


Dans le séjour de plusieurs mois que. M. Cambessedes 
a fait en 1825, aux Baléares, pour les recherches 
qui l'ont conduit à publier la Flore de ces iles , il a eu 
occasion de parcourir toutes les parties de l’île de Ma- 
jorque , d'en gravir toutes les sommités , et de mesurer 
au moyen d’un baromètre de Gay-Lussac la hauteur, au- 
dessus de la mer, de tous les points remarquables. Il a 
consigné scrupuleusement sur son journal tout ce que 
l'aspect du sol et la configuration des montagnes lui à 
offert de remarquable, et a recueilli des échantillons de 
toutes les roches qui l'ont frappé, ou qui, sans rien 
présenter de particulier , lui ont semblé jouer par leur 


masse un rôle important dans la constitution de l'ile ; il 


( 424 ) 


a fait la mème chose pour l'ile d'Iviza, qu'il a visitée 


après celle de Majorque; enfin , il a rapporté des vues. 


de ces deux iles et du cap de Dénia , dessinées en mer, à 
des distances plus ou moins grandes. 

M. Cambessedes ayant eu la bonté de mettre à ma dis- 
position ces précieux matériaux, m'a pour ainsi dire 
conduit sur ses pas dans les lieux qu’il a explorés, et 
dont je vais tàcher de donner une idée à la société. Ma 
tâche consistera presque uniquement à décrire les di- 
verses roches rapportées par M. Cambessedes, et à re- 
produire les passages de son journal relatifs à leur gise- 
ment ; je me permettrai seulement de temps en temps 
quelques courtes observations. 

L'ile de Majorque se divise naturellement en deux 
parties distinctes. La première , qui est basse et ne pré- 
sente à sa surface que de légères ondulations , comprend 
toute la partie méridionale de lile ; elle est terminée au 
N.-O. par une ligne tirée du cap de Cala-Figuera au 
cap del Pinar, et à V'E. par une ligne tirée du lieu 
nommé Æstanol, sur le rivage méridional de la baie 
d’Alcudia jusqu’à S.-Lorezo, et à la Puta de Amér, 
sur la côte S.-E. 

La seconde partie de l’île est formée de montagnes qui 
se subdivisent en deux groupes. 

Le premier groupe forme la côte N.-O. et s’étend dans 
l’intérieur jusqu’à la ligne que l’on pourrait tirer du 
cap de Cala Figuera au cap del Pinar. 

Le second groupe forme un promontoire qui s’avance 
vers l'E. assez avant dans la mer, et est terminé à l'O. 
par une ligne tirée d'Estanol à la Puta de Amér. 

Premièrement nous allons d’abord essayer de donner 


(425) 


une idée de la partie plane de l’ile de Majorque qui est la 
plus étendue. 

Lorsqu’en partant de Palma , capitale de Majorque, 
on se dirige vers Artà , à l'extrémité orientale de l'ile, 
on trouve d’abord des champs fertiles consacrés à la 
culture des céréales , et plantés d’amandiers. Après 
deux heures de marche, on entre dans des garigues sté- 
riles dont l’aspect est tout-à-fait le même que celui des 
coteaux arides du Languedoc et de la Catalogne. A qua- 
tre lieues de Palma on traverse le village d’Algaida, lais- 
sant sur la droite kes hauteurs de Randa : on se trouve 
alors avoir monté depuis Palma par une pente à-pen- 
près insensible, Félévation d’'Algaida au-dessus du ni- 
veau de la mer étant de 170 mètres. Ea seule culture de 
ce canton consiste en blé et en fèves ; des troupeaux de 
moutons et de chèvres broutent l’herbe peu abondante 
sur les coteaux pierreux. À trois lieues d’Algaida , on 
rencontre le village de Pétra, dont la hauteur au-dessus 
du niveau de la mer n’est que de 104 mètres : ce village 
est entouré de champs à blé et de vignobles dont l’état 
peu prospère contraste d’une manière frappante avec les 
belles cultures du même genre que l’on observe en Lan- 
guedoe, dans des terrains tout-à-fait analogues. De Pé-- 
tra, on aperçoit dans le lointain les montagnes d’Artà, 
dont on est encore éloigné d'environ cinq heures de 
marche. On traverse pendant tout cet intervalle des co- 
teaux pierreux qui deviennent plus escarpés à mesure 
qu'on s'approche d’Artà; au milieu de ces collines on 
observe quelques champs remarquables par leur extrème 
fertilité ; ils sont formés d’une terre rouge qui a été en- 


traînée par Îles eaux pluviales dans Jes bas-fonds. Si 


(426) 

d’Algaida ou de Petra l’on dirige sa course vers Mana- 
cor , Lluchmajor , ou Campos , on rencontre de vastes 
champs plus ou moins fertiles, qui s’étendent jusqu’au 
bord de la mer, et sontsouvent entrecoupés par des gari- 
gues incultes. Au-delà de Campos, l’ile forme une pointe 
qui se termine au cap des Salines , vis-à-vis la petite île de 
Cabrera. C’est entre Campos et la mer qu’on observe la 
Fuente santa , qui est la seule source minérale qui existe 
à Majorque; elle forme une marre profonde auprès de 
la maison de S. Juan (1): sa chaleur, mesurée à diver- 
ses profondeurs , est de 37°: du thermomètre centigr. 
On remarque encore dans la maison même de S. Juan 
une seconde source moins chaude que la première, dont 
les gens du pays usent quelquefois lorsqu'ils sont atteints 
de la gale : sa température ne s’élève qu’à 26°. 

Lorsqu’en partant de Palma on veut se rendre à l’an- 
cienne ville d’Alcudia , on traverse, dans un trajet d’en- 
viron huit heures de marche , Les plaines les plus fertiles 
de Majorque. Avant d'arriver à S. Maria, on com- 
mence à ne plus trouver d’amandiers ; ces arbres sont 
remplacés par des caroubiers et des oliviers, qui acquiè- 


(1) Analyse de l’eau de la Fuenta santa, faite par M. Ballard de. 
Montpellier. 


10, Acide hydro-sulfurique ; 

20. Acide carbonique ; 

30. Azote; 

4°. Hydro-sulfate de soude ; 

50. Sous-carbonate de soude (des traces) ; 
60. Sulfate de soude ; 

70. Hydro-chlorate de chaux ; 

80. Hydro-chlorate de magnésie ; 

go. Sels à base de potasse ( des traces }. 


C427 Y 
rent auprès de Binisaiem, d’Inca, de Campanet, des 
dimensions presque gigantesques. À une lieue d’Alcu- 
dia , la végétation arborescente disparaît presque tota- 
lement , et on entre bientôt dans des marais fangeux dits 
Albuferas , où végètent en grand nombre les Tamarix 
gallica et africana. 

Si d’Alcudia on se dirige vers le promontoire d'Artà, 
on entre , après avoir traversé les Æ/buferas, dans une 
vaste plaine sablonneuse dite renal, qui se poursuit 
sans interruption jusqu’au pied du Puig-Ferrutx. Dans 
ce trajet, d'environ quatre heures de marche, on laisse 
sur la droite des grandes forêts de pins d'Alep, au-delà 
desquelles sont situés les villages de Muro et de 5, 
Margarita ; la plaine se poursuit au midi jusqu’à Mana- 
cor , Lluchmajor et Campos, et de là jusqu’à la mer. 
A l’est, la plage sablonneuse forme une anse terminée 
au nord par le cap del Pinar, et au sud-est par le Puig 
Ferrutx. 

On peut juger, par plusieurs des détails qui précèdent, 
que le sol de cette partie basse de l'ile de Majorque est 
principalement calcaire. 

La colline de Belver, près de la ville de Palma , pré- 
sente à sa base une marne rouge qui renferme des rognons 
d’un calcaire compacte rouge parsemé de petites cavités 
assez analogues à celles qu’on aperçoit dans beaucoup de 
calcaires d’eau douce. Le sommet du même monticule 
est formé par un calcaire blanchâtre un peu sableux, 
contenant quelques grains de quarz, parsemé de petites 
cavités irrégulières et de petits points blancs : le toui 
me semble présenter quelques analogies avec le terrain 
tertiaire d’eau douce, composé de marnes rouges et bi- 


( 428 ) 
garrées , et de diverses roches calcaires , qui se voit aux 
environs d'Aix en Provence, et se retrouve en divers: 
autres points du midi de la France , en Suisse , etc. 

En suivant le bord de la mer d’Alcudia, à Santa-Vic- 
toria , M. Cambessedes a recueilli des échantillons d’un 
aggrégat calcaire, composé en grande partie de grains 
calcaires et de débris de coquilles faiblement agglutinés 
par un ciment marneux rougeàtre. On n’hésiterait guère 
à rapporter ces roches à la partie supérieure du grand 
dépôt de nagel-fluhe et de mollasse, à la mollasse co- 
quillère qui forme la côte occidentale de l’étang de Berre, 
et quelques points des côtes de la Méditerranée, dans 
le département des Bouches-du-Rhône, si elles ne pré- 
sentaient aussi beaucoup de ressemblance avec divers 
petits dépôts qui se sont formés très-récemment , ou 
même qui se forment encore journellement sur divers 
plages , tant de la Méditerranée que de l'Océan. 

Le premier des deux groupes de montagnes dont j'ai 
déjà parlé , celui qui s'étend du cap de Cala-Figuera au 
cap del Pinar, et forme la côte N.-E. de l’île, est allongé 
du N.-E. au S.-0., et beaucoup plus escarpé du côté 
du N.-O. qui regarde la mer que du côté opposé ; il pré- 
sente à la mer des pentes escarpées qui sortent presque 
verticalement du sein des flots, et qui sont presque im- 
médiatement couronnées par les sommets les plus élevés 
de ce groupe et de toute l'ile. 

Pour donner une idée de l'aspect extérieur de ce 
groupe de montagnes , nous extrairons du journal de 
voyage de M. Cambessedes, quelques-unes des notes 
qu'il rédigeait en le parcourant. 

Pollensa, l’une des villes les plus industrieuses de 


( 429 ) 


Majorque, est située à l’extrémité N.-E. de la chaîne, 
à une lieue d’Alcudia. Lorsque de tette ville on veut se 
rendre au couvent de Lluch , dans la montagne, on suit 
un vallon formé au nord par la chaine qui se prolonge 
jusqu’au cap Formenton, et au midi par une suite de 
coteaux qui se terminent auprès de Pollensa : ce:vallon 
est un des plus agréables de l'ile; il est arrosé par plu- 
sieurs sources; on y cultive beaucoup de cerisiers et 
d’autres arbres à fruit , des vignes , etc. À son extrémité, 
le chemin est tout-à-coup barré par une montagne que 
l’on escalade presque à pic, et après laquelle on descend 
jusqu'au couvent de Lluch : la montée est si rapide, 
qu’on se trouve très-étonné , lorsqu'on est parvenu au 
sommet, de n'être élevé que de 5486 au-dessus du ni 
veau de la mer. 

Le couvent de Lluch est bâti au milieu d’un petit val- 
lon resserré entre des montagnes, et situé à 459",4 au- 
dessus du niveau de la mer ; sa position est très-avanta- 
geuse pour servir de centre d’où l’on puisse diriger des 
recherches scientifiques. J’y passai plusieurs jours, pen- 
dant lesquels je parcourus tous les environs, et je me 
suis assuré de cette manière que l’île est partout inabor- 
dable du côté du nord: les montagnes sont taillées à 
pic; souvent même il devient très-diflicile d'approcher 
de la mer. 

Le Puig-Major, montagne qui atteint 1,115",4, et qui 
est , après le Puig-de-Torrella , le sommet le plus élevé 
de Majorque , est très-voisin du couvent de Lluch. On 
remarque à son sommet un trou d'environ trois pieds de 
diamètre , qui parait descendre à une très-grande pro- 


fondeur ; on entend rouler les pierres que l’on y jette, 


(430) 
“jusqu'à ce que leur bruit se perde dans l’éloignez 
ment. 

Le Puig-de-Torrella , situé entre £luch et la ville de 
Soller, est le point le plus élevé de l’île; son sommet, 
de forme conique , atteint 1,463",6 ; il domine toutes les 
hauteurs qui l’avoisinent ; sur son penchant nord-ouest, | 
à la hauteur de 879",3, on trouve un filon de pierres 
noires découvertes de terre végétale, et présentant à-peu- 
près l'aspect d’une coulée de lave. En descendant du 
côté de Soller, je remarquai plusieurs cabanes dans les- 
‘quelles on conserve la neige; le seul moyen que l’on 
emploie consiste à la réunir pendant l'hiver dans de 
grandes fosses , et à la recouvrir avec des herbes sèches, 
après l'avoir fortement tassée. Ces cabanes, et quel- 
ques autres qui sont sur les montagnes des environs, 
fournissent pendant tout l'été de la neige à Palma. 

Les montagnes qui se trouvent entre Soller et le Puig- 
de-Galatzo, qui s'élève à 989 mètres , dépassent rarc- 
rement 600 mètres , et sont, ainsi que celles des envi- 
rons de Lluch, taillées à pic du côté de la mer; au mi- 
lieu d'elles se trouvent les vallons d’Esporlas et de 
Valldemosa , remarquables par leur fertilité. 

C’est non loin de ce dernier village, auprès de la 
maison de campagne de So Brondo, que l’on observe 
une fontaine analogue à celle de Saint-Alire ; auprès de 
Clermont ; cette eau , tenant en dissolution une quan- 
tité considérable de carbonate de chaux, incruste assez 
promptement d’une pâte calcaire les objets que l’on sou- 
met à son action. 

Au sud-est du mont Galatzo, la chaîne se poursuit 
jusqu'au cap de Cala-Figuera; et à l’est, des coteaux 


PRET) 
éscarpés se succèdent sans interruption jusqu'aux portés 
de Palma. 

Il est naturel de penser que ces montagnes sont for- 
mées de couches qui, sortant de dessous les dépôts ré- 
cens indiqués ci-dessus , se relèvent vers le N.-O. et se 
terminent de ce côté par un escarpement abrupte. L'ile 
d'Iviza et le cap de Dénia , situés dans le prolongement 
du grand axe du groupe montagneux dont nous parlons, 
et de la direction probable des couches qui le compo- 
sent, sont aussi formés de roches calcaires , et les vues 
que M. Cambessedes en a prises semblent indiquer, sur- 
tout pour l’ile d’Iviza , une disposition de couches ana- 
logues. 

Nous joignons également à cette Note une vue de l’île 

de Majorque, prise d’un point situé entre cette ile et 
île d’Iviza, à dix lieues au S.-S.-E. du cap de Cala- 
Figuera ; de ce point, la courbure de la mer empéchait 
de voir la partie basse de l’île et même les montagnes 
des environs d’Artà, situées à son extrémité la plus 
éloignée et beaucoup moins élevées que celles qui 
forment le groupe qui nous occupe en ce moment, et 
qui se trouve ainsi figurer seul sur le dessin. Nous y 
avons indiqué ceux des principaux sommets qui peuvent 
se distinguer nettement à cette distance, et dont nous 
avons pu placer les noms avec certitude. 

Le promontoire d’Artà est formé par une réunion de 
montagnes moins élevées que celles de la grande chaîne ; 
le Puig-Ferrutx, qui est le point culminant, n’atteint 
que 538",9. Toutes ces élévations présentent la même 
disposition que celles de la grande chaîne, c’est-à-dire 
que leur côté septentrional est taillé à pic, et souvent 


(452) 
inabordable, tandis qu’on arrive saus peine à leur som- 
met par le penchant méridional. 

Voici le tableau des hauteurs des principales mon- 
tagnes de Majorque et de divers autres points remarqua- 
bles de cette île; elles ont été mesurées par M. Cambes- 
sedes , avec un baromètre de Gay-Lussac. 


Hauteurs au-dessus du niveau de la mer. 


Montagnes. 

Puig-de-Torrella An FA tale ar let ete slatoleialerate sales lelare olate I 463mèt Gdéc. 
Couche ou filon de pierres noires que l’on trouve 

sur le penchant N.-O. du Puig-de-T orrella. . - ... 879 3 
Puig- Major--..-..... De MR An PS CN DA +. 1115 4 
Galatzo- sescsossionssoss ones ns sale sa ee 989 3 
Montagne entre Pollensa et Lluch-.-...... HO TA CE 548 6 
Con Salle anne Se de nitr MAMAN = 
Clos de la Barque- eee... xt 0. 28e q 
Bec de Ferrutx-ssesssssess essences esse 538 9 
Entrée de la Cueva de la Ermita-+.-............ 43 4 

Villages. 

Algaida Ale esse nn nat dl mes rois ferais 170 
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Artase ssssosssoreosessrese esse. ….... 131 
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D’après les échantillons de roches rapportés par 
M. Cambessedes , les montagnes de Majorque , aussi bien 
que celles de l’île d’Iviza et du cap de Dénia , sont prin- 
cipalement formées par des calcaires compactes ou sub- 
cristallins , présentant souvent des petits filons de spath 
calcaire blanc , et dont la couleur varie du gris au blanc 


(453 ) 


grisâtre et au blanc. ils présentent béaucoup d’analogies 
avec ceux qui forment les montagnes calcaires de la Pro- 
vence, Et paraissent devoir être rapportés , les uns à la 
partie süpérieure du Lias, commé les calcaires gris qui 
constituent la montagne des Alpines ou des Aupies , 
près de $älon (département des Bouches-du-Rhône), et 
les autres à l'étage inférieur des calcaires oolitiques , 
comme les calcaires blanchâtres dont sont formées les 
montagnes escarpées qui dominent Toulon vers le nord, 
les montagnes des environs de Marseille et d'Aix, et le 
mont Ventoux , au N.-E. d'Avignon. 

Cette dernière montagne est élevée d'environ 1900 mé- 
tres au-dessus de la mer; si donc la Méditerranée s’é- 
levait de 440 mètres , le mont Ventoux conserverait au- 
dessus de ses eattx une hauteur de 1460 mètres, c’est-à- 
dire à-peu-près égale à celle du Puig-de-Torrella, le 
point le plus élevé de Majorque. Dans cette supposition, 
le mont Ventoux se trouverait être le point le plus élevé 
d’une île ou d’une presqu'ile qui présenterait dans sa 
structure générale et dans sa composition de nombreux 
traits de ressemblance avec l’île de Majorque : seule- 
ment, cette île ou presqu'ile n’aurait que 6 myriamè- 
tres + de longueur ;, tandis que le principal groupe de 
montagnes de Majorque en a 10 dans sa plus grande lon- 
gueur du cap de Zlebetx au cap Formenton ; elle ne 
présenterait d'aucun côté un profil aussi dentelé que ce- 
lui de l’île de Majorque , et on y chercherait vainement 
les roches dont j'ai encore à parler et dont plusieurs se 
lient peut-être aux révolutions qui ont donné aux mon- 
tagnes de Majorque l'aspect qu'elles présentent. Sous 
ce rapport, comme sous celui sa configuration exté- 


Xe 20 


(454 ) 
rieure, le principal groupe de montagnes de Majorque 


ressemble davantage à la chaine qui, de la montagne 
de l'Étoile, entre Aïx et Marseille , s'étend par la 


Sainte - Baume jusqu’au midi de Brignolles , sur une 


longueur de-6 myriamètres , c’est-à-dire égale à un peu 
moins des deux tiers de celle du principal groupe de 
montagnes de Majorque , et qui s’élève à la pointe des 
Béguines, près de la Sainte - Baume, à la hauteur de 
1,100 mètres. Le sommet élancé du Galatzo me rap- 
pelle en particulier l’une des montagnes de la chaîne 
que je viens de citer, celle appelée le Pilon du Roi, 
qui s'élève à 712 mètres ou pas tout-à-fait aux trois 
quarts de la hauteur du Galatzo, tandis que la pointe 
des Béguines s’élève presque exactement aux trois quarts 
de la hauteur du Puig - de - Torrella. Toutefois, ces 
rapports de structure ne doivent pas faire oublier que 
la cliaîne de l'Étoile et de la Sainte - Baume présente 
entre les couches du calcaire oolitique et du terrain ter- 
taire qui lui sont communes avec Majorque, un dépôt 
contemporain de la formation du Green-Sand , riche 
en hyppurites , radiolites , nummulites, milliolites, 
nautiles , trigonies, gryphées , pectens, spatangues , etc., 
dépôt qui se retrouve en plusieurs autres points des 
bords de la Méditerranée, aux Martigues (Bouches-du- 
Rhône), au cap Passa (en Sicile), mais dont les obser- 
vations de M. Cambessedes n’indiquent pas la présence 
à Majorque , et qui paraît également étranger aux par- 
ties du nront Ventoux et de ses environs , qui dépassent 
44o mètres d’élévation. 

M. Cambessedes a trouvé à Cauvia, dans la partie 


S.-O. du groupe principal que nous avons décrit le pre- 


( 435 ) 


mier, un gypse sacharoïde d’un blanc rougeûtre , avec 
veinules rouges, qui ressemble beaucoup à certains 
échantillons des gypses du grès bigarré, mais qui rap- 
pelle d’une manière bien plus frappante encore les 
gypses des environs de Digue et de Castellane (départe- 
tement des Basses-Alpes), ceux des environs de Nice, 
et ceux de Roquevaire, entre Aix et Toulon, situés, 
les premiers dans le lias , et les derniers dans les couches 
les plus anciennes du calcaire oolitique. Ce gypse a aussi 
bien des rapports avec ceux qui accompagnent les ophi- 
tes des Pyrénées et les variolites du Drac, en Dau- 
phiné. 

Dans la plaine d’Artà , M. Cambessedes a trouvé des 
petits filons de fer spathique traversant le calcaire, et 
des dépôts d’ochre jaune et rouge qui rappellent natu- 
rellement ceux qu’on trouve près de Roquevaire , entre 
Marseille et Toulon , en divers points qui font partie de 
la chaîne de montagnes dont j'ai parlé plus haut. Il ÿ a 
également recueilli d'assez gros cristaux de quarz bipy- 
ramidé enfumé, enchâssés dans un calcaire grenu schis- 
teux : ces cristaux rappellent , à la couleur près, ceux 
que M. Dufrenoy a découverts dans plusieurs gypses du 
Languedcc, que rappelle entièrement celui de Cauvia , 
cité plus haut, et qui lui paraissent aussi appartenir aux 
marnes de l’étage supérieur du lias. 

Le Puig-de-Torrella, qui est le point le plus élevé de 
l'ile (sa hauteur est de r,463",6), est formé au sommet 
des calcaires dont nous avons déjà parlé; mais on re- 
marque sur sa pente occidentale et aux deux tiers en- 
viron de sa hauteur, à 876",3, une masse allongée et 
assez étendue ( couche ou filon? ), dépourvue de terre 


( 436.) 


végétale; d’une roche, noïre dont la forme et l'aspect 
extérieur ont rappélé à M. Cambessedes ceux de pln- 
sieurs des coulées de laves de l'Auvergne : cette roche 
lui a paru en mème temps avoir quelques rapports avec 
celles du clos de la Barque , dont je vais parler. 

À une demi-lieue environ du couvent de Lluch , on 
trouve un vallon à-peu-près cireulaire , élevé de 238,9 
au-dessus du niveau de la mer , ayant environ un quart 
de lieue dans son plus grand diamètre , dominé par des 
montagnes taillées à pie , et nommé, à cause de sa forme, 
clos de la Barque. Le fond de cette espèce de cratère 
est parsemé de pierres noires très - pesantes. M. Cam- 
bessedes a recueilli parmi ces pierres une roche analogue 
à certaines amygdaloïdes et une espèce de lithomarge 
impure , sableuse , un peu calcaire, pénétrée de mine- 
rais decuivre , et en particulier de cuivre carbonaté vert 
fibreux (malachyte). Les échantillons rapportés par 
M. Cambessedes du clos de la Barque ressemblent d’une 
manière frappante à certaines variétés de la variolite du 
Drac, qu'on trouve à Champoléon (département des 
Hautes-Alpes) , et qui présentent aussi divers minerais 
de cuivre , et particulièrement du cuivre carbonaté vert 
et du cuivre carbonaté bleu. Ces variolites paraissent 
avoir de grands rapports de nature et de gisement , tant 
avec les roches des Pyrénées, connues sous le nom d’o- 
phites, qu'avec celles du Tyrol, que M. Léopold de 
Buch a décrites sous le nom de porphyres pyroxéniques , 
et qui paraissent avoir joué un rôle si important dans 
les phénomènes dont cette contrée et beaucoup d’autres 


ont été le théätre. 
L'ile de Majorque présente aussi des dolomies. 


( 437 ) 


M. Cambessedes en a recueilli plusieurs échantillons au- 
dessous de l'entrée de la grotte dite Cueva de la Ermita. 
L'un de ces échantillons , que j'ai analysé dans le labo- 
ratoire de l’École des Mines, m'a paru composé de la 
manière suivante : 


Carbonate de chaux. 0,532 conten. 0,232 d’acide carbonique. 
Carbonate de magnésie. 0,465 conten. 0,240  d’acide carbonique. 
Argile et sable. 0,005 


1,002 


On voit que les quantités d'acide carbonique qui se 
trouvent combinées avec la chaux et la magnésie, sont 
très-peu différentes, et que par conséquent le résultat 
de l’analysé approche beaucoup de la composition 1héo- 
rique de Ja dolomie. 

La Cueva de la Ermita est située à une lieue d’Artà, 
auprès du cap  Vermei; son entrée, qui domine la 
mer, se trouve à 43",4 au - dessus d’elle, et présente 
à-peu - près la forme d’un bàt de mulet. Pour péné- 
trer dans l'intérieur, dit M. Cambessedes , on se glisse 
sur la droite, entre des rochers , et on descend, sans 
beaucoup :de peine, dans une vaste salle ornée de co- 
lônnes de stalactites; après celle-ci, on en rencontre 
plusieurs autres à-peu-près pareilles , à l'extrémité des- 
quelles on remarque une source d’ean limpide très- 
agréable à boire. Peu après on arrive à une galerie très- 
‘bassé ; eb après avoir rampé quelque temps on se trouve 
à l’énirée d’un précipice , nommé par les gens du pays 
Tifierno: (Enfer) : Ja hauteur perpendiculaire de ee 
gouffre est.de 37 pieds ; nous y descendimes au moyen 
. d'üne échelle de cordes , et les salles que nous visitämes 


- n'ayant point été aussi fréquemment noircies par la fu- 


(438 ) 


mée des torches ou dégradées par les marteaux des voya- 
geurs , nous offrirent le coup-d’œil le plus majestueux. 
Au milieu de ce palais souterrain , à une profondeur 
qu’il me serait difficile d'évaluer d’une manière positive, 
nous rencontrâmes une source d’eau limpide , mais dont 
le goût saumâtre indiquait la présence d’une assez forte 
quantité ce sel. Je conclus de cette observation que nous 
nous trouvions au-dessous du niveau de la mer, et que 
l’eau que nous avions rencontrée provenait d’infiltra- 
üons à travers les fentes des rochers, ou bien que ce 
goût saumâtre était dû à quelque mine de sel située dans 
le voisinage. 

M. Cambessedes a recueilli au sommet de la montagne 
de Serellane, dans la partie montueuse de l’île , une 
brèche calcaire et des concrétions calcaires stalactiformes 
analogues à celles qu’on voit aussi aux environs de Nice 
et de Toulon s'élever à une certaine hauteur , sur les 
flancs et dans les fentes des montagnes calcaires, et qui 
m'ont paru de la même formation que les dépôts de 
brêches osseuses de Nice, de Cète, etc. 

Sur le penchant occidental de la mème montagne, 
à 304,8 au-dessus de la mer, M. Cambessedes a ob- 
servé une carrière d’un sable quarzeux , légèrement co- 
loré en jaune et en jaune rougeàtre , qu’on emploie dans 
toute l'ile de Majorque pour différens usages , tels que 
le nétoyage des vases de ménage. Ce sable rappelle à la 
fois ceux qu'on trouve à Evenos (département du Var), 
et en divers points du département de la Drome, for- 
mant des couches dans le calcaire oolitique , et ceux 
qui , en diflérens endroits du département de Vaucluse 
et du Languedoc, forment des couches dans la partie 


inférieure des terrains tertiaires. 


( 439) 


Les échantillons que M. Cambessedes a recueillis à 
Iviza , et les remarques qu'il a faites sur l’aspect de cette 
île, montrent (ainsi que je l’ai déjà indiqué plus haut) 
que les traits généraux de sa constitution sont les mêmes 
que ceux de l’île de Majorque. 

‘ IL n'a pas rapporté de roches de l'ile de Minorqne , 
mais il a trouvé la plus grande ressemblance entre l’as- 
pect et la disposition des roches et des montagnes dans 
cette île et dans les îles de Majorque et d’Iviza , de même 
qu'entre les roches des trois îles Baléares, et celles du 
cap de Denia. 

- Il semble résulter de cette observation et des diverses 
remarques consignées plns haut, que les îles Baléares 
et le cap de Denia appartiennent à une chaîne de mon- 
tagnes calcaires, en partie sous-marine, qui présente 
dans sa nature et dans les circonstances de son gisement 
de nombreux rapports avec celles de la Provence. Il est 
à regretter que les circonstances n’aient pas permis à 
M. Cambessedes d’examiner si les rochers de Gibraltar 
qui, par leur composition comme par les brêches os- 
seuses qui s’y trouvent , présentent aussi tant de rap- 
ports avec ceux des environs de Nice et de la Provence, 
ne sont pas liés au cap de Denia par une chaîne continue 


de montagnes de la même nature. 


NorTe sur les Régénérations nerveuses qui 
s'observent dans le moignon des membres am- 
pulés ; 

Par M. le baron Larrey. 


On sait depuis long-temps qu'un nerf divisé, avec 
perte de substance , reprend, par la cicatrisation , la fa- 


( 440 } 

culté de remplir toutés ses fonctions. Les expériences 
récentes du docteur Prévost, de Genève, nous ont ap= 
pris que la substance nerveuse régénérée est identique 
dans sa structure avec les nerfs eux-mêmes, ce que les , 
anatomistes n'avaient pu décider avant lui. Ces régéné- 
rations se font toujours entre deux bouts du même nerf; 
il n’en est pas de même de celles qui font l’objet de cette 
note : dans celles-ci, la réunion s'opère entre deux 
troncs nerveux différens, mais voisins, coupés au mo- 
ment-de lamputation. Cétte réunion s'exécute comme 
dans le cas précédent, par des tubercules gélatineux 
qui se forment aux bouts amputés , et qui finissent par se 
réjoindre. J'ai fait cette découverte en 1823, et la pièce 
anatomique qui la constatait fut présentée.à l’Académie 
royale de médecine. Depuis cette époque, j'ai eu l'occa- 
sion de trouver encore cette adhérence nerveuse chez 
deux amputés du bras , à l'épaule. Le plexus brachial du 
premier, détaché dé ses racines près des vertèbres cer- 
vicales,. fut présenté à la Société philomatique le 7 jan+ 
vier 1826 (1). Bien que l’amputation n’eût été faite chez 
ce sujet que depuis trois mois, les principaux cordons 
des nerfs de ce plexus étaient déjà réunis bout à bout. 

Le deuxième amputé , dont la pièce anatomique a été 
présentée à l’Académie le 28 décembre 1820: et à la 
Société, philomatique le 20 janvier 1827, avait subi l’o- 
pération au commencement de la mème année. Ce sujet 
a présenté cette adhérence nerveuse à un degré bien plus 
parfait que, le précédent: Elle est telle que les bran- 
ches qui se détachent du plexus brachial sont complète- 
ment réunies , une à une et bout à bout , en formant au- 
tant de petites anses distinctes et tuberculeusés. Ainsi 
nous pensons que le nerf médian est réuni avec le cubi- 
tal, ie radial avec le musculo-cutané, et le cutané in- 
terne avec le circonflexe ou axillaire. 

Tous ces cordoïis nerveux se sont d’abord tuméfiés à 
leurs extrêmités coupées, pour former une éminence ar- 
rondie , dont nous avons parlé dans plusieurs autres ar- 
ticles de nos mémoires. Il serait difficile de deviner l’in- 


(r) f'oyezle Nouveau Bulletin de la Société philomatique, mois de 
janvier 1826, et la figure insérée dans ce numéro. 


(441) 

tention de la nature dans la composition de cette adhé- 
rence nerveuse, qui paraît devoir se. faire constamment 
dans le moignon des membres tronqués chez tous les su- 
jets qui ont subi l’amputation. De ces adhérences, ou 
plutôt des éminences tuberculenses qui sont au centre 
des anses nerveuses, nous,avons vu aussi sortir des fila- 
mens très-fins , qui se perdaient dans l’épaisseur des par- 
ties molles qui forment la cicatrice du moignon. Il nous 
a paru bien difficile, si ce n’est même impossible, de dé- 
terminer les propriétés de ces filamens ; mais il est cer- 
taïn que toute la cicatrice jouit de la même sensibilité que 
les autres parties du corps ; nous la croyans même plus 
développée que partout ailleurs. Il est alors probable que 
ces filets particuliers conduisent l'électricité animale dans 
tous les points de la cicatrice , de même queé le sang est 
conduit par les nouvelles artérioles qui naissent du tronc 
ou des branches des vaisseaux , coupés dans l’amputa- 
tion. L’existence de ces artères nouvelles ne peut être 
contestée , car les injections fines de Ruisch , de Haller, 
de Hunter, de Prochaska, de Sœmmering, et de plusieurs 
autres profonds anatomistes, la démontrent complète- 
ment. Ces artères nouvelles sont en évidence dans 
une pièce que j'ai présentée récemment à l’Acadé- 
mie ; on les voit traverser la cicatrice et s’anastomoser, 
en formant autant de petites anses artérielles ,. desquel- 
les partent ensuite un grand nombre de ramuscules ca- 
pillaires qui se répandent dans toute l'étendue de la ci- 
catrice, Au total, le calibre des artères principales de 
là portion qui reste du membre amputé est plus gros que 
celui des artères du même nom du membre intact : cette 
différence est également très-sensible dans cette pièce 
pathologique. Nous avons remarqué aussi que le tissu 
graisseux de l’aisselle du bras amputé était beaucoup 
plus abondant que celui de Vaisselle du membre opposé. 
Cette différence dépend-elle du plus grand nombre d’ar- 
tères développées dans l’intérieur du mosgnon ? Nous le 
pensons. 


( 442 ) 


Nore sur le Mouvement de la population de 
Palerme ; 


Par M. Vrciror, 
De la Société philomatique. 


J'ai eu dernièrement en communication des tables 
synoptiques donnant le mouvement de la population de 
la ville de Palerme pendant 20 années ; savoir, de 1806 
à 1825 inciusivement. 

Ces tables, publiées par le docteur Calcagni , premier 
médecin honoraire du grand hospice de Palerme, sont 
dressées sur les registres des paroisses de cette ville, et 
dédiées à plusieurs personnes attachées à des fonctions 
publiques, ce qui semble leur donner une sorte d’authen- 
ticité. 

La population de la ville de Palerme est établie par 
l’auteur, pour les dix premières années , à 150,431 ha- 
bitans , mais d’après des évaluations seulement: pour les 
dix dernières années il prend pour point de départ une 
population de 152,294 habitans fournis par un dénom- 
brement fait dans les paroisses en 1816, et il y ajoute 
chaque année l'excédent des naissances sur les décès , 
ce qui lui donne 167,505 habitans en 1825. Mais cette 
augmentation dans la population n’est qu'apparente, car 
ces tables présentent une forte diminution dans le nom- 
bre des mariages et des naissances, et cette circonsiance 
tient à ce que, dans le calcul de la population , il n’a été 
tenu aucun compte de la balance des émigrations et des 
immigrations, et à ce que la cour de Naples qui, en 1807, 
s'était réfugiée à Palerme, a été suivie à son départ de 
cette dernière ville d’un grand nombre de personnes que 
son séjour y avait atirées. La diminution dans les naïs- 
sauces parait répondre à celle de 10,000 habitans dans 
la population , êt c’est aussi à 10,000 que l’auteur évalue 
le nombre de ceux qui, dans les dix premières années , 
ont accompagné la cour. 

Il suit de ces circonstances que tout ce qui, dans ces 
tables , a rapport à la comparaison du mouvement avec 


VE IE lepres 


(443) 


la totalité de la population , ne présente réellement pas 
un caractère suffisant d’exactitude. Quant à ce qui touche 
aux rapports qu'ont ensemble les diverses parties du 
mouvement de la population, les tables, comme je l'ai 
dit, me paraisssent être assez authentiques pour leur 
accorder confiance. Je vais en entretenir la société. 

Il résulte des vingt années comparées entre elles , que 
1 mariage a donné moyennement 4,7 enfans légitimes; 

Qu'il est né 1,000 garçons contre 936 filles , et 1 en- . 
fant naturel sur 9,7 enfans légitimes ; 

Que sur 100 morts on compte 51,4 hommes et 
48,6 femmes, ce qui, si l’on rétablit l'égalité dans le 
nombre des naissances des deux sexes, donnerait 51,4 dé- 
cès du sexe masculin contre 51,7 décès du sexe féminin, 
c’est-à-dire presque égalité entre les décès des deux 
sexes ; 


Enfin , que les naissances ont excédé les décès d’envi- 
ron 0,26. 

Si l’on compare ces résultats à ce qui se passe ici , 

1°. On trouve pour la France en général (1817 à 
1821), 

Que les mariages y ont été un peu moins productifs 
qu’à Palerme , dans le rapport de 4,18 à 4,7; 

Qu'il est né en France proportionnellement un peu 
plus de filles qu'à Palerme, dans le rapport de 938 à 
936 ; 

Qu'il y a eu en France moins d’enfans naturels pro- 
portionnellement qu’à Palerme, et dans le rapport de 
1 sur 14,8 à 1 sur 9,7 ; ' 

Que la mortalité a été beaucoup plus grande en France 
pour la femme, et dans le rapport de 49,5 à 48,5, et 
qu'en rétablissant l'égalité dans le nombre des naissan- 
ces des deux sexes , ce rapport deviendrait 50,5 décès du 
sexe masculin contre 52,8 décès du sexe féminin , tandis 
qu'il y a eu presque égalité à Palerme , entre les décès 
des deux sexes ; 

Enfin, que l’excédent des naissances sur les décès à 
été moindre en France, et dans lé rapport de + à +. 

39, Si on fait cette remarque pour la ville de Paris en 
particulier, on observe , 


( 444 ) 


Que les mariages y ont une fécondité bien moindre 
qu'à Palerme , et dans le rapport de 2,4 à 4,7; 

Qu'il naît proportionnellement à Paris bien plus de 
filles qu’à Palerme , et dans le rapport de 954,5 à 936; 

Que les enfans naturels sont ici bien plus nombreux, 
et dans le rapport de r sur 2,96 à r sur 9,7; 

Que la mortalité des femmes est bien plus considé- 
rable à Paris, où d’ailleurs elles se trouvent en plus 
grand nombre que les hommes; car malgré l'inégalité 
dans les naissances , on ÿ compte 47 décès du sexe rhas- 
culin contre 53 décès du sexe féminin, et s’il y avait 
égalité entre les naïssances des sexes , on trouve par ana- 
logie que le rapport deviendrait 47 décès du sexe mas- 
cuülin contre 55,5 décès du sexe féminin, et l’on a vu 

u’à Palerme, dans ce dernier cas, il y a presque éga- 
lité entre les décès des deux sexes ; 

Enfin, que les décès après avoir à Paris, pour un 
siècle , de 1710 à 1810, excédé les naissances dans le rap- 
port de leur 500% partie, se trouvent depuis 1810, 
Jusques et y compris 1825, être surpassés au contraïre 
par les naïssances dans Île rapport de la 70%° partie de ces 
dernières , et cependant dans cette période se trouve 
comprise l’année 1814, qui a fourni environ 14,000 dé- 
cès de plus qu’en temps ordinaire. 

Les époques des naissances et des conceptions sont 
peu différentes dans les deux villes, au mois de mars 
près qui, à Paris, est au dernier rang comme, présen- 
tant le moindre nombre de conceptions, tandis qu’à 
Palerme il se trouve être au troisième rang seulement. 

Maïs il existe une différence bien remarquable entre 
les époques de l’année où la mortalité est la plus forte 
dans les deux villes. 

À Palerme, l’ordre des mois, rangés suivant le nombre 
des décès qu'ils présentent , est : 

Octobre , janvier, décembre , novembre, septembre, 
août , juillet, février, mars, Juin, mai, avril. 

Tandis qu’à Paris cet ordre se trouvera être : 

Avril , mars, février, mai, janvier, décembre, juim , 
septembre, octobre, novembre , août, juillet. 

D'où il suit qu'à Palerme le mois d'octobre est le 


(445 ) 


plus chargé de décès, qu’en général les décès y sont 
plus nombreux dans les mois où le soleil passe dans l’hé- 
misphère austral ; que les mois les plus chauds y pré- 
sentent une mortalité moyenne; que les mois les plus 
tempérés y sont les plus favorables à la conservation de 
la population , et enfin que le mois d'avril est celui de 
tous qui y offre le moins de décès, tandis que les mois 
froids, les plus défavorables à Palerme, occupent à 
Paris les rangs intermédiaires. Les mois les plus chauds, 
qui donnent à Palerme la mortalité moyenne, sont à 
Paris les plus favorables ; les mois de printemps, si fa- 
vorables à Palerme, sont à Paris le temps les plus fu- 
nestes, et le mois d'avril, le moins chargé de décès à 
Palerme , est à Paris le plus fatal de tous. 

Ces différences entre ces deux villes sont fort remar- 
quables. Celle que je viens de faire observer entre les épo- 
ques où serait la mortalité la plus grande me paraît devoir 
être signalée. Doit-elle trouver en partie son explication 
dans une différence en latitude de 10° 43’ 29"? Tient- 
elle à des causes locales, morales ou politiques ? C’est 
ce que ne fait pas connaître l’auteur des tables , et il eut 
été désirable qu'il eût pu surtout les accompagner de 
quelques renseignemens météorologiques et relatifs aux 
températures des diverses années dont il s’est occupé. 


FIN DU DIXIÈME VOLUME. 


D 


TABLE 


PLANCHES RELATIVES AUX MEMOIRES 
CONTENUS DANS CE VOLUME, 
ee 


Pl.;r. Drenxes et leurs détails anatomiques. 

PL. 2. 4, Cazré ; B, Asvra; C, Naceuce ; D, Exnéacowxe ; £, Cu- 
BOÏDE. 

PL3, fig. 1-13. Conferves.— Fig. 14-26. Mycodermes. 

PI. 4. À, Hipporone. Fig. 1. B. Onvraie. — Fig. 2-4. Rosace. 

PL 5. RaizoPpuyses. 

PL. 6. 4, Dranée ; B, Equorér ; C, Paorcynie , D , CampaNULAIRE, 

P.n, fig. 1-6. Bryarée. — Fig. 7, 8. ANATIFES. 

PI. 8. 4, Birmores; B, Hyaze ; C, Fiècue; D, Créonone. 

PL: 9. 4, Veretice, B, Asrroipe. 

PL. 10, fig. 1, 2. Fémur de Mastodonte.— Fig. 3. Humérus de Tortue. 

PI. 11. Anatomie des genres OrniTaomyte et OcyrrÈèrs. 

PI. 12. JL. Pazronus acuzeaTus. II. Zizypnus vuzcanris. III. ConpaziA 
MicropHy£LLA. IV. VENTILAGO MADRASPATANA. 

PI. 13. I. BencnemtA FLoriIBuNDA. ÎÏ. SAGERETIA OPPOSITIFOLIA. 
LI. Raamnus ALATERNUS. IV. Ru. carnanricus. V. RH. FRANGULA.- 

PI. 14. I. CorretiA HorrinA. Il. Reranizca osconpata. III. Crxe- 
TANDRA AMARA. 

PI. 15. Scurra commersonir. Il, Hovenra purcis. III. CorusrinaA FER- 
RUGINEA. IV. CEANOTHUS AZUREUS. 

PL. 16. Wicuemerra aFricANA. I. Pomanerris Aperaza. III. Gouanra 
TILIÆFOLIA« 

PL 17. I. Toicaocepuacus sripuLanis, Îl, PayLica PLumosa. ITT. Sou- 
LANGIA AXILLARIS. 

PI. 18. BoLiTOPHILE CENDRÉ. — PROGNATRE RUFIPENNE. 

Pi. 19. Vues desiles Baléares. 


FIN DE LA TABLE DES PLANCHES, 


TABLE MÉTHODIQUE 
DES MATIÈRES 


CONTENUES DANS CE VOLUME. 


ANATOMIE ET PHYSIOLOG E ANIMALE, ZOOLOGIE. 


Observations zoologiques faites à bord de lAstrolabe , en mai 
1826, dans le détroit de Gibraltar; par MM. Quoy et Gai- 
mard , Médecins de la Marine, Naturalistes de l'expédition. 

Première partie. Mémoire sur la famille des Diphides, 

Deuxième partie. Description des genres Hippopode, Orythie, 
Rosace , Rhizophyse, Dianée, Equorée, Phorcinie, Campa- 
aulaire , Astroïde et Alcyon. 

Troisième partie. Descriplion des genres Biphore, Carinaire, 
Hyale, Flèche, Cléodore, Anatife et Briarée. 

Extrait du Rapport sur les Observations zoologiques de MM, Quoy 
et Gaimard; par M le baron Cuvier et A1. Latreille. 

Mémoire sur les Papouas ou Papous ; par MM. Lesson et Gar- 
role 

Mémoire sur les Tasmaniens, sur les Alfourous et sur les Austra- 
liens; par MM. Lesson et Garnot. 

Note sur le Cliona celata, nouveau genre de Zoophyte trouvé 
dans Le Firth du Forth, près d’Edimbourg ; par £. Grant. 

Note sur la Régénération du Tissu nerveux ; par le docteur 
Prévost. 

Sur les Habitudes de POrnithorhynque. 

Note sur un Fémur de Mastodonte à dents étroites ( Mastodons 
angustidens ) découvert dans les terrains marins supérieurs des 
euvirous de Montpellier, par MM. Marcel de Serres, Dubrevil 
et de Christol. 

Description et Figure d’une nouvelle espèce d’Ornithomyie; par 

t. M, Léon Dufour, D.-M., Correspondant de la Société philo- 
matique. 

Mémoire pour servir à l’histoure du sé Ocypicra; par M. Léon 
Dufour, D.-M. , ete. , etc. 

Rapport: sur dot Mémoires de MM. Audouin et Mine 
Edwards, contenant des recherches anatomiques et physiolo- 


Pages. 


225 


216 


( 448 ) 


giques sur la Circulation dans les Crustacés ; par MM. Cuvier 
et Duméril. 

Mémoire sur un Insecte diptère du genre Bolitophile ; par M. E- 
Guérin , Membre de la Société d’Hist. nat, de Paris , etc. 

Mémoire sur une espèce nouvelle de Brachélytre du genre Pro- 
gnathe ; par M. Hippolythe Blondel. 

Mémoire sur l’Application du Baromètre à l'étude de la circala- 
tion du sang et de la respiration chez les Animaux vertébrés; 
par Le docteur Barry. 

Note sur lesRégénérations nerveuses qui s’observent dans le moi- 
gnon des membres amputés ; par M. le baron Larrey. 

Note sur le Mouvement de la population de Palerme ; par 
M. Villot , de la Soc. philom. 


ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE ; BOTANIQUE. 


Observations sur le Mouvement de la Matière verte daus les vé- 
gétaux ; par M. L. Ch. Treviranus. 
echerches microscopiques et physiolégiques sur le genre Myco- 
derma ; par M. J. B. Desmuazières. 
De l'influence du Dessèchemenst sur la germination de plusieurs 
graines alimentaires ; par M. Théod. deSaussure: 
Note sur des Expériences concernant la fécondation de quelques 
végétaux ; par M. C. F. Gærtner. 
Note sur le Selerotium stercorarium. 
Observations sur la famille des Légumineuses et sur quelques Es 
pèces de l'Afrique centrale ; par M. R. Brown. 
Mémoire sur la famille des Rhamnées ; par M. Adolphe Bror- 
griart. 
MINÉRALOGIE ET GÉOLOGIE. 


Sur quelques Phénomènes géognostiques que présente la position 
relative du porphyre et des calcaires dans les environs du lac de 
Lugano ; par M. Léopold de Buch. 

Quelques Éonsidérations pions sur la Présence des débris 
d’Animaux vertébrés daus les différentes couches de notre globe; 
par M. Huot, Membre de la Soc. d’Hist. nat. de Paris, etc. 

Relation d’une Découverte récente d'Os fossiles faite dans la partie 
orientale de la France , à la grotte d'Osselles ou Quingey, sur 
les bords du Doubs, cinq lieues au-dessous de Besancon ; par 
le Rev. docteur Buckland , Membre de la Société royale de 
Londres, Professeur de minéralogie et de géologie à l'Université 
d'Oxford. 

Notice sur les Mines d’or et de Platine des monts Ourals; par 
M. N. Menge- 

Note sur la Constitution géologique des iles Baléares ; par M. L. 


Elie de Beaumont. 


FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES. 


Pages. 
394 
399 


42 


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439 


442 


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